> Expérience(s) cinématographique(s)

SEMAINE  CINEMATOGRAPHIQUE

 

 

organisée par CINEFIL (Blois)

 

À la marge…

expérience(s) cinématographique(s)

 

du jeudi 10 au mercredi 16 mai 2012

 

 

Expérience(s) cinématographique(s) : « Des films il y en a beaucoup, les expériences sont rares ». L'association Cinéfil propose une semaine d'aventures filmiques, largement accompagnées, pour témoigner d'expériences collectives avec le cinéma en ligne de mire.

Loin de figer « la marge » dans une représentation du pathos ou une visée stigmatisante consistant à montrer les fous, les pauvres, les exclus de la société, les marginaux – ce qui revient à ériger des frontières entre soi et les autres, à figer un territoire – nous souhaitons non pas séparer mais rassembler ; ajuster la focale, donc le regard, sur un paysage « pathique », à la manière d'un voyageur qui lors d'une traversée s'éprouve et éprouve le monde.

Il ne s'agira pas de projeter une « contre-image » en réaction à l'image souvent désastreuse que l'on donne de la folie ou de ceux qui sont exclus de la norme, mais d'accompagner le spectateur en l'invitant à augmenter ses connaissances en produisant une ouverture du regard.

 

« L'image ne peut être dite historique qu'à condition de rester vivante » (Agamben). Le cycle que propose Cinéfil explorera les liens étroits entre cinéma et histoire, en traversant plusieurs domaines tels que la folie, la lutte, le politique, l'art, « la caméra… outil thérapeutique » et la musique.

 

« Il n'y a de la vie que dans les marges », disait Balzac. Comment cela peut-il se traduire en images ? Nous baignons tous les jours dans un excès d'images. Même les festivals sur « cinéma et psychiatrie » sont à la mode… Chaque « festival » comporte toujours le risque de massifier les choses et de fétichiser ; de trop grands projecteurs ont tendance à écraser ce qu'ils veulent montrer, alors que « ce qui compte, c'est ce qui ne se voit pas ». Travail invisible (Jean Oury).

 

Pour une marge possible et nécessaire. Laisser apparaître dans l'image ce qui est « sans-image ». C'est ce que Walter Benjamin appelait « le refuge de tout image ».

 

Marge, marque, marche. Un certain cinéma; en dehors ou en marge du circuit économique classique (qui fait l'économie de l'économie) sera notre visée. Sortons du formatage, de la narration ficelée… de la « monoforme » (Watkins).

 

UN AVANT-GOÛT DE LA PROGRAMMATION ET DES ÉVÈNEMENTS…

 

La semaine « A la marge… expérience(s) cinématographique(s) » de Cinéfil se tiendra du jeudi 10 mai au mercredi 16 mai 2012 à Blois et ses alentours.

Nous sommes heureux d'accueillir durant cette semaine Patrick Leboutte, critique, essayiste, professeur à l'INSAS en Belgique, éditeur de la collection DVD – Le Geste cinématographique, Éditions Montparnasse (Fernand Deligny, Jean Rouch, Jean Vigo, Jean-Louis Comolli, …).

 

Le cinéma pour lequel milite Leboutte est celui qui « répare là où le marché sépare » : « Le cinéma ne devrait pas être ce qu'il a l'habitude d'être dans une époque de standardisation des images ou même le cinéma d'auteur est formaté ».

 

Patrick Leboutte nous convie à venir « travailler » avec lui du samedi 12 au lundi 14 mai, lors de trois modules autour du thème suivant : « Le cinéma dans son plus simple appareil », à savoir des discussions à partir d'extraits filmiques pour aborder « le geste documentaire : une expérience artistique » et « parole des femmes, mémoire du peuple ».

Dans la matinée du dimanche 13 mai nous partirons en balade-cinéma avec Patrick Leboutte, une marche dans-autour de Blois.

 

La semaine sera rythmée par de multiples occasions de discuter. Ainsi, vendredi 11 mai, en soirée, Sébastien Layerle (professeur de Paris III), invité du « Café Historique » (Rendez-vous de l'Histoire), animera un débat autour du « cinéma militant », la « caméra en lutte ».

 

Tout au long de la semaine, Cinéfil propose plusieurs films au Cinéma Les Lobis, à Blois. Quelques-uns sont déjà réservés :

 

      Le grand' tour ; de Jérôme Le Maire, avec la fanfare « la casserole » des Montils, ouverture du cycle, le jeudi 10 mai

      Les chants de Mandrin. Film de l'auteur, scénariste, acteur et producteur Rabah Ameur Zaimeche.

      Le plein pays ; d'Antoine Boutet.

      Regard sur la folie suivi de La fête prisonnière; de Mario Ruspoli, en séance unique, en présence de Jean Oury

 

PSYCHOTHÉRAPIE INSTITUTIONNELLE…

 

Inter-Club : expérience de la marge dans les ateliers de cinéma en milieu institutionnel

L'après-midi du samedi 12 mai 2012 sera consacrée à une présentation de films réalisés par les ateliers cinéma des cliniques de La Borde, Saumery et La Chesnaie.

 

L'Inter-club des trois cliniques dites de « psychothérapie institutionnelle » a organisé en amont du cycle proposé par Cinéfil plusieurs séances de visionnage d'une dizaine de films, court et moyen métrages, suivies de discussions, échanges et in fine sélection avec les pensionnaires et soignants.

Cette expérience de rassemblement collectif, assidu, donnera un résultat pour le moins inattendu en matière de cinéma et ouvrira un questionnement sur : Où se place la caméra ?, Dans quel contexte se situe-t-elle ?, Qui filme et fait le montage ?, Comment construire un film de façon collective ?, Qu'est-ce que filmer et être filmé ?, autant de questions sur la marge dans la marge pour un partage.

  

Regard sur la folie suivi de La fête prisonnière (1962) ; films de Mario Ruspoli

Ce film sera diffusé le dimanche 13 mai, en fin d'après-midi, en séance unique, en présence de Jean Oury, fondateur et médecin-directeur de la clinique de la borde.

 

Artisan et théoricien du cinéma direct (terme qu'il a proposé en contraste avec cinéma-vérité d'un Jean Rouch ou Joris Ivens) dans les années 60, Mario Ruspoli filme l'hôpital psychiatrique de Saint Alban avec une caméra 16mm Coutant et un magnétophone synchrone (avancées technologiques).

Les séquences filmées dans cet hôpital témoignent du début de la psychothérapie institutionnelle. On y voit François Tosquelles, réfugié du franquisme, à l'écoute du comité de rédaction du journal Le trait d'union, ou encore le psychiatre Roger Gentis à l'écoute au chevet d'un malade.

Parfois les images seront hors synchrone, la liberté du son et de l'image est devenue possible.

Michel Bouquet lit un commentaire en voix off, magnifique ! Extrait d'Antonin Artaud.

 

Le cinéma de Mario Ruspoli, tel qu'il le définit dans son manifeste « le groupe synchrone cinématographique léger », veut être dans un rapport direct qui ne déforme pas ce qui se passe là par la présence de la caméra. Pour cela, les trois personnes de l'équipe de tournage devront se mouvoir comme un seul corps (impossible sans une amitié et une confiance forte) qui doit devenir invisible. Appartenir au paysage, se faire oublier pour laisser apparaître.

 

Mario Ruspoli a su capter ce moment inaugural de la psychothérapie institutionnelle dans ses dimensions politiques et historiques. Tout comme Tosquelles met en cause la psychiatrie, Ruspoli veut expérimenter un nouveau cinéma. Ils partagent une même éthique qui restaure la parole comme lieu de vérité, dans une non-hiérarchie de filmants-filmés, soignants-soignés, dans une présence et une attente réceptive.

Questionnons ce partage.

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