Communiqué de presse – La sangle qui attache tue le lien humain qui soigne

Le colloque que nous avons organisé le 9 septembre 2015 au Sénat « 39 Alerte !» a rencontré un grand succès, la salle G. Monnerville était comble, nous avons refusé beaucoup de gens.

Aline Archimbaud et Evelyne Yonnet, sénatrices, Jean-Pierre Sueur, sénateur, ainsi que Denys Robiliard, député étaient présents.Trois temps pour interpeller les élus, d’où le titre « 39 Alerte!».
La table ronde sur l’enfance alerte sur un paradoxe, le soutien de façade du secteur, par le ministère de la santé, accompagné de recommandations qui détruisent de fait la prévention de proximité et la continuité des soins. Par ailleurs, de plus en plus d’enfants pour des décisions pédagogiques sont étiquetés handicapés par les MDPH, surmédiqués, alors que les enfants les plus touchés bénéficient de moins en moins de soins.
La table sur les espaces citoyens dans les établissements du sanitaire et du médicosocial a affirmé la fonction cruciale de l’espace des associations dans la remise à plat des hiérarchies et des rôles qui permet aux soignants de ne pas s’enfermer dans une illusion de supériorité et aux patients de ne pas rester dans la soumission. La « casse » du secteur notamment à travers la mise en place des Groupements Hospitaliers de Territoires menace clairement d’affecter le travail de maillage et d’articulation entre les partenaires locaux du champ sanitaire et médico-social (élaboré au fil des années sur un territoire donné), et tend à accentuer la logique gestionnaire entrepreneuriale et l’homogénéisation des pratiques congruentes au principe de précaution actuel..
En lien avec la table de l’hospitalité pour la folie, non à la contention, nous alertons sur l’augmentation et la banalisation des pratiques d’enfermement, de contrôle et d’entraves des corps en psychiatrie. Opacité et silence recouvrent encore ces différentes formes de contention qui sont la pointe émergée d’une évolution liberticide et sécuritaire contre laquelle nous luttons.

Nous savons que l’on peut faire autrement. Cela s’est fait durant des décennies, cela se fait encore tous les jours dans certains services où tous les professionnels, en équipe ont la possibilité de développer une intelligence collective leur permettant d’élaborer des stratégies thérapeutiques plus complexes que la seule médication et «la mise au pas» par l’emprise. Ces pratiques plurielles qui ont permis d’endiguer les méthodes de contention, voire l’usage des chambres d’isolement, qui ont ouvert les portes des services doivent être soutenues, élargies. Elles impliquent nécessairement et conjointement une mise à nu et une mise en cause permanente des processus d’aliénation sociale, de ségrégation, d’abus de pouvoir de l’institution psychiatrique sur le patient et d’un corps de métier sur un autre corps.

C’est une question de pratiques cliniques autant qu’une question éthique, politique et démocratique qui concerne l’ensemble de la cité. Elle témoigne du travail de socialisation indispensable pour défendre la fraternité, l’accueil, l’hospitalité, le respect de l’altérité. De tout temps, dans tout pays, la psychiatrie est le miroir d’une société.

Le collectif des 39 souhaitait un amendement contre les pratiques d’enfermement et de contention, mais Denys Robiliard n’a pu porter celui-ci du fait de la demande de certains professionnels considérant cet acte dégradant comme thérapeutique.
Fort de ces constats, nous avons lancé le 16 septembre un appel « La sangle qui attache tue le lien humain qui soigne » pour dire non à la contention. Ce texte déjà signé par plus de 4000 personnes nous oblige à demander d’urgence un rendez-vous auprès de Madame Catherine Lemorton, Présidente de la Commission des Affaires Sociales dans le cadre du projet de loi relatif à la santé, afin de lui exposer notre refus de la contention en psychiatrie avec sangle, et que puisse s’élaborer l’écriture d’une loi cadre en psychiatrie. Une loi dont tous les patients, les familles, les soignants ont un besoin immédiat pour permettre une refonte des pratiques de la psychiatrie.

Contacts: Dr Philippe Bichon 06 08 25 65 02 – Dominique Damour 06 74 49 93 85
www.collectifpsychiatrie.fr

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