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>Dernières informations avant le rassemblement du Mardi 10 Mai à 16 h devant le Sénat

« Le Sénat devient fou », « clash en psychiatrie »  titraient quelques journaux après les incroyables évènements qui ont secoué la Commission des Affaires Sociales du Sénat mardi 3 mai. 

 

 

La présidente de cette commission, Muguette Dini, sénatrice centriste du Rhône, qui avait défendu et obtenu une version du texte expurgée des articles relatifs aux soins sans consentement en ambulatoire, a démissionné de ses fonctions de Rapporteur du projet de loi ! ( Dépêche A.F.P. d’hier samedi). Evénement inédit au Sénat !

 

Apres cette crise politique au Sénat, c’est l’imbroglio juridique total.

 

Un nouveau rapporteur, U.M.P. cette fois, a été désigné en catastrophe : Mr Jean Louis Lorrain, sénateur du Bas Rhin en Alsace.

 

Personne ne sait comment le Sénat va se positionner au moment du vote de la loi les 10 et 11  mai. 

 

Et bien sûr personne ne sait quel texte reviendra devant l’Assemblée Nationale le 24 mai !!!

 

 

Pour Mardi 10 Mai :

 

La quasi-totalité des organisations professionnelles appellent à cette manifestation.

 

Durant le rassemblement devant le Sénat, plusieurs personnalités du monde de la culture prendront aussi la parole, Ariane Mnouchkine, Areski, Leslie Kaplan, Marie-José Mondzain, entre autres. D’autres tel François Morel, Catherine Dolto, Louise Lambrichs, Geneviève Brisac, Linda Lê, etc., etc., ne pouvant être présents, soutiennent notre mouvement.

 

La présence de tous est indispensable, pour montrer notre détermination, faire pression sur les sénateurs, témoigner de l’ampleur du rejet de cette loi par les citoyens et les soignants.  

 

Il est possible de faire reculer le pouvoir ! 

Un premier pas a déjà été franchi. 

Continuons notre combat,

Car tout va être mis en œuvre par l’Elysée et le gouvernement  pour annuler cette avancée.

 

Notre mobilisation a été et reste notre seule force

 

A Mardi !

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>Faut-il imposer les soins psychiatriques ? (controverse Gilles Vidon, Paul Machto)

Controverse, par Sabrina Kassa| 4 mai 2011

 

En mai, le Sénat doit se prononcer sur un projet de loi en psychiatrie qui institue notamment le soin sans consentement en ambulatoire (hors hospitalisation). Deux psychiatres, Paul Machto et Gilles Vidon, débattent sur la légitimité d’imposer un traitement médical.

 

Le projet de loi sur la psychiatrie introduit le soin sans consentement en « ambulatoire  » (hors hôpital), avec la menace pour les malades psychiques d’être internés s’ils ne se soignent pas, qu’est-ce que ça signifie ? 

Gilles Vidon : Pour commencer, il faut rappeler qu’en France les soins obligatoires existent déjà : les vaccinations sont obligatoires et cela a permis d’éradiquer certaines maladies comme les poliomyélites, la variole, etc. Les libertés individuelles doivent savoir s’effacer devant la santé publique. Pourquoi cette loi alors ? Depuis les années 1950-1960 nous avons une nouvelle gamme de médicaments considérable, ils ont complètement modifié la psychiatrie et l’évolution des maladies mentales. Autrefois les malades restaient parfois dix, vingt ans à l’hôpital psychiatrique, ils étaient internés parce qu’il n’y avait pas de médicaments ou de soins appropriés pour leur permettre de vivre à peu près normalement. On a inventé ces médicaments et on a alors assisté à la fermeture de nombreux hôpitaux psychiatriques. Aujourd’hui, on ne se réfère pas à la notion de lieu, ni d’internement mais à la notion de maladie. « Monsieur, Madame, vous avez une maladie, il vous faut des soins, c’est obligatoire. Si vous ne les prenez pas, dit la loi, on peut requérir à une hospitalisation pour débuter un traitement.  » C’est ça l’esprit de la loi à venir.

Paul Machto : Il existe déjà des obligations de soins en France, c’est vrai, pour les maladies infectieuses et pour la tuberculose il y a une déclaration obligatoire, etc. Mais si la personne refuse, on ne la met pas de force à l’hôpital. Il y a une contradiction fondamentale complètement occultée : d’un côté on dit « vous avez une maladie mentale, c’est quasiment une maladie comme une autre », et de l’autre on se comporte vis-à-vis de ces malades d’une façon radicalement opposée.

En cas de soins sans consentement, qui déciderait de les imposer ? 

Gilles Vidon : C’est ça le vrai problème. Actuellement c’est le préfet qui est le seul maître dans les Hospitalisations d’office (HO), et ce sont les autorités familiale et médicale qui décident dans les Hospitalisations à la demande d’un tiers (HDT), alors que dans tous les pays civilisés le seul détenteur du pouvoir, c’est le juge. En Belgique, le juge vient trois fois par semaine à l’hôpital et dicte les décisions au vu des expertises et après avoir entendu le malade. Pareil en Hollande, aux Etats-Unis, au Canada… En France, l’article 66 de la Constitution dit que seul le juge est garant de la séquestration et de l’incarcération des personnes. Je pense qu’il faut que ce soit la même chose en psychiatrie. Nous les médecins nous faisons notre travail, nous soignons les malades, nous rédigeons éventuellement des certificats pour décrire l’état clinique mais nous n’avons pas à intervenir dans ce type de décision. Quant au préfet, il interpelle les gens qui troublent l’ordre public, il les confie aux juges et c’est le juge qui prend les décisions. Voilà le système auquel on arriverait si les sénateurs étaient suffisamment sages pour suivre cette logique lors de l’examen de la loi, le 11 mai. Cela résoudrait à peu près tous les problèmes de la loi.

Ne pensez-vous pas que cette contrainte de soins risque de court-circuiter le lien thérapeutique, en forçant les malades à prendre des médicaments alors qu’ils ne sont plus hospitalisés ? 

Gilles Vidon : Les outils en psychiatrie ont complètement changé entre le XXe et le XXIe siècle : il y a des techniques psychothérapiques, des techniques de groupe, etc. tout à fait intéressantes, mais sans médicaments on ne peut pas les appliquer.

Paul Machto : Sur la gamme des médicaments, il y a une immense mystification dont vous venez de nous faire entendre une des illustrations. Ce que vous appelez les « médicaments nouveaux » ont apporté une amélioration sur le « confort » de vie, c’est-à-dire que certains effets secondaires ont été atténués. Mais rien de nouveau sur le fond, sur les idées délirantes, sur les hallucinations, sur les troubles de l’humeur, aucun apport Il y a une véritable fascination vis-à-vis de la médecine, et partant de là pour le médicament. J’évacue tout de suite l’opposition qui va m’être faite : je ne suis pas anti-médicament, je prescris quotidiennement des neuroleptiques, des antidépresseurs, des psychotropes ; je pense en effet que ces médicaments peuvent apporter un soutien. Mais c’est une mystification de dire que ce sont les médicaments qui ont révolutionné la psychiatrie, non, c’est faux ! Les médicaments ont apporté un grand soulagement par rapport à certains états aigus mais le traitement de fond, le changement de la pratique quotidienne dans les hôpitaux psychiatrique, le développement des alternatives, ce n’est pas lié aux médicaments, ce sont les hommes. Plus exactement, c’est le fruit du croisement entre l’apport de la psychanalyse, de la psychothérapie institutionnelle, de la formation, des médicaments et de la biologie…

Gilles Vidon : On parle des dérives possibles des soins sans consentement en ambulatoire, comme si on allait mettre tout le monde à ce régime. Actuellement, un membre d’une famille et un médecin peuvent interner quelqu’un en hôpital psychiatrique pendant six mois, un an, trois ans et parfois en chambre d’isolement. C’est un pouvoir bien plus fort qu’un soin obligatoire. Et alors, est-ce qu’il y a eu des dérives ? Bien sûr que non.

Paul Machto : C’est faux ! Les sorties d’essai étaient prévues par la loi de 1990 pour permettre à une personne hospitalisée sous contrainte de sortir un certain temps pour voir comment ça se passe et se réinsérer tout doucement avec un accompagnement assez serré de l’équipe soignante de secteur. Les sorties d’essai sont prévues pour trois mois reconductibles et c’est là que commencent les dérives, parce que certains psychiatres, utilisent les sorties d’essai de façon inconsidérée et complètement aberrante.

Il y a aujourd’hui trop de sorties d’essai ? 

Paul Machto : Effectivement, la sortie d’essai c’est pour aménager la sortie… La dérive, c’est la multiplication inconsidérée de ces sorties. C’est ça le problème. Il y a les lois et il y a les pratiques, comme l’a souligné dans son dernier rapport, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue…

Est-ce que les psychiatres laissent sortir les malades juste pour libérer des lits ? 

Paul Machto : C’est à la fois pour libérer des lits et puis pour d’autres considérations. Je crois que les carences de la formation des psychiatres comptent pour beaucoup. Vous savez, être confronté à la folie, à la psychose, à la maladie mentale, c’est difficile : vous « absorbez  » l’angoisse de l’autre, l’angoisse folle. Ça fout les jetons et ça vous touche jusque dans votre corps. Le problème c’est que depuis une quinzaine d’années les psychiatres n’ont plus de formation adéquate, et la folie fait peur, alors ils se retranchent derrière une posture médicale. Et puis, les jeunes infirmiers, qui ont une formation indigente en psychiatrie – trois mois sur trois ans d’études ! –, se retrouvent à deux ou trois avec 25 ou 30 malades aux prises à des crises souvent aiguës. Evidemment, c’est angoissant, c’est très dur. Excédés, stressés, ils ne peuvent pas faire face à certaines situations et pour se protéger ils demandent à mettre les malades en chambre d’isolement ou à les attacher, etc. Et souvent les psychiatres sont totalement d’accord. C’est comme ça que l’on arrive à des dérives insupportables qui me font honte.

Gilles Vidon : En France, il y a environ 2 à 3 % hospitalisés d’office et 12 à 13 % à la demande d’un tiers, donc tous les autres entrent volontairement dans les services de psychiatrie et je m’inscris totalement en faux quand vous dites qu’il y a des pratiques indignes dans 70 % des services. On ne peut pas dire des choses de ce genre ! Si dans votre pavillon il se passe des choses qui vous font honte, je me demande pourquoi vous continuez à travailler et pourquoi vous ne donnez pas votre démission.

Paul Machto : Parce que j’aime ce métier, parce que je suis engagé depuis quarante ans en psychiatrie, parce que je fais tout ce que je peux pour des pratiques humaines et dignes, parce que je ne veux pas abandonner les malades !

Est-ce que les soins sans consentement en ambulatoire sont une façon de se débarrasser des gens que l’on ne sait plus gérer ? 

Gilles Vidon : Bien sûr que non ! La diminution des lits en psychiatrie et de l’hospitalisation est intervenue parce qu’on arrive sinon à guérir, du moins à améliorer beaucoup l’état des patients grâce aux médicaments et à nos techniques de psychothérapie. On arrive à les stabiliser. Le problème c’est qu’au bout d’un moment beaucoup de ces patients échappent aux soins : ils les arrêtent, ils rechutent et ils reviennent à l’hôpital en plus mauvais état encore. C’est pour ces malades-là que des soins sans consentement pourraient être envisagés.

Savez-vous pourquoi certains malades arrêtent leurs soins ? 

Gilles Vidon : Pour des raisons multiples : dans toutes les maladies chroniques, que ce soit le diabète, les maladies cardiaques, l’hypertension, au bout d’un certain temps les gens arrêtent le traitement. Ils se disent « maintenant je vais bien, donc j’arrête de prendre mes médicaments  ». Mais comme ce sont des maladies chroniques ça réapparaît. Et bien c’est pareil pour les maladies mentales. Il y a aussi le déni de la pathologie, ils disent « non non, je ne suis pas malade, je suis comme les autres » et ils ne veulent pas continuer leur traitement. On ne peut pas laisser sortir les malades mentaux des hôpitaux psychiatriques quand ils ont des pathologies sévères et les laisser vivre dans la rue, donc il faut assurer un suivi. C’est pourquoi il faut développer des soins dans la communauté, on est tous d’accord là-dessus.

Pensez-vous que le projet de loi donne suffisamment de garanties pour qu’il y ait ce maillage autour du malade une fois sorti de l’hôpital ? 

Gilles Vidon : La France a développé la politique de sectorisation de façon admirable, à partir des années 1960-1970. Dans chaque territoire, il y a une équipe psychiatrique chargée de l’hospitalisation et du soin externe, à côté de ça énormément de structures associatives extrahospitalières se sont développées et maintenant on assiste à la création de beaucoup de lieux de soins pilotés par l’Unafam (Union des amis et familles de malades psychiques), les représentants des familles et même éventuellement des usagers. On est sans doute un des pays les plus pourvus en structures extra-hospitalières d’accompagnement. Je ne pense pas que ce soit suffisant, certains endroits ne sont pas assez développés, il y a des inégalités de développement selon les moyens. Mais il faut savoir néanmoins que nous vivons à l’heure actuelle la meilleure période pour les soins psychiatriques dans l’histoire de l’humanité, nous avons les meilleurs médicaments, nous avons en France plus de soignants psychiatres que partout ailleurs dans le monde en proportion. Il ne faut pas se plaindre, même s’il faut continuer à dire qu’on n’en a pas assez parce qu’il y a des départements où ce n’est pas assez développé.

Paul Machto : Mais alors, tout va bien ! C’est hallucinant d’entendre que tout est au mieux quand on sait qu’il y a une pénurie inouïe d’infirmiers… Lorsque l’on connaît la destruction à l’oeuvre en psychiatrie, l’envahissement de la gestion, les procédures, la folie bureaucratique qui bêtifie les soignants, qui les détourne de ce qui est le coeur du métier : écouter, parler, avoir des activités avec les patients, favoriser la créativité ! Lorsque l’on sait les entraves au développement des structures de soins dans l’extra-hospitalier et même la fermeture de certaines dans la cité. Je suis sidéré de vous entendre tenir ce discours  ! On voit bien là la collusion d’un certain nombre de psychiatres avec le gouvernement. Alors pourquoi les patients arrêtent leur traitement  ? Les psychiatres ne pourraient-ils pas s’interroger d’abord sur leur relation avec le patient  ? « Pourquoi a t il arrêté son traitement ? Y a-t-il quelque chose que je n’ai pas entendu ? » Il y a certes le déni, d’accord. Il y a parfois la lassitude de prendre des médicaments. Le fait de se sentir mieux. Mais il y a aussi la nécessité de se remettre en question en tant que thérapeute. Car s’il y a un authentique travail relationnel, et qu’il s’avère nécessaire que ce traitement soit continué, alors tout repose sur la capacité du psychiatre et de l’équipe soignante d’essayer d’analyser avec celui qui est malade les raisons de son interruption de traitement et de « travailler  » avec lui pour parvenir à le convaincre. Vous mesurez-là un élément qui m’apparaît fondamental, essentiel pour un psychiatre, pour un soignant quelque soit son statut, c’est l’engagement. L’engagement dans la relation. La prise en compte de ce qu’on appelle la dimension transférentielle. Vous êtes aveuglé par votre conception réductrice de la folie, calquée sur la maladie somatique. Pour ma part, j’ai une conception diversifiée et plurielle de la folie, de la maladie mentale. Etre fou c’est aussi une façon d’être au monde, de vivre le monde, et de ressentir le monde. Et puis je pense que ce n’est pas parce qu’on est malade mental qu’on ne doit pas avoir son mot à dire dans la cité. La folie a toujours existé, et le fou exprime une vérité ou des vérités sur le monde et c’est cette vérité qui est insupportable à entendre pour certains psychiatres.

 

http://www.regards.fr

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>Démission de Muguette Dini, rapporteur du texte au Sénat sur la psychiatrie (AFP)

La présidente centriste de la commission des finances du Sénat, Muguette Dini, a démissionné jeudi soir de sa fonction de rapporteure du texte sur la psychiatrie. Une première, qui fait suite à un couac en commission mardi dernier, où le texte a été rejeté.

Le texte sur la psychiatrie laisse des traces. Selon nos informations, la rapporteure du texte, la centriste Muguette Dini, présidence de la commission des affaires sociales du Sénat, a démissionné jeudi soir. Une première depuis la révision constitutionnelle de 2008. Elle est remplacée sur ce texte polémique par l’UMP Jean-Louis Lorrain. « Elle s’est sentie désavouée par la commission », glissait mercredi un sénateur.

Mardi, contre toutes attentes, le texte sur la psychiatrie a été rejeté en commission. Là aussi une première depuis 2008. Depuis la révision constitutionnelle, c’est le texte amendé par la commission qui est examiné en séance. Le vote défavorable de la commission faisait suite à l’adoption, avec les voix de gauche et contre l’avis du gouvernement, d’un amendement de suppression de Muguette Dini. Il visait un point clef de la loi : les soins ambulatoires – c'est-à-dire reçus en dehors de l’hôpital – sans consentement.

Jean-Louis Lorrain, médecin de formation, a participé aux auditions en commission. Il se dit « très surpris de la position de Muguette Dini qui vidait complètement le texte » de sa substance. Pas moins de 170 amendements avait été adoptés. Le sénateur UMP aura le mérite, aux yeux de l’exécutif, de défendre l’esprit du texte tel qu’il a été adopté par l’Assemblée nationale. « C’est l’impression qu’il fallait sauver le soldat Ryan », glisse le sénateur du Haut-Rhin. Le projet de loi passe en séance mardi prochain. « Les textes sur la folie sont toujours quelque chose de passionnel », remarque le sénateur. « La folie a quelque chose de fondamental dans la société »

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>MANIFESTATION DU 10 MAI DE 16H A 19H DEVANT LE SENAT

La Manifestation du 10 Mai 2011 de 16h à 19h devant le Sénat
                                 
Sera unitaire et massive
Avec  « Les 39 »,
toutes les organisations syndicales et politiques opposées à ce projet de loi inacceptable seront présentes.

INCROYABLE !
Nous apprenons ce jour que LE PROJET DE LOI A ETE REJETE PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES DU SENAT PRESIDEE PAR MME MUGUETTE DINI.
TOUS LES ARTICLES CONCERNANT LES « SOINS » SANS CONSENTEMENT EN AMBULATOIRE ONT ETE REJETES : le « NON » a été voté par les sénateurs centristes, les partis de gauche et plusieurs sénateurs UMP.
L’avis de la C.N.C.D.H. (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme) et du Contrôleur Général des Lieux de privation de liberté sont donc suivis d’effet. Le projet de loi est inacceptable et doit se limiter à ce qu’impose le Conseil Constitutionnel (intervention du juge après 15 jours).
Aucune réforme ne peut se faire avant une grande concertation de l’ensemble des acteurs de la psychiatrie.


UNE INTENSE BATAILLE JURIDIQUE A DEBUTE : QUEL TEXTE SERA PRESENTE AU SENAT LE MARDI 10 PAR LE RAPPORTEUR, Si RAPPORTEUR IL Y A… ?


COMMENT LE GOUVERNEMENT VA T IL REAGIR A L’ENORME CAMOUFLET QU’IL VIENT DE SUBIR ?


 C’EST UNE PREMIERE ET INCONTESTABLE VICTOIRE
LES SENATEURS RELEVENT LA TÊTE
LA REPUBLIQUE  SE REDRESSE
UN PROJET DE LOI INDIGNE DE NOS PRINCIPES DEMOCRATIQUES ESSENTIELS ET DES LIBERTES FONDAMENTALES MET A JUSTE TITRE.


LE SENAT EN EMOI ET EN EBULLITION
 MAIS RIEN N’EST GAGNE
LA MANIFESTATION DE MARDI PREND DE CE FAIT UNE    IMPORTANCE  QUE VOUS COMPRENDREZ TOUS
 

AINSI LES SIGNATURES DES APPELS,  LES MEETINGS,  LES MANIFESTATIONS ET RASSEMBLEMENT DU 15 MARS ET 9 AVRIL NE SONT PAS DES ACTIONS VAINES
NOUS VOUS L’AVONS ANNONCÉ DEPUIS LE DEBUT : IL EST POSSIBLE DE GAGNER
IL EST POSSIBLE QUE CET INFAME PROJET DE LOI NE SOIT PAS ADOPTÉ.


NOS ACTIONS, VOS ACTIONS, VOS LETTRES AUX SENATEURS ET AUX DEPUTES, NOTRE ACHARNEMENT A FAIRE COMPRENDRE L’ESSENCE MALIGNE DE CE PROJET, NOS NOMBREUSES INTERVENTIONS DANS LES MEDIAS, AUPRÈS DES DÉCIDEURS, DES DÉPUTÉS, DES SÉNATEURS NE SONT PAS VAINS

IL EST POSSIBLE DE CONVAINCRE ENCORE DES SENATEURS


C’EST DÉJÀ UN BEAU DEBUT
TOUS MARDI A LA MANIFESTATION
TOUT SIMPLEMENT POUR CONTINUER
D’OUBLIER DE SE TAIRE


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>Quand la justice des mineurs se déshumanise…c’est l’ensemble de la société qui se déshumanise

 

Beau symbole que la rupture de ces chaînes, chaînes qui nous parlent aussi à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), service public d’Etat qui depuis 1945 s’occupe des enfants et des adolescents faisant l’objet d’une ordonnance judiciaire, le plus souvent de juges des enfants. Car si certains l’ont oublié, nousavons toujours depuis 2008 un projet de loi sur le Code Pénal de Justice des Mineurs, suspendu mais non abrogé, où des « experts » avaient prévu, entre autre, de mettre des enfants de 10 ans en prison. Après il fut question de ceux de 12 ans, aujourd’hui c’est déjà dès 13 ans.

 

C’est aussi en 2008, avec la loi sur la rétention de sureté, qu’a été créée « la perpétuité sur ordonnance ». Le ton était donné : pour la première fois dans notre droit des individus pourront être enfermés non pour des actes sanctionnés, mais pour anticiper ceux qu’ils n’ont pas commis, les menaçant d’un enfermement à vie, instrumentalisant la médecine dans une logique de surveillance et de séquestration. (cf.la pétition Non à la perpétuité sur ordonnance). 

 

Il est vrai que lorsque la justice des mineurs se déshumanise, celle des majeurs en est toujours gravement affectée.

 

Or la justice des mineurs a été en partie démantelée depuis ces derniers mois. La PJJ est souvent en première ligne dans les médias, et se voit supprimer ses réponses diversifiées et pluridisciplinaires, patiemment construites avec d’autres au fil des années. Oublié alors que si l’adolescence nécessite du temps, elle est la promesse de demain.

 

Nous avons donc de nombreux points communs avec les services de psychiatrie, et de pédopsychiatrie. Déjà en 2007 nos services publics qui accueillent les plus fragiles, souvent les plus démunis, ont failli partager la même loi dite de « prévention de la délinquance ». Cette loi, tentaculaire, contenait une série de dispositions qui instaurait tout à la fois un contrôle et des mesures liberticides dans le secteur éducatif, scolaire, sanitaire et social, avec pour objectif d’écarter tout trouble à l’ordre public. 

 

Si à l’époque la psychiatrie a « échappé » provisoirement, nous le savons aujourd’hui, à ces projets les plus répressifs, pour la PJJ cette loi a institué des dispositions où les enfants et adolescents ont commencé à être traités pénalement comme des adultes, attaquant ainsi gravement la spécificité de la justice des mineurs. Elle avançait déjà une idée récurrente, sur le dépistage précoce et prédictif des jeunes turbulents, confondant facteurs de risques et relation de causalité. Elle a contribué à faire perdre à nos institutions leur compétence dans le champ de la protection, acquise depuis 58, et à réduire leur intervention au domaine pénal, de plus en plus répressif, de plus en plus tourné vers l’enfermement et la contrainte. 

 

Sous obligations dorénavant permanentes, y compris de soin, les adolescents et leur famille se doivent de devenir entièrement décryptables. 

Ils devront même accepter par contraintes superposées de vivre paisiblement dans ce monde non dénué de violences sociales.

 

Or, il est démontré que lorsque les réponses de prévention, de protection, de soin s’amenuisent, comme vient de le dire Bénédicte, le champ pénal augmente quasi mécaniquement.

 

Ce que nous partageons donc c’est cette stigmatisation de ceux que nous accueillons, jeunes ou adultes, considérés comme des individus dangereux, porteurs de risque, qui se doivent d’incarner la peur pour justifier les discours et une politique résolument sécuritaires. C’est aussi cette recherche systématique de boucs émissaires chez les plus vulnérables, dans le même moment où l’on démantèle nos services publics, où l’on diminue les moyens humains avec les suppressions de postes, ceci au profit d’une gestion strictement comptable. 

 

Dès lors la relation n’a plus le temps de se déployer, l’adhésion non plus, il faut faire vite et parer au plus pressé. Préserver des espaces de liberté et de parole où une écoute, une rencontre, un désir puisse émerger est déjà une notion très attaquée, et avec elle le lien aussi.

 

On dépiste, on diagnostique, on classifie, on légifère au premier fait divers, on réglemente, on méprise nos dispositifs d’éducation ou de soins, originaux et qui avaient fait leur preuve depuis des décennies, au profit de la seule contrainte. Ainsi, enfants, adolescents, patients, comme intervenants dans leur engagement professionnel, se retrouvent tous contraints, attaqués, voire menacés, ceci au vu de la récente actualité judicaire.

 

Alors plus que jamais nous continuons à militer pour cet équilibre fragileentre la nécessité d’éducation, de soins et le respect des libertés individuelles (D. Zagury), qui est au cœur même de nos métiers et dont on cherche à dénaturer le sens.

 

A nous de résister et de les contraindre à notre tour d’abandonner ces loisstigmatisantes, excluantes et dangereuses.

 

Car quand la justice des mineurs, donc des majeurs, ou la psychiatrie, ou les prisons se déshumanisent et deviennent des lieux de relégation, nous assistons à une déshumanisation de l’ensemble de notre société. On aura alors consommé beaucoup d’énergie à oublier que la richesse de l’humain c’est précisément d’apprendre à penser et à créer, et non pas à plier pour des projets à courte vue aux effets nuisibles. 

 

 

Lysia Edelstein, psychologue clinicienne à la PJJ

SNPES/PJJ/FSU

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>Saint Martin de Vignogoul : « Le pouvoir soignant dans tous ses états » (le 20 et 21 mai 2011)

 

Le patient  souffre toujours d’une difficulté de la relation : à l’autre, au monde, à soi. C’est pour cette raison que la mise en place d’un dispositif soignant nécessite que la dimension relationnelle prenne  la place de pivot central.

 

Cette relation soignant-soigné procède d’une asymétrie fondamentale, quelque soit le modèle relationnel, le contexte, le statut des soignants.

 

Mais n’est ce pas au sein de cette asymétrie nommer un certain pouvoir ? Et de quel pouvoir s’agit-il ? Celui de refuser ou d’accepter, d’accueillir ou de rejeter, de dire non, de dire oui, de permettre ou d’interdire ? Dans tous les actes de la vie quotidienne vient se nicher cette abyssale question : le pouvoir de l’un et l’apparente absence de pouvoir de l’autre.

 

Reconnaître que dans tout acte de soins vient se poser cette question ouvre la voie à une réflexion indispensable : comment identifions nous ce pouvoir, qu’elle est sa fonction, comment intervient il dans l’échange avec le patient, avec les collègues, avec la hiérarchie, avec les structures administratives ?

 

Et puis il y a le pouvoir qui nous est attribué, dénié, confié, confisqué. Avec ce risque de l’assimilation réductionniste qui, avec les diplômes, les connaissances, la science nous assureraient d’un savoir-pouvoir qui injecterait dans la sphère sociale une bien dangereuse confusion entre savoir et vérité.

 

Mais, pour interroger les effets de ce pouvoir, nous avons besoin d’indépendance professionnelle, de sécurité psychique, de temps, de confiance. Les conditions actuelles d’exercice de la psychiatrie le permettent-elles ? Quels sont les effets sur le soin des processus de certification, de protocolarisation, de standardisation 

 

Ne sommes nous pas tentés, avec ces rituels de soumission sociale, de vouloir assurer et délimiter « notre pouvoir », ne serait il qu’illusoire ou pris dans un infini petit territoire ? Le délitement du travail en équipe, l’abrasion de la notion même de « collectif », «  l’oubli » de la dimension relationnelle de tout acte de soins ne sont ils pas le reflet d’une tentative de prise de pouvoir autoritariste et écrasante, où s’infiltrent alors mépris et rejet pour les patients ?

 

Or ceux ci ont sans doute besoin, à travers cette asymétrie de la relation, que le pouvoir exercé par le soignant  lui permette aussi  d’interroger le sien.

L’autorité soignante, nécessitant l’existence d’un tiers structurant, se différencie fondamentalement de l’autoritarisme : l’une peut permettre l’ouverture d’un espace de création, l’autre l’interdit. Alors dans quel état se trouve le pouvoir soignant ? Dépressif, mélancolique, délirant, maniaque, narcissique, désemparé, fier de lui ? 

 

Hervé Bokobza

 

ISADORA

Association  de recherche et de formation sur la psychose


10ème journées de Printemps


Vendredi 20 et Samedi 21 mai 2011

 

 

« Le pouvoir soignant dans tous ses états »

 

 

Pour tous renseignements : s’adresser à Adéhila RAVESE, secrétaire d’ISADORA ou Michèle BLANC, secrétaire du Colloque

Centre psychothérapique St Martin de Vignogoul 34570 PIGNAN

Tel : 04 67 07 86 86 Fax : 04 67 07 86 99

assistante.sociale.vignogoul@wanadoo.fr ou secretariat.vignogoul@wanadoo.fr / asso.isadora@gmail.com

 

En partenariat avec: 

 

Vendredi 20 mai : 


Le fil rouge des deux journées sera assuré par Mickaël GUYADER

Psychiatre, Psychanalyste, Etampes


14h30 : Ouverture par Corinne GAL, Présidente d’Isadora, Psychologue


Président de séance : Hervé BOKOBZA, Psychiatre, St Martin de Vignogoul, Pignan

– Roland GORI : Psychanalyste à Marseille et Professeur de psychologie et depsychopathologie clinique à l'Université d'Aix-Marseille1

 " De quoi la psychanalyse est-elle le nom? Démocratie et subjectivité"


Débat 

Pause


Président de séance : Patrick BOULICAUD, Psychologue St Martin de

 Vignogoul, Pignan 

– Philippe ANDRE : Psychiatre, Psychanalyste, St Martin de Vignogoul, Pignan

« Droit à l’image » 


– Roger FERRERI : Psychiatre, Psychanalyste, chef d'un service de psychiatrie infanto-juvénile, Essonne

« Politiques du symptôme »


– Adéhila RAVESE : Assistante Sociale, St Martin de Vignogoul, Pignan 

« Appliquer sans comprendre ?»


Un débat est prévu après chaque intervention


19h30 : Soirée festive 


Samedi 21 mai :


8h30 : Accueil-café


Président de séance : Guy DANA, Psychiatre, Psychanalyste Centre Hospitalier général, Longjumeau

– Jean Pierre WINTER : Psychanalyste, Paris 

« Ironie de la Schizophrénie ? »


Débat


Pause


Table ronde N°1 : Président de séance : Philippe ANDRE, Psychiatre, St Martin de Vignogoul, Pignan


Jean François PASCUAL, Psychiatre Hôpital de La Colombière, Montpellier 

« L’hôpital, ce jour »

Marie CATHELINEAU, Psychologue, Antony

« 1, 2,3, soignez ! » 

Nadine RICHARD et Catherine HUERTAS : Infirmières et représentantes de tous les personnels, St Martin de Vignogoul, Pignan 

« Le retour de Martin grève »

Elie WINTER, Psychiatre à l'hôpital Paul-Guiraud, Villejuif 

« Entre autorité et autoritarisme »

Claude CAROUBI, Educateur Association Trait d’Union, Montpellier

« La pêche »


Débat


12h30 : Repas pris sur place


14h30 :


Présidente de séance : Camille CASTANY, Psychiatre, Centre de Jour Gérard BLES, Pignan

– Yves CLOT : Psychologue du travail, titulaire de la chaire de Psychologie du travail du CNAM, Le Mans 

 " Hygiénisme dans l'entreprise : vers une police sanitaire ?"


Débat


Pause


Table ronde N°2 : Président de Séance : Jean François BOUIX, Psychologue, St Martin de Vignogoul, Pignan


Patrice CHARBIT, Psychiatre, St Martin de Vignogoul, Pignan « Affectations »

Laure THIERON, Psychologue, Hôpital de Jour Antonin Artaud, Reims

 « La soupe aux fous » 

Pauline VARGOZ, Infirmière, St Martin de Vignogoul, Pignan 

« Super pouvoirs »


Débat

 

Conclusion : Hervé BOKOBZA, Psychiatre, Médecin Directeur de St Martin de Vignogoul, Pignan


 

Inscription FORMATION PERMANENTE aux 10e Journées de Printemps :

En partenariat par convention avec les  CEMEA

n° d’agrément 11 75 28953 75

 

 

NOM : …………………………… PRENOM : ……………………….

 

PROFESSION ou FONCTION : ……………………………………..

 

ADRESSE PROFESSIONNELLE : …………………………………. 

 

……………………………………………………………………………

 

VILLE : ……………………………. Code postal: ………………….

 

ADRESSE PERSONNELLE : ……………………………………….. 

 

……………………………………………………………………………

 

VILLE : ……………………………. Code postal: ………………….

 

 

Téléphone : …………… Mail :……………….@………………………..

 

 

Montant : 200 € (L’inscription comprend la participation aux Journées, le repas du samedi midi et les boissons).

Le montant devra être versé après la réception de la facture qui sera adressée après les Journées.



Inscription à la soirée du vendredi soir (50 €) : OUI – NON

 

(entourez votre réponse et faîtes un chèque à l’ordre d’ISADORA)

 

Renvoyer la fiche à : Secrétariat des Journées, Centre psychothérapique Saint Martin de Vignogoul, 34570 PIGNAN

 

 

 

Inscription individuelle aux 10e Journées de Printemps :

 

L’inscription comprend la participation aux Journées, le repas du samedi midi et les boissons.

 

–  psychiatre, psychologue, psychanalyste :              80 €                

–  infirmier, travailleur social, autre paramédical :     40 €        

–  étudiant :                                                                     20 €  

 

NOM : …………………………… PRENOM : ………………………..

 

PROFESSION ou FONCTION : ……………………………………..

 

ADRESSE : ………………………………………………………………….

……………………………………………………………………………

 

VILLE : ……………………………. Code postal: ………………….

 

Téléphone : ……………… Mail :……………….@…………………….

 

Participera à la soirée de vendredi soir (50 euros) : OUI – NON

 

(entourez votre réponse et faîtes un chèque à l’ordre d’ISADORA)
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>Demande de retrait du projet de loi sur la psychiatrie au Sénat par le CRC-SPG

 


République Française

Communiqué de Presse 

 

 

Réforme de la Psychiatrie :

Le groupe CRC-SPG (Groupe Communiste Républicain Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche) demande le retrait du projet de loi

 

 

Ce matin, alors que la commission des affaires sociales auditionnait Madame Nora BERA – Ministre de la Santé – dans le cadre de l’examen par le Sénat du projet de loi réformant les soins psychiatriques sans consentement, le groupe Communiste Républicain Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche a officiellement demandé le retrait de ce projet de loi. 

 

Pour Guy FISCHER – Vice-président du Sénat et Sénateur du Rhône – «ce projet de loi ne se résume en réalité qu’à une seule chose, le traitement sécuritaire de la psychiatrie. Le Gouvernement prend prétexte de la décision rendue par le Conseil Constitutionnel suite à la question priotaire de constitutionnalité soulevée par un citoyen, pour imposer une vision du soin psychiatrique le réduisant à une simple réduction des symptômes, considerés comme autant de troubles à l’ordre public ».

 

Le groupe CRC-SPG refusant que le débat sur la psychiatrie soit réduit ainsi à la question des soins sans consentement entendent peser avec les partenaires sociaux, les collectifs, les usagers et leurs représentants ainsi que les acteurs de terrain, pour que le Gouvernement n’élude pas les vraies questions, dont celle primordiale des moyens destinés au traitement et au suivi des personnes connaissant des troubles psychiques. 

 

Paris, le 13 avril 2010.

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>Au nom d'une « doctrine de la liberté et de l'autonomie »

En tant que psychologue, notre travail auprès des patients nécessite du temps, le temps de la relation, qui se construit dans des moments qui ne se décrètent pas par un protocole ni sur ordonnance.

Ce temps de la rencontre se nourrit de surprises, d'inattendu, d'imprévu.


Il fait la part belle à la créativité de chacun, si nécessaire aux soins.


Ce temps se nourrit aussi des échanges entre les différents professionnels et de leurs regards croisés sur les difficultés qui ont amenées des personnes à être hospitalisées en service de psychiatrie.


La loi votée le 15 mars à l'Assemblée nationale impose à l'entrée du patient à l'hôpital, une période d'évaluation de 72h. La maladie psychique se voit ainsi traitée au mieux comme un état grippal, au pire comme un acte délictueux.


Il n'y a pas de place pour des soignants dans un tel dispositif car ce n'est plus un temps d'accueil du patient qui est institué mais un temps d'observation, comme le précise la loi.


Nous ne sommes pas des entomologistes, observer, évaluer, épingler, quelle place pour les soignants dans ce temps contraint et figé de 72h, censé apporter une réponse rapide à « la crise » ?


Dans un article récent intitulé, « Ne refusons pas la loi sur la psychiatrie », des psychiatres affirment que c'est au nom d'une « doctrine de la liberté et de l'autonomie » que le soin sans consentement doit être appliqué aux patients.


Selon les auteurs de cet article, il s'agit de lutter contre la maladie et pour la norme.

 

Lutter contre la maladie, c'est lutter contre les patients, alors que nous travaillons justement avec la maladie mais aussi et surtout contre la norme qui écrase le rapport singulier que chacun entretient avec ce qui le tourmente.


La loi impose un protocole de soin fixé par décret en Conseil d'Etat. Ce protocole est censé garantir la liberté des patients qui auront la chance, selon ses promoteurs, de vivre chez eux à la condition de se conformer au protocole.


Curieuse conception de la liberté et de l'autonomie !


Curieuse conception du consentement qui se résume à un acte d'obéissance.


Curieuse conception des équipes chargées de prendre soin des patients…


Anonymes et interchangeables, elles n'auront plus alors vocation à être en relation avec une autre personne mais seulement à lui demander des comptes.


Pour les auteurs de l'article, il faut défendre cette loi car elle existe, même si précisent-t-ils, nous ne saurons vraiment si cette loi était bonne ou mauvaise qu'à l'usage.


Nous refusons cette loi car nous refusons que les patients soient des cobayesnous refusons que les soignants soient les otages des protocoles,

nous refusons cette loi car avec nos patients, nous désirons peindre, écrire, chanter, créer, inventer,

 

Soigner quoi !


Marie Cathelineau

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>Communiqué de presse du collectif des 39 Suite au meeting du 9 avril 2011

 

Ce quatrième meeting national du Collectif des 39 a été un nouveau succès. Près de 1000 personnes ont participé à cette rencontre centrée sur le projet de révision de la loi de 90, honteusement voté en première lecture le 22 mars à l’Assemblée Nationale.

Ce meeting politique et poétique « UN POUR TOUS ET TOUS CONTRAINTS » s’est déroulé devant la statue de Pinel. Il célèbre  les fers brisés et  l’humanité  rendue aux personnes malades grâce aux actions sur la vie quotidienne de Jean-Baptiste Pussin ancien patient devenu surveillant et de  sa femme Marguerite.

Le projet de loi instaurant des « soins » sans consentement y compris en ambulatoire a été adopté à l’Assemblée Nationale et doit être examiné au Sénat. Nous devons amener les Sénateurs dans un sursaut républicain à bloquer cette loi soi-disante relative aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge.

Tous les participants ont été présents, là, durant les quatre heures de cette manifestation, dans une ambiance chaleureuse et festive, alternant les discours de refus total de cette loi scandaleuse et les performances d’artistes engagés dans une conception de la folie respectueuse de l’humain.

 

Les partis politiques représentés, partis de gauche, PS, PCF, Europe Écologie –Les Verts, NPA, ont confirmé leur position affirmée lors de notre troisième meeting  de septembre 2010, à savoir le retrait immédiat de ce projet de loi antidémocratique et liberticide.

Les syndicats de psychiatres ( SPH, SNPP, USP, SPEP, CASP), le Syndicat national des psychologues, le SNPES/PJJ/FSU ont eux aussi affirmé la nécessité du retrait de  ce projet de loi, sécuritaire et anti-sanitaire, élaboré sans aucune concertation. 

Il a été rappelé que très récemment Jean-Marie Delarue, contrôleur général des  lieux de privation de liberté et la CNCDH (commission nationale consultative des droits de l’homme) ont condamné fermement cette loi qui associe maladie mentale et dangerosité.

 

Au-delà d’un consensus de plus en plus large sur le refus total de cette loi scandaleuse, une réflexion s’est engagée sur la nécessité d’un état des lieux des soins et des pratiques en psychiatrie.

 

Il apparaît de plus en plus clairement au travers des divers témoignages que cette loi est soutenue par une idéologie scientiste qui infiltre la psychiatrie actuelle. Cette idéologie soutenue par l’association Fondamental et de nombreux politiques réduit la maladie mentale à un simple dérèglement des neurotransmetteurs. A ce sujet, un bref et vif débat a eu lieu avec le représentant du parti socialiste, Mr Jean Marie Le Guen, qui ne semblait  pas comprendre dans  quelles impasses mortifères nous entraîne cette idéologie bio politique.…

 

Au-delà de l’indignation, le collectif des 39 a présenté les actions entreprises ( Appel aux députés et aux sénateurs pour la mise en place d’un front républicain, Auditions entamées avec  différents chefs des groupes parlementaires au Sénat et à l’Assemblée Nationales) et les nouveaux rendez-vous à venir.

 

Cette loi sera débattue à partir du 10 mai au Sénat avant une deuxième lecture devant l’Assemblée Nationale le 24 mai. Nous  maintenons l’action auprès de tous les acteurs : les politiques, les professionnels, les parents, les patients et la société civile dans son ensemble. Nous tenons informés les 30000 signataires de notre appel sur Cette déraison d’État de nos actions en cours pour le retrait de cette Loi.

 

Nous devons rester vigilants et mobilisés face à cette dérive très inquiétante de la psychiatrie

Nous ne voulons pas d’un plan de santé mentale élaboré sans concertation, dans l’urgence qui amènerait, comme cette loi, inexorablement à faire passer la psychiatrie d’un dispositif sanitaire au service des malades à un dispositif de contrôle social au service du ministère de l’Intérieur. Ce plan cautionné par des experts coupés du partage de la vie quotidienne avec les personnes malades est le rêve des laboratoires  pharmaceutiques et des apôtres du DSM.

`

Nous voulons une réflexion nationale entre tous les acteurs concernés pour faire un état des lieux des soins et des pratiques avant de pouvoir élaborer un grand projet  pour  une psychiatrie respectueuse de la dignité humaine. 

Nous proposons qu'une réflexion nationale concernant l'avenir des soins soit organisée durant deux ou trois jours au début de l'année 2012 : prenons le temps de réfléchir, comprendre, proposer, décider.

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>Meeting National Politique et Poétique Samedi 9 avril de 14h à 18h !

 

 

Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

Meeting National Politique et Poétique

Samedi 9 avril de 14h à 18h

« UN POUR TOUS ET TOUS CONTRAINTS »

Devant la statue de Pinel

47 Bld de l’hôpital 75013 Paris

 

En 1793, Jean-Baptiste Pussin, un ancien patient nommé surveillant et sa femme Marguerite ont amené Philippe Pinel, médecin-chef de Bicêtre, à retirer les entraves et les chaînes aux aliénés.

En 2011, l’Assemblée Nationale vote une surveillance et un contrôle à domicile des personnes malades sous camisole chimique. Avec ce parti-pris de la répression, les bracelets électroniques suivront. Deux siècles après,  les chaînes sont de retour…..

 

Le projet de loi instaurant des « soins » sans consentement y compris en ambulatoire a été adopté à l’Assemblée Nationale et doit être examiné au Sénat. Nous devons amener les Sénateurs dans un sursaut républicain à bloquer cette loi.

 

Le collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire appelle à une large mobilisation pour faire barrage à cette loi honteuse qui transforme les soignants en police sanitaire et qui enlève leur humanité aux personnes malades.

 

La Folie n’appartient pas à la psychiatrie, l’Art parle d’elle, s’adresse à elle. C’est naturellement que de nombreux collectifs d’artistes, de peintres, de comédiens, de musiciens se joignent au collectif des 39 pour défendre l’humanité des personnes malades. Le combat pour une hospitalité pour la folie doit se mener aussi sur le terrain culturel et artistique. La folie est indissociable de l’humain, elle est fait de culture.

 

Tout au long de ce Meeting Politique et Poétique les prises de paroles et les performances artistiques se succéderont.

 

Des patients, des familles, soignants, syndicats, politiques, philosophes, magistrats, membres du collectif des 39 et d’autres collectifs ou associations.

Des musiciens (Ens’batucada et fanfare Aïouentounos du Collectif La Blanchisserie), 

Des comédiens (Atelier Théâtre de la clinique de la Borde, Githec) 

Des plasticiens (Stéphane Gatti pour la parole errante, le collectif Pouch'd) 

Et d’autres encore…

Tous sont engagés dans le mouvement d’une hospitalité pour la folie.

Contre cette déraison d'Etat, le Collectif des 39 a déjà recueilli 25000 signatures

 

Rendez-vous autour de la statue de Pinel le

SAMEDI 9 AVRIL DE 14H à 18H

Devant l’hôpital de la Pitié-Salpétrière

47 Bld de l’hôpital 75013 Paris

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>Un pour Tous et Tous Contraints !

 


Meeting le samedi 9 avril 14h-18h

Devant la statue de Pinel, 47 Bd de l’hôpital à Paris

 

Il a suffi d’une journée de débat pour statuer sur le sort réservé à la folie. Il n’est plus question d’accueil pour les patients en souffrance psychique. Quelle place dans notre société leur donne cette Loi ?

 

Les députés de la majorité ont validé la vieille représentation populaire, l’image du fou errant et dangereux. Ils ont oublié la souffrance et privilégié la dangerosité. Ils viennent par leur vote de semer les graines de milliers de futurs malades en errance.

 

Cette Loi prétend répondre à la demande des familles, mais elle se focalise sur la peur du fou. Elle fait d’événements dramatiques, l’ordinaire de la folie.


Les maladies psychiques sont très souvent longues, les crises sont comme dans toute vie, des moments ponctuels. L’état de crise, de délire grave, voire dangereux est loin, très loin d’être un état permanent. 


La Loi se focalise sur la crise, un pic dans l’intensité des symptômes dans le déroulement de la vie d’un sujet.

Elle prend des dispositions qui vont transformer, ou plutôt rendre impossible toute thérapeutique.


Or, la crise doit être désamorcée en amont. La thérapeutique est justement là pour travailler à en diminuer le nombre, la fréquence, l’intensité. Ce sont avant tout des états de souffrances psychiques, d’angoisse extrême pour la personne qui les vit. L’administration d’un médicament a des vertus- et aussi des effets secondaires importants. Il n’a pas de pouvoirs magiques.


Cette Loi ne s’occupe pas du soin. En réalité, elle instaure une psychiatrie de la seringue, une psychiatrie de la surveillance, qui répondra à l’urgence, mais pas au quotidien d’une vie dans la cité pour une personne malade.


La psychiatrie est une spécialité médicale spécifique par la place donnée à la qualité de la relation avec le patient, et son entourage dans la réussite du soin. Le soin nécessite une présence, une disponibilité auprès des familles et des patients, au quotidien et dans un climat de confiance.  La disponibilité doit être continue et humaine. Cela implique des moyens sanitaires, sociaux, médico-sociaux.


Seul un tel réseau cohérent permet d’accueillir les patients et leurs familles.

 

Si des patients sont seuls dans la rue, si des familles n’ont personne pour les aider, c’est que ce réseau de soin n’a pas de moyens suffisants ( en personnel, en formation, en temps).


Pour le fortifier, il n’est pas besoin d’un nouveau cadre juridique, cette Loi est donc inutile. Pire, elle est contreproductive car elle ne s’appuie en rien sur la réalité clinique du soin en psychiatrie. La technologie et l’informatisation ne peuvent remédier aux carences de moyens. À un problème grave, la solution apportée est totalement erronée.

 

L’urgence avec laquelle ce projet de Loi est validé -sans deuxième lecture à l’Assemblée Nationale- révèle l’importance idéologique, démagogique que le gouvernement lui donne.

 

L’hospitalité pour la Folie est véritablement le cadet de ses soucis. La contrainte est instaurée comme principe de soin. Les soignants sont mis dans l’obligation d’exercer une surveillance et un contrôle sur les patients.


On échange la possibilité d’une relation soignante contre l’assurance d’une méfiance réciproque.

 

Ne sommes-nous pas légitimés à craindre que les patients se cachent des soignants, qu’ils dissimulent leur angoisse le plus longtemps possible ?


Ne sommes-nous pas légitimes de dénoncer la fonte des moyens d’accueil ambulatoire ?

 

Tout le monde sait que pour s’approcher de l’intimité de quelqu’un, il faut gagner sa confiance. Cela demande du temps, de la continuité, de la disponibilité, mais surtout une formation spécifique  (qui soit adéquate avec) sous-tendue par  une conception humaniste de la folie.

 

La stigmatisation et la peur ne répondent à aucune de ces obligations.

 

Après des années d’abandon, la psychiatrie est dans un état catastrophique. Toutes les catégories de professionnels luttent pour donner un accueil humain, des soins. Les nombreuses réformes successives ont déjà beaucoup réduit leurs marges de manoeuvres. De nombreux lieux ont repris les couleurs sombres du grand renfermement. L’usage des contentions se banalise. La contrainte devient par la Loi un mode de traitement de l’humain, au mépris de toute connaissance clinique. Le soin psychique mérite mieux.


Il y a plus de 200 ans Jean-Baptiste Pussin a libéré les fous de leurs chaînes. Philippe Pinel a accompagné son geste et a ouvert une nouvelle voie pour la psychiatrie. Qu’en est-il aujourd’hui ?

 

La journée de mobilisation du 15 mars lancée par le collectif des 39 a donné lieu à un rassemblement inédit des syndicats et associations de citoyens, de patients et de familles. Nous continuons la mobilisation. Une nouvelle réunion à notre initiative s'est déroulée ce vendredi 25 mars, avec l’ensemble des organisations syndicales et associatives opposées à cette Loi. Cette réunion a confirmé l'organisation du rassemblement du 09 avril devant la statue de Pinel. Nous vous communiquerons dans les prochains jours le programme de cet événement.


 

Messieurs les Sénateurs, Les 25000 signataires de notre appel vous le disent, cette Loi transforme les fondements de notre mission de soin.

Nous refusons cette politique, cette idéologie qui enferme, exclut.

Nous ne deviendrons pas des techniciens de la répression psychique.

Nous exigeons le retrait de la Loi.

Nous exigeons un moratoire avant toute réforme de la psychiatrie.

N’ajoutons pas à l’aliénation de la folie la déraison d’un État qui prône la peur et la stigmatisation.

Avant le passage de la Loi au Sénat, le collectif des 39 Contre La Nuit Sécuritaire appelle à un grand rassemblement citoyen et festif devant la statue de Philippe Pinel au 47 boulevard de l’hôpital à Paris. Nous pouvons briser les chaînes de la peur et de la stigmatisation.

 

 

Le collectif des 39 soutien l'appel à la manifestation du 2 avril lancé par le mouvement de défense de l'hôpital public.


http://www.coordination-nationale.org/mouvements%20dans%20le%20monde%20de%20la%20sante/ActionNationaleSante/TractNational-02-04-2011.pdf


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>Communiqué suite à la manifestation du 15 mars

 

Collectif des 39

Contre La Nuit Sécuritaire. 

 

Communiqué de presse

 

 

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire se réjouit du succès de la manifestation qu’il a organisée le mardi 15 mars 2011 à l’Assemblée Nationale pour protester contre le Projet de loi de réforme de la psychiatrie et exiger son retrait.

 

Cette manifestation qui a été soutenue par des associations de patients, de parents, mais aussi par l’ensemble des syndicats de tous les professionnels en psychiatrie, – fait exceptionnel-, des associations de psychanalystes, le Collectif « Mais c’est un homme… », a réuni près d’un millier de personnes pendant quatre heures !

 

Pendant ces quatre heures, des prises de paroles, des témoignages poignants et émouvants de patients, de parents, des animations créatrices illustrant ce à quoi conduirait cette loi, se sont succédés sans discontinuer. 

 

Toutes et tous ont dénoncé l’axe central autour duquel ce projet de loi est construit : un axe sécuritaire pour valider une politique de suspicion à l'égard des malades désignés comme des criminels potentiels. Cet a priori a été soigneusement entretenu depuis le discours du Président de la République à Antony le 2 décembre 2008. 

 

Toutes et tous ont dénoncé : 

  • le caractère uniquement sécuritaire de ce dispositif,
  • la transformation radicale de la psychiatrie qu’il induirait,
  • la transformation des soignants en « auxiliaires sanitaires » de police,
  • la suspicion et la disqualification des professionnels psychiatriques, 
  • l’expropriation de ceux-ci de leur fonction soignante et être assignés à « surveiller, contrôler, injecter », 
  • la conception du « soin » réduit par ce projet de loi aux seuls médicaments psychotropes,
  • l’institutionnalisation de la peur du malade, de la peur de l’autre.

 

Toutes et tous ont réclamé à la place de ce projet de loi, confus, absurde, incohérent, l’élaboration à partir d’une authentique concertation et d’un débat public, d’une politique de soins psychiatriques dignes, humains, articulée autour de trois axes essentiels : 

  • Quelle conception de la maladie mentale ? 
  • Quelle formation pour les professionnels ?
  • Quel budget et quels moyens spécifiques pour l’ensemble de la psychiatrie ?

 

Nous avons rappelé que depuis les États Généraux de la Psychiatrie qui avaient réuni toutes les organisations syndicales et scientifiques en juin 2003 et déjà à l’époque avaient alerté sur la situation catastrophique de la psychiatrie, aucune des 22 mesures d’urgence réclamées à l’époque n’a été prise an compte !

 

Une délégation a été reçue par le Groupe Gauche Démocrate et Républicaine. 

De nombreux députés du Groupe Socialiste, d’Europe Écologie Les Verts, du Parti Communiste Français, du Parti de Gauche se sont déplacés pour rejoindre le rassemblement et ont pris la parole.

 

Une délégation a été reçue par le Rapporteur du Projet de Loi, Mr Guy Lefrand, député UMP de l’Eure, qui a accepté finalement, en dernière limite, de nous recevoir. 

Un compte-rendu exhaustif sera rendu public ultérieurement. 

 

Devant ce succès, et parce que cette lutte ne fait que commencer, le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire appelle à d’autres initiatives : 

  • Il s’associe à la journée d’action pour la défense de l’hôpital public, le 2 avril, 
  • Il invite aussi à participer dans l’après midi du samedi 2 avril au débat sur les suites du mouvement à propos du projet de loi, débat qui se tiendra au Lieu Dit, 6 rue Sorbier, Paris 20ème, dans le cadre du Festival des «Évadés du Bocal » 
  • Il appelle à l’organisation d’un rassemblement de toutes celles et de tous ceux qui se sentent concernés par la psychiatrie, le Samedi 9 avril 2011, devant l’entrée de la Salpetrière autour de la statue de Philippe Pinel, le fondateur de la psychiatrie, en 1793 « enlevant leurs chaînes aux insensés », avant l’examen du Projet de Loi par le Sénat. 


Le Collectif des 39

 

Contacts : 

Collectif des 39 :   yglns39@orange.fr

Dr Hervé Bokobza : 06 85 31 71 61 

Yves Gigou :             06 60 48 98 84 

Dr Paul Machto :     06 80 65 47 79

Dr Elie Winter :       06 73 24 21 47


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>Psychiatrie: le rapport qui accuse (article du journal Libération du 18/03/11)

 

Le contrôleur général des lieux de privation de liberté dénonce, dans un avis que s’est procuré «Libération», l’hospitalisation sous contrainte.

 

Par Eric Favereau

 

«Nous disons que tout cela est insupportableLes mots sont durs. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, est pourtant un homme posé, conseiller d’Etat de formation. Il va faire paraître au Journal officiel un avis sur l’hospitalisation d’office en psychiatrie, et une recommandation sur l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (lire ci-contre), deux textes que Libération a pu se procurer.

 

Constat terrible. Leur parution intervient au moment même où le Parlement débat d’un projet de loi qui vise à étendre encore les mesures de contrainte pour les malades mentaux. «Nous ne parlons pas dans le vide, argumente Jean-Marie Delarue. Depuis deux ans, nous avons visité plus d’une vingtaine de lieux d’hospitalisation psychiatrique. Ce ne sont pas de simples visites. Nous arrivons à l’improviste, nous restons, nous regardons tout.» Le contrôleur général des lieux de privation de liberté lâche : «Au regard des droits de l’homme, la situation est inquiétante et elle s’aggrave.» Avec, en arrière-fond, un mal typiquement français : le législateur fait des lois, mais les droits qu’elles sont censées garantir ne sont pas accessibles.

 

C’est sur la question centrale de l’hospitalisation d’office qu’a planché le contrôleur. En vertu de la loi de 1990, les préfets peuvent, sur le fondement d’un certificat médical, faire admettre à l’hôpital des personnes, contre leur gré, «atteintes de troubles mentaux et qui compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public». Cette mesure, supposée exceptionnelle, est appelée «hospitalisation d’office» (HO). Elle peut être renouvelée, sans limite de temps. «Le malade en sort lorsque le médecin psychiatre, qui estime la sortie possible, la propose au préfet, lequel décide ou non la mainlevée de l’hospitalisation d’office», note Jean-Marie Delarue.

 

Droits formels.

Le législateur avait donc recherché un équilibre, entre le médical et l’administratif. Mais «aujourd’hui, quatre éléments mettent en cause gravement cet équilibre». D’abord, note l’avis, dans de très nombreux cas, les droits formels du patient ne sont pas respectés. Exemple : «On interdit la plupart du temps au malade d’avoir recours à un avocat. On lui dit, certes, qu’il peut saisir un juge, mais sans lui donner l’adresse, ni le lieu. Les formulaires qui lui sont fournis sont illisibles. L’accès à ses possibilités de recours n’est pas possible», s’étonne le contrôleur.

 

Deuxième point qui noircit le paysage de la psychiatrie : «C’est le grand retour de l’enfermement qui caractérise désormais ces lieux de soins.» Cela n’est pas sans aberration : dans un même service de psychiatrie, les patients en hospitalisation libre sont contraints de vivre comme les autres, c’est-à-dire reclus, «en totale contradiction avec leur situation», note Jean-Marie Delarue. «Les portes d’un nombre croissant d’unités hospitalières psychiatriques sont en effet fermées à clef. Les patients, qui sont là librement, ne peuvent sortir, même pour se promener dans un parc, ni pour se rendre dans une cafétéria, ou participer à un office religieux.» Et de préciser : «Ces restrictions ne sont pas sans incidence sur la vie des malades et sur les relations avec leurs proches.» En d’autres termes, la logique de l’enfermement tire tout le monde vers le bas.

 

Troisième point : les sorties d’essai. Depuis des années, c’était une pratique essentielle pour permettre à un patient en HO de commencer à se réhabituer à la vie hors les murs. Le médecin responsable signait alors un certificat, qui était ensuite, la plupart du temps, validé par le préfet autorisant la sortie. Depuis le meurtre à Grenoble en novembre 2008 d’un étudiant par un patient en fugue, les préfets ont peur. Une crainte renforcée par une circulaire de 2010, signée par les ministres de la Santé et de l’Intérieur, rappelant leur responsabilité directe. «Aujourd’hui, devant ces demandes de sortie d’essai, le préfet hésite, diligente une enquête de police. Les sorties d’essai se sont réduites comme peau de chagrin. Des malades, habitués à sortir régulièrement, en sont interdits.»

 

Attaché. Dans le même ordre d’idée, les levées de HO, décidées par le préfet, sur demande du médecin, sont de plus en plus difficiles. «Aujourd’hui, le préfet hésite, demande une expertise, mais il n’a pas d’argent pour la faire. Au final, cela traîne des mois, voire des années»,lâche Jean-Marie Delarue. Des patients sont ainsi retenus, sans aucune justification médicale. «Le préfet fait ce qu’il veut au nom d’arguties juridiques qui ne sont pas opératoires.»

 

Quatrième point : la situation des détenus qui bénéficient de l’article D 398, permettant à l’autorité préfectorale de placer un détenu en hôpital psychiatrique. Voilà des personnes incarcérées qui sont en crise. Le médecin de la prison demande qu’ils soient hospitalisés, et le préfet peut transformer leur incarcération en hospitalisation d’office. Mais là encore, c’est d’abord le parapluie que l’on ouvre. «Le préfet craint, par-dessus tout, l’évasion. Il traîne. Alors qu’il y a urgence, cela peut prendre jusqu’à deux semaines, alors que la personne est en crise aiguë.» Pendant cette crise, le détenu reste en cellule. Quand il arrive enfin à l’hôpital, il est mis systématiquement en chambre d’isolement, durant tout son séjour. Parfois, il est même attaché, sans discontinuer, pendant deux semaines. Résultat ? «On ne leur donne pas les soins appropriés à leur état, cela est absolument inadmissible. Nombreux sont ceux qui préfèrent retourner en prison, car en prison au moins ils peuvent avoir des visites, ou bénéficier de promenades.»

 

De fait, c’est tout un monde caché que fait entrevoir le contrôleur général, un monde où les droits élémentaires des personnes ne sont pas respectés. Et dans ce monde-là, «ce n’est pas tant la loi, quelle qu’elle soit qui est en cause, mais la réalité des pratiques», conclut Jean-Marie Delarue.


Le rapport du contrôleur de privation des libertés relatif à certaines modalités de l'hospitalisation d'office (15 mars 2011)avis-du-controleur-general-des-lieux-de-privation-de-liberte


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>Psychiatrie: autorisation de "soins" ambulatoires sous contrainte

 

(AFP) – Il y a 6 heures
 
 
PARIS — Il sera désormais possible de contraindre à des "soins psychiatriques" ambulatoires et plus seulement à l'hôpital selon une disposition du projet de loi sur l'hospitalisation sous contrainte votée mercredi par l'Assemblée, une réforme contestée par les professionnels.
 
L'Assemblée a introduit dans le code de la Santé publique la notion de "soins psychiatriques", ce qui a pour conséquence d'autoriser les soins ambulatoires sous contrainte, et non plus seulement l'hospitalisation.
 
A ceux, à droite comme à gauche, qui réclament une réforme globale, la secrétaire d'Etat à la Santé, Nora Berra a promis aux députés qu'un "plan santé mentale" serait annoncé à l'automne.
L'Assemblée a également adopté la disposition instaurant "une période d'observation et de soins" d'une durée de 72 heures, que les opposants au projet ont baptisé "garde à vue psychiatrique".
Les syndicats de psychiatres jugent cette réforme "sécuritaire".
 
Les députés ont également avalisé l'intervention du juge des libertés et de la détention (JLD) au-delà de quinze jours d'une hospitalisation sous contrainte, une mesure imposée par le Conseil constitutionnel.
 
Le dispositif de suivi renforcé pour les cas les plus sensibles (personnes déclarées irresponsables pénalement ou ayant séjourné dans une "unité pour malades difficiles") a également été adopté.
Des députés UMP du collectif "Droite Populaire", dont Jean-Paul Garraud et Dominique Tian, ont tenté en vain de revenir sur une disposition introduite en commission et qui instaure "un droit à l'oubli", dont les contours seront définis en Conseil d'Etat. Le "Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire" qui s'oppose vivement à ce projet de loi estime que celui-ci crée "un casier psychiatrique".
 
"Des agressions de fous on en voit tous les jours", a fait valoir Dominique Tian. "Obscurantisme", a rétorqué à gauche Catherine Lemorton (PS).
 
Le projet de loi concerne quelque 70.000 personnes qui, chaque année, sont hospitalisées sous contrainte, soit à la demande d'un tiers (dit "HDT", 60.000 cas) ou d'office en cas d'atteinte "à la sûreté des personnes" ou "à l'ordre public" (dit "HO", 10.000 cas).
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>Cahiers pour la folie N°1

 

En nos temps troublés où les « voix » de la folie sont sommées de se taire par tous les moyens y compris législatifs 


nous proposons, telle une joyeuse oeuvre collective, ces Cahiers destinés à accueillir, croiser et relancer, ces diverses « voix » dont nous avons besoin pour vivre.

voici le N° 1  : CAHIERS POUR LA FOLIE N°1
Vos réactions, suggestions et propositions pour le N° 2 sont d’ores et déjà bienvenues à l’adresse suivante: http://lesnouveauxcahierspourlafolie.unblog.fr

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>Réforme de la Psychiatrie : Une déraison d’Etat (Pétition)

 

Nouvel appel des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

 

EXIGEONS le retrait de ce projet loi qui va organiser  le retour au "grand renfermement".

Masqué par une appellation toute séduisante : « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adopté au Conseil des Ministres du 26 janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

 

 

Trente mille personnes ont signé avec nous l’Appel contre La Nuit Sécuritaire, lancé en réaction au discours du président de la République le 2 décembre 2008 qui assimilait la maladie mentale à une supposée dangerosité. À nouveau, le Collectif des 39* en appelle à l’ensemble des citoyens.

 

Ce discours promettait un traitement sécuritaire des malades mentaux.

 

Il a depuis largement pris corps dans la pratique quotidienne : les lieux de soins psychiatriques sont désormais truffés de caméras de surveillance et de chambres d’isolement, des grillages ont été disposés, des protocoles de neutralisation physique des patients ont vu le jour, les préfets empêchent les levées d’internements caducs.

 

Un projet de loi propose aujourd’hui un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

Adopté le 26 janvier 2011 en Conseil des Ministres, il sera discuté au Parlement le 15 mars après un simulacre de concertation.

 

– Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance à l’égard de citoyens souffrants.

 

– Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte.

 

Il instaure un changement paradigmatique sans précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire.

 

En effet, le projet de loi n’identifie plus seulement l'hospitalisation comme contraignante, mais les soins eux-mêmes,à l’hôpital comme à l’extérieur, avec le risque majeur de la mise en place d’une surveillance sociale planifiée.

 

Ainsi, pour répondre à l’inquiétude légitime des patients et de leurs familles, ce projet de loi, sous couvert de déstigmatisation, va instituer une logique de dérive sécuritaire induisant un contrôle inédit de la population. Il s’appuie sur un principe de précaution inapproprié.

 

La mystification est totale :

Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique.

 

Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité », ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.

 

Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.

 

Il institue un mensonge en laissant penser que seuls les médicaments psychotropes administrés sous contrainte suffisent à soigner les patients gravement atteints : enfermés chez eux, malgré eux.

 

Une partie des citoyens a été désignée à la vindicte médiatique. Le mot schizophrène, jeté à tort et à travers, en bafouant le secret médical, n’est plus un diagnostic mais une menace, qui accable les malades et leurs familles, effraie jusqu’à leur voisinage.

 

Penser que ce projet de loi va améliorer cette situation est une déraison d’Etat.

 

Bien plus, il risque de s’opposer frontalement à toute réforme sanitaire digne de ce nom, qui aurait pour principes élémentaires de reposer sur une fonction d’accueil, une logique ouverte et déségrégative, des thérapeutiques diversifiées centrées sur le lien relationnel et la confiance, dans la durée.

 

Ce projet va à l’encontre d’une politique de soins psychiatriques respectueuse des libertés, offrant une hospitalité pour la folie au cœur du lien social, qui allierait sécurité publique et soins à la personne.

 

Il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

 

Nous voulons que les budgets subventionnent des soins et non des aménagements carcéraux, la formation des personnels, des effectifs conséquents, pour une conception humaine de l’accueil de la souffrance.

 

Nous rejetons les réponses démagogiques qui amplifient délibérément l’émotion suscitée par des faits-divers dramatiques. Ces réponses ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre.

 

– Nous voulons résister, nous opposer, avec une élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques au plus proche des réalités de terrain. La psychiatrie est l’affaire de tous.

Nous soignants, patients, familles, citoyens appelons au retrait immédiat de ce projet de loi.

 

SIGNER LA PETITION : https://www.collectifpsychiatrie.fr/phpPetitions/index.php?petition=8

 

* Le Collectif des 39 s'est constitué le 12 décembre 2008, autour de l'Appel contre La Nuit Sécuritaire signé depuis par près de 30.000 citoyens. Il réunit des professionnels de la psychiatrie tous statuts confondus (en grande majorité), et des personnes du monde de la Culture et des citoyens qui nous ont rejoints.

 

 

 

La liberté peut être aussi thérapeutique

 

La justice, les magistrats, les professionnels du monde judiciaire sont attaqués, dénoncés comme coupables des crimes commis, dénigrés, comme jamais. 

 

L’école, les enseignants, les parents tout autant. 

 

La psychiatrie, les fous, les malades mentaux, les professionnels des soins psychiatriques ne sont pas en reste. 

 

Depuis son arrivée au ministère de l’Intérieur, Nicolas Sarkozy n’a eu de cesse de mettre en œuvre son obsession : assimiler les malades mentaux à des délinquants. En février 2007, sous la pression de la mobilisation des professionnels, des associations de familles et d’usagers de la psychiatrie, il a retiré cette disposition de sa loi de Prévention de la Délinquance. En promettant qu’il y reviendrait ….

Ce fut chose faite avec son discours, prononcé le 2 décembre 2008 à l’hôpital Érasme d’Antony en tant que Président de la République. L’auteur de l’Éloge de la Folie qui a donné son nom à cet établissement psychiatrique a dû se retourner dans sa tombe. « Les malades mentaux sont, selon ce Président, potentiellement dangereux, voire criminels ». 

 

Depuis ce discours, le grand renfermement a commencé. Augmentation des chambres d’isolement, construction de murs, élévation des grillages, installation de caméras dans les hôpitaux et même dans certains services ! Un budget de 70 millions d’euros a été immédiatement débloqué uniquement pour ces équipements sécuritaires. Les moyens, pour les personnels soignants, pour l’amélioration des conditions d’accueil et de soins attendront.

 

Le pacte républicain qui soutient la séparation des pouvoirs, est rompu : les préfets discréditent les avis des psychiatres, décident contre leur avis.  Si l’hospitalisation protège le patient pour des soins, celle-ci devient un enfermement arbitraire quand le préfet refuse la sortie demandée par le psychiatre.

 

C’est dans ce contexte, dans ce climat délétère et morbide que nous est proposée une modification de la loi de 1990, avec un projet de loi qui donne un cadre juridique à cette dérive sécuritaire.

 

Masqué par une appellation toute séduisante :« Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge», il a été adoptée au Conseil des Ministres du 26  janvier 2011, et va être débattu au Parlement au printemps.

 

Ce texte s’inscrit dans le droit fil du projet sécuritaire de Nicolas Sarkozy. Explicitement énoncé dans l’exposé des motifs : 

 

« Divers événements dramatiques survenus ces derniers temps attestent de la nécessité, 

rappelée par le Président de la République, de mieux encadrer les sorties 

des établissements de santé et d’améliorer la surveillance de certains patients ».

 

Au sécuritaire, s’associent l’objectif strictement gestionnaire qui met le contenu des soins à l’arrière plan, et l’idéologie du principe de précaution appliquée en contre-point des risques encourus par tout un chacun.

 

Dans un vocabulaire relevant du code pénal, il cautionne la défiance  à l’égard de citoyens souffrants. Dans ce dispositif, seul le trouble à l’ordre public est pris en compte. 

 

Ce projet de loi s’inscrit dans une stratégie de communication qui s’appuie sur l’amalgame « fou – dangerosité », utilisant le désarroi des familles, et la peur dans l’opinion publique. Le recours désormais facile à la disqualification des professionnels, et notamment de ceux qui ont développé des logiques de soins ouvertes et déségrégatives,  est sous-jacent dans l’esprit de ce texte, organisé autour de la réduction des soins aux seuls traitements médicamenteux.

 

Le changement prévu par le gouvernement est une modification sans précédent, un bouleversement sociétal sous la parure d’une meilleure gestion de l’accès aux soins. 

 

Au cœur de ce dispositif, un changement paradigmatique sans  précédent : l’institution des « soins » sans consentement en ambulatoire

 

Depuis la loi de 1838,  l'hospitalisation seule pouvait faire l'objet d'une contrainte identifiant les soins à un lieu. Ce projet de loi n'identifie plus l'hospitalisation, mais les soins eux-mêmes à la contrainte, les réduisant à une pure surveillance. L'obligation prend le pas sur le contenu même du soin. Cette dérive vers la surveillance, le contrôle des patients penche dangereusement vers des choix totalitaires, des choix « contrôlitaires ». C'est un lourd tribut : le monde de la psychiatrie, la société française sont-ils prêts à s’y soumettre ? à le payer ? 

 

La mystification est totale : 

Il ne s’agit pas d’un projet de soins, mais d’un engrenage portant atteinte aux libertés fondamentales dans un état démocratique. 

 

Prétendant améliorer « l’accès aux soins » et leur « continuité »,  ce projet propose uniquement un accès à la contrainte sans limite de durée.

 

Il détourne la fonction des soignants vers une orientation de dénonciation, de  rétention, de « soins » sous contraintes et de surveillance.

 

Il impose aux patients d’accepter des « soins » stéréotypés, protocolisés, identiques pour tous. Ils seront sous surveillance, associée à un contrôle de leur dignité : ainsi se met en place une police de l’intime. Il instaure un fichier national, « un casier psychiatrique ? », de toute personne ayant été soumise ne serait-ce qu’une seule fois aux soins sans consentement.

 

Ce projet de loi concerne l’ensemble de la société, pas seulement les malades désignés comme dangereux. L’extension du domaine de la norme, – troubles du comportement, désordres psychiques, dangerosité, troubles affectifs -, fait qu’un tiers de la population  est considéré comme atteinte d’un « trouble psy ». Nous entrons dans l’ère de la « Police Sanitaire », avec en toile de fond la perspective du « bien-être mental pour tous », cette idéologie du  santémentalisme promu par quelques apprentis sorciers.

 

Ce projet de loi se soutient d’une vision simpliste, et s’appuie sur la peur dans l’opinion publique. Il détourne l’opinion en utilisant l’illusion, la tromperie, le  mensonge … et les menaces pour les libertés individuelles. 

  • Illusion pour les familles, qui confrontées à des difficultés majeures pour obtenir le soutien nécessaire et l’assurance de la continuité des soins pour leur proche, espèrent que cette loi va atténuer leur désarroi et leur solitude. Alors que seuls une amélioration de la formation, le développement de soins de proximité pourront permettre de tisser des liens, et pousser des équipes plus attentives et en nombre, à prendre en compte les attentes des familles.
  • Tromperie, car ce que laisse entendre ce projet de loi, c’est qu’une contrainte aux soins, une obligation de soins se réduit à des traitements médicamenteux imposés à domicile ou à l’hôpital. Alors que l’expérience nous apprend que ce n’est qu’au prix d’une disponibilité, d’un travail autour de la fonction d’accueil, s’appuyant sur le lien relationnel, l’établissement progressif d’une confiance réciproque, que la peur peut être atténuée et l’efficacité d’une thérapeutique patiente, longue et diversifiée être obtenue.
  • Mensonge car il s’agit de faire croire à l’opinion publique, qu’avec cette loi, le risque zéro sera possible.  Des dispositions sont prévues obligeant les soignants à dénoncer les manquements aux soins, brisant toute confiance thérapeutique possible, et provoquant  l’intervention de la force publique pour ré-interner un malade. Aveuglés par leur idéologie sécuritaire, les responsables de ce projet de loi ignorent que,  délaissés de toute relation soignante de confiance et acculés à la méfiance qui exacerbe leur sentiment de persécution, certains malades pourraient d’autant plus passer à l’acte.
  • Enfin, menaces sur les libertés individuelles des patients mais aussi quiconque potentiellement confronté à un désordre psychique, affectif, moral, généré par le contexte social, le travail, l’entourage. L’orientation de l’obligation de soins passe ainsi dans les mœurs, dans la banalité du ça va de soi. 

A l'encontre de toute démarche sanitaire, cette loi va devenir un abri "légal" pour la déresponsabilisation des soignants auprès des patients les plus en souffrance.

 

Faute d'améliorer  l’accès aux soins et leur continuité en instaurant un budget spécifique pour la psychiatrie, de corriger la pénurie des effectifs soignants, de transformer la formation de tous les personnels, ce projet propose un accès à la contrainte et une continuité de celle-ci. Il est certainement plus « économique » de contraindre que de créer les conditions dignes et humaines pour soigner.

 

Ce projet de loi esquisse une perspective de normalisation, d’uniformisation et de contrôle, par le biais d’un objectif d’une santé mentale plus proche d’une police sanitaire que respectant la singularité de chaque individu.

 

Mais aussi, il institue la défiance envers les professionnels dans une démarche politique analogue à celle appliquée récemment aux magistrats et à la Justice, comme à d’autres professions.

 

La complexité de la question que pose la folie, la maladie mentale dans la société, la nécessité de l’élaboration d’une politique de soins psychiatriques dignes et respectueux des libertés, qui prenne en compte les besoins des malades, les attentes des familles et le soutien aux professionnels de la psychiatrie, justifient la mise en œuvre d’une immense réflexion dans le pays, à l’échelon local, départemental, régional et national. 

 

Aux réponses démagogiques et précipitées à l’émotion suscitée par des faits divers dramatiques, réponses qui ne font qu’accroître et entretenir la peur de l’autre, nous voulons opposer l’élaboration citoyenne de propositions pour une politique de soins psychiatriques du XXIème siècle au plus proche des réalités de terrain. 


La psychiatrie est l’affaire de tous.

 

À la complexité de l’humain dont la folie est partie intégrante, il n’y a pas de réponses simplistes qui s’appuient sur un scientisme en expansion et des marchands d’illusion. 

 

Le poète nous éclaire avec ces quelques vers :

« Il n’y a pas de chemin, 

Le chemin se fait en marchant. » 

Antonio Machado. 

 

Pour construire ce chemin, à l’aune des enjeux fondamentaux de la démocratie, citoyens, usagers, familles, professionnels, nous voulons une toute autre démarche que celle qui nous est proposée.

 

Nous rejetons totalement ce projet de loi. Nous nous engageons à tout mettre en œuvre pour cette seule exigence, son retrait.

 

 

Le collectif des 39, le 20 février 2011.

 

 



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>Semaine de la folie ordinaire à Reims

Après La Locomotive, un Groupe d’Entraide Mutuel de Reims, les “V.I.P. en psy” de Grenoble ( “Voix Iséroises de Patients en psy), et les adhérents, patients et soignants, de la Radio Citron de Paris, voici un nouveau collectif à Reims, une ville où ça bouge décidément, qui se manifeste contre le projet de loi sur les soins sans consentement.

Après l’appel à la grève des quatre syndicats de psychiatres hospitaliers pour le mardi 15 mars, premier jour d’examen du projet de loi à l’Assemblée Nationale, les professionnels ont opposé un refus unanime de participer aux groupes de travail proposés par le ministère de la Santé pour préparer les futurs décrets d’applica- tion de la loi sur les soins sans consentement en psychiatrie, selon une dépêche A.P.M. du 2 mars 2011.

 

Il ne va plus y avoir grand monde pour soutenir ce projet de loi, tant l’opposition s’amplifie, avec l’expression de plus en plus forte et nouvelle des associations de patients eux mêmes.

 

Avec en prime des expos, des initiatives culturelles, des débats, comme par exemple le propose ce Collectif de Reims, du 15 au 19 mars.

 

Mais aussi, nous y reviendrons, avec cet événement inédit, à Paris dans le 20ème, au Lieu-Dit, 6 rue Sorbier : le Festival des “Évadés du Bocal” : un mois du lundi 7 mars au dimanche 3 avril 201, des expos, des films, des débats, des pièces de théâtre, des concerts…. à suivre.

 

Paul Machto

 

 

 

Semaine de la folie ordinaire à Reims

du 15 au 19 mars 2011

 

La réforme de la loi de 1990 relative « aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge » qui sera soumise au vote mi-mars à l’Assemblée nationale, signe un virage sécuritaire qui est délétère vis à vis des soins en psychiatrie.

 

En effet, nous savons d’expérience qu’il n’y a pas de soin possible sans l’adhésion du patient. En instaurant des soins sous contrainte, cette loi anéantirait la relation de confiance, entre soignants et patients, indispensable à la bonne conduite d’une thérapie.

 

Elle transformerait les soignants en police de la pensée et la vie des patients en liberté surveillée. Ce projet établit ainsi un paral- lèle douteux qui assimile patient et criminel. Enfin, il porte at- teinte à un droit fondamental, à savoir que tous les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits.

 

La seule thérapeutique proposée est une camisole chimique, n’étant en fait qu’une réduction au silence de la souffrance et entretenant l’illusion du soin. Les médicaments font partie de la thérapie, en aucun cas ils ne représentent la thérapie. L’écoute, la parole, la prise en charge psychologique, la mise en place d’un environnement respectueux du patient sont primordiaux.

 

L’introduction, dans les soins, du juge des libertés et de la détention, comme le propose le projet de loi, assimile l’hospitalisation d’office à la détention et rend la levée de cette mesure aussi difficile qu’une levée d’écrou.

 

Devant toutes ces attaques, à l’initiative de patients, un collectif de soignants et de patients du secteur ZR4 à Reims, propose une réponse.

 

Soudés au sein des différentes associations, club thérapeutique et centre d’accueil, nous exposons durant ce que nous appelons « La semaine de la folie ordinaire » du 15 au 19 mars, le travail effectué dans divers ateliers.

 

Notre désir est d’opposer à la négation de la folie et à son enfermement, l’expression et la chaleur humaine.

 

La mairie de Reims nous soutient en mettant des locaux à notre disposition pendant la semaine de la santé mentale.

 

Pour le collectif, Matthieu, Michèle Exposition A la maison de la vie associative 122 bis, rue du Barbâtre.


Reims Du mardi 15 au samedi 19 mars 2011 De 9h à 22h30 sauf samedi de 9h à20h Vernissage le mardi 15 mars à 15h Soirée débat : « La folie de vivre » Jeudi 17 mars 2011 de 18h à 22h Salle Armonville 7 bis rue Armonville Reims.

 

 

Article publié le dimanche 06 mars 2011 sur Mediapart

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>Contre une réforme rétrograde et inapplicable des soins sans consentement

 

 

Intersyndicale des Psychiatres Publics 

(Syndicat des Psychiatres des Hôpitaux et Intersyndicale de Défense de la Psychiatrie Publique) 

 

Syndicat des Psychiatres d’Exercice Public

 

Union Syndicale de la Psychiatrie Comité d’Action Syndical de la psychiatrie Syndicat des Psychiatre Français

 

Syndicat National des Psychiatres Privés

 

Union Syndicale des Magistrats Syndicat de la Magistrature


 

Communiqué du 9 mars 2011


La loi du 27 juin 1990 devait être évaluée et amendée dans les cinq ans après sa promulgation. C’est finalement 20 ans qui ont été laissés à une réflexion qui aurait dû permettre l’élaboration de la loi sur les soins sans consentement qu’attendaient les usagers, les familles, et les professionnels de la santé mentale.

 

Cette loi devait être conforme aux attentes d’un pays moderne, aux pratiques européennes, et à l’évolution des conceptions médicales. Elle devait être une véritable loi sanitaire, garantissant à la fois la qualité des soins et les libertés individuelles.

 

Décevant ces espérances, le projet gouvernemental de mai 2010 maintenait la double voie juridictionnelle administrative et judiciaire, élargissait considérablement les prérogatives du préfet, renforçait la référence à la notion ambiguë d’ordre public, – qui ouvre la porte à toutes les dérives -, durcissait les conditions de sortie et multipliait les catégories de patients concernés au nom d’une supposée dangerosité.

 

C’était ignorer l’esprit et la lettre de la Constitution.

 

Car il aura fallu qu’une patiente soulève pour la première fois une question prioritaire de constitutionnalité pour que le gouvernement soit contraint de revoir sa copie.

 

Deux options s’offraient alors à lui :

– soit il sautait le pas et optait enfin pour l’unification des deux modes d’hospitalisation sans consentement sous le seul contrôle de la justice, abandonnait la référence à l’ordre public, et ne retenait pour la levée des soins sans consentement que les seuls motifs médicaux,

– soit il s’entêtait à maintenir un dispositif obsolète et injuste, pourtant abandonné par la plupart des pays européens en accord avec les recommandations de la communauté.

 

C’est pourtant, cette dernière qu’a choisie le Gouvernement, donnant au projet l’allure d’une véritable machinerie infernale tellement il se complexifie, en durcissant d’un côté la dimension sécuritaire tout en voulant donner de l’autre au moins l’apparence d’une meilleure garantie des libertés. En réalité, il va à l’encontre de l’esprit même de la décision du Conseil Constitutionnel puisque le préfet garde de très larges prérogatives sur l’ensemble du dispositif, allant jusqu’à l’obtention d’un recours suspensif contre la décision du juge !

 

En effet, même après les derniers amendements en commission des affaires sociales, ce nouveau projet de loi n’étend pas les prérogatives du juge ni le recours systématique en cas de désaccords entre les avis médicaux et les décisions préfectorales à toutes les formes des soins sans consentement. Il maintient également un casier psychiatrique basé sur les antécédents médicaux, livrés à l’administration. Il multiplie inutilement les avis médicaux.

 

Pour l’ensemble des organisations professionnelles de psychiatres, alors même qu’une partie d’entre-elles estime que le principe même des soins ambulatoires sans consentement n’est pas acceptable, il va sans dire que sans contrôle direct du juge et telle qu’elle est présentée, imposée par protocole et jusqu’à l’intérieur du domicile, cette forme de soins constitue une extension inadmissible du contrôle étatique des populations par une instrumentalisation de la psychiatrie.

 

La logique sous-jacente est claire : aucune confiance n’est accordée aux juges, pas plus qu’aux médecins. Priorité est donnée au contrôle a priori de l’ordre public face aux garanties des libertés et à l’opportunité des soins. L’équilibre entre le bien-fondé de l’intervention thérapeutique et les droits des personnes est rompu. La thématique de la peur des malades psychiatriques est mise en avant, partant de la situation de quelques malades dangereux pour envahir les situations cliniques les plus banales. Les conditions sont réunies d’une formidable régression des pratiques de soins psychiatriques, des conditions de vie des malades, et d’une aggravation de l’engorgement de l’appareil judiciaire sans aucun bénéfice réel de sécurité pour nos concitoyens.

 

On aurait également pu espérer qu’au pays des libertés, cette loi, qui concerne près de 70 000 situations par an et 3 ministères soit considérée comme essentielle en termes de droits et de santé publique. Or le résultat final est un imbroglio législatif qu’il faudrait adopter en urgence !

 

A moyens constants, il faudrait que psychiatrie et justice gèrent un nombre croissant de situations, dans les incohérences d’un dispositif qui associerait :

des délais décisionnels impossibles à tenir pour des juges, qui seraient en outre privés des possibilités d’engager des moyens d’investigations complémentaires

une absence de contrôle judiciaire des soins ambulatoires sans consentement 

d’énormes difficultés à faire respecter le principe d’égalité des armes et l’application du principe des débats contradictoires dans des conditions acrobatiques

le maintien de contentieux administratifs et judiciaires distincts 

le cumul d’obligations légales propres au domaine hospitalier et aux procédures

juridiques, aux risques de contradictions, comme dans les domaines des modalités d’accès aux informations médicales et des règles de publicité des débats et de communication des pièces juridiques

 

Les organisations syndicales signataires, qui représentent l’ensemble des psychiatres et des magistrats de notre pays, s’insurgent en conséquence contre un projet de loi rétrograde, injuste et inadapté. Elles regrettent vivement que le Gouvernement, les Ministères de la Justice et de la Santé, ne saisissent pas l’occasion d’imposer une modernisation du droit et des pratiques sociales, fassent le lit d’une multiplication des cas de contentieux, et engagent quantité de situations cliniques, du fait d’une loi inapplicable et en contradiction avec l’éthique du soin, dans des impasses douloureuses pour les usagers et les soignants.

 

Elles demandent instamment l’ouverture immédiate de concertations avec l’ensemble des acteurs concernés et que soit enfin programmé le projet d’une grande loi sanitaire « psychiatrie et santé mentale » dont notre pays, la discipline et les usagers ont à l’évidence un besoin criant, et dans laquelle les soins sans consentement trouveraient harmonieusement leur place et leur utilité strictement thérapeutique.


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>Projet scélérat : quelle psychiatrie pour demain?

Par Yolène de Vassoigne

 

Le point de vue exprimé ici est d'abord celui d'une mère qui, lassée de voir le mépris avec lequel sont traités usagers et familles dans la quasi-totalité des cas, lassée de constater l'absence d'accompagnement des familles, a décidé de créer il y a bientôt 5 ans une association regroupant les familles de personnes souffrant de troubles psychiques (schizophrénies, troubles bi-polaires et dépression majeure), un réseau d'entraide des familles.Et qui dénoncent ce projet au nom du respect dû à l' usager de la psychiatrie, avant tout une personne qui comme toute personne, doit jouir de ses droits humains élémentaires.

C'est aussi le point de vue d'une présidente d'association de familles qui, lassée des dérives de la psychiatrie et de la pratique du "médicament-tout-puissant", a décidé de créer un GEM (Groupe d'Entraide Mutuelle) pour offrir aux usagers enfin un lieu d'accueil non médicalisé, un espace où l'on essaie d'oublier le médical, un espace de liberté où l'usager n'est plus un numéro de dossier, mais une personne avec une souffrance qui doit se dire non se contenir.

Une loi scélérate, inhumaine, va être présentée à l'Assemblée Nationale dans quelques jours.

Une loi qui détruit ce qu'a essayé de construire la Loi de Février 2005 sur l'Egalité des Droits et des Chances et l'accès à la citoyenneté des Personnes en situation de handicap, y compris de handicap psychique.


Une loi qui fait de chaque usager de la psychiatrie un criminel potentiel, qui permettra de ficher chaque usager déjà hospitalisé sous contrainte (d'office ou à la demande d'un tiers, généralement un proche).


Ici, à la Martinique, ce sont au moins 90% des usagers qui sont concernés.


Une loi qui permettra une "garde à vue psychiatrique" de 72h sans avocat.


Une loi qui permettra à des équipes de flics-infirmiers de violer le domicile d'un usager juste parce qu'il est réticent au soin et à lui passer une camisole chimique.

 

Quand le soin est absent, contraindre par la violence est bien plus facile, plus rapide, donc moins coûteux à première vue que de chercher à comprendre, que d'établir un lien, une relation, une communication. Cela suppose une volonté, une empathie, la capacité de toucher la souffrance de l'autre, ce qui aurait dû être la qualité première de tout soignant en psychiatrie.

 

Or aujourd'hui que voit-on? les "restrictions budgétaires" régissent la psychiatrie aussi… pas assez de moyens, pas assez de soignants, pas assez de temps… un pur non-sens quand on sait que communiquer c'est d'abord prendre le temps, autant de temps qu'il faudra… mais le temps c'est l'argent donc communiquer n'est pas "rentable"…

 

Pendant plus de deux ans, j'ai écouté 24h sur 24, 365 jours dans l'année, les appels de détresse des familles (dans 99,99% des cas des mères), leurs craintes, leurs angoisses parce qu'un proche "en crise" n'était pas pris en charge, parce qu'elles avaient vainement appelé au secours les soignants, j'ai écouté leurs larmes et leurs sanglots, leur profonde douleur car elles aiment leur proche, leur solitude immense de n'avoir jamais pu être écoutées, entendues, de n'avoir jamais pu dire leur souffrance; j'ai constaté leur incompréhension parfois totale de ce que vit leur proche.


Alors il a fallu agir, les rassembler pour prendre le temps de les écouter, leur tendre la main, leur redonner espoir. Souvent simplement écouter, parfois des heures durant, sans parler, suffisait à leur redonner espoir.


Je pourrais écrire des livres et des livres de ces témoignages parfois si douloureux que d'autres familles elles-mêmes avaient du mal à les entendre. Quant aux rares bénévoles qui nous avaient rejoints au début, d'entendre l'immensité de cette souffrance les a tous fait fuir, "un coup de poing dans l'estomac" m'a dit un jour l'un d'entre eux que je n'ai jamais revu, après une de ces rencontres où les familles témoignaient de leur vécu.

 

Comment comprendre, sans approuver bien sûr, que certaines familles soutiennent ce projet ?


Quand l'accompagnement des familles est absent, qu'un appel d'une famille aux soignants pour un proche "en crise", c'est-à-dire en phase aigue d'une psychose, reste sans réponse pendant des jours, voire des semaines.


Quand les familles, la plupart du temps sans connaissance ni compréhension des troubles – les soignants ne savent pas, ne veulent pas prendre le temps ou refusent d'écouter leur parole – doivent gérer comme elles peuvent des situations où elles sont parfois en danger. Parce qu'une personne en souffrance extrême, angoissée, en proie à un délire paranoïaque, déconnectée de la réalité, peut être dangereuse (dans la réalité la plupart ne le sont pas) car elle se sent entourée de toutes parts d'ennemis, parce que parfois il suffit d'un regard, d'un geste mal interprétés pour engendrer une réaction de défense qui peut se traduire par une attitude agressive, y compris vis-à-vis de l'entourage immédiat.


Quand certaines familles ont par le passé vainement appelé au secours les soignants, qu'elles n'ont aucune notion de ce qu'est un soin humain pour ne l'avoir jamais vu à l'oeuvre

Quand la réponse aux appels de détresse est "appelez la police si votre enfant est agité ou agressif, nous on ne se mettra pas en danger", que la police arrive pour parfois faire demi-tour en disant "mais contrôlez le (la), c'est votre enfant" quand elle ne repart pas avec votre enfant menotté comme un criminel…


Car c'est cela le vécu de bien trop de familles et d'usagers de la psychiatrie : l'hôpital, la contrainte, la force parfois brute des soignants, la violence institutionnelle, la camisole chimique… pas l'humain 


Alors oui, certaines de ces familles, déboussolées, applaudissent une loi qui portera "le soin à domicile" … n'en mesurant pas la portée, l'atteinte inadmissible aux droits élémentaires de leurs proches, l'approche purement "sécuritaire".


La dérive sécuritaire ne sera jamais une solution, une réponse à la souffrance.


Bien sûr qu'il y a des exceptions, mais de plus en plus rares chez les soignants : manque de formation, manque de motivation dans un système qui ne reconnaît pas la difficulté d'une telle profession, manque de temps, manque de moyens. Parfois certains soignants prennent sur eux, hors temps de travail, le temps de construire une relation… mais combien ?


Quelle psychiatrie pour demain ?

 

– Faire confiance aux usagers en en faisant les acteurs de leur mieux-être ou de leur moindre souffrance, apprendre à les écouter, à les entendre, y compris et surtout quand ils contestent le soin, la psychiatrie. Savoir encourager leur démarche vers l'autonomie.

– Faire confiance aux familles qui, dans la majorité des cas, partagent leur quotidien et vivent leur souffrance.


Qui mieux qu'elles est apte à accompagner à condition d'être informées, accompagnées elles-mêmes. En faire les partenaires indispensables qu'elles sont, non des boucs émissaires.


– Comprendre que sans la triple alliance usagers-familles-soignants, aucun soin ne marchera.


– Ne pas stigmatiser soi-même quand on est soignant.


– Admettre, quand on est soignant, que le soin parfois échoue, qu'il faille se remettre en question, que le tout-médical est une erreur monumentale.


– Faire des hôpitaux psychiatriques des lieux d'accueil humains, non des prisons.


– Etre conscient, quand on est soignant, que l'hospitalisation est toujours un échec, non LA solution. C'est souvent qu'on n'a pas su, en amont, intervenir à temps pour établir une communication.


– Comprendre que l'accompagnement social – ce que font les GEM : rompre l'isolement, permettre la plus grande autonomie possible, permettre l'expression de la souffrance pour apprendre à la gérer, construire des projets ensemble, devenir acteur de sa propre vie – représente 50% des chances de réhabilitation, voire de guérison pour un usager.


– Etre conscient, quand on est soignant, que l'âme humaine ne s'apprend pas dans des livres mais dans le champ de la vie, dans l'échange, le partage, dans l'humain libre d'être tout simplement différent.


– Pour tous, comprendre que ce qui se reflète dans le miroir, c'est souvent la peur de sa propre folie.

 

PS. Aucun des stagiaires venus dans notre GEM (pour des périodes d'immersion quotidienne allant de trois semaines à deux mois) n'a regretté d'avoir découvert le monde "étrange" de la dite-folie. Aucun n'avait jamais eu de contact avec cet univers. TOUS ont dit que l'image qu'ils se faisaient du "fou" a complètement changé. Qu'ils ont beaucoup appris à les côtoyer, beaucoup grandi à découvrir leurs univers. Et qu'ils reviendront, espèrent-ils, "travailler" un jour dans un GEM. Car dans un GEM on ne "travaille" pas, on vient rencontrer l'autre.


Yolène de Vassoigne

 

 

Equinoxe , association (réseau d'entraide et de solidarité) de familles et amis de personnes en souffrance psychique (schizophrènies, troubles bi-polaires et dépressions majeures Martiniquaise a créé en décembre 2007 un GEM, structure d'accompagnement social pour les personnes en souffrance psychique à travers des ateliers de créativité artistique. Basé à Fort-de-France et ouvert (du lundi au vendredi 10h-18h) à tous ceux qui veulent bien partager des instants de vie conviviaux avec eux.
Collecte permanente de denrées alimentaires pour le GEM (repas gratuits offerts tous les jours).

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>Séminaire : Les matinées de La Villa

 

Peut-on penser certains troubles psychiques comme troubles du lien ?

 

Freud l’évoquait déjà dans son article sur l’inconscient où il prend l’exemple des personnes dites schizophrènes : l’enfant s’est pour une raison inexpliquée, mais de façon très précoce, retiré de l’objet. Plus d’autre solution alors que le retrait narcissique, et cette manière bien repérable de mettre les mots à la place des choses. Plus d’autre solution parfois que le transfert interne.

 

L’aliénation psychique serait alors la conséquence d’une perte du lien originaire.

 

Mais est-ce l’enfant, ou bien l’autre, qui s’est retiré ? Qui, du sujet ou de l’autre, peut renouer le lien, qui est en capacité de le faire ?

 

A Corbeil-Essonnes, ont été mis en place depuis plus de vingt ans des associations et une institution « La Villa », pour travailler les questions de ces liens collectifs et sociaux autour de l’habitat, de l’art, de l’accueil, du corps, de la convivialité. Beaucoup de pratiques et de savoir-faire en ont découlé, et nous essaierons d’établir des ponts entre ces pratiques du collectif et les cures individuelles, à travers tous les abords qui se présenteront : clinique, artistique, politique…


La Villa est un centre d’accueil thérapeutique à temps partiel, dépendant du service de psychiatrie de Corbeil-Essonnes, qui accueille des patients pour des activités variées : de la simple rencontre autour d’un café à des activités corporelles ou artistiques. Elle est le lieu de deux associations :

-Diagonales pour l’habitat, réseau d’appartements dans la ville.

-Arimage pour les ateliers de pratiques artistiques et l’accueil d’artistes en résidence.


 

Le séminaire aura lieu le mardi matin à  La Villa, 10 rue du Bas-Coudray, 91100 Corbeil-Essonnes, 01 60 90 77 76, aux dates indiquées ci-dessous, de 10H30 précises à 12H. Accueil à partir de 10 heures pour un café.


Il est ouvert à toutes les personnes intéressées par les thèmes  qui sont traités dans chacune de ces matinées.


Pour tout renseignement, vous pouvez vous adresser à l’un des deux répondants :

 

– Jean-Pierre Bouleau : 06 31 21 06 67 jeanpierre.bouleau@wanadoo.fr

 

– Bernadette Chevillion : cattp.lavilla@ch-sud-francilien.fr 


 

Programme de l’année 2011 :


 

08 mars : Jean-Pierre Bouleau. psychiatre à la Villa, psychanalyste. Quand l’enfant s’est retiré du lien.


10 mai : Paul Bretécher. Psychiatre, psychanalyste, président de l’association Agapes : Retour sur « le potentiel soignant… »


07 juin : Pascale Pasello, artiste plasticienne (à l’occasion de son exposition à la Villa) : Habillé, habité.


13 septembre : Bernadette Chevillion, psychologue clinicienne, présidente de l’association arimage : Aloïse et Jean Dubuffet. Introduction à l’art brut.


11 octobre : Béatrice Chemama-Steiner, psychiatre, psychanalyste, membre d’honneur de la société française de psychopathologie de l’expression : Etude d’un carnet d’Aloïse.


13 décembre : Benoit Cambois, psychiatre, psychanalyste : Giacometti et la mort enchevêtrée.


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>Festival "Les évadés du bocal"

 

Les évadés du bocal

Du 7 Mars au 3 avril 2011 au bar-restaurant le Lieu-Dit, 6 rue Sorbier, Paris XXe

 

C’est avant une histoire de rencontres. De rencontres et d’ouverture à autre.

Tout part d’une conversation, suivie de la proposition d’Hossein Sadeghi, le propriétaire du Lieu-dit, à une personne qu’il rencontrait pour la première fois, de mettre à disposition son lieu pour un événement politique sur l’art et la folie. Cette proposition engendra d’autres rencontres : entre des soignants en formation (Utopsy), des soignants révoltés (le collectif des 39), des artistes (collectif Pounchd), un collectif philosophique et radiophonique (Zones d’attraction), de Nouveaux cahiers pour la folie, un Théâtre du reflet… Ainsi est né le collectif des évadés du bocal.

Nous rêvons d’un festival qui parle d’art et de folie. Pourquoi associer ces deux champs ? Parce que nous constatons que nous sommes traversés par des discours et des pratiques que nous prenons pour des évidences et que l’art et la folie défont les évidences.

Le langage, qui s’agence en différents discours (sur ce qu’est une vie réussie, sur la normalité, l’art, la psychiatrie…), trame la réalité avec une efficacité sans pareil. Pourtant les mots ne disent pas tout : qui n’a pas vécu la difficulté d’essayer de dire ce qu’il ressent ou de raconter un rêve, par exemple. Les discours constitués n’offrent jamais qu’une version codée et normée du réel (…Lire la suite sur le blog)

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>Lettre du Collectif des 39 à l'ensemble des Associations d'Usagers en psychiatrie, des Familles, des Associations, des Syndicats de Professionnels en psychiatrie, des Associations de psychanalystes


En 2003, nous étions tous réunis pour organiser les Etats Généraux de la Psychiatrie. Unitairement et démocratiquement, nous avions élaboré « les 22 mesures d’urgence » ainsi que les 4 motions fondant les axes généraux de notre exercice.


Il n’était pas question dans ces décisions de la révision de la loi de 1990. C’était sans doute une façon d’exprimer que cette loi ne semblait pas être un obstacle fondamental à nos pratiques et que d’autres urgences nous animaient.


Sept années plus tard, seule la révision de cette loi est la réponse du ministère à nos revendications. Et ceci dans un climat particulièrement difficile puisque depuis le discours d’Antony du Président de la République, la dérive sécuritaire envahit le champ de la psychiatrie : comme si tous les patients étaient identifiés à des criminels dangereux, actuels ou potentiels.


Nous étions ensemble à Montreuil le 7 Février 2009 pour dire notre indignation devant cette idéologie inacceptable ; à l’appel du collectif des 39, 2000 personnes ont clairement manifesté leur refus d’une telle politique.


30000 citoyens ont signé un appel condamnant le discours du président de la république.

Et pourtant 70 millions d’euros furent débloqués pour des murs, des caméras, des clés, des portes. Le pacte républicain s’est rompu : les préfets discréditent les avis des psychiatres, décident contre leur avis. Si l’hospitalisation protège le patient pour des soins, celle- ci devient un enfermement arbitraire quand le préfet refuse la sortie demandée par le psychiatre.


C’est dans ce climat délétère et morbide que nous a été proposée une modification de la loi de 1990 avec un projet de loi instaurant les soins sans consentement en ambulatoire.

En Septembre nous étions de nouveau tous ensemble à Villejuif : mille participants avec toutes les forces politiques d’opposition, tous les syndicats de psychiatres, plusieurs syndicats professionnels, quelques associations d’usagers, et des familles, ont affirmé leur opposition au projet de loi.


Après la décision du Conseil Constitutionnel le 26 novembre 2010, ce projet nous revient, modifié, avec « l’introduction » du juge pour les hospitalisations sous contrainte.


Vous savez que si depuis la loi de 1838, l'hospitalisation seule pouvait faire l'objet d'une contrainte identifiant les soins à un lieu, le changement prévu par le législateur est une modification sans précédent ! Il s’agit d’un changement paradigmatique dans ses conséquences car ce projet de loi n' identifie plus l'hospitalisation, mais les soins eux-mêmes à la contrainte, les réduisant à une pure surveillance. L'obligation n'a t- elle pas pris le pas sur le contenu du soin ? Ce hors lieu de la surveillance, donc son omni-présence, penche dangereusement vers des choix totalitaires, des choix « contrôlitaires » ! C'est un lourd tribut : le monde de la psychiatrie est-il prêt à s’y soumettre ? à le payer ? Un constat est à faire : même si c’est pour des raisons différentes, parfois contradictoires, divergentes voire opposées, la quasi totalité des professionnels rejette ce projet.


Ce projet ne répond pas aux attentes des professionnels, des familles, des patients

C’est un projet qui s’oppose frontalement aux nécessaires évolutions que des soins de qualité nécessitent : il maltraite les patients, il trompe les familles, il disqualifie les professionnels.


Dans la précipitation, dans un simulacre de concertation, sans prendre le temps de penser le soin en psychiatrie, cette « réforme » de la loi de 1990, si elle était adoptée, aggraverait d’autant plus les conditions de notre exercice, dont la dégradation nous avait amenés à élaborer 22 mesures d’urgences en 2003.


Pour une loi sanitaire qui prendrait en compte les moyens, la formation, la conception de la maladie (qui s’oppose à celle de la Fondation « FondaMental » qui vient d’être richement dotée), n’est il pas possible d’organiser dans l’urgence qui nous est imposée, un front du refus unitaire, actif, mobilisateur ?


Le collectif des 39 ne restera pas inactif devant la gravité de la situation.


Il appelle toutes les forces vives de ce pays à se rassembler pour demander le retrait de ce projet.


Le temps presse : nous avons l’immense responsabilité d’organiser cette riposte ensemble.


Nous restons à l’écoute des propositions. Nous en ferons également. Bien cordialement à vous,

pour le Collectif des 39 :

 

Dr Mathieu Bellahsen, Selma Benchelah, dr Philippe Bichon, dr Hervé Bokobza, dr Loriane Brunessaux, Marie Cathelineau, dr Patrice Charbit, dr Franck Chaumon, dr Patrick Chemla, dr Guy Dana, dr Alexandra De Seguin, dr Roger Ferreri, dr Sarah Gatignol, Yves Gigou, dr Michaël Guyader, Serge Klopp, Émile Lumbroso, dr Paul Machto, Antoine Machto, Bénédicte Maurin, Simone Molina, Françoise Nielsen, Sylvie Prieur, dr Pierre Sadoul, dr Pedro Serra, dr Olivier Schmitt, dr Bruno Tournaire-Bacchini, dr Anne Tuffelli , Monique Vincent, dr Élie Winter.


Contacts :

Collectif des 39 : yglns39@orange.fr Dr Hervé Bokobza : 06 85 31 71 61 Yves Gigou : 06 60 48 98 84 Dr Paul Machto : 06 80 65 47 79

 

(Cette lettre a été envoyée à l'ensemble des associations concernées)

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Lettres de psychotiques (magazine Books-février 2011)

Après la publication de ses « Confessions d’un schizophrène (1) », Luiz Ferri Barros a commencé à recevoir des lettres des quatre coins du Brésil. Nous publions des extraits de deux d’entre elles, et l’une de ses réponses.

Le Livre

Un ange facteur. Correspondance de la psychose

par Luiz Ferri Barros 

Imago

Babel, 18 août 1993

Cher Lucas (2),

Le fait est que nous sommes comme frère et sœur. J’ai découvert que je souffrais de cette maladie et, grâce à votre livre, j’en ai eu la confirmation.

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>Ce jour-là, Sally a basculé ( Magazine Books-février 2011)

Courant dans le flot des voitures, sûre de pouvoir les arrêter du simple fait de sa volonté… Aujourd’hui pudiquement baptisée trouble bipolaire, la psychose maniaco-dépressive touche, comme la schizophrénie, 1 % de la population.

Le Livre

Le jour où ma fille est devenue folle

par Michael Greenberg 

Flammarion

« Le 5 juillet 1996, commence Michael Greenberg, ma fille a été prise de folie. » L’auteur ne perd pas de temps en préliminaires, et le livre avance promptement, de façon presque torrentielle, à partir de cette phrase introductive, à l’unisson des événements qu’il rapporte (1). Le déclenchement de la manie est soudain et explosif : Sally, sa fille de 15 ans, était dans un état survolté depuis quelques semaines, écoutant les Variations Goldberg par Glenn Gould sur son Walkman, plongée dans un volume de sonnets de Shakespeare jusqu’à des heures avancées de la nuit. Greenberg écrit : « Ouvrant le livre au hasard, je découvre d’invraisemblables griffonnages faits de flèches, de définitions, de mots entourés au stylo. Le Sonnet 13 ressemble à une page du Talmud, les marges remplies d’un si grand nombre de commentaires que le texte imprimé n’est guère plus qu’une tache au centre de la feuille. » Sally a également écrit des poèmes troublants, à la Sylvia Plath (2). Son père y jette discrètement un coup d’œil. Il les trouve étranges, mais ne songe pas un instant que l’humeur ou le comportement de sa fille soit de quelque manière pathologique.

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>John Strauss : « La réalité échappe aux manuels de psychiatrie » (Magazine Books-février 2011)

Ni la schizophrénie ni la psychose maniaco-dépressive ne peuvent faire l’objet d’une définition précise. Le danger est grand de donner aux mots plus de réalité qu’ils n’en ont vraiment, car la psychiatrie n’est pas une science. L’admettre lui permettrait de mieux explorer la subjectivité des malades, et donc leur traitement.

Books : Vous avez plus de quarante ans de pratique auprès de patients atteints de schizophrénie. En quoi consiste cette maladie ? Peut-on la définir ?

John Strauss : La schizophrénie est un mot en usage depuis un siècle environ pour désigner certains types de malades. On perd le sens du réel, on éprouve des hallucinations, on entend des voix, on délire. Mais, comme les autres mots utilisés en psychiatrie pour désigner telle ou telle forme de pathologie mentale, c’est une construction du corps médical. On veut croire que c’est un concept clair, qui désigne nettement son objet, mais ce n’est pas le cas. Beaucoup de définitions de la schizophrénie ont été données au fil du temps (1). Et il n’existe pas de frontière nette entre la schizophrénie et certaines formes de psychose maniaco-dépressive. Ainsi parlons-nous de trouble « schizo-affectif » pour désigner un état dans lequel le patient entend des voix et est en même temps hyperactif ou, au contraire, déprimé. On est alors quelque part entre la schizophrénie et la maladie maniaco-dépressive. De même, il peut y avoir des éléments de paranoïa dans une schizophrénie ou dans une maladie maniaco-dépressive ; mais la paranoïa peut ne relever ni de l’une ni de l’autre. Depuis quelques années, on a remplacé la notion de maladie maniaco-dépressive, ou manie, par celle de maladie bipolaire. Mais ce qu’on appelle « bipolaire » peut relever du maniaco-dépressif ou simplement du dépressif (lire ci-dessous « La mode du “bipolaire” »).

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>VST N°108 : CONTENIR OU ENFERMER (4E TRIMESTRE 2010)

L’approche sécuritaire devient la réponse privilégiée des décideurs politiques : enfermement en HP, chambres d’isolement, établissements pénitentiaires pour mineurs, rétention administrative à tout va… Pourquoi ce recul de deux siècles, ce retour à la psychiatrie d’avant Pinel et aux colonies pénitentiaires pour mineurs ? Certes, il y a et il y aura toujours besoin de cadres, de limites, de « non », de contenants. Mais parlons-nous alors de la même chose ?

 

Dossier coordonné par Dominique Besnard et François Chobeaux

Sommaire du N° : http://www.cemea.asso.fr/spip.php?article7187

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>Soutien au Mouvement des magistrats de France

Collectif des 39

Contre La Nuit Sécuritaire. 

 

Soutien au Mouvement des magistrats de France

 

 

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire apporte son soutien total au mouvement de protestation des magistrats, à la suite des propos indignes du Président de la République. 


Comme à son habitude dans des circonstances analogues, nous l’avons constaté après le drame de Grenoble en novembre 2008, après chaque fait divers qui peut faire fructifier son populisme émotionnel et simpliste, ce Président se précipite et jette à la vindicte populaire des « responsables » immédiats sans aucune précaution, au mépris d’un travail d’enquête sur les faits. 


Il a instauré comme ligne politique l’attaque du lien social, la désignation de boucs émissaires sous prétexte de se placer du côté des victimes : les « schizophrènes dangereux », « les roms voleurs et fauteurs de troubles », les « monstres», et maintenant les professionnels. 


Tous coupables, devient l’axe essentiel de cette politique ! Diviser pour régner ?


Cette orientation politique a pour effet d‘attiser les haines, d’accroître le sentiment de peur, de favoriser les affrontements des citoyens les uns contre les autres, mais aussi de détourner l’opinion sur sa responsabilité dans la détérioration de la vie quotidienne, la précarité, la destruction des services publics, les conditions inacceptables des moyens affectés à la Justice, l’introduction d’un management dévastateur et une gestion stérilisante dans les hôpitaux, le grand renfermement des malades mentaux, l’amplification des inégalités, le règne de l’argent. 


Comme lorsqu’il était ministre de l’Intérieur, il désignait immédiatement au mépris de tout élément de véracité, comme délinquants et cambrioleurs, les deux jeunes Zyed et Bouna qui venaient de mourir électrocutés dans le transformateur EDF victimes de leur peur de la police. 


Le mensonge servirait-il de politique ? 


Dans le drame de Pornic, au mépris de toute vérité des faits, il a été tenté d’abord de présenter le suspect de délinquant sexuel récidiviste ! 


Oui, un meurtre est toujours horrible ! 

Oui, un meurtre est toujours révoltant ! 

Oui, un meurtre est le signe d’une impuissance ! 

Oui, un meurtre est le témoin de la cruauté et du « désir » de destruction qui se niche au fond de chaque être humain. Les actes horribles, abjects de « bons pères de famille » qui se transforment en barbares en situation de guerre, nous l’ont bien montré.


La barbarie fait partie de l’humain, son côté obscur. 


La raison, le respect de l’altérité, la solidarité, l’hospitalité, l’accueil des diversités, peuvent être les outils pour limiter, réduire, empêcher autant que faire se peut l’expression de la barbarie humaine.


Alors laisser entendre que si un meurtre a été commis, il aurait pu être évité si « les responsables avaient fait leur travail », est un mensonge d’État. 


 

Les parents ont été désignés comme responsables de l’absentéisme scolaire, ou pire des actes de délinquance de leurs enfants. 


Les enseignants sont désignés comme responsables de l’échec scolaire. 


Les psychiatres ont été désignés comme responsables des actes de patients. 


C’est maintenant au tour des magistrats. 


A quand le tour du Président et du Gouvernement ? 


Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire soutient sans réserve le mouvement des magistrats par solidarité mais aussi pour être confrontés nous-mêmes, aux mêmes attaques, aux mêmes suspicions. À travers ce soutien il exprime ainsi la nécessité de rejeter avec force les propos indignes et récidivants de la plus haute autorité de l’État.


Lorsque celui dont la fonction fondamentale est d’être le garant du respect de la Constitution, se met pour la troisième fois au dessus de ces principes fondamentaux, ce fait pose une question gravissime sur le fonctionnement de nos institutions. 


Si le Président est un multi -récidiviste en la matière, quelle valeur, quel sens, les citoyens peuvent-ils alors donner à leurs conduites en société ?


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>UN PROJET DE LOI INFAME (communiqué de presse du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire)

Collectif des 39

Contre La Nuit Sécuritaire. 

 

UN PROJET DE LOI INFAME


 

 

Le conseil des ministres vient d'adopter un projet de réforme de la loi de 1990 sur les hospitalisations sous contrainte qui permettrait d’introduire l’extension de l'obligation de soin au-delà du temps de l’hospitalisation, c'est à dire y compris à domicile.

 

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire dénonce vivement le contenu de ce projet sous tendu par une seule et unique idéologie : « les malades mentaux doivent être traités comme des délinquants et des récidivistes voire des criminels potentiels ».


Le soin en psychiatrie n'est pas une succession et un assemblage de techniques. C'est un mensonge de faire croire qu'une sélection de « bonnes pratiques » professionnelles reproductible d'une personne à une autre soulagera la souffrance de chacun. Chaque sujet est singulier et appelle à une proposition spécifique de soin.


Un dispositif gestionnaire, policier et sécuritaire se met progressivement en place depuis plusieurs années et tend à se substituer aux véritables soins dont les malades ont besoin.

Donner l'illusion de répondre à la détresse des malades et à l'inquiétude des familles par un système de contrôle permanent est une imposture qui ne fera qu'aggraver les conditions d'accueil des patients et de travail des soignants.

 

Nous dénonçons cette dangereuse dérive qui interdit toute possibilité de construire un projet sanitaire de qualité pour l'avenir qui tiendrait compte de la singularité des situations.


Le collectif demande le retrait immédiat de ce projet indigne et appelle à une mobilisation la plus large possible des patients, des familles, des professionnels, et des responsables politiques pour le faire abroger.

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>Journée d'étude, travail d’équipe en santé mentale le 09 février : Mythe ou réalité ?

Pour les professionnels de la santé mentale, qu’ils interviennent dans le champ du sanitaire, du médicosocial ou de l’action sociale, le « travailler ensemble » s’impose dans de nombreuses configurations des pratiques quotidiennes.

 

Mais actuellement, alors que la division des taches et l’hyperspécialisation des intervenants s’accentuent, dans des structures de plus en plus spécialisées et plus ou moins articulées, les collectifs s’interrogent. A quels besoins répond l’organisation pluridisciplinaire des institutions ?

 

A ceux des personnes accompagnées ou à ceux des équipes ? Comment se posent les questions de hiérarchie, rôle, statut et fonction ? Quelle place est donnée aux réunions d’équipe ? Pour quels échanges ? Quels sont les moyens qui permettent de mettre en jeu au mieux les compétences des uns et des autres en dépassant le socle des savoirs et connaissances ? 

 

Travail en équipe : Collectif de partage ou partage du collectif ?

 

 

Le Mercredi 9 février 2011, à partir de 13h30

Hôpital Henri EY 15 avenue de la Porte de Choisy 75013 Paris (Métro Porte de Choisy – Ligne 7)

Participation aux frais : 10 euros par personne. A régler sur place

 

Le programme complet de la demi-journée : journee d'etude du 9 fevrier 2011

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>La Fnapsy ne soutient plus le projet des pairs-aidants : réponse du Centre Collaborateur de l'Organisation Mondiale de la Santé pour la recherche et la formation en santé mentale

En préambule, nous notons que dans le rapport du bureau de la Fnapsy apparaît une confusion constante entre les quatre positions suivantes : usagers des services de santé mentale, responsable d’association d’usagers, chargé de mission national pour le projet médiateurs de santé/pairs.


INTRODUCTION – RAPPORT FNAPSY

« La FNAPSY participe, depuis plusieurs années, à l'étude du projet « Pairs-aidants » rebaptisé depuis « Médiateurs de santé-pairs »

L'approfondissement de ce projet a confirmé les craintes exprimées dès le début par la FNAPSY.

Un voyage au Québec a permis de constater que la réalité dans ce pays était loin de la présentation qui en était faite.

Le déroulement des premiers mois de travail a mis en lumière l'incommunicabilité entre professionnels et usagers, et la quasi impossibilité de créer et de faire vivre harmonieusement des équipes communes.

Tirant les leçons de ces constatations le bureau de la FNAPSY a décidé, dans sa séance du 7 janvier 2011, faisant suite à la réflexion du conseil d'administration du 27 novembre 2010, de se retirer de ce projet.

Le présent rapport a pour objet de diffuser les renseignements recueillis lors de cette participation et de détailler les raisons de cette décision ».



REPONSE DU CCOMS


Le CCOMS prend bonne note « des craintes exprimées dès le début par la FNAPSY » concernant ce projet. Il avait noté les réticences de celle-ci tout au long du projet expérimental et s’était étonné du ralliement positif de la FNAPSY à ce projet le dernier jour de la formation des pairs-aidants dispensée par l’équipe québécoise à Lille en septembre 2009. Nous l’avions attribué d’une part au dynamisme évident du projet québécois, et d’autre part à la demande de la Caisse nationale de solidarité pour l’autonomie (CNSA) d’inclure la Fnapsy au projet. 


Le voyage d’étude au Québec de l’équipe projet « médiateurs de santé/pairs » en novembre 2010 a mis en évidence non seulement les limites mais également les réalités d’un projet innovant et de l’espoir qu’il suscitait chez les usagers et les équipes de santé mentale. 


Il est tout à fait possible de communiquer harmonieusement entre usagers et professionnels non usagers à la condition que chacun soit à sa place et dans son rôle. Les exemples québécois, américain et marseillais sont là pour le prouver (…)

 

document complet à télécharger (12 pages) : Reponse CCOMS

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>Une liste de discussion Du Collectif National de Résistance à l'Informatisation des Données Personnelles en Psychiatrie

 

 

Une liste de discussion du "Collectif National de Résistance à l'Informatisation des Données Personnelles en Psychiatrie",  – CNR-IDPPsy – est maintenant lancée. 

Créée à l'initiative d'Olivier  Labouret, elle a été réalisée par Esther Joly

Son objet : diffuser et discuter les informations et les actions concernant l'informatisation des données personnelles en psychiatrie. 

On peut considérer que tout ce qui concerne le "fichage" des populations, dans le champ de la médecine plus particulièrement, et tout ce qui concerne les questions juridiques, éthiques et politiques autour de la question de l'informatisation des données personnelles, intéresse aussi les "usagers" et les soignants de la psychiatrie : à chacun de "sélectionner" selon ces critères les informations méritant d'être diffusées.

Une liste est créée pour permettre à un ensemble d'individus réunis autour d'un projet ou d'un objet commun, d'échanger avec toutes celles et  tous ceux qui sont d'accord, simplement en répondant au message qui est  passé par l'adresse de la liste. La « netiquette » est à respecter pour faciliter les échanges. 

Vous pouvez modifier sur le serveur votre mode de réception, le format des courriels…

Le nom de la liste est « idppsy ».

L'adresse du serveur est : http://agora.chahut.info/wws  à inscrire dans votre navigateur sur la Toile.

Son nom : « idppsy »,

l'adresse : <idppsy@agora.chahut.info>

A votre première connexion sur la page web de la liste, vous entrez comme login, l'adresse mail que vous avez transmise pour participer aux échanges initiés par Olivier Labouret.

Le mot de passe nécessaire pour accéder au serveur, vous sera envoyé sur votre adresse mail, suite à votre première connexion et ainsi avec le mot de passe vous pourrez revenir et modifier vos choix de réception.

Avec votre mot de passe, vous pouvez explorer les variables que vous pouvez modifier. Nous pouvons aussi y déposer des documents pour les partager . Par exemple, vous partez en vacances, pour ne pas surcharger votre boîte mails, vous pouvez dire que vous ne voulez pas recevoir de mails.

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>Le gouvernement modifie son projet de loi réformant la psychiatrie

Dépêche APM – Santé mentale

27 janvier 2011

Dans une lettre rectificative présentée mercredi 26 janvier en conseil des ministres, le gouvernement introduit "un contrôle juridictionnel du maintien en hospitalisation sans consentement" dans son projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge, déposé à l’Assemblée nationale en mai dernier.

Cette disposition répond en fait à la décision rendue le 26 novembre dernier par le Conseil constitutionnel, qui avait jugé que l'hospitalisation sans consentement d'une personne atteinte de troubles mentaux, à la demande d'un tiers, ne pouvait être maintenue au-delà de 15 jours sans l'intervention d'un juge.

Un contrôle systématique du JLD

Le projet de loi rectifié prévoit ainsi "l'intervention du juge des libertés et de la détention pour maintenir une personne en hospitalisation complète sans son consentement au-delà de 15 jours, que cette hospitalisation soit consécutive à son entrée dans le dispositif de soins sans consentement ou qu'elle intervienne après une modification de la forme de sa prise en charge".

En cas de renouvellement de la mesure par l'autorité administrative, elle sera systématiquement soumise à un nouveau contrôle du juge au moins tous les six mois, précise le communiqué du conseil des ministres.

Ce contrôle systématique s'ajoute aux possibilités d'intervention d'ores et déjà en vigueur, le juge des libertés et de la détention pouvant "intervenir à tout moment, sur toute mesure de soins sans consentement, à la demande du patient ou d'un de ses proches, et même d'office".

La réforme à l'œuvre dès cet été

Toujours dans le souci de mieux garantir la conformité à la Constitution du dispositif, poursuit le communiqué publié par l'Elysée, "la lettre rectificative adapte les dispositions du projet de loi initial relatives aux certificats médicaux requis préalablement à l'admission dans le dispositif de soins sans consentement".

L'ensemble de cette réforme concerne près de 70 000 patients par an et entrera en vigueur le 1er août 2011, rappelle enfin le gouvernement, en indiquant cependant que le chef de l'Etat a demandé parallèlement au ministre de la Santé "d'engager, avec les acteurs du secteur et notamment les usagers et leur famille, l'élaboration d'un plan pluriannuel de prévention et d'accompagnement des personnes souffrant de troubles mentaux".

Contre ce "millefeuille sécuritaire"

Du côté des professionnels du secteur de la psychiatrie, justement, on se montre plus que critique sur ces orientations, leSyndicat des psychiatres d'exercice public (SPEP) estimant que cette lettre rectificative ne fait rien d'autre qu'ajouter "une couche de contrôle au millefeuille déjà construit en introduisant dans le dispositif l'intervention du juge des libertés au 8e jour puis au 6e mois", sans pour autant "tirer les conséquences du positionnement du Conseil constitutionnel".

Rappelant d'ailleurs que, de son point de vue, le projet de loi présenté en mai 2010 esquivait déjà "le vrai débat attendu par l'ensemble des professionnels, des usagers et des familles sur la judiciarisation, et la mise en conformité de la législation française avec les règles européennes", le SPEP réclame donc toujours l'ouverture de véritables discussions "autour de cette question qui touche de près aux libertés publiques".

Pour une loi "équilibrée et juste"

Quant aux échéances imposées par la Haute Juridiction constitutionnelle, elles "ne doivent pas servir de prétexte pour faire passer ce texte à connotation trop sécuritaire", proteste le syndicat par la voix de son président, le Dr Angelo Poli.

"A défaut de pouvoir mettre en place ce débat d'ici à l'été, et pour respecter les attentes du Conseil constitutionnel, il suffirait d'intégrer [sa] demande aux textes [actuellement en vigueur] dans l'attente d'un texte concerté", issu des échanges auxquels le SPEP invite "solennellement l'ensemble des syndicats de psychiatres publics comme nous, mais aussi les syndicats de magistrats, aussi concernés que nous", à participer.

Et ce afin d'élaborer une "plate-forme commune qui servira de base de propositions et de négociations (…) pour la rédaction d'une loi équilibrée et juste".

 

Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge, en ligne sur le site de l'Assemblée nationale, ainsi que son dossier législatif

 

 http://www.assembleenationale.fr/13/dossiers/soins_psychiatriques.asp

 

En complément à cette dépêche : 

 

>Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge : ETUDE D’IMPACT

Cette étude d'impact de 85 pages publiée moins d'un mois après la décision du conseil constitutionnel exprime les orientations à venir du projet de réforme de la loi de 1990 par le gouvernement Français. Morceaux choisis :


 

"…Sur le mode de soins (article L 3213-3 du code de la santé publique) La suppression des sorties d’essais, remplacées par un régime de soins sans consentement en ambulatoire ne devrait pas modifier sensiblement les nombres d’actes administratifs pris antérieurement. Au cours des années 2008 et 2009, le nombre d’autorisation de sorties d’essai a été respectivement de 4843 et 5236 au titre de la sectorisation parisienne.

 

En revanche, le projet de loi introduit une disposition qui impliquera davantage les préfets dans le suivi des patients. En effet, le texte prévoit, pour les patients en soins sur décision du représentant de l’Etat qui seront pris en charge selon une forme différente de l’hospitalisation complète, qu’un protocole de soins est adressé au préfet.

 

Ce protocole, qui sera établi par le psychiatre prenant en charge le patient, précisera les formes de la prise en charge, le(s) lieu(x) des soins et leur périodicité. En cas de modification substantielle de ce protocole, le représentant de l’Etat se prononcera pour savoir s’il autorise la modification de la forme de la prise en charge du patient.

 

Sur la levée de la mesure provisoire (article L3213-2, 2ème alinéa du code de la santé publique). A l’heure actuelle, seules les décisions d’hospitalisation d’office font l’objet d’arrêtés. La nécessité de se prononcer sur les levées de mesures provisoires intervenant avant le délai de 48h devra donner lieu à formalisation. C’est donc un doublement possible des arrêtés préfectoraux qui est à prévoir, compte tenu des 961 arrêtés précités et des 2000 conduites annuelles à l’IPPP."


…Cependant, les motifs de la décision du juge constitutionnel, et notamment ceux qui ont trait à l’insuffisance du recours actuel devant le juge, eu égard à son caractère facultatif, donnent à penser qu’un renouvellement de l’intervention de plein droit du juge judiciaire s’impose dès lors qu’une mesure d’hospitalisation contraignante est mise en œuvre dans la moyenne ou dans la longue durée.

 

Cette conclusion peut être corroborée par un parallèle avec le régime de la détention provisoire20 où, quand bien la durée globale de celle-ci a été encadrée par le juge, il appartient au juge des libertés et de la détention de se prononcer de plein droit sur la mesure selon une périodicité qui, selon les hypothèses, est de quatre ou de six mois."

 

Le document à télécharger : 2010-12-24 Et Impact Projet Loi

 

Lettre rectificative au projet de loi : http://www.assemblee-nationale.fr/13/dossiers/soins_psychiatriques.asp

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