Communiqué du Collectif des 39 – 24 Juin 2021

La psychothérapie institutionnelle se donne pour mission d’ouvrir un espace de vie où puisse se déployer un soin psychiatrique singulier fondé sur la circulation de la parole et des corps. Cette pratique se soucie de la qualité des relations inter personnelles, elle prend en considération le présent mais aussi le passé et l’histoire à venir des patients.

L’équipe du Secteur d’Asnières s’inscrit dans cette longue tradition de soignants qui continuent à la faire exister et qui – même en temps de crise sanitaire – se sont démenés pour ces convictions humanistes en luttant contre la privation des libertés des patients mais aussi des soignants.

Pour que les soignants soignent, il faut leur laisser l’autonomie et la responsabilité d’inventer. Certains responsables de service ont ce savoir-faire sophistiqué et délicat : pour apporter au patient un soin personnalisé, et le sentiment de sécurité nécessaire à leur mieux être, ils savent élaborer leurs pratiques, au jour le jour, avec leurs équipes.

Comment se fait-il que les garants de la sécurité physique et psychique des patients puissent aujourd’hui être accusés d’avoir mis des vies en danger ? Par quel retournement pervers langagier fait-on passer des capacités d’accueil réfléchies pour des actes de malveillance ou de négligence ?

Comment se fait-il que le rapport d’Adeline Hazan, contrôleuse générale des lieux de privatisation liberté, ait été bafoué et annulé dans sa conclusion confirmant la position juste de ces soignants ? 

Les technocrates peuvent-ils maintenant utiliser les lois, les réglementations, les protocoles sur ce mode antidémocratique pour dicter aux praticiens leur façon de penser la clinique et de faire vivre leur service de secteur ?  

Pourtant, ces professionnels diplômés et expérimentés ont été mis à leurs postes de travail pour concevoir et mener leurs pratiques de manière libre et autonome, et en porter l’entière responsabilité… 

Obéir, ne plus réfléchir, ne plus inventer est mortifère ! Nos collègues soignants qui dénoncent une perte d’autonomie pour préserver leur l’éthique soignante sont aujourd’hui poussés au silence et menacés dans leurs fonctions institutionnelles !

Nous sommes à leur côté pour continuer à porter et soutenir leurs voix, leurs idées, leurs conceptions de soin ! 

Continuer à créer le meilleur soin le mieux adapté aux patients, aux possibilités de l’institution et au savoir-faire des soignants est vital !