24 réflexions sur « >Une loi délirante (soins psychiatriques-enquête, Télérama du 27 août au 2 septembre) »

  1. http://zyplox.perso.sfr.fr/lapagedudocteurbaillon.htlm.html
    Cet article humaniste en diable qui valorise la pratique de la psychiatrie telle qu'elle devrait être et dénonce les méfaits de cette loi indigne m'amène encore une fois à la conclusion que ce sont bien les pratiques qui sont à revoir. Ce que j'ai subi qui date de mai 2011  et donc antérieur à cette fameuse Loi est le parfait exemple de ce que dénonce le docteur Baillon à savoir mensonge et coercition (avec  faux et usage de faux comme je viens de le découvrir avec mon dossier médical). Je pense que le Collectif des 39 aurait aussi plus à gagner en dénonçant (qui permettraient ainsi de rassurer les patients ou futurs patients) les pratiques de certains établissements, en ouvrant plus de dialogue et  en clarifiant ce qu'il se passe derrière les murs d'un HP. Mon généraliste me disait hier qu'il y régnait effectivement beaucoup d'opacité; j'ajouterai de l'abus de pouvoir aussi !
    Dénoncer une Loi, c'est bien mais se remettre en question, c'est mieux !

  2. Le drame de cette loi est de ne prendre en compte qu'une période spécifique : "La crise" – Et encore un certain type de crises spécifiques : Celles où la personne n'a plus conscience de ses troubles et n'est plus en capacité de consentir à ses soins. Il est nécessaire à ce moment là que ces personnes puissent accéder aux soins  car c'est un droit qu'elles ne peuvent plus mettre en œuvre seules. Oui, une grande loi sur la psychiatrie, incluant organisation de la prévention,  du soin intra-hospitalier, du  suivi extra-hospitalier, recherche, médico-social et social était préférable, prenant en compte la spécificité de la psychiatrie qui ne peut être organisée comme le somatique.
    Il faut espérer deux choses : que le plan psychiatrie et santé mentale réponde effectivement  aux attentes  et qu'il soit plus généreux que la loi du 5 juillet qui n'a bénéficié d'aucun des moyens humains ou financiers nécessaires pour sa mise en application. Il faut faire avec les moyens du bord.
    Cependant, je souhaite que tout le monde prenne conscience des conséquences d' un point  de cette loi :
    1) l'audience devant le juge des libertés pourra être publique ou en chambre du conseil (sans public) ou en audience de cabinet (sans public) L3211-12-2.

    – 2) En tout état de cause, quelle que soit la forme de l'audience, la décision du JLD devra être rendue publiquement. C'est mot pour mort, ce que dit la circulaire du 21 juillet 2011, du Ministre de la Justice, page 9  : http://www.sante.gouv.fr/IMG/pdf/Circulaire_CIV-03-11_du_21_juillet-3.pdf
     
    Pour ceux qui ne le savent pas, ce sont les certificats médicaux circonstanciés décrivant très précisément les troubles mentaux, justifiant une hospitalisation sans consentement (à défaut la mesure est  illégale) qui serviront au juge pour fonder et motiver sa décision. Comment pourrait-il décider sans cela ?
    Autrement dit, dés que l'audience est publique, n'importe qui peut entendre le nom, l'adresse, et la description des troubles mentaux de la personne malade. Au nom de la transparence de la justice, on a oublié de protéger les malades de la divulgation de leurs informations personnelles et de santé. Il n'y a plus de secret médical. Si on peut le comprendre pour les cas (rares)  où il y a pu avoir des actes répréhensibles comment justifier une tel manquement à la dignité d'une personne dont le seul tort est d'être malade ?
    D'ors et déjà des journalistes sont dans les salles d'audience ! Je n'oublie pas non plus les dealers et les sectes qui n'ont même plus besoin de prendre le risque d'aller dans les hôpitaux pour trouver une clientèle fragilisée par un des moments les plus difficiles de leur maladie.
    Pour ceux qui ont la chance de pouvoir travailler mais qui ne sont pas à l’abri d'une crise, quelles conséquences vis-à-vis de leur employeur ?
    Enfin quel drame possible entre la personne malade et le tiers demandeur des soins, lorsque ce malade  subit  le déballage de ses troubles publiquement ?
    Lorsque ces audiences ont lieu à l'hôpital et qu'elles sont publiques (mais n'oublions pas qu'en tout état de cause le rendu de décision du juge doit être public et il n'y a pas de rendu de décision sans éléments la justifiant) , n'importe quel autre malade circulant librement peut y assister, de même pour le personnel. A quoi sert de protéger les données informatiques (dossiers patients, dossiers infirmiers) de toute intrusion dans ces conditions ?
    Idem pour les Visio-conférences. La personne assermentée est tenue à la confidentialité. Pour quoi faire, puisque de toute façon le rendu de décision est public !
     
    Un gouvernement n'est pas immuable. Qui peut dire quel gouvernement nous aurons dans l'avenir, qui peut dire quelle utilisation pourra être faite un jour de ce qui aura été rendu public ? Aurait-on oublié les heures les plus noires de l'Europe ? Est-on si certain qu'elles ne reviendront jamais ?
     
    Voilà, j'aimerai bien, quelles que soient les critiques que l'on peut faire sur cette loi, quelles que soient les difficultés organisationnelles, quelles que soient les différences de point de vue, d’Écoles, ou autres, que le patient soigné en psychiatrie, nécessitant une hospitalisation sans son consentement,  soit traité comme n'importe quel autre malade dés lors qu'il n'a commis aucun acte répréhensible et qu'il ait droit comme tous les malades à la confidentialité de ses informations de santé comme de ses informations personnelles. 
    Certaines personnes malades causent bien plus de torts, souvent mortels,  que les personnes atteintes de maladie mentale pourtant on ne divulgue pas leur maladie sur la place publique. Je pense en particulier aux maladies transmissibles.
    Cette loi a tout de même pour titre : Loi relative aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques ……
    Le premier droit et la première protection, c'est le secret médical que la loi de 1990 respectait.
     

     
     

     

  3. « L'intervention d'un juge est un garde-fou positif, mais il faut dire que dans le département, les hospitalisations abusives sont extrêmement rares », précise Alain Rogez, président de l'Union des amis et familles de malades mentaux 64 (Unafam).
    Ben voyons on va le croire sur parole ce brave monsieur de l'UNAFAM. Surtout s'engueuler avec des agents SNCF vaut une HDT vraiment on croit rêver. En effet dans ce cas il ne doit pas y en avoir beaucoup d'internement abusif.
    Vraiment trop drôle cet article

  4. « Si la famille hésite à faire entrer son proche dans un engrenage qui dépasse le cadre médical, il y a un risque que la personne reste sans soin et devienne plus dangereuse. » Et pour Chloé, l'hôpital – en vieux français hospital – doit rester un lieu d'hospitalité mais aussi de confidentialité : l'idée d'audience publique la révolte
     
    Oui moi aussi

  5. Tout de même :
     
    Hormis l'Unafam, qui a perdu un certain nombre (non communiqué) d'adhérents en prenant position pour la loi, les autres associations de familles la jugent « tape-à-l'oeil et inapplicable »

  6. N'y a-t-il pas moyen de se baser sur le respect du secret médical pour contrer cette façon d'appliquer la loi? Je n'y connais rien en droit, mais le secret médical n'est-il pas une obligation légale?

  7. Voici l'extrait :
    "La tenue de l'audience

    – Audience publique ou en chambre du conseil
    L'article L. 3211-12-2 du code de la santé publique détermine les modalités selon lesquelles le juge des libertés et de la détention préside l'audience et statue, quelle que soit la procédure selon laquelle il est saisi (recours facultatif ou contrôle de plein droit).
    En premier lieu, la loi n'entend pas déroger au principe inscrit dans l'article 11-1 de la loi n° 72-626 du 5 juillet 1972 et rappelé par l'article 433 du code de procédure civile, selon lequel les débats sont publics.
    Toutefois, elle réserve expressément l'application de l'intégralité de cet article 11-1, dont l'alinéa 3, rappelé par l'article 435 du code de procédure civile, prévoit que le juge peut décider que les débats auront lieu ou se poursuivront en chambre du conseil s'il doit résulter de leur publicité une atteinte à l'intimité de la vie privée, ou si toutes les parties le demandent, ou s'il survient des désordres de nature à troubler la sérénité de la justice.
    Dans tous les cas, la décision devra être rendue publiquement."
    Aucune mention n'est faite sur le respect de la confidentialité du dossier médical du malade qui va être étalé en plein publique par la justice. Il est vrai que seul le médecin est tenu au secret médical mais vraiment le fonctionnaire qui a pondu cette note est un imbécile patenté.
    C'est signé Laurent Vallee, vallée de larme devant tant de bêtise

  8. http://www.groupeinfoasiles.org/allfiles/documents/110718lecturecritiqueRapportHAS.pdf

    L’hôpital psychiatrique est lui aussi un environnement qui a été largement et est
    encore trop souvent non seulement pathogène, mais meurtrier. Au décours de son rapport, la
    HAS elle-même émet des critiques sévères, parfois voilées, parfois même pas !, des pratiques
    psychiatriques actuelles en France : pp. 57s, à croire qu’elle se prend pour l’IGAS, elle
    énumère une liste impressionnante de mauvais fonctionnements des équipes hospitalières
    susceptibles de provoquer des comportements violents chez certains patients ainsi
    environnés !! Citons entre autres “l’absence d’intimité”, “une trop forte concentration de
    patients désorganisés”, “programmation d’activités insuffisante”, “manque de disponibilité et
    d’écoute”, “autoritarisme et attitudes punitives” qui font “dérailler le processus de soin”…
    Elle intitule ce long passage ainsi : “Certaines situations institutionnelles peuvent contribuer au
    risque de survenue de moments de violence durant l’hospitalisation”. Ailleurs, la HAS
    souligne (p. 26) que des psychiatres commettent des erreurs de diagnostic ou prescrivent des
    traitements inadaptés ou bien trop tardifs par non repérage des signes d’appel (pp. 59s), que
    “le seul jugement clinique” reste “aléatoire” (p. 52). Elle dénonce (p. 29) “un manque de
    rigueur clinique, un traitement inapproprié ou d’une durée insuffisante, la
    désinstitutionnalisation sans dispositif de soins alternatif en ambulatoire” comme “facteurs
    associés au risque de violence”, de même que les “pseudo-alliances thérapeutiques” qui
    peuvent faire illusion (p. 49 par exemple ou la note 10, p. 53). La HAS dénonce aussi (p. 40)
    le cloisonnement institutionnel : le “fréquent clivage des structures de soins” rend difficile la
    mise en place de traitements conjoints qui seraient pourtant indispensables, en cas d’addiction notamment.
    Je suppose que Le Collectif des 39 dénonce aussi les pratiques de ses chers confrères et consoeurs ?!!
    Ce que j'ai subi m'a amené à cette réflexion que j'ai partagé avec le psychologue que je rencontre: "qu'en est-il de ces personnes fracassées qui par manque de moyens financiers ou tellement détruites qu'elles n'ont plus la force de lutter, continuent-elles une vie de terreur ? cela les mènent-elles au suicide ? existe-t-il des recherches à ce sujet ? " Manifestement, l'HAS a étudié la question, mais pourquoi rien ne bouge alors ? Encore une fois est ce la Loi qui pose problème ou bien les pratiques ?
    La réponse du psychologue a été: " on ne le sait pas "; on  ne le sait pas parce que tout le monde s'en moque ou bien encore est-il plus facile de charger une personne et de se déresponsabiliser ?

  9. Pour ma part je suis pour le fait qu'il y ait audience publique. De toutes les façons les parties au procès peuvent toujours demander que l'audience ait lieu en Chambre du conseil (c'est à dire à huis clos) à charge d'argumenter leurs demandes en sorte d'être suivies par le JLD. Depuis le 19ème siècle, les hôpitaux et enceintes psychiatriques ont pratiqué, de concert avec les familles de patients (les secrets de famille les éhontés et les plus criminels, tels les incestes!), la société, l'environnement, l'Etat, les autorités de police, les pires exactions au titre de prétendues prises en charge psychiatriques, le tout au secret asilaire et néo asilaire le plus strict. Dans le pire des étouffoirs. Celui, psychiatrique, où si le dément s'oppose, sa parole ne valant rien … On s'en fiche et on le broie! Y compris en commettant des soignants d'une hypocrisie noire qui vous diront que c'est pour votre bien …
     
      Le fait qu'enfin, la presse puisse couvrir des audiences publiques où sont statués des internements, et où les internés peuvent se défendre, faire valoir leur point de vue. C'est un progrès. Un énorme progrès.
     
      Le secret médical a traditionnellement et d'abord été opposé aux patients eux mêmes pour qu'ils ne puissent pas savoir les saloperies portées sur eux à pleins dossiers de détentions ou d'internements psychiatriques, en plein dans leurs espérances de vie, dans un quelconque espoir d'une quelconque dignité.
     
      Navré donc de détonner, par rapport à vos réactions. Je suis pour la publicité des débats, assortie de la possibilité de demander le huis clos si besoin, mais seulement si besoin. Et bien entendu le fait que ces décisions  des JLD, qui sont des décisions de justice, soient publiques, est un principe général du droit, qui ne peut pas être dérogé en l'espèce.
     
      Voir sur notre site: http://psychiatrie.crpa.asso.fr /

  10. Joseph, je n'ai toujours pas bien compris quel était votre lien avec la psychiatrie (patient, soignant, famille ou autre) mais je crois que vous ne comprenez pas très bien ce que représente le fait de dévoiler publiquement sa maladie.
    Mon entourage est au courant de ma maladie, mais il m'a fallu plus de dix ans pour l'assumer, et encore, dans ma famille ça reste un non-dit. Ne plus cacher sa maladie doit être un choix. Avant, j'avais peur que les gens l'apprennent. Il y a des gens à qui ça peut porter préjudice dans leur travail ou leur entourage. Il y aussi une angoisse profonde liée au fait que les gens savent, qui peut facilement tourner à la parano et être une réelle souffrance. Même aujourd'hui, alors que je me fiche de l'avis des gens, j'ai parfois certaines réticences: j'ai parlé avec ma psy du fait d'aller témoigner dans une école d'infirmières, et puis j'ai pensé que ces mêmes élèves allaient venir acheter leurs livres dans la librairie où je travaille et dans mon rayon. Ca m'a gênée, même si je veux le faire, et alors que je l'assume et que je vais bien. Et si ça m'a gênée, ce n'est pas par honte, mais parce que je sais que ça va être source d'angoisse pour moi. Alors imaginez l'effet sur quelqu'un qui ne l'assume pas, ne choisit pas de le dévoiler et va mal.
    Il y a beaucoup de pays où les magistrats se déplacent à l'hôpital, ce n'est pas la peine d'ameuter du monde et des journalistes par-dessus le marché.
    On ne parle pas seulement des internement abusifs, mais de droits pour tous, y compris et surtout les gens souffrant de maladies mentales, et je ne vois pas pourquoi le secret médical devrait être bafoué en psychiatrie.

  11. Bonjour à tous,

    J'ai lu avec intérêt vos réactions. Je vais être encore plus clair dans ce que j'ai dit précédemment. Les premiers intéressés à ce que les audiences soient publiques sont effectivement les sectes qui sous couvert de défendre les patients, les attirent pour mieux profiter de leur faiblesse.  Et oui un jour le patient sera peut être héritier d'un patrimoine ou d'une assurance pour laquelle ses parents se seront "saignés" afin d'assurer l'après eux.
    Tout le monde sait que les dealers s'infiltrent dans les hôpitaux psychiatriques pour vendre un paradis illusoire. Plus besoin de prendre ce risque, il suffit de se présenter à domicile en ayant relevé les noms et adresses lors d'audiences publiques.
    Merci à Laurence pour son témoignage. Il est si dure de construire une vie avec ce type de maladie, le regard des autres peut être si difficile à supporter lorsqu'ils sont au courant mais dans l'ignorance de ce que sont réellement ces maladies avec en plus des fantasmes plein la tête ! Cela m'évite de développer le choc que cela peut être pour le malade d'être appelé à comparaître sans avoir commis aucun acte répréhensible. Alors devant un public, n'en parlons même pas ! sauf peut être pour ceux qui sont convaincus d'être tout puissant et  se verront conforter par cet auditoire inattendu.
    Dire ou ne pas dire à quelqu'un que l'on est malade, comme pour toute pathologie, appartient au malade et à lui seul. Qui accepterait que quelqu'un se permette de dire à autrui qu'il est atteint du sida, d'une hépatite, qu'il possède une poche pour recueillir ses selles ou ses urines suite à un cancer ou des prothèse mammaires,  qu'il (elle)  est stérile, frigide ou impuissant,  atteint d'une maladie rare, …. et j'en passe ? Certaines choses ne peuvent se dire qu'à une personne choisie et dans la confiance.
    Accepter aujourd'hui qu'il puisse y avoir une dérogation, c'est admettre qu'il puisse en être de même demain pour n'importe quelle pathologie. Et si Joseph, pour lui-même, a tout à fait le droit de parler de ce qui le concerne s'il est directement concerné, à quel titre peut-il parler pour les autres ?
    Les personnes malades, quelles que soit leurs problèmes de santé, se sont effectivement battues pour que leurs informations de santé leur appartiennent et qu'ainsi le corps médical soit obligé de répondre à leurs questions et ait obligation de les informer sur les propositions de soins, de traitement ou d'opérations chirurgicales,  incluant avantages et inconvénients, mais dans le même temps elles se sont aussi battues pour en revendiquer la propriété exclusive. Il faut tenir les deux bouts pour que la dignité de la personne soit respectée.
    En ce qui concerne les internements dits abusifs : J'ai effectivement vu des HDT et des HO annulés par la justice sur des défauts de procédure :  Erreurs de date, certificats manquants, ou insuffisamment  justifiés. Rarement, pour ne pas dire jamais sur le fond : Y a-t-il un besoin de soin ou non ? Sauf depuis les drames de Pau et de Grenoble qui ont été sur médiatisés. En effet, on a pu voir des Préfets maintenir des HO (tout à fait nécessaires au moment de la crise)  du fait des instructions ministérielles, par crainte de la responsabilité, alors qu'elles n'avaient plus lieu d'être. On a même vu quelques très rares cas placés sous HO dans l'urgence suite à altercations ou  beuveries, en cas où, mais ne présentant aucun troubles mentaux au bout  de 24h. Et pas toujours facile de faire levée l'HO qui n'a pas lieu d'être. Effectivement un Préfet n'a aucune compétence médicale mais il doit assumer la responsabilité. En cela l'intervention du JLD est une bonne chose. Encore faudrait-il qu'ils soient formés à ce que sont ces maladies pour trancher en connaissance de cause entre toutes les parties. Ce qui n'est pas le cas actuel mais le sera peut être si les magistrats et greffiers promis par le ministère arrivent un jour.
    Par ailleurs, j'aimerai aussi souligné, que les internements n'existent plus en France depuis 1990. Ils existent des hospitalisations libres ou sans consentement. Le choix des mots que l'on utilise est aussi très important pour marquer le respect que l'on doit aux personnes. Choisir volontairement des mots dévalorisants et stigmatisants n'est pas anodin. Ces mots participent au sentiment de honte de la personne malade et renforce les fantasmes populaires. Alors si quelqu'un souhaite les défendre qu'il commence par utiliser un vocabulaire correct : La contrainte peut être nécessaire lors d'une hospitalisation sans consentement. Mais elle n'est qu'un moyen et non le but. Le but c'est le soin dans le cadre d'une hospitalisation qui ne doit durer que le temps nécessaire, exactement comme pour une personne qui se trouve dans le coma lors d'un accident ou qui fait un arrêt cardiaque. On ne lui demande pas si elle accepte d'être soignée, elle n'est pas en état de répondre. Les médecins font en priorité ce qu'il faut pour sauver une vie. Dés qu'il sera conscient, ils informeront leur patient.
    Alors c'est vrai, pour certains l'hospitalisation libre ou sans consentement peut perdurer plusieurs années. Si on y regarde de près, il s'agit le plus souvent d'un problème en aval de l'hôpital : Certaines personnes ne peuvent absolument pas vivre seules par incapacité à s'occuper de leurs besoins prioritaires. Elles pourraient très bien vivre en structures médico-sociales ou en appartements accompagnés. Seulement voilà, les lits d'hospitalisations supprimés n'ont jamais été remplacés par les places ou accompagnements nécessaires. Faut-il pour autant mettre ces personnes dehors de l'hôpital ? Il y a quelques années,  un jeune homme de 25 ans est  mort. Placé, à sa sortie de l'hôpital, sans famille ou ami,  dans un logement dans un village, sans aucun commerce, bénéficiant d'une piqûre retard, comment aurait-il pu sortir  et faire les trois km à pied nécessaires pour faire ses courses ? Les services sociaux avaient pensé que dans un petit village sans histoire, il pourrait vivre une vie tranquille, loin de la ville ……
     
     

  12. Merci mamie pour cette précison: les informations médicales appartiennent aux patients.
    C'est ce que j'ai oublié de dire hier: si  me retrouver dans mon travail face à des gens qui seraient au courant de mon état de santé me gênerait, c'est aussi parce qu'au travail je suis libraire et c'est tout, et au-delà des questions d'angoisse, je n'ai tout simplement pas envie que les gens soient au courant.

  13. Pour répondre à mamie: autant pour la FORME que pour le FOND, ce que j'ai subi est ahurissant. Je suis sortie de là complètement traumatisée, avec des cauchemars, une perte de poids de plus de 12 kg, une terreur indescriptible. J'ai en ma possession le dossier médical qui a validé le fait que pour moi c'était plus une incarcération qu'autre chose, désolée si le terme ne vous plaît pas, parce que je ne souffre d'aucune pathologie psychiatrique, les 3 psychiatres que j'ai vu l'ont écrit, ni dépressive, ni délirante et pas d'angoisse, avais-je besoin de soin ? non. Pourquoi ai-je été contrainte ? par complaisance. Mais comme la plupart des gens ne portent pas plainte, pourquoi faire quelque chose d'à peu près cohérent ? Remarquez, ça m'arrange pour dénoncer que ce qu'il s'est passé n'était pas normal !
    Je sais que c'est difficile d'admettre que parfois il y a de belles bourdes qui sont commises, elles arrivent faute d'attention et d'écoute dans l'aveuglement de l'application de procédures et dans une totale perte  de vue de l'humain et quand je lis ou entends des témoignages concernant "l'excellente" façon dont on s'occupe des patients dans certains endroits, je peux vous assurer que ce n'est vraiment pas le cas là où j'étais. Remarquez j'ai vécu une belle expérience au milieu de cette horreur : lire des passages du Coran à un patient psychotique, pour lequel on avait pris soin de me dire qu'il était sédaté et donc calme. Amusant non ? les infirmiers préféraient rester à l'infirmerie, une "patiente" faisait leur boulot !
    J'ai fait le roseau, plié pour ne pas rompre, humiliée, maltraitée, niée, bafouée (je suis restée 9 jours incarcérés parce que même en hospitalisation dite libre, j'estime avoir été contrainte par la terreur); c'est quelques jours après ma sortie que tout m'est revenu en pleine tête, je viens de passer plus de 3 mois d'horreur, mais depuis que j'ai ce fichu dossier médical, je sais enfin que je vais retrouver ma dignité…Vous avez peut-être du mal à concevoir cela mais c'est hélas la vérité et à mes dépends !

  14. Merci à Laurence tout comme à Christel de leur témoignage.
    Vous avez raison Christel, il existe des services de psychiatrie dont on peut dire qu'ils sont en dessous de tout. J'ai souvenir d'une émission à la télévision en caméra cachée qui m'a renversée.
    Ce serait vraiment trop long d'expliquer comment les choses se passent chez nous, mais je peux témoigner qu'en  10 ans j'ai vu beaucoup de choses changer. A l'hôpital nous pratiquons ce que nous appelons la politique de l'erreur positive. Autrement dit, il y a un problème, une erreur, un incident, ou même plus grave, tout le monde se met autour d'une table : Psychiatres, infirmiers, aide-soignants, personnels de cuisine, de surface, …. représentants des usagers, et ensemble nous cherchons comment solutionner, améliorer, corriger. Le psychiatre n'est plus le "grand ponte" au dessus de tout le monde, et la personne qui lave les sols est tout aussi importante. Ce n'est pas un exercice facile. Mais ainsi chacun apprend quelles sont les difficultés de l'autre.  Du coup, cela se passe beaucoup mieux pour les personnes malades. Avec un bémol cependant : un recrutement de plus en plus difficile pour les infirmiers et pour les psychiatres. Les bords de la méditerranée sont tellement plus attrayants.  Et cela ne va pas s'arranger, environ 39 % des psychiatres de ma région ont plus de 60 ans. Les départs en retraite ne seront pas compensés par les  nouvelles générations !
    Christel, je ne sais que vous dire, d'autant que je crois comprendre que vous étiez en hospitalisation libre. Donc, vous pouviez partir à n'importe quel moment , en prévenant tout de même, ne serait-ce que par politesse, personne ne pouvait s'y opposer.  Donc, je ne comprends pas, du moins c'est en total désaccord avec tout ce que je connais de la psychiatrie chez nous. Mais, c'est vrai, il est arrivé que j'entende des témoignages très durs sur tel ou tel hôpital  à un bout ou l'autre de la France ! Une chose est vraiment positive dans cette loi, c'est l'obligation d'informer la personne hospitalisée de ses droits de recours. Je ne peux donner qu'un seul conseil à tous ceux qui me liront, les droits de recours sont inscrits dans le livret d'accueil de l'hôpital qui doit être remis à chaque patient à son arrivée. C'est une obligation légale. S'ils n'y sont pas, réclamez auprès de la  Commission des relations avec les usagers et de la qualité de la prise en charge, il y en une dans chaque hôpital et  de  votre Commission départementale des soins psychiatriques, il y en a une dans chaque département.  Dans ces commissions, il y a des représentants des usagers, ils sont là pour vous, alors informez les de vos difficultés !

  15. Le problème avec les livrets, commission, etc…, c'est que déjà on n'informe pas toujours les patients, ou qu'on les empêche même de faire valoir leurs droits. Un des mes amis est resté six mois dans le super HP filmé en caméra cachée, et quand il a voulu faire valoir ses droits, son psy a plaisanté devant lui avec un infirmier sur le fait que les patients ne gagnaient jamais contre les psy, puis lui a dit que s'il continuait, il pourrait très bien prolonger son HO d'un an! Au moins, quand on peut faire appel au juge, on est plus armé face à ce genre de situations. Et le fait qu'ils aient provoquer une septicémie chez une patiente par défaut de soins (dans le reportage) n'a pas changé grand-chose puisqu'on a voulu empêcher mon ami d'aller chez le dentiste pour je ne sais quel problème de paperasse alors qu'il avait un abcès, sans parler du fait qu'il est resté trois jours sans uriner et qu'il s'en est plaint sans qu'on fasse rien (il est vrai que les Urgences sont au moins à 300m). Ce n'est que quand sa mère est intervenue qu'ils ont agi, dans les deux cas Je ne rêve pas, le juge ne va sans doute rien y changer, mais un tiers, surtout un avocat, pour aider les patients dans des établissements pareils est une bonne chose, encore faudraient-ils qu'ils se déplacent pour juger de visu.

  16. @mamie: le point de départ a été motivée par une HDT…je ne nie pas qu'il y a eu un moment de crise motivée par une situation familiale (ma famille propre) et conjugale extrêmement difficile et douloureuse mais la façon dont a été jugulée cette crise est "hallucinante" et ce dès le départ; une accumulation d'invraisemblance, d'indifférence, d'incompétence et de non-respect de la Loi (il y a quand eu un faux et usage de faux). Je pourrais faire part de la requête qui a été adressée au TA mais comme la procédure est en cours, je ne pense pas le pouvoir. Je me permettrais juste de vous donner un exemple de cette fameuse "alliance thérapeutique et je le répète, je ne souffre d'aucune pathologie psychiatrique (attestée par 3 psychiatres ), ma présence en HDT  (illégale en plus ) ne servait à rien (écrit par un psychiatre) et pourtant on m' a contraint sur la base d'allégations familiales (famille qui avait intérêt à ce que je reste enfermée) et ce même psychiatre n'a cessé de me répéter : " Vous êtes seule, personne de veut de vous !", remarquez il avait raison, à ma sortie, je me suis retrouvée toute seule. Lors de cet enfermement, l'attitude de certains personnels dit-soignants a été tellement violente et le fait qu'on porte atteinte à ma liberté a engendré chez moi une terreur tellement  indescriptible que lorsque je me suis retrouvée en hospitalisation libre, je ne savais pas comment agir, on ne m'a rien expliqué, je ne savais plus comment agir parce que je craignais qu'on m'enferme à nouveau (j'ai été totalement niée). Avec ce que j'avais vécu, libre ne signifiait plus rien ! autre chose, la psychologue que j'avais été contrainte de voir a violé le secret professionnel. Bref je puis vous assurer que je n'exagère pas, j'ai vécu un  traumatisme, le comble dans un établissement qui se veut de soin !
    Je veux vraiment rendre compte du caractère invraisemblable et arbitraire de mon enfermement puisque le personnel de cet établissement ne prend même pas la peine d'agir avec cohérence et est hors-la Loi relevant à ce qu'il me semble d'une attitude de Toute-Puissance.
    Je rends compte de faits inadmissibles prouvant le marasme qui a cours aujourd'hui (mais hier aussi) et je veux souligner que même si , je considère que la Loi en cours n'est pas bonne, les professionnels de santé devraient aussi remettre en question leurs pratiques en ce qui concerne  la souffrance psychique en cela que les tenants et aboutissant relèvent d'une telle subtilité qu'il faut agir avec beaucoup de prudence et de discernement, ne pas s'enfermer dans des procédures qui standardisent les patients et surtout savoir reconnaitre en eux ce qui peut motiver sa représentation de l'autre dans le supposé savoir qu'ils peuvent avoir de cet autre.
    Je finirais en disant que je ne me plains pas pour me plaindre, je suis debout à continuer ma vie, je me prends en charge mais demeure cette terrible blessure.
    J'entends parfaitement qu'ils puissent y avoir des lieux où ça se passe bien et j'espère que ces exemples seront suivis par tous.

  17.   Je vous fais connaître une plaquette d'information des patients contraints sur leurs droits qui vient d'être mise sur pieds par les associations d'usagers Advocacy France et le CRPA . Vous pouvez trouver cette plaquette d'information sur: http://psychiatrie.crpa.asso.fr/162 
     
      Dans le même lien, un tract de 4 pages très bien fait de Sud Santé Sociaux dont la teneur correspond d'assez près à ce que nos associations d'usagers en désaccord prônent..
     
      La lutte continue pour les droits fondamentaux des patients psychiatriques tenus sous contrainte. Cette lutte passe évidemment par la lutte pour une due information des patients sur leurs droits. Cette information n'est d'ailleurs pas délivrée dans la très ample majorité des établissements gérant les mesures de contrainte psychiatrique!

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