Appel à mobilisation

Nous venons de prendre connaissance du plan Autisme présenté par madame Marie-Arlette Carlotti, ministre déléguée chargée des personnes handicapées et de la lutte contre l’exclusion, ainsi que des déclarations qui ont accompagné ce lancement dans le Monde:
« En France depuis quarante ans, l’approche psychanalytique est partout, et aujourd’hui elle concentre tous les moyens. Il est temps de laisser la place à d’autres méthodes pour une raison simple: ce sont celles qui marchent, et qui sont recommandées par la Haute autorité de santé. »
« Que les choses soient claires », ajoute-t-elle en forme d’avertissement, « n’auront les moyens pour agir que les établissements qui travailleront dans le sens où nous leur demanderons de travailler ». La prise en charge de l’autisme fait l’objet d’une vive opposition entre les partisans d’une méthode de soin psychiatrique d’une part, et éducative et comportementale d’autre part. »
Il nous faut entendre cet « avertissement », et la lecture du plan en question ne laisse aucun doute sur les intentions de mise au pas des équipes dans le champ de la psychiatrie et du médicosocial.
On pourrait croire à une simple réponse démagogique à la demande des familles se plaignant à juste titre bien souvent de l’absence de places d’accueil pour leurs enfants, ou revendiquant une autre approche que celle prônée jusque-là. Mais ce plan va bien au-delà en mettant en avant une démarche systématique et construite visant à une approche unidimensionnelle « des personnes avec autisme », et excluant explicitement toute autre approche. La mise en place de programmes de formation obligatoires, contrôlés par les certifications ne laisse aucun doute sur l’absence totale de marge de manœuvre qui resterait aux équipes ayant une pratique plus ouverte et pluridimensionnelle.
Se trouve ainsi mise en place une machine bureaucratique nationale, régionale et locale, avec la volonté explicite de supprimer la diversité des approches, et la promotion de programmes de recherche centrés uniquement sur des objectifs moléculaires et biologiques, une recherche qui connaitrait à l’avance ses résultats déjà annoncés dans le plan !!
« L’évidence scientifique » se trouve mise à l’honneur à chaque page ainsi que les recommandations pourtant fort contestées de la HAS (cf entre autres le très bon article de la revue Prescrire), avec le projet d’un passage en force de ces critères pour toutes les équipes concernées.
Il ne faut donc pas considérer comme un écart de langage que ne soient pas financées les structures qui n’obéiraient pas puisque tout ce plan vise à cette mise au pas.
La référence à l’association Fondamental comme lieu fédératif de ce projet nous indique aussi qu’il serait illusoire de croire à une réponse limitée aux enjeux de l’autisme. Cette ingérence de l’Etat par le biais des universitaires et des contrôles par les certifications constitue une véritable machine de guerre contre la psychiatrie. Car on ne voit pas comment on pourrait réduire cette obéissance à « l’évidence scientifique » et au lobby de Fondamental, à une seule problématique.
Si nous tolérons cette ingérence aujourd’hui, il n’y a aucune raison qu’elle ne s’impose pas à nous pour l’ensemble du champ psychiatrique : il suffira de récuser au fur et à mesure chaque pathologie en la transformant en anomalie génétique pour la faire sortir du champ psychiatrique et de la psychopathologie ! En excluant ainsi de fait toute approche pluridimensionnelle et psychodynamique considérée comme « non scientifique » car non fondée sur des preuves expérimentales.
Ainsi au-delà ce plan, ce qui nous parait vraiment révoltant c’est ce projet d’uniformisation et de de mise au pas des professionnels de toutes catégories.
Allons-nous accepter que l’Etat nous dicte totalement notre élaboration clinique, et nous interdise toute autre approche que réglementaire ?
Les familles et les patients qui souhaiteraient une autre approche devraient-ils accepter de se soumettre à de tels diktats pseudoscientifiques, où les résultats sont donnés avant même que la recherche soit effectuée et au mépris de toute histoire personnelle et clinique ?
Il en va de notre indépendance professionnelle mais aussi des libertés dans un régime républicain où on ne saurait accepter la suppression par l’Etat de pans entiers de la connaissance au nom de l’idéologie !
Nous allons en effet tenir les Assises citoyennes pour l’hospitalité en psychiatrie et dans le médicosocial les 31 mai et 1° juin à Villejuif et nous savons déjà que nous serons plus de 600, et il nous parait crucial de saisir cette occasion de rassemblement pour prendre acte de cette machine bureaucratique.
Il nous apparaît fondamental que l’unité la plus large se réalise pour s’opposer à ces mesures extrêmement dangereuses.

AUSSI AVONS NOUS PENSE QUE NOUS POUVONS TERMINER LES ASSISES PLUS TÔT ET ORGANISER DANS LA FOULEE UN GRAND MEETING UNITAIRE DE TOUTES LES FORCES SCIENTIFIQUES,SYNDICALES ET PROFESSIONNELLES PROGRESSISTES, A TOUS CEUX QUI SE SOUCIENT DES LIBERTES OU CHACUN POURRAIT EXPRIMER SA POSITION ET POURQUOI PAS ENGAGER UNE ACTION COMMUNE AUPRÈS DES POUVOIRS PUBLICS.

Pour cela nous vous proposons une réunion préparatoire le vendredi 24 Mai à 17h, au local de l’AFPEP, 141 rue de Charenton à Paris 75012

POUR CE MEETING QUI AURAIT DONC LIEU LE SAMEDI 1ER JUIN À PARTIR DE 15H à Villejuif.

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