>Habiter poétiquement le monde : exposition à Lille du 30/09/10 au 30/10/11

Lille Métropole Musée d’art moderne d’art contemporain et d’art brut

À travers plus de 350 œuvres, l’exposition Habiter poétiquement le monde met en avant la façon dont des artistes, mais aussi des écrivains et des cinéastes, décrivent et interprètent leur présence au monde.
« Telle est la mesure de l’homme. Riche en mérites mais poétiquement toujours, sur terre habite l’homme », écrit le poète Friedrich Hölder lin. Création et quotidien ne sont pas séparés, mais se confondent ; déambulation, errance, disparition, accumulation, performance sont à l’origine de la constitution d’espaces réels et imaginaires ayant la capacité, selon les nécessités qui président à leur création, de s’ouvrir ou de se refermer sur l’extérieur.
Transversale (art contemporain et art brut), constituée de multiples échos et associations entre des œuvres et des documents d’archives issus de contextes très divers sur plus d’un siècle, l’exposition est conçue « en constellation », comme une promenade à travers les différents espaces du musée (salles d’exposition, auditorium, parc, site Internet).

L’exposition rassemble des œuvres qui, pour certaines d’entre elles, sont familières des salles de musée, quoiqu’elles y soient parfois entrées par des portes dérobées, ou qu’elles continuent d’y résister ; d’autres y entrent pour la première fois, et leur rencontre inattendue per met d’interroger les définitions mêmes de l’acte artistique, du geste esthétique, de l’expérience poétique.
Elles relatent des gestes d’archives de soi et du monde, des cartographies et des traces d’expérience, documentent des relations, parfois erratiques voire douloureuses, entre l’individu et son environnement. Elles constituent enfin des formes de performance de la vie même, des dispositifs d’expression, de transmission et de communication, à la fois ouverts vers l’autre et néanmoins constitués en systèmes propres parfois complexes à déchiffrer.

Parcours dans les villes, longue traversée des paysages, marches sans but apparent, nomadisme voulu ou subi : l’artiste comme l’écrivain voyageur prend la mesure du monde, de l’étendue, établit les rapports entre le mot et le dessin, entre le geste et le tracé. L’artiste « essaie le monde », comme écrit Thomas Hirschhorn, et le poème devient un espace où se joue la possibilité de sa propre disparition ou dissolution. Il est tantôt, ou simultanément, construction qui prend forme dans l’espace réel, et trajectoire cursive, sismographie éphémère.

Cette ouverture du réel peut conduire l’artiste à se trouver dans un espace de type interstitiel : être physiquement ici et maintenant, mais traversé et pris dans un temps où passé et futur se confondent. Que le voyage soit physique ou intérieur, la mise en tension ou quelquefois « mise en perte » du réel est transmise ou relatée, comme un journal de voyage. Le quotidien ne se sépare plus de l’œuvre ni du regard. Les frontières entre intime et commun se brouillent dans une mise en doute de ce qui semble communément partagé. « L’habité poétiquement » détourne les gestes quotidiens en apparence les plus évidents, les théâtralise ou révèle leur étrangeté et leur normativité. Il fait appel, comme le dit Pierre Dhainaut, à l’esprit d’enfance, qui permet, sans confort, de vivre le monde comme poème.

Au croisement de l’exposition Habiter poétiquement le monde et des collections permanentes, les visiteurs pourront également découvrir les premières expositions Théma art moderne et art brut : Portraits d’artistes et Les Bâtisseurs de l’imaginaire.

http://www.musee-lam.fr/wp-content/uploads/2010/09/Dossier_habiter-poetiquement-le-monde_web.pdf

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