>Sommes-nous coupables de notre maladie ?

 

J'ai reçu la demande des adhérents du Groupe d'Entraide Mutuelle de Reims, La Locomotive, du club le Grillon, la Lettre Ouverte qu'ils adressent aux députés de leur région.

Cette mobilisation d'associations de patients, comme celle des Voix Iséroises des Patients en psy, Les V.I.P. en psy, de Grenoble, comme celle du GEM de Reims me semblent être des initiatives remarquables dans le contexte du rejet massif qui s'annonce contre ce projet de loi sur les soins sans consentement.

L'irruption dans le champ politique des personnes qui fréquentent, soit des lieux associatifs, soit des espaces de soins, est fondamentale et témoigne de la nécessité indispensable de repenser fondamentalement la place du patient dans l'espace social, dans la Cité, mais aussi et surtout dans le dispositif de soins : une place de citoyen, qui a son mot à dire sur les conditions de soins, quelqu'un qui a une place de sujet, responsable.

Vouloir le bien de quelqu'un, avoir une posture soit médicale dominatrice, soit d'assistance pour décider ce qui est bon pour lui, n'est elle pas la pire façon de "traiter" une personne ? 

Paul Machto 


Lettre ouverte des adhérents du

Groupe d’Entraide Mutuelle de Reims, La Locomotive,

du Club Thérapeutique Le Grillon,

 et des Clubs M.E.I.D. et Atout Cœur

Aux députés de la région Champagne-Ardenne


Un projet de réforme de la loi du 27 juin 1990[1]doit être discuté à l’Assemblée Nationale le 14 ou 15 mars 2011, mais nous, en tant qu’adhérents de l’association du G.E.M.[2]

La Locomotive, du club thérapeutique le Grillon et de ses clubs affiliés (M.E.I.D.et Atout Cœur), en tant que soignés et soignants, acteurs principaux de la psychiatrie publique, nous nous élevons vivement contre cette notion de soins sans consentement, contre cette notion d’une garde à vue psychiatrique, bref d’un mélange des genres entre la psychiatrie et la justice, entre le soin et une criminalisation de la maladie mentale.

Nous nous opposons radicalement à cette proposition de loi qui va déformer voire détruire la relation de confiance et d’écoute nécessaire entre patient et soignant, proposition qui met le soignant en place d’auxiliaire de la police, ce n’est pas sa mission : sa mission, c’est de soigner. Le soin ne peut être que librement consenti, sinon ce n’est plus un soin.

Que pouvons-nous dire en tant que malade face à ce projet de loi ? Sommes-nous coupables de notre maladie ? Un malade est un citoyen à part entière et il vote.

Alors Mesdames, Messieurs les Députés, transformerez-vous les malades en prisonniers et les soignants en surveillants?

Non ! Aux soins ambulatoires forcés.

Non ! à l’espace privé sous le coup d’une loi irrespectueuse de la dignité humaine.

Mesdames et Messieurs les Députés, vous nous représentez, nous vous demandons de porter nos voix et notre refus légitime, lors du débat à l’Assemblée Nationale.

 

[1] Loi du 27 juin 1990 qui régit les conditions d’hospitalisation en psychiatrie ( hospitalisation sur demande d’un tiers -HDT-, hospitalisation d’office (H.O.).

[2] Les Groupes d’Entraide Mutuelle créés par La loi Nº 2005-102, du 12 février 2005 pour l'égalité des droits et des chances et la citoyenneté des personnes handicapées. Cette loi reconnaît la spécificité du handicap psychique et crée un nouveau  dispositif adressé aux personnes souffrant de troubles psychiques, le G.E.M/pour groupe d'entraide mutuelle et son intention est l'amélioration des conditions de vie de ces personnes.

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Une réflexion sur « >Sommes-nous coupables de notre maladie ? »

  1. Tres interessant et valable pour toutes les pathologies.Ne pas se contenter,comme il est dit,de rester dans la posture du "patient",pourtant encore présente pour beaucoup de "malades" et de soignants…….Isabelle
     

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