l’Association Culturelle de la Clinique de la Borde et les CEMEA

 

Le Collectif Accueil de la dissociation schizophrénique et processus psychothérapique.

Renseignements et inscriptions au stage du 9 au 13 mai 2016

http://associationculturelledelaborde.org/stage-fpc-du-9-au-13-mai-2016/

Le Collectif… difficile de le définir. Il y a toute une année des séminaires de Jean Oury à Ste Anne. En résumé, il dit que le Collectif est une « machine abstraite ». Ce n’est pas la collectivité, ce n’est pas le personnel, ni les patients. Ce n’est pas un groupe, même si tous ces facteurs participent à cette machine abstraite. Une institution doit toujours être en mouvement, c’est ainsi que l’on peut définir la « machine abstraite » qui est partout, mais insaisissable. Le Collectif ne s’attrape pas comme un objet. Avec le « progrès » de doctrines comme le cognitivisme et le comportementalisme, tout se fige.

Il faut d’abord soigner l’hôpital disent F. Tosquelles et J. Oury. C’est-à-dire mettre en question la hiérarchie statutaire, faire ce que ces psychiatres ont mis en parole et en acte. C’est ce que J. Oury appelait « l’asepsie ». « On ne fait pas une opération chirurgicale sur un tas de fumier », et sans cette asepsie, la « machine abstraite » ne pourrait pas fonctionner.

Sans cet effort pour soigner l’hôpital, il ne saurait y avoir de Collectif, machine toujours remuante, et qui lutte contre la « maladie mortelle » qui forme des clans, des « nous » contre les « eux » et garde une structure pyramidale qui étouffe toute possibilité d’initiative. Il faut se rappeler que les patients ne choisissent pas leurs transferts selon une hiérarchie des statuts.

Comment soigner la maladie de l’établissement ? Le cloisonnement ? La pyramide hiérarchique, qui fige chacun dans son rôle propre, sa conduite obéissant aux protocoles trop souvent réduits à leur dimension de contrainte sécuritaire, fermés au paysage intime de la personne malade ?

L’événement de l’hospitalisation est souvent vécu comme une privation de liberté qui redouble les effets psychiques déstructurants et déstabilisants d’une maladie qui confronte déjà la personne à une catastrophe existentielle. Il importe de l’accueillir, d’entrer en contact avec elle et de lui procurer les conditions concrètes d’un cheminement personnel et d’un processus thérapeutique qui regagne du terrain sur la pathologie. La Constellation transférentielle (Tosquelles) de ceux qui comptent peut soutenir la continuité existentielle mise à l’épreuve par les discontinuités vécues de la vie.

Une analyse institutionnelle permanente des altérations de l’ambiance est indispensable pour que la logique économique managériale de l’établissement ne provoque pas d’effets psychiques iatrogènes, réactionnels ou pathoplas-tiques qui majorent les symptômes de la maladie ou en ajoutent : agitation, violence, gâtisme, passivité, syndrome de glissement…

Facteur d’asepsie pour l’ambiance, le club thérapeutique intra et extra-hospitalier soigne ces maladies de l’établissement et procure, aux patients comme au personnel, un espace d’inscription et une loi d’échanges, en prise sur les logiques permettant une restructuration psychique, et ouvert aux potentialités thérapeutiques de chacun, au transfert, à l’interprétation, aux greffes de fantasme et aux reprises d’existence redonnant du sens à la vie.

Le club est l’outil principal de la création ex nihilo d’un champ de praxis ouvert à une histoire partagée. Il accueille les émergences du désir de chacun dans un processus thérapeutique généralisé propice au traitement des psychoses, ce qui est la visée-même du «Collectif». Danielle ROULOT et Michel LECARPENTIER

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