Notes sur les débats du Forum du 3 juin à Ville Evrard

Un intervenant :

A l’hôpital psychiatrique on en vient à ce qui se passe sur une chaîne d’ouvriers, c’est la libre concurrence et ceux qui écoutent sont eux-mêmes en souffrance.
Il existe une concurrence entre services autour de la T2A, de la production de chiffres….

L. Vassal :

Avant on était des équipes.
Les fiches de signalement d’évènements indésirables sont des outils fascinants de délation, là où ça semblait être fait pour améliorer les choses. C’est inutile car personne ne connaît les évènements à signaler…Une dame a rendu un rapport surréaliste sur l’ensemble du recueil de ces fiches, c’est complètement incroyable et surréaliste…
Le manque de colère [en rapport avec l’intervention de Mr Constant] mais tout ça paraît tellement surréaliste… Petit à petit se crée de la délation, sans que l’on s’en rende compte, que quelqu’un s’est fait tapé sur les doigts parce qu’il n’a pas changé une ampoule…
Là l’humour a toute sa place.

Patrick Coupechoux :

L’optimisme.
La folie doit pouvoir redevenir une question importante. Derrière la folie il y a le sujet, et on est dans une société de l’individu roi, où il n’y a plus de société mais que des individus. [une référence à M. Thatcher]
L’individu roi c’est celui qui gagne, le sujet c’est celui qui manque, qui sait qu’il peut perdre son boulot….
Des questions politiques ont été un peu abandonnées sous prétexte que le collectif serait dangereux. C’est le collectif même qui disparaît. Les gens ne travaillent plus ensemble, les équipes n’existent plus…l’individu se trouve pieds et poings liés.
Comment inventer une nouvelle dialectique de l’individu et du collectif ?

Antoine Machto :

La colère [toujours par rapport à l’intervention de Mr Constant]
Le collectif des 39 s’est formé autour de personnes qui se sont retrouvées après le discours de Sarkozy, puis il y a eu 2500 signataires, ce sont 2500 personnes en colère et indignées.
Penser, prendre la parole sont des actions politiques, qui se situent en chacun quand on se pose ces questions.
Se battre pour que des mots ne soient pas enterrés demande un courage, une volonté très importante.
D’où la nécessité de se réunir en collectif pour ramener cette énergie dans nos secteurs. Le désir et la passion sont là. Nous restons déterminés.

Serge Klopp :

Je me bats contre la position de victime des collègues. Le manque de temps : combien de temps on passe à écrire, devant les ordinateurs, en réunion pour faire des évaluations, des transmissions ciblées…Là ou ça risque de conduire, comme à Maison Blanche, où on a prévu un protocole de mise à l’isolement au nom de l’efficacité, avec l’interdiction de détacher un patient, même pour manger, ou c’est une faute.
Les priorités sont d’abord éthiques et soignantes.

Emmanuel Constant

Mon interpellation des médecins sur la question de la colère est une interpellation tendre. Les élus interpellent aussi de temps en temps… J’ai des attentes vis à vis du monde de la psychiatrie. Lors de la contestation autour de la loi Bachelot, quels médecins étaient dans la rue ? Qui a entendu ? Les médecins doivent pouvoir élire des représentants pour représenter la totalité du champ médical. J’étais énervé de ne voir que des médecins du champ MCO. Même si on sait que la presse est aux mains de certains.
Les médecins ont décidé de boycotter les instances. Moi aussi j’ai pris cette décision. A compter de ce jour, il n’y a plus de CA qui va se tenir. La question des budgets [ de leur vote ? ] va se poser. C’est en contestation à la loi HSPT, en soutien à la lutte contre cette loi que j’ai décidé de ne pus tenir les CA ;

Une syndicaliste :

C’est une étape, un signe aux tutelles et aux directeurs d’établissement.
Pour les repas de nuit, le personnel s’est mobilisé, il y a eu une rencontre avec Mr Lamoureux, les repas ont été rétablis.
Quand on résiste, quand on se tient debout malgré les pressions, on y arrive. Quand on devient sujet de soi-même, de son travail, de sa lutte, on y arrive et on peut obtenir des choses.
Les amendements de la loi Bachelot concernant la nouvelle gouvernance ne changeront pas grand chose. Il faut se mobiliser pour le retrait pur et simple de la loi.

On doit conclure …

Proposition d’un autre forum à la rentrée.
Quelqu’un pose la question de la place des patients dans cette association ? [le collectif des 39 du 93]

Paul Machto :

Ce n’est pas une association mais un collectif ouvert, ouvert à tous ceux qui se sentent concernés, pas seulement les professionnels.

Henriette Zoughébi

La population du coin, qui voit cette grande route avec les deux hôpitaux de part et d’autre est concernée de manière profonde.
On pourrait l’y associer, avoir une contribution, inviter la population à y contribuer. Ces choix ont des conséquences sur ce qui se passe ici. Je suis partante pour essayer de faire des ponts. Ce qu’on dit sur le travail, ça se partage. Que chacun ne reste pas dans son métier et qu’on crée des ponts.

Mathieu Bellahsen

Le soin psy s’oppose à l’évaluation. Pourquoi pas une journée sans ordi, et une journée de la relation.

P. Machto

Il faut vraiment qu’on s’arrête.
On refait donc un forum après la rentrée, et à l’extérieur de Ville Evrard.

Ce qu’a apporté Patrick Coupechoux  est important et lourd. On peut avoir des moments de pessimisme, mais on n’a pas oublié l’impact des 39 fin décembre. Suite à cet appel, fin janvier, Sarkozy essayait de rectifier le tir. Fin janvier, Sarkozy et Bachelot commençaient à annoncer une loi modifiant le rapport Couty pour le printemps. Les initiatives, les meetings suite à l’appel des 39 y sont pour quelque chose.
Nous sommes en train d’inventer quelque chose, on ne sait pas où l’on va mais on s’appuie sur des choses importantes.
Comme dans des partis ou différentes tendances s’opposent, il y a des différences, entre professions, entre psychiatres, entre soignants.
Une certaine omerta règne dans l’hôpital, où l’on connaît la présence de patients enfermés de façon scandaleuse. Il ne faut pas avoir peur d’interpeller, que chacun soit interpellé, puisse se retrouver dans une parole et se poser la question : qu’est ce qu’on est en train de faire ?

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