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LES REACTIONS SECURITAIRES NE REGLERONT RIEN FACE AUX MEURTRES PERPETRES PAR LES MALADES

TRIBUNE publiée dans Libération le 1er juin 2023

par Hervé Bokobza, Psychiatre, Dominique Besnard, Psychologue, formateur (Cemea), Marie Cathelineau, Psychologue clinicienne, Yves Gigou, Infirmier de secteur psychiatrique, cadre supérieur de santé et Paul Machto, Psychiatre honoraire des hôpitaux.

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29/1/23 – DIMANCHE à l’AERI

VIDEO DE LA JOURNEE ICI

Interventions de

Liliane Irzenski, Sandrine Deloche, Mathilde Hamonet, Martin Pavelka, Michaël Paszt, Augustin Clarou, Agnès Caffier, Marie-José Mondzain, Bernard Ferry, Séverine Ouaki, Françoise Nielsen, Catherine Laval, Anne Perret, PDG de Tyraline et son assistante, Philippe Rassat, Dr BB, Jean-Marc Royer, Alexis de Tocqueville (en différé), Bastien Sueur, Capucine Meilhac, Revue NREA, … et les présents ce dimanche à l’AERI

PUBLICATION « L’ENFANCE MISE AU PAS » : https://www.editions-harmattan.fr/index.asp?navig=catalogue&obj=numero&no_revue=963&no=74027    

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DECISION « PAS EVIDENTE » du CONSEIL d’ETAT

Dès le 2 mai 2021, en pleine pandémie, suite à une rapide mobilisation lors du Rassemblement à l’AERI-Montreuil – à l’initiative de l’Appel des appels, Collectif des 39 et le Printemps de la psychiatrie – réunissant 700 personnes issues des collectifs, associations et collèges professionnels, associations des patients, organismes représentatifs de familles, organisations syndicales et citoyennes[1], la décision a été prise de saisir le Conseil d’État afin d’annuler pour excès de pouvoir l’arrêté du 10 mars 2021 relatif à la définition de l’expertise spécifique des psychologues[2] exerçant auprès des Plateformes de coordination et orientation, qui réduisait leur intervention aux seules pratiques cognitivo-comportementales.

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>Appel pour des assises citoyennes pour l'hospitalité en psychiatrie et dans le médico-social

Le collectif des 39 et les Ceméa

Organisent les 

ASSISES CITOYENNES POUR L’HOSPITALITE

EN PSYCHIATRIE ET DANS LE MEDICO SOCIAL

31mai et 1er juin 2013 à VILLEJUIF 94

Programme en cours d’élaboration

Une période politique vient enfin de se clôturer avec le départ de Nicolas Sarkozy qui s’était illustré en décembre 2008 par un discours criminalisant les malades mentaux. Cela s’est traduit par les mesures répressives contenues dans la loi du 5 Juillet 2011. Celle loi indigne – que nous avons ardemment combattue aux côtés notamment de l’ensemble des forces syndicales et des partis de gauche – à introduit la pratique de soins sans consentement au domicile du patient, pervertissant profondément la notion même de relation soignante qui ne peut s’instaurer que sur une confiance réciproque qu’il s’agit de construire. Cette loi met aussi bien souvent les familles dans une position intenable de lieu de soin pour des patients trop rapidement sortis de l’hôpital. 

Cette loi a déjà été remise en cause par le Conseil Constitutionnel, mais il ne suffira pas de l’abroger. Nous attendons du nouveau Gouvernement, une refondation de la psychiatrie respectueuse des principes républicains et de l’éthique soignante. Depuis des années, une succession de lois (Plan Juppé, HPST, 5 juillet 2011…) ont attaqué la possibilité du soin psychique aussi bien en psychiatrie que dans le médicosocial. Ce qui est vécu douloureusement par les soignants, mais aussi par les patients et leurs familles. La prise en charge relationnelle singulière est remise en cause au profit d’un formatage imposé par l’obligation de se plier à des protocoles élaborés par les « experts » de l’HAS et autres cellules qualités. L’HAS allant jusqu'à vouloir interdire la référence à la Psychothérapie Institutionnelle, alors que c’est de ce mouvement, dans sa diversité, qu’est né le Secteur !

Il est important aujourd’hui de reprendre une parole qui nous a été confisquée, ou même qui n’a jamais été donnée aux principaux concernés : ceux qui subissant leur maladie doivent aussi supporter la mise au silence, la privation de leurs droits fondamentaux et la réalité d’une ségrégation sociale. Des témoignages révoltants de cette dégradation nous reviennent de toutes parts. Il nous appartient au contraire d’affirmer qu’aujourd’hui d’autres pratiques sont à l’œuvre qu’elles se réclament de la Psychothérapie Institutionnelle, du Désaliénisme, du Secteur, de la Psychanalyse, ou tout simplement d’une conception humaine de la relation soignante. 

La refondation de la psychiatrie ne peut venir des « experts » de l’HAS, mais d’une prise de parole active de tous ceux qui se sentent concernés  dans leur vie:  soignants, patients et familles ; mais aussi artistes et créateurs qui ont pour beaucoup soutenu notre combat dès les premiers instants, et enfin tous les citoyens qui ne peuvent supporter que des lois s’attaquent aux fondements de la République en bafouant les droits de ceux qui mériteraient  au contraire la  protection de la cité. 

Pour cette refondation de la psychiatrie nous aurons à faire l’inventaire de toutes les lois empêchant le soin pour demander leur abolition. Mais aussi à définir les moyens et les formations spécifiques nécessaires pour une psychiatrie centrée sur le soin de personnes en souffrance psychique et non sur la normalisation des conduites et des populations.

Nous appelons donc à des Assises citoyennes basées sur les témoignages et les expériences de terrain dans les collectifs de soin, pour construire ensemble des propositions de refondation de la psychiatrie et du médicosocial inscrites dans une relance et une réinvention de la politique de secteur, dans ses liens avec la psychiatrie privée et  l’ensemble des acteurs de la vie sociale.

sante.mentale@cemea.asso.fr

 

 

Secteur travail social et santé mentale

Tél. : 01 53 26 24 24

Fax : 01 53 26 24 19

 

Espace Congrès des Esselières 94800 Villejuif (Métro Léo Lagrange- ligne 7)

 

 

3 Blvd Chastenet de Géry Rond-point du Général de Gaulle Appel du 18 Juin 1940

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>Le Collectif des 39 à Jazz in Marciac avec la Ligue de l’enseignement

Lundi 30 juillet 2012 à 14h30 : « Thélonious Monk, de la singularité à l’universel ». Avec Yves Buin, psychiatre et écrivain, auteur d’une biographie de T. Monk et Patrice Charbit, psychiatre à Montpellier, du Collectif des 39.

"Thelonius Monk à la fois universel et singulier est l'un des acteurs emblêmatiques non seulement de l'art afro- americain du vingtième siècle mais de la musique contemporaine. Pianiste et compositeur, il fut artiste exigeant tout au long de son parcours, cultivant une sorte d'ascèse musicale marquée toutefois par la jubilation et l'humour, qui le fit considérer comme le Webern noir. Son oeuvre en fait désormais un classique."

 Yves Buin

Yves Buin. Psychiatre de profession, aujourd'hui en retraite, il a choisi d’exercer son métier en milieu urbain déshérité. 

Egalement poète, passionné de jazz, il a collaboré à Jazz Hot à la fin des années 60, avec Patrice Blanc Francart, Daniel Caux ou Philippe Constantin, dans l’équipe rassemblée par Michel Le Bris qui joua un grand rôle dans l’introduction du free jazz en France. Biographe de Thelonious Monk entre autres – il conjugue travail et passion grâce à la littérature.

Son écriture, lorsqu’il ne s’agit pas d’essais psychiatriques, s’inspire des rythmes et des respirations du jazz. Rien d’étonnant donc à ce qu’il se passionne pour l’oeuvre de Jack Kerouac : le jazz était, dans Sur la Route, presqu’un personnage à part entière, et Jack Kerouac disait chercher la similitude rythmique entre jazz et écriture.

Les oeuvres poétiques d’Yves Buin sont régulièrement mises en musique… jazz bien évidemment.

Auteur de plus d’une vingtaine d’ouvrages, Yves buin a notamment écrit deux essais sur la psychiatrie, (Psychiatries, l’utopie, le déclin et La Psychiatrie mystifiée). Kerouac, publié en 2006, n’est pas le premier livre que Yves Buin consacre au plus breton des auteurs américains (il raconte la recherche de ses racines à Brest dans Satori à Paris). Il a déjà préfacé et établi l’édition d’œuvres choisies de Jack Kerouac pour Sur la route et autres romans (Gallimard, 2003) et rédigé Jack Kerouac : vendredi après-midi dans l’univers avant de se lancer dans l’écriture de sa biographie. 

Mardi 31 juillet 2012  à 14h30 : « Prendre soin… Eloge de la parole et de la créativité ». Avec Hervé Bokobza, psychiatre à Montpellier et Simone Molina, psychanalyste, Avignon, membres du Collectif des 39. Débat animé par Sophie Dufau, journaliste à Médiapart.fr

« Au cours des cinq dernières années, les personnes en souffrance psychique ont été particulièrement stigmatisées. La politique sécuritaire a malmené la psychiatrie en renforçant les mesures d’enfermement. La loi du 5 juillet 2011 sur "les soins sans consentement", y compris à domicile, a gravement accéléré le déclin des pratiques humanistes de nombre d'équipes professionnelles au profit d’une dérive techniciste  prônant l'isolement et la contention comme seule réponse à ces souffrances. 

Au lieu d’un débat sur l'organisation des soins et d’un renforcement de la politique de secteur psychiatrique demandée par les soignants, nous avons assisté à une mise en cause des professionnels afin de masquer la bureaucratie et le tout-gestionnaire des hôpitaux ainsi que les carences dans le domaine des soins de l'enfance et de l'adolescence comme dans d'autres champs du social. Cette mise en cause a favorisé des affrontements alors que c'est le débat et le dialogue qui s'imposent sur ces questions complexes. 

La nouvelle donne politique va-t-elle ouvrir enfin des espaces de dialogue, de débats pour refonder une psychiatrie où l'accueil et l'hospitalité seraient au coeur même du dispositif de soins ? 

La culture, la création, les activités artistiques, qui font encore partie du dispositif thérapeutique dans certains lieux de soins du fait de la détermination des équipes soignantes et des personnes accueillies, pourront elles avoir la place qu'elles méritent ? 

Tels sont les enjeux que le Collectif des 39 — associant professionnels, patients et entourage — veut porter dans le débat public ».

Mercredi 1er août 2012 à 14h30 : Projection du film « Les Voix de ma sœur », de Cécile Philippin. Débat avec la réalisatrice, Yves Gigou, infirmier et formateur, ( Villejuif 94) et Paul Machto, psychiatre, (Montfermeil 93) membres du Collectif des 39. Débat animé par Sophie Dufau, journaliste à Médiapart.fr

« Les voix de ma sœur » est un portrait et un témoignage. Il prend la forme d’un journal intime à plusieurs voix :
- celle d'une patiente, décrivant avec lucidité sa pathologie, 
- celle de sa famille combattant la culpabilité et le déni, 
- celles de ses soignants de l'hôpital Saine Anne à Paris.

Ce document a vocation de dé-stigmatisation des personnes souffrant de troubles schizophréniques et de sensibilisation au travail des familles et des soignants.

Les voix de ma sœur n’est pas un documentaire sur la schizophrénie, un énième qui montrerait combien la maladie psychique est dure, est triste, chronique, presque sans espoir…Ce film est la déclinaison des modes de la liberté humaine, y compris dans la folie qui l’excède. C’est un éloge de la parole et de ses effets. Dr Philippe Lavergne »

avec Paulette, Valérie et Hélène Philippin, Pr Jean-Pierre Olié, Odette Forestier, SHU Sainte Anne, Unafam 92, Gem des 4 Communes.

Tournage : février – octobre 2011- durée : 49 minutes.

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> Vidéos du meeting du 17 mars 2012 à Montreuil

Ouverture du meeting :

 

 

Débat sur le sécuritaire (1) Meeting des 39, 17 mars 2012 à Montreuil… par collectif39

 

Débat sur le sécuritaire (2), Serge Portelli : collectif des 39- Montreuil le 17.03… par collectif39

 

Débat sur le sécuritaire (3) collectif des 39- Montreuil le 17.03… par collectif39


collectif des 39- Montreuil le 17.03… par collectif39

Débat sur le sécuritaire (4) Front de gauche :


collectif des 39- Montreuil le 17.03… par collectif39

Débat sur le sécuritaire (5) : Pas de zéro de conduite :


collectif des 39- Montreuil le 17.03… par collectif39

Débat sur le sécuritaire (6), Lysia Edelstein, protection judiciaire de la jeunesse


collectif des 39- Montreuil le 17.03… par collectif39

Débat sur le sécuritaire (7), Pierre Joxe


collectif des 39- Montreuil le 17.03… par collectif39

Toutes les vidéos en cliquant ici

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>Les voeux des 39 pour 2012

Pour commencer l’année deux textes en attendant le rendez-vous du 17 mars 2012 à « La parole errante » 

 

On ne peut se défendre de l'impression que les hommes se trompent généralement dans leurs évaluations.

Tandis qu'ils s'efforcent d'acquérir à leur profit la jouissance, le succès ou la richesse, ou qu'ils les admirent chez autrui, ils sous-estiment en revanche les vraies valeurs de la vie.

Mais sitôt qu'on porte un jugement d'un ordre aussi général, on s'expose au danger d'oublier la grande diversité que présentent les êtres et les âmes.

Une époque peut ne pas se refuser à honorer de grands hommes, bien que leur célébrité soit due à des qualités et des oeuvres totalement étrangères aux objectifs et aux idéals de la masse. On admettra volontiers, toutefois, que seule une minorité sait les reconnaître, alors que la grande majorité les ignore.

Mais, étant donné que les pensées des hommes ne s'accordent pas avec leurs actes, en raison au surplus de la multiplicité de leurs désirs instinctifs, les choses ne sauraient être aussi simples.

 

Malaise dans la civilisation est l'un des textes classiques qui, publiés primitivement dans la Revue française de Psychanalyse, sont devenus introuvables. Il nous a semblé important de le remettre à la disposition de nos lecteurs. La présente traduction a paru dans la Revue française de Psychanalyse, t. VII, n ̊ 4, 1934, p. 692, et t. XXXIV, no I, 1970, p. 9. (Note de l’Éditeur.)

 

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Il est un ridicule usage,

– Dont on abuse au jour de l'an – 

Qui met nombre de gens en rage 

La manie est au Compliment ;


C'est ainsi de par l'étiquette –

Que bien des amis… détestés 

Sur un carton vous font risette…

– Sourires sitôt protestés !


Mais, galant ou grave en sa forme,

Sincère hommage ou tendre aveu, 

De ces cartons le tas énorme 

A son destin marqué: le Feu…


Un avenir bien plus durable 

Est réservé seul aux cadeaux

Ils font trouver un fat aimable…

S'il a su choisir les plus beaux


 

Rogues de Fursac (J.) Les écrits et les dessins dans les maladies mentales et nerveuses, Masson, 1905. (Cité par Frédéric Gros dans Création et folie PUF 1997 page 46)

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> "Accueillir la folie" : un réseau social pour tous ceux qui se sentent concernés par la psychiatrie !

CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU RESEAU SOCIAL "ACCUEILLIR LA FOLIE"

Oui, nous avons créé un réseau social !

Parce que nous pensons qu'il est encore plus important désormais que le plus grand nombre de personnes concernées par la psychiatrie puissent échanger, partager, discuter, offrir, recevoir : patients, ex-patiens, citoyens concernés, militants des droits de l'homme, membres de familles de patients ou d'ex-patients , proches de patients ou d'ex patients, professionnels du secteur psychiatrique du soin ou de l'éducatif…

Ce réseau social permet de nombreuse choses. Chacun peut y créer son blog, des  groupes de discussion, participer à ceux des autres, offrir de la musique (et écouter celle des autres), des photos, des vidéos, en un mot : échanger.

 

 

Parce que la folie est aussi source d'inspiration et de création, parce que la psychiatrie concerne toute la société, parce que nous sommes entrés dans une époque sombre où le sécuritaire et l'enferment ont pris le pas sur l'accueil, l'échange, le partage, l'humain dans tout ce qu'il peut avoir de sensible, nous pensons que le réseau "Accueillir la folie" est un outil indispensable qui nous manquait.

Ce réseau peut permettre de rallier tous ceux qui veulent permettre de réformer la psychiatrie, défendre la psychothérapie institutionnelle, faire reconnaître les personnes en psychiatrie comme des citoyens à part entière, soutenir ou créer des initiatives permettant un véritable accueil de la folie dans la "cité".

 

 

Comme à l'époque de Gutemberg, nombreux sont ceux qui ont alors craint ce qu'allait engendrer la "révolution du livre" : ils avaient raison, le livre a changé l'humanité et continue à le faire, comme les outils numériques, eux aussi, aujourd'hui le font. A tous ceux qui pourraient croire que les outils de l'Internet comme un réseau social sont uniquement chronophages et aliénants, nous disons : le livre à ses débuts a reçu les mêmes critiques, regardez aujourd'hui le nombre d'heures que vous avez passées à les lire et les bénéfices humains que vous en avez retiré…

Rien ne s'oppose, tout se complète, le monde physique peut être investi beaucoup plus facilement aujourd'hui grâce aux rencontres d'hommes et de femmes sur des réseaux sociaux comme celui-ci, réseau qui nous appartient, à tous ceux qui veulent un autre accueil de la folie. Un réseau social est un espace de rencontres et d'échanges, il est aussi et avant tout un moyen d'aller plus facilement vers les autres, de faire connaître ce qu'il se fait, se dit dans le monde physique.

 

Le réseau social "Accueillir la folie" deviendra que ce que nous en ferons et le site  du collectif des 39 (que vous lisez en ce moment) restera bien entendu le point de publication centralisé du collectif des 39, mais qui deviendra peut-être à termes le collectif…des 109, des 1009 entre autres grâce au réseau social : plus nombreux  seront  ceux qui revendiqueront la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, moins l'homme aura de chances de disparaître…

CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU RESEAU SOCIAL "ACCUEILLIR LA FOLIE"

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>Ateliers de réflexions des 39 : comment réformer la psychiatrie ?

Je suis un membre des 39 et pourtant, je ne suis pas soignant. Je suis membre des 39 parce que je crois en la sincérité du collectif, à son engagement pour protéger et mieux aider les patients qui traversent la psychiatrie. Sur leur supposé dogmatisme, parfois dénoncé ici ou là, j'ai observé les membres soignants des 39 dans de nombreuses réunions et leurs capacités à se remettre en question et à ne pas se laisser entraîner dans une forme de religion de la psychanalyse, par exemple, m'a surprise. Bien que le socle de leur pratique soit d'inspiration psychanalytique, c'est à dire une science humaine, profondément humaine, ces soignants là ne sont pas des ayatollah de la psychanalyse. 

Ces soignants là luttent avec leurs armes, et une arme plus particulièrement : la parole. La circulation de la parole. Parfois physiquement quand ils vont brandir des pancartes ou des banderoles comme au printemps dernier mais aussi en accompagnant des débats autour de films comme "Un monde sans fous ?" afin de tenter d'expliciter la réalité de ce qu'il se passe dans le monde de la psychiatrie en France. C'est-à-dire de la nécessité de réformer cette psychiatrie agonisante qui ne propose plus que de considérer les hommes et les femmes en souffrance psychique (qu'elle est pourtant censée accueillir, et qu'en réalité elle "gère"), comme des troubles à résorber, une suite de protocoles à exécuter, comme des individus dangereux et inquiétants qu'il faut contenir et traiter chimiquement ainsi qu'avec des processus thérapeutiques courts de psycho-éducation neuro-cognitiviste.


Les débats sont riches au sein des 39. Ce fut le cas de ce samedi 3 décembre. Autour de thèmes comme la famille, les enfants, la formation, les pratiques…Ces débats sont ouverts, horizontaux, chacun peut y prendre la parole, qu'il soit psychiatre, éducateur, infirmier, psychologue ou autre chose, c'est à dire "individu ayant à voir (et à penser) avec la psychiatrie, comme je le suis. Des auto-critiques y sont formulées dans ces débats : sur l'aveuglement, à certaines époques, des psychiatres membres des 39, un peu trop enfermés dans des croyances, par exemple.


Personne n'est parfait, les soignants comme les autres, mais surtout les soignants qui travaillent avec cette matière totalement insaisissable qu'est le psychisme. Le reconnaître, le discuter, est pour moi une qualité extraordinaire qui je dois le dire, ne cesse de m'impressionner. J'ai été saisi hier par la réelle volonté de ces professionnels à se placer à la fois comme militants d'une autre psychiatrie, qui tous les jours agissent dans le sens de l'accueil, mais pour autant conscients de leurs erreurs, de leurs difficultés, de leurs progressions et de l'arrivée à un moment où il ne leur est plus possible de laisser le "voile noir du scientisme, sécuritaire, protocolaire, cette froide médecine de l'esprit auto-déclarée scientifique" recouvrir tant d'années d'efforts. Et écraser l'humanité en l'homme.


Quels efforts ? Ceux qui pourraient donner une voie à la réforme de la psychiatrie. Cette réforme qui doit absolument survenir avant que l'enfer d'une vision concentrationnaire ne s'abatte définitivement sur les patients et une partie des soignants. Si je parle de vision concentrationnaire, ce n'est ni par provocation, ni par légèreté. Les méthodes, pratiques, lois qui s'opèrent aujourd'hui en hôpital ou en clinique ne sont à mon sens qu'une forme de métaphore des camps de concentration nazis adaptés à une certaine modernité du soin psychique : grilles d'évaluation pour mieux diriger les personnes vers certains protocoles, comme on séparait et évaluait ceux qui allaient travailler et ceux qui allaient être de suite éliminés dans les chambres à gaz. Volonté d'imposer la croyance que l'homme et son cerveau fonctionnent de la même manière qu'un ordinateur et penser que le "reprogrammer " ce cerveau, est la solution pour soigner ces maladie "mentales du cerveau". Comme le nazisme pensait faire adhérer "la planète occidentale" à la vision de l'homme nouveau, du surhomme (qui n'a rien à voir celui de Nietzsche), cet aryen programmé lui aussi pour penser la civilisation du troisième Reich. Cette civilisation de la perfection, de la puissance et de la maîtrise scientifique en toutes choses. 

 

Je ne dis pas que les soignants, "enfermés dans ces approches", dans ces institutions "concentrationnaires" sont des nazis, qu'on ne s'y méprenne pas. Ni que les hôpitaux psychiatriques sont des camps de concentration. Non. Je dis simplement que l'état d'esprit qui prévaut en leur sein, niant l'humain dans sa complexité, son histoire, le réduisant à une suite d'opérations à effectuer, à une pathologie, état d'esprit cumulé à beaucoup de maltraitance (que j'ai rencontrée à chaque fois au cours des 20 dernières années) comportent des similitudes avec l'approche concentrationnaire. Une approche particulière de l'homme, donc. Et qu'à termes, si rien n'est fait, il sera difficile de faire la différence entre la vision totalitaire des nazis et celle que la société aura engendrée, sous une autre forme, mais similaire.


Les efforts des 39, pour nombre d'entre eux durant plus de 30 ans, ont été d'accueillir et de créer de l'espace thérapeutique basé sur l'humain et sur sa parole. De tenter d'accompagner des hommes et des femmes afin de les aider à soigner les plaies de leur âme. Pas de protéger la société d'une dangerosité supposée. Pas d'obtenir des taux de ré-hospitalisation inférieurs à 50% dans les deux années suivantes. Pas de vérifier que le médicament est bien pris par le patient. Pas de surveiller la capacité à devenir violent de ceux qu'ils ont accueillis. Non. Ils ont aidé des personnes à ce que les traitements neuroleptiques soient une chose acceptée, que la personne les prenne en toute confiance. A ce que l'accueil chaleureux et humain n'incite pas à la violence. A créer des espaces de créativité, d'échanges, de relations. Les membres des 39 ont permis par exemple, à ce que le dialogue soit un plaisir thérapeutique entre un infirmier et un patient, en dehors de tout cadre établi à cet effet, dans un couloir, dans la salle des médicaments… 


Les membres des 39 ont fait des efforts pour mieux faire accepter et comprendre leur travail avec les parents des patients qu'ils aidaient, par exemple. Avec des approches en perpétuel changement, parce que l'homme change, comme la société, comme la perception des réalités que l'on a. Les efforts des 39 sont ceux qui permettraient de faire de l'hôpital psychiatrique, de la clinique psychiatrique, des lieux d'asile où les personnes en souffrance psychique pourraient se réfugier, se réparer, se reconstruire, vivre, revivre. Si ces efforts que les membres des 39 font depuis des années étaient massivement effectués, ces lieux aujourd'hui majoritairement concentrationnaires pourraient devenir ce qu'ils devraient être : des asiles chaleureux pour se soigner. Et dont on sortirait confiant en l'homme, en la société, la civilisation humaniste que nous étions censés construire ensemble depuis des siècles désormais, et plus particulièrement depuis 1945.


J'espère que nous, 39 parviendrons à faire suffisamment entendre notre voix pour que ce projet voit le jour et qui, bien qu'apparemment utopiste en ce 4 décembre 2011, n'est en fait qu'une volonté politique et citoyenne simple à activer, mais qui doit l'être le plus vite possible.


Simon Sensible

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