>Scandale du médiateur : la CNI demande l'arrêt des expérimentations

 

Les Agences Régionales de Santé de Provence Alpes Côte d’Azur, de l’Ile de France et du Nord Pas de Calais lancent l’expérimentation d’un nouveau métier « médiateurs-patients en santé mentale » (Presse APM et La Provence).

Ce programme est porté par le Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé (CCOMS) en partenariat avec la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA). Partie prenante du projet au départ, la Fédération Nationale des Patients en Psychiatrie (FNAPSY), s’est retiré du projet en janvier 2011. La CNI a participé à plusieurs réunions organisées par l’ARS PACA sur l’évaluation des différentes actions et le futur projet du SROS, sans que cette expérimentation ne soit évoquée. L’ARS PACA va investir 330 000 € dans ce projet alors que certains établissements sont en déficit, que l’emploi est menacé, l’embauche de professionnels réduite. A terme, ces nouveaux « emplois » devront être financés par les établissements.



  • Quelle politique de santé mentale souhaitons-nous mettre en place ?
  • Quels seront les soignants de demain ?
  • La pénurie de personnel est-elle aussi importante pour que l’on ait recours aux « anciens » patients pour prendre en charge leurs pairs dans les services de soins ?
  • Quelle amélioration cette innovation apporte-t-elle pour les patients hospitalisés ?



Nous voyons dans cette manoeuvre la volonté de création d’un nouveau métier.

Mais comment peut-on, dans la fonction publique, recruter des acteurs de soins, non pas sur leurs compétences ou leur niveau d’étude mais sur la qualité « d’anciens patients » en santé mentale ?
 Ces médiateurs seront formés en alternance, sur 8 semaines. Ils devraient faciliter l’accès aux droits, à la prévention et aux soins de l’usager des services de santé mentale mais n’avons-nous pas déjà des équipes pluri-professionnelles compétentes ?



Comment seront accueillis ces médiateurs par les établissements ? Rémunérés 1550 € brut, ils auront un salaire équivalent* à une IDE débutante ayant fait une formation initiale de 3 ans avec des responsabilités engagées au quotidien !



Nous ne jetons pas au panier l’idée. Que d’anciens patients hospitalisés puissent aider leurs pairs à l’extérieur des lieux de soins, dans des groupes d’entraide mutuels (GEM) où dans des associations, nous y sommes plus que favorable. Mais comment imaginer les relations professionnelles au sein d’une unité si soignants et médiateurs sont en désaccord, chacun avec une histoire et une expérience de l’hospitalisation différente? Avec les nouvelles Lois, la charge de travail des soignants augmente, comment dans ces conditions est-il possible d’envisager l’intégration de médiateurs-patients ? Comment aborder le respect de la liberté et de la confidentialité ?



Où sont les maisons des associations dans les établissements de santé qui pourraient recevoir les patients qui le souhaitent et ainsi les accompagner en tant que « pairs-aidants » ?



NON : Ce n’est pas en créant un nouveau métier de « médiateurs en Santé mentale », fussent-ils avec d’anciens patients que leurs pairs hospitalisés ou suivis en ambulatoire seront mieux pris en charge.



OUI : C’est en donnant les moyens aux établissements de santé d’assurer leurs missions de service public, en créant un véritable diplôme (niveau master) d’IDE spécialisé en psychiatrie, en revalorisant les salaires, en reconnaissant la pénibilité du travail, en réfléchissant à l’évolution des parcours professionnels pour reclasser les professionnels qui souffrent. C’est en redonnant et en ayant confiance dans les professionnels. C’est en donnant une place aux associations d’usagers dans les institutions par la création de maisons des usagers.



Le syndicat Coordination Nationale Infirmière demande l'arrêt immédiat de cette expérimentation et la réattribution des budgets.



* Une IDE gagne un peu plus 1551,15 € brut (1er échelon), où une aide-soignante gagne 1370,57€ brut (1er échelon) où une assistante sociale gagne 1426,13 € (1er échelon), un cadre de santé 1759,51 € brut (1er échelon) et certains médecins, guère plus, alors que leurs responsabilités sont engagées au quotidien.

Nathalie DEPOIRE

présidente de la CNI 

Article original : http://www.coordination-nationale-infirmiere.org/index.php/201112201491/Actualites/Scandale-du-mediateur-la-CNI-demande-l-arret-des-experimentations.html

 

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>D’anciens malades dans les équipes soignantes en psychiatrie

 

D’anciens patients en psychiatrie vont intégrer des équipes soignantes comme « médiateurs en santé mentale ».

De patient à médiateur en santé mentale

Le quotidien La Provence du 9 décembre vient de révéler une expérimentation mise en place dans la région PACA qui vise à former pendant huit semaines, à la faculté de médecine, d’anciens patients en hôpital psychiatrique en vue de les intégrer dans les équipes soignantes comme « médiateurs en santé mentale ». Cette expérience n’est pas spécifique à la région PACA mais sera conduite dans trois régions (Ile de France, Nord Pas de Calais et PACA).

Une expérimentation dans le cadre d’un programme national

Dans le cadre du nouveau « plan psychiatrie et santé mentale » en gestation, un groupe de travail composé de représentants du ministère de la Santé et de psychiatres a validé cette proposition. Ce plan devait être présenté aux organisations syndicales, mais l’expérimentation aurait été lancée sans concertation. La région PACA étant la plus avancée sur ce projet, c’est l’Autorité régionale de santé (ARS) de cette région qui, au cours d’une conférence de presse tenue le 8 décembre, a révélé ce projet.

Cette action s’inscrit dans le cadre d’un programme national « qui permet aux personnes présentant des pathologies mentales pouvant aller des troubles dépressifs aux troubles psychotiques les plus sévères d'être accompagnées, dans le cadre de leur prise en charge, par des personnes ayant elles-mêmes traversé des épisodes de troubles mentaux ». « Il s'agit d'un programme national porté par le Centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé (CCOMS) situé à Lille, en partenariat avec la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) qui financera la formation et la Fédération nationale des patients en psychiatrie (FNAPSY). »

Un budget de 330.000 euros

« Les médiateurs vont intégrer les équipes et débutent une formation à la faculté de médecine en alternance de janvier prochain à octobre 2012. Leur formation est assurée par la CNSA. Et c'est l'ARS qui finance cette action pour un montant de 330.000 euros par an pour le recrutement par les établissements retenus (APHM, Valvert, Centre hospitalier de Cannes et Sainte-Marie à Nice) de 5 binômes de médiateurs, soit 10 médiateurs sur la région. Chaque médiateur sera rémunéré 2.500 euros brut par mois. Il sera un acteur reconnu dans l'équipe de soin, et pourra faire aussi des visites à domicile. » Cette proposition fait référence à des actions similaires menées dans d’autres pays comme le Canada, mais sur des secteurs différents (cancérologie, addictologie, etc.).

Des réactions vives en perspective

Les réactions syndicales sont d’ores et déjà vives. Elles dénoncent le manque de psychiatres, le manque de personnel dans les structures psychiatriques et voient arriver des personnes formées en huit semaines avec un salaire supérieur à celui d’une infirmière débutante. Le « gain » attendu de cette initiative en termes de soins n’est pas très explicitement formalisé puisque d’après l’ARS, « pour les équipes soignantes (…) le médiateur va pouvoir apporter en termes de complément, de "plus", "d'autre chose" à leur travail de soignants ». Alors que la nécessaire élévation du niveau de formation des professionnels de la santé fait l’objet de discussions et de propositions au sein de plusieurs instances, cette proposition de médiateurs en santé mentale est une « galéjade » ou une « provocation » pour certains, et « ne saurait être prise au sérieux » pour d’autres.

D’autres expériences menées

A Lille, une recherche est en cours sur un « programme d’embauche et de formation intégrée de médiateurs de santé – travailleurs-pairs dans les secteurs sanitaire et médico-social » se basant sur une pratique de plus en plus répandue dans les pays anglo-saxons. Le projet précise : « Le concept de "pairs-aidants" (Peer Support Worker) a émergé progressivement depuis les années 80 aux États-Unis sous l’impulsion des mouvements d’usagers. Des services de soins ont alors recruté des personnes dites "en rétablissement" dans leurs équipes, considérant que celles qui ont vécu un problème et réussi à le surmonter sont très efficaces pour aider les autres à faire la même chose. »

Les premiers résultats ont été jugés très négatifs mais l’expérimentation ayant été reprise avec des modifications, le constat affirmé est le suivant : « Cette étude démontre donc scientifiquement que les travailleurs-pairs ont une intervention significativement pertinente dans le traitement précoce (early treatment) de la maladie psychique et en particulier chez les personnes repérées comme ayant au départ une mauvaise alliance thérapeutique (clients not well engaged in treatment). »

En 2007, une mission de Médecins du Monde de santé mentale communautaire, qui s’adresse à des personnes sans chez soi présentant des troubles psychiatriques sévères, engage le premier médiateur de santé mentale comme salarié. En 2009, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille recrute le premier médiateur de santé mentale sur financement ciblé du ministère. Le profil de poste défini parle « d’enthousiasme, d’éthique, de réflexivité personnelle et sociale, d’empathie, etc. » Les pré-requis sont  les suivants : « Expérience de la rue, de la maladie mentale et de l'addiction, et expérience en tant qu’usager du système de soins en psychiatrie et/ou addictologie. La personne doit être inscrite depuis longtemps dans un processus actif de rétablissement. Le rétablissement sera défini conjointement par les pairs, les professionnels et la personne elle-même. Minimum niveau fin d'étude secondaire (niveau 4). » Nous sommes loin de la définition d’un poste d’infirmier dans ce profil.

Confusion des genres ou non ?

Le cadre même de ces médiateurs doit être clairement explicité : quel intérêt pour le patient ? Quel intérêt pour le personnel de soins autre qu’ « un plus », qu’un « autre chose » ? Quelle relation personnel soignant/médiateur ? Quelle relation psychiatre/médiateur ? Il en va de la crédibilité des mesures prises sur la psychiatrie et au-delà, cette mesure nouvelle étant présentée comme un « acte révolutionnaire », « un bouleversement des pratiques et des mœurs » dans le soin de demain.

Moins d’infirmiers demain mais plus de médiateurs ?

L’équation aura du mal à prendre sans une clarification nette. Et sera-t-elle de nature à doper les vocations chancelantes à embrasser la profession d’infirmier ?

Pour aller plus loin :

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/psychiatrie-des-malades-font-partie-de-lequipe-soignante

http://www.ars.paca.sante.fr/Mediateurs-en-sante-mentale.125761.0.html

http://www.marseille-sante-mentale.org/newsletters_archives/lettre_02/handicap.pdf

http://www.marseille-sante-mentale.org/newsletters_archives/lettre_02/

 

Article original sur : http://www.weka.fr/actualite/sante-thematique_7850/d-anciens-malades-dans-les-equipes-soignantes-en-psychiatrie-article_68182/

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>L'Association Humapsy ouvre ses portes !

 

A Reims des patients se sont constitués en association, pour essayer de faire un groupe de travail qui pourrait apporter des remarques et des suggestions quand auront lieu les états généraux de la psychiatrie.

Humapsy : Qui sommes-nous ?

Association de patients suivis en psychiatrie, inquiétés par le discours du Président de la République à Antony en décembre 2008,  la mise en place de la loi HPST, puis celle de  la loi sur les soins sans consentement.

Après avoir tenté de nous faire entendre auprès des différentes parties concernées (Sénat, Assemblée Nationale…) par le biais de meeting, manifestations et actions diverses en collaboration avec toutes sortes de professionnels, psychiatres, soignants, hommes de loi, patients, familles, artistes … Nous avons décidé de nous constituer en association afin de recueillir des idées, des doléances et des témoignages  en vue de préparer des propositions que nous soumettrons pour les états généraux de la psychiatrie (2012).

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contact : ahdp51@hotmail.fr

Le blog : http://humapsy.wordpress.com/

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>Vulnérable et capable

 (Dessin de Maria Elisa Cabral, d'après un portrait de Gaston Bachelard)

"Le moi s’éveille par la grâce du toi " Gaston Bachelard

Des mots pour te dire, des mots pour me dire

Comment interroger le quotidien de la relation avec notre proche, malade et handicapé psychique ? Comment se rendre accessible et percevoir un regard autre ? Comment éveiller en nous-mêmes un autre regard, tant nous pèse et parfois nous angoisse l’inquiétante étrangeté de l’ordinaire ? Comment dissiper tous les malentendus[1]? Comment troubler, faire vaciller les habituels regards convenus portés sur une personne handicapée psychique, personne si peu reconnue dans sa singularité, mais encore dans son humanité partagée ? Comment accepter d’interroger les valeurs éthiques qui gouvernent les relations avec notre proche, comme si elles n’allaient pas de soi ? Comment remettre en question les valeurs politiques qui gouvernent l’accueil de ces personnes dans notre société, comme si elles n’allaient pas de soi ? Comment même remettre en question notre idée d’humanité, comme si elle n’allait pas de soi ? Quelle valeur pour la folie, comme s’il n’allait pas de soi que seule son éradication justifierait notre combat ?

Justement parce que ça ne va pas de soi ! A commencer par la blessure des mots. Ces mots malheureux, inadéquats, des paroles qui nous échappent. Ces mots esquissés ingénument, mots hasardés que l’on adresse à l’Autre dans l’oubli qu’aussi un visage parle. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », affirmait Albert Camus. Redoublement du malheur car il est déjà bien présent, installé dans une lisibilité chancelante de nos regards croisés, qui s’ajoute à la maladresse de pauvres mots incertains. Quand les émotions ne savent plus se dire ni se lire[2]sur l’intranquillité des regards envisagés, dévisagés. Quand la retenue de nos silences ajoute elle-même à la solitude. Dis quelque chose, parle-moi, je n’ai personne avec qui parler ! Je n’ai que mes voix à qui répondre ! Pourquoi tu crois que je parle tout seul ! C’est fou : mon portable, je ne peux pas même l’éteindre, il est dans ma tête, je suis constamment sonné ! Et quand parfois se fait le silence, du chaos surgit un néant pas moins insupportable. Silence envahissant que nul ne saurait habiter tant l’angoisse peuple ce vide, tant elle pèse dans son inconsistance. Qu’espérer attendre de ce rien ? Ou plus exactement ce presque rien : lorsque les voix se sont tues, rien ne dit en effet que l’on n’entendra pas alors sourdre l’obsédante litanie des automatismes mentaux. Pensées étranges qui échappent une fois de plus à tout contrôle. Un je ne sais quoi d’injonctions absurdes venues d’on ne sait où. Pensées insensées qui se répondent en écho, pensées volées, pensées qui se répandent, se propagent. Diffusion de la pensée.

Mais la vulnérabilité semble infinie. Parce qu’à cette dislocation de la conscience de soi et cette angoisse abyssale, se surajoutent une motivation en berne, une volonté bloquée, incapable d’émerger et une incapacité d’entreprendre, d’initier ou maintenir une action. Malgré soi, encore une fois ! Mais que reste-t-il du soi !  Insoutenable pour les proches et les moins proches. Et que dire de ceux qui ignorent tout de la psychose ! Insupportable pour Autrui.

Comment dès lors oser des mots ? Parler au risque de gaffer ? Dans un élan louable d’une bienveillante sollicitude, risquer la malfaisance. Où l’on voit que la vulnérabilité de notre proche entre en résonance avec notre propre fragilité. Où déjà se dit notre propre vulnérabilité lorsque nous sommes arraisonnés au-delà du raisonnable.

Mais en tant que sujet, ne suis-je pas fondamentalement assujetti à un Autre ? Dépendant d’Autrui ? Otage d’Autrui, osera même le philosophe Emmanuel Levinas. L’autonomie de la volonté que je voudrais revendiquer pour moi-même et retrouver pour mon proche, possédé par ses voix, par le mal qui l’habite, cette autonomie ne serait-elle fondée que sur une hétéronomie première, antérieure à toute volonté ? Sujet, je suis donc, malgré moi, pour un Autre. « De toute éternité, un homme répond d’un autre. D’unique à unique. Qu’il me regarde ou non, il me regarde, j’ai à répondre de lui », écrit encore Levinas dans Autrement qu’être. Vulnérabilité d’un sujet insuffisant, en dépit de la suffisance obstinée de son être, qui se sait blessé par le regard d’un Autre. Toujours en retard à répondre de lui, toujours insuffisant à lui répondre. Inscription de cette vulnérabilité au cœur même de notre humanité. Sans attente d’aucune réciprocité, mais encore dans sa propre vulnérabilité, en dépit d’elle, malgré elle, mais aussi grâce à elle, un humain vulnérable a à répondre d’un Autre vulnérable.

Humanité de personnes vulnérables, mais humanité de personnes capables. Il ne s’agit nullement cependant de capacité en tant que puissance, compétence, voire même, en terme de Droit, d’aptitude juridique à agir valablement pour soi-même. A bien y regarder, sans même considérer à l’extrême les incapables majeurs, l’humanité semblerait bien davantage constituée d’individus trop souvent semi-capables, 1/3 capables ou moins, bref par l’extrême variabilité des capacités de chacun. Faibles et vulnérables. Mais pour comprendre le capables dont il est ici question, il faut alors mettre en relation cet adjectif avec la “capabilité” (en anglais : capability) telle que la désigne l’économiste et philosophe indien Amartya Sen : «aptitude à réaliser diverses combinaisons de fonctionnements que nous pouvons comparer et juger les unes par rapport aux autres au regard de ce que nous avons des raisons de valoriser[3]». En dépit d’une multitude de déterminismes, je dispose d’une liberté de faire des choix valorisés, tant par une conception du bien que par un sens de la justice. Et les conditions dans lesquelles mes choix ont été faits comptent autant que sa finalité dans les résultats de mon action.

Conscient de cette capabilité qui m’habite, comment ne pas remarquer à quel point elle entre à son tour en résonance avec la capabilité de mon proche psychotique ? Parce qu’il reste paradoxalement une personne capable. Son incapacité à entreprendre et maintenir une action est certes bien réelle. Mais sa capacité d’effectuer des choix valorisés en vue de cette action potentielle n’en demeure pas moins aussi réelle.

C’est donc bien cette dépendance d’autrui pour agir, alors même que persistent le plus souvent toutes les capabilités potentielles qui ne demandent qu’à être réalisées, qui pose tant de questions, soulève tant de malentendus. On ne saurait les minimiser, tant ils revêtent des aspects dramatiques. Et comment ne pas soulever la question de la stigmatisation, celle que déjà l’on peut lire dans ce jugement arbitraire d’“incapables majeurs”. Jugement erroné qui ne tient aucunement compte de l’extrême variabilité des manifestations de la maladie, du poids du handicap. Stigmatisation de rapace insensé qui désigne la schizophrénie derrière tout dérangement de l’esprit, sans davantage regarder, chercher à comprendre, la singularité et la souffrance de celle ou celui à qui elle s’adresse. Stigmatisation qui banalise et flétrit : elle terrorise inéluctablement sa proie devant l’idée même de schizophrénie ; quand elle n’aggrave pas son repli autistique… lorsqu’elle est effectivement schizophrène.

S’il est une caractéristique première de l’état de dépendance, c’est bien le manque. Et ce manque est souffrance, qui conduit inéluctablement l’individu, être de besoin, à une recherche obstinée de l’objet de sa dépendance. Le petit d’homme, celui que sa mère met au monde, est sujet à la plus longue dépendance parentale du monde animal. A l’encontre des autres mammifères qui mettent bas, la femme met et donne au monde son petit. Parce qu’« il ne peut y avoir d’homme au sens propre que là où il y a un monde et il ne peut y avoir de monde au sens propre que là où la pluralité du genre humain ne se réduit pas à la simple multiplication des exemplaires d’une espèce[4].

Nous sommes donc nécessairement une humanité de personnes inter-dépendantes (dans leur in-suffisance) qui nous nourrissons de la différence des Autres. Etre humain, c’est être appelé à se décentrer et se vivre soi-même comme un Autre, dans le même temps que l’on vit l’Autre comme un étranger, un différent auquel on ne saurait demeurer indifférent. Plutôt que justifier de son identité, afficher sa carte de différence !

Quand il est question de prendre soin de la personne psychotique au cœur de notre commune humanité, c’est à de nouvelles valeurs pour fonder la politique qu’il faudra bien nous intéresser. Comment substituer une coopération de tous dans le souci premier des plus vulnérables à l’exaltation généralisée de la concurrence qui valorise les forts ? A l’heure où s’esquissent les prémices d’une politique du soin (CARE), il n’est pas inutile de rappeler qu’au 12é siècle,soigner signifiait cette besogne particulière qui consiste à fréquenter des marchés pour procurer des marchandises à quelqu’autre, dans le besoin.Etrange réminiscence d’une image moderne où le dealer répond à l’état de manque. Mais qui contesterait la nécessité de prodiguer des soins aux personnes dépendantes ? Qui contesterait qu’il y ait de la valeur dans cette dépendance-ci qui n’est pourtant pas dépourvue d’addiction[5]? A l’encontre de l’accoutumance (également appelée tolérance) du toxicomane qui dans la recherche frénétique de son produit en vient à négliger ceux qui dépendent de lui-même. Dépendre des Autres pour ne pas avoir à dépendre d’une chose, voilà ce que la politique ne saurait ignorer, ce qu’elle a à faire valoir.

L’éradication de la dépendance parait donc un leurre. Nous n’en avons pas moins à rester vigilants. Les progrès des sciences neurobiologiques dans la compréhension des fonctions cérébrales, l’analyse de plus en plus performante des dysfonctions au cours des diverses maladies psychiques, les progrès de la pharmacologie ne sont pas dénués de risque lorsqu’ils amènent à concevoir des processus de normalisation. Et quand la norme devient possible, c’est l’intolérance à l’anormalité qui croit. On en vient à traiter déjà sans grand discernement une foule d’enfants victimes de troubles de l’attention, au nom des performances normales que l’on attendrait d’eux. Un dépistage précoce des psychoses n’est plus à exclure, qui autoriserait un traitement préventif. Et lorsque les idéologies totalitaires s’installent insidieusement dans les esprits, qu’un mythe de l’homme nouveau gangrène les sociétés, une épuration psychique n’est jamais à exclure. Quand on sait ce dont l’homme fut encore capable depuis moins d’un siècle !

Comment ne pas préférer un monde imparfait qui accueille ses fous dans la Cité à la parfaite folie d’un monde sans fous ?

Jean-François de La Monneraye (UNAFAM 02)

 

 

[1]A lire : Le handicap psychique, un handicap caché, un handicap de tous les malentendus de Bertrand Escaig, RFAS 2009

[2]Des programmes psycho-éducatifs tels que PROFAMILLE et des ateliers d’échanges entre pairs tels PROSPECT sont d’excellents apprentissages pour adapter notre langage et notre posture lorsque nous nous adressons à notre proche.

[3]L’idée de Justice, Flammarion 2010

[4]Hannah Arendt, The Human Condition. Traduction française: La Condition de l’Homme moderne.

[5]Etre addict, c’est selon l’étymologie latine (ad-dicere) “être dit à” quelqu’un, comme l’étaient les esclaves sans autre nom que celui de qui les possède. Il est une forme de stigmatisation qui ne voit (ne dit) le psychotique qu’à travers sa psychose.

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>Marcel Storr, bâtisseur visionnaire

Du 16 décembre 2011 au 10 mars 2012, la mairie du 20e arrondissement et la mairie de Paris présentent l’exposition Marcel Storr, bâtisseur visionnaire au pavillon Carré de Baudouin. Entrée libre.

L’oeuvre de Marcel Storr est à la fois intrigante dans le détail, époustouflante dans son ensemble. Elle regroupe une soixantaine de dessins de cathédrales et mégapoles imaginaires réalisés clandestinement par un cantonnier du bois de Boulogne, décédé en 1976 dans le plus complet anonymat. Il s’agit sans doute d’une des plus importantes découvertes d’art brut de ces dernières années en France.


Cette oeuvre magistrale est à découvrir pour la première fois dans son intégralité, du 16 décembre 2011 au 10 mars 2012 au pavillon Carré de Baudouin. L’exposition Marcel Storr, bâtisseur visionnaire est présentée par la mairie du 20e arrondissement et la mairie de Paris, avec la collaboration de Liliane et Bertrand Kempf (les collectionneurs), Laurent Danchin (commissaire de l’exposition) et Géraldine Gauvin (coordination muséographique).
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>La psychiatrie dans la ligne de mire de la Scientologie (article Actusoins.com)

Une association liée à la Scientologie sollicite depuis plusieurs mois les hôpitaux psychiatriques sous prétexte de surveiller les hospitalisations sous contrainte.

Son nom peut porter à confusion, mais ne vous y trompez pas : la Commission des Citoyens pour les droits de l’Homme (CCDH) n’a rien à voir avec la fédération du même nom.

Derrière cette association se cache en réalité l’Eglise de Scientologie. Active depuis plus de dix ans en France, la CCDH reprend le principal credo de la secte : la lutte contre la psychiatrie, les antidépresseurs et les hospitalisations sous contrainte.

C’est au nom de ce dernier prétexte que l’association harcèle depuis plusieurs mois les hôpitaux psychiatriques français. Comme l’a révélé le Canard Enchaîné le 23 juin dernier (1), la CCDH réclame à ces établissements « une copie des pages des registres 2008 et 2009 établis pour les hospitalisés sous contrainte ».

Ces documents administratifs indiquent notamment les noms des patients, leurs dates d’entrée et de sortie, ainsi que les visites de  contrôle effectuées par les préfets et les magistrats.

Une méthode légale

« Nous avons bien été sollicités par la CCDH » nous confirme un hôpital du Pas-de-Calais. « Après avoir consulté notre service juridique, nous avons décidé de ne pas donner suite à leur requête »explique la direction.

Mais quelques mois plus tard, l’hôpital est obligé de céder : « la CCDH a déposé à deux reprises un recours à la Commission pour l’accès aux documents administratifs (CADA), nous allons donc leur communiquer les éléments souhaités, à savoir les dates de passage des autorités judiciaires. Nous allons bien sûr anonymiser ces documents comme la loi nous l’impose ».

La CCDH profite en effet d’une loi du 17 juillet 1978 qui garantit l’accès des citoyens aux documents administratifs. « Nous ne demandons que les dates de passage des préfets et des magistrats » se défend Mylène Escudier, présidente de la CCDH. « Nous respectons bien sûr le secret médical. Notre objectif est juste de savoir si les procédures d’internements psychiatriques sont bien respectées » assure-t-elle.  

La CCDH a donc envoyé des lettres à tous les hôpitaux psychiatriques ainsi qu’aux commissions départementales chargées de contrôler les hospitalisations sous contrainte (CDHP), lettre dont ActuSoins a obtenu copie.

« Au moins la moitié des hôpitaux nous a répondu favorablement. Pour les autres, nous avons saisi la CADA. Mais parfois cela ne suffit pas : nous avons porté plainte au tribunal administratif contre dix CDHP qui ne nous ont pas envoyé leur rapport d’activité malgré l’avis favorable de la CADA »explique Mylène Escudier (2).

Lobbying au Parlement

L’association compile ensuite tous ses chiffres dans un rapport de synthèse, qu’elle envoie aux parlementaires et aux membres du gouvernement. Une méthode de lobbying qui porte ses fruits, comme l’a constaté Georges Fennech. « Plusieurs parlementaires se sont fait piéger l’an dernier. Ils ont été plus de 80 à réclamer des explications sur les hospitalisations sous contrainte à la ministre de la santé après avoir été sollicités par la CCDH » explique le président de la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

Mais Georges Fennech avoue l’impuissance des autorités face aux techniques de cette association. « L’Etat a une obligation de transparence et certains en abusent, c’est la force et la faiblesse d’une démocratie » constate-t-il. « La Scientologie possède une véritable force de frappe, car elle a de gros moyens financiers et des juristes à sa disposition » ajoute le président de la Miviludes.

Ces moyens financiers permettent notamment à la CCDH de mener depuis plusieurs années une campagne contre les antidépresseurs : l’association a déjà envoyé à plus de 50.000 médecins généralistes de France un DVD contenant un documentaire à charge contre ces médicaments, réalisé par le siège de la CCDH aux États-Unis.

La Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme.

Créée en 1969 aux Etats-Unis, la CCDH a vu le jour en 1974 en France. Elle est véritablement active depuis une dizaine d’années. Cette association est une émanation de l’église de scientologie. Elle ne cache d’ailleurs pas ses liens avec l’organisation, condamnée en 2009 pour escroquerie en bande organisée (3). La CCDH proteste contre l’usage des antidépresseurs et contre l’internement psychiatrique, qu’elle considère comme une atteinte aux droits de l’Homme. L’association s’appuie, entre autres, sur un des “credo” de la scientologie qui stipule que “l’étude du mental et la guérison des maladies d’origine mentale ne devraient pas être séparées de la religion, ni tolérées dans les domaines non religieux”.

(1) « La Sciento reprend du sévice », Canard Enchaîné du 23 juin 2010.

(2) Il s’agit des commissions départementales des hospitalisations psychiatriques du Var, de la Moselle, de la Meurthe et Moselle, des Côtes d’Armor, du Morbihan, de l’Aube, de la Lozère, de la Seine et Marne, des Hauts de Seine et de la Corrèze (Source : CCDH).

(3) La Scientologie a fait appel, la procédure judiciaire est donc toujours en cours. Sur ce sujet, voir les articles du Monde (http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/27/la-scientologie-condamnee-a-des-amendes-peut-continuer-ses-activites_1259183_3224.html) et de L’Express (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-scientologie-une-religion-impossible-en-france_469122.html)

Amélie Cano (Article original dans Actusoins.com)

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>La psychiatrie gouvernée par les normes américaines (LePoint.fr)

 

Par 

Le manuel américain des troubles mentaux déshumanise la médecine et veut à tout prix faire entrer les malades dans des "cases".

Le Pr Maurice Corcos part en guerre contre le fameux DSM (Diagnostic and Statistical Manuel) américain. Ce psychiatre et psychanalyste, qui dirige le département de psychiatrie de l'adolescent et du jeune adulte à l'institut mutualiste Montsouris de Paris, s'insurge contre "le nouvel ordre psychiatrique", tel qu'il est enseigné aujourd'hui dans les facultés de médecine. Et il le fait savoir dans le livre qu'il vient de lui consacrer*. Il regrette la seule prise en compte des faits et donc la disparition de toute interprétation subjective, ce qu'il considère comme une grave régression pour les malades. Et il s'emporte contre la réduction des existences à de simples accidents biologiques.

Dès l'introduction, le ton est donné : "La pensée stérilisée par l'apprentissage à répondre efficacement à des QCM (questionnaires à choix multiples) pour valider leurs examens" réduit les étudiants en psychiatrie à "collecter les symptômes que leur impose le DSM, les additionnant sans fin, puis les soustrayant pour aboutir à un résultat qu'ils livrent joyeux comme le bon élève qui a vaincu une équation à une inconnue. Mais l'équation a plusieurs inconnues et l'homme, surtout quand il devient "fou", sont une machine déréglée qu'aucune check-list ne parviendra à résumer…"

Lire la suite sur lepoint.fr

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>Surveillez moi, oh oui, surveillez moi !

(on en parle, on en parle, on explique comment ça marche, et on a l’impression que tout le monde s’en fout (ou presque), mais fichtre diable, comment qu’il fonctionne et à quoi qu’il peut bien servir tout cet arsenal de surveillance, hein ? Parce que bon, Madame Michu, elle a rien à se reprocher, alors pourquoi qu’elle serait inquiète de la société de la surveillance généralisée, hein ?)

— « Moi, Monsieur, je ne vois pas où est le problème, parce que je n’ai rien à me reprocher ! Mais si vous, vous êtes contre, c’est p’têtre bien que vous avez des choses à cacher, non ? Et pis faut bien faire queqchose cont’tous ces délinquants, les terroristes barbus et tous ces mômes qui savent plus quoi faire d’leurs journées, hein ? » Ouais, c’est ça Marcel, je vais en parler à mon cheval. Le problème avec Marcel et ses potes, leurs femmes (dont Madame Michu fait partie, mais aussi des plus jeunes dont Jennifer, Kevin et Pierre-Henri), c’est qu’ils renvoient un lieu commun de plus en plus accepté : la surveillance est une bonne chose, et si elle est à la rigueur un peu gênante, c’est un moindre mal nécessaire pour contenir l’insécurité vendue par Jean-Pierre au journal de 13h et par Claude Guéant partout où il peut.

Amesys et ses technologies de DPI : l’accomplissement d’une politique de contrôle social déjà ancienne

Ne vous méprenez pas, vous qui maudissez le gouvernement actuel et pensez qu’il est le principal responsable de la société sécuritaire de surveillance qui se met en place : leurs potes de gauche ne sont pas en reste et ont été les premiers à en faire la promotion. Pour ceux qui étaient encore très jeunes à l’époque, rappelons que c’est Elisabeth Guigou, cette splendide blonde humaniste qui était garde des sceaux, lorsqu’en 1998 la loi sur le fichier national automatisé des empreintes génétiques a été votée (FNAEG) avec une majorité socialiste à l’assemblée et un gouvernement tout pareil. Quelques-uns avaient mis en garde sur une dérive qui ne manquerait pas de survenir, mais nos bons républicains de gauche juraient la main sur le cœur que ces empreintes ADN ne seraient réservées, bien entendu, qu’aux criminels sexuels. Madame Michu était rassurée, Marcel pouvait se resservir un Pastis en lançant « qu’enfin on allait s’occuper de tous ces salopards de violeurs et de pédophiles ». Ouais, ouais, ouais…

Aujourd’hui on est à plus de 1 700 000 empreintes dans le FNAEG : n’importe quel gamin ayant participé à une manif, s’il est embarqué au poste à droit à son fichage ADN, aidé par une « circulaire Dati » qui soustrait le FNAEG au contrôle des juges. FNAEG grossit de 1000 fiches par jour ce qui nous donne 365 000 par an. Mais comme il est toujours possible d’aller encore plus loin, un professeur de l’INSERM n’a pas trouvé mieux que de prélever (en 2007) 6000 échantillons ADN de lycéens pour étudier la génétique des comportements (1). Ah ouais ? La génétique des comportements, c’est quoi ce truc ? Et bien comme nous allons le voir, si l’on parle de contrôle social dans le cadre de la surveillance des communication des populations, c’est qu’il y a un rapport étroit entre les deux.

Ils en rêvaient depuis des siècles, l’informatique leur ouvre les portes du contrôle social

Un excellent bouquin du célèbre linguiste Noam Chomsky « La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie » rappelle avec moult détails et précisions comment dès le XVIIIème siècle les dirigeants politiques et grandes fortunes du monde occidental se sont enquis des possibilités d’influencer les masses et surtout parvenir à un contrôle de leurs populations qui leur assurerait une continuité dans l’exercice du pouvoir et la transmission de leurs patrimoines financiers. Le principe est simple d’un point de vue théorique, mais compliqué dans sa mise en œuvre. Pour faire court, l’idée centrale est de parvenir à une société où les individus sont à la fois convaincus du bien-fondé du système dans lequel ils évoluent, pratiquent une auto-censure permanente et défendent leur propre asservissement pour conserver une cohésion collective. Cette « société parfaite » propose d’abolir le crime, la violence, la sédition pour que tout un chacun puisse se sentir protégé, sécurisé, (et que les classes possédantes puissent surtout ne pas être remises en cause par le reste de la population, c’est à dire la très grande majorité).

« 1984 » de Georges Orwell, roman d’anticipation écrit juste après la seconde guerre mondiale nous décrit avec une précision diabolique la société dans laquelle nous sommes déjà entrés : omniprésence des écrans et de l’information, « discours de peur » permanents des dirigeants, technologies de surveillance généralisées, détournements sémantiques des appareils d’Etat et des concepts (« la guerre c’est la paix », « la liberté c’est l’esclavage »), police de la pensée, ennemi éternel (le terrorisme permanent justifiant la surveillance), guerres et alliances modifiées en permanence…

Le ministère « de l’immigration et de l’identité nationale » est un bon exemple de pratique de détournement sémantique « à la 1984″. Comme la réception d’un Khadafi en 2008 déclaré ennemi sacré 3 ans plus tard. Le plan vigipirate ré-activé chaque année. Les slogans politiques de type « ensemble tout est possible ». « Les fous dangereux laissés en liberté », dénoncés par le courageux président lui permettant d’implémenter des caméras de surveillance dans les hôpitaux et proposer la « géo-localisation par bracelet électronique des schizophrènes (sic) alliée à la loi de soins sous contraintes en psychiatrie ». La surveillance des échanges de fichiers. Arrêtons-là les analogies pour nous pencher sur le contrôle social tel qu’il est insidieusement mis en place…et ce qu’il génère.

Le contrôle social, mais pourquoi ?

L’idée politique du contrôle social, dans une société vieillissante, et donc par essence plus inquiète et influençable, est avant tout la réalisation d’un fantasme originel de la haute bourgeoisie, des classe possédantes, en un mot de l’élite. Ce fantasme est celui de l’imposition à tous, d’un environnement social étanche et profondément contre-révolutionnaire dans sa structure même. La hantise des classes dirigeantes (cette bourgoisie ayant remplacé la noblesse) depuis l’apparition des démocraties, est la perte de ses privilèges, perte du contrôle des appareils d’Etat lui assurant sur plusieurs générations l’équivalent d’une immunité de sa rente financière, donc de sa totale mainmise sur les ressources les plus importantes, garantes de sa jouissance à tous les sens du terme.

La force brutale ne fonctionnant pas pour conserver cette mainmise, puisque poussant les classes les moins favorisées, dont la jeunesse fait souvent partie, à se rebeller, à vouloir « changer la société » et pouvant produire des révolutions, la classe dirigeante doit alors mettre en place un vaste système d’influence [des esprits, des mentalités], d’auto-régulation des masses [dans leur capacité à défendre les outils de contrôle que les dirigeants mettent en œuvre] et passant par plusieurs étapes. Ce qui est appelé contrôle-social n’est rien de moins qu’une vaste toile d’araignée dans laquelle on englue la population. Cette toile est constituée de plusieurs éléments, mais elle ne peut être mise en œuvre qu’avec des solutions technologiques qui n’étaient pas assez performantes il y a quelques dizaines d’années encore.

Comment faire passer la pilule et activer l’auto-censure ?

L’idée d’une société dangereuse parce que constituée d’individus néfastes et criminels, irrécupérables parce que « génétiquement programmés pour nuire » est le premier point à étudier pour comprendre comment fonctionne le contrôle social. La génétique est indispensable à une partie du discours, elle dédouane d’un côté le politique dans ses échecs d’amélioration sociales, éducatives, et permet un doublé extraordinaire : il faut surveiller les « délinquants génétiques », et « vous, les bons citoyens n’êtes pas de ceux-là, donc la surveillance ne vous concerne pas, même si elle s’exerce sur vous et que vous le savez plus ou moins ». Le rapport de l’INSERM de 2005 soutenu par les politiques dont l’actuel président de la république indiquait qu’un dépistage dès l’âge de 3 ans des comportements à risques était nécessaire. Avec ce types de développements comme « Le taux d’héritabilité génétique du trouble des conduites est proche de 50 % ». Rien d’étonnant, puisqu’on pense au sommet de l’Etat, par exemple, qu’on « nait pédophile ».



Sarko s’improvise « scientifique » par sarkonon

Le principe (sans aucune preuve formelle et scientifique) des causes génétiques des maladies mentales comme la schizophrénie est clamé sur tous les toits depuis quelques années. Les fichiers ADN cités plus haut ont été proposés comme outil de gestion de l’immigration, et on comprend très bien ce que permettrait la constitution d’un tel fichier. Parce que voilà le centre du sujet : passer de la lutte des classes (dangereuse pour la classe dirigeante) à la « lutte des comportements d’origine génétiques » [ethniques aussi par rebond, c’est en cours) , bien plus productive en termes de contrôle et de gestion des populations.

La toile, pour bien fonctionner, doit aussi étendre les outils de surveillance le plus loin possible afin, non pas de chercher à « coincer » n’importe qui, mais afin de dissuader le plus grand nombre de pratiquer toute forme de sédition. Parce que la limite entre parler de terrorisme et être terroriste n’est pas grande. Parce que dépasser de 4 km/heure une limitation de vitesse devient un acte délictueux qui vous pénalise immédiatement par l’automaticité de l’envoi du procès-verbal par le radar connecté au central des cartes grises. Fumer est délictueux dans la plupart des lieux. L’obligation de placer des détecteurs de fumée avec alarme à son domicile est prévue pour 2012. Comme l’obligation de posséder un alcotest dans son véhicule. Le fichier Base-éleve instruit les comportements des élèves. La liste est trop longue…mais tous ces éléments participent à une seule chose : établir un « état d’être » des populations soupçonneuses et soupçonnées, sous surveillance de l’Etat garant du mieux-être, de la sécurité du plus grand nombre, d’une société immobile nettoyée de ses éléments perturbateurs, ou en surveillance étendue.

Qu’est-ce qu’on peut faire ?

Plein de choses. Parce que l’utilisation de l’inspection profonde de paquets par Amesys (et bien d’autres) en Tunisie, Libye etc… pour espionner les populations est gravissime, mais doit créer un électrochoc au sein de notre société : ces entreprises vendent des technologies de surveillance de masse à l’étranger, il n’y a aucune raison qu’elles ne fassent pas de même en France. Et au delà de cette possibilité, le simple fait qu’une loi Hadopi permette déjà d’opérer la surveillance des échanges de fichiers des citoyens en peer-to-peer est une démonstration que l’opération « je suis partout, je vous surveille, faites gaffe à ce que vous faites » est en cours. Et le but de l’opération n’est pas de faire baisser le téléchargement illégal. Le but de l’opération, qu’on va nommer « Internet civilisé » dans le cas des outils de surveillance numériques est de monter d’un cran le contrôle social déjà en place. Parce que plus vous aurez l’impression qu’on vous surveille, plus vous ne ferez que le strict minimum. Vous vous censurerez. Comme en Tunisie à l’époque de Ben Ali où discuter dans un bar était très risqué puisque la probabilité qu’un client soit un agent de Ben Ali était proche de 100%. Il y avait un flic pour 10 habitants en Tunisie à cette époque. Imaginez ce qu’il est possible de faire avec l’espionnage massif des communications, une surveillance urbaine totale par caméras, un fichage génétique de grande ampleur. Et ce que cet « état de fait » peut déclencher psychologiquement et socialement chez les citoyens.

Le Patriot Act de Georges W. Bush a pu par exemple permettre que toutes les coordonnées des emprunteurs de livres de bibliothèques parlant de l’islam soient immédiatement transférées au FBI. FBI qui déboulait chez les dits emprunteurs, et pas avec de bons sentiments. « 1984 » n’est pas loin. C’est le moins qu’on puisse dire. Alors quelques solutions : faire partager cette information au plus grand nombre, en parler autour de soi. Utiliser des outils sécurisés sur le net, surveiller les surveillants ou aider à le faire. Mais surtout travailler à démonter les pseudo-sciences du comportement, dénoncer les fichages quels qu’ils soient, la pseudo-société de l’insécurité massive qui n’est qu’une pure fabrication, un mensonge politique ; demander des moyens sociaux pour permettre aux populations les plus défavorisées de participer  correctement à la vie collective, éteindre les postes de télévision, dénoncer la mise en place du contrôle social. Et aussi, se dire et faire savoir, qu’une dictature n’a pas besoin de se nommer pour se mettre en place. Ni de coup d’Etat. La dictature la plus puissante qui soit est celle des esprits. Rien ne nous dit qu’elle n’est pas déjà bien entamée ou qu’elle ne va pas encore aller plus loin, jusqu’à que nous ne soyons plus en mesure de dire « Non ». Ou mieux, quand l’emprise du contrôle en place sera telle qu’il ne nous sera même plus possible de penser dire « Non ».

(1) : source « Big Brother Awards – Les surveillants surveillés »

Article publié à l'origine dans Reflets.info

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>J…(Texte paru dans la revue « Une larme du diable », décembre 2011 )

-Tais-toi

-Je n’ai rien dit

-Tu as pensé

-A peine

-Tu as voulu penser

-Mais j’ai échoué

-Alors tais-toi. Tu ne sais pas qui je suis.

-Bien sûr je le sais. Tout le monde sait ici.

-Allons donc, je suis venu incognito.

-Si tu le dis

-N’est-ce pas ? J’ai considérablement adouci ma voix

-Voilà

-Je suis mieux accueilli ainsi

-Mettons

-Quoi ! Tu trouves que je n’ai pas réussi mon entrée ? Continuer la lecture de >J…(Texte paru dans la revue « Une larme du diable », décembre 2011 )

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>Autisme : trois psys répondent aux accusations du film « Le Mur » (Tribune sur Rue89)

 

Les trois signataires de cet article :

Geneviève Haag, pédopsychiatre et psychanalyste. Elle a tenu la plume.

Bernard Golse, chef de service de pédopsychiatrie à l'hôpital Necker – Enfants malades (Paris) et membre du conseil d'administration de la CIPPA, et Dominique Amy, présidente de la CIPPA et auteure de deux livres sur l'autisme.

 

A l'occasion du procès de la réalisatrice du documentaire « Le Mur » , dont l'audience se tient ce jeudi 8 décembre, et qui a suscité un important débat sur Rue89, nous donnons la parole à des psychanalystes membres de la Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme (CIPPA). L'un des signataires, Bernard Golse, est interviewé dans le film, mais ne le poursuit pas devant la justice. Le film accuse la psychanalyse d'apporter de mauvaises réponses à l'autisme infantile. Geneviève Haag et ses deux co-signataires répondent.

 

La Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme (CIPPA), reconnaît la diversité des pratiques et des hypothèses théoriques concernant l'autisme dans les courants psychanalytiques, et peut discuter avec certains membres du courant lacanien.

Elle dénonce la condamnation abusive des « psychanalystes » et de « la psychanalyse » dans un amalgame autour de certaines formulations émises dans le documentaire « Le Mur ».

Il serait nécessaire de rétablir l'authenticité des propos émis par les interviewés car ceux-ci ont été coupés et remontés, certains fragments ont même été recollés de façon complètement déformante.

Ainsi, Bernard Golse dénonce le rapprochement de ses propos sur la biologie de la grossesse, indépendante des questions sur l'autisme, de propos parlant de mouvements inconscients de rejets du futur bébé. Il réfute le lien de causalité entre les mouvements inconscients de la mère dans la période prénatale et l'autisme.

Le courant que nous représentons, regroupement de praticiens résolus à améliorer leurs pratiques, ne se reconnait en aucune façon dans une série d'accusations.

L'accusation de la culpabilisation des parents

Dominique Amy souligne la nécessité de contacts fréquents avec les parents au cours des prises en charge en institutions. Elle insiste aussi sur le partage des observations et des tentatives de compréhension tenant compte des difficultés spécifiques de chaque enfant. La psychothérapie psychanalytique, individuelle et groupale proprement dite, loin d'être un placage d'une théorisation préalable périmée, est le lieu d'une observation très détaillée et patiente du langage corporel préverbal que les enfants eux-mêmes nous ont aidés à décrypter.

Les enfants cherchent ainsi à communiquer des vécus corporels pénibles (tomber, se répandre, perte du sentiment de peau, perte de sensation de certaines parties du corps), que nous verbalisons. Ces apports se relient très bien à toutes les recherches en cours – qu'elles soient cognitives, neuroscientifiques ou génétiques – sur les particularités sensorielles, perceptives et de représentation.

L'accusation d'empêcher les enfants d'accéder à l'éducation et à l'instruction

Nos membres proposent la compréhension et les soins psychanalytiques dans un esprit de constante articulation avec les autres approches : stratégies éducatives et instructives variées, scolarité et approches rééducatives : orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, coordonnées et ajustées à chaque enfant (comme décrit dans le livre Autisme : L'accès aux apprentissages d'Anne-Yvonne Lenfant et Catherine Leroy, 2011).

Certains d'entre nous se sont formés eux-mêmes au TEACCH et à l'ABA ainsi qu'aux stratégies de communication alternative au langage verbal PECS et MAKATON pour comprendre ces méthodes et pouvoir accompagner ceux qui les utilisent. Nous en avons pris le meilleur, mais critiqué certains professionnels qui préconisent et mettent en pratique une trop grande élimination de la relation affective et ludique.

L'accusation de l'isolement

La théorisation purement psychogénétique de l'autisme et l'ignorance ou le mépris des apports des recherches cognitivistes neurophysiologiques et génétiques ne nous concernent pas. Plusieurs d'entre nous ont participé au Réseau interdisciplinaire Autisme Sciences (RIAS, rattaché au CNRS), au Cercle de neuropsychologie et psychanalyse (CNEP).

Dans « Comment aider l'enfant autiste » (Dunod, 2004), Dominique Amy affirme que les recherches neurophysiologiques et génétiques mettent à juste titre les mères et les pères hors de cause concernant l'émergence de l'autisme chez leur enfant. Nous pensons cependant qu'ils ont à être très soutenus afin de les aider à mieux surmonter leur détresse, à comprendre les difficultés de leur enfant et à lui proposer un environnement adapté, avec des actions éducatives et thérapeutiques couplées à une scolarisation bien accompagnée (AVS et soutien du personnel enseignant).

L'accusation de refuser toute évaluation

Certes nous avons pris du retard en matière d'évaluations formalisées utilisant les outils recommandés. Dès sa fondation en 2004, la CIPPA a recommandé à ses membres les évaluations standardisées et beaucoup d'équipes se sont formées et/ou travaillent en coopération avec les Centres de diagnostic . Pour les psychothérapies proprement dites, nous participons au Pôle Autisme du réseau INSERM de recherche fondée sur les pratiques psychothérapiques.

L'accusation de ne pas solliciter des diagnostics

Il est faux de dire que nous ne proposons pas de prises en charge précoce, car bon nombre d'entre nous collaborons avec les PMI et les crèches afin de favoriser autant et dès que possible la prévention et les suivis nécessaires. Nous sommes en étroite liaison avec les recherches de l'association Préaut, de dépistage de l'autisme.

 

Lire l'article sur le site Rue89

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> "Accueillir la folie" : un réseau social pour tous ceux qui se sentent concernés par la psychiatrie !

CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU RESEAU SOCIAL "ACCUEILLIR LA FOLIE"

Oui, nous avons créé un réseau social !

Parce que nous pensons qu'il est encore plus important désormais que le plus grand nombre de personnes concernées par la psychiatrie puissent échanger, partager, discuter, offrir, recevoir : patients, ex-patiens, citoyens concernés, militants des droits de l'homme, membres de familles de patients ou d'ex-patients , proches de patients ou d'ex patients, professionnels du secteur psychiatrique du soin ou de l'éducatif…

Ce réseau social permet de nombreuse choses. Chacun peut y créer son blog, des  groupes de discussion, participer à ceux des autres, offrir de la musique (et écouter celle des autres), des photos, des vidéos, en un mot : échanger.

 

 

Parce que la folie est aussi source d'inspiration et de création, parce que la psychiatrie concerne toute la société, parce que nous sommes entrés dans une époque sombre où le sécuritaire et l'enferment ont pris le pas sur l'accueil, l'échange, le partage, l'humain dans tout ce qu'il peut avoir de sensible, nous pensons que le réseau "Accueillir la folie" est un outil indispensable qui nous manquait.

Ce réseau peut permettre de rallier tous ceux qui veulent permettre de réformer la psychiatrie, défendre la psychothérapie institutionnelle, faire reconnaître les personnes en psychiatrie comme des citoyens à part entière, soutenir ou créer des initiatives permettant un véritable accueil de la folie dans la "cité".

 

 

Comme à l'époque de Gutemberg, nombreux sont ceux qui ont alors craint ce qu'allait engendrer la "révolution du livre" : ils avaient raison, le livre a changé l'humanité et continue à le faire, comme les outils numériques, eux aussi, aujourd'hui le font. A tous ceux qui pourraient croire que les outils de l'Internet comme un réseau social sont uniquement chronophages et aliénants, nous disons : le livre à ses débuts a reçu les mêmes critiques, regardez aujourd'hui le nombre d'heures que vous avez passées à les lire et les bénéfices humains que vous en avez retiré…

Rien ne s'oppose, tout se complète, le monde physique peut être investi beaucoup plus facilement aujourd'hui grâce aux rencontres d'hommes et de femmes sur des réseaux sociaux comme celui-ci, réseau qui nous appartient, à tous ceux qui veulent un autre accueil de la folie. Un réseau social est un espace de rencontres et d'échanges, il est aussi et avant tout un moyen d'aller plus facilement vers les autres, de faire connaître ce qu'il se fait, se dit dans le monde physique.

 

Le réseau social "Accueillir la folie" deviendra que ce que nous en ferons et le site  du collectif des 39 (que vous lisez en ce moment) restera bien entendu le point de publication centralisé du collectif des 39, mais qui deviendra peut-être à termes le collectif…des 109, des 1009 entre autres grâce au réseau social : plus nombreux  seront  ceux qui revendiqueront la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, moins l'homme aura de chances de disparaître…

CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU RESEAU SOCIAL "ACCUEILLIR LA FOLIE"

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>Lettre à Nicolas Sarkozy concernant la loi sécuritaire et autre aberrations

Monsieur le Président de la République

Palais de l'Elysée

55, rue du Faubourg Saint-Honoré.

75008 PARIS

 

Objet : ma perte de confiance. Ivry le 6 décembre 2011

 

Monsieur le Président,

Par cette lettre, je vais me permettre de vous expliquer les raisons qui m'ont amené à quitter l'UMP en septembre 2010 et surtout la conviction que je ne suis pas sûr de voter pour vous en 2012 et je tiens à ce que cette lettre vous parvienne et je demande à vos collaborateurs de bien vouloir vous la transmettre.

Mais d'abord je vais vous dire que je n'ai pas été toujours contre vous et ce fut le cas en septembre 2006 où je pris la décision d'accepter de m'ouvrir à vous puisque vous aviez décidé de faire une large ouverture envers la population populaire et envers les bonne volontés proche de la gauche.

Il est vrai que votre discours envers les ouvriers, les handicapés (je suis invalide de catégorie 1), le droit des femmes, les problèmes de délinquance en banlieue et plein d'autres sujets m'avait beaucoup plu et semblaient très réalistes. Pourtant, tant de promesses n'ont pas été tenues et il est inutile de vouloir dire que c'est la crise car elle était largement prévisible et si un simple citoyen comme moi l'avait pressentie il est évident qu'un homme de votre rang était déjà au courant de la situation d'endettement des ménages aux USA et surtout des conséquences que cela aurait sur notre économie.

C'est dans une optique très positive que je prenais contact avec Emmanuel Chambon délégué de afin de prendre ma carte d'adhésion.

Comme je le disais, je suis travailleur invalide et j'ai lutté tant que j'ai pu pour me réinsérer en commençant par une formation dans le bâtiment qui s'est soldée par un échec dû à un accident qui m'a fracturé les huit côtes du côté droit et ceci durant deux ans et ma mère peut témoigner de la souffrance que j'ai enduré. Je ne suis pas resté sur cet échec, car dès le mois de septembre 2010, j'ai décidé de reprendre mon ancien métier de téléconseiller auprès de la société H2A qui m'a embauché huit fois d'affilé en CDD. Voyant que le CDI n'arrivait pas, j'ai décidé de rejoindre un employeur qui m'a fait une proposition tout à fait acceptable de télétravail depuis mon domicile. Durant deux mois et demi en plein été 2010, j'ai effectué un travail de titan dépassant les objectifs demandé et surtout la qualité au delà de la demande de l'employeur. Pourtant, je suis depuis le mois de septembre à la recherche d'un emploi et suivit par le CAP Emploi d'Ivry et ARHIM CONSEIL où une évidence est simple : mon métier de téléconseiller est à mettre au placard du fait de mes troubles bi-polaires entrelacée d'une petite schizophrénie. Maintenant nous touchons aux raison pour lesquelles si la présidentielle avait lieu dimanche prochain JE NE VOTERAIS POUR VOUS et sauf un rebond de situation venant directement de vous en la faveur des personnes handicapés atteintes de troubles psychotiques car il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et je suis loin d'en être un.

Je commence par la première grosse idiotie de votre gouvernement et de votre personne : votre discours à l'hôpital d'Erasme. Bien que sur certains point nous pouvons comprendre la tristesse des familles perdant un proche du fait des actions d'une personne atteinte de troubles de la personnalité comme la schizophrénie ou autre, il ne faut pas fustiger toutes les personnes atteintes de troubles psychiques. Nous sommes avant tout des êtres humains alors pourquoi nous montrer du doigt. C'est comme si je disais que tous les membres de l'UMP sont des […], je préfère ne pas le dire car cela est faux, dans tous les partis politiques il y a des gens bien et des gens qui font le mal. Je préfère rester consensuel (à la différence que certain sont tellement cons qu'ils en ont perdu leur sensualité). Je reviendrais sur la suite de cet événement et la raison qui me pousse à vous écrire aujourd'hui.

Venons à la seconde idiotie de votre gouvernement. Je reconnais par cette lettre que la situation de la France est très préoccupante, au point que la population se demande ce que va devenir notre pays et nous voyons tout un tas de pays de la zone Euro en difficulté comme la Grèce, l'Italie l'Espagne, le Portugal, l'Irlande mais aussi des pays comme l'Islande qui a été en cessation de paiement vite oublié par les actualités. Comme je vous le disais, j'ai eu une proposition de poste en qualité de téléenquêteur par une société de Perpignan, embauche gérée par le CAP Emploi de Cabestany. Pourtant, nous étions quatre travailleurs handicapés et trois ont été licenciés par cet employeur car il n'avait pas touché les aides de 10 800€ promises par les AGEFIPH qui se sont vue dans l'obligation d'envoyer un mail à tous les CAP Emplois de France (confirmé par le CAP Emploi France) n'ayant plus d'argent pour rétribuer les entreprises dans l'aide à l'embauche. Sur 43 200€ de subventions promises, l'AGEFIPH n'a versé que un peu plus de 16 000€ mettant l'employeur dans une véritable situation de faillite mais il a réussit à s'en sortir. Toutefois, n'étant pas le seul employeur dans cette situation, le taux de chômage des handicapés a très fortement augmenté et que les entreprises ne veulent plus se casser la tête à embaucher des personnes atteintes d'un handicap. J'ai fait des recherches et j'ai découvert que le ministre du budget François Baroin s'est servit dans les caisse de l'AGEFIPH sans prendre en compte les dossiers en cours d'indemnisation.

Que dois-je penser, monsieur le Président ? J'ai cherché à être reçu par les députés des Pyrénées Orientales et j'ai été traité comme un moins que rien. C'est ce qui m'a poussé à comprendre que je n'étais pas le bienvenu à l'UMP : "un pauvre handicapé qui est venu nous faire chier". Pourtant l'handicapé a été présent sur la liste d'opposition d'Union de la Droite et du Centre de la ville de Fontenay-aux-Roses aux côtés de Muriel Guilleminot et j'en suis fier encore aujourd'hui car loin de penser que ce "rêve" allait être réalisé par la droite.

Maintenant monsieur le Président, je viens à la dernière raison qui me pousse à ne pas voter pour vous, si l'élection avait lieu dimanche prochain. Votre loi absurde sur les soins obligatoires et ambulatoires concernant les personnes atteintes d'un trouble psychique. Pourquoi vouloir monter la population contre les personnes atteintes d'un trouble psychique ? Je n'ai pas compris aujourd'hui la raison qui vous pousse a la généralisation des soins envers les handicapés. Pourtant la loi de 2005 a permis la création de structures indépendantes des services médicaux que sont les GEM et dont je suis aujourd'hui trésorier de mon GEM et je préfère une heure de transport en commun pour servir là où je suis utile plutôt que d'aller là où je ne trouve que peu de réconfort. J'ai fait plusieurs GEM et j'ai posé mes bagages dans celui qui m'a accordé sa confiance.

Je vous le disais : je comprends les familles des proches dont un schizophrène complètement incohérent peut dérailler. Vos soins ambulatoires et obligatoires ne feront que donner plus de malaise à notre population. Si une obligation devait être donnée à un malade, ce serais plutôt l'obligation d'insertion par l'intermédiaire de ces structures. Disons-le aujourd'hui que mes projets se tournent vers l'artistique et que la menace de baisse de subventions qui pèse sur les GEM ne peut servir la cause commune de notre pays. Cependant, vous êtes en droit de modifier la mission dans une demande d'insertion plus élaborée comme celle de mettre en contact les professionnels des CAP Emplois et ceux des GEM.

Votre loi ne peut qu'aboutir à des contrariétés pour notre public. Notre GEM est très bien géré par l'association qui en ait la marraine et une entente parfaite avec les permanents salariés font que les dérives violentes sont assez rares. Venez nous rencontrer, nous vous ferons voir nos activités (choisissez le GEM de votre choix). Aidez les GEM à l'ouverture des 35 heures. Faites aussi un article dans votre loi qui obligerait les communes à fournir un local moyennant un loyer modéré au moins de 120m² et obligez les personnes atteinte d'un trouble psychotique à venir dans nos structures qui ne sont pas médicalisées mais qui par nos activités redonnent un équilibre certain et un certain équilibre. Ne remettez pas en cause ce que vous avez créé depuis 2002, ce serait une grave erreur. Envoyez vos élus constater que nos activités ne sont pas de simples récréations mais que la création et l'artistique (vous connaissez l'art thérapie ?) peuvent consolider là où les médicaments ne font que pallier un état de détresse sans rechercher les solutions. Il en va aussi de l'équilibre budgétaire de la sécurité sociale. Ce n'est pas en six ans qu'un bilan peut être fait et l'amélioration du dispositif doit être soumis à la condition où les moyens sont donnés à nos structures. Nombre de personnes étant passées par les GEM travaillent aujourd'hui avec une totale réussite.

Une dernière chose. J'ai choisi au niveau médical de faire confiance à l'association l'Elan retrouvé et je suis suivi par le docteur Tuffelli. De même, vous pouvez demandé à mon entourage proche et familiale les progrès que j'ai fait au niveau humeur et ceci depuis que je connais mes troubles qui ne m'ont jamais été diagnostiqués et connaissant leurs conséquences je peux agir avant qu'il ne soit trop tard.

J'espère que cette lettre vous donnera vraiment des idées et surtout la sagesse de réviser cette loi non dans la sanction et les résultats sans conséquences positives mais réfléchissez au contenu de cette lettre et aux moyens que l'on peut donner aux structures alternatives où là, je consens à l'obligation de fréquentation pour le bien être de tous dans une société qui se cherche.

 

Je vous prie de recevoir, monsieur le Président, mes meilleures sincères salutations.

 

THIERRY LEVIEIL.

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>Formations à Utopsy (Vidéos)

Pierre Dardot à UTOPSY from UTO PSYS on Vimeo.

Pierre DARDOT,

Philosophe et auteur avec Christian Laval de

« La nouvelle raison du monde, essai sur la société néolibérale »,

publié à la Découverte en 2009.

Présentation

Jean-Claude Polack "Entre structures et processus : psychoses et conditions d’une analyse pragmatique » from UTO PSYS on Vimeo.

Jean Claude POLACK, psychiatre et psychanalyste, auteur de l'ouvrage:

"Epreuves de la folie, travail psychanalytique et processus psychotiques".

Il a travaillé pendant une douzaine d'années aux côtés de Jean Oury et de Félix Guattari à la clinique de La Borde. Jean Claude Polack exerce actuellement dans un collectif d'analystes à Paris.
Il est également directeur de la revue Chimères (http://www.revue-chimeres.fr/), fondée en 1988 par Gilles Deleuze et Felix Guattari. Il a aussi réalisé un film sur François Tosquelles.

Bibliographie:
– " Epreuves de la folie, travail psychanalytique et processus psychotiques", Eres 2006
– " L'intime utopie", co-écrit avec Danielle Sivadon.
http://www.revue-chimeres.fr/

Cette vidéo a été réalisée lors du diplôme universitaire "Psychose et institution" coordonné par le Dr Guy DANA (EPS Barthélémy Durand, Etampes) et la faculté Paris7

Dans leur ouvrage, Dardot et Laval analysent les modifications du capitalisme et voient dans le passage du libéralisme au néo-libéralisme, l’avènement d’une nouvelle rationalité où la question centrale n’est plus de « laisser-faire » (Adam Smith) mais bien de « conduire les conduites » des hommes, en créant un cadre normatif propice au développement de la concurrence.

Après une analyse politique, historique et philosophique s’appuyant notamment sur les outils foucaldiens comme « la gouvernementalité », les auteurs définissent un nouveau processus de subjectivation où les individus intègrent eux-mêmes la normativité concurrentielle, chacun devenant « auto-entrepreneur » de lui-même, ce qu’ils définissent comme étant la fabrique du « sujet néo-libéral ».

S’appuyant sur cette analyse politique, les auteurs développent une pensée critique pour sortir des alternatives proposées par l’antilibéralisme classique, où nombres de partitions sont devenues inopérantes pour analyser les enjeux du monde contemporain (notamment la partition entre l’Etat et le Marché, entre le public et le privé). Pour ce faire, Dardot et Laval étudient les questions amenées par Marx, s’extirpant par là des définitions imposées par le marxisme orthodoxe, véritables « obstacles à la pensée » qui plutôt que de s’affronter à un « champ de questions » élaborent des « réponses définitives sur le sens des mots » (Cités 2010/3, n° 43).

Présentées comme « naturelles » ou « allant de soi », Dardot et Laval montrent que ces normes peuvent être considérées comme des constructions politiques, d’autant plus efficaces qu’elles ne peuvent être remises en cause qu’après une analyse minutieuse. Dès lors, comment mettre en perspective le « pouvoir de la norme » ?

C’est du côté des « communs », en tant que ces derniers sortent du cadre de pensé imposé par le néolibéralisme, qu’une politique d’émancipation pourrait se recréer. L’enjeu est bien d’avancer dans un constructivisme à même de fonder une politique des communs : « La théorie des communs permet de souligner le caractère construit des communs. Rien ne peut laisser penser qu’un commun pourrait fonctionner sans règles instituées, qu’il pourrait être considéré comme un objet naturel.»

Inventer des outils pour penser le monde contemporain, sortir des positions orthodoxes pour affronter les nouveaux agencements problématiques, mettre en acte une praxis émancipatrice : cette analyse des nouvelles figures de l’aliénation sociale n’a-t-elle pas de grandes résonances avec ce qui se joue pour nous dans la clinique quotidienne avec la folie ?

Ainsi, comment questionner les orthodoxies de tous poils qui prétendent diriger nos actes explicitement ou implicitement ? Aux politiques d’émancipation pourrait-il correspondre des cliniques émancipatrices ?

Rappel des épisodes précédents

L’an passé, Yves Clot et Samuel Lézé, nous ont tous deux commentés le rapport du Centre d’Analyse Stratégique remis à N. Kosciusko-Morizet « La santé mentale, l’affaire de tous ». Ce rapport, en pointe dans la redéfinition du champ psy et dans l’avènement du « santé-mentalisme », nous obligent à questionner le cadre normatif qui tente de s’imposer par des entités « naturelles » comme « le bien-être », « la qualité de la vie », « la souffrance au travail », « la santé mentale positive » etc.

Ces nouvelles normes nous ont été décrites par Y. Clot comme un « hygiénisme rénové » tandis que S. Lézé y voyait une entreprise de dépossession de la problématique même de la « santé mentale » qui en devenant « l’affaire de tous » n’est paradoxalement plus celle des psys, concourant ainsi à délégitimer toute une série de pratiques inventives.

Par ailleurs, les mots employés sont révélateurs : si le terme de « santé mentale » fut à une époque porteur d’une ouverture dans le champ psychiatrique, il est désormais un mot récupéré et « occupé » par la rationalité dominante, tout comme les mots d’usagers, de déstigmatisation etc.

Perspectives et lignes de fuite

Dès lors, comment penser une clinique fondée sur un autre type de processus de subjectivation qui porterait en son sein la question du désir inconscient articulé à un « agir en commun » émancipateur ? Comment se nourrir des réflexions sur le commun pour articuler une praxis clinique qui serait émancipatrice et s’articulerait autour d’un agir commun. « Une politique des communs [nécessite] d’inventer des normes de l’action qui permettent de faire fonctionner un commun » précisent les auteurs.

De fait, les conditions du renouvellement de la pensée critique se précisent, à mesure que se créent des outils, des concepts et des pratiques pour penser le monde et agir sur lui. Du côté de la clinique, cela nous a été amené par nos premiers invités de l’année : Christophe Chaperot, Guy Dana et Paul Brétécher.

Comment repenser les apports fondamentaux développés par la psychanalyse à partir du transfert et par le mouvement de psychothérapie institutionnelle en termes de collectif et de pratiques instituantes ?

Si la psychothérapie institutionnelle travaille l’articulation entre aliénation sociale et aliénation psychopathologique, entre marxisme et psychanalyse, penser la contemporanéité en mettant à jour les questions posées par Marx tout en se détachant de son orthodoxie, nous semble fondamental.

« Seul l’acte d’instituer les communs fait exister les communs » précisent Dardot et Laval. N’est-ce pas là poser la question du processus d’institutionnalisation et de l’analyse institutionnelle (Oury), là où l’ouvert de l’instituant est en proie aux tentatives de fermetures de l’institué ?

Mathieu Bellahsen et Loriane Brunessaux pour UTOPSY

 

Gonon à Utopsy Partie 1 from UTO PSYS on Vimeo.

François Gonon, neurobiologiste et directeur de recherche au CNRS à Bordeaux

sur le thème "Les dérives du discours du neurosciences et sés conséquences sociales : l'exemple de l'hyperactivité TDAH"

Il sera discuté par Samuel Lézé, chercheur à l'Institut de Recherche Interisciplinaire sur les enjeux Sociaux, et chercheur en sciences sociales au CNRS

François Gonon développera la manière dont le discours des neurosciences est abusivement mis en avant pour affirmer une origine neurobiologique des troubles psychiques sur la base d'évidences scientifiques en réalité faibles.
Il travaille en tant que neurochimiste depuis 34 ans sur un neurotransmetteur: la dopamine et a donc travaillé sur les psychostimulants comme l'amphétamine ou la ritaline qui sont les médicaments prescrits aux enfant hyperactifs. Concernant l'hyperactivité, le dogme est que ce trouble résulte d'un déficit de dopamine que vient corriger le médicament psychostimulant. François Gonon a écrit en 2009 un article de synthèse, publié dans une grande revue nord américaine Trends in Neuroscience où il montre, après un examen attentif de la littérature scientifique, que ce dogme n'est pas fondé.
Actuellement, il travaille avec des sociologues et des chercheurs en sciences de la communication pour comprendre comment est généré l'écart entre les observations scientifiques sur les troubles mentaux et les conclusions abusives présentées au grand public.

Alexandra de Séguin, pour Utopsy

Bibliographie :

https://www.collectifpsychiatrie.fr/?p=536 : "Le trouble déficitaire de l'attention : faits et interprétations politiques" François Gonon (chercheur au CNARS) et Annie Giroux-Gonon (psychologue, psychanalyste)

1.Gonon, F., Guilé, J. M. & Cohen, D. Le trouble déficitaire de l’attention avec hyperactivité: données récentes des neurosciences et de l’expérience nord américaine. Neuropsychiatrie de l’enfance et de l’adolescence sous presse (2010). Cet article peut être demandé à francois.gonon@u-bordeaux2.fr

2. Gonon, F. The dopaminergic hypothesis of attention-deficit/hyperactivity disorder needs re-examining. Trends in Neuroscience 32(1), 2-8 (2009).

Gonon à Utopsy part 2 from UTO PSYS on Vimeo.

Gonon à UTOPSY partie 3 from UTO PSYS on Vimeo.

François Gonon, neurobiologiste et directeur de recherche au CNRS à Bordeaux

 

Christophe CHAPEROT "Transfert et schizophrénie" from UTO PSYS on Vimeo.

CHRISTOPHE CHAPEROT est psychiatre et psychanalyste,
Rédacteur en chef de la revue "L'Evolution Psychiatrique" (par délégation)

Auteur d'une quarantaine d'articles sur la schizophrénie (et son traitement psychanalytique), le structuralisme, le transfert, la psychothérapie institutionnelle (dans L'Evolution Psychiatrique, L'Information Psychiatrique, L'encyclopédie médico-chirurgicale, La revue internationale de psychopathologie, etc.), Christophe Chaperot est également lecteur pour les éditions "Flammarion".

Par ailleurs il a fondé en 2001 le "Collectif Psy Abbevillois" qui organise tous les ans un colloque à Abbeville (http://www.collectifpsy.org/index.html).

Médecin chef de service à Abbeville, il développe un projet de psychothérapie institutionnelle, avec «club thérapeutique ». C'est à partir des activités communautaires en autogestion soignants-soignés (sans subvention) qu'une analyse des transferts et des répétitions peut être menée: "Ma démarche est phénoméno-technique au sens de Bachelard, un concept doit toujours être appliqué dans la réalité concrète, le concept d'inconscient freudien doit être appliqué à l'institution sinon il ne s'agit que de bavardage."

Florent Gabarron-Garcia pour Utopsy.

Cette vidéo est issue du Diplôme Universitaire "Psychose et Institution" coordonné par le Dr Guy DANA ( EPS Barthélémy Durand) et la faculté Paris 7

Bibliographie principale:

– Christophe Chaperot, Structuralisme, clinique structurale, diagnostic différentiel névrose psychose, Paris, L'Harmattan, 2003, coll : Etudes psychanalytiques.

– Christophe Chaperot, Anne Bourgain et Christian Pisani, Le rire à l'épreuve de l'inconscient, Paris, Hermann, 2010, coll : Psychanalyse.

Jean OURY et Patrick CHEMLA, La psychothérapie institutionnelle, le collectif, le commun from UTO PSYS on Vimeo.

Filmées lors du festival "les évadés du bocal", les interventions de Jean Oury et de Patrick Chemla, psychiatres et psychanalystes respectivement à la clinique de La Borde et à Reims, transmettent une autre manière de faire la psychiatrie, manière qui met en question l'aliénation psychopathologique et l'aliénation sociale.
 

http://lesevadesdubocal.canalblog.com/

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>Ateliers de réflexions des 39 : comment réformer la psychiatrie ?

Je suis un membre des 39 et pourtant, je ne suis pas soignant. Je suis membre des 39 parce que je crois en la sincérité du collectif, à son engagement pour protéger et mieux aider les patients qui traversent la psychiatrie. Sur leur supposé dogmatisme, parfois dénoncé ici ou là, j'ai observé les membres soignants des 39 dans de nombreuses réunions et leurs capacités à se remettre en question et à ne pas se laisser entraîner dans une forme de religion de la psychanalyse, par exemple, m'a surprise. Bien que le socle de leur pratique soit d'inspiration psychanalytique, c'est à dire une science humaine, profondément humaine, ces soignants là ne sont pas des ayatollah de la psychanalyse. 

Ces soignants là luttent avec leurs armes, et une arme plus particulièrement : la parole. La circulation de la parole. Parfois physiquement quand ils vont brandir des pancartes ou des banderoles comme au printemps dernier mais aussi en accompagnant des débats autour de films comme "Un monde sans fous ?" afin de tenter d'expliciter la réalité de ce qu'il se passe dans le monde de la psychiatrie en France. C'est-à-dire de la nécessité de réformer cette psychiatrie agonisante qui ne propose plus que de considérer les hommes et les femmes en souffrance psychique (qu'elle est pourtant censée accueillir, et qu'en réalité elle "gère"), comme des troubles à résorber, une suite de protocoles à exécuter, comme des individus dangereux et inquiétants qu'il faut contenir et traiter chimiquement ainsi qu'avec des processus thérapeutiques courts de psycho-éducation neuro-cognitiviste.


Les débats sont riches au sein des 39. Ce fut le cas de ce samedi 3 décembre. Autour de thèmes comme la famille, les enfants, la formation, les pratiques…Ces débats sont ouverts, horizontaux, chacun peut y prendre la parole, qu'il soit psychiatre, éducateur, infirmier, psychologue ou autre chose, c'est à dire "individu ayant à voir (et à penser) avec la psychiatrie, comme je le suis. Des auto-critiques y sont formulées dans ces débats : sur l'aveuglement, à certaines époques, des psychiatres membres des 39, un peu trop enfermés dans des croyances, par exemple.


Personne n'est parfait, les soignants comme les autres, mais surtout les soignants qui travaillent avec cette matière totalement insaisissable qu'est le psychisme. Le reconnaître, le discuter, est pour moi une qualité extraordinaire qui je dois le dire, ne cesse de m'impressionner. J'ai été saisi hier par la réelle volonté de ces professionnels à se placer à la fois comme militants d'une autre psychiatrie, qui tous les jours agissent dans le sens de l'accueil, mais pour autant conscients de leurs erreurs, de leurs difficultés, de leurs progressions et de l'arrivée à un moment où il ne leur est plus possible de laisser le "voile noir du scientisme, sécuritaire, protocolaire, cette froide médecine de l'esprit auto-déclarée scientifique" recouvrir tant d'années d'efforts. Et écraser l'humanité en l'homme.


Quels efforts ? Ceux qui pourraient donner une voie à la réforme de la psychiatrie. Cette réforme qui doit absolument survenir avant que l'enfer d'une vision concentrationnaire ne s'abatte définitivement sur les patients et une partie des soignants. Si je parle de vision concentrationnaire, ce n'est ni par provocation, ni par légèreté. Les méthodes, pratiques, lois qui s'opèrent aujourd'hui en hôpital ou en clinique ne sont à mon sens qu'une forme de métaphore des camps de concentration nazis adaptés à une certaine modernité du soin psychique : grilles d'évaluation pour mieux diriger les personnes vers certains protocoles, comme on séparait et évaluait ceux qui allaient travailler et ceux qui allaient être de suite éliminés dans les chambres à gaz. Volonté d'imposer la croyance que l'homme et son cerveau fonctionnent de la même manière qu'un ordinateur et penser que le "reprogrammer " ce cerveau, est la solution pour soigner ces maladie "mentales du cerveau". Comme le nazisme pensait faire adhérer "la planète occidentale" à la vision de l'homme nouveau, du surhomme (qui n'a rien à voir celui de Nietzsche), cet aryen programmé lui aussi pour penser la civilisation du troisième Reich. Cette civilisation de la perfection, de la puissance et de la maîtrise scientifique en toutes choses. 

 

Je ne dis pas que les soignants, "enfermés dans ces approches", dans ces institutions "concentrationnaires" sont des nazis, qu'on ne s'y méprenne pas. Ni que les hôpitaux psychiatriques sont des camps de concentration. Non. Je dis simplement que l'état d'esprit qui prévaut en leur sein, niant l'humain dans sa complexité, son histoire, le réduisant à une suite d'opérations à effectuer, à une pathologie, état d'esprit cumulé à beaucoup de maltraitance (que j'ai rencontrée à chaque fois au cours des 20 dernières années) comportent des similitudes avec l'approche concentrationnaire. Une approche particulière de l'homme, donc. Et qu'à termes, si rien n'est fait, il sera difficile de faire la différence entre la vision totalitaire des nazis et celle que la société aura engendrée, sous une autre forme, mais similaire.


Les efforts des 39, pour nombre d'entre eux durant plus de 30 ans, ont été d'accueillir et de créer de l'espace thérapeutique basé sur l'humain et sur sa parole. De tenter d'accompagner des hommes et des femmes afin de les aider à soigner les plaies de leur âme. Pas de protéger la société d'une dangerosité supposée. Pas d'obtenir des taux de ré-hospitalisation inférieurs à 50% dans les deux années suivantes. Pas de vérifier que le médicament est bien pris par le patient. Pas de surveiller la capacité à devenir violent de ceux qu'ils ont accueillis. Non. Ils ont aidé des personnes à ce que les traitements neuroleptiques soient une chose acceptée, que la personne les prenne en toute confiance. A ce que l'accueil chaleureux et humain n'incite pas à la violence. A créer des espaces de créativité, d'échanges, de relations. Les membres des 39 ont permis par exemple, à ce que le dialogue soit un plaisir thérapeutique entre un infirmier et un patient, en dehors de tout cadre établi à cet effet, dans un couloir, dans la salle des médicaments… 


Les membres des 39 ont fait des efforts pour mieux faire accepter et comprendre leur travail avec les parents des patients qu'ils aidaient, par exemple. Avec des approches en perpétuel changement, parce que l'homme change, comme la société, comme la perception des réalités que l'on a. Les efforts des 39 sont ceux qui permettraient de faire de l'hôpital psychiatrique, de la clinique psychiatrique, des lieux d'asile où les personnes en souffrance psychique pourraient se réfugier, se réparer, se reconstruire, vivre, revivre. Si ces efforts que les membres des 39 font depuis des années étaient massivement effectués, ces lieux aujourd'hui majoritairement concentrationnaires pourraient devenir ce qu'ils devraient être : des asiles chaleureux pour se soigner. Et dont on sortirait confiant en l'homme, en la société, la civilisation humaniste que nous étions censés construire ensemble depuis des siècles désormais, et plus particulièrement depuis 1945.


J'espère que nous, 39 parviendrons à faire suffisamment entendre notre voix pour que ce projet voit le jour et qui, bien qu'apparemment utopiste en ce 4 décembre 2011, n'est en fait qu'une volonté politique et citoyenne simple à activer, mais qui doit l'être le plus vite possible.


Simon Sensible

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>Rendez-vous le 17 mars 2012 à la parole errante

Le dimanche 4 décembre 2011, 


RDV le samedi 17 mars 2012 de 9h à 17h

à la Parole Errante à Montreuil/Bois 93100

 

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire s’est réuni les 3 et 4 décembre 2011 afin de poursuivre le mouvement que nous avons instauré depuis maintenant trois ans. 

Prenant acte que : 


La loi du 5 juillet 2011, malgré sa restriction pour les libertés publiques des patients et des citoyens ayant affaire avec la psychiatrie, est appliquée dans la plupart des services de psychiatrie adulte ; 


Les pratiques de terrain ne cessent de se détériorer dans le champ psychiatrique et pédopsychiatrique ; 


La tendance gestionnaire nous éloigne du coeur du métier qui est de prendre soin ; 


La tendance sécuritaire semble désormais contaminer les partis d’opposition (le parti socialiste, suite à l’affaire de Chambon sur Lignon, fait maintenant la promotion des centres éducatifs fermés). 


Prenant également acte que : 


Les professionnels, patients et proches que nous rencontrons dans les différents espaces (forums, manifestations, et débats organisés partout en France depuis 3 ans avec le collectif des 39) s’insurgent contre le mode de traitement des humains les plus en difficulté psychiquement


Le manque de formation des professionnels, le manque d’explications et de transmission des savoirs faire aux proches des patients et à leurs familles, le manque de tolérance de la société aux personnes questionnant les normes dominantes se retrouvent partout ; 


Les discours critiques sur la situation actuelle ne peuvent avoir de porté sans des pratiques de terrain accueillantes faisant réellement hospitalité à la folie ; 


L'expérience de certains lieux et de certaines équipes démontre que d’autres psychiatries sont possibles. 


Nous nous engageons à : 


Construire un mouvement partant avant tout du terrain: il est désormais nécessaire de regrouper les lieux, les personnes – patients, proches, familles, soignants – et les équipes qui veulent une psychiatrie nouvelle ; 


Proposer une formation aux soins relationnels qui prenne en compte la complexité de l'humain et de son psychisme afin de ne pas se satisfaire de réponses simplistes et de savoirs faire expéditifs ; 


La préparation d'Assises refondant une psychiatrie accueillante et rigoureuse dans son éthique et ses praxis ; 


Mettre la psychiatrie à l’ordre du jour des élections présidentielles et législatives, pour questionner ses rapports avec la protection des libertés fondamentales, au sort réservés aux personnes à la marge voire exclues du fait de leurs rapports aux normes dominantes. 


Nous appelons toutes les personnes qui, au quotidien, ne se satisfont pas du sort réservé aux citoyens les plus en difficulté psychique à nous rejoindre pour construire: 


– localement des espaces d’hospitalité ; 


– nationalement une force qui modifiera le tournant sécuritaire et gestionnaire de l’ensemble du lien social actuel. 


Nous nous donnons rendez-vous : 


le samedi 17 mars 2012 à Montreuil 

à "la maison de l’arbre, la parole errante" 

9, rue François Debergue – 93100 Montreuil 

Inscriptions: www.collectifpsychiatrie.fr 

 

 

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire. 

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