Archives par mot-clé : garde à vue psychiatrique

>Les patients et des soignants du centre de jour Antonin Artaud de Reims font de la radio

Emission "La patate ose 3 (septembre 2011)

"Le risque zéro, c' est tout le monde au cachot", tel est le slogan de "La patate ose" pour ce troisième volet.

Analyse et commentaires sur la loi "des soins sans consentement", votée le 1er août et son implication dans le domaine de la psychiatrie.

Cette 3eme émission a été réalisée au centre Artaud par des patients et des soignants.

CLIQUEZ ICI POUR ECOUTER L'EMISSION


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>Folle fin d'été sur France inter

Fol été, par Hélène Delye – France Inter

Le plus important : c’est l’ambiance. C’est vrai à la clinique de La Borde fondée par Jean Oury, c’est vrai aussi au Centre de Jour Antonin Artaud de Reims… c’est vrai partout, en fait. Parce que c’est l’ambiance qui fait que ça circule, que la folie circule, c’est l’ambiance qui donne envie de « faire avec », mieux de faire ensemble. A Reims, avec les patients et les soignants du centre Artaud, on s’est senti bien, on a fêté l’été, on a discuté, on a débattu, on s’est débattu (avec soi-même, le plus souvent), on a fait des projets de barbecue, de jardinage, de  voyages… on n’était rarement tous d’accord, mais on a eu envie de faire ensemble. C’était bien.

Pour cette dernière émission, nous sommes avec Gérard Rodriguez et Frédéric, du centre Artaud de Reims. Comment ont-ils passé l’été en compagnie de France Inter ? Qu’est-ce qui les préoccupe tous les deux à l’approche de la rentrée ? On s’est dit que le mieux, c’était encore de les inviter, en direct, pour en parler, de vive voix.

(ré)écouter cette émission

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>Réforme de la Psychiatrie : Une déraison d’Etat (Pétition)

 

Nouvel appel des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

 

EXIGEONS le retrait de ce projet loi qui va organiser  le retour au "grand renfermement".

Masqué par une appellation toute séduisante : « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

 

 

Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La Nuit Sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008 qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité. À nouveau, le Collectif des 39* en appelle à l’ensemble des citoyens.

 

Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux.

 

Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs.

 

Un projet de loi propose aujourd’hui un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

Adopté le 26 janvier 2011 en Conseil des Ministres, il sera discuté au Parlement le 15 mars après un simulacre de concertation.

 

– Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l’égard de citoyens souffrants.

 

– Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte.

 

Il instaure un changement paradigmatique sans précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire.

 

En effet, le projet de loi n’identifie plus seulement l'hospitalisation comme contraignante, mais les soins eux-mêmes,à l’hôpital comme à l’extérieur, avec le risque majeur de la mise en place d’une surveillance sociale planifiée.

 

Ainsi, pour répondre à l’inquiétude légitime des patients et de leurs familles, ce projet de loi, sous couvert de déstigmatisation, va instituer une logique de dérive sécuritaire induisant un contrôle inédit de la population. Il s’appuie sur un principe de précaution inapproprié.

 

La mystification est totale :

Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique.

 

Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité », ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.

 

Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.

 

Il institue un mensonge en laissant penser que seuls les médicaments psychotropes administrés sous contrainte suffisent à soigner les patients gravement atteints : enfermés chez eux, malgré eux.

 

Une partie des citoyens a été désignée à la vindicte médiatique. Le mot schizophrène, jeté à tort et à travers, en bafouant le secret médical, n’est plus un diagnostic mais une menace, qui accable les malades et leurs familles, effraie jusqu’à leur voisinage.

 

Penser que ce projet de loi va améliorer cette situation est une déraison d’Etat.

 

Bien plus, il risque de s’opposer frontalement à toute réforme sanitaire digne de ce nom, qui aurait pour principes élémentaires de reposer sur une fonction d’accueil, une logique ouverte et déségrégative, des thérapeutiques diversifiées centrées sur le lien relationnel et la confiance, dans la durée.

 

Ce projet va à l’encontre d’une politique de soins psychiatriques respectueuse des libertés, offrant une hospitalité pour la folie au cœur du lien social, qui allierait sécurité publique et soins à la personne.

 

Il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

 

Nous voulons que les budgets subventionnent des soins et non des aménagements carcéraux, la formation des personnels, des effectifs conséquents, pour une conception humaine de l’accueil de la souffrance.

 

Nous rejetons les réponses démagogiques qui amplifient délibérément l’émotion suscitée par des faits-divers dramatiques. Ces réponses ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre.

 

– Nous voulons résister, nous opposer, avec une élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques au plus proche des réalités de terrain. La psychiatrie est l’affaire de tous.

Nous soignants, patients, familles, citoyens appelons au retrait immédiat de ce projet de loi.

 

SIGNER LA PETITION : https://www.collectifpsychiatrie.fr/phpPetitions/index.php?petition=8

 

* Le Collectif des 39 s'est constitué le 12 décembre 2008, autour de l'Appel contre La Nuit Sécuritaire signé depuis par près de 30.000 citoyens. Il réunit des professionnels de la psychiatrie tous statuts confondus (en grande majorité), et des personnes du monde de la Culture et des citoyens qui nous ont rejoints.

 

 

 

La liberté peut être aussi thérapeutique

 

La justice, les magistrats, les professionnels du monde judiciaire sont attaqués, dénoncés comme coupables des crimes commis, dénigrés, comme jamais. 

 

L’école, les enseignants, les parents tout autant. 

 

La psychiatrie, les fous, les malades mentaux, les professionnels des soins psychiatriques ne sont pas en reste. 

 

Depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de mettre en œuvre son obsession : assimiler les malades mentaux à des délinquants. En février 2007, sous la pression de la mobilisation des professionnels, des associations de familles et d’usagers de la psychiatrie, il a retiré cette disposition de sa loi de Prévention de la Délinquance. En promettant qu’il y reviendrait ….

Ce fut chose faite avec son discours, prononcé le 2 décembre 2008 à l’hôpital Érasme d’Antony en tant que Président de la République. L’auteur de l’Éloge de la Folie qui a donné son nom à cet établissement psychiatrique a dû se retourner dans sa tombe. « Les malades mentaux sont, selon ce Président, potentiellement dangereux, voire criminels ». 

 

Depuis ce discours, le grand renfermement a commencé. Augmentation des chambres d’isolement, construction de murs, élévation des grillages, installation de caméras dans les hôpitaux et même dans certains services ! Un budget de 70 millions d’euros a été immédiatement débloqué uniquement pour ces équipements sécuritaires. Les moyens, pour les personnels soignants, pour l’amélioration des conditions d’accueil et de soins attendront.

 

Le pacte républicain qui soutient la séparation des pouvoirs, est rompu : les préfets discréditent les avis des psychiatres, décident contre leur avis.  Si l’hospitalisation protège le patient pour des soins, celle-ci devient un enfermement arbitraire quand le préfet refuse la sortie demandée par le psychiatre.

 

C’est dans ce contexte, dans ce climat délétère et morbide que nous est proposée une modification de la loi de 1990, avec un projet de loi qui donne un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

 

Masqué par une appellation toute séduisante :« Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adoptée au Conseil des Ministres du 26  janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

 

Ce texte s’inscrit dans le droit fil du projet sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Explicitement énoncé dans l’exposé des motifs : 

 

« Divers événements dramatiques survenus ces derniers temps attestent de la nécessité, 

rappelée par le Président de la République, de mieux encadrer les sorties 

des établissements de santé et d’améliorer la surveillance de certains patients ».

 

Au sécuritaire, s’associent l’objectif strictement gestionnaire qui met le contenu des soins à l’arrière plan, et l’idéologie du principe de précaution appliquée en contre-point des risques encourus par tout un chacun.

 

Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance  à l’égard de citoyens souffrants. Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte. 

 

Ce projet de loi s’inscrit dans une stratégie de communication qui s’appuie sur l’amalgame « fou – dangerosité », utilisant le désarroi des familles, et la peur dans l’opinion publique. Le recours désormais facile à la disqualification des professionnels, et notamment de ceux qui ont développé des logiques de soins ouvertes et déségrégatives,  est sous-jacent dans l’esprit de ce texte, organisé autour de la réduction des soins aux seuls traitements médicamenteux.

 

Le changement prévu par le gouvernement est une modification sans précédent, un bouleversement sociétal sous la parure d’une meilleure gestion de l’accès aux soins. 

 

Au cœur de ce dispositif, un changement paradigmatique sans  précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire

 

Depuis la loi de 1838,  l'hospitalisation seule pouvait faire l'objet d'une contrainte identifiant les soins à un lieu. Ce projet de loi n'identifie plus l'hospitalisation, mais les soins eux-mêmes à la contrainte, les réduisant à une pure surveillance. L'obligation prend le pas sur le contenu même du soin. Cette dérive vers la surveillance, le contrôle des patients penche dangereusement vers des choix totalitaires, des choix « contrôlitaires ». C'est un lourd tribut : le monde de la psychiatrie, la société française sont-ils prêts à s’y soumettre ? à le payer ? 

 

La mystification est totale : 

Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique. 

 

Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité »,  ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.

 

Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de  rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.

 

Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.

 

Ce projet de loi concerne l’ensemble de la société, pas seulement les malades désignés comme dangereux. L’extension du domaine de la norme, – troubles du comportement, désordres psychiques, dangerosité, troubles affectifs -, fait qu’un tiers de la population  est considéré comme atteinte d’un « trouble psy ». Nous entrons dans l’ère de la « Police Sanitaire », avec en toile de fond la perspective du « bien-être mental pour tous », cette idéologie du  santémentalisme promu par quelques apprentis sorciers.

 

Ce projet de loi se soutient d’une vision simpliste, et s’appuie sur la peur dans l’opinion publique. Il détourne l’opinion en utilisant l’illusion, la tromperie, le  mensonge … et les menaces pour les libertés individuelles. 

  • Illusion pour les familles, qui confrontées à des difficultés majeures pour obtenir le soutien nécessaire et l’assurance de la continuité des soins pour leur proche, espèrent que cette loi va atténuer leur désarroi et leur solitude. Alors que seuls une amélioration de la formation, le développement de soins de proximité pourront permettre de tisser des liens, et pousser des équipes plus attentives et en nombre, à prendre en compte les attentes des familles.
  • Tromperie, car ce que laisse entendre ce projet de loi, c’est qu’une contrainte aux soins, une obligation de soins se réduit à des traitements médicamenteux imposés à domicile ou à l’hôpital. Alors que l’expérience nous apprend que ce n’est qu’au prix d’une disponibilité, d’un travail autour de la fonction d’accueil, s’appuyant sur le lien relationnel, l’établissement progressif d’une confiance réciproque, que la peur peut être atténuée et l’efficacité d’une thérapeutique patiente, longue et diversifiée être obtenue.
  • Mensonge car il s’agit de faire croire à l’opinion publique, qu’avec cette loi, le risque zéro sera possible.  Des dispositions sont prévues obligeant les soignants à dénoncer les manquements aux soins, brisant toute confiance thérapeutique possible, et provoquant  l’intervention de la force publique pour ré-interner un malade. Aveuglés par leur idéologie sécuritaire, les responsables de ce projet de loi ignorent que,  délaissés de toute relation soignante de confiance et acculés à la méfiance qui exacerbe leur sentiment de persécution, certains malades pourraient d’autant plus passer à l’acte.
  • Enfin, menaces sur les libertés individuelles des patients mais aussi quiconque potentiellement confronté à un désordre psychique, affectif, moral, généré par le contexte social, le travail, l’entourage. L’orientation de l’obligation de soins passe ainsi dans les mœurs, dans la banalité du ça va de soi. 

A l'encontre de toute démarche sanitaire, cette loi va devenir un abri "légal" pour la déresponsabilisation des soignants auprès des patients les plus en souffrance.

 

Faute d'améliorer  l’accès aux soins et leur continuité en instaurant un budget spécifique pour la psychiatrie, de corriger la pénurie des effectifs soignants, de transformer la formation de tous les personnels, ce projet propose un accès à la contrainte et une continuité de celle-ci. Il est certainement plus « économique » de contraindre que de créer les conditions dignes et humaines pour soigner.

 

Ce projet de loi esquisse une perspective de normalisation, d’uniformisation et de contrôle, par le biais d’un objectif d’une santé mentale plus proche d’une police sanitaire que respectant la singularité de chaque individu.

 

Mais aussi, il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

 

La complexité de la question que pose la folie, la maladie mentale dans la société, la nécessité de l’élaboration d’une politique de soins psychiatriques dignes et respectueux des libertés, qui prenne en compte les besoins des malades, les attentes des familles et le soutien aux professionnels de la psychiatrie, justifient la mise en œuvre d’une immense réflexion dans le pays, à l’échelon local, départemental, régional et national. 

 

Aux réponses démagogiques et précipitées à l’émotion suscitée par des faits divers dramatiques, réponses qui ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre, nous voulons opposer l’élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques du XXIème siècle au plus proche des réalités de terrain. 


La psychiatrie est l’affaire de tous.

 

À la complexité de l’humain dont la folie est partie intégrante, il n’y a pas de réponses simplistes qui s’appuient sur un scientisme en expansion et des marchands d’illusion. 

 

Le poète nous éclaire avec ces quelques vers :

« Il n’y a pas de chemin, 

Le chemin se fait en marchant. » 

Antonio Machado. 

 

Pour construire ce chemin, à l’aune des enjeux fondamentaux de la démocratie, citoyens, usagers, familles, professionnels, nous voulons une toute autre démarche que celle qui nous est proposée.

 

Nous rejetons totalement ce projet de loi. Nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour cette seule exigence, son retrait.

 

 

Le collectif des 39, le 20 février 2011.

 

 



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>Projet scélérat : quelle psychiatrie pour demain?

Par Yolène de Vassoigne

 

Le point de vue exprimé ici est d'abord celui d'une mère qui, lassée de voir le mépris avec lequel sont traités usagers et familles dans la quasi-totalité des cas, lassée de constater l'absence d'accompagnement des familles, a décidé de créer il y a bientôt 5 ans une association regroupant les familles de personnes souffrant de troubles psychiques (schizophrénies, troubles bi-polaires et dépression majeure), un réseau d'entraide des familles.Et qui dénoncent ce projet au nom du respect dû à l' usager de la psychiatrie, avant tout une personne qui comme toute personne, doit jouir de ses droits humains élémentaires.

C'est aussi le point de vue d'une présidente d'association de familles qui, lassée des dérives de la psychiatrie et de la pratique du "médicament-tout-puissant", a décidé de créer un GEM (Groupe d'Entraide Mutuelle) pour offrir aux usagers enfin un lieu d'accueil non médicalisé, un espace où l'on essaie d'oublier le médical, un espace de liberté où l'usager n'est plus un numéro de dossier, mais une personne avec une souffrance qui doit se dire non se contenir.

Une loi scélérate, inhumaine, va être présentée à l'Assemblée Nationale dans quelques jours.

Une loi qui détruit ce qu'a essayé de construire la Loi de Février 2005 sur l'Egalité des Droits et des Chances et l'accès à la citoyenneté des Personnes en situation de handicap, y compris de handicap psychique.


Une loi qui fait de chaque usager de la psychiatrie un criminel potentiel, qui permettra de ficher chaque usager déjà hospitalisé sous contrainte (d'office ou à la demande d'un tiers, généralement un proche).


Ici, à la Martinique, ce sont au moins 90% des usagers qui sont concernés.


Une loi qui permettra une "garde à vue psychiatrique" de 72h sans avocat.


Une loi qui permettra à des équipes de flics-infirmiers de violer le domicile d'un usager juste parce qu'il est réticent au soin et à lui passer une camisole chimique.

 

Quand le soin est absent, contraindre par la violence est bien plus facile, plus rapide, donc moins coûteux à première vue que de chercher à comprendre, que d'établir un lien, une relation, une communication. Cela suppose une volonté, une empathie, la capacité de toucher la souffrance de l'autre, ce qui aurait dû être la qualité première de tout soignant en psychiatrie.

 

Or aujourd'hui que voit-on? les "restrictions budgétaires" régissent la psychiatrie aussi… pas assez de moyens, pas assez de soignants, pas assez de temps… un pur non-sens quand on sait que communiquer c'est d'abord prendre le temps, autant de temps qu'il faudra… mais le temps c'est l'argent donc communiquer n'est pas "rentable"…

 

Pendant plus de deux ans, j'ai écouté 24h sur 24, 365 jours dans l'année, les appels de détresse des familles (dans 99,99% des cas des mères), leurs craintes, leurs angoisses parce qu'un proche "en crise" n'était pas pris en charge, parce qu'elles avaient vainement appelé au secours les soignants, j'ai écouté leurs larmes et leurs sanglots, leur profonde douleur car elles aiment leur proche, leur solitude immense de n'avoir jamais pu être écoutées, entendues, de n'avoir jamais pu dire leur souffrance; j'ai constaté leur incompréhension parfois totale de ce que vit leur proche.


Alors il a fallu agir, les rassembler pour prendre le temps de les écouter, leur tendre la main, leur redonner espoir. Souvent simplement écouter, parfois des heures durant, sans parler, suffisait à leur redonner espoir.


Je pourrais écrire des livres et des livres de ces témoignages parfois si douloureux que d'autres familles elles-mêmes avaient du mal à les entendre. Quant aux rares bénévoles qui nous avaient rejoints au début, d'entendre l'immensité de cette souffrance les a tous fait fuir, "un coup de poing dans l'estomac" m'a dit un jour l'un d'entre eux que je n'ai jamais revu, après une de ces rencontres où les familles témoignaient de leur vécu.

 

Comment comprendre, sans approuver bien sûr, que certaines familles soutiennent ce projet ?


Quand l'accompagnement des familles est absent, qu'un appel d'une famille aux soignants pour un proche "en crise", c'est-à-dire en phase aigue d'une psychose, reste sans réponse pendant des jours, voire des semaines.


Quand les familles, la plupart du temps sans connaissance ni compréhension des troubles – les soignants ne savent pas, ne veulent pas prendre le temps ou refusent d'écouter leur parole – doivent gérer comme elles peuvent des situations où elles sont parfois en danger. Parce qu'une personne en souffrance extrême, angoissée, en proie à un délire paranoïaque, déconnectée de la réalité, peut être dangereuse (dans la réalité la plupart ne le sont pas) car elle se sent entourée de toutes parts d'ennemis, parce que parfois il suffit d'un regard, d'un geste mal interprétés pour engendrer une réaction de défense qui peut se traduire par une attitude agressive, y compris vis-à-vis de l'entourage immédiat.


Quand certaines familles ont par le passé vainement appelé au secours les soignants, qu'elles n'ont aucune notion de ce qu'est un soin humain pour ne l'avoir jamais vu à l'oeuvre

Quand la réponse aux appels de détresse est "appelez la police si votre enfant est agité ou agressif, nous on ne se mettra pas en danger", que la police arrive pour parfois faire demi-tour en disant "mais contrôlez le (la), c'est votre enfant" quand elle ne repart pas avec votre enfant menotté comme un criminel…


Car c'est cela le vécu de bien trop de familles et d'usagers de la psychiatrie : l'hôpital, la contrainte, la force parfois brute des soignants, la violence institutionnelle, la camisole chimique… pas l'humain 


Alors oui, certaines de ces familles, déboussolées, applaudissent une loi qui portera "le soin à domicile" … n'en mesurant pas la portée, l'atteinte inadmissible aux droits élémentaires de leurs proches, l'approche purement "sécuritaire".


La dérive sécuritaire ne sera jamais une solution, une réponse à la souffrance.


Bien sûr qu'il y a des exceptions, mais de plus en plus rares chez les soignants : manque de formation, manque de motivation dans un système qui ne reconnaît pas la difficulté d'une telle profession, manque de temps, manque de moyens. Parfois certains soignants prennent sur eux, hors temps de travail, le temps de construire une relation… mais combien ?


Quelle psychiatrie pour demain ?

 

– Faire confiance aux usagers en en faisant les acteurs de leur mieux-être ou de leur moindre souffrance, apprendre à les écouter, à les entendre, y compris et surtout quand ils contestent le soin, la psychiatrie. Savoir encourager leur démarche vers l'autonomie.

– Faire confiance aux familles qui, dans la majorité des cas, partagent leur quotidien et vivent leur souffrance.


Qui mieux qu'elles est apte à accompagner à condition d'être informées, accompagnées elles-mêmes. En faire les partenaires indispensables qu'elles sont, non des boucs émissaires.


– Comprendre que sans la triple alliance usagers-familles-soignants, aucun soin ne marchera.


– Ne pas stigmatiser soi-même quand on est soignant.


– Admettre, quand on est soignant, que le soin parfois échoue, qu'il faille se remettre en question, que le tout-médical est une erreur monumentale.


– Faire des hôpitaux psychiatriques des lieux d'accueil humains, non des prisons.


– Etre conscient, quand on est soignant, que l'hospitalisation est toujours un échec, non LA solution. C'est souvent qu'on n'a pas su, en amont, intervenir à temps pour établir une communication.


– Comprendre que l'accompagnement social – ce que font les GEM : rompre l'isolement, permettre la plus grande autonomie possible, permettre l'expression de la souffrance pour apprendre à la gérer, construire des projets ensemble, devenir acteur de sa propre vie – représente 50% des chances de réhabilitation, voire de guérison pour un usager.


– Etre conscient, quand on est soignant, que l'âme humaine ne s'apprend pas dans des livres mais dans le champ de la vie, dans l'échange, le partage, dans l'humain libre d'être tout simplement différent.


– Pour tous, comprendre que ce qui se reflète dans le miroir, c'est souvent la peur de sa propre folie.

 

PS. Aucun des stagiaires venus dans notre GEM (pour des périodes d'immersion quotidienne allant de trois semaines à deux mois) n'a regretté d'avoir découvert le monde "étrange" de la dite-folie. Aucun n'avait jamais eu de contact avec cet univers. TOUS ont dit que l'image qu'ils se faisaient du "fou" a complètement changé. Qu'ils ont beaucoup appris à les côtoyer, beaucoup grandi à découvrir leurs univers. Et qu'ils reviendront, espèrent-ils, "travailler" un jour dans un GEM. Car dans un GEM on ne "travaille" pas, on vient rencontrer l'autre.


Yolène de Vassoigne

 

 

Equinoxe , association (réseau d'entraide et de solidarité) de familles et amis de personnes en souffrance psychique (schizophrènies, troubles bi-polaires et dépressions majeures Martiniquaise a créé en décembre 2007 un GEM, structure d'accompagnement social pour les personnes en souffrance psychique à travers des ateliers de créativité artistique. Basé à Fort-de-France et ouvert (du lundi au vendredi 10h-18h) à tous ceux qui veulent bien partager des instants de vie conviviaux avec eux.
Collecte permanente de denrées alimentaires pour le GEM (repas gratuits offerts tous les jours).

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>Lettre du Collectif des 39 à l'ensemble des Associations d'Usagers en psychiatrie, des Familles, des Associations, des Syndicats de Professionnels en psychiatrie, des Associations de psychanalystes


En 2003, nous étions tous réunis pour organiser les Etats Généraux de la Psychiatrie. Unitairement et démocratiquement, nous avions élaboré « les 22 mesures d’urgence » ainsi que les 4 motions fondant les axes généraux de notre exercice.


Il n’était pas question dans ces décisions de la révision de la loi de 1990. C’était sans doute une façon d’exprimer que cette loi ne semblait pas être un obstacle fondamental à nos pratiques et que d’autres urgences nous animaient.


Sept années plus tard, seule la révision de cette loi est la réponse du ministère à nos revendications. Et ceci dans un climat particulièrement difficile puisque depuis le discours d’Antony du Président de la République, la dérive sécuritaire envahit le champ de la psychiatrie : comme si tous les patients étaient identifiés à des criminels dangereux, actuels ou potentiels.


Nous étions ensemble à Montreuil le 7 Février 2009 pour dire notre indignation devant cette idéologie inacceptable ; à l’appel du collectif des 39, 2000 personnes ont clairement manifesté leur refus d’une telle politique.


30000 citoyens ont signé un appel condamnant le discours du président de la république.

Et pourtant 70 millions d’euros furent débloqués pour des murs, des caméras, des clés, des portes. Le pacte républicain s’est rompu : les préfets discréditent les avis des psychiatres, décident contre leur avis. Si l’hospitalisation protège le patient pour des soins, celle- ci devient un enfermement arbitraire quand le préfet refuse la sortie demandée par le psychiatre.


C’est dans ce climat délétère et morbide que nous a été proposée une modification de la loi de 1990 avec un projet de loi instaurant les soins sans consentement en ambulatoire.

En Septembre nous étions de nouveau tous ensemble à Villejuif : mille participants avec toutes les forces politiques d’opposition, tous les syndicats de psychiatres, plusieurs syndicats professionnels, quelques associations d’usagers, et des familles, ont affirmé leur opposition au projet de loi.


Après la décision du Conseil Constitutionnel le 26 novembre 2010, ce projet nous revient, modifié, avec « l’introduction » du juge pour les hospitalisations sous contrainte.


Vous savez que si depuis la loi de 1838, l'hospitalisation seule pouvait faire l'objet d'une contrainte identifiant les soins à un lieu, le changement prévu par le législateur est une modification sans précédent ! Il s’agit d’un changement paradigmatique dans ses conséquences car ce projet de loi n' identifie plus l'hospitalisation, mais les soins eux-mêmes à la contrainte, les réduisant à une pure surveillance. L'obligation n'a t- elle pas pris le pas sur le contenu du soin ? Ce hors lieu de la surveillance, donc son omni-présence, penche dangereusement vers des choix totalitaires, des choix « contrôlitaires » ! C'est un lourd tribut : le monde de la psychiatrie est-il prêt à s’y soumettre ? à le payer ? Un constat est à faire : même si c’est pour des raisons différentes, parfois contradictoires, divergentes voire opposées, la quasi totalité des professionnels rejette ce projet.


Ce projet ne répond pas aux attentes des professionnels, des familles, des patients

C’est un projet qui s’oppose frontalement aux nécessaires évolutions que des soins de qualité nécessitent : il maltraite les patients, il trompe les familles, il disqualifie les professionnels.


Dans la précipitation, dans un simulacre de concertation, sans prendre le temps de penser le soin en psychiatrie, cette « réforme » de la loi de 1990, si elle était adoptée, aggraverait d’autant plus les conditions de notre exercice, dont la dégradation nous avait amenés à élaborer 22 mesures d’urgences en 2003.


Pour une loi sanitaire qui prendrait en compte les moyens, la formation, la conception de la maladie (qui s’oppose à celle de la Fondation « FondaMental » qui vient d’être richement dotée), n’est il pas possible d’organiser dans l’urgence qui nous est imposée, un front du refus unitaire, actif, mobilisateur ?


Le collectif des 39 ne restera pas inactif devant la gravité de la situation.


Il appelle toutes les forces vives de ce pays à se rassembler pour demander le retrait de ce projet.


Le temps presse : nous avons l’immense responsabilité d’organiser cette riposte ensemble.


Nous restons à l’écoute des propositions. Nous en ferons également. Bien cordialement à vous,

pour le Collectif des 39 :

 

Dr Mathieu Bellahsen, Selma Benchelah, dr Philippe Bichon, dr Hervé Bokobza, dr Loriane Brunessaux, Marie Cathelineau, dr Patrice Charbit, dr Franck Chaumon, dr Patrick Chemla, dr Guy Dana, dr Alexandra De Seguin, dr Roger Ferreri, dr Sarah Gatignol, Yves Gigou, dr Michaël Guyader, Serge Klopp, Émile Lumbroso, dr Paul Machto, Antoine Machto, Bénédicte Maurin, Simone Molina, Françoise Nielsen, Sylvie Prieur, dr Pierre Sadoul, dr Pedro Serra, dr Olivier Schmitt, dr Bruno Tournaire-Bacchini, dr Anne Tuffelli , Monique Vincent, dr Élie Winter.


Contacts :

Collectif des 39 : yglns39@orange.fr Dr Hervé Bokobza : 06 85 31 71 61 Yves Gigou : 06 60 48 98 84 Dr Paul Machto : 06 80 65 47 79

 

(Cette lettre a été envoyée à l'ensemble des associations concernées)

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>Une réforme absurde et dangereuse des soins sous contrainte

Pourquoi absurde ? Des soins sans consentement ! Impossible ! Soin et consentement vont de pair. A moins de limiter les soins psychiatriques à une prise de médicaments. Nous revendiquons le droit et l'accès aux soins psychothérapeutiques qui sont pour nous indissociables d'un traitement adéquat. Quelque soit la théorie appliquée (thérapie comportementale, institutionnelle ou psychanalytique), celle-ci devrait d'ailleurs être "explicitée" systématiquement au patient par son médecin thérapeute, c'est une démarche personnelle de la part du malade qui bien sûr nécessite sa pleine adhésion. Il ne peut y avoir stabilisation de son état que par des soins complets: un traitement adapté et un travail psychothérapeutique.

Nous ne cessons d'entendre que le système judiciaire est engorgé de toute part, il faut tout de même rappeler que les H.S.C (hospitalisations sous contrainte) représentent plus de 7.4000 hospitalisations par an! Comment les juges des libertés et de la détention (J.L.D) vont-ils pouvoir faire face à ce surcroît de travail? Avec quelles compétences spécifiques à part celle de consulter les avis médicaux? De plus il est précisé que l'intervention d'un juge judiciaire garantit le principe du contradictoire, c'est-à-dire que le patient pourra alors être représenté par un avocat lors de ses démarches… mais cet avocat encore faut-il pouvoir le contacter, le trouver, le payer et nous pensons que cela est rendu très difficile voire impossible par une situation d'H.S.C.

 

Pourquoi dangereuse ? Le passage à une durée de 72h d'observation (24h auparavant) avant que le médecin ne se prononce laisse en effet la porte ouverte aux abus à l'encontre du patient. Cette durée ressemble plus à une "garde à vue" qu'à une période de soins pourtant primordiale. Qu'en est-il des visites de la personne de confiance désignée par le patient durant ces trois jours ? Une plus grande réactivité et donc une levée des HDT et HO selon l'état du malade nous paraît indispensable, les délais des décisions nous paraissent trop longs ! Passez donc quelques semaines dans un hôpital psychiatrique et vous comprendrez. Certes il y a quelques petites choses à faire dans certains pavillons mais c'est trop rare par manque de moyens et de personnel.

L'argent mis à construire des chambres d'isolement et à installer des barricades (70 M€ ! pour le plan de sécurisation ) aurait pu être utilisé afin d'améliorer les conditions d'hospitalisation et donc, j'en suis persuadée, de diminuer la durée moyenne des "séjours" des patients dans ces établissements (en 2009: 52 jours en HL, 60j en HDT et 95j en HO).

"Précaire" signifie "qui n'offre aucune garantie, qui peut toujours être remis en cause". Or la condition humaine est vulnérable certes, mais non "précaire" dans le sens où elle ne peut pas être remise en cause comme l'affirme le président d'ADVOCACY France. Cela signifierait alors que certaines personnes pourraient ne pas être dignes de faire partie de l'humanité. C'est ce que l'on veut nous faire croire en appliquant une norme dans notre société et en enfermant, en rendant clandestins ceux qui ne peuvent s'y conformer. Il est vrai qu'aujourd'hui nous vivons dans la précarité, mais c'est celle engendrée par le fonctionnement même de notre société.

Les H.S.C (auparavant hospitalisations sous contrainte devenues soins sans consentement!) doivent rester des exceptions et non un moyen de contrôler la population dans un but normatif. Les critères énoncés dans la réforme de la loi de 1990 prêtent à interprétation libre de la part du décideur (juge, maire ou préfet…): il y est stipulé qu'en cas de "péril imminent" une H.S.C doit être prononcée. Une atteinte à l'ordre public, même qualifiée de "grave" (ce qui demande des précisions), n'est en aucun cas un critère valable pour un internement sous contrainte systématique. Selon nous l'H.S.C se justifie uniquement si il y a un danger pour une personne (le patient ou un tiers) ou bien si il y a une perte d'autonomie de la personne c'est-à-dire que le patient n'est pas en capacité de choisir pour lui-même.

L'intervention d'un juge pourrait impliquer une dérive dangereuse entre HDT, HO et mise sous tutelle/curatelle qui reste une décision lourde de conséquences pour le patient et son entourage. Il faut de plus noter la difficulté de sortir de ses systèmes de tutelles/curatelles. En effet c'est la personne concernée qui doit aujourd'hui payer l'expert psychiatre qui se prononcera sur la levée ou non de la mesure de protection. Nous retiendrons que cette somme est loin d'être négligeable pour un petit budget. De plus pour quelqu'un qui doit justifier de ses dépenses auprès de son curateur/tuteur il est d'autant plus compliqué de le faire quand c'est dans le but de supprimer le rôle de cette tierce personne.

La réforme de la loi de 1990 suscite un amalgame dangereux entre délinquants (qui relèvent de la justice) et malades (qui nécessitent des soins psychiatriques appropriés). Cela ne fera que renforcer les méprises telles que l'emprisonnement de malades et inversement (même si cela paraît plus rare) l'hospitalisation d'auteurs de délits alors qu'ils ne relèvent pas des soins psychiatriques. L'intervention du juge des libertés et de la détention à postériori (15 jours après la première décision) ne fait que renforcer cette confusion. Le patient est donc moins perçu comme personne souffrant d'une pathologie que comme un danger. Auparavant nous pouvions déplorer une réduction du patient à sa maladie, aujourd'hui il y a en plus confusion de la personne souffrante à un sentiment d'insécurité qui ne cesse d'être invoqué par les politiques.

Objets d'exclusion par la peur nous ne resterons pas silencieux !

"objets" oui, car le vocabulaire utilisé dans ces textes de lois nous réduisent à cet état.

 

Cécile Aventurier

 

Article d'origine, contes de la folie ordinaire, édition de Mediapart : http://blogs.mediapart.fr/edition/contes-de-la-folie-ordinaire/article/170211/loi-1990-reaction

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