Aux candidats à la présidence de la république : Pour la Psychanalyse

Pour la promotion de la psychanalyse dans les lieux de soins, à l’université et dans les laboratoires de recherche

La Santé Mentale va mal dans notre pays. Aux difficultés matérielles s’ajoutent des orientations politiques qui compromettent la qualité des soins. En France, la psychanalyse a joué un grand rôle, fidèle aux aspirations humanistes de bonheur et de progrès de notre République. Elle est depuis longtemps une référence majeure de la vie intellectuelle.

En quelques années, cette situation s’est dégradée. Des acteurs administratifs ont pris des mesures de plus en plus coercitives qui font obstacle au recrutement de psychanalystes sur les lieux de soins et à l’Université. Alors que presque tous les syndicats de psychiatres ont la psychanalyse parmi leurs références, les universités de médecine  proposent une formation des psychiatres presque exclusivement axée sur le Manuel DSM 5 (Diagnostic and Statistical Manual of Mental Disorders ). L’usage de ce manuel américain est imposé en France par l’O.M.S., sous la forme dite CIM 10. Ce manuel tire un trait sur la grande psychiatrie européenne, dont se sont inspiré Freud, Lacan et bien d’autres cliniciens.

https://www.change.org/p/aux-candidats-à-la-présidence-de-la-république-pour-la-psychanalyse?recruiter=644737547&utm_source=share_petition&utm_medium=email&utm_campaign=share_email_responsive

Cette orientation se réclame surtout des neurosciences, alors que ces dernières n’en sont qu’aux hypothèses. Elles manquent de preuves pour le diagnostic et la thérapeutique. En revanche, les preuves de la souffrance psychique abondent. Les nouveaux diagnostics DSM 5 sont si larges qu’ils sont devenus des fourre-tout. Ils recouvrent des problèmes très distincts, qu’il est dangereux de confondre. Par exemple, la « bipolarité » ou la « dépression » concernent les psychoses aussi bien que les névroses. Il faut pourtant savoir les distinguer. Pour les enfants, le « Trouble déficitaire de l’attention » (TDA/H) a connu une extension abusive, plus nocive qu’utile partout dans le monde. Ces diagnostics ne tiennent aucun compte des causes sociales de la souffrance, comme le burn out, certains suicides et certaines dépressions. Continuer la lecture de Aux candidats à la présidence de la république : Pour la Psychanalyse

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Communiqué du 25 mars 2017 À propos des recommandations de la Haute Autorité de Santé Sur la contention en psychiatrie.

Dix mille personnes (soignants, soignés, parents, citoyens) ont signé l’appel lancé par le collectif des 39 dénonçant les pratiques de contention physique en psychiatrie (*).

Les contrôleurs des lieux de privation de liberté (Mr Jean Marie Delarue, puis Mme Adeline Hazan) ont constaté, évalué et dénoncé à leur tour ces pratiques d’un autre âge, aussi inacceptables que traumatisantes pour des patients en grande difficulté.

La H.A.S. vient de publier un guide de bonnes conduites, limitant ces pratiques qui devraient être sévèrement encadrées.

Une grande avancée disent certains, un moindre mal disent d’autres.

Mais de ces  recommandations peut naître le pire : la banalisation instituée de ces pratiques par la confirmation qu’il serait souhaitable de les utiliser «  à certains moments »,  sans s’interroger sur ce qui a conduit au retour de ces pratiques, à cette régression.

Le collectif des 39 maintient que ces pratiques doivent disparaître et que leur existence, ne serait-ce qu’a-minima , interdit de poser les vrais enjeux que pose l’accueil des personnes en détresse psychique : quelle conception de la souffrance, quels moyens, quelle formation?

Pour cela le gouvernement doit prendre ses responsabilités : arrêter d’organiser le saccage de la psychiatrie publique. Mais les soignants doivent aussi prendre les leurs : refuser, penser, agir pour sortir des impasses de la soumission ou de l’impuissance ; ou encore de la croyance en des théories sur-médicalisées où la complexité du fonctionnement psychique fait place à des raisonnements binaires incompatibles avec les spécificités du psychisme humain.

La confusion entre contention (attacher, sangler) et isolement thérapeutique, parfois nécessaire, est entretenue et rend difficile le grand débat éthique nécessaire à tout soin en psychiatrie. Pourquoi ? Comment ? Que se passe-t-il ? sont les questions incontournables qui devraient permettre, si elles étaient réellement soutenues, posées et pensées,  d’abolir des pratiques qui bafouent la dignité humaine,  tant pour celui qui les subit que pour celui qui les applique.

http://www.hospitalite-collectif39.org/?NON-A-LA-CONTENTION

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SEMAINE DE LA FOLIE ORDINAIRE 2017

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SEMAINE DE LA FOLIE ORDINAIRE 2017

Les patients et les soignants, acteurs des clubs thérapeutiques du secteur de psychiatrie rémois 51ZR4, le groupe d’entraide mutuelle La Locomotive et l’association HumaPsy, réunis sous le nom du Collectif Artaud, oeuvrent depuis 2011 à construire une semaine alternative aux Semaines d’Informations de la Santé Mentale.

Les événements de la Semaine De La Folie Ordinaire se veulent le reflet de la créativité qui nous anime et du « vivre ensemble » que nous soutenons.

Pour la 7ème année consécutive et en lien direct avec le thème national « Santé Mentale et travail », le collectif s’est de nouveau mis au travail et vous invite à participer à :

Une authentique exposition du 11 au 31 Mars

Maison de la vie associative

122 bis, rue du Barbâtre à Reims Continuer la lecture de SEMAINE DE LA FOLIE ORDINAIRE 2017

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Festival Divers d’hiver divergents

Corpus Fabrique

est heureux de vous inviter au Festival Divers d’hiver divergents

Bricolages et expériences singulières en psychiatrie

« Corpus Fabrique accueille et présente des films issus de diverses expériences singulières et de toutes sortes de bricolages filmiques autour de la psychiatrie. »

Vendredi 24 et Samedi 25 février 2017

de 13h30 à 23h

au Pavillon Chaslin de l’hôpital psychiatrique de Ville-Evrard,

à Neuilly-sur-Marne (93).

Vous trouverez ci-joint le programme du Festival

programme festival mail

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APPEL DES PSYCHIATRES ET MEDECINS DU CH LE VINATIER BRON

Nous, psychiatres et médecins du Centre Hospitalier le Vinatier 69500 BRON, au nombre de 166 signataires, sommes confrontés actuellement à une dégradation des conditions de prise en charge des patients. Nous exprimons notre très grande inquiétude sur l’avenir des missions de la psychiatrie publique, nos craintes à pouvoir maintenir des soins de qualité et de proximité dans les dispositifs de secteur et à prendre en charge les populations les plus démunies.

La mutualisation de moyens et l’organisation en Pôles de 2011/2012 (Loi HPST) avaient peut-être donné à certains l’espoir que cette restructuration serait utile et pérenne. C’était sans compter sur la tyrannie des économies comptables, véritable rouleau compresseur, faisant fi des besoins des patients. Les directeurs d’hôpitaux exécutent les injonctions des ARS qui exécutent les ordres du ministère, au nom d’impératifs financiers dont nul ne se risquerait à comprendre le sens véritable et le but ultime. Si ce n’est l’inexorable démantèlement de la médecine hospitalière depuis vingt ans, tous gouvernements confondus.

Une nouvelle feuille de route pour les hôpitaux est tombée fin 2016 : l’ONDAM* a décidé une diminution des dépenses de santé de 3 milliards et demi pour l’année 2017 et sur ces trois milliards et demi la réduction des dépenses sera de 1,7 milliards pour les hôpitaux publics en 2017. Mutualisation, fusion de services ont presque atteint leurs limites ; c’est donc sur les réductions d’activités (fermetures de lignes de soins) et sur la réduction des effectifs (non remplacement des départs en retraite) que se feront les économies à venir. Nous assistons à la paupérisation globale de l’offre de soins, à la mise en place de conditions de travail de plus en plus éprouvantes (accroissement de la souffrance au travail), à la perte des solidarités et au lent naufrage de nos valeurs et engagements cliniques. Ces coupes réglées impactent directement nos pratiques et nos convictions. Continuer la lecture de APPEL DES PSYCHIATRES ET MEDECINS DU CH LE VINATIER BRON

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Le sentiment de la Psychogéographe

Samedi 11 Mars 2017, de 15H à 23H,                                                           Annie Vacelet propose  une lecture, intégrale ou presque, du livre

« Le sentiment de la Psychogéographe » écrit et publié dans les années 1990.

Centre d’Anim de la Place des Fêtes                                                                         2-4 rue des Lilas 75019 Paris

Métro Place des Fêtes lignes 11 et 7bis.       Bus 48 et 60.

 

Pensez à réserver par mail : bytarika@orange.fr

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Pour une pluralité ouverte des recherches, des langues et des formations en Psychologie

Pour une pluralité ouverte des recherches, des langues et des formations en Psychologie

POUR SIGNER ICI
La CPPLF s’est constituée afin de

« Promouvoir des concertations, en vue de définir les meilleures conditions de garantie d’existence et de qualité scientifique des publications, dans le respect des règles déontologiques et des principes éthiques. À cette fin, elle rassemble des acteurs et instances qui concourent à la publication, à la diffusion, à la conservation et à la valorisation des travaux de psychologie, par l’édition de revues, d’ouvrages, imprimés ou numériques. »

Pour une pluralité ouverte dans les recherches, les langues et les formations en psychologie.

Le  29 décembre 2016

à Madame Najat VALAUD-BELKACEM, ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche

et à Monsieur Thierry MANDON, Secrétaire d’État auprès de la ministre de l’Éducation nationale, de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, chargé de l’Enseignement supérieur et de la Recherche Continuer la lecture de Pour une pluralité ouverte des recherches, des langues et des formations en Psychologie

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VERS UN SOLSTICE D’HIVER POUR L’AUTISME EN FRANCE ?

Communiqué du Collectif des 39 sur les inspections des hôpitaux de jour.    Le 21 décembre 2016,  Le Collectif des 39

Qualifiées de « visites » en Ile-de-France, la vague des « inspections » des hôpitaux de jour pédopsychiatriques en cours sur le territoire français est-elles une dernière onde de choc d’un coup de force des lobby, désormais écartés des cabinets des pouvoirs publics ?

Le rejet le 8 décembre dernier par l’Assemblée nationale de la « Résolution Fasquelle », signe-t-il le tournant dans le traitement politique glaçant de la question de l’autisme en France ? Les 89 députés parmi ceux qui ont initié ce texte, ont-ils réalisés la manipulation dont ils ont fait l’objet, au point de décider finalement de ne pas voter eux-mêmes le texte ?! Ils auraient pu être éclairés bien plus tôt !

En effet, au printemps dernier, les familles et les professionnels de ce champ ont dénoncé le ligotage du Secrétariat d’Etat chargé des personnes handicapées par un lobby de « la seule méthode ». Après l’intervention du Président de la République, les personnes avec de grossiers conflits d’intérêt ont été écartées de l’entourage de Ségolène Neuville. Le ton que celle-ci a pris le 8 décembre en s’adressant dans l’hémicycle à ceux des députés qui relayaient encore ce lobby marchand et anti-service public, reflétait-il la force de son humiliation ? Continuer la lecture de VERS UN SOLSTICE D’HIVER POUR L’AUTISME EN FRANCE ?

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L’hôpital Sainte-Anne, fossoyeur de la santé mentale des enfants.

Docteur Sandrine Deloche.   Médecin pédopsychiatre.

En 2017, l’hôpital Sainte-Anne fêtera ses 150 ans d’existence. L’occasion pour son personnel de témoigner de l’histoire de cette grande maison. Son directeur, Monsieur Jean-Luc Chassaniol, est président d’un vaste empire appelé  le « Groupement Hospitalier de Territoire Paris – Psychiatrie & Neurosciences »  réunissant 5 hôpitaux psychiatriques parisiens. Il a été gratifié d’avoir ouvert le bal de l’application des nouvelles directives ministérielles. A savoir, la création de groupements hospitaliers psychiatriques, avec mutualisation des moyens, qui visent à détruire un acquis social et sanitaire unique au monde : la psychiatrie publique de secteur, dont celle dévolue aux enfants 14ème arrondissement de Paris, gérée par l’hôpital Sainte-Anne.

Dans les faits, en janvier 2017, les équipes de pédopsychiatrie de secteur, récemment implantées Porte de Vanves vont subir un énième déménagement, embarquant avec elles plus de 900 familles suivies. Cette fois-ci, pour s’installer dans l’enceinte même de l’hôpital Sainte-Anne, à l’étage d’un pavillon appelé « local à tiroirs ». Continuer la lecture de L’hôpital Sainte-Anne, fossoyeur de la santé mentale des enfants.

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ASSEZ !

Déjà en juin 2013 nous lancions un appel avec plusieurs dizaines d’associations et organisations pour demander la suppression de la recommandation de l’HAS et la nécessité impérieuse d’un autre plan autisme. (http://www.hospitalite-collectif39.org/?-APPEL-DES-1000-JUIN-2013-).  Cet appel a été signé par 7835 personnes .

 Le député Daniel Fasquelle, suivi par près de la moitié des députés du groupe LR réitère son acharnement contre la diversité des pratiques et le libre choix des parents et des patients par une proposition de résolution (n° 4134) qui sera présentée au Parlement le 8 décembre 2016. Continuer la lecture de ASSEZ !

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Un homme est mort sous les balles de la Police

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La Commission Psy, Soins et Accueil.  19 novembre 2016

Le vendredi 2 septembre 2016, un homme est mort sous les balles des forces de l’ordre. Cet homme était suivi par un des secteurs psychiatriques du Val de Marne. Une visite à domicile par l’équipe soignante visait à le ré-hospitaliser. En difficulté face à l’agitation de ce patient, l’équipe soignante a appelé la police en renfort.

C’est par voie de presse que nous avons appris sa mort.

Fait regrettable, un tel drame n’a été que très peu relayé. Fait encore plus regrettable, quand un organe de presse s’en charge1, c’est pour alimenter les peurs et nourrir les fantasmes en stigmatisant le malade comme « agresseur » alors qu’il s’agit avant tout d’une personne vulnérable, avant même d’être victime des balles de la police. Cette formulation réactualise outrageusement le mythe du « fou dangereux ». Continuer la lecture de Un homme est mort sous les balles de la Police

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Renaître avec Kirikou et plonger avec Némo

Valérie Gay-Corajoud       14 Septembre 2016

Nouvelle mouture du texte « Renaître avec Kirikou » écrit initialement pour une intervention autour de l’autisme lors du colloque « affinity therapy » en mars 2015 à Rennes. Afin de permettre d’autres interventions, pour un autre public, dans d’autres circonstances, j’ai étoffé le texte et l’ai complété par les nouvelles affinités de Théo. Je l’ai également fait précéder d’un prologue.

https://blogs.mediapart.fr/valerie-gay-corajoud/blog/140916/renaitre-avec-kirikou-et-plonger-avec-nemo

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Nos enfants valent mieux que ça

Mireille Battutm      29 novembre 2016

En ces temps de campagne, chacun fourbit ses armes, et l’autisme est une valeur qui monte. Monsieur Fasquelle, député LR, fondateur du groupe d’études sur l’autisme au sein de l’Assemblée nationale connait par cœur les mots clés qui sont présumés faire grimper les parents au plafond de l’applaudimètre.

https://blogs.mediapart.fr/edition/contes-de-la-folie-ordinaire/article/291116/nos-enfants-valent-mieux-que-ca

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Pour un accueil inconditionnel et de droit commun pour les migrants-réfugiés

 

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Jean-Pierre Martin,      Psychiatre du service public, membre du CEDEP et de l’USP, auteur des livres « Psychiatrie dans la ville » (2000) et « La Rue des Précaires » (2011) aux éditions ERES.           Néa Philadelphia, 12 novembre 2016

La mise en crise des services publique et de toute protection sociale solidaire, au nom de politiques d’austérité imposées par les lois du marché concurrentiel de l’Union Européenne, crée une catastrophe humanitaire en Grèce mais aussi des effets de  destruction de l’Etat social et démocratique dans les pays d’Europe. Ce cours, annoncé comme une nécessité indépassable de croissance du capitalisme mondialisé, est celui d’une transformation de toute activité humaine en marchandise et de répression étatique de tous ceux qui s’y opposent. Cette régression majeure crée les conditions  de développement de forces ultraréactionnaires dont les objectifs est l’Etat autoritaire et un populisme pénal de criminalisation des déviants, qui sont la négation de toute pratique de solidarité. Dans ce contexte, la psychiatrie est réduite à une santé mentale positive de programmes spécifiques, en rupture avec sa dimension généraliste et propice à différentes formes de contrôle social, avec ses contraintes et ses contentions, donc le retour à un nouvel enfermement médicalisé.

Nous sommes ici, 40 ans après l’action de fermeture du bagne de Leros, pour affirmer notre esprit de résistance et construire des réseaux alternatifs à partir du soutien solidaire au mouvement des dispensaires sociaux autogérés grecs, qui sont aujourd’hui l’expression la plus avancée de cette résistance. Trois points de constitution d’un réseau de soins fondés sur l’Humain d’abord sont ici à mettre en débat : l’accueil sans conditions, la continuité des soins au sein de la vie commune, les droits des patients à conquérir comme protection sociale solidaire. Continuer la lecture de Pour un accueil inconditionnel et de droit commun pour les migrants-réfugiés

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Un enfant peut-il encore trouver dans l’espace social des lieux…

José Morel Cinq Mars    Psychologue

Un enfant peut-il encore trouver dans l’espace social des lieux où grandir bien serait possible parce qu’on lui permettrait d’être insouciant, curieux et changeant ?

Un enfant peut-il encore être espiègle ? timide ?  turbulent ?  frondeur ?  lunaire ?  joueur ? distrait ?  sans que pression soit faite pour le « normaliser » ?

Un enfant peut-il encore être accompagné dans ses difficultés à l’école ou dans sa famille sans qu’on le désigne comme handicapé ? Continuer la lecture de Un enfant peut-il encore trouver dans l’espace social des lieux…

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Une nouvelle antipsychiatrie

Pierre Dardot   Philosophe

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

Nous faisons face à l’offensive d’une nouvelle antipsychiatrie. L’ancienne antipsychiatrie, celle des années 1960-1970, se voulait une contestation radicale de la psychiatrie comme institution. Rappelons que le terme de « psych-iatrie » désigne dès l’origine une spécialité médicale (iatros signifie médecin) qui ambitionne de soigner les maladies de l’âme (psuchè signifie âme). L’ancienne antipsychiatrie remettait précisément en cause l’obligation de soins en remettant en cause le type de savoir qui la légitimait : à ses yeux, ce savoir médical est un savoir objectivant qui écarte le discours que le fou tient sur lui-même. Aussi dénonçait-elle la violence par laquelle la psychiatrie se fait instrument de répression sociale et choisissait-elle de « défendre le fou contre la société » (Maud Mannoni). Continuer la lecture de Une nouvelle antipsychiatrie

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Ouvrir d’autres voies

 Liliane Irzenski    Pédopsychiatre

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

Quel avenir pour les enfants ? Quel avenir pour l’enfance de l’humanité ? Prévention ou prédiction ? Les 39 se sont constitués spontanément, fin 2008, en réaction à la violence d’un discours de l’ancien président de la République, tenu à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique Erasme à Antony. Son discours ne niait pas l’existence de la folie, mais l’amalgamait avec des notions de dangerosité mensongères et abusives. Elles donnèrent lieu à la budgétisation immédiate de moyens de surveillance et de contraintes intolérables à l’encontre des patients. Ce discours aussi bête que démiurgique, médiatisé à haute dose, renforça une figure de l’ennemi intérieur en insufflant à toute la population le fiel de la peur. Il renforça aussi la méfiance envers les autres, déjà induite par la montée, de plus en plus inquiétante, du chômage et de la mise en concurrence des humains. Attiser la peur en orchestrant le sécuritaire exploite les sentiments d’insécurité et d’incertitude propres à chacun et amoindrit notre pouvoir et notre devoir de penser : qu’est-ce qui fait société ? Continuer la lecture de Ouvrir d’autres voies

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L’enfance effacée

 Sandrine Deloche   Pédopsychiatre

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

À propos de l’école, des tas d’enfants « à problèmes » vont voir un psy. La plupart sont estampillés « handicap psychique » par la MDPH (maison départementale des personnes en situation de handicap), car porteurs de maux/mots qu’on leur assigne : dyspraxie, troubles oppositionnels, hyperactifs, troubles attentionnels, précocité… Une fabrique de diagnostics qui marquent dans la chair et valorisent le traitement des effets et non des causes du système scolaire français, le plus inégalitaire de l’OCDE. Désigner ces enfants sans prendre la mesure de décisions politiques en amont, c’est cela effacer l’enfance. Comment ignorer la fermeture accélérée des classes uniques dans les villages ou dans les grandes villes les classes surchargées, la diminution des effectifs d’enseignants mais aussi de médecins, psychologues, assistantes sociales scolaires. La disparition des Rased (réseau d’aide scolaire pour enfants en difficulté), des maitres E ou G, des classes d’adaptation, des commissions locales d’orientation a destitué un dispositif de lutte contre l’échec scolaire. Au prétexte comptable, le démantèlement de ce savoir-faire a été remplacé par un nombre incalculable d’emplois de service précaires. Ce tour de passe-passe s’est fait grâce à l’expansion d’un pouvoir technocratique dont les visées gestionnaires, comme baisser les chiffres du chômage aux dépens des moyens de l’éducation nationale, ont abouti. Depuis 2005, la MDPH, en s’invitant à l’école, est la pire des ombres: elle déplace l’axe pédagogique en imposant le signifiant « handicap » et sa cohorte de solutions mensongères. Continuer la lecture de L’enfance effacée

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Handicap partout, soins nulle part

Carlos Parada, Psychiatre

Double page Débats coordonnée par Nicolas Dutent et parue le mardi 25 octobre dans L’Humanité.

Crétin, imbécile, stupide, schizo, débile, dément ou parano, triso, taré, maso et psychopathe ! Voilà bien des quolibets qui ont transité entre la médecine et le langage quotidien. Dans les cours de recréation, autiste est déjà une insulte banale. Le transfert des mots d’un domaine à un autre est courant et c’est ce qui se passe dans une catachrèse. Dans la clé USB, il n’y a ni clé ni serrure. Une table n’a pas plus de pieds que n’a la lettre. Votre scie n’a pas de dents, comme le métro n’a pas de bouche. Notez que dans ces formulations, nous ne rendons plus compte du détournement d’un mot de son usage d’origine. Transposé du social au champ clinique, en psychiatrie, le handicap a la valeur d’une catachrèse (observation inspirée d’une observation de Roland Gori sur un tout autre thème). Il y a peu, ce mot portait une vague notion anglaise, philanthropique et sociale. Il a gagné le domaine fragile du soin psychiatrique d’aujourd’hui. Il remplace ce qui était nommé autrefois comme déficience, retard mental, inadaptation, inhibition, problème psychologique, etc. Cette expansion du domaine du handicap sur le soin psychique est loin d’être anodine et mérite réflexion. Continuer la lecture de Handicap partout, soins nulle part

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A propos de l’article, J’ai fait un mauvais rêve.

Le Collectif des 39 publie, à nouveau, le texte qui a été confié à son Blog par Philippe Rassat, membre du Collectif des 39, afin de mener dans cet espace, dédié à la réflexion des professionnels et des proches des patients en psychiatrie, un débat autour des questions, des tensions, voire des tempêtes, concernant la pratique du packing.

En effet, sa publication avait été suspendue par prudence durant cet été, suite aux actions surprenantes de l’ARS d’ Aquitaine-Limousin-Poitou-Charente qui a non seulement condamné les opinions de Philippe Rassat (ce qui, en soi et sous cette forme, est déjà surprenant pour une agence publique), mais qui a décidé d’intervenir auprès de ses deux employeurs d’une façon qui aurait pu aboutir aux licenciements de ce professionnel ! Cela nous a paru extrêmement inquiétant et incompréhensible, et nous avons donc pris le temps nécessaire de réflexion et de conseil juridique.

 Le Collectif des 39 tient à préserver, malgré ces attaques qui témoignent d’une ambiance de plus en plus anti-démocratique, l’existence d’un espace d’expression respectueux à la fois de la liberté des opinions et du droit.

Nous tenons toutefois à faire remarquer, que les actions de l’ARS qui visent l’auteur du texte semblent, sur certains points, confirmer les préoccupations exprimées dans son texte par Philippe Rassat – acteur de terrain attentif, citoyen engagé et professionnel apprécié – sur la dimension idéologique autoritariste, antidémocratique, du management qui se répand dans le champ du soin. Les épisodes des Plans autisme, et celui plus récent de la création des GHT, en sont des exemples criants expérimentés par tous les professionnels.

Nous tenons à rappeler également que le film « Le Mur », soutenu par un collectif qui comprend à la fois des parents et des tenants des «thérapies» cognitivo-comportementales, dont parle Philippe

Rassat dans son texte, a d’abord été condamné à l’interdiction de diffusion. A notre connaissance cette interdiction a été levée en appel, en vertu de la liberté d’expression, sans pour autant que le tribunal d’appel désavoue le fait qu’il s’agit d’un montage manipulateur, qui nous apparaît digne des films de propagande des régimes extrémistes des années 30-40. L’immense majorité des familles des enfants autistes et des professionnels ne peut se reconnaître dans ces procédés condamnables.                                              

Le Collectif des 39.


Le texte est retiré à la demande de la présidente de l’union régionale Poitou-charentes d’Autisme France suite à la réunion de conciliation organisée par le conseil départemental de l’ordre des médecins de Gironde.

Il est remplacé par le texte suivant de Philippe Rassat :

« Sincèrement je n’ai jamais eu l’intention, en m’exprimant comme je l’ai fait, dans le cadre d’un débat d’idée, de heurter quiconque.  Si tel est le cas je le regrette et je présente mes excuses aux parents qui ont pu être affectés. »

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L’éthique : un levier pour réinventer une psychiatrie humaine !

Klopp Serge

Intervention Ethique Villejuif octobre 2016

En préambule je voudrais remercier les organisateurs de m’avoir invité et rappeler que vu le temps qui m’est donné, je vais forcément apparaître caricatural dans certains de mes propos qui nécessiteraient d’être plus explicités et illustrés d’exemples, mais nous n’en aurons pas le temps.

Jamais il n’a été autant question d’éthique qu’aujourd’hui. Et jamais notre société dans tous ses domaines n’a été aussi peu éthique. Au point que lorsque j’entends parler de mise en place d’un groupe d’éthique, je me demande quels reculs éthiques sont en train de se mettre en place.

En effet, le fait que l’on ait institutionnalisé les comités éthiques, cela ne laisse-t-il pas croire que les réflexions éthiques sont réservées aux spécialistes, aux experts du Comité Ethique ?

Cela ne risque t-il pas paradoxalement d’amener les soignants à faire l’économie d’une réflexion éthique personnelle singulière et donc à banaliser les pratiques non éthiques ?

Le fait que les comités Ethiques soient composés d’un nombre fermé de membres désignés cela n’est-il pas en soi une aberration éthique ? Continuer la lecture de L’éthique : un levier pour réinventer une psychiatrie humaine !

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Enfance effacée…? Résister, Inventer – MEETING du 16 Octobre 2016

   ENFANCE EFFACÉE ..? RÉSISTER, INVENTER 

MEETING POÉTIQUE ET POLITIQUE, organisé par le groupe  Enfance du Collectif des 39, dimanche 16 octobre 2016 de 9h à 18h, à  la PAROLE ERRANTE à Montreuil

Retrouvez les vidéos en cliquant sur ce lien  http://collectifdes39.fr

Interventions poétiques et artistiques tout au long de la journée avec Hélène Bouchaud (actrice), Aurélien Chaussade (acteur),                     Martine Irzenski (actrice), Tolten (rimailleur)

PROGRAMME :

Continuer la lecture de Enfance effacée…? Résister, Inventer – MEETING du 16 Octobre 2016

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Communiqué de presse Collectif des 39 – Groupe Enfance –

Le Collectif des 39 est inquiet et en colère face à l’évolution de nos sociétés, avec l’affaissement permanent des systèmes de solidarité publiques.

Le groupe Enfance de ce collectif organise un meeting poétique et politique intitulé   « Enfance effacée..? Résister, Inventer! ».

Ce meeting aura lieu le dimanche 16 octobre 2016 de 9h à 18h à la Parole Errante à Montreuil, 9, rue François Debergue (Métro Croix de Chavaux).

L’entrée est libre et gratuite.

L’objet de cette journée est de dénoncer la logique gestionnaire qui entame la liberté de penser et d’agir, particulièrement dans le champ de l’enfance. Nous apporterons aussi le témoignage de la force, de la beauté et de l’intelligence d’autres pratiques qui respectent l’imaginaire et le temps de l’enfance.

Avec ce meeting nous voulons amplifier les solidarités, tisser des liens entre les mouvements individuels de résistance à la mise à mal de nos métiers, à la disparition tendancielle, dans les eaux glacées du calcul égoïste, de ce qui construit l’humain.

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ENFANCE EFFACÉE : RÉSISTER, INVENTER… REJOIGNEZ-NOUS !

Quel avenir pour les enfants ? Quel avenir pour l’enfance de l’humanité ? Prévention ou prédiction?

Liliane IRZENSKI – Pédopsychiatre

Les 39 se sont constitués spontanément, fin 2008, en réaction à la violence d’un discours de l’ancien président de la république, discours tenu à l’intérieur de l’hôpital psychiatrique « Erasme » situé à  Antony. Son discours ne niait pas  l’existence de la Folie, mais  l’amalgamait avec des notions de dangerosité mensongères et abusives. Elles donnèrent lieu à la budgétisation immédiate de mises en acte de contraintes intolérables, à l’encontre des patients.  Il ré-encensa  une figure de l’ennemi intérieur en   prescrivant à toute  la population le fiel de la peur ce qui renforça la méfiance envers les autres, déjà induite par la montée, de plus en plus inquiétante, du chômage et du virtuel.  Fabriquer des peurs sociales et de ce fait  attiser insidieusement la peur inhérente au désir,  atteste d’une orchestration  contraire à l’humanisation  car en creusant les sentiments d’insécurité et d’incertitude propres à chacun,  de tels propos   abêtissent notre pouvoir  de penser : qu’est-ce qui fait société ? Cette mise en scène de domination  bien familière aux politiques est  une  mise aux pas assassine de la population. C’est à partir  de ce discours aussi bête que démiurgique, médiatisé à haute dose,  qui contribua à  vouloir  légitimer la mise en place  d’une politique  sécuritaire que nous nous sommes retrouvés près de 2000, en février 2009, pour un premier meeting, à la Parole Errante, « CONTRE LA NUIT SECURITAIRE ». Nous étions  rassemblés par un désir  d’amitié, conjuguant résistance avec hospitalité et ce désir nous continuons  de l’affirmer en vous donnant rendez-vous le 16 octobre. Continuer la lecture de ENFANCE EFFACÉE : RÉSISTER, INVENTER… REJOIGNEZ-NOUS !

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ALERTE AUX DÉLITS D’OPINION

Un de nos collègues psychiatre, le docteur Philippe Rassat,  nous a fait part d’une lettre adressée par le directeur de l’Agence régionale de santé d’Aquitaine-Limousin-Poitou-Charentes à la Présidente de l’association qui gère un établissement dans lequel il exerce.

Le ton et l’esprit de cette lettre, les sanctions qu’elle annonce ouvertement, confirment avec éclat l’état de déliquescence du débat démocratique en France. A nouveau il faut constater que ce sont certaines associations de parents d’autistes (Autisme France) qui ont pour seul souci de faire régner leur vérité, à l’exclusion de toute autre. A nouveau, ce n’est ni plus ni moins qu’une interdiction professionnelle qui est appelée en lieu et place de tout débat. Les opinions de certaines associations de parents d’enfants autistes, opinions qu’elles ont bien évidemment le droit d’avoir, mais qui tirent à l’évidence leurs réputations d’interdire aux autres d’avoir une pensée différente de la leur au point que toute personne qui attaquerait leur raisonnement relèverait d’une plainte judiciaire est une atteinte gravissime à la démocratie.

A nouveau, on est stupéfait de voir l’empressement de hautes instances d’Etat à se glisser dans les ornières de cette politique nauséabonde. Nous avions déjà connu la mise en cause de la psychanalyse dans les pratiques et les formations soignantes, nous voici désormais face à la promotion d’un délit d’opinion. Qu’on les fasse taire ! disent ces associations, visant à travers Philippe Rassat, l’ensemble de la profession, non conforme à leurs yeux. Qu’on les sanctionne !, dit le représentant de l’Agence régionale de santé.

De quoi s’agit-il ? Le directeur d’une Agence régionale de santé, se disant informé par des associations de parents d’autistes qui auraient jugé les propos de ce médecin comme étant « de nature diffamatoire ou injurieux », annonce qu’une « information a été effectuée en ce sens par ses services auprès de la Haute autorité de santé. » Son initiative se fonde asur des extraits d’une lettre de ce médecin qui s’exprime dans le cadre d’un regroupement de personnes intitulé : « Collectif psychiatrie des 39 », soit dans le cadre de ce qu’on appelle communément l’expression d’une opinion politique. Ce collectif s’est fondé sur le refus d’une rhétorique d’exclusion qui superpose folie et criminalité, comme si les malades mentaux étaient par nature dangereux. On connaît la logique profonde de cette politique, et on en a vu les effets. C’est dans ce cadre que P. Rassat s’est exprimé, signant son propos, où il dénonce la mainmise grandissante d’une idéologie d’extrême droite dans le champ psychiatrique.

Dans l’extrait cité, il est impossible de tenir pour diffamatoires ou injurieux les propos concernant des faits, produits par le régime nazi et historiquement avérés, sauf à tomber sous le coup de la loi sur le négationnisme. Ce sont donc les énoncés concernant des associations qualifiées dans le texte d’extrême droite qui seraient injurieux, non pas du fait qu’ils soient d’extrême droite, mais qu’ils pourraient laisser croire sans doute qu’ils sont de l’ordre du nazisme. Raisonnement très enseignant puisqu’il laisserait supposer, concernant les opinions politiques, qu’il ne serait permis que de proférer uniquement celles qui s’avéreraient absolument vraies. Pour ceux dont la crainte du nazisme leur laisserait supposer qu’il vaut mieux prévenir que guérir, un tel raisonnement leur interdirait d’émettre une quelconque inquiétude, et seule l’authentification du régime nazi par sa présence effective permettrait d’énoncer la chose établie !

Devant une telle dégradation du débat politique on ne peut plus se contenter de baisser les bras, car hélas des affaires plus ou moins spectaculaires se succèdent les unes après les autres, participant de la mise en place par essais successifs d’un ordinaire antidémocratique. Il faut le dire : la posture du directeur de l’Agence de santé est d’une extrême gravité, car elle signe une atteinte profonde à la liberté d’expression : que l’on soit d’accord politiquement ou pas avec les propos de notre collègue Philippe Rassat, cela n’autorise en aucun cas d’en interdire l’expression.

Pour notre part, nous sommes profondément d’accord avec ce que son texte contient d’un constat d’alerte. Mais ce que nous défendons ici n’est pas la pure vérité de ce qu’il dit, mais son droit de le dire. A l’inverse, on peut s’interroger : d’où le directeur de l’ARS peut-il bien tirer une quelconque compétence réglementaire lui permettant de porter ainsi atteinte à l’expression politique ? Cette « autorité » dont son titre le pare serait-elle de nature scientifique ? Il faut souligner ici ce qui est peut-être le plus inquiétant, dans la présente affaire comme dans les précédentes concernant la psychanalyse, c’est que la « vérité-HAS » prétend s’avancer sous les traits de la norme et de la règle. A quel titre le Directeur de L’ARS peut-il prétendre avoir autorité à faire taire le débat ? Quel est le fondement de son autorité en la matière ?

Il y a hélas dans notre pays une tendance croissante à faire du débat d’opinion l’affaire des experts. La bureaucratie, c’est d’abord la prétention à effacer toute dispute pour la résoudre en consensus d’experts. Voici où cela mène : à une forme de police bureaucratique qui, sous couvert de discours scientifique épuré de toutes contradictions, prétend incarner la vérité politique, comme on l’a vu dans des états totalitaires, toutes idéologies confondues.

En démocratie, nous avons le droit de critiquer des opinions avec lesquelles nous ne sommes pas d’accord. Mais les gouvernements qui tirent leur fonction d’avoir été élus par le peuple délèguent de plus en plus le débat politique aux appareils techno-bureaucratiques et mettent gravement en péril les démocraties qui ont mis des siècles à se mettre en place. Acceptons, même si nous ne pouvons pas le démontrer de manière absolue, que les régimes démocratiques ne sont pas à jamais irrémédiablement inscrits dans nos sociétés et qu’il convient d’en partager les choix pour se mobiliser afin de les maintenir.

C’est pourquoi cette affaire est gravissime. Le directeur de l’Agence régionale doit faire amende honorable des propos qu’il a tenus, et le gouvernement doit cesser de participer de cette dérive. Mais il appartient surtout à chacun de participer à l’instauration d’un débat de fond, non sur les questions techniques, mais bien sur les enjeux éthiques et politiques que posent nos pratiques.

Franck CHAUMON        Roger FERRERI

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Meeting Poétique et Politique : ENFANCE EFFACÉE..? RÉSISTER, INVENTER

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ENFANCE EFFACÉE ..?  RÉSISTER, INVENTER…

Journée poétique et politique

Nous sommes inquiets et en colère. Les politiques s’attaquent à notre humanité dès l’enfance.

Vous,  soignants, éducateurs, parents, acteurs du champ  de l’enfance et de l’adolescence :

Vous qui êtes nombreux à porter une culture, des idées, des expériences respectueuses de la complexité humaine et de la subjectivité de chacun

  • N’avez-vous pas constaté les répercussions navrantes des réductions de dépenses publiques relatives aux soins, à l’accueil et à l’éducation des enfants et des adolescents ?
  • N’avez-vous pas constaté comment cet appauvrissement de moyens au nom de la recherche d’une certaine efficacité s’est accompagné de la généralisation d’une gestion technocratique qui impose ses normes et ses protocoles au détriment d’approches plus humaines ?
  • N’avez-vous pas observé comment la volonté de réduire les coûts sans concertation et sans discernement a favorisé la privatisation de lieux d’accueil et de soins avec le risque d’être orientés par la  recherche de profits financiers ?
  • N’avez-vous pas, vous aussi, subi cette pression de rentabilité qui entrave, voire qui détruit, les pratiques originales développées depuis des  décennies dans le champ de l’enfance et de l’adolescence ?
  • N’avez-vous pas constaté que l’expérience qui a montré toute  l’importance d’avoir du temps et des lieux pour accueillir, écouter, réfléchir à plusieurs, formuler des hypothèses de travail et de soins au cas par cas, sont contredites par des injonctions simplificatrices. Des prétendues découvertes scientifiques nous sont imposées par des logiques d’intérêts financiers.
  • N’avez-vous pas éprouvé le sentiment d’être ligotés dans vos efforts pour penser, travailler et inventer les formes les plus justes pour aider un bébé, un enfant, un adolescent à grandir, à nommer ce qui le déchire ou l’inhibe, à comprendre ses difficultés propres, à apaiser ses contradiction internes, à trouver sa place dans sa famille et dans un cercle plus large ?
  • Ne trouvez-vous pas insupportable de subir des injonctions qui neutralisent la pensée et l’action des adultes – qu’ils soient soignants, éducateurs, parents ou enseignants – auprès des enfants qui viennent vers nous pour que nous prenions soin de leurs fragilités, de leurs bizarreries ou de leurs maladies ?
  • N’avez-vous pas été découragés devant l’impossibilité de faire entendre que ces injonctions avaient pour résultat d’abraser la complexité relationnelle de la vie ? Ces injonctions nous détournent de la nécessaire prise en compte des dimensions multiples, conscientes et inconscientes, qui entrent en jeu dans toute difficulté ou maladie psychique.

Que s’est-il passé pour en arriver là ? Continuer la lecture de Meeting Poétique et Politique : ENFANCE EFFACÉE..? RÉSISTER, INVENTER

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« Allez sur la place publique !!! »

À Elsa Cayat, psychanalyste, libre et engagée dans la vie, le soin, comme dans Charlie.

Sandrine Deloche   Médecin pédopsychiatre                                            Avec l’autorisation de l’auteure.                                                                         juillet 2016 N°74 – Pratiques

Pratiques N°74 Santé : raviver la solidarité

http://pratiques.fr/-Pratiques-No74-Sante-raviver-la-.html

Quand les solidarités citoyennes les plus saillantes sont celles faites à nos morts, dans ce souffle voltairien qui nous a réunis par milliers, il nous faut examiner l’empreinte de notre corps social, dans son entier. Quelle est l’autre face de cette saillie libertaire ? Sans détours, elle est de toute évidence la barbarie liberticide. Pas l’inqualifiable sauvagerie qui nous laisse nus et chavirés, mais celle que l’on fabrique chaque jour, dans nos institutions, au prétexte de modernité et au pire du pire au prétexte de solidarité.

Un psychiatre a dit un jour qu’« on mesure le degré de civilisation d’un État à la place qu’elle confère à ses marginaux ». C’est Lucien Bonnafé, lui qui, avec une poignée d’autres, a oeuvré pour faire naître une des formes les plus abouties de solidarité collective : l’invention du secteur de psychiatrie. Continuer la lecture de « Allez sur la place publique !!! »

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Discours d’ouverture St Alban 2016

Texte de la présidente de l’association culturelle de Saint Alban

Pour ceux qui en doutent…

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Bonjour à tous,

Tout d’abord une pensée émue pour Dalila Idir Val et Pascal Crété qui ne pourront être là, mais qui ont déjà pris date pour nos prochaines Rencontres.

Jean Jacques Lottin, Michel Balat, Philippe Chavaroche s’excusent de ne pouvoir être parmi nous cette année ainsi que Sophie Pantel notre Présidente du conseil de surveillance.

Nous avons également une pensée pour tous ceux, qui retenus par leur institution ne peuvent se joindre à nous.

Nous remercions le CHFT, le Directeur de notre établissement, le Conseil Départemental, le conseil Régional, la municipalité de Saint Alban, et toutes les personnes de l’institution qui nous ont donné un coup de main.

Et merci à tous, d’être là, aujourd’hui. Continuer la lecture de Discours d’ouverture St Alban 2016

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Les 39 à Jazz in Marciac le 4 août 2016

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Quelle Hospitalité pour la folie ? Collectif des 39

Avec La Ligue de l’Enseignement du Gers

Jeudi 4 août 2016 à 14h30.

Projection – Débat autour du film de Cécile Philippin

VIVRE EN VILLE

« Comment se loger, travailler, se soigner, s’épanouir, lorsque l’on vit en ville avec une souffrance psychique ? A l’écoute des témoignages singuliers d’une quinzaine de personnes soignées en psychiatrie, le film « Vivre en ville » dessine un état des lieux intime et concret du soin hors de l’hôpital et des enjeux du vivre ensemble. »

Le débat sera animé par Catherine Garlin, psychiatre, membre de l’association « Vivre en ville », Patrick Estrade, infirmier de secteur, membre des PsyCauses, et Paul Machto, psychiatre, du Collectif des 39 « Quelle hospitalité pour la folie ? ». Continuer la lecture de Les 39 à Jazz in Marciac le 4 août 2016

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Intervention à la Criée 2016 : La loi Santé et les GHT

La loi Santé et les GHT visent à démanteler tout le dispositif sanitaire mis en place depuis la Libération tout ce qui subsiste de la politique de Secteur    Serge KLOPP

Au travers de la mise en place de la loi Santé, nous assistons actuellement, dans l’ignorance générale, à la plus grave attaque contre le système de santé français depuis la création de la Sécurité Sociale.

Après la Libération, le programme du CNR avait pour objectif de faire passer l’hôpital public d’hôpital pour indigents à l’hôpital de qualité et de proximité pour tous que nous connaissons actuellement.

La loi santé vise à démanteler tout ce qui a été construit depuis.

Depuis 25 ans nous assistons certes à des restructurations visant à fermer un hôpital de proximité ici, une maternité là… Continuer la lecture de Intervention à la Criée 2016 : La loi Santé et les GHT

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Pas de Canada pschy’t pour les peintres Haïtiens ?

« L’objectivité scientifique m’était interdite, car l’aliéné, le névrosé, était mon frère, était ma sœur, était mon père » Franz Fanon

Imaginons un monde où règnerait un déni de la castration. Un monde régit par « ça n’existe pas ». Une société qui, par exemple, dirait : « le collectif, ça n’existe pas ». Cet univers est celui de la foule solitaire, celui de l’isolement à tous les étages. Ici tout est auto : autonomie, autoformation, autoévaluation, autorité, voire autoroute et autopsie. C’est là que le Canada Pschy’t pointe le bout de son nez. Dans les années 70, des publicitaires présentaient une boisson post-prohibition transférée dans de vieilles tractions. Le slogan scandait : « ça a la couleur de l’alcool, mais ce n’est pas de l’alcool ». Au voulant pas d’Al Capone, il est mort depuis bien longtemps. L’époque n’est plus à la prohibition, quoi que, mais assurément au marketing qui se soutient de la théorie des pulsions. Merci tonton, ça marche (Bernays, 1928) cf note 1 ! Les ventes augmentent. Le public adhère. C’est drôle, ça a le goût de l’interdit et c’est sans risque, croit-on, puisque tout est secure, zéro défaut.

À grand renfort de Com’, même chez les Psy, un système Canada Pschy’t, c’est comme la traction de l’époque de la prohibition dans la publicité, ça à la saveur romanesque du parfum de l’interdit mais c’est plus moderne et plus ambitieux. C’est plus vaste qu’un quartier, ça prend tout un territoire. Exit, le lien intime au social et la relation de proximité dans la continuité. L’époque est à la mégapole. La ville s’éclipse. Les communautés de communes sont dans le vent et maintenant que l’alcool n’est plus prohibé, on peut boire du tonic à loisir aux quatre coins du monde.  Continuer la lecture de Pas de Canada pschy’t pour les peintres Haïtiens ?

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Le Collectif des 39