L'usage intempestif de la psychologie ressemble de plus en plus visiblement à une gigantesque prise d'otage, parfois même réciproque. Au moindre fait divers, on fait appel immédiatement aux "ex-pères" des cellules psys ! Qui sert à qui et à quoi?
Armés du mythe scientifique, nous avons cru devoir chercher les causes des comportements pour pouvoir, en les supprimant, délivrer ceux à qui ils avaient échappé. On les cherche encore, ces fameuses causes, car elles sont des myriades. Elles appartiennent la plupart du temps au passé révolu et sont emberlificotées en boucles rétroactives. Ce n'est en effet pas parce qu'on dort mal qu'on vit mal, mais parce qu'on vit mal qu'on dort mal ! On a essayé de regrouper toutes les formes de comportements en catégories, appelées "maladies", comme si on avait voulu faire entrer les gens, tous différents, dans trois ou quatre costumes "prêts" à porter. 800 diagnostics psychiatriques pour quatre type de traitements, et 6 milliards d'êtres humains !
Le mythe scientifique tend à faire croire que les diagnostics médicaux sont une "réalité", voire "la" réalité, scientifiquement établie. On a oublié depuis longtemps dans toutes les sciences du vivant que la causalité est en sciences exactes une méthode et pas un but. Le but des sciences est de devenir efficace en découvrant les lois de la nature. Le bon usage des sciences est d'ordre moral.
La seule vérité observable est celle de la biodiversité, une complexité infinie. Si on peut visiblement ne pas confondre un Congolais d'un suédois, il y a des Suédois noirs de cheveux et des Congolais blancs. Dans l'histoire, il y a eu des individus de tous types psychologiques qui sont, "néanmoins", devenus de grands sages, de grands saints, de grands artistes et de grands scientifiques. Dans les traditions, on relie d'ailleurs le concept de maladie à ce qu'on appelle la conscience morbide, celle d'être malade. Ceux qui ne se sentent pas "malades" ne le sont donc pas ! Que d'autres que les médecins s'en occupent donc !
Si on observe les gens comme je le fais depuis 30 ans, aucun d'entre eux ne consulte spontanément pour "maladie" mais pour différents malaises dont ils voudraient être débarrassés.
Des schizophrènes patentés ne consultent que sous pression, car eux, ils ne se sentent pas "malades", par définition.
À travers le mythe scientifique, la médecine est insensiblement devenue un instrument de pouvoir, du pouvoir, répressive, normalisante ! Mais le but de la vie n'est pas de tout "normaliser". Le but de la vie est de faire croître la biodiversité dans un processus où chaque élément est appelé à faire de ce qu'il a reçu comme héritage psychique, physique et environnemental une œuvre utile au service de la croissance de l'humanité.
Les diagnostics médicaux n'ont donc pas plus ni moins de réalité que les petits drapeaux nationaux que l'on agite frénétiquement lors des victoires d'équipes "nationales" de mercenaires poussés à l'engrais des écoles de sport-élites ! Ce qui caractérise ceux qui se reconnaissent eux-mêmes "malades mentaux" est soit leur naïveté soit leur intérêt. Eux-mêmes spontanément, comme chacun, ne se sentent pas autrement que "normaux", puisque ça leur est "naturel", habituel d'être comme ils le sont !
Vue du point de vue proposé par le modèle d'espace-temps en diabolo, la maladie mentale doit donc être considérée comme une fiction scientifique. Cette fiction est nécessaire en tant qu'outil, comme dans toute science même dite exacte. Cela ne signifie en effet rien dans la réalité que les astres s'attirent en fonction de leur masse et se repoussent en fonction du carré de la distance qui les sépare (Loi de Newton). C'est pratique de le considérer comme tel, et nécessaire de le simplifier ainsi pour être efficace. Pour chacun, le présent quel qu'il soit est le moins mauvais compromis entre tout ce qui lui est tombé dessus et la conservation de son potentiel évolutif. Le but de chacun ne peut être que celui d'être efficace, constructif quoi qu'il fasse.
En attendant de comprendre les lois qui régissent la nature humaine, les descriptions de la psychologie ont entre-temps comme autres avantages de permettre aux professionnels de s'entendre entre eux avec un minimum de mots à propos de ce dont ils parlent. De là à prétendre qu'il y aurait des "normaux", les "psys" sans doute, et des malades, ceux qui devraient fonctionner comme eux, il y une marge dangereuse à ne pas dépasser.
Bonjour,
il y a des choses intéressantes dans votre article, mais d'autres me paraissent exagérées. Je suis d'accord sur la nomenclature, qui est une façon de parler pour se comprendre, n'oublions pas que dans DSM, il y a statistiques, et que par définition personne n'est une statistique. Il ne faut pas non plus séparer le monde entre les normaux et les autres.
Par contre, dire que la maladie mentale n'existe pas, que quelqu'un dit malade se considère comme normal, ne se rend compte de rien et ne consultera pas de lui-même, là je trouve ça exagéré. Ce n'est pas toujours le cas, loin de là. Un des problèmes de la psychiatrie est d'ailleurs de considérer que quelqu'un qui demande de l'aide n'est pas si malade que ça. Je l'ai vécu, une amie à moi, schizophrène "patenté" elle aussi, s'est fait jeter de Ste-Anne où elle venait demander de l'aide, alors qu'elle était en pleine bouffée délirante. Et nous n'étions ni naïves ni trop intéressées par notre nombril parce qu'on se pensait malades et qu'on demandait de l'aide, non , on souffrait énormément, notre vie s'effondrait de toutes parts, et ce n'était pas l'état habituel de notre vie. Il y a bien une rupture entre la santé et la maladie, ce qu'on appelle la décompensation, justement.