>Le pari des « évadés du bocal »

Il faut saluer le pari des « évadés du bocal » de provoquer une rencontre entre artistes, patients et « psychistes ». J’ai déjà remarqué samedi dernier lors de la rencontre entre radio citron et la patat’ose rémoise l’effervescence créatrice qui régnait en ce lieu. Et j’ai trouvé cela bien réjouissant !

 

Le week-end dernier, je participais à un colloque de psychanalyse, où certains analystes s’inquiétaient d’un risque d’idéalisation de la folie dans ce mouvement de révolte et de subversion de l’institué que nous avons impulsé. Ce risque est évidemment toujours possible avec une esthétisation de la souffrance qui ne serait qu’une imposture !

 

Nous avons effectivement connu cela dans l’après 68, et beaucoup dont j’ai été avant que la pratique m’ouvre la comprenette, n’ont pas échappé aux mirages de l’antipsychiatrie, qui consistait en un simple renversement.  Il aurait suffi d’exalter la créativité de la folie pour arriver à la guérison en se passant de toute médication, comme d’ailleurs de tout travail psychanalytique !

 

Ce renversement comportait cependant sa part subversive en mettant en mouvement toute une génération, mais pour nous confronter aussitôt à une très grande déception. La folie comporte sa part d’une souffrance quelquefois immense, et appelle une hospitalité qui ne saurait se réduire à une simple gentillesse ou à la cruauté des bons sentiments.

 

L’approche psychothérapique analytique et en particulier de psychothérapie institutionnelle suppose une immense exigence chez les thérapeutes, les soignants et toutes les personnes qui se risquent à l’accueil. Il nous faut construire tout un support et en particulier le support des clubs thérapeutiques pour créer des espaces de réalité partagée, et dans ce partage il faut insister sur le partage sensible des choses matérielles, des  affects et des émotions. Ce qui n’a rien à voir avec une absence de distinctivité entre les places, et surtout les fonctions. Tenir compte en permanence de la disparité subjective dans le transfert qui peut s’instaurer et se déployer y compris dans ces lieux où il s’agit d’organiser ensemble une fête, un repas, une exposition ou un festival comme aujourd’hui ; c’est cela le point crucial que je voudrais faire ressortir aujourd’hui.

 

C’est aussi une leçon forte de l’après-coup de  l’illusion antipsychiatrique ! Nous ne pouvons pas nous contenter de nous montrer gentils et de porter notre badge à la boutonnière « Quelle hospitalité pour la folie ? ».

 

Ce serait un peu trop simple et même carrément idiot de laisser croire à cela. Ce n’est pas parce que nous nous mobilisons avec les patients contre une loi cruelle et folle qui nous propulserait dans l’univers de Big brother, qu’il faudrait pour autant céder à la répétition.

 

Certes quelque chose se répète dans la joyeuse effervescence qui se produit dans les lieux, encore trop rares encore, qui se mobilisent aujourd’hui. Car il faut quand même garder à l’esprit que nous sommes encore minoritaires, même si nous arrivons en ce moment à mettre en mouvement toute la Psychiatrie. Pourtant la psychiatrie se trouve aujourd’hui particulièrement déglinguée, avec une entreprise de démolition qui dure depuis 25 ans et qui a instrumentalisé et perverti le mirage de l’antipsychiatrie pour en faire un cauchemar. Les patients sont mis à la porte des hôpitaux avant même d’aller mieux, et il s’agit d’aller toujours plus vite dans une espèce de frénésie où les humains sont traités comme des marchandises. A ceci près que la folie résiste à ce traitement comme elle a résisté au renfermement asilaire. Mais un grand nombre de patients en payent le prix-très fort- et se retrouvent déjà à la rue ou en prison.

 

On nous promet demain de nouveaux lieux de renfermement et mieux encore l’internement à domicile !

 

On se demande comment une telle folie sociale a pu germer, prendre forme et que certains aient soutenu cela comme un progrès qui rendrait le déni soluble dans la loi !!

 

Toujours est-il que la loi  est passée une première fois au parlement, et que la majorité étant ce qu’elle est, elle arrive au Sénat.

 

Il faut quand même remarquer, et je le dis d’autant plus que j’y croyais peu : la mobilisation du groupe des 39 a eu un impact absolument incroyable, bien au-delà des cercles restreints de nos connaissances, que de nombreuses personnalités des arts, des lettres et de la politique ont signé notre appel. Et que la quasi-totalité des media a quasiment pris notre parti. La plupart des journalistes ont été saisis par la folie de cette loi, alors qu’ils étaient indifférents à la chose psychiatrique jusqu’alors ; nous informant même des divisions et du malaise de la droite, de l’absence  du seul député psychiatre, Nicolas Dhuic, retourné discrètement dans son département pour ne pas avoir à voter ni à défendre cette loi. 

 

D’autres signaux ne trompent pas : mon directeur d’HP a dit ouvertement son embarras devant une loi inapplicable, et pire encore des membres de l’ARS et de la MDPH m’ont demandé des badges des 39 !

 

Il se passe donc quelque chose de très intéressant dans cette crise où la destruction programmée de la psychiatrie se trouve entravée, remise en cause dans un débat qui est devenu public.

 

Fait nouveau aussi que la présence des patients qui prennent la parole, témoignent, et s’engagent aussi chacun à sa manière et à son rythme.

 

Il est remarquable que dans cette période de grande adversité et de menaces explicites, il n’y ait jamais eu autant de vitalité qu’actuellement dans les collectifs au travail. Je veux parler des collectifs où une psychothérapie institutionnelle se pratique et se réinvente chaque jour.

 

Bien au-delà des blasons, ce qui importe c’est de s’inscrire dans cette transmission de Tosquelles, Oury et tous les autres qui nous ont précédés. D’où le travail dans ces collectifs sur l’intime intrication entre l’aliénation politique et l’aliénation à l’inconscient et au langage.

 

La seule manière me semble-t-il d’être fidèle à la transmission dans la quelle nous nous inscrivons, ce serait de la réinventer sans cesse en considérant la fondation  de la Pi comme toujours à venir.

 

Je ne vois pas comment nous pourrions faire autrement si nous voulons éviter un « arrêt sur image » et l’idéalisation d’une geste héroïque qui aurait tendance à énerver les meilleurs parmi les jeunes qui arrivent dans le métier. 

 

Cette posture par rapport à la transmission de la PI mais aussi de la psychanalyse, constitue un des motifs cruciaux de ce qui m’anime, et de ce que j’essaie de mettre en pratique dans la clinique comme dans mon enseignement. Transmettre ainsi l’alliage hétérogène des théories et des auteurs qui ont compté pour la fabrication de ma boite à outils conceptuelle et me permettent de m’orienter dans ma clinique.

 

Ceci pour dire qu’il n’est pas de clinique transmissible sans une théorisation permanente. Il ne suffit pas en effet de construire un dispositif le mieux fourni possible en réunions de supervision, encore faut-il arriver à produire un mouvement permanent d’analyse institutionnelle, autrement dit de remise en cause de l’institué.

 

Cette subversion nécessaire de l’institué m’aura ainsi permis de traverser de  multiples strates, celles inaugurales de l’antipsychiatrie, comme celle de la psychanalyse mise en place de signifiant ultime de l’institution.

 

Je crois qu’il faut vraiment insister sur la place des clubs thérapeutiques comme outil indispensable de cette subversion. Se mettre sur un pied d’égalité, mettre entre parenthèses les statuts professionnels et construire ensemble des espaces vivants, c’est le principe toujours à relancer.

 

C’est par le biais du club que le centre Antonin Artaud a été fondé depuis 30 ans, après plusieurs années de formation à cette pratique, où nous avons redécouvert les fondements de la Psychothérapie Institutionnelle. D’où la rencontre avec Jean Oury qui se poursuit aujourd’hui : son enseignement bien sur, mais surtout ce qu’il transmet de ce désir indestructible qu’il met au travail en nous branchant sur notre arrière-pays. Dimension d’une poiésis de la rencontre qu’il s’agit de viser si nous voulons éviter la routine et les stéréotypes ; je ne parle même pas de protocoles qui sont l’exact opposé de ce qu’il s’agit de faire. Avec cette bêtise imposée par la HAS et l’Etat il s’agit de ruser et de désobéir pour continuer à faire notre boulot.

 

Encore un mot sur le club : il est important de ne pas isoler cette méthode dans un lieu qui deviendrait bien vite un isolat clivé du service, mais de le concevoir comme une dimension d’horizontalité structurante de l’ensemble des espaces de soin. D’où la multiplicité des clubs dans le service : 5 fédérés par le Grillon et articulés au GEM la Locomotive que nous avons délibérément articulé aux autres clubs. 

 

Depuis maintenant plus de 15 ans, il existe un club intrahospitalier qui ne cesse de faire scandale en organisant avec les patients la vie quotidienne, et en proposant quotidiennement des moments de rencontre autour de la vente du café et des friandises, en tenant à un rythme de plus en plus soutenu des repas confectionnés en commun et en s’articulant au club extra-hospitalier. La circulation est ainsi encouragée quotidiennement entre l’intra et l’extra, de même qu’entre les lieux éclatés dans la ville.

 

D’où l’importance de moments de rassemblement fréquents et institués pour que l’équipe mette au travail les enjeux cliniques de cette circulation, et aussi des AG où chacun quel que soit son statut peut prendre la parole, et surtout que cette parole soit prise en compte. 

 

D’où l’importance aussi de ce qui se joue dans les interstices entre ces moments institués et à quoi il s’agit d’être sensibles et attentifs. 

 

Il faut enfin insister sur la dimension du transfert, qui est bien autre chose qu’une simple relation affective, alors qu’il met en jeu la dimension du désir inconscient.

 

Tous nos dispositifs même les mieux construits ne seraient pas grand-chose s’ils ne prenaient pas en compte cette dimension du transfert qui ne saurait être la concession exclusive d’aucune profession. Nous sommes très bien placés pour savoir qu’un être en souffrance s’adresse à qui veut l’entendre et l’accueillir, et qu’il s’agit de prendre en compte la dimension multifocale et imprévisible de cette adresse. Ainsi certains cherchent des « oreilles fraiches » parmi les nouveaux arrivants dans l’équipe, et il faut également être sensible à la réalité des transferts latéraux. S’il n’y avait pas ces transferts latéraux entre patients qui s’appuient sur l’entraide mutuelle et une dimension d’hospitalité diffuse dans le Collectif, nous ne pourrions guère y arriver.

 

Cela peut paraitre paradoxal à certains, mais si nous voulons soutenir un désir d’analyse, c’est en nous gardant de toute fétichisation corporatiste et stérilisante qui cantonnerait l’analyse au seul exercice d’une profession.

 

Vous pouvez constater que je ne fais qu’un rappel d’une méthode de travail dont nous constatons chaque jour l’efficacité symbolique, à rebours de toute pratique d’évaluation comptable. Et que cette pratique s’inscrit donc à contre courant du discours dominant actuel qu’il s’agit de combattre en nous mobilisant avec tous ceux qui refusent ce qui s’apparente à une sorte de barbarie.

 

Quand le député Guy Lefrand, rencontré pendant la manif du 15 devant l’assemblée, commence par agresser cruellement des patients de radio citron, puis nous annonce qu’il s’agit que les psychiatres cessent l’exercice de la psychothérapie, et que ce soit les psychologues qui pratiquent des thérapies courtes et réadaptatives, il s’agit d’une déclaration de guerre contre la PI et contre toute pratique psychiatrique fondée sur l’accueil et l’écoute du sujet. Et c’est ce qui nous est promis pour le plan de santé mentale de la rentrée, avec toute la déclinaison du programme de Fondamental (dépistage précoce, diagnostic précoce et recherche fondamentale !)

 

D’où la mobilisation qui s’impose urgemment contre ce projet de loi qui va repasser au Sénat en Mai, contre l’horreur des soins sous contrainte en ambulatoire dont le protocole sera décidé en conseil d’Etat, et puis aussi contre tout ce que ce projet véhicule de haine froide et de barbarie à l’égard des patients.

 

Je vous invite donc à venir nombreux à la manif politico-poétique devant la statue de Pinel samedi 9 avril de 14H à 18H.

 

Il y aura des interventions d’artistes, de patients, de soignants et de tous ceux qui voudront faire entendre leur voix pour refuser énergiquement toute cette saloperie, mais aussi pour créer ensemble les conditions d’une psychiatrie à refonder dans la transmission vivante de ceux qui nous ont précédé depuis 50 ans !

 

Patrick Chemla


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11 réflexions sur « >Le pari des « évadés du bocal » »

  1. Le sénat peut virer à gauche d'après Mediapart. Mais je sais les députés auront le dernier mot. Peut-être vais-je faire le voyage. Seulement en tant que malade et en maux en ce moment, je ne sais si je dois. Si je n'ai pas le courage alors toute mes pensées seront pour votre manifestation.

  2. Merci mr Chemla d'exprimer si bien les raisons de votre engagement et votre rejet de la politique que l'on nous promet. Des thérapies courtes et réadapatatives, quelle horreur !! PLus d'attention à la souffrance et à la vérité d'un sujet. Ce sera comme sous Vichy avec les projets pour l'enfance inadaptée, projets heureusement interrompus par la Libération. Il y avait les adaptables, le semi-adaptables et les inadaptables et ceux-ci pas besoin d'être grand clerc pour deviner ce que serait devenu leur sort en fin de compte.
    Et franchement, je trouve que ce projet de loi actuel et toute la "philosophie" qui l'accompagne ( je dis philosophie entre guillemets ,car ce projet de loi est loinde réflèter l'amour de la sagesse), ont franchement des relents nauséabonds, et qui sentent le bruit des bottes et des chemises brunes. Les psychiatres devenus des auxiliaires des forces de justice et de police, des psychologues, des instruments dociles du conditionnement cérabral et du lavage de cerveau, des infirmiers redevnus des gardes -chiourmes et des malades redevenus des "déments",, voilà ce qui nous attend avec ce projet de loi.
    Protestons tous, soignés, soignants, familles, amis ou simples citoyens,contre la mise au pas de la société et la mise au ban de toute une partie de la société que veulent nous imposer ces funestes propositions de loi.

  3. Vivement Samedi que la poésie résonne et raisonne aux pieds de Pinel !
    Cher Zyplox il conviendrait de ne pas se contenter de la "tolérance" mais plutôt d'exiger la reconnaissance !
    Vive le feu Vive les Fous!

  4. Sroccs, il faut savoir raison garder (quand on à la raison), des raisons "d'exiger" nous en avons. Mais le temps est aux discutions et aux palabres… Quand viendra le temps des exigences, nous cesserons aussi d'être tolérants. En attendant gardons la tête froide et rallions la capitale encore et encore, nous venons en paix (mais en car cette fois !).
    @ Bientôt

  5. Ah comme cela fait du bien à l'âme d'entendre et de lire le Dr Chemla à propos de sa pratique et de cette réforme infâme ! Nous serons là samedi, avec Radio Citron, pour se tenir chaud au coeur pendant que nous avons froid dans le dos.
    En attendant, si vous le souhaitez, vous pouvez participer à la cyberaction n°400 sur le site des cyberacteurs.org, et d'un clic, envoyer une lettre de refus de cette réforme à votre député et à vos sénateurs. Cette cyberaction est initiée par des membres du Collectif des 39 et Radio Citron. A faire suivre à tous vos contacts !
    Faisons du bruit ! A samedi.
    A samedi !
    Armelle de Radio Citron

  6. Que cela fait plaisir de vous lire à l'heure où les psychanalystes de notre institution s'applatissent devant les demandes des "certificateurs", poids , taille , éducation à la santé,EVS, …plus question de temps , d'écoute , de transfert , de pensées , de rencontres, de sens…


  7.       Patrick Chemla,
     
    Votre article, entre historicisation et problématisation, pointe un certain nombre d’impasses auxquelles est confrontée la psychiatrie, aujourd’hui menacée de démantèlement, et celles auxquelles pourrait être confronté le collectif des 39, s’il n’y prenait garde (idéalisation de la folie, déni de la souffrance, fétichisation de la créativité, aveuglement compassionnel). Vous proposez à la suite un ensemble de solutions qui prend en compte ces impasses et permet de les dépasser, notamment grâce aux outils de la psychothérapie institutionnelle, laquelle constitue dans le soin mental, une subversion thérapeutique, à la fois  « raisonnée », respectueuse de l’humain, pragmatique et créative.
    La mobilisation du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire et la réforme de la psychiatrie constitue donc un réveil salutaire et l’occasion de remettre à plat les conditions et les moyens de l’hospitalité et de la clinique, entre expériences  innovantes mais respectueuses des subjectivités, transmission des « savoirs y faire » avec la folie, et théorisation dynamique.
    Un bémol, cependant… Chacun prêche pour sa chapelle, quoi de plus normal ! Reste  qu’à trop tirer la couverture, moins à soi (dans votre cas), que pour une obédience particulière, le mouvement des 39 risque de ne plus parler que d’une seule voix et de ne s’exprimer que dans un seul style.
    Ne serait-il pas plus judicieux d’articuler dialectiquement les différents abords de la folie, en se gardant comme vous le dites très justement de « toute fétichisation corporatiste (stérilisante) » ? Le corporatisme comporte toujours, peu ou prou, des engluements méthodologiques et théoriques, le risque de dérives doctrinales.  Si les clubs thérapeutiques constituent une avancée considérable dans le soin mental et le lien social, (ont sans conteste une efficience symbolique et résolutive), ils ne sont pas la seule solution pour refonder une psychiatrie défendant la notion éthique du sujet, et sa clinique.
    Se mobiliser contre le projet de loi qui va repasser au Sénat en mai, nécessite, me semble-t-il, le recours à ces principes intangibles  qui nous viennent de la Déclaration de l’homme et du citoyen et du Conseil National de la Résistance. Ils ont l’avantage d’être consensuels. Résister efficacement, c’est aussi lutter contre les divisions internes (à venir). Ce qui importe au premier chef, dans la manif politico-poétique du 9 avril, c’est la rencontre entre « artistes, patients et  psychistes », et ses effets de transfert partagé, autour d’une cause commune, supportée par des principes transcendant (et non pas annihilant) les différences.
    Cette cause, nous ne pourrons la défendre efficacement que de la place où chacun nous nous situons (y compris en termes de désir), et en renforçant le lien d’engagement commun par nos complémentarités. 
    Le dernier mot devrait revenir à la folie, en tous ses sujets (en toutes ses diversités subjectives). C’est l’occasion de dire ici, combien ils nous apportent à nous « psychistes », combien ils nous enseignent. Par parenthèse, je n’aime pas le terme de « patients » : trop réducteur…
     
    Solidairement
     
     
    Catherine

  8. Bel article ! L'effervescence actuelle revendique de plein droit son droit à la Parole ; l'anti-psychiatrie avait ouvert "des portes" et a certainement contribué à des réflexions et des pratiques. 
    Toute médaille a son revers, et bien sûr qu'il faut être vigilant à éviter l'instrumentalisation, le renversement dans une polarité opposée pa

  9. par des passages à l'acte.
    L'acte de créer, de donner à voir, de donner du Sens (poésie et psychiatrie) (autres arts) ouvrent une dimension humaine et thérapeutique que notre société ne permet plus ou dans des cadres conventionnels décidés. 
    Le mouvement anti…. , le mouvement contre….. s'il est intelligent et "pensé" ne peut qu'être bénéfique dans ce contexte de lois sécuritaires, et effectivement de mise à mal "du sens clinique" depuis si longtemps.
    La mobilisation est individuelle et collective…. Regarder la souffrance "sans voir" et "sans entendre" n'est pas concevable….. Etre le témoin d'aliénations obligatoires et sans réel souci de soins concerne autant l'infirmier psy que le psychiatre (même quand ce sont des fonction-naires).
    Ne rien dire, ne rien faire, c'est cautionner la souffrance que l'on fait à l'Autre. Quel est donc ce miroir, ce renvoi de Soi qui permet cela ?.
    mylène hadelin   thérapeute

  10. Un grand merci pour toutes ces réactions à mon article. Les enjeux qui nous occupent ne sont pas seulement "sécuritaires" mais tiennent à une conception de la folie et du soin psychique. L'intervention de LeGuen à la manif du samedi 9 avril a montré comment une partie de la gauche pouvait être séduite par le discours scientiste du lobby de l'association Fondamental. Et aussi nous considérer comme des idéologues refusant les avancées de la science! Il est très important de soutenir la pertinence et la rationalité de nos "expériences de la folie", qui ne consistent pas à idéaliser la souffrance, mais de considérer l'accueil du sujet, de sa parole,de ses agirs et de ses actes comme fondé en raison. D'une raison qui se laisse enseigner par la folie et l'inconscient freudien. Nous aurons une tâche infinie pour soutenir cet enjeu, après en avoir fini avec cette loi infame. Pour le moment donc unité de tous contre cette loi, mais dans le travail, toujours, la dimension de subversion permanente de l'institué pour accueillir le non encore advenu à la parole…    

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