>La psychiatrie gouvernée par les normes américaines (LePoint.fr)

 

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Le manuel américain des troubles mentaux déshumanise la médecine et veut à tout prix faire entrer les malades dans des "cases".

Le Pr Maurice Corcos part en guerre contre le fameux DSM (Diagnostic and Statistical Manuel) américain. Ce psychiatre et psychanalyste, qui dirige le département de psychiatrie de l'adolescent et du jeune adulte à l'institut mutualiste Montsouris de Paris, s'insurge contre "le nouvel ordre psychiatrique", tel qu'il est enseigné aujourd'hui dans les facultés de médecine. Et il le fait savoir dans le livre qu'il vient de lui consacrer*. Il regrette la seule prise en compte des faits et donc la disparition de toute interprétation subjective, ce qu'il considère comme une grave régression pour les malades. Et il s'emporte contre la réduction des existences à de simples accidents biologiques.

Dès l'introduction, le ton est donné : "La pensée stérilisée par l'apprentissage à répondre efficacement à des QCM (questionnaires à choix multiples) pour valider leurs examens" réduit les étudiants en psychiatrie à "collecter les symptômes que leur impose le DSM, les additionnant sans fin, puis les soustrayant pour aboutir à un résultat qu'ils livrent joyeux comme le bon élève qui a vaincu une équation à une inconnue. Mais l'équation a plusieurs inconnues et l'homme, surtout quand il devient "fou", sont une machine déréglée qu'aucune check-list ne parviendra à résumer…"

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14 réflexions sur « >La psychiatrie gouvernée par les normes américaines (LePoint.fr) »

  1. Si j'ai bien compris, une spécialité médicale voudrait se baser sur les faits et se passer de toute interprétation subjective? Je dirais que c'est la moindre des choses lorsqu'il s'agit de soigner. Quant aux rapports entre l'interprétation subjective et l'humanisme, où est-il?

  2. paroles de psychiatres psychanalystes
     
     
     
    PROFESSEUR DANIEL WIDLOCHER
    Ancien chef du service de psychiatrie – Hôpital de la Pitié-Salpêtrière, Paris
    "Par rapport à aussi bien la psychose que l’autisme il y a une explication qui est traditionnellement utilisée c’est qu’une dépression maternelle pendant la grossesse ou dans les premiers mois de la vie aurait altéré la relation mère enfant et pourrait être responsable de ces troubles graves."
    "les autistes ne parlent pas par ce qu'ils ne sont pas assez stimulé à la parole"
     
     
     
    DR ALEXANDRE STEVENS Psychanalyste ECF
    Psychiatre en chef de l’institution pour enfants le Courtil, Tournai
    "On n’est pas câblé neurologiquement pour le langage. La psychanalyse s’inscrit pas là si vous voulez… on n’est pas câblé pour le langage, bien sûr il faut avoir les capacités de parler mais l’essentiel est que le langage justement il est hors de l’organisme"
     
     
     
    Genevieve Loison, pedopsychiatre, à propos d'autisme :
    "Pour moi j’ai soit la fusion soit l’abandon complet et le vide. Soit l’un soit l’autre, les deux pôles. C’est pas pareil. Mais quand ils sont complètement dans le vide, mais moi ce que je rencontre ici, dans le cabinet, c’est plutôt une fusion, les abandons complets je les vois pas ils vont en institution."
     
     
     
     
    Alexandre Stevens, pedopsychiatre
    "Parfois quand la mère est déprimée, in utéro enfin pendant qu’elle est enceinte, ou à la naissance, ça peu, parfois l’enfant peut être autiste."
    Geneviève Loison, pedopsychiatre
    "Il y avait pas de lien du tout. Des mères qui les ont, si peu de liens, même pendant la grossesse, et après, il y a pas de lien du tout, et l’enfant est abandonné on se demande même comment il a pu être conçu, mais ils sont conçus quand même. Il est complètement dans le vide, la grossesse n’est qu’organique, l’enfant n’existe pas en tant que personne. Il est complètement dans le vide relationnel. Et ça ça donne ce que dit Bruno Bettelheim oui bien sûr. " ( en parlant d'autisme )
    Aldo Naouri, pediatre
    "Et pourquoi est-ce qu’il n’a pas ou plus d’inceste mère fils ? Pour une raison simple c’est que l’attitude maternelle à l’endroit des enfants qu’ils soient garçons ou filles est une attitude d’essence incestueuse spontanément. Le rêve de toute mère c’est que son enfant ne manque de rien, la disposition maternelle à l’endroit de l’enfant est une disposition incestueuse, donc elle n’a pas besoin de passer à l’acte. Dans son attitude, il y a déjà suffisamment de choses, elle ne passe pas à l’acte"
     

  3. Jaqueline Schaeffer, psychanalyste
     
    L’inceste paternel ça fait pas tellement de dégât. Ça rend des filles un peu débiles, mais l’inceste maternel ça fait de la psychose. C'est-à-dire des, c’est la folie. Il ne peut pas y avoir d’inceste maternel, d’un garçon avec sa mère, sans qu’il y ait un énorme trouble mental, c’est pas possible. A cause justement de cette fameuse barrière, mais la fille avec le père, elle est pas issue du père, hein, elle a pas été dans le ventre du père ; donc il y a quelque chose voyez c’est un inceste secondaire, moi je dirais ça. Alors que l’inceste primaire, le véritable, c’est la mère. C’est de pénétrer la mère. Et les garçons qui pénètrent leur mère ils sont psychotiques. Alors que la fille non. Les filles peuvent, on a beaucoup d’expérience de filles avec un inceste paternel, se débrouillent pas trop mal. Bon, on ne peut pas dire que ça va très très bien. Il y en a qui sont très très mal, il y en a qui sont moins mal, et puis il y en a qui se débrouillent en… autrement. Ce que je disais, un petit peu débiles. Mais c’est… c’est très différent.
     
     
    Laurent Danon Boileau, psychanalyste
     
    Moi si l’enfant ne fait rien de toute la séance, si je somnole à côté de lui ça m’est égal. Je suis habitué à ça dans mon travail de psychanalyste. Mais ça suppose un certain nombre de trucs. 1) ça suppose de pas s’emmerder quand on pense avec ses idées à soi. 2) ça suppose aussi de ramer à l’encontre de tout un fonctionnement social qui veut que on est pressé par le temps, c’est bien gentil tout ça mais quand même, et si l’enfant est encore comme ça dans dix ans c’est pas vous qui allez, etc. Tout cela est vrai, je me mets dans la position d’être psychanalyste, ça veut dire de n’avoir ni mémoire ni attente, et à partir de ce moment là il se passe quelque chose, et ça c’est une attitude je pense qui est une attitude psychanalytique, profondément.

  4. non..ce sont les paroles tirées du film "le mur; la psychanalyse à l'epreuve de l'autisme"
    http://www.autistessansfrontieres.com/lemur-site-officiel.php
     
    dans ce film qui date de spetembre 2011, les psychanalystes expliquent, par leurs theories sur la sexualité ce qu'est l'autisme, et comment le traiter.
     
    Actuellement ce film est l'objet d'un proces : 3 des psychanalystes interviewés veulent l'interdire d'exploitation ( censure )
    voila toute l'histoire avec la revue de presse ici
    http://autisteenfrance.over-blog.com/pages/Historique_autour_du_film_le_mur_de_Sophie_Robert_et_revue_de_presse-5965434.html

  5. "les cases" dont on parle sont tout simplement des ensemble de signes permettant d'evaluer et de traiter au plus juste les patients et bien au contraire je l'ai vu dans ma pratique cela permet d'avoir un regard sur l'autre plus empathique plus comprehensif.Quand on explique aux gens le fonctionnement scientique,biologique du cerveau de telle ou telle personne souffrante ou differente par un mecanisme intellectuel il comprend accepte l'autre dans sa difference ses difficultes au lieu de le rejeter d'en avoir peur ou de l'ignorer.
    les maladies du reste du corps sont classées pourquoi pas celles du cerveau?
    pourquoi avoir une classification farnçaise?est ce que pour le cancer il y en a une française une ecossaise et d'autres filnandaise,russe ou congolaise?
    helas certaines personnes souhaitent conserver cette classification pour des raisons obscures
    non gardons notre bon sens restons humbles vis à vis des patients et aidants ,permettons leur de s'epanouir tout en utilisant des outils validés scientifiquement et ayant fait leurs preuves partout dans le monde et respectons les en se remettant sans cesse en question..

  6. hum..oui une remise en question est necessaire, particulièrement pour des professionnels affirmant en 2011 que l'autisme est une psychose provoquée par la mere trop deprimée ou trop distante ou trop fusionelle…des professionnels chefs de services. des professionnels ayant la main mise sur l'autisme, ne laissant pas de place à d'autrs approche que la leur…approche reconnue par l'etat français.
    approche invalidée par la communauté internationale, et exclue du domaine l'autisme dans tous les pays civilisés sauf la france et l'argentine.

  7. Je vous avoue mon incompréhension du courroux de l'auteur envers l'idée d'un d'ordre mondial tentaculaire et malveillant bafouant les droit élémentaires des patients Français.
    Il existe une réalité incontournable qui peut être nous permet de désamorcer l'indignation de l'auteur:
    nous ne sommes pas assujetti au DSM IV des Etats Unis d'Amérique, mais nous sommes tenus de fournir des diagnostics du CIM 10. Ces diagnostics sont issus de notre participation à l'Organisation Mondiale de la Santé. La Fédération Française de Psychiatrie les recommande, comme le Comité National d'Ethique, et la Haute Autorité de Santé.
    Par exemple pour l'autisme, nous pouvons continuer à proposer des points de vues subjectifs tels que Dysharmonie, Psychoses, et autres cases issus des diagnostics Français. Cependant, pour de raisons d'essais cliniques validables, pour l'épidémiologie, pour la recherche, pour des repères partagés tout simplement, les diagnostics du CIM 10 doivent être écrits et dis au moins en termes d'équivalent. (Recommandations nationales actuelles)
    Une pensée exclusivement binaire porte peut être la conviction inébranlable qu'un accompagnement de type cognitiviste comportementaliste exclue l'intérêt porté à l'histoire et au vécu de la personne. 
    Peut être que cette pensée exclue la possibilité que d'autres repères cliniques que les siens puissent améliorer la vie quotidienne des personnes malades ou handicapées.
    Résumons:
    – Soit les personnes Françaises atteintes de troubles psychiques bénéficient ou bénéficiaient de droits accrus avec l'application de la subjectivité de l'auteur.
    – Soit ces mêmes personnes présentent des signes et des besoins différent à travers le monde et ne vivraient donc pas avec les mêmes maladies ou handicaps.

  8. Bonjour à toutes et à tous,
     
    "La psychiatrie gouvernée par les normes américaines"
    "Gouvernée par…" 
    … à condition que la psychiatrie soit à ce point en perte de repères pour accepter d'être gouvernée.
    Et sachant que, comme le disait très justement Freud, "gouverner" est l'un des 3 "impossibles"!
    Les 2 autres étant: éduquer et… psychanalyser!
    Toujours selon Freud, mais vers la fin de sa vie.
    Oui car quelques années auparavant, il considérait que les 3 impossibles étaient:
    – éduquer
    – soigner
    – gouverner les peuples
     
    Et puis, étant lui-même médecin à l'origine, il a reconnu qu'il avait toujours conservé de gros espoirs que la médecine et la pharmacie découvrent des médicaments capables de soigner efficacement  les troubles psychiques qui résistaient à la cure psychanalytique.
    C'est pour cette raison qu'il a remplacé l'impossible "soigner" par l'impossible "psychanalyser".
    Précisons que par ce terme "impossible", Freud qualifiait toute entreprise d'éducation, de soin, de gouvernance et de psychanalyse, qui était "d'emblée assurée d'un succès insuffisant" d'après lui.
    En d'autres termes: on ne peut pas éduquer quelqu'un, soigner quelqu'un, gouverner quelqu'un ou psychanalyser quelqu'un avec l'assurance d'un succès total au final.
    Par conséquent, dire " j'ai été éduqué"," j'ai été soigné", "j'ai été gouverné" ne signifie rien.
    Et "j'ai été psychanalysé" ou "analysé", encore moins!
     
    BJP

  9. Sur cette question du DSM, voir cet article récent de la revue destinée à des infirmi(è)res : ACTU Soins, sous le lien suivant :
    http://psychiatrie.crpa.asso.fr/196/
    Cet article au moins, joint un point de vue d'un ancien patient qui a pâti de l'utilisation abusive du DSM et des conséquences de cette utilisation.

  10. Comme d'hab', on va trouver autant de personnes qui diront "le DSM IV est beau et bon" que de personnes qui diront "le DSM IV est laid et mauvais".
    Et qu'allons-nous faire de tout ça, sachant qu'un tel manichéïsme ne peut que nuire à toutes et à tous, a fortiori quand il est pratiqué pour critiquer une production humaine, tellement humaine?
    Allons-nous dire: "Les pro-DSM IV, combien de divisions? Les anti-DSM IV combien de divisions?", puis jeter de l'huile sur le feu des uns et des autres et faire "Ksssss…Kssss… " pour les regarder mieux s'entretuer afin d'exorciser par procuration nos propres démons?
    Je dis:" non, je refuse cela car je ne suis pas de ceux-là."
    Au revoir,
    BJP
     
     

  11. 1) le comportementalisme cognitivisme n'est intéressant que quand il s'occupe aussi de la personne, de son vécu ; j'ai une sainte horreur des "questions-réponses" qui ne sont que des grilles incomplètes dans une relation avec un patient
    2) je ne suis pas d'accord pour l'autisme que les psychanaylstes essaient re "relier" soit avec une fusion soit avec un rejet mère/enfant ; je pense que cette approche est stérile
    3) je ne pense pas que l'autisme soit une psychose infantile ; d'ailleurs je pense que l'autisme n'a rien à voir avec la psychose ; les observations et repérages des enfants autistes font penser à des états psychotiques mais ne sont pas issus des mêmes causes et ne doivent pas être pris en charge de la même manière. Je pense plutôt comme certains psy américains (psychanal.) que l'enfant autiste développe comme l'enfant dit normal une névrose classique ou une psychose. Il n'y a rien de définitif chez l'autiste. D'ailleurs, c'est bien pour cela que des autistes révèlent des capacités d'adaptation.
    4) En partant du pré-conçu que l'autisme n'a rien à voir avec la psychose infantile, notre regard va changer et les signes que nous cherchons et nous interprétons n'existeront plus.  L'autiste n'a pas cette dissociation, ce morcelement de la personne dû pour l'enfant psychotique à un "lien" mère-enfant nocif avant l'âge des 9 mois (mélanie klein). Il est dans la difficulté de "ses sens" et de les utiliser normalement.
    5) Bien que dans le courant psychanalytique, je pense que l'autisme est une modification liée à des perturbations au niveau du cerveau (chimique ? autre ?) et que les neurosciences nous renseigne-ront. Je connais des mères-enfants autistes, il ne m'apparaît pas que le lien soit nocif (fusion ou rejet), la relation est plutôt normale et bonne avec seulement une profonde culpabilité.
    6) Concernant le DSM comme tout manuel médical, il ne peut être utilisé que comme support, guide, aide mais n'est certainement pas "La référence" d'un bilan psy ; le regard est multiple et les regards croisés sont toujours intéréssants…… même les professionnels doivent se méfier de leurs interprétations, leurs subjectivités, leurs Inconscients (qui parlent sans parler).
    mylène hadelin    thérapeute

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