>Hacker la psychiatrie ?

Des soignants en psychiatrie sortent des rails établis, pratiquent une psychiatrie différente, ne suivent pas les protocoles et les "règles d'or" de la profession, au point qu'on peut les considérer comme des hackers : hacker la psychiatrie, en reconnaissant la valeur de la folie, pour aider à l’adoucir, pour lui donner du sens, pas pour l'éradiquer ?

 

Sous ce titre provocant de "hacker la psychiatrie", il y a des des réalités très intéressantes dans la relation et les soins aux personnes en souffrance psychique. Il faut, pour commencer, définir rapidement ce que signifie le terme hacker (prononcer aké), ce qu'est un hacker (prononcer akeure), celui qui pratique le hacking.

 

Qu’est-ce qu’un hacker ?

Apparu à la fin des années 60 dans le milieu des programmeurs en informatique, le verbe hacker, en américain, signifie, tailler en pièces, découper en petit morceaux. Ces personnes prenaient des programmes informatiques, les démontaient littéralement pour voir leur structure, les modifiaient pour les améliorer, les détourner de leur fonction originelle. Ou reprogrammaient entièrement un logiciel non modifiable.

 

Le hacker est un passionné qui cherche à pratiquer une technique autrement, à la comprendre, à lui faire faire autre chose. Hacker est un art, l'art du bidouillage au sens noble, c'est à dire d'oser démonter, regarder en profondeur une pratique, une technique. Hacker c'est chercher pour bidouiller, c'est à dire changer quelque chose pour que cette chose soit au plus près de nos besoins réels, pas à un besoin déterminé par d'autres. Hacker est aussi dépendant d'une éthique, "l'éthique hacker" qui contient en substance les concepts suivants : Passion, liberté, conscience sociale, vérité, lutte contre la corruption, lutte contre l’aliénation de l’homme, égalité sociale, accès gratuit à l’information (liberté de savoir), valeur sociale (reconnaissance entre pairs), accessibilité, activité, soucis de responsabilité, curiosité, créativité.

 

Linux, le système d'exploitation libre est le fruit du travail incessant de hackers depuis 20 ans. Sa vocation : offrir un système informatique sans brevet, ouvert, que chacun peut partager, améliorer, un système libre, programmé pour aider les hommes et les femmes à communiquer avec des ordinateurs sans être dépendants de firmes privées aux intérêts purement économiques.

 

Hacker le logiciel DSM

Alors, revenons à la psychiatrie. La folie est le plus souvent définie par le terme de trouble psychique et les praticiens se basent, pour la plupart sur un "manuel de psychiatrie" nommé DSM (Diagnostic And Statistical Manual Of Mental Disorders). Ce manuel indique quelle est la pathologie mentale qui affecte un sujet en fonction des symptômes dont il semble être affecté. Le psychiatre prescrit ensuite des médicaments de type psychotropes en fonction du trouble psychique diagnostiqué grâce au manuel en question, ce fameux DSM. Il est important de préciser que les laboratoires de psychotropes participent à l'élaboration du dit manuel, qui est passé de 60 pathologies répertoriées en 1952, lors de sa première parution, à désormais plus de 400 (Version IV).

 

Si vous suivez le "logiciel industriel fermé de la psychiatrie", en analogie avec l'informatique, vous êtes devant le paradigme suivant : le trouble psychique est une maladie comme une autre qui peut être diagnostiquée et traitée grâce à des médicaments.  Avec ce logiciel propriétaire, la folie n’existe pas, seules les pathologies comptent. Des «maladies mentales». Si un sujet se met à délirer, on l'interne, on le diagnostique, on le traite en hôpital psychiatrique ou en clinique avec des psychotropes et on attend que ça passe. La liberté, la lutte contre l'aliénation de l'homme, la curiosité et la créativité ne sont pas au centre de la pratique "officielle" de la psychiatrie, comme on peut le voir. Personne ne le contestera.

 

Qu’est ce que hacker la psychiatrie ?

Alors, parlons donc des hackers de la psychiatrie : des médecins psychiatres, des infirmiers, des psychologue, psychomotriciens, éducateurs, qui ne croient pas au logiciel officiel DSM sous brevet américain et ne voient pas d'effets bénéfiques pour les personnes en souffrance psychique lorsqu'ils utilisent ce même logiciel. Que font-ils, qu'ont-ils inventé, comment ont-ils hacké le logiciel de psychiatrie DSM-Psychotropes ? 

 

Ils ont démonté la pratique, regardé à l'intérieur des concepts de «maladie mentale» et en ont tiré une conclusion : la maladie mentale n'existe pas. Chaque homme ou femme peut devenir "fou", tomber «malade» parce qu'une souffrance psychique terrible l'incapacite, mais pour autant, il n'y a pas une «maladie». La folie n'est pas l'équivalent d'une grippe. On n'attrape pas la folie. La folie n'est pas congénitale. La folie n'est pas un dysfonctionnement du cerveau. La folie est ontologique. Elle touche l'être en lui-même dans toutes ses dimensions existentielles, elle exprime quelque chose de profond, elle est un trouble de la relation. Ce qu’un des hackers en psychiatrie, fondateurs des 39, le docteur Hervé Bokobza, répète souvent : la folie est un trouble de la relation aux autres, à soi et au monde.

 

Hacker la psychiatrie, c'est  aborder la personne en souffrance psychique autrement que sur le registre de la maladie et du diagnostic. C'est aider la personne à "soigner" cette souffrance en offrant des champs d'expériences et de relations différents : par la parole (psychothérapie institutionnelle), l'art (théâtre, psychodrame, musique, danse, arts plastiques), les échanges quotidiens (cuisine, ménage, fêtes). Et comme il y a «hack», il y a techniques, approches méthodiques, réfléchies, donc thérapeutiques, avec l'aide des médicaments adéquats quand ils semblent nécessaires. Sans improvisations ou expérimentations hasardeuses. Hacker la psychiatrie, c'est respecter l'homme ou la femme qui subit sa folie, c'est comprendre et faire comprendre cette folie, aider à la dompter. Pas tenter de l'éradiquer.

 

Les hackers de la psychiatrie sont une minorité, mais ils luttent, comme les hackers de l'internet. Ils luttent pour que l'homme soit au centre de la pratique psychiatrique, homme, reconnu dans la valeur humaine de sa folie, et qui, s’il ne l’est pas, disparaît, comme François Tosquelles l'a si bien dit.

 

P.H

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15 réflexions sur « >Hacker la psychiatrie ? »

  1. Un article intelligent et militant qui permet de garder espoir afin que la minorité devienne la majorité dans l'intérêt de l'être humain.

  2. Franchement, cette nouvelle loi semble davantage faire décompenser les praticiens que les patients… "Hacker" la psychiatrie, "hacker" le DSM… On croit rêver… Je ne vois pas en quoi considérer la psychiatrie comme une spécialité médicale, avec des maladie, empêche d'élargir les soins au delà des médicaments et de l'hospitalisation.
    Contrairement à ce qui est proclamé, la plupart des praticiens ne se basent pas sur le DSM pour établir un diagnostic en France. Le DSM est un outil qui est surtout utilisé pour la recherche. Promouvoir la parole, l'art et les échanges quotidiens n'a jamais été incompatible avec des "protocoles" de soins et ces mesures peuvent même en faire partie. L'analogie avec le piratage informatique est completement à coté de la plaque voire même dangereuse à mon sens. La piraterie n'est pas forcément de la résistance au sens noble du terme.
    Aujourd'hui, on peut encore soigner correctement des patients tout en respectant les lois…

  3. D'accord avec Docteur Maboule. Pourquoi faut-il que les psychiatres s'opposent les uns aux autres ? Pourquoi faut-il qu'ils ne sachent pas respecter ce que fait l'autre ? D'autant qu'une psychothérapie quelle qu'en soit la forme, une activité quelle qu'elle soit, n'a aucune chance de faire avancer les difficultés de la personne malade sans qu'un traitement ait jugulé les délires ou les hallucinations. De même, un traitement neuroleptique sans une psychothérapie et des activités qui lui permettent de rétablir des relations et de se reconstruire ne sert pas à grand chose sauf à gommer les symptômes les plus gênant pour la société.
    Au lieu de vous opposer, ne serait-il pas possible de poser ensemble un recueil des bonnes pratiques en psychiatrie qui tiennent les deux bouts ?  Peut-être qu'à partir de ce recueil, il serait ensuite possible de se battre pour les moyens humains et financiers !
    Parce qu'en fait nous savons bien que les problèmes se trouvent là et non dans une différence de pratique. Les psychologues ne sont pas remboursés par les caisses d'assurances maladies. Ceux qui travaillent dans les hôpitaux psy ou en CMP ne sont pas en nombre suffisant. Par ailleurs, psychiatres et psychologues se regardent souvent en chien de faïence, pour autant les psychiatres et infirmiers ne sont pas en nombre suffisant pour mettre en place les actions thérapeutiques, activités, psychothérapies nécessaires pour réparer la capacité à tisser des liens relationnels de la personne qui se trouve à l'hôpital, qu'il y soit en "libre" ou "sans consentement".
    Chacun fait ce qu'il peut avec les moyens qui lui sont donnés, alors si on veut avancer, je vous en prie, ne vous tirez pas dans les pattes, vous nuisez ainsi aux valeurs que vous portez  et devenez incompréhensibles pour la société qui ne sait plus qui croire. Or c'est elle qu'il faut viser, car c'est elle qui est manipulée au gré du politique et des médias.
    En cela, j'aime beaucoup les émissions sur France Inter qui sont une véritable école de découverte, dans un langage simple abordable par tous,  pour ceux qui écoutent. et qui ne connaissent rien des maladies mentales et de leurs conséquences.
    Sans vouloir blesser qui que ce soit, en lisant l'article plus haut, je vois une fois de plus  la personne malade "saucissonner" au gré des "écoles" de psychiatrie. Celle-ci est déjà suffisamment morcelée pour que ceux qui la soignent n'en remettent pas une couche.
    Quel effet vos oppositions et divergences peuvent-elles avoir sur une personne qui se sent très mal et qui du coup voit renforcer sa suspicion vis vis à vis de la psychiatrie ? Croyez-vous vraiment qu'elle ait envie de consulter ?

  4. @docteurmaboule : il est toujours étonnant de voir comment un lecteur interprète et détourne de son sens une réflexion construite.
     
    Je ne suis pas praticien de la psychiatrie. Je ne défends aucune école, mais dénonce certainement des pratiques actuelles de la psychiatrie.  Mais surtout vous refusez de lire ce qui est écrit et détournez les mots et leur sens : j'ai parlé de hackers et vous parlez de pirates… Comme si vous aviez refusé de lire mon explication sur le hacking et les hackers pour immédiatement accoler le terme pirate à hacker. C'est drôle non, cette impossibilité de sortir des définitions établies par les médias ou le plus grand nombre. Quand vous affirmez "Contrairement à ce qui est proclamé, la plupart des praticiens ne se basent pas sur le DSM pour établir un diagnostic en France"…
     
    Laissez moi vous dire que la psychiatrie actuelle dans sa grande majorité établit des diagnostics, se base sur la nosographie. SI le DSM n'est pas utilisé, alors comment cette nosographie l'est-elle, avec quelle référence ?
     
    Restons sérieux. Vous dites aussi : "Promouvoir la parole, l'art et les échanges quotidiens n'a jamais été incompatible avec des "protocoles" de soins et ces mesures peuvent même en faire partie"
     
    Ah oui, l'art et la parole comme mesures… J'entends bien la démarche…ce sont des outils…oui, oui, les patients dans des protocoles de soins, avec une "promotion de la parole, de l'art qui peuvent "même" servir de mesures…c'est bien ça que je condamne, cette vision de l'individu, cette mécanisation affreuse…
    "Aujourd'hui, on peut encore soigner correctement des patients tout en respectant les lois…"
    Parce que le hacking ne respecte pas les lois ????? Parce qu'une pratique différente de la pratique standard (nosographique, basée sur des mesures, sur le traitement des symptômes) est hors la loi ? On croit rêver… Mais avez-vous lu mon texte ou bien simplement survolé ? 
    -> "Hacker est un art, l'art du bidouillage au sens noble, c'est à dire d'oser démonter, regarder en profondeur une pratique, une technique. Hacker c'est chercher pour bidouiller, c'est à dire changer quelque chose pour que cette chose soit au plus près de nos besoins réels, pas à un besoin déterminé par d'autres"
    Enfermer les personnes en souffrance 72 heures durant pour les "observer", les mesurer, c'est la Loi. Respectons la loi…
     
    @Mamie  Pour ce qui est des écoles et autres interprétations de guerres de chapelle, la mauvaise foi est toujours présente :
     
    " D'autant qu'une psychothérapie quelle qu'en soit la forme, une activité quelle qu'elle soit, n'a aucune chance de faire avancer les difficultés de la personne malade sans qu'un traitement ait jugulé les délires ou les hallucinations."
     
    Oui, tout à fait, je parle de médicaments alliés à ces techniques, pas de psychothérapie, art thérapie seules seule, mais avez-vous lu l'article ou bien seulement lu ce que vous vouliez lire ?
     
    Je vous rappelle le passage en question  : "C'est aider la personne à "soigner" cette souffrance en offrant des champs d'expériences et de relations différents : par la parole (psychothérapie institutionnelle), l'art (théâtre, psychodrame, musique, danse, arts plastiques), les échanges quotidiens (cuisine, ménage, fêtes). Et comme il y a «hack», il y a techniques, approches méthodiques, réfléchies, donc thérapeutiques, avec l'aide des médicaments adéquats quand ils semblent nécessaires. Sans improvisations ou expérimentations hasardeuses. Hacker la psychiatrie, c'est respecter l'homme ou la femme qui subit sa folie, c'est comprendre et faire comprendre cette folie, aider à la dompter. Pas tenter de l'éradiquer."
     
    Autant dire que faire dire aux autres ce qu'ils n'ont pas dit ne fera pas avancer l'histoire. Même lorsque l'autre prend le temps et le soin d'être précis.
     
    Ou bien c'est ce que l'on appelle du trolling : venir sur un forum, faire dire l'inverse de ce qu'il a dit à quelqu'un, tenter à tout prix de déconstruire sa pensée, le malmener, l'agacer en activant la plus profonde mauvaise foi pour qu'il s'énerve.
     
    Je ne marche plus dans les combines des trolls. Donc je n'interviendrai plus dans cet espace.
     
    Bien à vous.

  5. @ P.H: Au contraire, rester !  et pour ce qui es du trolling, je l'avais déjà constaté !
    Ce qui suit est une réflexion générale donc pas nécessairement adresser à vous !
    Sinon, ce que je peux constater au gré des articles et des commentaires est que au fond on n'en sait pas grand chose de cette "fameuse" folie; personne n'a raison, personne n'a tort parce que chacun réfléchit à partir de ce qu'il en croit ! ce qui est juste dommage, c'est de ne pas admettre que au nom du bien, on peut faire du mal !

  6. Il est un peu facile de partir sur ses grands chevaux, de prétexter le troll et de s'en aller comme un prince.
    Il faudrait un peu assumer vos écrits et notamment ce qu'ils sous-entendent : visiblement, vous considérez qu'aujourd'hui, pour être un bon psychiatre ou un bon acteur de santé mentale, il faut braver la loi et les protocoles. Et bien j'ose vous répondre que c'est faux.
    Vous sous entendez que les psychiatres consultent avec le DSM en guise de bible ouvert entre-eux et le patient. Je vous réponds que c'est faux.
    Et pour couronner le tout vous nous rétorquez que vous n'êtes pas un praticien de la psychiatrie. Et bien bravo, ça se voit.
    Votre démarche ressemble à une sorte d'incitation révolutionnaire totalement superficielle proclamée sans la moindre réflexion.
     
    Alors dites-moi : c'est quoi votre plan? Revenir un siècle en arrière? Dire aux patients qu'ils ne sont pas malades. Ne pas leur donner de diagnostic et les envoyer faire de la poterie pour être tranquille? Cultiver leur souffrance en affichant glorieusement leurs peintures dans nos bureau? Oh oui c'est de l'art mais où est le progrès?

  7. Ahlala, ces trolls…
    docteurmaboule le 7 septembre 2011 à 11 h 44 min a écrit : "visiblement, vous considérez qu'aujourd'hui, pour être un bon psychiatre ou un bon acteur de santé mentale, il faut braver la loi et les protocoles…Votre démarche ressemble à une sorte d'incitation révolutionnaire totalement superficielle proclamée sans la moindre réflexion"
     
    Houla, j'ai dit ça moi ?  "braver la loi et les protocoles ?". Diantre, cher Docteur, mais où allez-vous chercher tout ça ? Ca fait froid dans le dos quand même hein ? Il y aurait des professionnels qui braveraient les protocoles…houlala, mais il faut faire quelque chose, appelez la police, qu'on les enferme ces dangereux révolutionnaires. Mais bon, dans braver, il y a brave, hein. Et l'inverse de brave, c'est lâche…
     
    Comme je veux rester constructif, je vous incite à lire cet article, publié récemment sur ce même site des 39 et dans télérama (magazine réac, je vous l'accorde) : http://alturl.com/oyqev
     
    Comme vous le constatez (si vous acceptez de lire vraiment l'article), dans ce centre psychothérapique, cette clinique psychiatrique, on fait des choses que votre morale réprouve : " Ne pas leur donner de diagnostic et les envoyer faire de la poterie". Bon, c'est vrai, je crois bien qu'on ne leur donne pas de diagnostic (quelle bonté dans le terme "donner un diagnostic", comme si c'était un cadeau), mais on ne les envoie pas en atelier de poterie, je pense qu'on peut leur proposer de faire de la poterie, avec un thérapeute. Mais bon la nuance, on s'en fout. On envoie. 
     
    Mais là où ces dangereux révolutionnaires devraient être dénoncés, c'est quand "ils cultivent la souffrance des patients en affichant glorieusement leurs peintures dans leurs bureaux" !
     
    Ah oui, c'est vraiment dégueulasse ! Alors que vous, le bon docteur Maboule, vous suivez les protocoles, faites la promotion (terme de marketing très adapté) de la parole et de l'art, qui peuvent même être utilisés comme "mesures". Oui, quitte à faire, autant faire d'une pierre deux coups. L'art et la parole pour mesure, c'est moderne et ça semble "efficace". Ces salauds qui affichent des peintures de patients comme de vulgaires trophées ! Salauds ! Rétrogrades ! Escrocs !
     
    Ces gens n'utilisent pas des grilles d'évaluations cliniques. C'est grave. Très grave. Que peut-on faire pour empêcher ces réactionnaires qui veulent revenir un siècle en arrière (ce qui n'est pas rien quand même), alors que des grands professionnels tels que vous même, docteur Maboule, promotionnez le progrès, donnez des diagnostics (la classe quand même, faut le faire pour donner un diagnostic après 12 ans d'études) dans votre grande mansuétude ?
     
    En plus, j'ai osé parler de psychiatrie, alors que comme vous le dites si bien : "pour couronner le tout vous nous rétorquez que vous n'êtes pas un praticien de la psychiatrie. Et bien bravo, ça se voit."
     
    Oui, vous avez encore raison, car seuls les psychiatres comme vous peuvent comprendre et parler psychiatrie cher Docteur, car la psychiatrie appartient aux psychiatres seuls. Elle ne concerne au fond que les psychiatres. Les patients, les familles, les observateurs attentifs, eux doivent se taire. Parce qu'ils ne savent pas. C'est vrai. Le psychiatre seul sait ce qu'il se passe dans la tête du patient. Il suit le protocole, la loi, comme un bon praticien, et le patient est content.
     
    De mon côté, je suis un être vulgaire, je sais, et j'ai fauté, je me repends de ma "démarche qui ressemble à une sorte d'incitation révolutionnaire totalement superficielle proclamée sans la moindre réflexion." tel que vous le dites.
     
    Je ne sais pas réfléchir, je suis superficiel…vraiment, veuillez accepter mes plus plates excuses Docteur Maboule. N'appelez pas les forces de l'ordre afin que l'on m'embarque pour incitation révolutionnaire, hein ?
     
    Mais lisez quand même l'article, hein, on ne sait jamais vous pourriez apprendre quelque chose : http://alturl.com/oyqev
     
    Non ?

  8. Vous continuez visiblement à me désigner comme un "troll". Libre à vous de le faire mais je ne pense pas que mes interventions s'en trouvent décrédibilisées, au contraire. Je connais déjà les articles que vous me proposez.
    La clinique de St Martin est effectivement très bien mais pensez vous réellement que cette approche est généralisable à la souffrance psychique dans son ensemble? Petit indice : la réponse se trouve dans l'article lui-même.
    Pour le reste, votre propos ironiques n'ont guère d'intérêt en dehors de celui de rebondir "platement" sur mes interventions (notez le paradoxe). Il est bien regrettable que vous ne souhaitiez pas discuter plus sérieusement pour être en concordance avec la situation très sérieuse de la santé mentale en France.

  9. Mamie a raison, les oppositions entre psychiatres n'aident pas les patients. Bien sûr, les psychiatres ont leur façon de faire, qui peuvent différer fortement. Et certaines pratiques, qui peuvent virer à la maltraitance sont à combattre. Le problème, c'est quand on s'accroche à ses principes sans jamais se remettre en question face au patient. Cette histoire de diagnostic est un bon exemple; pourquoi vouloir à tout prix ne pas en donner? Je crois qu'il faut s'adapter au patient et répondre à ses questions. J'ai beaucoup souffert avec les psys qui préfèrent mourir que de donner un diagnostic, mais ce n'était pas leur problème. J'étais angoissée, je ne cessais de me demander ce que j'avais, comment ça pouvait évoluer, etc… Je n'arrêtais pas de poser des questions auxquelles on ne me répondait jamais et c'était épuisant. J'ai pu commencer à avancer quand j'ai eu un diagnostic et accepter ma maladie. Ces psys avec leur refus de diagnostic ne m'ont pas aidée, au contraire. Mais s'ils ont devant eux quelqu'un qui ne veut pas savoir, ne pose pas de questions, très bien, pas de diagnostic. De même, j'ai eu un psychologue d'inspiration analytique, c'était un cauchemar pour moi. S'est-il remis en question? Pas du tout, sa méthode était la seule et l'unique et moi la fautive. Je n'ai rien contre sa façon de faire, je suppose qu'elle convient à d'autre, mais pourquoi ne pas m'avoir envoyée chez quelqu'un d'autre plutôt que de m'enfoncer pendant deux ans?
    Il y a beaucoup de façons de faire en psychiatrie, le mieux serait de réfléchir à ce qui convient à chaque patient et avoir l'humilité de le dire quand on ne peut pas le faire.

  10. Il est fort dommage que le blog de Docteur Maboule soit désormais fermé, il y avait des titres d'articles fort intéressants…enfin, disons, pas vraiment dans le sens du collectif, mais une approche de la psychiatrie y semblait très présente…
     
     

    Sainte-Anne, hôpital psychiatrique
    Votez pour le risque nucraël
    Le soin sans consentement serait donc liberticide et sécuritaire…
    La thérapie d’acceptation et d’engagement
    La chambre des âmes oubliées
    Votez fientologue!
    Antidépresseurs ou engrais pour neurones
    Génétique et psychiatrie
    Neurones et schizophrénie

    Je crois mieux comprendre pourquoi ses interventions sont orientées comme elles le sont. 
    Mais comme nous sommes sur le site du collectif des 39, je rappelle la charte du collectif, du moins le début, la totalité est sur le site dans l'onglet "nos valeurs", en haut  :


    "La folie n’est concevable qu’irréductiblement liée à la condition humaine.
    Contrairement à la maladie somatique, il existe une modalité particulière de souffrance psychique liée à certains modes de structuration subjective. Elle ne relève pas d’une causalité linéaire mais d’un déterminisme pluri factoriel marqué du sceau de la complexité.
    Détachés des idéologies marquées du pragmatisme, l’art et les techniques psychiatriques prennent en compte la personne dans son ensemble : il s’agit de soigner quelqu’un et non une maladie."


    On peut donc s'épuiser à dire que dans le cochon tout est bon, la réalité est que le collectif des 39 a pris un engagement précis. Donc la réflexion sur ce qui "est le mieux pour le patient" a été effectuée, et ce, depuis longtemps par ces personnes.
    De là, je ne salue pas le troll. A moins qu'il ne remette en ligne les articles de son blog : nous pourrions ainsi échanger. La critique est facile, l'art est difficile…



  11. "On peut donc s'épuiser à dire que dans le cochon tout est bon, la réalité est que le collectif des 39 a pris un engagement précis. Donc la réflexion sur ce qui "est le mieux pour le patient" a été effectuée, et ce, depuis longtemps par ces personnes."
    Ca veut dire qu'on ne peut plus en discuter? Les 39 savent ce qui est bon pour nous, point barre? Franchement, c'est le genre de choses qui m'énerve dans les écoles psys, quelles qu'elles soient: nous on sait, on a raison et on n'en parle plus. Les psy savent ce qui est bon pour leurs patients, ceux-ci n'ont plus qu'à obtempérer et leur avis n'intéresse personne. Très décevant de la part des 39, s'ils pensent la même chose que vous. Exactement le genre de façon de penser qui éloigne tant de gens de la psychiatrie, car on est aidés par des psy qui ne connaissent pas notre bien à notre  place mais qui nous aide et nous accompagne dans le chemin qu'on a choisi, parce ce qui est mieux pour nous est un choix personnel.

  12. Tout à fait d'accord.
    Ce que vous me dites Mr PH, c'est tout simplement que pour intervenir ici, il faut adhérer à votre façon de voir. Je trouve ça hautement détestable.
    Oui, j'ai l'audace de penser que le soin sans consentement n'est pas foncièrement liberticide ni sécuritaire. Je pense qu'il est hélas nécessaire. Je ne condamne pas les TCC à tout bout de champ, au contraire, je me trouve réduit à les défendre, ce que je trouve totalement absurde… Je suis par ailleurs très critique envers la psychanalyse, mais pourtant, je ne me considère pas moins humain pour autant. Ceci peut vous paraître incroyable mais c'est vrai.
    Si il vous plait à penser que je soigne les patients moins bien que les autres, je vous en prie, mais ne venez pas me dire que je n'ai pas le droit de venir discuter ici, et surtout, arrêter de vous cacher derrière cette ironie méprisante et osez débattre avec de vraies idées. Si vous vous exprimez publiquement, il faut vous attendre à recevoir des critiques qui ne vont pas forcément dans votre sens et surtout ne pas vous contenter de les balayer en prétextant un troll…

  13. C'est vrai que je ne comprends pas l'intérêt de permettre les commentaires si quand on est en désaccord on est un troll, et quand on nuance on s'égare du chemin du "bien du patient", décidé par les 39, et apparemment immuable et valable pour tous. Si on peut juste approuver, la fonction j'aime de facebook suffit.

  14. Je trouve que DocteurMaboule est un beau parleur et je parle en connaissance car je suis se psychiatre depuis quelques mois et je peux dire que si la psychiatrie est représentée par lui et c'est ce que je crois, elle est dans de sale drap et là aussi c'est ce que je crois.
    Quand on parle de psychiatrie arrêtons de parler d'idées mais plutôt de statistique et là…la psychiatrie depuis 100 ans n'a jamais présentée de statistique faites par des organismes indépendants, jamais et lorsqu'ils y en a voilà ce que ça donne http://www.mensongepsy.com/fr/?p=4151
    Alors Messieurs soyons un peu sérieux et évitons les beaux parleurs ne croyez-vous pas?

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