>«On a besoin de psychiatres qui ne désertent pas» (Libération, le 29/11)

 

 

 

Par ERIC FAVEREAU

«Qu’est-ce que voulez-vous que je dise ? C’est une honte.» Hervé Bokobza, psychiatre et psychanalyste, ne cache pas sa gêne. Il répond à une question de Claude Finkelstein sur l’assourdissant silence des psychiatres devant la montée en puissance des chambres d’isolement pour les malades mentaux, devant les pratiques de contention qui se multiplient, devant l’abrutissement aux médicaments, et, en l’occurrence, devant la passivité des psychiatres de Nice qui n’ont rien dit après le licenciement d’une de leurs collègues, considérée comme responsable de l’évasion d’un malade détenu.

«On a besoin de vous, on a besoin de psychiatres qui nous défendent. Et non pas de professionnels de santé qui désertent», a répété Claude Finkelstein. Ce week-end à Lyon, lors du Forum de Libération, la rencontre était inédite. D’un côté, Hervé Bokobza, psychiatre, porte-parole du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, un groupe qui s’est constitué, il y a trois ans, au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy sur la «sécurisation» des hôpitaux psychiatriques. De l’autre, Claude Finkelstein, qui dirige avec un courage unique la Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie : elle est malade et elle se bat. Depuis des années, il y a comme un fossé, lourd de malentendus et d’incompréhension, entre les malades et les psychiatres. Comme s’il n’était pas tout à fait sur le même bateau ivre. Au point que les politiques ou l’administration font alliance avec l’un pour contrer l’autre.

A Lyon, ces deux figures de la psychiatrie ont débattu, avec chaleur : «Oui, j’ai honte de notre silence, j’ai honte de la pratique dans certains lieux, mais n’est-ce pas un peu toute la société qui est anesthésiée ? Nous, au Collectif des 39, nous nous sommes créés contre cela», a expliqué Hervé Bokobza. Claude Finkelstein : «C’est vous qui pouvez nous aider, et empêcher que l’on soit enfermé contre notre volonté. On a l’impression, aujourd’hui, que c’est normal de contraindre un malade. Il n’y a qu’en psychiatrie que l’on peut imposer des soins… C’est incroyable, alors que bien souvent il suffit d’un peu de temps pour que le malade accepte

Hervé Bokobza : «Le malade n’est pas dangereux. Il l’est quand il est abandonné, isolé, reclus. Je crois qu’il faut fermer les hôpitaux psychiatriques et ouvrir des lieux pour accueillir ceux qui en ont besoin.» Il ajoute : «On a une mauvaise façon de voir, on parle toujours des 1% de malades qui sont hospitalisés, internés, des grands fous. Mais la très grande majorité se débrouille, vit dans la ville. On en connaît tous des gens qui sont un peu bizarres, qui délirent un peu, mais se débrouillent.» Claude Finkelstein : «On ne choisit pas d’être fou. Il faut s’en accommoder, trouver le bon traitement, un peu mais pas trop.» Puis Hervé Bokobza : «Il faut aller vers des états généraux de la folie

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30 réflexions sur « >«On a besoin de psychiatres qui ne désertent pas» (Libération, le 29/11) »

  1. eh oui j'habite dans le 06 et je suis psy.! ma collègue a été mise a pied comme dans un régime de 1942. son administration a provoqué ce licenciement avec l'indifférence des autorités de tutelle comme dans le poeme de boris vian : messieurs qu'on nomme grands".
    qui va payer le licenciement de cette consoeur appartenant à un service privé assurant(très mal) le service publique?

  2. Ok, beaucoup désertent, se dégonflent, mollissent  mais… cet article est tellement paternaliste, et Mme Finkelstein d'enfoncer le clou dans le même sens, à son habitude.
    On a surtout besoin d'un réel mouvement usager activiste (et non pas de ce qui se passe en France où les soi-disant représentants des usagers n’hésitent pas à participer du consensus ambiant), d'un respect de la Convention des Nations Unies relative aux Droits de la Personne Handicapée (texte de loi que la France a signé et ratifié), d'une Ligue des Droits de l'Homme Française qui fasse son boulot et d'un réel espace de parole qui ne soit pas court-circuité (toujours les mêmes occupants les mêmes espaces de parole pour répéter les mêmes discours consensuels).
    Usagère activiste et chercheur indépendante

  3.   Mme Anne Laure Donskoy a tout à fait raison. Cette déclaration paternaliste et rassurante de Cl. Finkelstein, quand on la compare à ses déclarations de 2009 et 2010, qui étaient favorables à la réforme gouvernementale et à la légalisation de la contrainte aux soins en ambulatoire, sonne comme une pantalonnade de plus.
     
      Les 39 en se faisant couvrir par cette pseudo représentante des usagers alors même qu'ils ont REFUSE de donner la parole à leurs patients qu'ils ont pourtant mobilisés à longueur de manifestations et de tribunes, se discréditent!

  4. Voir par exemple cet article du Parisien du 27 mars 2010, qui rappelle une des faces cachées, et pour le moins problématique de la présidente de la FNAPSY et du système que forme cette fédération avec les pouvoirs publics, dont l'autorité sanitaire :
     
    "JUSTICE
    Un audit épingle laF édération des usagers en psychiatrie
     
    27.03.2010

    Comptabilité hasardeuse, opacité dans l'utilisation des subventions, luttes de pouvoir, suspicion de salariés fictifs… Les doutes pèsent sur la Fnapsy, la Fédération nationale des associations d'usagers en psychiatrie. Créée en 1992, la structure subventionnée par le ministère de la Santé, installée rue du Général-Bertrand (VIIe), regroupe une soixantaine d'associations françaises d'usagers des services de psychiatrie. Elle est, à ce titre, l'unique interlocuteur des pouvoirs publics, et perçoit chaque année quelque 250 000 € de subventions, pour faire entendre la voix des patients, par le biais de colloques et de formations, notamment. Seulement voilà : en 2008, le doute s'installe quant à la gestion de la Fnapsy et l'une des associations adhérentes de la fédération fait part de ses interrogations à l'Igas (Inspection générale des affaires sociales). Immédiatement, un audit est commandé au cabinet Mazars pour le compte du ministère de la Santé…Et ses conclusions, déposées en 2009, sont alarmantes. « D'après les contrôles effectués, soulignent les auditeurs, les comptes ne sont ni réguliers ni sincères et sont très loin de donner une image fidèle du patrimoine et de la situation financière de l'association. » Au fil des soixante pages du rapport, les enquêteurs pointent d'étranges tours de passe-passe dans la comptabilité, sans toute fois mettre en cause la bonne foi des responsables. Les subventions, lorsqu'elles ne sont pas utilisées intégralement, ne sont pas non plus, comme c'est la norme, comptabilisées comme bénéfices ni remboursées. Des membres de la famille de la directrice de la fédération, Claude Finkelstein, apparaissent dans l'organigramme, sans que l'on sache s'il s'agit de salariés ou de bénévoles, ni quel rôle leur incombe. Une action en justice Au vu des résultats de l'audit, le GIA (Groupe information asiles) qui lutte pour faire entendre la voix des patients en psychiatrie, a décidé de porter l'affaire en justice. Au civil, dans un premier temps, le 8 avril, en référé devant le tribunal de Paris, tout en se réservant la possibilité de porter plainte au pénal pour « prise illégale d'intérêt ». « Nous voulons que soient produites les pièces statutaires de la Fnapsy pour y voir plus clair, et analyser le mode de fonctionnement de la fédération, souligne André Bitton, le président du GIA. LaFnapsyest composée d'une imbrication de structures opaques et plus ou moins nébuleuses, où se mêlent goût du pouvoir et manipulation d'argent. Il est nécessaire d'avoir des précisions. » Les dirigeants de la Fnapsy, eux, crient au harcèlement judiciaire, balayant d'un revers demain les soupçons qui pèsent sur leur gestion. «Notre comptabilité n'est pas parfaite, reconnaissent- ils, mais nous préférons l'action à la tenue des comptes ! Si notre fédération apparaissait comme bénéficiaire, nous ne serions plus subventionnés et ce serait notre mort. » Quant à l'emploi de membres de sa famille, la présidente l'affirme à ses détracteurs : il s'agirait de bénévoles, agissant gracieusement pour la fédération. La procédure engagée par le GIA permettra peut-être d'en savoir plus sur le fonctionnement de la Fnapsy.  

     

    Le Parisien

    Cet article a été publié dans la rubrique Paris."
    ________________________________

  5. MMe Finkelstein a perdu son procès en diffamation contre Mr André Bitton, par jugement de la 17ème correctionnelle du TGI de Paris, d'une part, d'autre part, nous sommes en train de demander copie du rapport de l'audit fait par l'IGAS cette année ci, pour en savoir plus.
     
      Ce n'est pas à nous d'attaquer la FNAPSY mais à celles et à ceux qui veulent prendre une place quelconque dans l'édifice institutionnel dans lequel cette fédération est prise. A vous de faire donc!

  6. Je précise que nous refusons (au CRPA et ailleurs, voir le site : http://psychiatrie.crpa.asso.fr ) d'être parties prenantes d'un système institutionnel par lequel, et dans lequel, les gens se font blouser voire massacrer, et casser.
     
    Claude Finkelstein dans cette affaire, a manoeuvré le Dr Bokobza, qui d'ailleurs ne demandait que cela, puisque les 39 cherchent l'onction de la FNAPSY depuis le début et en tout cas depuis 2010. En l'espèce les 39 se sont faits manipuler par Claude Finkelstein qui tente là un retour sur la scène, en se parant d'une nouvelle virginité, elle qui a SOUTENU le projet de loi de SES SOUTENEURS (Bachelot, Bertrand, Berra et consorts), ainsi que la légalisation de la contrainte aux soins qui lui allait mordicus. Elle qui a SOUTENU, avec ses SOUTENEURS, qu'il doit y avoir des UHSA et des UMD pour les patients violents, de sorte que les "bons malades " (voir les gus de la Fnapsy, telle elle et ses petits copains charmants) puissent être indemnes de ces méchants violents malades …  Et autres déclarations, en date de 2009, 2010 … etc.
     
    Claude Finkelstein lâchera les 39 quand elle le jugera utile, et quand ses SOUTENEURS gouvernementaux lui en donneront l'ordre, en lui rappelant que ce sont eux qui décident le versement des subventions, ainsi que des avantages divers dont la famille Finkelstein, et ses obligés, vivent …
     
    Les 39, assistés par Eric Favereau, qui est du même "club", viennent de se faire manoeuvrer par cette chère Finkelstein …

  7. "Le besoin d'asile"
    Je ne sais s'"il faut fermer les hôpitaux psychiatriques" (ou, peut être, les trop "gros"), par contre il est urgent de "soigner" les existants. Les pratiques d'isolement, de contrainte et de prescriptions abusives de traitement, sauf cas particuliers sans doute, sont d'abord les conséquences du "maltraitement" d'établissements et d'équipes eux-mêmes attachés et contraints : la preuve la plus évidente est la souffrance de ceux et celles qui y travaillent, et leur peu de fierté narcissique c'est à dire de ce minimum de sentiment d'un "travail bien fait".
    Lorsqu'Hervé Bokobza parle de désertion, il a raison. Mais soyons attentifs à cette désertion au quotidien. L'un des exemples actuels des plus criants et des plus urgents concerne le devenir des dynamiques associatives. On assiste, impuissants, à la disparition programmée des associations intrahospitalières (y compris, bien sûr, dans leurs activités extra-hospitalières) : il est urgent de dénoncer ce coup de force (pour lequel on va jusqu'à invoquer l'Europe et le respect du libre échange !). Les psychiatres chefs de service y ont, effectivement, une responsabilité particulière car ils sont souvent associés à ces décisions (activement ou passivement) alors qu'ils disposent encore d'une autorité à faire entendre.
    La disparition des associations signe de l'hôpital dans sa fonction noble d'asile c'est à dire d'un lieu où les personnes en détresse psychique peuvent être accueillies et soignées dans un cadre qui n'est si ségrégatif ni concentrationnaire. Ce sont elles qui permettent une véritable dynamique transversale pour lutter contre les pesanteurs verticales des statuts, des fonctions,des hiérarchies et des dérives bureaucratiques : c'est leur fonction principale et vitale. C'est le rappel fondamental de la psychothérapie institutionnelle : "il faut soigner les soignants". Rappelons-nous les équations basiques d'Hermann Simon : ce qui rend l'hôpital délétère c'est le préjugé d'irresponsabilité du malade, l'entrave à sa liberté lors de son hospitalisation et l'ambiance malsaine de l'établissement. Si nous ne posons pas comme intangible la lutte contre ces facteurs d'aliénation, de ségrégation et de déshumanisation, nous pourrons créer tous les lieux d'accueil possibles et imaginables, rien ne les garantira. Souvenons-nous de l'expérience de Trieste, ou la politique de santé française de détournement du secteur : il ne suffit pas de fermer les hôpitaux. Leur fermeture peut, au contraire, arranger le système en place.
    Un conseil de lecture sur ce sujet : le dernier livre coordonné par Victor Kapsambelis Le besoin d'asile (éditions Doin) auquel j'emprunte le titre pour ce commentaire. Il fournit des pistes de travail très intéressantes sur cette question en partant de cette nécessité propre à la psychose, celle du "besoin d'asile" à un moment pour aboutir à des propositions de lieux divers d'asile permettant d'épouser les singularités et les diversités des parcours. Il ne mésestime pas pour autant la force interne de sédimentation interne à la psychose (la répétition du même) qui, conjuguée à la même force délétère de nos organisations, oblige les soignants à toujours être vigilants sur leurs propres dispositifs mis en place.
    Joseph MORNET, secrétaire général de la FASM Croix Marine

  8. Correction, il faut lire en début de troisème paragraphe : "la disparition des associations signe la fin de l'hôpital dans sa fonction noble d'asile".
    Merci

  9. Je suis assez d'accord avec M. Mornet, fermer les hôpitaux psychiatriques est une expérience déjà réalisée en Italie avec des résultats très mitigés, il est je pense nécessaire de garder des lieux d'accueil pour les crises où le cadre est plus stricte qu'à l'extérieur, qui jouent le rôle de contenant de l'intérieur et de protection de l'extérieur, des lieux armés en personnels disponibles et où, si l'entrée se fait contre le gré du patient, on peut en l'accueillant recueillir son consentement et même lui faire prendre une part active de son soin. Dans le service où je suis suivi, depuis l'application de la nouvelle loi, aucun patient n'a eu à rencontrer le juge des libertés et détentions car toutes les hospitalisations d'office ou à la demande d'un tiers ont été levées et transformées en hospitalisations libres avant le délai de quinze jours. Lorsque l'hôpital est hospitalier, lorsque l'écoute, l'accueil et le respect sont là, les mesures coercitives ne sont plus nécessaires.

  10. En partie d'accord avec J.Mornet et sroccs, reste le mal/entendu quand les désaliénistes évoquent la fermeture des asiles, il ne s'agit pas de fermer les lieux d'accueils de la folie, mais bien de fermer ceux ou justement nous ne pouvons plus parler de pratiques de soins ou pour reprendre ce qu'écrit sroccs : " Lorsque l'hôpital est hospitalier, lorsque l'écoute, l'accueil et le respect sont là, les mesures coercitives ne sont plus nécessaires."
    Pour mémoire 
    En 1943, le poète Paul Eluard en route pour le maquis est accueilli par Lucien Bonnafé, directeur de l'hôpital psychiatrique de Saint-Alban. Il y écrit le poème "Cimetière des fous".
     
    "Ce cimetière enfanté par la lune
    Entre deux vagues de ciel noir
    Ce cimetière archipel de mémoire
    Vit de vents fous et d'esprits en ruine
    Trois cents tombeaux réglés terre nue
    Pour trois cents morts masqués de terre
    Des croix sans nom corps du mystère
    La terre éteinte et l'homme disparu
    Les inconnus sont sortis de prison
    Coiffés d'absence et déchaussés
    N'ayant plus rien à espérer
    Les inconnus sont morts dans la prison
    Leur cimetière est un lieu sans raison.
     
    "Ce poème fut un socle dans la démarche de Lucien Bonnafé. Toute sa vie, il a œuvré à travers sa conception du désaliénisme, à fermer les asiles pour que les fous puissent sortir des bâtiments où ils étaient relégués et qu'ils ne quittaient que le jour venu de déménager au cimetière. Aujourd'hui, la psychiatrie est dans la ville, elle s'organise. Des lieux de travail, des habitations, des circulations se mettent en place. À Bondy, un hôpital de jour s’est organisé autour du travail d’un cuisinier. À Corbeil, une association gère dans le foyer d'un théâtre un restaurant où les patients réapprennent à travailler. À Morsang-sur-Orge, un café curieux accueille des clients dans un décor aux arêtes questionnantes. Aujourd’hui, alors que ce mouvement continue à se développer, un contre-courant semble se mettre en place. Avec le risque d’un retour à une politique de grande concentration des soins, perceptible à travers la réforme hospitalière programmée pour 2007.

  11. Très beau poème !
    Mais qu'est ce qu'un fou ? Que se passe-t-il lorsque tout état confondu est traité de la même façon ? Qu'en est-il de la parole ? Quand est-il  du traumatisme engendré par certains traitements ?
    Etre usé, fatigué, vouloir soufflé, est-ce être fou ?
    Nous parlons de la folie, mais qu'on en donne une définition ! Le peut-on ?

  12.   
    Il ne s’agit pas d'attaquer la Fnapsy, ce serait peine d'énergie et de temps perdu. Cela fait belle-lurette qu'ils sont hyper protégés par tout ce qui est politique et psychiatrique, voire syndicaliste. Il s’agit plutôt de voir se développer une culture où les usagers et rescapés de la psychiatrie qui ont envie que les choses changent ne seraient plus considérés comme les moutons noirs d’une certaine société bien pensante et réfléchissante, qui se donne justement le droit d’être la seule à parler de la psychiatrie et de ses abus et de choisir ses partenaires d’espaces de parole.  C’est extrêmement français et paternaliste. C’est tout à fait aussi dans l’intérêt des soi-disant organisations d’usagers institutionnalisées de ne surtout pas défier le status quo.  
     
    La question que le mouvement activiste des usagers et rescapes de la psychiatrie au niveau européen pose est la suivante :
    doit-on encore simplement être dans une démarche de « soigner l’asile », ce qui dans les faits veut dire « rafistoler/ bidouiller » la psychiatrie et son abominable sœur la santé mentale, afin de mieux les faire passer auprès des patients, des familles et du grand public, lui permettant ainsi de continuer sa tâche de protection du patient …. entendre par là mesure de contrôle social, remettre sur pieds le plus vite possible et au  moindre le coût l’homme économique, etc…..
     
    …. ou doit-on enfin casser l’asile, ou laisser le navire couler à pic pour reprendre la pensée de Basaglia ?et recommencer, autre chose, et c’est là que le rescapé activiste démontre sa vision transformatrice, un autre chose donc fondé sur des bases vraiment radicales, notamment celles des droits de l’homme. Ce n’est pas par hasard que certains d’entre eux ont été des acteurs importants dans la conception et l’écriture de la Convention des Nations Unies relative aux Droits de la Personne Handicapée, ratifiée en 2008, signée et ratifiée à ce jour par plus de 100 pays, entrée en force en Europe le 22 janvier de cette année ? L’application de cette loi, car c’est une loi et non un joli document à fourrer au fond d’un tiroir électronique, permettrait de concevoir une approche radicalement différente de la manière dont la souffrance psychique est abordée et permettrait sinon de mettre fin aux abus, au moins de mieux les contenir et peut-être encore de les prévenir.

  13. Mme Donskoy, Pourriez vous nous joindre téléphoniquement ou par mél, à partir du site du CRPA, sur : http://psychiatrie.crpa.asso.fr / ? Nous aurions certainement pas mal de choses à nous dire. En effet, il semble qu'il y ait un certain nombre de points d'accords entre nous!

    Dans l'attente.

  14. Bonsoir,
    L'ensemble de ces débats suite à l'article de Libé montrent le besoin indispensable d'ouvrir des espaces de liberté, d'échanges, du possible, sur la question de la Folie aujourd'hui.
    Cela d'autant plus que nous avons eu affaire à divers rapports et lois qui n'ont en rien régler la question de l'acceuil de la souffrance psychique.
    Dans ce sens, je trouve dommageable que la réunion de ce jour ait été annulé sans consulter quiconque souhaite un échange plus large suite à la loi de juillet 2011 et aux projets de nos gouvernants concernant la psychiatrie.
    Il est indispensable que les 39 invitent, le plus rapidement possible, l'ensemble des citoyens concernés par le traitement de la folie à un rassemblement afin que ce mouvement continue sa marche vers un horizon plus adapté aux personnes en souffrance psychique.
    Yves de l'Espinay
    Formateur en soins psychiatriques

  15. Je réitère ma question car je trouve dommage qu'on ne ne donne pas une définition plus claire de la folie lors des débats ou des commentaires laissés; en effet, on parle de folie, de souffrance psychique donc si un fou est en souffrance psychique, celui qui est en souffrance psychique est-il nécessairement fou ? La souffrance psychique mérite-t-elle une hiérarchisation jusqu'à la folie ? et quels traitements à mettre en place ? J'ai hélas l'impression que dans folie, on met un peu tout et n'importe quoi ajoutant à la confusion de ce qu'est la folie ! d'autant plus que nombre d'expression utilise le mot folie: j'en suis fou, j'aime à la folie, un coup de folie, folie douce…

  16. Pour une large part, la folie se décrète, par arrêté municipal ou préfectoral, par certificat médical valant ordonnance, par décision d'une direction d'établissement.
    Mais bien plus couramment encore, dans le regard d'autrui!

  17. Merci Yves, j'aime beaucoup ! C'est  une belle réflexion qui hélas tarde à cheminer puisque lorsqu'on s'intéresse aux nombreux témoignages ici ou là on se rend compte que pour une brève embellie du soin psychiatrique, il y a une régression terrifiante dont les patients quels qu'ils soient font les frais et qui pour la plupart ne s'en sortent jamais, psychiatrisés à vie !

  18. Chef de service en psychiatrie , je dois faire part de mon exaspération de voir que la psychiatrie hospitalière est perçue uniquement d'un petit bout de la lorgnette avec les clichés d'internement , d'isolement avec contention et de camisole chimique … La folie est-elle acceptable ? Les associations de famille n'ont-elles pas une part de responsabilté dans la magnifique loi de juillet 2011 qui sous couvert du droit du patient est liberticide et dans le déni de l'individu et de la recherche d'une alliance thérapeutique patient/médecin? Les soins ambulatoires contraints … magnifique mais pour soigner le patient ou rassurer les proches et la Société qui ne tolère aucun écart (mais de qui in fine?)
    En pratique nous croulons désormais sous des demandes d'hospitalisations sans consentement , injustifiées , mais régies par la nouvelle usine à gaz de l'été … que nous  tentons de lever après moults certificats à l'appui ! Au détriment de qui : des autres patients pris en charge.
    Sincèrement et objectivement les patients hospitalisés sont mieux "traités" que par le passé (mesures de restrictions de liberté , doses en médicaments … etc) donc je m'inscrits en faux sur une imagerie d'Epinal évoquant "Vol au-dessus d'un nid de coucou"
    Ce qui est sûr par contre c'est que l'Etat voire les familles dans certains cas sont à la recherche inverse d'un internement à vie et/ou des soins contraints ambulatoires . Qu'une collègue soit virée pour "avoir induit une évasion" … je vous laisse seul juge !!!

  19. Merci d'inclure ainsi les familles, ça en arrange effectivement certaines de faire interner celui ou celle qui dérange !

  20. Ceci dit le petit bout de lorgnette à laquelle j'ai eu droit était suffisante pour me traumatiser (pas de soins puisque écrit par les fameux psychiatres, je n'avais rien à faire là) ou comment fracasser une personne en 3 jours !

  21. Pour ma part, savoir que des psychiatres font mine de ne pas obéir est complètement absurde. Qu'ils fassent partis ou non du collectif, ils sont obligés d'obéir au gouvernement car ils sont payés par ce même gouvernement. Pour moi, ils ne font que jouer de la comédie. Dès qu'on est un peu "excité" ils nous enferment en HDT (histoire de ne pas imposer l'enfermement du préfet). Cela m'est arrivé à Saint Anne alors que cet hôpital est censé être désectorisé.
    Arrêter de faire voir votre "exaspération". Vous me dégoûtez car si vous étiez vraiment "exaspérés" vous commenceriez d'abord par faire une grève des soins et libéreriez contre l'avis du préfet cexu qui n'ont rien à faire dans vos services.
    Pour moi, les psychiatres sont eux-même malades et il est tout à fait prouvé que pour être psy, il faut d'abord avoir été malade. Donc, pourquoi obéissez-vous aux préfets. faites plutôt votre devoir de refuser cette alternative et ayez vraiment des couilles et faites la grèves de l'enfermement. A ce moment, le gouvernement verra que les soins ambulatoires n'est pas une solution et seul la thérapie sera vraiment la solution en commençant par embaucher les psychologue 35h par semaine (souvent ils bossent à mi-temps comme début de carrière et ensuite ils ouvrent un cabinet privé pour compléter leurs revenus).
    Il faut aussi étudier les formes alternatives de certaines thérapies (comme la constellation familiale surveillée par les mouvement anti-sectes mais qui peut se révéler dans certains cas très positive) plutôt que de s'ingurgiter des médicaments à outrance que vous nous faites avaler par force parfois en nous menaçant de la sanction "isolement".
    Moi je ne crois pas au bon vouloir des psychiatres qui ont rejoint le collectif des 39. Je connais des personnes qui au lieu de venir psychologues dans des ailes de fou, ils ont préférés aller avec leur diplôme en poche dans des structures alternatives comme les GEM et là, ils sont plus thérapeutiques que s'ils faisaient leur métier dans des hôpitaux ou des CMP. Merci à ces personnes.
    Je croirais en ce que vous dites, votre "exaspération" le jour où vous écrirez au préfet pour refuser la loi et ceci autour de vos syndicats et avec une longue page des psychiatres qui auront refusé d'obéir à leur employeur, l'Etat.
    Quand aux infirmière, désertez votre poste une heure chaque jour en décrétant une grève singulière contre les oins ambulatoires pour une vraie thérapie et l'annulation pure et simple de cette loi faciste que même les nazis en 1937 n'av

  22. Quand aux infirmières, désertez votre poste une heure chaque jour en décrétant une grève singulière contre les oins ambulatoires pour une vraie thérapie et l'annulation pure et simple de cette loi faciste que même les nazis en 1937 n'avaient pas trouvés pour les malades à faibles doses et qui sont devenus de malheureux soldats dévoué à la cause de leur maître.
    Moi, si je suis révolté, ce n'est pas que contre Nicolas Sarkozy. Notre président, bien que si l'élection avait lieu dimanche prochain, je ne voterais pas pour lui, n'a fait que répondre aux familles victimes de l'incompétence des psychiatres qui jugent que certains criminels peuvent être réinsérés alors que d'autres qui ont un mal qui peut être pris en charge par des structures plus souples (CMP, Centre médico-associatifs…) sont purement et simplement enfermés avec une pseudo justice qui fait croire aux droits inexistants du patient alors que cette justice libère des violeurs tueurs sur incitation des psychiatres qui ne sont que des incompétents.
    Mesdames et messieurs les psychiatres, je croirais en vous le jour où vous aurez arrêté de jouer la carte du gouvernement faisant mine d'être compatissant dans un collectif bidon alors que si vraiment vous étiez compatissant, cela devrait faire plusieurs mois que vous devriez être en grève contre cette mesure.
    Arrêtez votre comédie et agissez avec des couilles plutôt que des larmes de crocodiles et si vous pensez que ma révolte est trop grande, alors écoutez la voix de celui qui a décidé de ne prendre son traitement uniquement quand il en ressent le besoin selon les conseils d'un médecin psychiatre entre 1999 et 2000 car on prend du sirop quand on tousse mais on ne prend pas de sirop pour éviter de tousser et ceci est un travail qu'il faut avoir avec le patient même le plus agité de tous.
    Puis pour terminer, passez un "contrat" avec vos patient et quand ils vous demanderons ce qu'ils ont, dites leur qu"'ils sont schizophrènes, bi-polaire, psychotiques, et tout le reste en leur faisant voir les aspects positifs de certains troubles (notamment bi-polaires car il me semble que John Ford Kennedy n'a jamais été enfermé dans un HP, ni même Churchill qui était aussi alcoolique et il me semble que J.C. Van Damne se porte pas trop mal). Cherchez ceux qui ont illustrés notre histoire plutôt que de faire semblant de pleurer contre votre employeurs.
    Vous êtes pathétiques, vous me dégoutez tous autant que vous êtes et pardon de cette réponse mais j'attends une chose de vous : que vous ayez des couilles plutôt que de bander à obéir au préfet.

  23. @Thierryrobertson
    Merci d'avoir eu les "couilles" de dire votre réalité et les choses comme elles sont. Les actions demeurent symboliques et au niveau d'un discours largement engoncé dans le status quo. On nous parle d'éthique mais en fait c'est une éthique vue du bout de la lorgnette. La mienne et celle du mouvement usager activiste international se repose sur les droits fondamentaux de l'homme, la leur sur celle de leur profession, ce qui n'est pas du tout la même chose car cela n'implique pas la même approche, qu’il s’agisse de la détresse psychique aux des soins.

  24. Bonjour Anne-Laure Donskoy, est-ce que créer un clivage usagers/soignants est une bonne chose ? Sont-ils toujours aussi éloignés d'un point de vue éthique que nous, ces soignants ? "c'est une éthique vue du bout de la lorgnette. La mienne et celle du mouvement usager activiste international se repose sur les droits fondamentaux de l'homme, la leur sur celle de leur profession, ce qui n'est pas du tout la même chose car cela n'implique pas la même approche"
    Je ne crois pas du tout à cette affirmation de par mon expérience avec des soignants en psychothérapie institutionnelle : l'alliance thérapeutique qui se crée, alliée à un véritable échange humain mènent à des rencontres humaines…entre des personnes qui partagent au final la même approche : une approche humaniste.
    @Thierry : Ce que je crains, c'est qu'opposer et caricaturer tout et tout le monde ne mène nulle part : "sont purement et simplement enfermés avec une pseudo justice qui fait croire aux droits inexistants du patient alors que cette justice libère des violeurs tueurs sur incitation des psychiatres qui ne sont que des incompétents."
    Ce discours sur la libération des violeurs-tueurs à cause de l'incompétence des psychiatres est exactement celui du discours d'Antony, discours qui a mené à la loi que vous contestez !
    "…n'a fait que répondre aux familles victimes de l'incompétence des psychiatres qui jugent que certains criminels peuvent être réinsérés alors que d'autres qui ont un mal qui peut être pris en charge par des structures plus souples "
    Ce ne sont pas les psychiatres qui jugent si des criminels peuvent être réinsérés, Thierry, vous confondez les genres : ce sont les juges. Et la justice française n'a pas à être uniquement punitive, la réinsertion des personnes incarcérées est eu centre de la constitution. Vouloir à la fois que l'on reconnaisse les qualités des personnes en souffrance psychique tout en voulant une justice qui enferme les criminels uniquement : votre éthique est à double vitesse.
    "Vous êtes pathétiques, vous me dégoutez tous autant que vous êtes et pardon de cette réponse mais j'attends une chose de vous : que vous ayez des couilles plutôt que de bander à obéir au préfet."
    Mouais…très caricatural Thierry. Je ne crois pas à cette vision univoque des psychiatres. Pour en avoir vu pas mal en 20 ans… Et puis ça ne sert à rien de s'en prendre à une profession entière : mieux vaut essayer de s'allier avec la partie de cette profession qui n'est pas "aux ordres des préfets". Non ?
     

  25. @Simon: Le clivage entre soignants et soignes n'a pas attendu mon intervention pour exister. Le nier serait une erreur. Oui la psychoterapie institutionnelle presente des aspects tres positifs certes, mais elle n'est pas representative (malheureusement) de la pratique majoritaire dans les services actuellement. Je suis en faveur d'une approche aux soins et d'une ethique fondees sur les droits de l'homme. Croyez-moi, partant de la, on change totalement de paradigme et on passe a qque chose de nettement plus exigeant qui remet beaucoup de choses en cause. Thierry ne caricature pas, il dit la realite telle que beaucoup trop de patients la vivent, au quotidien, et que nombre de rapports corroborent. La tete dans le sable, ca ne fait pas avancer le schmilblick.

  26.  

    Oh, que non pas la tête dans le sable, et pour avoir été la proie de certaines pratiques bien trop fréquentes, je ne peux que dire ok sur les manquements que vous soulignez. Mais pour autant, il me semble intéressant et important de soutenir et échanger avec les soignants de la psychothérapie institutionnelle plutôt que de dénoncer "les psychiatres", "les soignants" à tout bout de champ. C'est en tout cas ma conviction. Mettre en avant d'autres pratiques est un moyen de proposer une autre psychiatrie. Dénoncer a ses limites. On le voit bien…au vu de l'état de la psychiatrie aujourd'hui…

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