>Ateliers de réflexions des 39 : comment réformer la psychiatrie ?

Je suis un membre des 39 et pourtant, je ne suis pas soignant. Je suis membre des 39 parce que je crois en la sincérité du collectif, à son engagement pour protéger et mieux aider les patients qui traversent la psychiatrie. Sur leur supposé dogmatisme, parfois dénoncé ici ou là, j'ai observé les membres soignants des 39 dans de nombreuses réunions et leurs capacités à se remettre en question et à ne pas se laisser entraîner dans une forme de religion de la psychanalyse, par exemple, m'a surprise. Bien que le socle de leur pratique soit d'inspiration psychanalytique, c'est à dire une science humaine, profondément humaine, ces soignants là ne sont pas des ayatollah de la psychanalyse. 

Ces soignants là luttent avec leurs armes, et une arme plus particulièrement : la parole. La circulation de la parole. Parfois physiquement quand ils vont brandir des pancartes ou des banderoles comme au printemps dernier mais aussi en accompagnant des débats autour de films comme "Un monde sans fous ?" afin de tenter d'expliciter la réalité de ce qu'il se passe dans le monde de la psychiatrie en France. C'est-à-dire de la nécessité de réformer cette psychiatrie agonisante qui ne propose plus que de considérer les hommes et les femmes en souffrance psychique (qu'elle est pourtant censée accueillir, et qu'en réalité elle "gère"), comme des troubles à résorber, une suite de protocoles à exécuter, comme des individus dangereux et inquiétants qu'il faut contenir et traiter chimiquement ainsi qu'avec des processus thérapeutiques courts de psycho-éducation neuro-cognitiviste.


Les débats sont riches au sein des 39. Ce fut le cas de ce samedi 3 décembre. Autour de thèmes comme la famille, les enfants, la formation, les pratiques…Ces débats sont ouverts, horizontaux, chacun peut y prendre la parole, qu'il soit psychiatre, éducateur, infirmier, psychologue ou autre chose, c'est à dire "individu ayant à voir (et à penser) avec la psychiatrie, comme je le suis. Des auto-critiques y sont formulées dans ces débats : sur l'aveuglement, à certaines époques, des psychiatres membres des 39, un peu trop enfermés dans des croyances, par exemple.


Personne n'est parfait, les soignants comme les autres, mais surtout les soignants qui travaillent avec cette matière totalement insaisissable qu'est le psychisme. Le reconnaître, le discuter, est pour moi une qualité extraordinaire qui je dois le dire, ne cesse de m'impressionner. J'ai été saisi hier par la réelle volonté de ces professionnels à se placer à la fois comme militants d'une autre psychiatrie, qui tous les jours agissent dans le sens de l'accueil, mais pour autant conscients de leurs erreurs, de leurs difficultés, de leurs progressions et de l'arrivée à un moment où il ne leur est plus possible de laisser le "voile noir du scientisme, sécuritaire, protocolaire, cette froide médecine de l'esprit auto-déclarée scientifique" recouvrir tant d'années d'efforts. Et écraser l'humanité en l'homme.


Quels efforts ? Ceux qui pourraient donner une voie à la réforme de la psychiatrie. Cette réforme qui doit absolument survenir avant que l'enfer d'une vision concentrationnaire ne s'abatte définitivement sur les patients et une partie des soignants. Si je parle de vision concentrationnaire, ce n'est ni par provocation, ni par légèreté. Les méthodes, pratiques, lois qui s'opèrent aujourd'hui en hôpital ou en clinique ne sont à mon sens qu'une forme de métaphore des camps de concentration nazis adaptés à une certaine modernité du soin psychique : grilles d'évaluation pour mieux diriger les personnes vers certains protocoles, comme on séparait et évaluait ceux qui allaient travailler et ceux qui allaient être de suite éliminés dans les chambres à gaz. Volonté d'imposer la croyance que l'homme et son cerveau fonctionnent de la même manière qu'un ordinateur et penser que le "reprogrammer " ce cerveau, est la solution pour soigner ces maladie "mentales du cerveau". Comme le nazisme pensait faire adhérer "la planète occidentale" à la vision de l'homme nouveau, du surhomme (qui n'a rien à voir celui de Nietzsche), cet aryen programmé lui aussi pour penser la civilisation du troisième Reich. Cette civilisation de la perfection, de la puissance et de la maîtrise scientifique en toutes choses. 

 

Je ne dis pas que les soignants, "enfermés dans ces approches", dans ces institutions "concentrationnaires" sont des nazis, qu'on ne s'y méprenne pas. Ni que les hôpitaux psychiatriques sont des camps de concentration. Non. Je dis simplement que l'état d'esprit qui prévaut en leur sein, niant l'humain dans sa complexité, son histoire, le réduisant à une suite d'opérations à effectuer, à une pathologie, état d'esprit cumulé à beaucoup de maltraitance (que j'ai rencontrée à chaque fois au cours des 20 dernières années) comportent des similitudes avec l'approche concentrationnaire. Une approche particulière de l'homme, donc. Et qu'à termes, si rien n'est fait, il sera difficile de faire la différence entre la vision totalitaire des nazis et celle que la société aura engendrée, sous une autre forme, mais similaire.


Les efforts des 39, pour nombre d'entre eux durant plus de 30 ans, ont été d'accueillir et de créer de l'espace thérapeutique basé sur l'humain et sur sa parole. De tenter d'accompagner des hommes et des femmes afin de les aider à soigner les plaies de leur âme. Pas de protéger la société d'une dangerosité supposée. Pas d'obtenir des taux de ré-hospitalisation inférieurs à 50% dans les deux années suivantes. Pas de vérifier que le médicament est bien pris par le patient. Pas de surveiller la capacité à devenir violent de ceux qu'ils ont accueillis. Non. Ils ont aidé des personnes à ce que les traitements neuroleptiques soient une chose acceptée, que la personne les prenne en toute confiance. A ce que l'accueil chaleureux et humain n'incite pas à la violence. A créer des espaces de créativité, d'échanges, de relations. Les membres des 39 ont permis par exemple, à ce que le dialogue soit un plaisir thérapeutique entre un infirmier et un patient, en dehors de tout cadre établi à cet effet, dans un couloir, dans la salle des médicaments… 


Les membres des 39 ont fait des efforts pour mieux faire accepter et comprendre leur travail avec les parents des patients qu'ils aidaient, par exemple. Avec des approches en perpétuel changement, parce que l'homme change, comme la société, comme la perception des réalités que l'on a. Les efforts des 39 sont ceux qui permettraient de faire de l'hôpital psychiatrique, de la clinique psychiatrique, des lieux d'asile où les personnes en souffrance psychique pourraient se réfugier, se réparer, se reconstruire, vivre, revivre. Si ces efforts que les membres des 39 font depuis des années étaient massivement effectués, ces lieux aujourd'hui majoritairement concentrationnaires pourraient devenir ce qu'ils devraient être : des asiles chaleureux pour se soigner. Et dont on sortirait confiant en l'homme, en la société, la civilisation humaniste que nous étions censés construire ensemble depuis des siècles désormais, et plus particulièrement depuis 1945.


J'espère que nous, 39 parviendrons à faire suffisamment entendre notre voix pour que ce projet voit le jour et qui, bien qu'apparemment utopiste en ce 4 décembre 2011, n'est en fait qu'une volonté politique et citoyenne simple à activer, mais qui doit l'être le plus vite possible.


Simon Sensible

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23 réflexions sur « >Ateliers de réflexions des 39 : comment réformer la psychiatrie ? »

  1. Bonjour! rien que cette phrase (la première de votre article) Je suis un membre des 39 et pourtant, je ne suis pas soignant me fait peur !!  Faut être soignant pour se soucier de l'état de la psychiatrie ? Et les patients dans tout cela? N'ont ils rien à dire ?? Même si la suite de votre article développe vos arguments, il me laisse sur ma faim.

  2. Ah les patients, les grands oubliés, ils sont fous donc ils doivent de taire et accepter ! Je modère néanmoins, parfois ça arrive qu'ils soient bien traités !
    J'espère qu l'on pourra lire cet exposé !
    Intervention de Laurent FRIOURET au colloque organisé par la Faculté de Droit de Sceaux le 18 novembre 2011 portant sur le thème : " Violence et droit ". L'exposé s'intitulait " L'hospitalisation sous contrainte administrative ou l'expression typique de la violence institutionnelle ", v. http://www.recherche.jm.u-psud.fr/docannexe/file/539/programme_je_violence_et_droit.pdf

  3. Bonjour geolocalise, christel.
    geolocalise : Je ne comprends absolument pas votre discours : "Faut être soignant pour se soucier de l'état de la psychiatrie ? Et les patients dans tout cela? N'ont ils rien à dire ?? "
    Je précise ne pas être soignant, puisque le collectif des 39 est à l'origine un collectif monté par des soignants. Peut-être ne le saviez-vous pas ? Il y a donc, encore aujourd'hui, peu de non-soignants au sein du collectif, mais cela va changer, j'en suis certain. D'ailleurs, je proposerai sous peu quelque chose pour que des personnes qui ne sont pas soignants en psychiatrie puissent agir au sein des 39. Mais l'opposition soignants/patients me semble un peu réductrice. Vous remarquerez que je ne me colle pas d'étiquette et pourtant vous avez bien compris que je connais parfaitement la psychiatrie de l'intérieur, en tant que patient. Mais je ne compte pas passer ma vie à être un patient. Je ne l'ai pas passé en tant que patient d'ailleurs. Je suis une personne qui a traversé la psychiatrie. Cela fait partie de ma vie, mais ce n'est pas pour autant un statut dans la société. Donc, oui, des personnes qui ont été des patients sont membres des 39. Les patients  ne sont pas les "grands oubliés des 39", bien au contraire. Mais une meilleur organisation pour faire se rencontrer tout le monde va arriver. Je vous en parle sous peu.

  4. Proposition : Le 17 mars au prochain meeting des 39, les patients et anciens patients présents, se tiennent prêts à prendre d'assaut la tribune, de sorte que plusieurs patients et anciens patients puissent monter en tribune prendre la parole, et dire ce qu'ils ont à dire, sans qu'il y ait la parole tutrice des soignants, dont nous n'avons aucun besoin.
     
    Si les 39 ont convié Claude Finkelstein à ce meeting, et si celle ci ci est effectivement présente ce dont je doute, on se tient prêts à la huer, à la siffler, et à lui intimer de fiche le camp. Une représentation pipeau des usagers par une personne pareille qui s'est compromise dans le camp du Gouvernement à soutenir le projet de réforme Bachelot, on n'en veut pas, on la rejette.
     
    Dans tous les cas, les patients et anciens patients, dont singulièrement les patients des psychiatres membres des 39, doivent EXIGER d'avoir une place en tribune, parmi les premiers orateurs. A défaut il convient de bloquer le début de ce meeting jusqu'à éclaircissement de la part des organisateurs.
     
      Pour coordination joindre le CRPA. Merci.

  5. "Dans tous les cas, les patients et anciens patients, dont singulièrement les patients des psychiatres membres des 39, doivent EXIGER d'avoir une place en tribune, parmi les premiers orateurs. A défaut il convient de bloquer le début de ce meeting jusqu'à éclaircissement de la part des organisateurs."
    Monsieur, je me permets de vous rappeler que ma liberté d'intervenir ou pas à une tribune est mienne et ne peut m'être imposée (une injonction de votre part ?) par une quelconque organisation, quelle qu'elle soit. Mais dresser les patients ou ex-patients contre une parole des soignants que vous estimez "tutrice"  et inutile, est absurde et organise la division dont le gouvernement se régale. Je vais tenter dans les semaines qui viennent de mieux expliciter la démarche du collectif des 39 du côté des non-soignants dont je fais partie. Si vous n'avez aucun besoin de la parole des soignants des 39, pourquoi donc ne pas demander clairement la disparition des 39 ? Je ne comprends pas bien votre position : avez-vous bien lu mon texte et compris mon propos vis à vis de la démarche du collectif ? Des patients ont pris la parole lors du meeting de l'automne 2010 dans la salle. Je ne sais pas s'il y aura des patients ou ex-patients à la tribune en mars. Peut-être bien ? Avez-vous vu les vidéos de manifestation o Armelle de Radio-citron prend la parole ? Les actions des patients du centre Artaud de Reims avec Patrick Chemla, psychiatre et membre des 39 ?

  6. Les patients qui, le 24 septembre 2010, ont pris la parole au meeting des 39 à Villejuif, l'ont fait de la salle et non de la tribune. Certains auraient du pouvoir le faire de la tribune et non de la salle.
     
    Il faut en finir avec tout ce corporatisme qui fait que seule la parole tutrice des soignants et professionnels puisse s'exercer de la tribune.
     
    Nous appelons donc à ce que le 17 mars 2012, les patients et anciens patients, et en priorité ceux des soignants des 39, s'emparent de la parole de la tribune et non de la salle!
     

  7. Que de bonne volonté et quelle fatigue que de devoir se concerter sur de mauvaises bases. Le concept de maladie est un concept technique qui a été proposé comme "réalité" par le mythe scientifique. Dans les traditions, encore enseignées il y a 35 ans, quand j'étais moi-même à l'université, on disait "malade" celui qui consultait en se proposant comme tel ! La conscience morbide et la consultation instituait le malade comme tel. Tous ceux qui ne se reconnaissaient pas "malades" et commettaient des actes délictueux étaient "traités" comme des faits divers voire judiciaires. La psychiatrie en s'appropriant la souffrance humaine n'a servi qu'à déresponsabiliser tout le monde et conduire au monde que nous connaissons.
    Que les médecins se contentent donc de soigner efficacement ceux qui se reconnaissent malades, en laissant la société se remettre en question par rapport aux faits divers qu'elle occasionne.

  8.  
    « Bien que le socle de leur pratique soit d'inspiration psychanalytique, c'est à dire une science humaine, profondément humaine. »
    Comme on le voit dans ce docu concernant le traitement des personnes autistes :« le mur » ? Ce docu que des psychanalystes (ceux qui défenderaient le sujet et son liberté) veulent interdire ?
    Oui, et les grands méchants seraient les thérapeutes TCC (comme « un monde sans fous » suggère si bien?) qui bien évidemment sont des robots sans empathie et accros à leurs techno-protocoles pseudoscientistes avec une neuro-sauce ?
    Je sais que je caricature, mais si un « monde sans fous » se permet de caricaturer les choses, je me donne se droit aussi.
    Pour finalement plaidoyer pour que l'on cesse les amalgames, cette tendance si franco-française de querelles de chapelles binaires, et pour considérer la possibilité qu'il y a aussi des humains, tout à fait capable d'empathie, tout à fait capable de valider la personne comme sujet, « même dans le monde TCC, qui font un boulot bigrement apprécié, et pour cause.
     
    Merci,
    Maarten Aalberse, therapeute comportementaliste.

  9. Je me permets de vous répondre puisque j'ai été entre les mains (passez-moi l'expression) de thérapeutes d'orientation psychanalytique et d'autres d'orientation comportementaliste. Une grande différence se fait entre les deux, différence que vous avez vous-même soulignée par cette phrase : " même dans le monde TCC, qui font un boulot bigrement apprécié, et pour cause". Voyez-vous, je ne suis pas un "boulot". Et j'aimerais savoir qui apprécie le "boulot" des thérapeutes cognitivo-comportementalistes ? Qui ? Le ministère de la santé ? Les thérapeutes eux-mêmes ? Les familles ? Les patients ? Les thérapeutes d'orientation psychanalytique n'ont pas fait un bon "boulot" avec moi. Savez-vous pourquoi ? Parce que le "boulot", c'est moi qui l'ai fait. Eux, ils m'ont accueilli pour pouvoir le faire. Accompagné. Ce ne sont pas des gens qui "savent" pour vous, à l'inverse des praticiens en TCC. Ce sont des gens qui vous offrent un espace de parole, un voyage à travers votre souffrance, votre délire. Mes symptômes, personne n'a cherché à les faire disparaître chez les "analystes". On m'a donné les médicaments adéquats pour que je puisse parler, réfléchir et rentrer de nouveau en relation, oui. Mais j'ai été accueilli, avec les thérapeutes analytiques. Pour effectuer un voyage humain grâce à la parole, en groupe, avec d'autres être humains. J'ai été accueilli comme quelqu'un qui a à dire et faire. Pas comme une personne malade qu'on doit traiter. De l'autre côté (TCC), on a cherché à me faire rentrer dans une case (j'étais schizophrène chez les TCC). A me permettre de "gérer mes symptômes", diminuer les symptômes, pour retourner dans la société, tenter ma "réinsertion". Pour autant, ce qui est étrange, c'est que la société, pour moi, c'est aussi le centre psychothérapique où j'étais. Ce n'est pas hors de la société, ce centre. On y vit dans ce centre, et parfois mieux que dans la société. Et mes traversées avec eux ont été des enrichissements extraordinaires. Des rencontres humaines incroyables. Du côté des TCC, excusez-moi, mais la rencontre avec les autres, l'échange d'une parole qui fait sens, avec les autres patients, avec les thérapeutes, ce n'était pas leur problème. Leur problème était de soigner un malade. Par contre, on ne tentait pas de me réinsérer chez les thérapeutes d'obédience psychanalytique. Parce que mon délire, mes souffrances ou mes emballements fantaisistes racontaient quelque chose. Ils me racontaient. Parce que je ne suis pas quelqu'un qui a eu un comportement hors-normes, chère madame, je suis quelqu'un qui a exprimé sa souffrance dans la folie. Et aujourd'hui, ce qui est important n'est pas mon comportement, ma capacité à gérer ou non mes délires, ce qui est important aujourd'hui, c'est que j'ai découvert la beauté renversante de ceux et celles qui souffrent dans leur chair et leur âme et ceux qui les accompagnent avec une seule préoccupation : leur permettre d'être eux-mêmes, de se trouver, se retrouver, accepter, traverser. Quand vous, vous êtes "tout à fait capable de valider la personne comme sujet", et bien eux, ils ne valident rien du tout, ils écoutent, ils partagent de l'humain. Je ne suis pas un sujet qu'on valide, chère madame. Et cette phrase, qui pour moi est abjecte, me permet de dire qu'effectivement, il y a un vrai problème dans ce pays à cause de l'invasion des TCC dans le champ du soin psychique. Et une totale méconnaissance de ce que sont les thérapeutes d'obédience psychanalytique travaillant avec la psychothérapie institutionnelle par une partie du corps médical orienté TCC.

  10. @ Simon: d'abord je suis homme et d'origine Néerlandais, donc il se peut que je me suis mal exprimé en parlant d'un "bon boulot". En tout cas je n'en voulais pas donner le sens que vous en a donnez…

    Je suis ravi que vous avez trouve ce que vous cherchiez, et que apparemment vous n'avez pas trouvé chez des thérapeutes TCC.
    Je connais aussi plein d'autres personnes qui ont souffert (et pas une souffrance salutaire) pendant et après une "cure" psychanalytique ou psychothérapie analytique…  (ce que par exemple les parents des enfants autistes montrent dans ce documentaire que j'ai déjà mentionné "Le Mur", docu hélas aussi binaire). Mais je sais aussi que cela n'est pas une bonne base pour juger et condamner "les psychanalystes ou "la" psychanalyse…

    Je peux imaginer ce que c'est de travailler de façon psychanalytique dans un cadre dominé pas la TCC, comme j'ai trop appris comment c'est de trvailler comme comportementaliste dans un cadre psychanalytique…
    Et le problème me semble surtout venir de ce "dominé par" – et dévalorisé par…

    Et mon rêve est d'aller au delà ces "dominances et dévalorisations".

    Ne pourrions pas en faire un début ici?

    Bonne soirée à tous et à toutes,,
    Maarten

  11. Je sais qu'un réseau social d'échange (à partir d'ici) est en train de se créer pour justement parler de tout ça. Mais le coup des chapelles et modes binaires, je l'ai déjà bien souvent entendu. Je crois que de nombreux malentendus sont répandus au sujet des thérapeutes d'inspiration psychanalytiques, et je ne pense pas du tout que le film dont vous parlez soit suffisant pour "parler du sujet" qui nous préoccupe. Il n'y a pas de dominés, il y a surtout une pensée majoritaire et anglo-saxonne qui se répand comme une traînée de poudre sur le vieux continent, et en tout cas en France. Et cette pensée est basée sur l'"efficacité". Mais laquelle ? Voyez-vous, un "malade mental" n'est rien d'autre qu'un être humain qui a un moment pense autrement, se retrouve dans "un autre monde". Mon cerveau est exactement le même que le votre. Depuis la naissance. Et pourtant, chez vos collègues, je suis schizophrène, chez les thérapeutes de l'inconscient, je ne le suis pas. Ca change beaucoup de choses. Sachant que je travaille et gagne ma vie depuis que je suis en âge de le faire, comme vous, avec quelques coupures, certes, des difficultés plus grandes pour re-travailler à certains moments, mais bon, j'y arrive. Je suis même diplômé à BAc +5 si vous voulez savoir. Et je lis et étudie les théories que vous défendez. A partir de là, nous échangerons, oui. Mais rappelez vous qu'il y a un "livre noir de la psychanalyse", et qu'il n'y a jamais eu de la part des psychanalystes la publication d'un "livre noir des TCC". Mais au fond, ce serait peut-être nécessaire. Bien que le procédé me paraisse un peu…comment dire…fasciste. Oui, c'est ça : fasciste. Prenez ces derniers mots comme de la provocation de ma part. Mais le fond est grave. Très grave.

  12. Bon, je suis donc  fasciste, selon vous? Et mes collègues aussi?
    Et c'est ça qui fait avancer le schmilblick?
    D'ailleurs, sachez que mes collègues et moi, dans ma branche de la TCC, qui s'appelle la "Thérapie de l'Acceptation et de l'Engagement", au cas où cela vous intéresse, nous n'utilisons pas la DSM et ces cases de "troubles"… 
    D'ailleurs, à propos du "livre noir", avez-vous lu Mme Roudinescou? C'est assez noir concernant les TCC's non?

    Mais sortons de ce genre de diabolisation binaire, svp.
    Bien à vous,
    Maarten

  13. Oui, "livre noir de la psychanalyse" me paraît un procédé un peu fasciste. Mais rassurez-moi, vous n'avez pas écrit "livre noir de la psychanalyse" ?

  14. Je crois que vos procédés rhétoriques amenuisent à la fois ma patience et la crédibilité de votre discours. La diabolisation binaire ? Je vais vous donner ma date de naissance en binaire :
    1111/1010/11110110010
    Je ne crois pas que nous pourrions parler si nous étions dans un mode binaire.
    " Mme Roudinescou? C'est assez noir concernant les TCC's non?" : entre critiquer une pratique et écrire un "livre noir" (référence au stalinisme et au livre noir du communisme), il y a un pas, vous ne trouvez pas ? Traiter les praticiens en psychanalyse de fascistes rouges, c'est élégant, vous trouvez ? Où se situe l'attaque ?
    "Thérapie de l'Acceptation et de l'Engagement" : oui, utiliser les mots, la sémantique pour procéder à des reprogrammations en neuro-cognitivisme…oui, oui, je connais.
    Le problème est que ce n'est pas parce qu'on met "acceptation et engagement" dans un intitulé de thérapie qu'on rentre dans un champ relationnel véritablement thérapeutique.
    Les formations au TCC sont courtes, très courtes. Ces TCC son aussi utilisée dans les techniques de management, mais je ne vous apprends rien, n'est-ce pas ?
    Vous n'avez pas subi une thérapie comportementalo-cognitiviste vous même j'imagine ? Ca n'aurait pas de sens, c'est fait pour des malades, et vous ne l'êtes pas. Enfin, le pensez-vous.
    Les thérapeutes d'obédience psychanalytiques, eux ils font une analyse. C'est mieux, parce que comme ça ils savent ce qu'ils font ensuite, avec d'autre gens…
    Je suis certain que vous croyez à ce que vous faites. Et que vous pensez "faire le bien" autour de vous. C'est peut-être ça qui me désole le plus.
    Mais bon, nous ne pourrons pas échanger en fin de compte. Je n'en ai plus envie. Et puis vous non plus, cela s'entend. Restons dans nos chapelles. Sauf que moi je fus bénéficiaire, et vous acteur. Petite nuance.
    Bien à vous.

  15. s'il vous reste un peu d'envie de discuter malgré tout, je serais assez curieux de savoir comment les thérapeutes TCC de votre courant s'y prennent pour valider la personne en tant que sujet… Pourriez vous nous en dire un peu plus ?

  16. Merci, Winter, pour cette question qui, vous vous en doutez, n'est pas facile à répondre en quelques lignes.
    Voici quand-même quelques éléments:

    Déjà en écoutant et acceptant le plus possible la perspective de l'autre.
    En cherchant ensemble ce qui importe vraiment pour lui (ou elle), ce que sont ses valeurs à lui/ elle.
    L'objectif de cet approche n'est pas de "réduire les symptômes, mais à trouver ensemble des moyens pour agir plus en harmonie avec ses valeurs intimes
    En ne pas présumant pouvoir dire quelles  pensées sont irrationnelles ou pas (ce qui peut effectivement être un problème avec des "cognitivistes purs et durs"), mais de trouver ensemble des moyens de sortir de l'emprise des pensées qui empêchent la personne à vivre plus en harmonie avec ses valeurs; Et sortir de l'emprise est autre chose que de refouler, vouloir les remplacer par des "meilleures" (selon qui) pensées…
    Nous pourrons tous profiter d'une capacité de prendre du recul de ses pensées.

    En explorant ensemble des façons d'accepter ses émotions sans se sentir "obligé" de les défouler ou… les refouler de nouveau.

    Et surtout en partant du principe que nous souffrons tous, souvent, chacun de sa façon. Mais qu'il est possible de vivre plus en harmonie avec ses propres valeurs sans lutter contre la souffrance… Et que, plus on peut vivre en harmonie avec ses propres valeurs, plus on a une vie riche en sens et dignité. Projet qui au moins sur le fond est pareil pour le thérapeute et le "patient"… le thérapeute à un pain +/- pareil sur la planche à lui…

    J'espère que cela donne une petite idée…
    Bonne soirée,
    Maarten

  17. PS: j'espère qu'il est clair que j'ai essayé de répondre un peu à votre question, et pas de faire de la pub pour une approche spécifique…

    Et @ Simon: La therapie de l'Acceptation et l'Engagement (aussi connu comme ACT ou "Acceptance and Commitment Therapy") n'a rien à faire avec le neuro-cognitivisme. C'est vrai que pendant quelques années j'étais associé à un Institute neuro-cognitiviste. Je l'ai quitté il y a deux ans parce que je ne pouvais plus adhérer à ce modèle…

  18. @holddans : "Acceptance and commitment therapy or ACT (typically pronounced as a word, not as separate initials) is a cognitive–behavioral model of psychotherapy".
    Je sais lire anglais, vous aussi. C'est une thérapie cognitivo-comportementale. Le neuro va de soi, vous en conviendrez.
    http://en.wikipedia.org/wiki/Acceptance_and_commitment_therapy
    Une petite pub d'une collègue à vous, qui parle néerlandais et français, comme vous, pour mieux comprendre votre approche :
    L'apport de l' Approche NeuroCognitive Comportementale 
     
    Grâce à l' Imagerie de Résonnance Magnétique, il est possible d'observer quelles zones du cerveau sont activées, d'après nos activités et modes de pensée en cours.
     
    Un apport majeur, est la meilleure compréhension des mécanismes cérébraux liés au stress.
    L'Approche Neurocognitive et Comportementale a élaboré une grille de lecture qui met en évidence les différentes facettes de notre personnalité, nommées Biotypes. A chaque Biotype correspond un tempérament, des valeurs, des besoins spécifiques.  
     
     
    Vivre en accord  avec nos 'Biotypes' de prédilection est vivifiant et renforce notre énergie. Dans ce cas, nos motivations sont durables, car nous y trouvons du plaisir et nous sommes moins dépendants du résultat. Si ce n'est pas le cas, nous perdons notre motivation lorsque nous échouons, nous nous épuisons, risquons un burnout, ou une dépression. 
     
    Nos 'Biotypes' peuvent se compléter et se renforcer. S'ils sont en conflit les uns avec les autres, il peut en résulter un stress accentué. 
     
     
     
    Que faire quand vous devez faire des choix qui ne sont pas en accord avec votre personnalité ? Que faire quand vous êtes dans une impasse ? Comment éviter un burnout ?
     
     
    Comment vous réapproprier votre assurance, quoi que les autres en pensent ? Comment dépasser vos peurs, vos angoisses ?
     
      
    L’ Approche Neurocognitive et Comportementale propose un inventaire de personnalités. Elle vous permet de comprendre la dynamique des différentes parties de vous qui vous motivent durablement et celles qui vous démotivent. Elle permet de lever des freins et de libérer votre potentiel, afin de faire les choix qui vous conviennent.
     
    Elle offre des outils et exercices concrets pour activer le cerveau préfrontal afin de gérer et apaiser le stress, en vous aidant à développer votre intelligence adaptative.
     
     
    Praticienne Approche NeuroCognitivisme et Comportementale

  19. Champ lexical de la pratique cognitivo-comportementaliste : zones du cerveau, activités, mécanismes cérébraux, inventaire, biotype, motivation, dynamique, démotivation, lever des freins, libérer le potentiel, faire des choix, exercices concrets, développer, intelligence adaptive.
    Ce sont, mots pour mots les vocables de la "novlang" des entreprises et du management. 
    Cela ne vous dérange-t-il pas ?

  20. Simon,

    C'est exactement de cette approche là (l'Approche NeuroCognitivisme et Comportementale) que je me suis distancié il y a deux ans… (cf mon commentaire précédent).
    Il serait donc plus juste de parler d'un ex-collègue.
    Et je re-demande:
    merci de ne pas faire l'amalgame entre l'ACT et l'approche NeuroCognitive et Comportementale
    Même si l'ACT s'inscrit dans les TCC dites de la troisième génération – qui ont quelques différences cruciales avec celles de la "deuxième génération" je peux vous grantir qu'il y a des différences fondamentales entre l'ACT (et la thérapie comportementale dialectique qui se montre bénéfique pour un grand nombre de personnes diagnostiquées comme "borderline") d'une part et l'Approche NeuroCognitivisme et Comportementale d'autre part. Je peux l'affirmer justement parce que je connais bien ces deux approches, ayant pratiqué l'un et ensuite l'autre… 

    Mais je me demande si  ce forum est le lieu d'entrer en des tels détails?
    Et finalement: libre à vous de me croire ou pas…
    Mon enjeu est, une fois de plus, surtout de faire en sorte que ces querelles de chapelles cessent, ou au moins que les controverses s'appuient sur autre chose que des a priori…

  21. @holddan : 
    Comme on le voit dans ce docu concernant le traitement des personnes autistes :« le mur » ? Ce docu que des psychanalystes (ceux qui défenderaient le sujet et son liberté) veulent interdire ?
     
    Oui, et les grands méchants seraient les thérapeutes TCC (comme « un monde sans fous » suggère si bien?) qui bien évidemment sont des robots sans empathie et accros à leurs techno-protocoles pseudoscientistes avec une neuro-sauce ?
     
    C'est vous qui avez activé cette discussion, en exprimant l'aspect caricatural "d'un monde sans fous ?". Vous avez parlé d'une caricature des méchants thérapeutes TCC aussi.  Ce n'est pas une guerre de chapelle, ce que vous aimeriez que ce soit, peut-être. La psychothérapie, l'accueil de la folie dont parlent les thérapeutes des 39 va disparaître au profit des pratiques en TCC. Fondamental s'en occupe, entre autres, et c'est une fondation créée par le gouvernement, en collaboration directe avec les laboratoires.
    Je renseigne aussi les lecteurs du site sur les approches que vous défendez, donc, l'ATC :

    Fusion with your thoughts
    Evaluation of experience
    Avoidance of your experience
    Reason-giving for your behavior

    And the healthy alternative is to ACT:

    Accept your reactions and be present
    Choose a valued direction
    Take action

    [edit]Core principles
    ACT commonly employs six core principles to help clients develop psychological flexibility[5]:

    Cognitive defusion: Learning methods to reduce the tendency to reify thoughts, images, emotions, and memories
    Acceptance: Allowing them to come and go without struggling with them.
    Contact with the present moment: Awareness of the here and now, experienced with openness, interest, and receptiveness.
    Observing the self: Accessing a transcendent sense of self, a continuity of consciousness which is unchanging.
    Values: Discovering what is most important to one's true self.[6]
    Committed action: Setting goals according to values and carrying them out responsibly.

    Tout ça pourrait être effectivement pratiqué par des robots, c'est une suite de recettes.
    Pourquoi avoir honte de dire quel'ACT est une thérapie cognitivo-comportementale ? (oubliez l'aspect neuro s'il vous dérange)
    Je donne aussi la "liste des techniques" : 
    Liste des techniques

    arrêt de la pensée
    auto-contrôle
    auto-observation
    biofeedback
    continuum
    contrôle du stimulus
    contrôle respiratoire
    décatastropher
    décentration
    découverte guidée
    désensibilisation systématique (voir exposition)
    économie de jetons
    entraînement aux compétences sociales
    exposition
    feed-back
    flèche descendante
    focalisation sensorielle
    gestion des contingences
    jeu de rôle
    modeling
    modifications des auto-verbalisations
    modifications des schémas précoces inadaptés
    prévention de la rechute
    prévention de la réponse
    répétition cognitive
    résolution de problème
    restructuration cognitive
    tâche à domicile
    sensibilisation couverte
    stop-start ou squeeze

    d’après Mihaescu, G., et al Précis de thérapie Comportementale et Cognitive. Chêne-Bourg, Suisse : Médecine et Hygiène 1998.
     
    Tout ça, pour ma part, me fait froid dans le dos. Et sans caricaturer, sans chercher à activer une "guerre de chapelle", puisque je vous le répète, et vous avez l'air de l'oublier : je ne suis pas thérapeute, je suis quelqu'un qui a fait des crises de psychose durant 20 ans…

  22. Je crois effectivement que nous sommes entrées une phase dans nos échanges qui n'intéresse plus personne ici. mais j'espère que ceux qui visentent ces pages savent lire entre les lignes.
    Pour clore nos échanges:
    Croyez-vous vraiment que j'ai honte de reconnaître que l'ACT est une forme de la TCC de "la troisième génération"? J''ai mentionné cela plus tôt aujourd'hui, non?.  
    Et oui, les quelques phrases en anglais que vous avez copié résument plutôt bien les processus qui soustendent et maintiennent des souffrance pas nécessaires d'une part, et les processus qui facilitent ce que l'on appelle "flexibilité psychologique" (à noter que l'on ne parle pas de "guérison"…) d'autre part.
    La liste que vous présentez ensuite en rouge concerne plutôt les TCCs de "la deuxième génération". Ces termes pourraient faire froid au dos, peut-être, mais d'après que j'en sache, quand les méthodes qu'ils décrivent sont bien pratiquées (avec de l'empathie et du respect) elles ne reflètent pas des horreurs…  Comme en témoignent aussi le grand nombre de personnes qui ont bénéficié d'une telle approche, si l'on veut croire leurs témoignages.
     
    Difficile de sortir des amalgames… Et peut-être aussi de considérer que les divergences sont une richesse, quand il y a du respect et que l'on renonce à une diabolisation vite-faite? Il me semble que cela colle bien avec l'esprit du collectif 39, non?
     
    Il y a selon moi des très bons psychanalystes, très humanistes et qui font du bien.
    Je propose que l'on peut dire la même chose des comportementalistes, et que nous avons tous beaucoup à gagner en travaillant ensemble et en reconnaissant nos complémentarités, et en apprenant l'un de l'autre.
    C'est pour cela que je suis allé à une présentation du collectif à Villefontaine, il y a 10 jours et c'est pour cela que je me suis inscrit ici.

    Bien à vous et à tous,

    Maarten

  23. Oui j'ai peine à croire que les uns soient tout noir et les autres tout blanc
    Mon sentiment sur cette affaire c'est que les TCC ressemblent à un Lean management de la pensée, une Taylorisation du soin. C'est pourquoi il remporte tellement l'adhésion du gouvernement. Il semble promettre un grand retour sur investissement (ROI). On retrouve toute la bataille entre les artisans et les industriels.
    Les combattre de front me parait suicidaire dans une civilisation entièrement tourné vers la recherche du profit immédiat.

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