Table 3: Le club, scellement de l’alliance thérapeutique

Mathieu Dissert   Président de l’association HumaPsy

L’arrivée dans un service de psychiatrie se fait souvent suite à un effondrement psychique, une défiguration du corps et du monde qu’il habite, l’hôpital doit être le lieu de reconstruction d’un nouveau monde, vivable, celui-ci.

Le monde extérieur est représenté par les soignants et ils doivent donner une forme à ce monde qu’il faudra réintégrer avec de nouvelles références d’autres « lieux sûrs ». Il est évident que
l’hostilité envers les malades devrait être bannie des hôpitaux(c’est loin d’être le cas) mais aussi que l’indifférence et la distance ne sont pas des attitudes sécurisantes, seul un engagement clair des soignants aux côtés du malade permet que celui-ci puisse lui aussi s’engager dans le processus de soin.

Le club thérapeutique, du fait de l’engagement des deux parties permet au patient d’éprouver la solidité du/des liens qu’il tisse avec des soignants ou d’autres patients. La remise à plat des hiérarchies et des rôles dans l’espace du club permet aux soignants de ne pas s’enfermer dans une illusion de supériorité et aux patients de ne pas rester dans la soumission.

Il offre aussi un espace permettant aux patients de révéler leur savoirs faire, leur énergie, leurs envies, les patient pouvant être aussi moteurs dans l’institution. Ainsi ils peuvent dans l’espace sécurisant et motivant du club mener à bien des action et se faisant reconstruisent une autre image d’eux mêmes.

Le club est un facteur instituant, par-là on peut transformer le cadre écrasant de l’administration pour faire de l’institution le lieu de chacun. Où les choses sont écoutées et entendues.

La cogestion d’un objet commun est un facteur d’émulsion provoquant discussions, débats, échanges qui sont autant de signes de vie dans le quotidien mortifère qui s’installe si l’on en prend pas soin.

Le club thérapeutique, ne peut se résumer à une simple association loi 1901,en effet, les membres du club qui font partie du personnel que l’on dit soignant, doivent participer aux réunions et aux activité en y insufflant un surcroît de désir qui fait cruellement défaut aux plus souffrants, ils doivent aussi être dans le club en respectant une éthique soignante, qui dépasse la bienveillance. De plus l’engagement de l’hôpital dans une convention le rend aussi parti prenante de l’alliance thérapeutique

Le club fait de vous un sujet politique. Un citoyen (peut être pas de cette cité présente, mais au moins du monde).

La réelle liberté de parole dans l’espace du club thérapeutique, rend insupportable qu’elle soit confisquée dans l’espace public. Comme c’est le cas dans la représentation des usagers, c’est d’ailleurs ce qui a motivé en partie la création d’HumaPsy.

La possibilité d’existence d’un club thérapeutique qui accorde de la place à la parole du patient au sein de l’hôpital public est un minimum en ces temps où l’on se gargarise de démocratie sanitaire.

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