>La psychiatrie dans la ligne de mire de la Scientologie (article Actusoins.com)

Une association liée à la Scientologie sollicite depuis plusieurs mois les hôpitaux psychiatriques sous prétexte de surveiller les hospitalisations sous contrainte.

Son nom peut porter à confusion, mais ne vous y trompez pas : la Commission des Citoyens pour les droits de l’Homme (CCDH) n’a rien à voir avec la fédération du même nom.

Derrière cette association se cache en réalité l’Eglise de Scientologie. Active depuis plus de dix ans en France, la CCDH reprend le principal credo de la secte : la lutte contre la psychiatrie, les antidépresseurs et les hospitalisations sous contrainte.

C’est au nom de ce dernier prétexte que l’association harcèle depuis plusieurs mois les hôpitaux psychiatriques français. Comme l’a révélé le Canard Enchaîné le 23 juin dernier (1), la CCDH réclame à ces établissements « une copie des pages des registres 2008 et 2009 établis pour les hospitalisés sous contrainte ».

Ces documents administratifs indiquent notamment les noms des patients, leurs dates d’entrée et de sortie, ainsi que les visites de  contrôle effectuées par les préfets et les magistrats.

Une méthode légale

« Nous avons bien été sollicités par la CCDH » nous confirme un hôpital du Pas-de-Calais. « Après avoir consulté notre service juridique, nous avons décidé de ne pas donner suite à leur requête »explique la direction.

Mais quelques mois plus tard, l’hôpital est obligé de céder : « la CCDH a déposé à deux reprises un recours à la Commission pour l’accès aux documents administratifs (CADA), nous allons donc leur communiquer les éléments souhaités, à savoir les dates de passage des autorités judiciaires. Nous allons bien sûr anonymiser ces documents comme la loi nous l’impose ».

La CCDH profite en effet d’une loi du 17 juillet 1978 qui garantit l’accès des citoyens aux documents administratifs. « Nous ne demandons que les dates de passage des préfets et des magistrats » se défend Mylène Escudier, présidente de la CCDH. « Nous respectons bien sûr le secret médical. Notre objectif est juste de savoir si les procédures d’internements psychiatriques sont bien respectées » assure-t-elle.  

La CCDH a donc envoyé des lettres à tous les hôpitaux psychiatriques ainsi qu’aux commissions départementales chargées de contrôler les hospitalisations sous contrainte (CDHP), lettre dont ActuSoins a obtenu copie.

« Au moins la moitié des hôpitaux nous a répondu favorablement. Pour les autres, nous avons saisi la CADA. Mais parfois cela ne suffit pas : nous avons porté plainte au tribunal administratif contre dix CDHP qui ne nous ont pas envoyé leur rapport d’activité malgré l’avis favorable de la CADA »explique Mylène Escudier (2).

Lobbying au Parlement

L’association compile ensuite tous ses chiffres dans un rapport de synthèse, qu’elle envoie aux parlementaires et aux membres du gouvernement. Une méthode de lobbying qui porte ses fruits, comme l’a constaté Georges Fennech. « Plusieurs parlementaires se sont fait piéger l’an dernier. Ils ont été plus de 80 à réclamer des explications sur les hospitalisations sous contrainte à la ministre de la santé après avoir été sollicités par la CCDH » explique le président de la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

Mais Georges Fennech avoue l’impuissance des autorités face aux techniques de cette association. « L’Etat a une obligation de transparence et certains en abusent, c’est la force et la faiblesse d’une démocratie » constate-t-il. « La Scientologie possède une véritable force de frappe, car elle a de gros moyens financiers et des juristes à sa disposition » ajoute le président de la Miviludes.

Ces moyens financiers permettent notamment à la CCDH de mener depuis plusieurs années une campagne contre les antidépresseurs : l’association a déjà envoyé à plus de 50.000 médecins généralistes de France un DVD contenant un documentaire à charge contre ces médicaments, réalisé par le siège de la CCDH aux États-Unis.

La Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme.

Créée en 1969 aux Etats-Unis, la CCDH a vu le jour en 1974 en France. Elle est véritablement active depuis une dizaine d’années. Cette association est une émanation de l’église de scientologie. Elle ne cache d’ailleurs pas ses liens avec l’organisation, condamnée en 2009 pour escroquerie en bande organisée (3). La CCDH proteste contre l’usage des antidépresseurs et contre l’internement psychiatrique, qu’elle considère comme une atteinte aux droits de l’Homme. L’association s’appuie, entre autres, sur un des “credo” de la scientologie qui stipule que “l’étude du mental et la guérison des maladies d’origine mentale ne devraient pas être séparées de la religion, ni tolérées dans les domaines non religieux”.

(1) « La Sciento reprend du sévice », Canard Enchaîné du 23 juin 2010.

(2) Il s’agit des commissions départementales des hospitalisations psychiatriques du Var, de la Moselle, de la Meurthe et Moselle, des Côtes d’Armor, du Morbihan, de l’Aube, de la Lozère, de la Seine et Marne, des Hauts de Seine et de la Corrèze (Source : CCDH).

(3) La Scientologie a fait appel, la procédure judiciaire est donc toujours en cours. Sur ce sujet, voir les articles du Monde (http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/27/la-scientologie-condamnee-a-des-amendes-peut-continuer-ses-activites_1259183_3224.html) et de L’Express (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-scientologie-une-religion-impossible-en-france_469122.html)

Amélie Cano (Article original dans Actusoins.com)

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57 réflexions sur « >La psychiatrie dans la ligne de mire de la Scientologie (article Actusoins.com) »

  1. Oui et ils sévissent aussi sur LePost.fr. Je me suis battu pendant un weekend pour dénoncer leur filiation avec l'"église" de "scientologie".
    Il faut savoir que les gens en souffrance psychique sont leur principale victime. C'est la raison de leur croisade. Je me suis fait interdire un article sur la CCDH une fois pour prosélytisme pour une secte et une autre pour dénigrement d'une religion. Hors les deux articles étaient les mêmes. Drôle non!
    La dénomination de cette organisation laisse pantois et fait froid dans le dos. On se demande encore quelle signification on encore les mots.
    Cependant là où ils sont forts c'est que le moment leur action est justifiée, que cela fasse plaisir ou non. L'ennuyeux c'est ce qu'ils vont en faire ensuite. En tous les cas, l'accès aux documents administratifs doit rester public.
    Ce que je regrette c'est que ce soit une telle organisation qui le fasse.

  2. Une fois de plus les mots sont tordus et essorés pour en faire des armes subtiles. Il y a eu jadis "les nouvelles solidarités" inventées par un syndicat en écho au combat de Solidarnosc…Il y a eu aussi de terrifiants "fabriquons français" que certains partis de gauche et syndicat ont imprimé et diffusé à profusion et que le front national a complété et réutilisé à sa manière. trop tard le slogan, en le voit aujourd'hui, est une arme facile à détourner.  Dans nos établissementsderrière "l'amélioration de l'organisation des soins et de la prise en charge du patient" on trouve sans gratter trop de pitoyables logiques manageriales qui de surcroit sont souvent des gaspillages et de la création de "travail mort".
    les mots ont leur vie propre mais on peut parfois les salir et la "bataille pour la liberté" qui peut être contre… Si c'est la liberté des actionnaires et des profiteurs…la locution est complétée et devient plus intéressante.
    Prenons un mot, une expression, tordons là pas mal et nous obtenons un support de communication quasi vide de son sens réel mais qui fonctionne. les centres supermarchés L ou le marchand de fringues italien en sont de jolis exemples.
    La gauche, les mouvements progressistes se sont assez désintéressés de ces questions, de tout ce qui a trait à l'image, aux mots, à la communication. C'est dommage et on voit bien, sur l'autisme, sur les libertés, sur la psy en général que tout le monde la paye bien cher. "Le primat du texte sur l'image", dans combien de colloques et de réunions l'avons nous entendu! Et ces mêmes défenseurs du texte n'ont pas vu que le mot est également polysémique, mouvant, contextuel et  redoutable d'à peu près. Dommage !

  3. Bonjour,
    Si quelqu'un est en mesure de produire une analyse un peu claire et explicite, liée à ce qui est publié dans cet article, cela ne me paraît pas un luxe. En effet, j'ai du mal à bien comprendre.
    Merci

  4. Ils ne sont pas que sur LePost. Ils sont, au moins de temps en temps, sur la plupart des sites, forum et blog psy pour faire passer leur message anti-psy et essayer de recruter des adeptes.

  5. Pour Dominique quelques explications : Extrait en copier/coller

    Normal
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    Rapport au Premier ministre
    Année 2005 – Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires
             MIVILUDES
     Extrait page 118
    "- Le guide pour visites d’un hôpital psychiatrique
    La Commission des citoyens pour les droits de l’homme
    (CCDH), « satellite » de l’Eglise de Scientologie, se référant notamment au drame de Pau, adressait début janvier 2005 aux DDASS. « Un guide pour visites d’un hôpital psychiatrique ». La CCDH proposait même aux services du ministère de la Santé et des Solidarités de les « accompagner » dans leurs missions. Rappelons que, par ailleurs, l’Association « Ethique et Liberté », proche elle aussi de l’Eglise de Scientologie, avait obtenu communication de l’ensemble des rapports annuels, pour la période de 1990 à 2000, de l’ensemble des 100 commissions départementales des hospitalisations psychiatriques. Elle en avait assuré l’exploitation sous la forme d’un rapport produit durant l’année 2004, rapport voulant laisser croire qu’il émanerait d’un grand corps de l’État. Enfin, en juillet 2005, la CCDH demandait communication d’une copie du registre recensant les visites des représentants de l’autorité publique des établissements accueillant des malades atteints de troubles mentaux (article L. 3222-4 du Code de santé publique). Se faisant, l’Eglise de Scientologie se livre à des pratiques relevant normalement de fonctions traditionnellement dévolues à l’État, et elle tente par ce biais de s’infiltrer dans le dispositif public de santé mentale."
    Voilà, il me semble qu'ainsi c'est clair.
    Les Commissions départementales des soins psychiatriques sont  chargées d'examiner la situation des personnes admises en soins psychiatriques en application de la loi sur les soins psychiatriques ou  de l'article 706-135 du code de procédure pénale, au regard du respect des libertés individuelles et de la dignité des personnes.
    Une commission comporte six membres : Un magistrat, un psychiatre service public, un psychiatre hors service public, un généraliste, un représentant des usagers représentant les personnes malades, un représentant des usagers représentant leurs  familles. La commission est fixée par un arrêté préfectorale. Tous les  membres sont tenus au secret comme des professionnels à peine de prison ou d'amende. Ils examinent les  certificats et arrêtés qui justifient une hospitalisation sans consentement et en vérifient la validité . Au besoin, les médecins de la commission ont accès aux dossiers médicaux dés que la commission en fait la demande. Ils reçoivent les plaintes des malades et visites les hôpitaux psychiatriques.  Lors de ces visites le personnel est tenu de répondre à toutes les questions de la commission qui peut faire ouvrir toute porte si elle le juge nécessaire, ….  Pour plus de détails voir ici : http://www.legifrance.gouv.fr/affichCode.do?idSectionTA=LEGISCTA000024316736&cidTexte=LEGITEXT000006072665&dateTexte=20110801
    Effectivement elles reçoivent, elles aussi,  chaque année une demande de la CCDH pour obtenir le compte rendu annuel. Je peux en témoigner puisque j'étais représentant des usagers malades dans une CDHP/CDSP de 2005  jusqu'à octobre 2011. Cette année encore, il a fallu se plier à l'obligation de répondre à leur demande. Bien entendu tous les noms sont anonymisés. Mais compte-tenu de l'usage qu'ils en font, il faut être attentif à ce que ce rapport contient. Dommage car ce rapport est transmis au Ministère, à l'ARS, au Préfet, au Procureur de la République,  et au JLD et devrait leur permettre d'avoir une très bonne vision des points positifs comme des points négatifs dans leur département et donc des améliorations à apporter. Heureusement, il y a aussi les rapports du Contrôleur des lieux de privation de liberté.
    Il ne faut jamais oublier que les personnes malades ont des fragilités qui pourraient être utilisées surtout lorsqu'une association douteuse les convainc qu'elle fait le maximum pour les protéger et/ou les aider .  Par ailleurs, ils peuvent  être aussi un jour les héritiers potentiels de leur famille. Du coup, il n'est pas exclu de penser que pour certaines associations à dérive sectaire, ils peuvent être une cible intéressante.
    En ce qui concerne la loi du 5 juillet, on est en droit de s'étonner, compte-tenu de cette problématique,  qu'une loi dite de protection des personnes faisant l'objet  de soins psychiatriques   ait prévu, concernant les hospitalisations sans consentement,  des audiences publiques devant le JLD. Les JLD qui n'opteront pas pour la chambre du conseil ou l'audience du cabinet mettront en danger ces mêmes malades, puisqu'il suffit de relever leur noms et adresses lors des audiences…..
    C'est tout de même un comble, les CDSP sont tenues au secret à juste titre,  sur un secret qui est révélé lors d'audiences publiques !
     
     

  6. Cette CCDH, qui est en effet une émanation de l'Église de Scientologie, dénonce de façon certes fallacieuse et "entriste" ce qui est pourtant un véritable scandale, à savoir l'abus incroyable des hospitalisations "sous contrainte" depuis la réforme de la loi de 1838, remplacée par celle de juin 1990 : ainsi (la carte en est fournie notamment dans le récent numéro de la revue Santé Mentale traitant du consentement aux soins psychiques), le taux de personnes hospitalisées d'office pouvait osciller, pour une année donnée (je ne me souviens plus laquelle), de 7 personnes par an et pour 100000 habitants à 70 personnes par an et pour 100000 habitants, selon le département, certains départements étant donc dix fois plus utilisateurs de l'HO que d'autres. Comme cela ne signifie vraisemblablement pas que certains départements ont dix fois plus de malades psychiatriques dangereux pour l'ordre public et la sûreté des personnes que d'autres, on peut aisément en conclure qu'il y avait, dans les départements les plus "renfermants", une majorité d'Hospitalisations d'Office abusives. Dommage que seule la Scientologie ait cherché à mettre en évidence ces abus scandaleux et que personne d'autre n'ait semblé réagir à cet état de fait disqualifiant totalement, et les autorités administratives, et les psychiatres, dix fois plus "zélés" que d'autres, dans ces pratiques !

  7. Pour tout dire, j'ai encore leur dernier mail rangé dans ma messagerie…..je vais me pencher un peu plus sur cette "secte," puisque personne ne semble vouloir parler du scandale d'AGREAL…..
    Il faut éviter de salir SANOFI et le laisser poursuivre sa course folle…..
    Personne n'est venu en aide à cet homme dont AGREAL était le seul "médicament" de sa femme, qu'il a retrouvée pendue ; moi-même, ai arrêté de le soutenir tant il était depuis sous médicaments, à la recherche d'une vie perdue……
    Il ne fallait pas parler non plus, de cette femme qui conduite en urgence à l'hôpital par son mari, à l'arrêt d'AGREAL, et qui a sauté du 3ème étage de l'hôpital……..ni de celle que l'on a conduite en psychiatrie, et qui en est ressortie déclaré guérie et qui s'est alors suicidée……..ni de celle qui lançait un appel sur le net "je suis devant les fusils de mon mari, je vais me tuer !"
     Combien de femmes se sont suicidées ? Surtout ne jamais le dire…..se taire pour la vie !
    D'abord ne pas nuire………..à SANOFI, à la France !!!
    Si j'étais certaine ……..j'agirais, pour toutes les femmes qui aujourd'hui, sont enfermées, enterrées…….dans un silence de mensonges bien français !

  8. Les psychiatres feraient bien de se préoccuper davantage de cette secte disséminée sur internet et dont le satellite antipsychiatrique, à savoir le CCDH utilise la notion des droits de l'homme pour discréditer la psychiatrie et récupérer les patients…

  9. C'est évident, c'est une voie royale pour elle car elle ne fait qu' utiliser les travers et faiblesses de certaines pratiques psychiatriques et certains psychiatres ! Ré instaurer la confiance avec une réelle remise en question et elle aura moins de poids !

  10. Je suis tout à fait d'accord avec Christel. Ce qui permet l'activisme de CCDH scientologue en France c'est d'abord l'énorme masse des abus qui sont commis sur les gens en psychiatrie, qu'ils soient malades ou pas, et les pratiques atterrantes et hors contrôle des institutions psychiatriques.
     
    Réformer les institutions psychiatriques dans le sens d'un humanisme clair et d'un fonctionnement légal et respectueux des droits fondamentaux des gens, serait très susceptible de couper l'herbe sous le pied du prosélytisme scientologue! D'autant plus que les pouvoirs publics comme ces institutions et certains soignants se servent de l'épouvantail scientologue pour stigmatiser les patients et anciens patients ainsi que leurs proches qui, écoeurés et scandalisés par leur sort et celui de leur parent, se révoltent et se mobilisent … Ils se font taxer, éventuellement par les soignants du ressort, d'être scientologues ou suppôts de cette secte …
    Curieuse utilisation, très politique au demeurant, par les institutions de la scientologie, qui prouve aussi que cette église sert aussi à la Psychiatrie dés lors qu'il s'agit de mâter les populations et que les gens se la bouclent !!!

  11. Cette secte fait son nid grâce aux reproches suivants :
    – déni de l'existence de certains troubles psychiques.
    – déni des résultats de la psychiatrie.
    Une vue d'ensemble ici : http://en.wikipedia.org/wiki/Scientology_and_psychiatry
    Je pense que pour lutter contre cette secte, il reste important de bien décrire et diagnostiquer les troubles de santé mentale (n'en déplaise aux anti-DSM IV, un corpus minimum est nécessaire), et de mesurer les résultats effectifs des prises en charge.

  12. Résultats effectifs de prise en charge, entièrement d'accord avec vous mais cela nécessite un investissement tant humain que matériel que je ne suis pas sure que cela plaise à tout le monde (ou du moins que certains en aient envie ! ) !

  13. Pour avoir suivi depuis longtemps les actions de la scientologie, leurs méthodes, je me permets quand même de faire le commentaire suivant sur vos affirmations unilatérales :
    La scientologie estime qu'elle seule possède les techniques et méthodes pour aider les gens en souffrance. Elle est contre toute forme de médication et remet en cause toutes les approches psychothérapiques et toutes les nosographies. Donc venir hurler au loup en racontant qu'il faut bien décrire les troubles avec le DSM ou que "c'est la faute des psychiatres et de la psychiatrie" est réellement ahurissant.
    La scientologie n'en a rien à faire de la psychiatrie et de son état : tout ça est un prétexte, et si demain la psychiatrie était réformée, allait mieux etc…cela ne changerait rien à leur volonté de récupérer de nouveaux adeptes parmi les personnes fragiles psychologiquement. Ils changeraient un peu leur fusil d'épaule, mais irait dans le même sens.
    Maintenant ce qui est plus grave dans les discours que je lis, c'est la généralisation, l'amalgame massif qui est fait, amalgame qui tend à dire la même chose que les scientologues. C'est-à-dire renvoyer que TOUTE la psychiatrie française serait pourrie, que TOUS les psychiatres seraient dans l'abus. A vouloir  à tout prix débusquer le diable derrière chaque buisson on finit par le créer. 
    "Les psychiatres feraient bien de se préoccuper davantage de cette secte disséminée sur internet et dont le satellite antipsychiatrique, à savoir le CCDH utilise la notion des droits de l'homme pour discréditer la psychiatrie et récupérer les patients…"
    Vous croyez sincèrement que ce sont les psychiatres qui sont en charge de lutter contre les sectes ? Si le collectif des 39 publie des articles pour dénoncer la CCDH, vous pensez que c'est pour quoi ?
    La scientologie n'a pas besoin de "faiblesses" particulières pour s'insinuer partout où elle peut, mais tenir le même discours qu'elle à propos de la psychiatrie n'est pas à mon avis la meilleure chose à faire. Surtout que cette généralisation est une insulte à ceux qui accueillent les patients et les aident avec la plus grande attention et l'humanisme que vous implorez : le monde n'est pas en noir et blanc et on ne peut pas balayer d'un revers de clavier tout le travail d'une partie, minoritaire c'est vrai, du corps soignant en psychiatrie, mais qui est là et travaille à résister aux protocoles et autres grilles d'évaluations qui désincarnent tout et tout le monde. Et cette partie du corps soignant, je peux dire pour ma part qui ne suis pas soignant, que les membres des 39 en font partie. Il me paraît plus constructif d'aider à penser de façon claire la réforme de la psychiatrie qu'il faudrait instiguer plutôt que de passer son temps à dénoncer un ensemble déclaré pourri et pervers, ce qui est un fantasme et une contre-vérité. Mais construire est plus difficile que dénoncer, généraliser et amalgamer.
    Un rappel de ce qu'est ce site et l'engagement des 39 :
     

    d’interpeller les préfets représentants de l’Etat chaque fois qu’une de leurs décisions concernant nos patients nous paraîtrait arbitraire.

    d’appeler à la création d’un collectif d’avocats pour défendre les droits des patients.

    de refuser toute participation au processus de rétention administrative (de l’expertise à la création de centres).

    de refuser les modalités actuelles de certification ou de les critiquer auprès des enquêteurs. La certification, menée sous l’exclusive d’une évaluation telle qu’elle est pratiquée dans l’industrie et donc sans rapport avec nos pratiques, s’emploie à mettre celles-ci à la norme selon des critères où la complexité et la singularité de chacun n’auraient plus leur place et où la dimension relationnelle ne serait pas prise en compte.

    de refuser, chacun dans le champ de sa pratique, de participer aux diverses instances auxquelles nous participons aujourd’hui (action à laquelle appellent aussi la CPH et l’INPH)

    d’instituer un nouveau dialogue avec les familles et avec les associations d’usagers.

    de lutter contre le projet de loi « Hôpital, Patient, Santé,Territoire »et de considérer l’intérêt des synergies avec « l’Appel des Appels », « la Politique de la Peur » et de participer donc activement aux Etats Généraux des Droits et des Libertés.

    tirant les leçons d’années où nous nous sommes montrés trop soumis à un discours sur la psychiatrie dans lequel nous ne nous reconnaissions pas, nous proposons enfin que se crée partout un vaste mouvement de mise en lien de nos références théoriques, de nos orientations, de notre expérience, grâce à un Forum Itinérant dont la réunion du 26 janvier à Reims a constitué les prémisses, traitant thème par thème des grandes questions qui traversent nos métiers. Des collèges locaux de réflexion tels que ceux proposés par J. Oury pourraient permettre d’en préparer le déroulement.

    Tout ça est dans le "qui sommes-nous ?"  du site >Un mouvement pour la psychiatrie : http://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=20
    L'écoute de l'émission de F.Culture où Patrick Chemla s'exprime peut aussi permettre de mieux comprendre comment se situent les psychiatres du collectif vis à vis de l'hôpital, des patients internés…
    45 minutes passionnantes, mais cela prend plus de temps et d'énergie que de lire en 3 minutes un article et ensuite de lancer des phrases sentencieuses qui transforment un sujet vaste et complexe en une simple discussion de comptoir avec des constats sortis d'on ne sait où et des visions manichéennes sans nuances ni ouverture à une quelconque discussion de fond.
     
    L'émission est là : http://collectifpsychiatrie.fr/PatrickChemla.mp3
    Bonne écoute.
    Simon, membre non-soignant des 39

  14. Bonjour, tout le monde,
     
    Un rappel indispensable afin de ne pas nous satisfaire une fois de plus de la seule dénonciation de comportements et faits déjà connus qui génère invariablement son cortège  d'erreurs d'analyse et d'amalgames, effectivement.
    Merci et bravo Simon!
     
    BJP
     

  15. @Simon, @BJP
    Si nous sommes là, sur ce site, c'est bien que nous en reconnaissons sa valeur, mais si nous sommes aussi ici, sur cette page, c'est que nous savons que ce n'est pas partout ainsi. Et ce ne sera pas de se taire ni de le dire qui arrangera les choses.
    Quand aux propos de @docteurmaboule, il est coutumier du fait et ne peut pas être assimilé au restes des intervenants. Ce  @docteurmaboule aime bien jeter le bébé avec l'eau du bain, visiblement il n'aime pas les bébés.

  16. Je précise pour ma part que j'ai écrit certaines pratiques et certains psychiatres…ceci dit, évidemment que toutes les sectes rejettent en bloc quoique se soit des pratiques de santé ou autre puisque c'est juste du pouvoir qu'elles souhaitent avoir et  aussi de l'argent bien sur !
    Ensuite pour rappel, mon expérience de certaines pratiques et de certains psychiatres n'est pas qu'une brève de comptoir ! Je ne balaie rien pour ma part et je reconnais le professionnalisme et l'humanité de certains et certaines, il y a néanmoins une réalité à mettre en lumière ne serait-ce que par respect pour des personnes dont moi qui ont eu à souffrir de ce qui leur a été infligé sans aucun bénéfice puisque pour ma part j'ai été contrainte de me soigner pour un état de stress post-traumatique suite à une hospitalisation contrainte pour laquelle un psychiatre a écrit :" elle n'a pas sa place ici " !  Je suis aidée et je lutte pour retrouver ma dignité, un roman de gare sans doute ?!!
     

  17. @behemothe
    Mon comm ne visait absolument pas les membres du site.
    mais vous avez vous-même donné le pseudo d'une personne parmi quelques-unes qui pourraient effectivement se sentir concernées…
    docteurmaboule aime les gens et les personnes même bébés.
    La preuve: il en a peur.
     
    BJP

  18. Précision quant à mon propos: la dénonciation, l'indignation, etc… quand elles sont les seules réactions – et elles le sont souvent –  ne mènent pas bien loin.
    Idem pour la mise en lumière,sans vouloir vous offenser, Christel.
    et le sujet ici est en fait: que faire pour empêcher les sectes de détourner à leur profit  les résultats d'un travail qui n'est pas le leur.
    Il me semble que la réponse est simple et donnée, en creux,  dans le premier comm de "behemothe" et explicitement dans le comm' de " mamie".
    C'est à l'Etat –  Ministère, ARS,  Préfets, Procureurs de la République et  JLDs – de s'approprier et de traiter ce qui lui revient aussi de droit – les rapports des CDSP en l'occurrence –  et d'être réactif en pratiquant les corrections nécessaires.
    Ce qui est écrit plus haut semble mettre en évidence que ce même Etat – donc représenté par Ministère, ARS,  Préfets, Procureurs de la République et  JLDs, tout de même ça fait du monde! – ne s'approprie ni ne traite quoi que ce soit!
    En gros, l'Etat ne fait pas son travail ou le fait mal, laissant ainsi le champ tout-à-fait libre à n'importe quel organisme plus ou moins bien intentionné.
    Question: le Collectif 39 est-il en droit  d'obtenir lui aussi ces rapports?
     
    BJP

  19. Evidemment BJP, vous avez raison (et vous ne m'offensez pas) mais vous conviendrez néanmoins que c'est la relation soignant/soigné et ses conséquences qui ouvrent la porte à ces sectes puisqu'elles profitent de certaines situations…lire aussi Rastafouan
    J'ai relu le comm de mamie et je peux vous assurer que je n'ai pas dû bénéficier d'une telle procédure tant il y a des irrégularités dans mon hospitalisation avec même un faux et usage de faux et des psychiatres qui ont noté: "pas de dépression, pas de délire, personne, calme posée, compliante, n'a pas sa place ici "…c'était sans compter sur mes parents qui souhaitaient bien que les psychiatres me fassent changer d'avis quant à mon désir de quitter mon mari ou tout du moins que l'on me fasse bien payer mon désir démancipation, cela

  20. zut erreur de clavier !
     
    mon désir d'émancipation cela ne se fait pas ! ils sont donc passés à la vitesse supérieur en m'agressant physiquement…j'attends donc bien de la Justice, de l'Etat d'être reconnue en tant que victime…cela aura eu pour le moment pour effet d'admettre que j'étais issue d'une famille toxique dont j'étais l'exutoire ( ou le contenant ?) d'une "folie" latente…

  21. Précision : la loi du 17 juillet 1978 modifiée le 12 avril 2000, qui porte amélioration des relations entre l'administration et les administrés, oblige l'Administration et les établissements publics à une transparence nette envers les administrés. Ces deux lois sont couvertes par la CADA (Commission d'accès aux documents administratifs), qui est elle même composée de conseillers d'état, qui sont donc magistrats au Conseil d'Etat. Les avis de la CADA peuvent être mis à effet par la juridiction administrative.
     
      Tout le monde peut se faire communiquer ces rapport annuels des CDSP, sur les mesures d'HSC, ou les paraphes des autorités de contrôle des registres officiels des établissements psychiatriques (à charge d'anonymisation des noms des patients et des personnels sauf ceux de direction), par application de ces deux lois, par demande faite en lettre recommandée avec AR à l'autorité administrative concernée, puis en saisissant la CADA pour avis, puis s'il y a lieu le tribunal administratif du ressort pour contrainte à la production de pièces.
     
     Autre précision importante : les rapports annuels des CDHP, actuelles CDSP, sur les mesures de contrainte psychiatriques, sont publiés une fois tous les 2 ou 3 ans par circulaire du ministère de la santé publiée au Bulletin officiel de ce ministère. En fait donc elles sont parfaitement publiques par ce biais. Pour ma part je les ai toutes depuis 1997 dans mes archives, du fait que j'ai ces circulaires du ministère de la santé issues du bulletin officiel, qu'on trouve sur Internet ou aux journaux officiels de la république française, rue Desaix, dans le 15ème arrt, au siège des Journaux officiels, ou bien à la documentation française quai Voltaire.
     
    Tout cela est donc parfaitement public.

  22. Il y a quelque chose de bien paradoxal dans le message de Simon : « Maintenant ce qui est plus grave dans les discours que je lis, c'est la généralisation, l'amalgame massif qui est fait, amalgame qui tend à dire la même chose que les scientologues. C'est-à-dire renvoyer que TOUTE la psychiatrie française serait pourrie, que TOUS les psychiatres seraient dans l'abus. À vouloir  à tout prix débusquer le diable derrière chaque buisson on finit par le créer. ».

    Ceci est précisément une généralisation, un amalgame abusif, qui prétend que les critiques prétendent que "toute" la psychiatrie serait ceci ou cela. Mais personne dans les messages précédents n'a laissé entendre quoi que ce soit de ce genre… et précisément, s'il y a par exemple "les 39", militants, et le besoin de leur militance, c'est pour quoi, sinon implicitement et explicitement pour s'opposer aux abus ? Il n'y aurait nuls "39" et nul besoin de "39" s'il n'y avait pas d'abus.

    Par conséquent, le message de Simon consiste à être plus royaliste que le roi. Donc, pas merci et pas bravo. Les "rois" sont déjà assez satisfaits de l'être comme cela, si en plus on doit leur "passer la main dans le dos"…

    S'agissant de la "scientologie" : la démocratie a ceci de paradoxal que même les "illuminés" peuvent y contribuer, et par principe à leurs propres dépens. Parmi les caractéristiques de la démocratie, le libre accès aux documents administratifs est ouvert autant aux illuminés qu'à ceux qui ne le sont pas ou ne croient pas l'être. Si ce sont des illuminés qui par ce moyen débusquent des scandales, la solution apportée à ces scandales profite à tous, et en conséquence… réduit d'autant, ipso facto, les prétentions des illuminés. Donc je suis enchanté que les croyants à Xenu exercent leur droit d'accès aux documents administratifs : s'ils y découvrent quelque chose d'intéressant, cela profitera à tous, et au cas contraire il se seront excités pour rien, ce qui n'étonnera personne.

    Maintenant, que jusqu'à 80 députés, comme il est dit dans l'article, se soient fait prendre au piège de la secte de Xenu, en posant des "questions parlementaires" au ministère de la santé  à partir des seuls documents reçus de la secte de Xenu, cela ne concerne qu'eux, et au pire cela nous montre les conditions misérables dans lesquelles les députés et leurs assistants travaillent, y compris par "cumul des mandats" : cela aussi est bon à savoir.

    Finalement, l'information la plus intéressante diffusée par l'article est celle-ci : « L’association (CCDH) s’appuie, entre autres, sur un des “credo” de la scientologie qui stipule que “l’étude du mental et la guérison des maladies d’origine mentale ne devraient pas être séparées de la religion, ni tolérées dans les domaines non religieux”. ».
    Cf. http://www.la-scientologie.fr/page/2/ site de l'Asesif, Église de scientologie d'Île-de-France, page avec tout un laïus à la suite.

    En clair, la secte de Xenu pour ce qui la concerne a fait… de la psychiatrie… une "religion" (et elle repose entièrement là-dessus). Cela nous enseigne sur la question centrale, qui est celle de ne pas faire de la psychiatrie une religion, par notamment la "Bible de ses Écritures" que représente le DSM. Ou par la croyance que tout serait "neurobiologique" (cf. le sujet "affolant" de l'autisme), en confondant les causes et les conséquences : ceux qui ne se rendent même pas compte que, par exemple dans les "bonus" du documentaire "Le Mur", la chercheuse Monica Zilbovicius ne dit jamais que les signes neurobiologiques de l'autisme seraient la cause de celui-ci plutôt que sa conséquence. Ceux qui en tirent, contre toute évidence du discours d'une par exemple Monica Zilbovicius, que ces signes sont la cause de l'autisme ne valent pas mieux que la secte de Xenu, et sont les fondateurs d'une nouvelle religion, mais apparemment il n'en ont tout de même pas (heureusement) le "talent" d'un "Lafayette Ronald Hubbard", et il leur manque l'idée d'un Xenu.

  23. ce qu'il faut retenir est effectivement causes et conséquences, tenants et aboutissants, ne pas réduire aux symptômes, ce qui est le plus visible n'est pas forcément ce qui parle le plus…il faut aller au delà mais cela demande du  temps, un investissement humain, matériel; pur revenir à ce plus royaliste que le roi, j'ai sentiment d'avoir été sous le coup d'une lettre de cachet, ni plus, ni moins…c'est juste mon témoignage, il en existe d'autres et dénoncer, s'indigner, c'est faire exister pour que tout ça change !

  24. frdm écrit:
    "et précisément, s'il y a par exemple "les 39", militants, et le besoin de leur militance, c'est pour quoi, sinon implicitement et explicitement pour s'opposer aux abus ? Il n'y aurait nuls "39" et nul besoin de "39" s'il n'y avait pas d'abus."
    Ok.
    Qui, avec qui, quand, comment et où?
     
    BJP

     

  25. Ayant parcouru l'ensemble de ces réactions, j'interviens de nouveau. Je suis psychiatre dans le secteur public, signataire de l'appel des 39 contre la nuit sécuritaire. Je crois, comme je l'écrivais il y a quelques heures, que la Scientologie instrumentalise (prêchant pour sa paroisse, fort inquiétante) un vrai malaise dans la psychiatrie de secteur. J'étais interne en psychiatrie il y a trente ans, j'ai passé mon concours de PH juste au moment de la loi de 1990 sur les soins en psychiatrie, qui, comme je l'ai déjà signalé, a fait se multiplier le nombre des hospitalisations non consenties, par des mesures contraignantes souvent mal embouchées, rarement respectueuses des sujets, je ne généralise pas, mais ce fut une tendance lourde. J'ignorais, au début de ma carrière, les chambres d'isolement et les contentions. C'est devenu depuis lors une pratique, certes pas généralisée, mais très courante et banalisée (avec simplement des "protocoles" de surveillance des patients "isolés" (en chambres éponymes) qui ne font rien d'autre que de donner bonne conscience aux praticiens et une pseudo-garantie à nos services de tutelle, tout en aggravant le plus souvent la souffrance et les symptômes de ces patients. Ce sont deux bavures soignantes [la maltraitance ressentie par un patient très malade qui a suscité en lui un terrible désir de vengeance (désir très pathologique et hélas affreusement meurtrier) contre l'institution de son précédent HO (Pau) ; l'absence de prise en compte de la persistance d'hallucinations chez un patient apparemment calme (Grenoble)] qui ont été instrumentalisées par Monsieur Sarkozy pour amener à une loi encore plus liberticide pour les patients. Moralité : Non, bien entendu aux sirènes de la Scientologie, Oui au retour d'une psychiatrie de secteur à visage humain, renonçant à la facilité de l'enfermement et déployant de véritables actions thérapeutiques adaptées à chaque cas, respectant le sujet souffrant, tenant compte de son environnement et proposant des soins majoritairement ambulatoires et les moins agressifs possibles dans des CMP où l'on pourrait de nouveau être accueilli (patients, familles, aidants naturels) dès que nécessaire et non, comme c'est le cas en beaucoup d'endroits aujourd'hui, avec des délais d'attente de plusieurs mois, ainsi que des solutions d'hébergement adaptés (hors hôpital, et pas que des Foyers d'Accueil MEdicalisés, mais aussi des maisons-relais, des appartements associatifs, des familles d'accueil). D'où la grande réforme de la psychiatrie que nous sommes encore nombreux à appeler de nos vœux et que ne favorise pas le passage étriqué à la moulinette sécuritaire de la récente loi de juillet 2011, renforçant les risque de dérives anti-soignantes.

  26. @behemothe
    "et précisément, s'il y a par exemple "les 39", militants, et le besoin de leur militance, c'est pour quoi, sinon implicitement et explicitement pour s'opposer aux abus ? Il n'y aurait nuls "39" et nul besoin de "39" s'il n'y avait pas d'abus."
    Ok.
    Qui, avec qui, quand, comment et où?"

  27. rastafouan écrit:
     
    "D'où la grande réforme de la psychiatrie que nous sommes encore nombreux à appeler de nos vœux"
    Plutôt que d'être ENCORE nombreux ( votre nombre diminue?) à vous contenter de l'appeler de vos voeux, pourquoi ne pas l'incarner au quotidien, la faire vivre au quotidien en désobéissant ouvertement aux dispositions des dernières lois sécuritaires et en faisant en sorte que cela soit su par le public?
     
    BJP

  28. Eh bien, j'ai aujourd'hui même (je suis de garde sur l'hôpital, bien qu'exerçant habituellement dans une équipe sans lits centrée sur les soins de crise en ambulatoire, je suis de garde ce jour sur l'hôpital, psychiatrique et général) infirmé une ADT et invalidé une autre. J'ai été l'initiateur d'un collectif qui a abouti à la fondation d'un GEM il y a quatre ans. Je lance une réflexion avec un petit groupe (qui pourrait se développer) sur la question de l'hébergement des personnes en situation de handicap psychique (les appartements associatifs ayant chez nous fait long feu, il serait question de maisons-relais) et sur la perspective de créer un SAMSAH. Je participe à des réflexions cliniques et éthiques et… cerise sur le gateau, je passe auprès de nombre de mes collègues pour un "donneur de leçons". J'assume ! Je vous signale que j'ai participé la semaine dernière à une projection-débat citoyenne autour du film "Un monde sans fous" et mes positions ont manifestement été appréciées par le public et certains collègues présents. L'activité de mon équipe ambulatoire s'exerce auprès de personnes pas toujours consentantes et nous évitons nombres d'ADT, voire d'HDAA. Notre préoccupation s'inspire notamment de l'approche de Guy Baillon (oui, encore un donneur de leçons, mais tellement ancrées sur une pratique active.) Donc, cher Bruno Jean PALLARD, je fais vivre au quotidien mes idées plus progressistes que la moyenne dans ma modeste position.

  29. “Les 39” s'opposent par tous les moyens à la présentation d'office aux juges des internés, selon les nouvelles dispositions de la loi imposée par le Conseil constitutionnel contre la volonté du gouvernement. Cela mérite en effet d'être encore plus connu par le public, afin que l'on sache plus précisément qui décide quoi, et qui voudrait décider quoi.

  30. Bon, je veux bien faire un effort, cher Rasta Fou, mais y faut pas pousser.
    ADT ? SAMSAH ? HDAA ? (GEM je sais, mais les autres lecteurs ?).

  31. "la faire vivre au quotidien en désobéissant ouvertement aux dispositions des dernières lois sécuritaires et en faisant en sorte que cela soit su par le public?"
    Vraiment qui êtes vous pour vous permettre ce genre de réflexion. Rastafouan vous a répondu le trouve bien brave. Il n'a pas à se justifier. Que voulez vous? Faire taire le débat, c'est ça.
    Je suis abasourdi.

  32. Sauf que cette mesure, imposée donc par le Conseil Constitutionnel avant la loi de juillet (et rajoutée donc de force dans ladite loi) était en théorie une tentative de mieux contrôler les abus, faisant intervenir le Juge des Libertés et de la Détention. C'est bien entendu une cote mal taillée, difficile à appliquer en pratique, puisque ça reste l'autorité administrative (le Préfet) qui a toujours la main sur les hospitalisations (alors qu'en Italie et en Grande Bretagne, le partage est mieux fait et la justice gère les hôpitaux judiciaires ici ou les hôpitaux spéciaux là, où seuls les malades psychique ayant commis des crimes ou des délits, sont admis et soignés, avant d'être réintégrés dans leur dispositifs sectorisés ultérieurement). En France, l'amalgame entre maladie psychique et dangerosité est malheureusement renforcée par la loi de juillet elle-même. Et le JLD n'a hélas aucun contrôle sur les fameux "soins ambulatoires sans consentement", qui sont une véritable régression concernant l'appropriation par patient de son projet de soins. Heureusement, dans ma région, cette dernière mesure semble n'être que très peu appliquée et ne le sera jamais pas l'équipe à laquelle j'appartiens.

  33. Pour frdm (et les autres) :
    ADT : admission à la demande d'un tiers (remplace l'ancienne HDT)
    HDAA : hospitalisation à la demande de l'autorité administrative (ancienne hospitalisation d'office)
    SAMSAH :Service d’Accompagnement Médico-Social pour Adultes Handicapés (prévus dans la loi 2005 concernant les personnes handicapées).
    GEM : Groupe d'entraide mutuelle (dont la création a été permise par la même loi de 2005, avec une gestion par une association d'usagers et un financement par la Caisse Nationale de Solidarité pour l'Autonomie) 
    Merci Behemothe pour votre soutien, mais je ne me sentais pas attaqué par le propos de Bruno Jean Pallard ! Je n'ai pas cherché à me justifier. J'ai juste répondu à sa question sur mon propre engagement.

  34. frdm a écrit:
    “Les 39” s'opposent par tous les moyens à la présentation d'office aux juges des internés,"
    Merci infiniment pour cette information quant à l'attitude – "résistante" et c'est un euphémisme –  des 39 face à certaines procédures pourtant légales et qui semble fonctionner.
    Effectivement à porter à la connaissance du plus grand nombre de façon à favoriser la multiplication des prises de telles initiatives.
    Des "savoir-faire" à faire savoir, donc.
    frdm a écrit aussi:
    "Bon, je veux bien faire un effort, cher Rasta Fou, mais y faut pas pousser.
    ADT ? SAMSAH ? HDAA ? (GEM je sais, mais les autres lecteurs ?)."

    là encore merci beaucoup d'avoir demandé ces précisions!
     
    BJP

  35. behemothe a écrit:
    "Que voulez vous? Faire taire le débat, c'est ça."
    L'art de faire taire le débat consiste, entre autres,  à ne jamais répondre aux questions qu'on vous pose et/ou de répondre en posant d'autres questions sans lien avec les premières, behemothe.
    Il semblerait que vous soyiez en passe de devenir "maître" dans cet art…
    Pourtant, je suis sûr que "vous en avez sous le coude" en matière de réponses aux questions posées dans ce fil…
    Baissez les armes, behemothe, personne ne vous attaque ici et personne n'attaque personne que vous seriez tenu de défendre!
    😉
     
    BJP

  36. @ rastafouan:
     
    Merci pour le "lexique acronymique"!
    et aussi et surtout pour vos réponses.
    Non, votre position n'est pas" modeste": elle est courageuse car difficile, je tenais à vous le dire car je sais ce qu'il en coûte de soutenir une telle position.
    Encore merci pour votre action.
     
    BJP

  37. Mais vous aussi BJP vous ne répondez pas au question :
    Vraiment qui êtes vous pour vous permettre ce genre de réflexion?
    Je vois que vous avez pris dans mon commentaire ce qui servait votre argumentation. Et je suis soigné pas soignant et je fais ce que je peux avec ce que j'ai.

  38. Bjp a écrit :
    « frdm a écrit:
    “Les 39” s'opposent par tous les moyens à la présentation d'office aux juges des internés,"
    Merci infiniment pour cette information quant à l'attitude – "résistante" et c'est un euphémisme –  des 39 face à certaines procédures pourtant légales et qui semble fonctionner. Effectivement à porter à la connaissance du plus grand nombre de façon à favoriser la multiplication des prises de telles initiatives. ».
    — Bjp ne semble pas tellement comprendre l'ironie de frdm… tout prendre au pied de la lettre semble sa spécialité.

    Par ailleurs, Bjp passe son temps à "remercier" (dans le meilleur des cas), comme s'il était un supérieur hiérarchique. Ceci est grotesque. Je souhaite que personne ne se laisse détourner des propos qu'il a à tenir, mais tant que ce Bjp n'aura pas trouvé autre chose à faire, nous aurons à subir l'encombrement des fils de discussion par cette mouche du coche. C'est pareil dans tous les fils de discussion où il intervient. Il suffit de le savoir. Il pourrira ce fil de discussion comme il a pourri l'autre sur l'autisme. Sauf si vous parvenez à l'ignorer, car le censurer n'est pas désirable.

  39. Desolé cher Simon mais je persiste : les psychiatres feraient bien de se préoccuper davantage de la scientologie, notamment car cela concerne leurs patients. Il est regrettable de constater que beaucoup de psychiatres pestent effectivement contre cette nouvelle loi, bien plus pour les charges de travail supplémentaires que pour la situation des patients, mais que bien peu sont au courant des actions antipsychiatriques de la scientologie dont les ravages ne sont certainement pas à balayer au profit d'une quelconque cause politique ou syndicale.

  40. Docteur Saboule a très bien compris : la scientologie présente un système de croyance concurrent du sien. Scientisme et scientologie, même prétention, littéralement.

  41. Si vous n'avez rien de mieux à répondre, mieux vaut effectivement vous isoler enre croyants et attendre l'apocalypse bien gentiment.

  42. Je suis d'accord avec Docteur Maboule. Je sais pour avoir beaucoup fréquenté les forums psy et tenir un blog que la scientologie y est présente et qu'elle avance masquée. Je ne vois pas en quoi c'est un problème que les psys le sachent et puissent prévenir leurs patients de cela, d'autant que le discours de la scientologie est séduisant pour quelqu'un qui "débute" en psychiatrie ou y a souffert: il faut arrêter les médicaments et ne plus voir son psy, les maladies mentales n'existent pas, etc. Pourquoi dénoncer une secte qui s'attaque principalement aux patients seraient forcément un acte qui vise à protéger un système de croyance personnel? Laisser les patients dans les griffes de la scientologie serait un signe d'ouverture d'esprit, une preuve qu'on n'a aucune idéologie à défendre? Les psys adorent se tirer dans les pattes, on ne voit que ça ces derniers temps sur les différents sites internet, mais de temps en temps c'est pas mal de penser juste aux patients: ils sont une cible privilégiée pour une secte, autant que tout le monde le sache et s'en préserve. L'orientation du psy qui met en garde son patient, on s'en fout.

  43. Laurence, vous écrivez :
    « Pourquoi dénoncer une secte qui s'attaque principalement aux patients serait forcément un acte qui vise à protéger un système de croyance personnel? Laisser les patients dans les griffes de la scientologie serait un signe d'ouverture d'esprit, une preuve qu'on n'a aucune idéologie à défendre? ».
    Mais de qui parlez-vous ? Qui, ici, ou pourquoi pas ailleurs, a présenté de telles allégations ?

  44. behemothe écrit:
    "Mais vous aussi BJP vous ne répondez pas au question :
    Vraiment qui êtes vous pour vous permettre ce genre de réflexion?"
    Cette question est inutile: vous savez qui je suis.
    Mon nom figure en haut de chaque message car je n'aime pas les pseudos, qui sont eux aussi, inutiles selon moi.
    en outre, si vous cliquez sur mon nom, vous arrivez sur mon blog ou vous pourrez en savoir encore davantage sur moi puisque vous semblez être friand de toute information me concernant.
    Régalez-vous alors!
    Et n'oubliez pas que Google aussi est votre ami.
    😉
     
    BJP

  45. frdm écrit:

    "Bjp ne semble pas tellement comprendre l'ironie de frdm….. tout prendre au pied de la lettre semble sa spécialité.
    "
     
    Vous parlez de vous à la 3è personne du singulier…
    Est-ce une invitation à se méfier de vos propos faite à tout le monde ?
    Puisque vous-même vous vous méfiez des vôtres au point de ne pas dire "je" ou "mon ironie"?
     
    On s'arrête là-dessus.
    A demain même heure.
    Au revoir,
     
    BJP

  46. À Laurence : oui c'est vrai, finalement je comprends vos observations qui m'étonnaient. Je me demande moi-même si j'arrive à suivre…

  47. Tout est croyance à partir du moment où des idées/pratiques prétendues soignantes ne sont pas validées sur le plan expérimental. Quand on pense que certaines de ces idées ont plus d'un siècle, il y avait au moins le temps d'essayer. Quant à votre ironie frdm, cultivez la bien précieusement, car c'est elle qui vous permet de ne pas perdre la face, sans regarder les choses en face.
    Pour en revenir à la scientologie, j'ai rédigé un petit article il y a quelques temps afin de mettre en garde les internautes, et notamment les patients : http://www.anti-scientologie.ch/comment-reconnaitre-un-scientoblog.htm

  48. Bonjour docteurmaboule,
     
    Vous écrivez:
    "idées/pratiques prétendues soignantes"
    Et vous avez tout-à-fait raison: elles sont "prétendues".
    La question est alors: "par qui et pourquoi?"
     
    BJP
     
     

  49. "ne sont pas validées sur le plan expérimental"
    Exact aussi.
    En ce qui concerne la pratique dite "psychanalytique" qui elle est… empirique.
    Car il n'est d'expérience du sujet qu'empirique et réalisée par lui-même.
    Eminemment subjective, donc, elle ne saurait être conceptualisée et modélisée pour être universellement valorisée.
     
    BJP

  50. Oui mais le problème, c'est que les concepts psychanalytiques sont aussi vantés pour être universels, notamment l'oedipe : à ce moment là, il est tout à fait possible de les tester et de les modéliser. Il y a quand même un double discours psychanalytique : prétendre soigner sans pouvoir le prouver. Le beurre et son argent. C'est non seulement injuste de ne pas se prêter à l'évaluation lorsqu'il est question de soins, mais c'est aussi dangereux.

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