>Comment accueillir la folie? Un débat organisé lundi 24 janvier par Mediapart.

La loi sur l'hospitalisation sous contrainte sera réformée dans les prochains mois. Face à un texte à intention clairement sécuritaire, alimenté par un discours qui stigmatise les malades mentaux comme potentiellement dangereux, il est urgent de s'interroger sur l'accueil que la société réserve aux personnes souffrant de troubles psychiques. Tant à l'hôpital, qu'à l'école, dans les entreprises et plus généralement dans la cité.

Ce débat est né d'une proposition de Paul Machto, psychanalyste et psychiatre à Montfermeil et Yves Gigou, infirmier, tous deux abonnés à Mediapart et rédacteurs de l'édition Contes de la folie ordinaire.

Il réunira:
– Hervé Bokobza, psychiatre et psychanalyste, directeur de la clinique de psychothérapie institutionnelle de Saint-Martin de Vignogoul dans l'Hérault, ancien président de la Fédération Française de Psychiatrie et membre du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire;
– Bénédicte Maurin, éducatrice auprès d'enfants près de Blois; 
 Sylvie Zucca, psychanalyste (a beaucoup travaillé autour des questions de la psychiatrie en grande précarité, notamment au Samusocial), et auteur de Je vous salis ma rue – clinique de la désocialisation (ed. Stock, 2007);

Sera aussi présent dans la salle, Guy Dana auteur de Quelle politique pour la folie?: le suspense de Freud (ed. Stock, 2010).


Ce débat, animé par Sophie Dufau, journaliste à Mediapart et auteur de Le Naufrage de la psychiatre (ed. Albin Michel, 2006), s'inscrit dans le cadre des «lundis de Mediapart» qui, une fois par mois, propose une réunion publique la Maison des Metallos, à Paris.

L'entrée est libre et gratuite.  

RSVP: debats@mediapart.fr

Infos pratiques :
Maison des métallos, 94 rue Jean-Pierre Timbaud, 75011 Paris M° Couronnes
Lundi 24 janvier, de 19h00 à 21h00.

Share

13 réflexions sur « >Comment accueillir la folie? Un débat organisé lundi 24 janvier par Mediapart. »

  1. La schizophrénie est une maladie aussi respectable que les autres. A qui profite le terme réducteur de "folie". Marre de le répéter…
     
    La schizophrénie hallucinatoire mère de toutes les religions.  
    Dieu a dit ; mais à qui l’a-t-il dit ?
    http://maurice.champion20.pagesperso-orange.fr/Mais-a-qui-l-a-t-il-dit.htm
    Hallucinant oui !!!
    Peut-être qu’un jour la terre deviendra ronde.

    Sacrée sérotonine.
    L’essentiel : http://champion20.monsite-orange.fr

  2. Je ne trouve pas le terme de folie réducteur. Déjà, il inclut d'autres choses que la schizophrénie.
    Ensuite, si on considère la schizophrénie uniquement comme une maladie comme les autres, on finit par considérer, comme ça devient souvent le cas, qu'elle se traite uniquement avec des médicaments et qu'elle n'a rien à nous apprendre. Les symptômes, la souffrance, pour moi c'est la part de la maladie. Le sens du délire et des autres symptômes, c'est la folie. Et dire folie ne veut pas dire que ce n'est pas respectable, au contraire c'est reconnaître le côté profondément humain de cette maladie, une dimension qui touche tout le monde et qu'il faut écouter, loin de réduire les schizophrènes à une page du DSM et à des doses de neuroleptiques correspondantes.

  3. Merci Laurence !
    C'est très beau et très juste, profondément humain.
    ces affirmations si réductrices de maurice champion, si rejetantes, si irrespectueuses pour la folie…
    heureusement qu'il y a la "science" médicale comme sauveur ? Et le DSM pour bible ?
    Savez vous que l'on dit : 'fou amoureux, fou de rage, fou de joie, fou de chagrin, foo de foot, fou de voile, foo…tez moi la paix !
    Je m'arrête là pour ne pas devenir méchant.

  4. Un texte de mon blog sur le sujet:
     
    Je sais que le mot folie choque beaucoup de monde.
    Nous sommes à l'ère des euphémismes, mais je n'aime pas les euphémismes, qui vident la chose de tout sens, qui lissent, qui effacent ce qui fait peur.
    On préfère parler des symptômes, de troubles, chacun étant codifié dans le DSM, au point que des numéros peuvent remplacer les mots.
    Sans doute préfère-t-on être atteint du trouble numéro un tel que d'être dit fou. Mais tout dépend ce qu'on met derrière le mot fou.
    Je ne me considère pas comme folle, mais j'ai été folle. La folie n'est pas forcément un état permanent, ne veut pas dire qu'on hurle en se tapant la tête contre les murs sans arrêt.
    Ce que je n'aime pas dans les codifications, c'est qu'on oublie la personne qu'il y a derrière. On a un symptôme, auquel correspond tel médicament et ça s'arrête là. Il faut rendre la personne de nouveau apte à la vie quotidienne en s'attaquant aux symptômes. Que ressent la personne? Quelle est son histoire? Tout cela est passé sous silence, indigne du moindre intérêt.

    Ceux qui actuellement parlent de folie sont ceux qui savent qu'il faut l'écouter, que la folie a quelque chose à dire, que la folie est différente pour chacun et qu'elle est englobée dans une histoire particulière.
    La folie, contrairement au symptôme codifié, est globale, cherche à dire quelque chose, a du sens, bouleverse la vie de celui qu'elle touche, est une expérience fondamentale.

    Derrière la novlangue qui ne voit que des troubles à réctifier, il y a de la froideur, du scientisme, des défauts à corriger comme on répare une machine.
    Mais le mot folie, lui, dit la vérité de la psychose.
    Au mot folie colle la fascination, le romantisme, l'abîme, la souffrance, la noirceur, la maladie, la saleté, l'effroi, la peur, la solitude, le rejet, l'enfermement, l'éloignement du monde, la déchéance, le délire, la sensibilité exacerbée, la lucidité extrême, les hurlements, les larmes, le sang, tout ce qui est humain.

    On peut parler avec des euphémismes, ça ne changera rien à cette réalité, sinon dans l'esprit de ceux qui ne la connaissent pas.
    Mais la psychose, ça reste cela malgré tout.

    Voilà pourquoi je parle de folie.

  5. Un autre texte, écrit il y a quelques temps, en réponse au contenu du site en lien plus haut, très mesuré par rapport à ce que m'a inspiré sa lecture:
     
    Consultant une page facebook en espagnol, je retrouve dans cette langue l'expression, universelle apparemment, qu'on entend souvent chez les parents de schizophrènes: "nos malades".
    Je ne supporte pas cette expression.
    J'ai lutté longtemps pour avoir un diagnostic, on ne voulait pas que je m'identifie à une maladie. Je ne l'ai jamais fait, je ne le ferai jamais. Je n'estimerai ou ne mésestimerai jamais quelqu'un juste parce que nous avons en commun la schizophrénie.
    Des gens qui se présentent comme étant uniquement des malades, oui, il y en a. Mais bien moins, beaucoup moins, que des parents qui ne voient leur enfant que comme un malade. Un malade qui devient représentant d'un groupe plus important une fois que les parents ont adhérés à une association: il fait partie de "leurs malades".
    Ces gens n'ont plus d'enfants, ils ont des malades. Ce n'est plus une personne particulière, c'est un malade, semblable aux autres malades.
    Ils disent volontiers qu'ils ont perdu leur enfant. Mais qui s'est perdu? La personne souffrante qui a changé, mais est toujours elle-même, ou l'enfant parfait qui a disparu et n'a plus droit qu'au titre de malade?
    Avoir des malades, c'est aussi avoir un statut de victime de la maladie. Le malade, bien sûr, ne se rend pas compte de ce changement, mais les parents eux se rendent compte de tout, c'est donc bien plus dur pour eux, qui doivent brandir leur douleur en supprimant à leur enfant ce statut. Statut d'enfant, statut d'adulte, c'est terminé, il n'est plus que malade. 
    Et s'ils croisent un malade ailleurs que chez les leurs, s'ils ne s'en rendent pas compte au début, qu'ils décident même de l'embaucher pour illustrer la revue de leur association par exemple, une fois qu'ils savent qu'il n'est plus un être humain normal mais un malade, oui comme leurs malades, alors ils reculent, n'en veulent plus, ils ont bien assez à faire avec les leurs pour en cotoyer d'autres, qui forcément ne sont rien d'autres que des malades, à mettre dans le même sac que les leurs. Pas de talent, de particularité, de savoir-faire, de caractère qui compte devant la maladie.
    Ils ne veulent pas tout mélanger. D'un côté, les parents, de l'autres les malades. Un malade n'est plus un enfant, n'est plus un employé potentiel, non, il est dans une catégorie qu'on peut prendre en pitié, dont on se plaint, celle qui a tué votre enfant.

    Alors ce feu enfant, comment pourrait-il ne plus être malade? S'il se détache de sa maladie, que sera-t-il aux yeux de ses parents? Plus enfant, plus malade, plus rien.
     

  6. …"s'interroger sur l'accueil que la société réserve aux personnes souffrant de troubles psychiques"
    Bonsoir, aujourd'hui je suis en mesure de vous donnez une piste sur le sujet. Cet après-midi je suis allé avec un autre patient et deux soignants du centre de jour à une réunion pour l'organisation de le semaine de la santé mentale,à Reims.
    A un moment, pendant que clarisse (du gem) énumère les choses qui vont être exposées elle cite le nom qu'un collectif de patients et de soignants ont attribué à cette exposition, des jeux de mots autour de "Une semaine de folie ordinaire". Et là,un représentant de l'Unafam nous explique que l'emploi du mot FOLIE n'est pas judicieux , bla bla bla s'en suit un débat au sein de la réunion autour du thème de la folie… Bref, il reste du chemin à parcourir avant que nous ne soyons plus stigmatisés, que les gens n'aient plus peur, que nos vraies souffrances soient prisent en considérations.

  7. Toujours avec cette fidèle référence à Lucien Bonnafé, voici le chapeau d'un article de Franck Chaumon dans la revue des Ceméa VST (Vie Sociale et Traitements) une pierre au débat
     
    Folie, poésie, résistance
     
    La folie, selon Bonnafé, est donc cette protestation qu’il s’agit d’entendre, comme la poésie elle aussi en bute à la surdité de la raison réductrice. Mais la poésie est œuvre, ce que n’est pas la folie qui n’est que protestation, et si la poésie trouve des lieux pour circuler, la folie quant à elle ne chemine pas, elle ne fait pas le lien social car elle est réduite au nom qui a été donné à l’autre de la raison; sa vertu est aussi sa limite, ligotée qu’elle est à la sur- dité qui l’a constituée comme telle.
     
    L'article à cette adresse
    http://www.google.fr/search?hl=fr&client=safari&rls=en&&sa=X&ei=adw3TaiYKcO7hAf_3pGzCg&ved=0CBcQBSgA&q=définition+de+la+folie+lucien+bonnafe&spell=1

  8. Bonjour
    Sous le terme de folie, que peut-on y rentrer ?
    La crise de nerf de quelqu'un qui est à bout ? (à bout de quoi en fait ???)
    Le comportement de celui qui ne résiste pas à l'alcool ou à une drogue quelconque y compris à la surconsommation de médicaments ?
    Merci de me dire cela s'il vous plait.
    J'ai un neveu, artiste, intelligent, sensible  mais qui depuis ses 14 ou 15 ans ne peut s'empêcher de prendre tout ce qui peut le faire fuir dans des états seconds. Pour ne pas souffrir d'angoisses dit-il !
    Il a 35 ans. Il culpabilise et perd confiance au fur et à mesure que le temps passe car il doute beaucoup dans le fait de  pouvoir s'en sortir un jour.
    Dans quelle catégorie de malades peut-on le classer?    
    Il a écrit une brochure avec son vécu plus 2 jolies nouvelles nouvelles. En dehors de cela il est apragmatique.
    On a parlé à un certain moment de bipolarisme.
    Les séjours réguliers dans une clinique sont loin de le satisfaire.
    L'oisiveté et l'impression de "ne servir à rien" dominent. Son esprit de créativité n' est pas sollicité; de plus il est souvent en pygeama dans sa chambre car on ne peut se permettre de surveiller les patients  dans le parc. Beaucoup arrivent à sortir jusquà l'épicerie du coin pour aller chercher des bières.
    Alors , c'est sûr , il n'est pas facile de résister . Surtout que l'on voit tous ces patients dans le parc à ne rien faire à part fumer !! On ne leur donne même pas l'occasion de s'assumer et de participer aux diverses tâches ménagères ou autre. Ceci serait considéré comme une forme d'exploitation. Et pourtant !
    Si on offrait librement de travailler d'une façon ou d'une autre, il est certain que des patients y trouveraient de la reconnaissance ….. mais un interdit a été basé sur une conception juridique des droits des patients et non sur leurs besoins réels.  
    En tout cas pour mon neveu, nous avons l'impression que rien n'existe pour l'aider et lui donner toutes les opportunités nécessaires . Sans sa famille qu s'investit beaucoup, je pense qu'aujourd'hui il serait perdu. 
    Mais avec les années le soutien familial ne sera pas toujours là et la prise en charge purement médicale nous semble loin d'être une solution adéquate.
    Pour terminer, je voulais dire que j'ai lu dernièrement un article de la revue Books n°18 de décembre 2010 intitulé: "La spendeur perdue des asiles" . Très intéressant !
    (édition du webmaster : l’article de Books est sur notre site : http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=835)

  9. Merci pour votre témoignage Laurence. Comme psychologue espagnol je dois vous dire que je vous comprends lorsque vous vous sentez mal face à l’uniformité qui s’exprime sous la formule « nos malades ». (Cela ne m’étonne pas que vous ayez trouvez cette formule en espagnol et en faceboock). Vous dites que c’est peut être une expression universelle pour nommer ce que d’autres appelons folie. (En Espagne nous savons aussi l’appeler avec ce terme respectueux et solidaire).
    S’il y a quelque chose qui point vers l’universelle en Espagne c’est le Quichotte. Le personnage de Cervantes était écrit pour quelqu’un qui par souche familial, et par la politique de l’époque, a pu penser, peut être, qu’il devait être un enfant parfait : la famille de Cervantes lui a donné une éducation qui visait vers l’excellence, et les rois de l’époque croyait que la découverte d’un nouveau monde donnais aux espagnols un destin divin. Cervantes, et beaucoup d’autres espagnols vous l'avouez, se sont rencontré avec sa dignité d’humains en conformant une figure folle face à l’idéal, en ce qu’il a d’excessif, d’inhumain. En tout cas, le premier qui a découvert la valeur du personnage de Cervantes a signalé comme telle son humanité. Ce n’est pas par hasard que Tosquelles – un psychiatre catalan-espagnol – ait dit que si on nie la folie on nie l’humain.
    Face à la folie de vivre, un par un… puisqu’il y a tant de gens qui nous identifions d’après notre singularité dans la folie du Quichotte. Ce site, je crois, vise la possibilité de ne pas se trouver seul dans notre folie personnelle (si universelle, si commune…).
    Bon, tout cet bavardage pour vous dire, Laurence, qu’en Espagne nous participons aussi de votre sagesse sur l’humain.

  10. Evolution d'une proposition de loi pour ne pas accueillir la folie en prison ?
    "proposition de loi relative à l'atténuation de responsabilité pénale applicable aux personnes atteintes d'un trouble mental ayant altéré leur discernement au moment des faits"
    A lire les amendements déposés relatifs au suivi socio judiciaire, l'injonction de soins , l'obligation de soins.
    lien
    http://www.senat.fr/amendements/2010-2011/217/accueil.html

  11. Merci Juan pour ce petit aperçu de la folie en Espagne. Mais c'était vraiment à la place de "nos enfants", de la part de certains parents de personnes psychotiques, que l'expression "nos malades" me choque, comme "nos souffrants", "nos jeunes psychotiques", etc… Je me demande si les parents d'enfants atteints de la leucémie disent "nos jeunes cancéreux", "nos leucémiques". Ca m'étonnerait, je crois que ça choquerait tout le monde. Mais il est vrai que le but est que tout le monde sache que la schizophrénie est une maladie, que s'il y a un problème il est du seul côté du malade, psychotique, souffrant, que tout monde sache bien surtout qu'il est malade, précisons même du cerveau, que personne n'aille surtout croire que tout ça à le moindre sens, on risquerait d'imaginer un problème familial, et la réputation des parents ne pourrait en souffrir, par contre celle de leurs enfants doit être claire pour tout le monde: c'est lui le MALADE.

  12. C’est vraie Laurence que « nos enfants », au lieu de « nos malades », redonne à la relation parents-enfants tout la richesse des rapports humains.
    Je suis d’accord aussi en ce que la souffrance psychique ne se réduit pas à un problème individuel.
    C’est aussi une simplification de dire que la psychose se réduit à un cerveau lésé.
    Notre responsabilité à tous c’est de réfléchir et de dialoguer sur ces questions. Dans nos sociétés on peut le faire. Je dirais plus, si quelque chose caractérise spécialement à la France que je connais c’est la réflexion et le dialogue approfondies entre autres sur la psychiatrie et la psychologie, sur la nécessité d’accueillir avec le meilleur de notre humanité la difficulté psychique.

  13. Une soirée conférence-débat très enrichissante. Il a été très peu question directement du projet de loi déplorable sur la psychiatrie, cependant la soirée de propos plus large et de principes permettait de comprendre encore mieux en quoi il est déplorable. François-R. Dupond Muzart

Les commentaires sont fermés.