Tous les articles par Collectif des 39

>Forum For Femmes à Montfermeil (France Culture)

 

Deux fois par mois, les patients et les soignants du Centre d'accueil de jour de Montfermeil se réunissent pour débattre. L'occasion pour les patients de prendre la parole sur les conditions de soins, la prise de médicaments, les rapports avec leurs psychiatres, et la récente loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement.

 

Reportage : Pauline Maucort

Réalisation : Julie Beressi

 

Thème(s) : InformationPsychiatrie

ECOUTER L'EMISSION

Share

>On l'appelait Tom (mardi 18 octobre à 19h30)

 

 

le 18 octobre prochain à 19H30 salle Jean dame 17, rue Léopold Bellan 75002 Paris

 

Le débat, qui suivra la projection, sera animé par Patricia Chalon (rédactrice en chef de la revue Enfance Majuscule)

 

Avec :

Michel Manciaux (Professeur en pédiatrie sociale)

Michelle Anker (collaboratrice de Tom à l'INSERM)

Marcel-Francis Kahn (Professeur de médecine)

Gilles Roland-Manuel (Psychiatre)

Frédéric Signoret (ancien éducateur au foyer de Vitry)

 

Stanislaw Tomkiewicz (dit Tom) est un survivant du ghetto de Varsovie (Pologne) et du camp de concentration de Bergen-Belsen. Arrivé en France en 1945. Il y est soigné du typhus puis de la tuberculose. Il devient médecin pédiatre et psychiatre des Hôpitaux de Paris et passe sa vie à soigner et à défendre les enfants maltraités, les adolescents délinquants et les polyhandicapés. Devenu directeur de recherche de l’Inserm, il oriente son travail contre les violences institutionnelles. Militant engagé au PCF jusqu’en 1970, il va soutenir le combat des algériens du FLN puis de tous les « damnés de la terre ».

Share

>Film "un monde sans fous" et débat à Montpellier le 3 octobre

Le lundi 3 octobre, 20 heures, au cinéma Diagonal Capitole, rue de Verdun à Montpellier

Un monde sans fous



Réalisé par Philippe Borrel



France, 2009, 1 h. 07



Le film sera suivi d’un débat organisé par la Ligue des Droits de l’Homme (LDH) de Montpellier.



Intervenants : Gislhaine Rivet, Membre du Bureau National et responsable du Groupe de Travail Santé-Bioéthique, de la LDH et Membre du Collectif Mais c’est un Homme



Le Dr Hervé Bokobza, psychiatre, représentant le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire



Le Dr Robert Brès, psychiatre, représentant le collectif Mais c’est un Homme



Ce film nous emmène dans le monde peu connu de la psychiatrie. Nous en découvrons les différents courants : 



– le courant humaniste, né en France durant la seconde guerre mondiale et lié à la Résistance. Ce courant privilégie la relation de confiance avec les patients et les rapports humains.



– le courant comportementaliste, qui a de l’être humain une vision beaucoup plus « mécanique », vise la réinsertion rapide du patient dans la vie sociale. L’accent est plus mis sur la médication, et parfois sur la recherche de profit. Certains acteurs de ce courant élargissent le champ de leur action et s’intéressent à nous tous : malades déclarés ou pouvant le devenir, dépressifs occasionnels ou pas, adultes ou enfants.



Puis, au cours du débat, les docteurs Brès et Bokobza – tenants de l’approche humaniste – répondront à nos questions et nous expliqueront pourquoi eux et les membres de leurs collectifs sont « entrés en résistance » contre la toute nouvelle loi sur la psychiatrie, en vigueur depuis le 1er août 2011. Ils nous parleront des nouvelles relations médecin-patients, ainsi que des nouveaux rapports avec les pouvoirs publics, que cette loi impose.



Gislhaine Rivet nous parlera quant à elle des conséquences de cette loi et de ses dérives liberticides possibles, en ce qui concerne les droits des patients, ainsi que de tous les citoyens de façon générale. Elle évoquera également le rôle et les actions de la Ligue des Droits de l’Homme en termes de vigilance et de défense de nos Libertés.

Share

>Psychiatrie: Les dérapages se succèdent (Mediapart, les Contes de la folie ordinaire)

Les dérapages se succèdent depuis le 1er août, date de l'application sur les soins sans consentement en psychiatrie. Je propose au débat cet article de 2 amis, je dis bien au débat, à vous lire.

 


Loi du 5 juillet : entre criminalisation des patients et refus de soins

Les dérapages se succèdent depuis le 1er août, date de l'application sur les soins sans consentement en psychiatrie. Opérations de police pour forcer des malades à se rendre à l'hôpital, ou au contraire, refus d'hospitalisation pour des personnes en très grande difficulté.
C'est un système totalement emballé et absurde qui semble s'activer, au détriment des patients. 

Une mère appelle à l'aide le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire suite à l'opération de "police médicale" que sa fille schizophrène a subie. Cette jeune femme de 27 ans, sous le coup d'une obligation de soins, a prévenu l'hôpital qu'elle se rendrait depuis la gare, accompagnée de sa soeur, pour y faire une injection retard. A son arrivée à la gare, le train avait été bloqué par une équipe de 10 personnes dont des policiers, infirmiers, ambulanciers afin de l'emmener de force à l'hôpital. La mère de la jeune femme ne conteste pas la nécessité d'une hospitalisation pour sa fille, mais ne peut accepter la méthode employée, totalement démesurée et traumatisante pour celle-ci. Elle compte porter plainte.

A Lyon, il est rapporté qu'une rue a été bloquée par un nombre impressionnant de policiers casqués pour "chercher" un patient qui ne voulait pas ouvrir sa porte.

A Marseille, Serge Partouche, un autiste de 48 ans est mort mercredi 21 septembre, à plat ventre, le visage en sang, menotté par 3 policiers dont l'un à genoux sur son dos. Les forces de l'ordre avaient été appelées par une voisine en conflit avec les parents. Serge n'avait jamais été violent ni menaçant.

A l'opposé, le 14 septembre, une mère de famille a perdu son fils qui s'est jeté sous un camion. Une demande d'hospitalisation en clinique lui avait été refusée quelques jours auparavant au service des urgences. Le motif donné par le CISS (Collectif Interassociatif Sur la Santé) : les dépressifs n'ont pas le choix de leur hôpital. Le jeune homme, demandeur d'une prise en charge en clinique ne voulait pas retourner à l'hôpital mais avait accepté de repartir avec des médicaments. Aucune ordonnance n'a été fournie par le médecin des urgences.

Ces drames et dérives policières à l'égard des malades posent des questions graves sur le secteur psychiatrique. Est-il encore en mesure de répondre à ses engagements déontologiques, et au delà, peut-il continuer à prétendre au soin, venir en aide aux personnes en souffrance psychique ?

Si la loi sur les soins sans consentement continue de criminaliser les malades comme elle a déjà commencé à le faire, il semble que la réponse soit non.

H.P et J.B.P

Share

>Entre rêve et création, le fil rouge de l’infantile ?

 

LE POINT de CAPITON, l’ECRPF, La Scène Nationale de Cavaillon

et Les Ateliers de Création de Montfavet

Entre Rêve et Création,
le Fil Rouge de l’Infantile ?

 

 

COLLOQUE

Vendredi et Samedi

11 et 12 Novembre 2011

9h-12h30 et 14h-18h30

Théâtre de Cavaillon (84)

Rue du Languedoc

04 90 78 64 64


  • Danse et chorale : Émouvance et Il était une voix
  • Expositions : Atelier Peau d’âme, Atelier Marie Laurencin et artistes invités
  • Expo de Poche : Joëlle Molina
  • Musique : Jean Yves Abecassis
  • Slam : Tolten
  • Textes : Atelier Papier de Soi, poètes et écrivains invités
  • Voix : Danièle Ors-Hagen, Corine Zibetti
  • Librairie : Papier de Soi, Point de Capiton, Champs Social, Mémoire du Monde, D. Limon, H. Ludo…


Participation aux frais : voir au dos de la plaquette

Renseignements : lepointdecapiton@hotmail.fr

Répondeur -fax : 04 90 86 55 25

 

Chèques à adresser à :

Point de Capiton

1632 Hameau de la Parisienne, 84740 Velleron

(Inscription à réception du paiement uniquement)

www.le-point-de-capiton.net

www.inter-s-tisse.org

http://www.theatredecavaillon.com/Un-truc-de-fou

« Les rêves et les créations nous pensent parfois bien avant que nous ne les pensions nous-mêmes ».

Sylvie Le Poulichet, Les chimères du corps


Share

>Les enseignements de la folie (blog Mediapart)

Un feuilleton « dangereux » à partir du 10 octobre Par Heitor O'Dwyer de Macedo

Lors de la première manifestation appelée par Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire  les patients ont inventé un mot d’ordre vite repris par les manifestants : Nous sommes tous des schizophrènes dangereux. C’est en réfléchissant sur le sens de cette proposition que je me suis dit qu’il serait bienvenu d’évoquer les enseignements que nous donnent la folie et les fous. Et j’ai pensé que revisiter le grand clinicien de la folie que fut Dostoïevski pourrait être une contribution à la lutte citoyenne contre l’application de la loi des « soins sans consentement », lutte inaugurée et soutenue par Le Collectif des 39.

Donc à partir du 10 octobre, du lundi au vendredi de chaque semaine, je revisiterai pour un temps une partie de l’œuvre dostoïevskienne.

Mon point de départ pour ce « feuilleton » a été l’idée que chez Dostoïevski, la grandeur ou la misère des personnages fondamentaux de l’œuvre accompagne la découverte qu’ils font de l’inconscient. Que les personnages soient construits à partir du trauma de la rencontre avec l’inconscient, est certainement une des raisons principales de leur pérennité. En nous appuyant sur ces personnages nous démontrerons que leur enseignement sur le trauma, le fantasme, la perversion, la folie nous apprend la vie vivante. Mon travail se concentrera sur deux textes Notes du sous-sol et Crime et Châtiment.

Bref rappel des faits et des enjeux :

Au 1 août dernier une loi dite des « soins sans consentement » est entrée en vigueur.

Cette loi s’inscrit dans le droit-fil du discours de Nicolas Sarkozy à l’hôpital d’Antony le 2 décembre 2008. Sont désignées par le Président de la République comme potentiellement criminelles, en tout cas potentiellement dangereuses, toutes les personnes qui présentent des signes peu ordinaires de souffrance psychique.

Un collectif s’est constitué en décembre 2008, en réaction immédiate à ce sinistre discours présidentiel : « Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire »

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire a immédiatement  dénoncé le projet de cette loi en rappelant la pensée de François Tosquelles : Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie c’est l’homme même qui disparaît.

La loi instaure des « soins sans consentement », y compris « en ambulatoire », c’est-à-dire en dehors de l’hôpital, au domicile. Elle remplace les modalités actuelles d’hospitalisation et d’alternative à l’hospitalisation en promouvant toujours plus de contrôle et de répression.  En effet, la notion de « santé mentale » utilisée notamment par les rapports gouvernementaux semble étendre le domaine des troubles psychiques à la simple exacerbation des sentiments, des émotions, aux peurs, à la tristesse, aux énervements, aux angoisses, aux ressentis et vécus douloureux, liés à des situations précises telles que le travail, une rupture, un deuil. De plus, l’évocation du « trouble de l’ordre public », entraînant la mise en place de soins psychiatriques sans consentement, comporte un risque de dérive pour les libertés individuelles. 

Puisque, comme le disait récemment Leslie Kaplan, la folie concerne tout le monde, cette loi nous concerne tous.

Cette loi qui crée des « soins sans consentement » y compris à domicile, est un saut dans l’inconnu. Elle représente un risque de dérive particulièrement inquiétant car sont instaurés :

– des soins sous la menace d’une hospitalisation forcée en cas d’absence aux consultations ;

– des soins réduits à la surveillance d’un traitement médicamenteux, nouvelle camisole chimique ; 

– des soins où la rencontre, la confiance dans la relation, la patience, la prise en compte de la parole, sont oubliées ou accessoires.

Nous savons bien que c’est la peur qui génère des réactions violentes chez certaines personnes ; or, cette loi engendre la peur des patients et la peur chez les patients.

Cette loi porte atteinte à  la confiance entre le patient et le soignant : le soignant représentera en permanence une menace, une surveillance sur la liberté d’aller et venir du patient, car il lui incombera de signaler toute absence aux consultations et aux visites, sous peine de sanctions. Le préfet, saisi par le directeur de l’hôpital, enverra les forces de l’ordre pour contraindre la personne à une hospitalisation. Le malade devenant « un contrevenant », il s’agit donc de mettre fin au métier de soignant

Bref, le gouvernement érige le trauma en projet de société. Mettre l’angoisse, le désir et la pensée à l’index est une nécessité inséparable de son modèle économique : le citoyen doit être un individu sans subjectivité, sans sensibilité, simple reproducteur anonyme des conditions de fonctionnement d’un système d’échange où il n’y a plus d’échange, qui produit le vide de sens dont la machine a besoin pour se perpétuer – et la princesse de Clèves peut aller se faire foutre. (1)

Donc, toute solidarité est résistance, toute fidélité aux nuances est résistance. Toute pratique d’amitié est résistance. Devant l’attaque systématique de tout lien social, nous sommes convoqués, en respectant nos fragilités et nos angoisses, nos rêves et nos désirs, à être des professionnels de la vie vivante, professionnels de la merveilleuse folie de la vie vivante. Nous sommes convoqués, dans nos domaines de pratique de pensée, à célébrer l’énigme et la liberté, la complexité et l’inédit de toute rencontre avec le monde. Devant la brutalité qui envahit notre quotidien nous essayerons, comme les poètes, de nous ressourcer dans l’éphémère de chaque instant. En même temps, nous serons déterminés et, si nécessaire, dans la colère, contre le mensonge et le cynisme, contre la simplification et la vulgarité – attitudes qu’on nous propose à la place du lien, attitudes avec lesquelles on espère transformer en banalité la tristesse du ne-pas-être-ensemble.

1 – «Dans la fonction publique, il faut en finir avec la pression des concours et des examens. L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! En tout cas, je l’ai lu il y a tellement longtemps qu’il y a de fortes chances que j’aie raté l’examen ! »  – Nicolas Sarkozy pendant sa campagne aux élections présidentielles

Heitor O'Dwyer de Macedo

Share

>Grand rassemblement le samedi 3 décembre 2011 à la Maison de l'Arbre – la Parole Errante à Montreuil

Derrière le juge des libertés, n'oublions pas les soins sans consentement en ambulatoire…

Depuis le 1er août 2011, la loi réformant les « soins » psychiatriques sans consentement s'applique. Dès sa fondation en décembre 2008, le collectif des 39 a combattu les dérives sécuritaires qu'entérine la loi actuelle.

Si un grand nombre de professionnels, de familles, de patients, et plus largement de citoyens, ont pu se féliciter de l'arrivée du juge dans le dispositif de privation de liberté, nous ne pouvons oublier :

– La logique sécuritaire qui soustend cette loi : amalgame entre maladie psychique et dangerosité, entre « soins » et médicaments au détriment de l'accompagnement relationnel

 – La mise en place des « soins » sans consentement en ambulatoire, « soins » qui introduisent un contrôle illimité des patients (dans l'espace et dans le temps) par le biais des « programmes de soins» contraints qui, eux, ne sont pas soumis au juge des libertés et de la détention

– La mise en  place d'une garde à vue de 72h

– La création d'une nouvelle catégorie de patients supposés dangereux sur leurs seuls antécédents (avec constitution d'un fichier informatique)

Depuis un mois, nous constatons au quotidien l'inflation des procédures administratives (augmentation drastique du nombre de certificats, rigidités accrues pour tisser du lien entre l'hôpital et la cité etc.), qui desservent le temps et les moyens accordés aux soins réels des patients hospitalisés et suivis en ambulatoire.

Enfin, lors des audiences, des ruptures du secret professionnel se produisent rendant publiques la souffrance des personnes déjà fragilisées.

Devant l'aberration du pan sécuritaire de la loi et l'impréparation flagrante du dispositif de protection des libertés qui, comme nous l'avions prévu, vont à l'encontre de soins réels, le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire appelle d'ores et déjà à un grand rassemblement, le samedi 3 décembre 2011 à la Maison de l'Arbre – la Parole Errante à Montreuil pour l'abrogation de cette loi pour penser des pratiques psychiatriques qui, à rebours des dérives gestionnaires et sécuritaires actuelles, permettent une véritable hospitalité à la folie.

Le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

(L'agenda précis du rassemblement sera communiqué ultérieurement)

Share

>Colloque sur la psychiatrie publique dans les zones urbaines sensibles

 


Mercredi 21 septembre 2011 / à Grenoble (9h-17h)

 

La psychiatrie publique dans les zones urbaines sensibles : contextes, enjeux et moyens

Le colloque sur la psychiatrie publique dans les zones urbaines sensibles se tiendra à Grenoble le 21 septembre 2011 de 9h à 17h.



Sur fond de dépression économique et de processus de privatisation de l’offre de soins en France, la psychiatrie publique illustre les difficultés auxquelles sont actuellement confrontées les politiques publiques.

Ces difficultés se cumulent avec le caractère toujours stigmatisant de la maladie mentale. La prise en charge des populations les plus vulnérables telles, entre-autres, que les personnes résidant dans les Zones Urbaines Sensibles représente un enjeu particulier.

 

•    Quels sont les principaux éléments du contexte de ces ZUS qu’il convient de connaître et de prendre en considération pour comprendre leurs liens éventuels avec la souffrance et la maladie mentales ?

•    Y a t-il une épidémiologie et une cliniques spécifiques de ces territoires urbains ?

•    Confrontés à de tels contextes, les acteurs de la psychiatrie publique ont-ils les moyens de pouvoir maintenir une offre de soins qui garantisse aux populations concernées une véritable équité ?

 

Telles sont quelques-unes des questions qui seront abordées lors de la rencontre de Grenoble le 21 septembre 2011, avec pour ambition de porter un regard inhabituel sur une complexité urbaine qui ne peut se résumer à des slogans simplificateurs.


Télécharger le programme de la journée(en pièce jointe) : programme_colloque+psy[1]

Pour l’inscription : http://ch-alpes-isere.fr/inscription_colloque.php

Share

>Les indignés européens marchent sur Paris

Le mouvement "des indignés" s'était créé après la manifestation de l'association Democracia Real Ya ! du 15 mai 2011 en Espagne et s'était donné pour nom AcampadaSol ou "Take the square" (prends la place) avec pour mode d'action la désobéissance civile et pour but des changements fondamentaux de gouvernance et de société. La marche internationale des indignés arrive à Paris le 17 septembre 2011. Rencontre avec le comité d'accueil dans la capitale française. 

Le mouvement des Indignés fait toujours entendre sa voix, et même de plus en plus loin à travers le monde, alors qu'on aurait pu croire qu'il s'essoufflerait, parce que né en dehors des organisations politiques classiques. Ils organisent depuis cet été une marche internationale en résonance avec la réalité la plus sombre de la crise économique (et politique) qui fragilise les nations occidentales. La marche s'arrêtera à Paris le 17 septembre puis ira se conclure à Bruxelles le 8 octobre, avec une manifestation une semaine après, toujours dans la capitale belge.  


Une équipe de coordination du "take the square" en France


Deux garçons , une fille, de 24 à 30 ans : elle est Polonaise mais vit en Italie, Il est Brésilien, habite en Espagne, le troisième est Portugais et vient…du Portugal. Installés dans un squat au cœur de Paris, juste au dessus d'un hackerspace, ces 3 là organisent via Internet l'arrivée à Paris les marches internationales indignées prévues pour le 17 septembre. En Espagne, les techniciens du mouvement maintiennent les serveurs en état de marche pour que les équipes du "take the square" un peu partout en Europe puissent tenir à jour les espaces d'information du mouvement. Leur action est bien cadrée : l'activisme sur les réseaux sociaux et la blogosphère, la coordination et l'information. Leur espoir est toujours le même qu'au début du mouvement : parvenir à la "vraie démocratie". Avec pour pense-bête et orientation : A-partisan, A-syndical, Non-violent, international.


L'équipe Take the square à Paris, de gauche à droite : Aldo, Pedro, Anna


La vraie démocratie au bout du chemin ?


"Pour nous, il n'est plus possible de laisser la situation comme ça, on est obligés de continuer, et on y arrivera." Anna, 26 ans, parle parfaitement français et respire la franchise et le calme. Pas d'emballement chez cette jeune femme qui vient de Naples organiser la grande marche de Paris, mais une détermination sans failles. L'objectif des marches des indignés qui se concluront à Bruxelles est, pour elle, "de continuer le mouvement pour changer les mentalités, parce qu'il n'est plus possible de laisser les politiciens nous écraser sans que nous puissions avoir notre mot à dire."

 

Anna, indignée polonaise, arrivée de Naples


Quand on lui demande ce qu'elle entend par là, Pedro, le plus jeune de la bande (24 ans), Brésilien, reprend : "La vraie démocratie, c'est le peuple qui est consulté et qui peut décider, pas les seul politiciens. Les politiciens ont fait de la politique un métier, nous, nous demandons que ce ne soit plus un métier, qu'il n'y ait qu'un seul mandat pour une personne dans une vie, que les politiques ne puissent plus prendre des décisions pour le peuple sans que le peuple puisse dire son mot. Il faut des groupes de réflexion dans chaque quartier, des conseils populaires, les élus ne peuvent plus décider à la place de tous."


L'espoir d'une révolution pacifique et démocratique

 

Pedro : "il y aura des actions très fortes le 17 septembre"

 

Si on leur demande quel est l'objectif de la marche des indignés, ce qu'ils en attendent concrètement, leurs yeux s'écarquillent dans une attitude d'incrédulité : "mais nous voulons la vraie démocratie, c'est une révolution pacifique et mondiale qui est en marche, et même si cela prendra du temps, plusieurs années, nous y arriverons !". Pour l'impact de la marche par la quantité de participants, ce n'est pas aujourd'hui pour eux le sujet. Pedro résume la démarche : "il y aura quelques centaines de marcheurs indignés pour chaque pays, mais on parle de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie, de l'Autriche, la Grèce, l'Allemagne, etc… : ce n'est pas une marche massive, mais une marche symbolique. Par contre, en parallèle il y aura des actions très fortes le 17 septembre, comme antibank (http://antibanks.takethesquare.net/), où les gens vont occuper des hauts lieux de la finance dans 23 villes  européennes et américaines, en Israël aussi,  puis une nouvelle marche qui débutera à Rome, un meeting international à Barcelone. A Athènes les gens vont boycotter les banques en retirant leur argent…"


Un mouvement de grande ampleur, à l'échelle de la crise économique et démocratique ?


Les indignés dénoncent le déficit de démocratie des nations européennes et l'emprise des oligarchies sur celles-ci, le "vol de la démocratie" par des élites corrompues, à la solde des puissances financières. Leur cri de révolte semble être celui d'une jeunesse qui ne veut pas répéter les erreurs déjà commises, qui semble déterminée à prendre le temps amis veut aller jusqu'au bout de la proposition initiale fondatrice des vieilles démocratie comme la France : le gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple. Reste désormais à voir quel impact les "preneurs de place" auront le 17 septembre, puis par la suite, s'ils ne baissent pas les bras. Ce qui ne semble pas vraiment envisageable lorsqu'on voit leur énergie doublée d'une volonté qui semble sans failles.

 

Pascal Hérard

 

Vidéo : La chanson des indignés : Hissez-haut, Indignado !

Liens :

Le mouvement Take The Square : http://takethesquare.net/fr/qui-sommes-nous/

Mouvement à Paris : http://paris.reelledemocratie.fr/

Actions du 17 septembre : http://antibanks.takethesquare.net/

Mouvement européen : http://www.europeanrevolution.net/

Actions du 15 octobre : http://15october.net/

Acampadasol à Madrid : http://madrid.tomalaplaza.net/

Share

>Appel à la libération de la psychanalyste Rafah Nached (Mediapart)

Edition : Les invités de MediapartContes de la folie ordinaire

Article publié le mardi 13 septembre 2011


 

De nombreux psychanalystes, psychologues et enseignants français s'indignent de l'arrestation, dans la nuit du 10 au 11 septembre, à Damas, de Rafah Nached, psychanalyste syrienne, fondatrice de l'Ecole de Psychanalyse de Damas.

 

Nous venons d'apprendre avec consternation l'arrestation de la psychanalyste Rafah Nached, le samedi 10 septembre à 1h du matin, à l'aéroport de Damas en Syrie, alors qu'elle se rendait à Paris pour l'accouchement de sa fille.


De santé fragile et âgée de 66 ans, Rafah Nached est la première femme psychanalyste en Syrie, et exerce à Damas depuis plus de 26 ans, faisant face avec une exigence et une patience sans relâche aux questions cliniques et théoriques qu'elle rencontre.


Elle a fait des études de philosophie et est diplômée en psychologie clinique de l'Université Paris 7. Elle a créé l'Ecole de Psychanalyse de Damas, en lien avec de nombreux psychanalystes français, et a organisé en novembre 2010 le premier colloque international de psychanalyse à Damas, d'une qualité scientifique exceptionnelle.


Rafah Nached vient régulièrement à Paris pour s'entretenir avec des psychanalystes, et suivre les dernières avancées en psychiatrie, et sur le fonctionnement des hôpitaux. Elle a établi des liens suivis avec la Croix-Rouge Française pour que les membres de son Ecole de psychanalyse aient accès à des stages, en convention avec des Centres médico- psycho-pédagogiques de la Croix-Rouge Française.


Elle a toujours mis ses compétences professionnelles et humaines – dont nous avons pu apprécier la richesse -, au service de la Syrie, sa patrie, à laquelle elle est très attachée.


Avec les confrères et collègues de la psychanalyste Rafah Nached, nous appelons à sa libération immédiate.

 

Voir la liste de signataires et signer la pétition : http://www.oedipe.org//phpPetitions/index.php?petition=3

Share

>Fête de l'Huma : un projet politique pour une psychiatrie humaniste

 

 

Samedi 17 septembre 2011 de 11h à 12h30

fête de l’Humanité 

stand de la fédération du 91 

 

Contre la loi sécuritaire construisons un projet politique pour une psychiatrie humaniste !

 

débat animé par Serge Klopp, cadre de santé

 

Marjolaine Rauze, maire de Morsang s/Orge, vice-présidente du Conseil général de l’Essonne, chargée de la Santé

 

Hélène Franco, juge, représentante du Parti de Gauche au collectif "Mais c’est un homme"

 

Mathieu Bellahsen, psychiatre, membre du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire  et de l’association Utopsy


Share

>La fin de la propriété de soi

 

par Jean-Claude Paye

 

La dernière loi psychiatrique française, le rapport de l’Assemblée nationale sur la prostitution, tout comme le développement des suicides dans l’entreprise, dévoilent l’existence d’un pouvoir maternant avec lequel les individus entretiennent une relation fusionnelle. Nous ne sommes plus dans un société de surveillance. Il ne s’agit plus de contrôler et de modeler les corps, afin de les rendre aptes à la machine économique, mais de s’attaquer à leur être même en fixant les modalités de jouissance des individus.

Dans « Les Temps modernes » (1936), Charlie Chaplin ne dénonce pas seulement l’organisation tayloriste du travail. Il anticipe la mise à disposition complète du corps de l’ouvrier au service de la production et la fin de la vie privée. Son personnage en vient à se réfugier en prison pour retrouver paradoxalement une forme d’intimité et de liberté intérieure.


Quel rapport peut-il exister entre une loi psychiatrique, créant une injonction de soins à domicile, avec un rapport parlementaire visant à pénaliser les clients des prostituées ? [1] Les deux textes opèrent une dissociation du sujet de droit. La propriété de soi est scindée. La jouissance de son corps reste aux mains de l’individu, mais à condition qu’il en fasse un bon usage. L’utilisation doit être conforme à l’image de la dignité humaine, dont les autorités sont le dépositaire légal.

La dissociation de la propriété de soi se révèle être un paradigme de la post-modernité. Non seulement elle résulte de l’action de l’État qui affirme sa nue propriété sur nos existences, mais peut aussi prendre la forme du contrat, comme, par exemple, celui imposé à ses employés par la firme chinoise Foxconn qui interdit à ses employés de se suicider tout en leur recommandant de « chérir leur vie ». Le suicide des travailleurs, comme protestation contre la détérioration de leur conditions de travail, est un symptôme de cette mutation de la propriété de soi qui efface le corps individuel et social au profit de l’image du corps. Il est le phénomène de l’émergence d’une nouvelle forme de subjectivité qui fusionne l’existence du travailleur avec la jouissance de son employeur.

La notion de soins sous contrainte

La loi du 5 juillet 2011 relative « aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge » [2] opère une nouvelle dérogation au principe général du consentement nécessaire du malade. La notion existante d’hospitalisation sous contrainte est étendue à celle de soins sous contrainte. Elle rend ainsi possible une surveillance du malade à son domicile, supprimant au passage toute séparation entre espace public et domaine privé. La possibilité pour chaque patient de se déplacer librement se verra strictement encadrée par un « programme de soins » qui fixera les lieux, le contenu et la périodicité des rendez-vous médicaux, avec la menace de se voir hospitalisé d’office si un élément du protocole n’est pas strictement respecté.

Obligation de soins et enfermement, sont ainsi étroitement liés. L’enfermement physique et chimique fait taire. Il nie le symptôme qui fait parler le corps. Il réduit ce dernier à une chose muette. Le corps devient ainsi le simple support de l’invisible, du regard porté sur l’individu. Ce double enfermement est la condition de transformation du corps en image. Ce projet institue une sorte de garde à vue sanitaire, l’institution d’un délai de 72 heures, durant lequel on pourra maintenir l’hospitalisation d’office d’un patient, sans statuer sur son état et sur la nécessité de l’internement. L’hospitalisation d’office s’inscrit dans une tendance lourde de retour à l’enfermement psychiatrique. Depuis quelques années, refleurissent les murs des hôpitaux. Sont créées de nouvelles unités fermées et des chambres d’isolement. Il est aussi de plus en plus difficile de sortir d’une institution psychiatrique fermée, les préfets ne validant plus systématiquement les sorties des malades hospitalisés d’office, même si elles sont soutenues par les psychiatres. Cette politique sécuritaire s’étend aux hospitalisés volontaires qui, eux aussi, peuvent être privées de leur liberté d’aller et venir.

La capture du corps, dans l’hospitalisation forcée ou dans la garde à vue sanitaire, se complète d’une camisole de force chimique. À travers cette suspension du corps, il s’agit de faire taire, afin que la souffrance ne puisse se dire et de poser le malade en tant que victime de lui-même.

L’injonction de soins, à l’hôpital ou à domicile, intime au patient qu’il doit faire un bon usage de son corps, qu’il ne peut le laisser se dégrader, en épuiser la substance. Il n’a pas le droit de porter atteinte à son image humaine. Ainsi, le corps devient transparence. Il se réduit à être une image, la visibilité de l’invisible. Placé dans la transcendance du regard du pouvoir, il n’est plus médiation entre l’extérieur et l’intérieur. Sa fonction n’est plus de séparer et d’articuler le dedans et le dehors, mais d’être dans la matérialité du regard de l’autre.

Cette procédure psychotique, qui fait exister l’image de la dignité humaine aux côtés des individus réels, opère une dissociation du sujet de droit. La propriété de soi est démembrée, la jouissance se sépare de la nue propriété.

Comme nue propriété, l’image humaine est le patrimoine des autorités instituées. Le malade n’a plus que l’usus, l’usufruit de son corps et à condition qu’il soit la transparence de la propriété exercée par le pouvoir. La possibilité de réduire ce dernier à une chair sans parole permet ce démembrement.

La criminalisation de la prostitution

La dissociation de la propriété de soi se lit également dans un rapport parlementaire, intitulé En finir avec le plus vieux métier du monde [3]. Il propose de créer un nouveau délit de recours à la prostitution. Le client deviendrait passible d’une peine de six mois de prison ferme, assortie d’une amende de 3 000 euros. Le rapport devrait servir de base à une proposition de loi devant être déposée après les présidentielles de 2012. La « lutte contre la prostitution » et son élément le plus avancé, la criminalisation du client, en niant à la prostituée le droit de disposer de son propre corps, a pour objectif déclaré la défense de la dignité de la femme et de la personne humaine. C’est bien l’image de la Femme qu’il s’agit de préserver [4] au dépends des femmes concrètes qui seront, suite à l’application de telles mesures, mises en danger par le développement de la clandestinité. L’image de la dignité de la femme, que l’on retrouve dans le rapport de l’Assemblée Nationale, s’intègre dans une conception du droit qui fait de la dignité de la personne humaine un élément supérieur d’organisation du système juridique. Cette conception consacre ce principe comme un droit absolu, de nature supérieure par rapport à d’autres droits fondamentaux, dont le principe de liberté ou le droit de disposer de son propre corps.

Cette conception s’inscrit dans la jurisprudence du Conseil Constitutionnel et du Conseil d’État. Ce dernier, dans un arrêt du 27 octobre 1995, dans l’affaire du « lancer de nain » [5], avait décrété que personne ne pouvait consentir à la dégradation de sa qualité d’homme, limitant ainsi le droit de disposer son corps.

Quant au Conseil Constitutionnel, lors de sa décision du 27 juillet 1994, il parle du « principe de sauvegarde de la dignité de la personne contre toute forme d’asservissement et de dégradation » Il consacre la dignité de la personne humaine comme un élément d’organisation du système juridique.

La loi psychiatrique du 5 juillet et le rapport parlementaire, criminalisant les clients des prostituées, opèrent une dissociation de la propriété de soi. Les individus ne conservent qu’un droit de jouissance de leur corps qui doit être conforme à l’image de la dignité humaine dont la puissance publique a la propriété.

Contrat et abandon de la propriété de soi

La dissociation de la propriété de soi est bien un paradigme de la post-modernité. Non seulement elle est le résultat de l’action de l’État, mais elle peut également prendre la forme du contrat, par lequel un employé abandonne la nue propriété de sa vie à son employeur. Foxconn, sous-traitant chinois d’Apple, HP, Dell et Nokia, a été accusé de faire signer à ses employés un contrat, par lequel ils s’engagent à ne pas se suicider et à « chérir leur vie » [6].

Le texte indique que désormais, Foxconn ne pourra, en aucun cas, être désigné comme responsable du suicide d’un employé et ne devra payer aucun dommage et intérêt aux familles. Cette dernière clause a provoqué la colère des médias chinois, puisque Foxconn versait environ 13 000 euros à chaque famille des ouvriers suicidés, soit 10 ans du salaire minimum dans une usine de la firme [7].

L’initiative de la firme Foxconn est à replacer dans le cadre d’une société dans laquelle il subsiste encore des éléments résiduels d’un ordre symbolique antérieur au développement du capitalisme. Cette survivance implique que la société reconnaisse une responsabilité par rapport au suicide de ses employés et indemnise les familles concernées. Les mots utilisés « chérir sa vie » pour se dédouaner et « responsabiliser » ses employés, trahissent ce décalage dans l’expression verbale, entre l’exigence de la rentabilité capitaliste et le langage, lié à un ordre symbolique antérieur.

Dans les pays occidentaux, les entreprises touchées par le suicide de leurs employés dénient toute responsabilité. L’exemple de France Télécom est emblématique [8]. Le PDG Didier Lombart avait simplement évoqué une "mode du suicide" après le décès de treize salariés en 2008, puis de dix-neuf en 2009. Les syndicats ont aussi comptabilisé vingt-sept suicides et seize tentatives en 2010.

Dans les faits, les suicides de salariés, en protestation de leurs conditions de travail, sont plus nombreux dans des entreprises telle que France Télécom que dans les firmes chinoises [9]. Le délitement plus important des rapports sociaux, le caractère monadique de la société fait que qu’il y a moins de résistance au passage à l’acte.

Suicide et nue propriété de soi

Lorsqu’il vend sa force de travail, le salarié, le propriétaire de la marchandise force de travail, en cède la valeur d’usage à l’employeur, à charge de celui-ci d’en assurer l’exploitation durant la journée de travail.

Le salarié vend ainsi au patron la jouissance de sa force de travail et en garde formellement la nue propriété. Cette propriété n’est pas cependant un donné, mais un résultat. Sa réalité dépend de la capacité du salarié à limiter la jouissance du patronat, les conditions d’exploitation ne devant pas détériorer son être. Historiquement, la capacité ouvrière à mettre un cran d’arrêt à l’exploitation est de nature collective. Cette action porte aussi bien sur la durée du travail que sur les conditions de travail.

Les suicides des salariés de France Télécom nous montrent que la capacité ouvrière de mettre un frein à l’usage de la force de travail par le patronat est actuellement démantelée. Les travailleurs ne sont plus en mesure de s’opposer à la détérioration de leur force de travail, si bien que leur nue propriété est, dans les faits, remise en cause.

La possibilité pour le patronat de menacer l’intégrité du travailleur résulte de l’intensification de la dépense nerveuse et surtout de la création d’un travail invisible qui dépasse le cadre de la journée de travail. Le travail visible se double d’un travail invisible, celui qui est nécessaire pour intérioriser les nouvelles contraintes imposées par l’entreprise [10].

France Télécom a entrepris une « politique de modernisation » à marche forcée qui s’est notamment traduite par la suppression de 16 000 emplois entre 2006 et 2008, une politique qui a contraint les travailleurs à une forte mobilité. Elle a non seulement augmenté le travail visible, mais a surtout fait exploser le travail invisible, si bien que le travailleur ne disposait plus d’aucun espace privé lui permettant d’assurer sa reproduction.

Pour Chaplin, le capitalisme finira par priver l’ouvrier de toute forme de jouissance, y compris le plaisir de manger, pour affecter son corps à la seule tache de produire.

Big Mother Company

Le développement considérable du travail invisible est tel qu'il tend à accaparer l’ensemble de la vie du travailleur. Non seulement il n’y a plus de séparation nette entre l’entreprise et le privé de l’individu, mais il n’y a plus non plus de coupure entre le temps pendant lequel le travailleur est contractuellement au service de la jouissance de l’employeur et le déroulement de la vie privée, celle d’une jouissance [11] existant hors de la machine productive. L’absence de séparation, privé/public et temps de travail/temps de la vie quotidienne, place l’individu dans la transparence, dans la fusion entre son être et celui de l’employeur. Il s’agit là d’une structure psychotique qui produit l’identité de la vie du travailleur avec celle de l’entreprise.

En tant qu’agir collectif, la lutte ouvrière porte notamment sur la valeur d’usage de la force de travail. Il s’agit de préserver cette dernière d’un excès de jouissance du patron qui produirait la perte de la nue propriété de l’ouvrier. Ce levier collectif permet aux travailleurs de reproduire celle-ci à travers l’aménagement d’un espace privé qui est lieu de jouissance de sa propre existence. À travers la réorganisation du procès de travail de l’entreprise, le salarié perd non seulement la nue propriété de sa force de travail, la substance de celle-ci étant altérée, mais aussi l’entièreté de son existence. La croissance du travail invisible est telle qu’elle supprime tout espace privé, tout lieu séparé de reproduction de la force de travail et de tout lieu d’existence de la propriété de soi.

Le suicide du travailleur est le symptôme d’une condition ouvrière qui est transparence, fusion avec l’entreprise. Le travailleur ne peut plus lutter car il est enfermé dans un rapport maternel avec cette dernière. Il n’a d’autre jouissance que celle de la machine productive.

Pouvoir maternant et règne de l’image

L’absence de luttes d’envergure, capables de s’opposer à l’organisation du capital, supprime tout ordre symbolique. Nous « n’ex-istons » plus en dehors du réel de la machine économique. Nous n’avons plus d’espace propre et sommes placés hors langage. Nous n’avons plus les mots pour opposer une critique. Désormais, le capitalisme ne peut plus être désigné négativement. Nous entretenons avec lui une relation fusionnelle. La domination s’appelle partenariat et l’exploitation se nomme gestion des ressources humaines [12]. Ne devant plus faire face à une négativité, à un agir et une conscience collective, l’organisation du pouvoir consiste essentiellement à gérer les monades, les modes de jouissance des individus.

La loi psychiatrique du 5 juillet, créant une injonction de soins à domicile, ainsi que le rapport parlementaire sur la prostitution, limitent la jouissance qu’ont les individus de leur corps, en établissant qu’elle ne doit pas altérer l’image de la dignité humaine dont le pouvoir s’attribue la propriété. Jouissance et nue propriété fusionnent dans l’image de la dignité humaine. Elles ne portent plus sur le corps, qui est annulé, mais sur l’image de celui-ci.

Du fait de son annulation en tant qu’objet, en tant que frontière entre intérieur et extérieur, le corps n’est plus limite à la jouissance du pouvoir. La propriété de l’image du corps devient une jouissance sans limite de celui-ci et conduit à son anéantissement.

L’identité, dans l’image, de la jouissance des travailleurs et de celle du patron, explique pourquoi ceux-ci ne peuvent plus confronter ce dernier. Ils établissent avec l’entreprise un rapport fusionnel d’ordre maternel.

Comme attributs séparés de la propriété, les notions juridiques, de nue propriété et de jouissance, ont une origine pré-capitaliste. Elles enregistrent un « pas tout » de la propriété et de la jouissance, une limitation de chaque attribut l’un par rapport à l’autre. Il s’opère, dans la société capitaliste, surtout dans cette post-modernité, un déplacement, en ce qui concerne la propriété de soi, de l’objet à l’image qui produit un renversement de des attributs de celle-ci. La propriété, qui était barrage à la jouissance d’autrui, devient jouissance de l’autre, de celle, sans limite, de l’État ou de l’entreprise. Ainsi, dans l’image, jouissance et propriété se confondent et la valeur d’usage de la chose s’identifie avec sa valeur d’échange, avec sa mesure.

Article original sur : http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26413

 

Notes

[1] « La prostitution et l’image de la femme », par Tülay Umay, Réseau Voltaire, 29 juillet 2011.

 

[2] « Loi n° 2011-803 du 5 juillet 2011 relative aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge ».

[3] En finir avec le plus vieux métier du monde, Rapport d’information 3334, présenté par Guy Geoffroy, Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 13 avril 2011.

[4] « La prostitution et l’image de la femme », ibid.

[5] « Prostitution : sale temps pour les michetons », par Georges Moréas, LeMonde.fr Blogs, 7 avril 2011.

[6] « Suicide interdit par voie de contrat chez Foxconn », par Anouch Seydtaghia, Le Temps, 7 mai 2011.

[7] « Les suicidés de l’iPad », par Farhad Manjoo, Slate.fr, 3 juin 2010

[8] « France Télécom : un salarié se suicide en s’immolant par le feu », LeMonde.fr avec AFP, 26 avril 2011.

[9] On enregistre une dizaine de suicides de la société Foxconn sur un total de 800 000 salariés et les syndicats comptabilisent une cinquantaine de suicides sur les trois dernières années pour les sièges français de France Télécom, pour environ 80 000 travailleurs.

[10] « La légende du travail », par Jean-Marie Vincent, Arbeit Macht Nicht Frei, 15 août 2010.

[11] Jacques Lacan a introduit, dans le champ de la psychanalyse, le terme de jouissance en rapport avec son usage juridique, à savoir la jouissance d’un bien se distinguant de sa nue propriété Lacan apportera une redéfinition de cette pulsion de mort freudienne comme étant une pulsation de jouissance, et une pulsation de jouissance qui insiste au moyen et dans la chaîne signifiante inconsciente. Lacan replace donc toute l’affaire de la jouissance au cœur même du champ et de la fonction de la parole et du langage. Jacques Lacan, Le séminaire, Livre VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1986, p.235.

[12] « Inculture(s) ou le nouvel esprit du capitalisme. Petits contes politiques et autres récits non autorisés », par Frank Lepage, TVbruits.org, 8 août 2008.

Share

>Rendez-vous avec les psy causent.

      Vendredi 16 Septembre 2011                

Centre équestre à Magrin (81)19h 30           

« Les Cavaliers du Pays Cathare »    

« Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie c’est  l’homme même qui disparait ».  François Tosquelles

 

Quelle place notre société réserve-t-elle encore à la folie ?

La psychiatrie est-elle une discipline normative ou humaniste ?

 

De nos jours, le sujet souffrant est stigmatisé, considéré comme déviant dans une société  qui érige la norme, la rationalisation et l’exclusion comme unique modèle.

Voulons-nous vraiment d’une psychiatrie qui préviendrait seulement de la déviance, une psychiatrie  des  neurosciences, de l’enfermement, un monde sans fou ?

Fous de trop ou trop fous …

Alors que la parole se fait la malle, retrouvons-nous devant une toile et tissons la notre, celle du sens soignant et  de l’humain !

 

Ps : Pensez, s’il vous plait à amener à boire et à manger

 

Les Psy- Causent vous invitent à une projection du film documentaire :

 « Un monde sans fou ? »

En présence de son réalisateur Philippe BORREL suivi d’un débat avec 

 Thierry GINHOLAC, psychiatre au CH Lavaur

                         

Contact : 06 87 28 08 05  Mail : lespsycausent@gmail.com  Site : http://lespsy-causent.over-blog.fr/  Entrée libre

                        

Share

>Lettre du Responsable médical de l’HAD & Responsable du pôle ambulatoire PASIA

Auch, le 2 août 2011 Cher(e)s collègues, 

J’ai l’honneur de vous informer que l’équipe d’Hospitalisation à Domicile, que je dirige, n’interviendra pas au domicile des patients dans le cadre des « programmes de soins » instaurés par la loi du 5 juillet 2011.En effet, cette disposition de « traitement forcé » à domicile, que nul garde-fou judiciaire ne vient encadrer, s’oppose à la déontologie médicale comme aux droits des patients, et plus largement aux libertés fondamentales : vie privée, inviolabilité du corps humain, liberté d’aller et venir, sûreté… Etant au service de l’individu comme de la santé publique, dans le respect d’une relation de confiance soumise au secret médical, et indépendants de l’administration qui nous emploie, il ne nous est éthiquement pas possible de cautionner une politique sécuritaire qui ne peut que persécuter davantage les patients, et aggraver par conséquent leur risque de décompensation et de passage à l’acte.

Je vous joins la déclaration d’entrée en résistance du 1er août, et un article du Monde qui étayent cette position s’inscrivant dans un mouvement national.Conformément à son projet médical, l’équipe d’HAD continuera à suivre chez eux les patients qui le nécessitent, avec leur accord, mais indépendamment de tout « programme » imposé par des considérations autres que strictement sanitaires. 

Par ailleurs, je ne manquerai pas de vous faire parvenir rapidement un courrier d’information syndicale sur les modalités de la résistance au dévoiement sécuritaire insensé de notre pratique professionnelle, contre lequel je n’ai cessé d’agir et de vous mettre en garde ces dernières années, mais qui s’aggrave encore aujourd’hui. Vous constaterez ainsi avec moi que la lutte non-violente, lorsqu’elle est légitime et déterminée, est tôt ou tard couronnée de succès.    

En vous remerciant de votre collaboration, et en vous assurant de ma parfaite disponibilité dans la période difficile qui s’annonce, je vous prie d’agréer, cher(e)s collègues, l’expression de mes salutations amicales et confraternelles.           

 Olivier LABOURET Responsable médical de l’HAD & Responsable du pôle ambulatoire PASIA

Share

>Appliquer une loi antithérapeutique ?

 

La loi du 5 juillet 2011 réformant les soins psychiatriques entrera en vigueur le 1er août 2011. Dans les hôpitaux, son application va engendrer des pratiques toujours plus inquiétantes : mise en place de vidéo-audiences dans de nombreux départements, transports collectifs de patients en crise etc.

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire appelle à refuser de cautionner et de mettre en pratique de telles mesures anti-thérapeutiques qui seront délétères pour des soins psychiques de qualité.

Libertés à distance… plutôt caméras ou plutôt fourgon collectif ?

La loi introduit le juge des libertés et de la détention dans les deux premières semaines de l’hospitalisation sans consentement. Pour respecter cette obligation légale, deux possibilités sont envisagées pour cette audience : le transport des patients dans les Tribunal de Grande Instance (TGI) ou la mise en place de la vidéo-audience.

Devant la pénurie de juges et de greffes, de nombreux TGI ont fait savoir qu’il n’y aurait pas d’audience systématique dans les hôpitaux psychiatriques (les audiences « foraines »), reportant la gestion du manque de moyens sur les équipes psychiatriques déjà fort démunies pour assurer leur mission de base, soigner.

Comment les équipes pourront-elles faire face à cette nouvelle pénurie des personnels vacants des services qui impliquerait une aggravation de la dégradation des soins ?

Comment les patients insuffisamment stabilisés par douze jours d’hospitalisation réagiront-ils à un transport parfois de plusieurs dizaines de kilomètres ainsi qu’à l’attente au tribunal ? Faudra-t-il camisoler chimiquement et physiquement les patients pour les emmener devant le juge ?! 

Si les directions d’hôpitaux ont obligation d’assurer l’audience devant le juge, nous devons rappeler à nos administrations et aux juridictions que les soignants ne peuvent éthiquement cautionner des mesures allant à l’encontre de la clinique, des soins, de leur éthique et de leur indépendance professionnelle. 

et de s’organiser en conséquence (audiences foraines etc.). L’impératif premier pour tout soignant est, d’abord et avant tout, de ne pas nuire à la santé du patient.

Secret médical : un secret de polichinelle

Le juge des libertés et de la détention rendra sa décision lors d’audiences publiques. 

Alors que les certificats médicaux étayeront sa décision du juge, qu’adviendra-t-il du secret professionnel lors de telles audiences? Nous appelons les rédacteurs de certificats à mettre le strict minimum pour ne pas violer intégralement ce secret qui est l’un des garants de la relation thérapeutique.

Par ailleurs, les « soins » sans consentement en ambulatoire voient le jour. Alors que la contrainte se généralise et n’a pas de limite spatiale ou temporelle, le législateur a choisi de ne pas faire intervenir le juge pour garantir les libertés. Pourtant, les psychiatres devront rédiger un programme de soins qui, s’il n’est pas appliqué à la lettre par le patient, pourra conduire à sa ré-hospitalisation. Ce programme devra être visé et accepté par le préfet qui pourra le récuser ainsi que ses modifications ultérieures ; ce qui ouvre la porte à des imbroglios juridiques où les enjeux soignants sont mis sous tutelle sécuritaire !

Par principe, nous appelons autant que faire se peut, à ne pas prescrire de tels « soins » contraints et nous appelons les prescripteurs de ces programmes à rédiger leur certificat en sachant qu’il servira d’instrument de contrôle social. 

Une loi contre indiquée pour les soins

 

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire rappelle son combat depuis deux ans pour refuser cette loi de défiance qui, centrée sur la seule contrainte, dévoile ses incohérences, ses lourdeurs paralysantes et l’aggravation qu’elle va provoquer pour  les soignants, les patients et leurs familles.  

Nous appelons l’ensemble des professionnels à ne pas faire de zèle pour l’application de cette loi, à contrer le climat de défiance qu’elle instaure entre les patients et les équipes de soins et à mettre en place les conditions de sa marginalisation puis de son échec.

La campagne pour l’abrogation de cette loi ne fait que commencer !

Share

>Soyons au rendez-vous du métier

Intervention  place de la République le 25 Mai 2011.

 

Yves CLOT.

 

 

Drôle de société. La maladie mentale est bientôt un délit avec l’obligation de soin ambulatoire sans consentement, décidée par la justice se subordonnant la psychiatrie.

C’est sûrement l’indice d’un grave retournement social : alors que le racisme qui est encore un délit tend à devenir le signe d’une transgression tolérée et finalement « normale », la folie — cette transgression normale propre à l’humain — tend à devenir un délit. Ce qui est légalement condamnable est de moins en moins condamné et ce qui n’est pas condamnable, la folie, est de plus en plus condamné.

Ce faisant, pendant que la vie sociale devient monologique et atone, refoulant ce qui divise, déniant les conflits qui l’empoisonne et qui la fragilise, la chasse aux fragiles a commencé. Ils sont devenu le virus à dépister, la toxine à éliminer. Le déni des conflits politiques qui rongent une société cassante réveille les recettes hygiénistes de l’ancien Virchow : « La politique n’est jamais que de la médecine à grande échelle ». Mais voilà, à grande échelle, la médecine est vite le contraire de la médecine, un retraitement des déchets subjectifs du travail et du social, une police sanitaire, une nouvelle technologie de protection rapprochée fondée sur la compliance du « protégé ».

Mais, comme toujours, le danger — le vrai — n’est pas dans ce qu’on nous fait. Il est dans ce que nous n’arrivons pas à faire de ce qu’on nous fait. Il est dans le métier empoisonné par l’impuissance. Car l’impuissance est active. Elle tend à faire disparaître de la conscience professionnelle le contenu déplaisant, inopportun et intrusif contre lequel on ne réussit pas à se défendre. Le vrai danger est là, dans le risque du renoncement à faire son métier correctement au moment même où il le demande le plus.

Pensons à l’Estragon et au Vladimir de Beckett hésitant tous les deux devant Pozzo qui appelle au secours : «  Vladimir : Le mieux serait de profiter de ce qu’il appelle au secours pour le secourir en tablant sur sa reconnaissance. Faisons quelque chose pendant que l’occasion se présente ! Ce n’est pas tous es jours qu’on a besoin de nous. D’autres feraient aussi bien l’affaire sinon mieux. L’appel que nous venons d’entendre c’est plutôt à l’humanité toute entière qu’il s’adresse. Mais à cet endroit, en ce moment, l’humanité c’est nous, que ça nous plaise ou non. Profitons en avant qu’il soit trop tard. Nous sommes au rendez-vous . Un point c’est tout. Nous ne sommes pas des saints mais nous sommes au rendez-vous. Combien de gens pourraient en dire autant ». 

Ainsi parlait Vladimir. 

Oui, il y a bien une contrainte au soin à imposer. Mais pas où on le dit ! Il faut contraindre l’Etat à prendre soin de la folie. Et c’est le développement de vos métiers qui le permet. C’est ce développement qui protège les citoyens. Pas la police, sanitaire ou non.

Soyons au rendez-vous du métier. Un point c’est tout. On verra alors qu’on peut le défendre. A condition de s’y attaquer.

 

 

 

Share

>Invitation le 7 juillet à 19h : lancement de la revue Etats d'Arts sur le thème de la faille

 
Le GEM "Les Amis de l'Atelier du Non-Faire", en collaboration avec l'Association "Etat d'Art – Art et Psyché", vous invitent au lancement de la revue Etats d'Arts sur le thème de la faille.
 
Musique, danse et improvisation seront au rendez-vous!
 
Vous trouverez l'invitation officielle, ainsi que l'adresse en pièce jointe.
 
Amicalement,

GEM « Les Amis de l’Atelier du Non-Faire »
91 bis rue Truffaut, 75017 Paris (M° Brochant)

Share

>Les 39 en Avignon

 

Festival d’Avignon.

1/ Chapiteau du Théâtre Fou, Centre de Loisirs, La Barthelasse, Avignon.

Chapiteau( ~ 170 places), allée Antoine Pinay – Centre de Loisirs de la Barthelasse, 84000   Avignon

http://chapiteautheatrefou.over-blog.com/categorie-11970372.html   

Carte de 5 places pour 30 euros auprès du Chapiteau Théâtre Fou, pour venir à plusieurs, ou pour voir plusieurs spectacles… 

Places à tarif réduit en réservant rapidement sur le site de billetreduc: 

http://www.billetreduc.com/lieu/avignon/le-chapiteau-theatre-fou/    

 

Débats : entrée gratuite. 

Débats après spectacle de Marc Buléon :  entrée au spectacle. 

 

Spectacles : 

les 8, 9 et 10 Juillet à 20h

"L'Indien au-delà des miroirs" de Simone Molina et Jean-Yves Abécassis, mise en espace,  Pierre Helly – , Spectacle poétique et musical.

Avec des invités : le 8 : Dominique Sorrente ; Le 9, Caroline Sagot-Duvaurroux et le 10 : Tolten , et Jean Palomba, qui diront leurs poèmes et celui de Marc Gérard Rap : « Clairières »

Ballade poétique au pays d’un Indien …qui, comme celui du roman de Ken Kesey « Vol au dessus d’un nid de coucou », nous laisse entendre qu’ « il y a tant de choses qui sont vraies même si elles n’arrivent pas réellement ! ».  Alors les mots et la musique vibrante de la contrebasse accompagneront l’Indien au-delà des miroirs

http://www.billetreduc.com/53449/evt.htm   

www.inter-s-tisse.org  et  contact : ecrpf84@gmail.com    tel-répondeur et fax : 04 90 86 55 25

 

TLJ à 15h30 sauf le 28 Juillet

– "La Géométrie des silences" de Marc Buléon (histoire de 6 personnes autistes) – 

 

Les 20, 21 et 22 Juillet à 10h

– "Emouvance" et "Il était une voix", Ateliers de création de  l'Hôpital de Montfavet – 

 

les jours impairs à 14h

– "Les recluses" de Koffi Kwahulé –  

 

 

 

 

Lieu de Rencontres journalier: ( entrée gratuite) 

 Tous les jours 14h à 18h : Petite Maison Folle, animée par des étudiantes en psychologie clinique : Marie Peyrat, Sarah Fernandez et Aïssatou Ka, à partir du 12 juillet. 

Lieu de rencontres, de discussion, et de ressources (informations sur les lieux qui, dans le Service Public, travaillent dans un soin humanisant, livres, mini expositions, débats spontanés, films, ateliers d’écriture etc…) 

14h : un film par jour : (durant les trois semaines) 

1.Radio la colifata , de Chloé Ouvrard. 

2. On n'est pas des chiens ( le film de Agathe Lanté – FR3 sur le théâtre de l'Autre Scène) possible présence de Pierre Helly

3. Un monde sans fou ? ( Philippe Borrel) avec  Patrick Coupechoux ( sous réserve)  

4. Chacun son rôle ( sur Hôpital de Montfermeil , théâtre) de Dominique Coeur , le Dr Paul Machto sera là pour le débat du 11, et le 12 .

5. Jéjé ( filmé par Manon Broszteck)  20 ans de la prise en charge d'un enfant devenu adulte, avec l'inventivité déployée par ses parents et un groupe d'amis, puis de bénévoles touchés par le handicap. Film très juste et émouvant .. La mère de Jérémy, Annick Estival sera présente le 22 juillet. Elle est éducatrice de formation. 

6. " looking for mary barnes" ( Sonia Medina) , film sur les expériences du centre Artaud à Reims, de la Chesnay, et d'autres lieux encore. un petit bijou d'humanité, avec l’interview de patients..

7. Dans l'aventure du non, la parole — film réalisé en 1991 par Catherine Scheuchzer ( Le Chiffre de la parole/ Lausanne ) Eveline Sautaux pourra être présente avec des "accueillis" + autre film plus long ( on pourrait voir des extraits) les vagues et les plis de notre vie ( Bernard Romy) 2011. 

15h : Débats sur le film, et/ou atelier d’écriture. ( entrée gratuite) 

Possible intervention / animation par le Transfo d’Uzes, par l’association «  Autour de Jérémie », etc… (et d’autres lieux qui souhaiteraient parler de leur travail.)

(Il est possible que le 12, le 20, 22, ou le 28 juillet un débat ait lieu avec l’association Teddaï 84, afin de parler du travail auprès des parents et de leurs difficultés .) 

16h45 : Débats avec les spectateurs de «  La Géométrie des Silences » de Marc Buléon, et des professionnels (pédopsychiatrie et psychiatrie / adultes) : Anne Rivet, psychologue clinicienne les 18, 20, 22, Mme Castelli, infirmière, Docteur Hervé Rouveyrollis, etc…

 

Débats généraux avec un  public élargi : les lundi 11 et 18 juillet. 17h.

Entrée libre

le 11 : "Place de la Folie dans la Société (et inversement)", animé par S. Molina
René Pandelon : Montfavet
Paul Machto ( Hôpital de Montfermeil) collectif des 39
Eveline Sautaux ( Lausanne)
Hervé Bokobza ( St Martin de Vignogoul) Collectif des 39

Patrice Charbit, ( St Martin de Vignogoul) Collectif des 39
lecture d'un texte de Armelle, de Radio-Citron
Patricia Janody : Nouveaux Cahiers pour la Folie , collectif des 39 lira quelques textes brefs des cahiers. 


Share

>Communiqué: Refuser cette loi anti-thérapeutique, sécuritaire et dangereuse.

Communiqué du 25 juin 2011

Après la manifestation Place de la République

Refuser cette loi anti-thérapeutique, sécuritaire et dangereuse.

 

Samedi 25 juin 2011, près de 500 personnes se sont rassemblées Place de la République, pour manifester leur refus de la loi adoptée par le Parlement le mercredi 22 juin. Patients, familles, professionnels de la psychiatrie, psychanalystes, citoyens, ont répondu à l’appel du Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire. Jack Ralite, ancien Ministre de la Santé, Serge Portelli, magistrat, membre du Syndicat de la Magistrature, Yves Clot, professeur au C.N.A.M., Lysia Edelstein, membre du syndicat de la Protection Judiciaire de la Jeunesse FSU,  Olivier Grignon président du Cercle Freudien, sont venus témoigner de leur soutien et dire combien les mêmes politiques sont à l’œuvre dans la justice, l’éducatif, le social et le monde du travail. Ecrasement des métiers, enfermement, contrôle, surveillance, à l’opposé de l’accueil et d’une approche humaine des questions de société.

 Nous voilà à l’orée d’une ère nouvelle qui n’entend plus soigner mais contrôler à partir de nouveau systèmes de normes, de nouveaux dispositifs intriquant justice, exécutif, législatif, psychiatrie.

S’il est difficile de penser la résistance c’est précisément parce que ces différents plans sont confondus et qu’en miroir, notre confusion est facilitée.

Le Collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire propose quelques pistes qui, du grain de sable dans la machine, au caillou dans la chaussure permettront d’ouvrir des espaces pour continuer à accueillir, soigner et accompagner les patients et leurs proches, espaces qui par l’adoption de cette loi subissent un collapsus.

Rappelons la devise hippocratique : Primum non nocere, « Premièrement ne pas nuire », et orientons nous avec cette balise antique.

 

Principes généraux :

– Nous refusons le climat de menace que cette loi instaure.

– Aucune de nos décisions cliniques ne va de soi, loi ou pas loi.

– Nous ne ferons pas de zèle, nous n’anticiperons pas les consignes données par la loi, nous ferons acte de résistance passive, nous trainerons les pieds pour faire au maximum obstruction.

Nous ne ferons rien pour huiler les rouages de la machine d’ici au 1er août 2011.

– Nous ferons tout pour préserver des soins anonymes et gratuits, pour éviter aux patients d’entrer dans les rouages des injonctions de soins (refus de la mise en place et de l’application de « l’identito-vigilance » par exemple)

– Nous ne nous focaliserons pas sur la question de la contrainte en psychiatrie qui, rappelons le, n’est qu’une minorité des soins prodigués.

Pour ne pas nuire :

– Conserver, coute que coute, le secret professionnel et communiquer le moins possible aux administrations avec lesquelles nous avons affaire, les éléments qui pourraient être préjudiciables pour les patients.

Nous nous engagerons à rendre la contrainte inutile dans nos pratiques quotidienne, par un engagement clinique, au cas par cas, dans des soins relationnels

–  Créer localement, avec les différents acteurs du secteur, des espaces pour de confiance avec les partenaires.

–   Nous ferons tout pour marginaliser cette loi en créant toujours plus de lien avec les acteurs de terrain, les patients et les familles.

 

Pour les psychiatres :

Ne pas nous laisser dicter notre pratique clinique par une loi anti-thérapeutique :

– Mettre le moins d’éléments « à charge » dans les dossiers médicaux et dans les certificats des patients pour ne pas lever le secret médical.

– Refuser de rendre des « avis » sur dossier sans avoir vu le patient.

– Refuser de jouer aux diseurs de bonne aventure en refusant de rendre des avis censés prédire la dangerosité ou le risque de passage à l’acte à venir.

– Refuser les vidéos – audiences avec les Juges des Libertés de manière systématique pour tous les patients en faisant des certificats médicaux de contre-indication.

– Refuser les accompagnements de patients au tribunal qui ne sont pas en état clinique de s’y rendre (le juge doit se déplacer, ce n’est pas notre problème, nous sommes des soignants, non pas des juristes, ni des auxiliaires !). Pour des personnes en état de grande souffrance psychique, de bouleversement moral, de désorganisation mentale, au quinzième jour d’une hospitalisation imposée, sans leur consentement, se retrouver dans un Tribunal ne peut qu’aggraver les troubles psychiques, amplifier l’angoisse, provoquer encore plus de troubles mentaux.

– Lever les mesures de contrainte aussi rapidement que possible pour proposer des permissions en soins libres de plus de douze heures.

– Refuser la prescription des programmes de soin ou à minima de pas intégrer des éléments précis (comme prescription contrainte de psychothérapie, d’activité thérapeutique)…

– Au cas où les préfets refusent la sortie d’un patient : indiquer dans les certificats que l’autorité administrative prend l’entière responsabilité de la dégradation de l’état psychique du patient quand celui-ci ne nécessite plus cliniquement de mesure de contrainte.

Pour les infirmiers :

– Refuser les formations de « gestion de la violence » qui relèvent de l’idéologie anti-thérapeutique actuelle (cf. rapport de l’IGAS)

– Prendre son temps avec les patients qui le nécessitent, qui ont besoin d’écoute, d’attention de disponibilité.

– Privilégier la parole avec les patients plutôt que perdre son temps à comptabiliser les actes dans les ordinateurs.

– Fonder des petits collectifs de base dans les services et dans les hôpitaux pour se soutenir, débattre, penser et lutter contre les pratiques de plus en plus déshumanisantes : camisole de force, contentions, cellules d’isolement, protocoles abscons etc.

– Refuser d’organiser des « distractions » comme l’a proposé le Rapport de l’I.G.A.S du 31 mai 2011. Mais lutter pour instaurer et continuer les activités thérapeutiques, les ateliers de création. Nous sommes des soignants, pas des animateurs télés, ni des gentils organisateurs de clubs de vacances.

 

Pour les psychologues :

– Refuser des psychothérapies contraintes par des programmes de soin.

– Refuser d’être sous la responsabilité pleine et entière du pouvoir médical : conserver son indépendance de statut.

 – Refuser d’être des experts exclusifs en thérapie brève comme le propose le décret sur les psychothérapies.

Soutenir dans les services le travail clinique de mise en lien et de mise en sens en tant que fondement des soins psychiques.

 

Pour tous les soignants :

– S’engager à ne pas signaler et à ne pas ficher avant d'avoir mis en place tout autre moyen respectueux de la dignité humaine. Le manque de moyen ou de personnels ne doit jamais conduire à la déshumanisation des relations soignantes ni au désengagement. Dans les cas extrêmes, rappeler dans un signalement "le manque de moyen et de personnel pour apporter les soins nécessaires à ce patient met en cause gravement l'ordre public"

– Lever les protocoles de soin rapidement.

– Ne pas prescrire de soins sans consentement en ambulatoire, autant que faire se peut.

– Refuser la priorité des « soins » contraints dans les Centres de consultations par rapport aux personnes déjà en soins ou venant demander à entrer dans une démarche thérapeutique, venant se soigner librement. Nous n’abandonnerons pas la continuité des soins déjà entrepris.

 Refuser la priorité des « soins » contraints dans les Centres de consultations par rapport aux personnes déjà en soins ou venant demander à entrer dans une démarche thérapeutique, venant se soigner librement. Nous ne nous ferons pas imposer l’abandon de la continuité des soins déjà entrepris. 

– Faire des visites à domicile autant que les moyens le permettent pour éviter aux patients et à leur famille d’avoir à faire aux « brigades de chocs ».

– Répondre aussi rapidement que possible aux situations qui risquent d’aboutir à des « soins » sans consentement  en ambulatoire.

Au niveau général, nous solliciterons :

– Le conseil de l’Ordre pour la levée du secret médical, lors des audiences judiciaires et dans les casiers psychiatriques qui se créent.

– La Commission Européenne des Droits de l’Homme pour la mise à mal de l’inviolabilité du domicile et la mise à mal de la liberté de circulation.

– Le Conseil constitutionnel en soutenant les questions prioritaires de constitutionalité et les recours possibles présentés par les patients ou leurs familles. 

Le Collectif des 39 s’engage à soutenir les professionnels et les équipes qui seraient mis en difficulté, ou menacés, pour vouloir mettre l’éthique des soins en priorité avant la pratique de cette loi indigne.

A l’automne, le Collectif des 39 organisera un nouvel événement politique et culturel pour l’accueil et l’hospitalité pour la folie et pour faire le point sur les difficultés rencontrées à partir du premier août et sur les modalités de résistance mises en œuvre.


 

Share

>Remarques sur le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge

Préalable:

En psychiatrie, il arrive que l’on se trouve dans la situation difficile de penser qu’une personne nécessite des soins dans les lieux de l’hôpital alors même qu’elle le refuse, que ce refus d’aller à l’hôpital la met en danger, met en danger aussi, parfois, les personnes qui l’entourent.

Dans ces cas, il peut paraître nécessaire d’assurer la présence physique de cette personne à l’hôpital contre son gré. La loi actuelle (loi de 1990) le permet au moyen des hospitalisations sur demande de tiers (HDT) et les hospitalisations d’office (HO), qui constituent, donc, de réelles privations de liberté : privation de la liberté d’aller ou venir de cette personne ou bon lui semble. La loi n’a pas à se prononcer les types de soins dispensés, ce n’est pas son affaire, mais il peut sembler nécessaire qu’elle fixe les conditions juridiques autorisant à déplacer (voire à enfermer) quelqu’un dans un lieu (l’hôpital) contre sa volonté. Les conditions son strictes : il faut que cette personne « nécessite des soins immédiats assortis d’une surveillance constante en milieu hospitalier », dans le cadre de l’HDT, que « l’état de cette personne compromette la sûreté des personnes ou porte atteinte, de façon grave, à l’ordre public », dans le cadre de l’hospitalisation d’office.

Dans le projet de loi devant remplacer la loi de 1990, le terme « hospitalisation » est remplacé par le mot « soin ».L’enjeu est annoncé : il ne s’agit plus d’une loi qui garantit les conditions précises de la présence physique d’une personne à l’hôpital contre sa volonté mais désormais d’une loi qui prétend traiter du « soin ».

Introduction :

La lecture de l’étude d’impact[1] datée de mai 2011 et consacrée au projet de loi qui nous occupe révèle un postulat idéologique d’entrée de jeu, lequel justifie l’entièreté du projet :

« Les pathologies mentales graves s’inscrivent souvent dans une certaine durée, avec des périodes de crises et de rémissions. Mais les avancées scientifiques tant dans le domaine des neurosciences, de la biologie que des thérapeutiques médicamenteuses ont modifié ces vingt dernières années les pratiques cliniques, confortées en cela par les résultats d’une recherche clinique en plein essor.

Le pronostic des pathologies mentales en a été transformé, ce qui a modifié le recours aux soins en psychiatrie et son organisation. »

Etude d’impact, Mai 2011, page 6. 

On ne sait sur quels fondements repose cette assertion. Elle ne fait nullement consensus dans la profession puisqu’aucune nouvelle classe médicamenteuse n’a été découverte depuis le premier neuroleptique (Chlorpromazine, 1951) et que les recherches en neurosciences n’ont donné aucun résultat probant.

Aussi, comme l’écrit François Gonon, neurobiologiste à Bordeaux[2] :

« Dans le domaine de la neurobiologie, les informations qui intéressent le grand public concernent en premier lieu la santé mentale. Les déformations du discours renforcent le point de vue selon lequel les neurosciences sont à même de rendre compte de toutes les affections neurologiques et psychiatriques. Or, force est de constater que le traitement des causes des principales maladies neurodégénératives (Alzheimer et Parkinson) n’a pas fait de progrès majeur depuis cinquante ans.

L’apport effectif des neurosciences à la psychiatrie est également mince : aucun marqueur biologique d’un trouble psychiatrique n’a encore été validé et les neurosciences n’ont pour l’instant pas permis de découvrir de nouvelles classes de médicaments »


[1] Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge, étude d’impact Mai 2011

[2] Gonon, F. et Konsman, J.-P. (2011) Pour une éthique de la communication en neurosciences, La lettre des neurosciences, bulletin de la Société des Neurosciences, Printemps-été 2011, n°40


Le document complet à télécharger : Remarques actualisées sur le projet de loi

Share

>Appel à manifester le 25 juin 2011

 

Appel du Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire 

APPEL A MANIFESTER LE 25 JUIN à 14H 

PLACE DE LA REPUBLIQUE – PARIS

 

Depuis plusieurs mois, la majorité des professionnels et les citoyens ont dénoncé le vote du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et, aux modalités de leur prise en charge ».

 

Malgré nos propositions, cette loi désorganisera gravement la majorité des services de psychiatrie publique dès le 1er août 2011, fera pression sur des administrations prises de court (ARS, préfectures, justice) et n’améliorera pas la possibilité des recours garantissant les libertés.

 

Ethiquement, nous ne pouvons accepter cet ensemble de mesures qui n’a plus vocation à soigner mais à créer l’illusion que les psychiatres, les juges, les directeurs d’hôpitaux et les préfets pourraient garantir l’ordre social au moyen de recettes gestionnaires et sécuritaires qui n’ont jamais fait leurs preuves.

 

Afin de maintenir une possibilité de soin relationnel nécessaire à toute personne en grande souffrance psychique, qu’elle puisse ou non consentir aux soins, nous appelons tous les soignants en psychiatrie, les patients, les familles et tous les citoyens à refuser solennellement cette loi et à résister à cette indignité.

 

Nous nous engageons à rechercher les modalités précises et pratiques pour soutenir une hospitalité à la folie, garantir la dignité des patients,  et maintenir vivant notre métier, nous appuyer sur notre éthique de soignant et refuser toutes les entraves à la rencontre, à la relation thérapeutique, et à la continuité des soins. 

 

Nous refusons la « liberté » sous contrôle qui va s’exercer par webcam interposées lors des « vidéo-audiences », et  risque de perturber les patients les plus fragiles en aggravant leurs difficultés psychiques.

 

Nous affirmons que nous poursuivrons des soins en rapport avec notre éthique en refusant de dénoncer les patients aux autorités de tutelles, pour ne pas trahir les liens de confiance souvent difficiles à instaurer avec ceux qui vivent une catastrophe psychique.

 

Nous nous opposerons à tout ce qui peut conduire à la levée du secret professionnel et de l’indépendance professionnelle.

 

Nous refuserons donc à chaque fois que nous le pourrons le recours aux soins obligatoires en ambulatoire qui sont au cœur de cette loi, et nous ferons tout pour lever ces mesures.

 

Nous refuserons l’application des « programmes de soins » imposés à tous les professionnels.

 

Nous n’abandonnerons pas la continuité des soins pour les patients suivis régulièrement au nom d’une priorité qui nous serait imposée pour les patients mis en « soins » sans consentement en ambulatoire ou hospitalisés.

 

Nous refuserons de rendre des avis médicaux sur simple lecture du dossier du patient, comme le prévoit la loi.

 

Enfin nous appelons les artistes, intellectuels et tous les citoyens qui sont révoltés par le lien social ségrégatif qui nous est proposé à rejoindre notre combat pour refuser cette nouvelle discrimination de la Folie.

 

Nous vous appelons tous à manifester votre refus de cette loi indigne, avant l’été et la mise en route au 1er août des nouveaux dispositifs de cette loi.

 

 

Le 25 JUIN à 14 H Place de la République

 

 

 
Share

>Appel du 18 juin de Saint Alban

Ce 18 juin 2011 de Saint Alban, qui fut ce haut-lieu de la Résistance et de la création du mouvement d’analyse institutionnelle dans les années 40, les 550 participants aux Rencontres Annuelles de Psychothérapie Institutionnelle dans l’hôpital François Tosquelles déclarent solennellement leur refus et manifestent aujourd’hui leur soutien à l’Appel du Luxembourg, lancé le 15 juin 2011 par le collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire : Cette loi adoptée, nous la refuserons et demandons son abrogation ! 

Depuis plusieurs mois, la majorité des professionnels et les citoyens ayant à cœur une hospitalité pour la folie à rebours des préjugés sécuritaires actuels, ont dénoncé la déraison d'Etat qui s’est exprimée par le vote du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et, aux modalités de leur prise en charge ».

Malgré nos propositions, il n'y a pas eu de sursaut républicain des élus de la majorité gouvernementale et pourtant, une fois votée, cette loi va rendre beaucoup plus compliqués l’accès aux soins et la continuité des soins pour les patients et leurs familles. Elle désorganisera la majorité des services de psychiatrie publique dès le 1er août 2011, fera pression sur des administrations prises de court (ARS, préfectures, justice) et elle n’améliorera pas la possibilité des recours garantissant les libertés.

Cette loi bientôt adoptée, il ne reste plus que le sursaut des professionnels et des citoyens afin d’empêcher une catastrophe sanitaire sans précédent pour la psychiatrie. Ethiquement, nous ne pouvons accepter cet ensemble de mesures qui n’a plus vocation à soigner mais à créer l’illusion que les psychiatres, les juges, les directeurs d’hôpitaux et les préfets pourraient garantir l’ordre social aux moyens de recettes gestionnaires et sécuritaires qui n’ont jamais fait leurs preuves. Il est plus que jamais nécessaire, dans le champ de la psychiatrie, de se recentrer sur la mission soignante en élaborant, avec les patients et leur famille, des pratiques de soins au cas par cas et au long cours, quand elles le nécessitent.

Nous ne saurions rester impuissants face à ce texte idéologique, discriminatoire et promouvant la délation tout en détruisant la relation de confiance « soignants – soignés ». Ce texte dangereux consacre la rupture du secret professionnel, la fin de l’indépendance professionnelle qui sera désormais soumise à « un programme de soins » dicté par le Conseil d’Etat. Par nécessité éthique afin de maintenir une possibilité de soin relationnel nécessaire à toute personne en grande souffrance psychique, qu’elle puisse ou non consentir aux soins, nous appelons tous les soignants en psychiatrie, les patients, les familles et tous les citoyens à refuser solennellement cette loi et à résister à cette indignité. Ici à partir de Saint Alban, nous nous engageons à rechercher les modalités précises et pratiques pour soutenir une hospitalité à la folie, garantir la dignité des patients, et maintenir vivant notre métier, nous appuyer sur notre éthique de soignant et refuser toutes les entraves à la rencontre, à la relation thérapeutique, et à la continuité des soins.

Par exemple :

Nous nous opposerons à tout ce qui peut conduire à la levée du secret médical et l’indépendance professionnelle.

Nous refuserons l’application des « programmes de soins » imposés à tous les professionnels.

Nous refuserons de faire les certificats de maintien en hospitalisation sur le simple examen du dossier du patient, comme le prévoit la loi.

Nous refuserons les « vidéo-audiences » pour les patients dont l’état ne permet pas de se rendre au tribunal pour rencontrer un juge des libertés.

Nous n’abandonnerons pas la continuité des soins pour les patients suivis régulièrement au nom d’une priorité qui nous serait imposée pour les patients mis en « soins » sans consentement en ambulatoire ou hospitalisés. Etc…

Share

>Les 39 à Jazz in Marciac : « Folie et psychiatrie, quel tempo ? Les z’arts et l’écoute ».

Les 39 au Festival de J.I.M.

 

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire propose 

trois jours de films et débats autour de 

« Folie et psychiatrie, quel tempo ? Les z’arts et l’écoute ». 

 

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire s'est constitué en décembre 2008  en réaction au discours sécuritaire et violent du président de la République. Le Collectif des 39 qui réunit des professionnels de la psychiatrie, infirmiers, psychologues, travailleurs sociaux, psychanalystes, psychiatres mais aussi depuis, des patients et des ex-patients, des familles, des citoyens, s’est donné pour objet  de susciter la réflexion, la mise en question des pratiques, l’élaboration de propositions et inventer une véritable  « hospitalité à la folie » face à la déshumanisation d’une politique appliquée au secteur de la psychiatrie, centrée sur le tout sécuritaire et l’évaluation.

 

  • Samedi 6 août : Film et Débat sur Charlie Parker 

avec Patrice Charbit

 

                               Bird ou la grammaire altérée de la révolte.

 

Sa mère voulait qu’il soit un grand docteur, une sommité de l’OMS.

Elle lui avait confectionné un étui à saxophone qui faisait de lui la risée de Kansas City.

Elle se saignait aux 4 veines pour que son petit génie ne manque de rien et qu’il soit sapé comme un prince. Elle le soutenait dans tout ce qu’il entreprenait sans rien vouloir savoir des limites et des dangers que pouvait rencontrer un jeune noir qui passait ses nuits dehors à écouter des géants du jazz.

 

Sa mère l’avait destiné à être un génie dès avant sa naissance et elle imputait les échecs de son fiston à ses profs qu’elle dénonçait pitoyables. Pourtant, il a bien fallu qu’il fasse ses gammes. Même Mozart était passé par là. Ce ne fut pas sans difficultés.

 

Ce génie, il l’est devenu. Notre Bird a révolutionné la musique. 

Sa technique fut foudroyante, mais son oreille, qui avait su tout enregistrer, était noire.

 

Il en a fini avec les « oncles Tom », a édifié la nouvelle figure de l’intellectuel en cette moitié du XX° siècle, a revendiqué qu’un noir puisse composer de la musique savante et la propulse au statut de la musique classique.

 

Mais « l’héroïne se répandait à la vitesse du préjugé racial dans la tête d’un blanc » et la ségrégation se redoublait d’une sentence psychiatrique dont elle était pourtant la conséquence. 

 

Alors, Bird, était-il un schizophrène dangereux ? Sa révolte, ses compositions étaient-elles mortifères ?

Patrice Charbit


  • Dimanche 7 août : Projection-débat de « Un monde sans fous ? » 

La psychiatrie, quelles pratiques après la loi de 2011 ? 

La santé mentale, vers une police sanitaire ?  

 

Film et débat : Animé par Sophie Dufau avec Philippe Borrel, Patrick Coupechoux, Hervé Bokobza et Paul Machto.

 

 

Le film de Philippe Borrel pose un regard particulièrement pertinent sur les questions qui se posent aujourd’hui dans la société à propos de l’accueil de la folie, des maladies mentales, et par extension de la souffrance psychique, questions sur la place de la psychiatrie, et ce que l‘on appelle la « santé mentale ».

 

Depuis de nombreuses années, nous assistons à une augmentation croissante des patients

laissés pour compte dans la rue, mais aussi en prison. Parallèlement à cette situation l’accueil et l’accès aux soins sont de plus en plus difficiles. La continuité des soins qui était pourtant au centre de la politique dite de secteur psychiatrique est mise à mal.

 

Quelle est la conception de la maladie mentale, de la folie dans notre société ?

L'après-midi démarre avec le documentaire de Philippe Borrel « Un monde sans fous ? » produit par Cinétévé en coproduction avec le Forum des images.

 

Cette séquence sera suive d’un débat en présence du réalisateur (sous réserve) avec des membres du collectif des 39 Hervé Bokobza et Paul Machto et les journalistes Patrick Coupechoux et Sophie Dufau autour des questions : Qu’est-ce qu’un soin psychique ? Peut-on traiter la maladie mentale comme toute autre pathologie ? Pourquoi tant de grands malades échappent au soin, au point où on les retrouve massivement dans la rue ou en prison ? 

 

Le documentaire s’ouvre sur une tombe, celle d’un homme de 42 ans mort dans la rue, faute d’avoir trouvé un lieu où vivre sa schizophrénie. Une entrée violente pour parler de la folie et des failles de la prise en charge. Comment en est-on arrivé là ? Quelles politiques médicale, sociale, judiciaire et économique sont à l’oeuvre dans cette exclusion ? La psychiatrie est-elle une discipline normative ou humaniste ? À l’heure du tout sécuritaire et du tout mesurable, c’est à ces questions que répondent les témoignages et les entretiens de ce documentaire.

 

Projection du film de Philippe Borrel (67 min.)

 

Dans le débat qui suivra le film, nous aborderons l’actualité politique car un projet de loi en discussion au Parlement en mai-juin 2011 vient bouleverser sur un mode sécuritaire les pratiques de soins en psychiatrie.

 

 

  • Lundi 8 août : Débat public : « Folie et psychiatrie, quel tempo ? Les z’arts et l’écoute »

 

Etre soignant en psychiatrie pourrait –il s'envisager comme une partition ?  

Écriture polyphonique avec et autour de celui que l'on accueille afin qu'il trouve sa place dans le monde, avec ses silences, ses croches et anicroches, ses altérations suffocantes, ses intervalles à respecter pour ne pas l’effrayer, sans oublier la présence d’une tierce, qui, bien située sur l’échelle diatonique, pourrait  permettre quelques points d’orgue… pour cela il faut les voix plurielles de l’équipe, et la polyphonie des instruments  – palette du peintre, tambourin pour chanter ou virgule du stylo en atelier d’écriture…

Pour parler avec vous de ce cycle des notes allant du grave à l’aigu et du processus de création en atelier, trois voix d'ateliers artistiques : Marie Cathelineau( psychologue clinicienne, psychanalyste, Antony), Simone Molina ( psychanalyste, Montfavet) et Sylvie Prieur (psychologue clinicienne, Uzés). 

Le débat sera animé par Eric Favereau journaliste à Libération.

 

Inscriptions pour les soirées : 

apéritif gascon, diner et concert : 50 € par soirée

Seulement apéritif et diner : 22 €.

 

Fiche d’inscription (A renvoyer avant le 25 juin) :Fiche inscriptionCollectif des 39-soirees des06-07-08aout-2011

Share

>Journée de REFUS

Communiqué de presse 

 

Psychiatrie :

Mercredi 15 juin 2011 – JOURNÉE de REFUS –

du Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes

faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge.

 

DÉCLARATION

 

 

Nous, collectifs et organisations signataires, réaffirmons notre refus du « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge »

 

 

Déjà inacceptable dans sa version initiale, les amendements successifs ont fini de dévoiler ses intentions premières : imposer la contrainte et le contrôle comme fondement du soin en psychiatrie. Ce n’est pas une loi sanitaire, mais une loi sécuritaire. Elle étend la contrainte à toute forme de soin en psychiatrie, de l’hôpital jusqu’au domicile. Elle prévoit en outre un « accueil » de 72 heures, véritable garde à vue psychiatrique sans droits de recours. La position soignante y est dégradée en « expertise de dangerosité », le soin relationnel est évacué. Elle est une grave atteinte aux libertés. Elle dénature la décision du Conseil Constitutionnel du 26 novembre 2010 imposant l’intervention du juge des libertés, en instituant un contrôle judiciaire au rabais. Elle met en place un authentique casier psychiatrique à vie.

 

Cette loi aggravera l’état déjà misérable de l’accès aux soins en psychiatrie et de son dispositif mis à mal par les politiques qui lui sont appliquées depuis vingt ans. L’état des lieux du soin en psychiatrie est catastrophique, dénoncé de longue date, et à juste titre, par les associations de patients, de familles, et les organisations de professionnels. Cet état de fait est aujourd’hui repris par la publication de diverses inspections dans un rapport de l’IGAS. Ce rapport reprend des faits sans revenir sur les causes historiques de délitement des formations et des budgets, sans intégrer les conséquences de la mise en place de la loi HPST. Nous le combattrons dans ses conclusions et préconisations car certaines sont absurdes, instrumentalisées par le gouvernement à des fins purement sécuritaires et insultantes pour le travail des professionnels qui au quotidien luttent pour préserver la qualité de soin malgré les circonstances.

 

Cette orientation sécuritaire s’inscrit dans un processus plus global de stigmatisation de populations désignées comme dangereuses. Loi après loi, le fou, le jeune, l’étranger, ou le chômeur…, parmi les populations les plus vulnérables, deviennent ainsi des boucs émissaires pour incarner la peur afin de masquer le démantèlement à l’œuvre des services publics et des solidarités. Ainsi, dans le soin en psychiatrie, l’équilibre est rompu entre les nécessités de soins et les libertés individuelles.

 

Nous pensons qu’il est de la responsabilité de tous les citoyens et de toutes les organisations attachées au respect des droits de l’Homme d’exiger le retrait pur et simple de ce projet de loi. C’est la liberté de chacune et chacun d’entre nous qui est menacée

 

Nous réclamons un plan de financement d’urgence pour le soin en psychiatrie, relançant les politiques de formation et donnant aux équipes les moyens d’accueillir, de soigner et d’accompagner la souffrance psychique.

Nous demandons l’organisation d’un débat national, incluant usagers, famille, organisations de professionnels et élus afin de poser les bases d’une loi sanitaire, humaniste, pour la psychiatrie publique de secteur soucieuse du respect des droits des citoyens.

 

Dès l’automne nous nous proposons d’ouvrir des espaces de débat pour organiser la résistance aux politiques de la peur.

 

 

 

 

Mercredi 15 juin 2011

alors que le sénat débattra en seconde lecture de ce projet de loi

 

 

Délégation auprès du Sénat à 10 heures

 

Les organisations signataires invitent journeaux, radios, télévisions, médias à une conférence de presse au Sénat à 14h30.

 

A un forum citoyen devant le Sénat, square Francis Poulenc, de 16 heures à 18 heures.

 

* Devant les préfectures de départements.

 

Organisations signataires :

Collectif des 39 La Nuit sécuritaire, Collectif Mais c’est un Homme

Advocacy France, Alternatifs, ATTAC, Centre de réflexion et de proposition d’actions (CRPA), Collectif Non à la Politique de la Peur, Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Fédération Santé Sociaux CFDT, Fédération CGT Santé et Action sociale, Fédération nationale des Croix Marine, FASE, Fondation Copernic, Groupe Information Asiles (GIA), Groupe Multiprofessionnel des Prisons, IDEPP, Ligue des droits de l’homme, Nouveau Parti Anticapitaliste, PCF, PG, PS, SERPSY, Sud santé sociaux, Syndicat de la Magistrature, SNPES/PJJ/FSU. SPEP, SPH, USP.

 

 

 

 

 

Share

>Journée de mobilisation unitaire Mercredi 15 juin 2011 à 16h30

 

Appel du Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire


Si cette loi est adoptée, nous la refuserons.

Journée de mobilisation unitaire

Mercredi 15 juin 2011: 2ème lecture de la Loi 

À l’issue de la conférence de presse au sein du Sénat 

Rassemblement devant l’entrée principale à 16h30

Depuis plusieurs mois, la majorité des professionnels et les citoyens ayant à cœur une hospitalité pour la folie à rebours des préjugés sécuritaires actuels, ont dénoncé la déraison d'Etat qui s’est exprimée par le vote du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et, aux modalités de leur prise en charge ».

Malgré nos propositions, il n'y a pas eu de sursaut républicain des élus de la majorité gouvernementale et pourtant, une fois votée, cette loi va rendre beaucoup plus compliqués l’accès aux soins et la continuité des soins pour les patients et leurs familles. Elle désorganisera la majorité des services de psychiatrie publique dès le 1er août 2011, fera pression sur des administrations prises de court (ARS, préfectures, justice) et paradoxalement, elle n’améliorera pas la possibilité des recours garantissant les libertés.

Cette loi adoptée, il ne restera plus que le sursaut des professionnels et des citoyens afin d’empêcher une catastrophe sanitaire sans précédent pour la psychiatrie.

Ethiquement, nous ne pouvons accepter cet ensemble de mesures qui n’a plus vocation à soigner mais à créer l’illusion que les psychiatres, les juges, les directeurs d’hôpitaux et les préfets pourraient garantir l’ordre social aux moyens de recettes gestionnaires et sécuritaires qui n’ont jamais fait leurs preuves.

Il est plus que jamais nécessaire, dans le champ de la psychiatrie, de se recentrer sur la mission soignante en élaborant, avec les patients et leur famille, des pratiques de soins au cas par cas et au long cours, quand elles le nécessitent. Nous ne saurions rester impuissants face à ce texte idéologique, discriminatoire et promouvant la délation tout en détruisant la relation de confiance « soignants – soignés ».

Ce texte dangereux consacre la rupture du secret professionnel, la fin de l’indépendance professionnelle qui sera désormais soumise à « un programme de soins » dicté par le Conseil d’Etat.

Par nécessité éthique afin de maintenir une possibilité de soin relationnel nécessaire à toute personne en grande souffrance psychique, qu’elle puisse ou non consentir aux soins, nous appelons le mercredi 15 juin tous les soignants en psychiatrie, les patients, les familles et tous les citoyens à refuser solennellement cette loi.

D’ores et déjà, il nous paraît essentiel d’appeler à un grand rassemblement unitaire à Paris, avant l’été, pour entériner notre refus et organiser la résistance qui concourra à l’abrogation. 

Collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire

Share

>Montfavet, les directeurs des 5 unités pour malades difficiles de France ont exprimé leurs inquiétudes (La Provence.com)

 

 

René Pandelon (ici à l'unité de Montfvet) : "On risque de créer des malades à vie. Sous prétexte de favoriser l'accès aux soins, on met en réalité en place un système de contrôle des populations".

Photo Ange Esposito

Faut-il se réjouir de la création prochaine de cinq nouvelles unités pour malades difficiles (UMD) en France ? En apparence oui, puisque la capacité d'accueil en milieu sécurisé des patients souffrant de troubles psychiatriques et potentiellement dangereux pour autrui s'en trouvera considérablement élargie.

Mais le corps hospitalier y voit également la conséquence d'une approche sécuritaire de la psychiatrie et en redoute les effets pervers. Et la question a fait plus que traverser le congrès inter-UMD annuel, qui vient de se tenir au centre hospitalier de Montfavet, à Avignon.

"Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle dans le sens où cela traduit le retour à une conception de la psychiatrie très hospitalo-centrée",estime le Dr René Pandelon, chef du pôle de soins intensifs sécurisés et en milieu pénitentiaire (PSISMP) et responsable de l'UMD de Montfavet.

A partir des années soixante, une politique de prévention et de soins au plus près des populations avait été mise en place, avec des petites unités sur tout le territoire. Ce qui permettait d'éviter l'hospitalisation dans de nombreux cas, les patients restant le plus souvent dans leurs familles tout en étant soignés en ambulatoire.

"Or, depuis quelques années, par manque de moyens, on reconcentre et on hospitalise beaucoup plus, poursuit René Pandelon. Il est évident que nous avons besoin d'accueillir dans des conditions particulières les patients très dangereux qui ont commis des actes médico-légaux mais la majorité de ceux qui sont accueillis en UMD aujourd'hui sont des patients ayant commis de simples agressions ou proféré des menaces à répétition contre le personnel psychiatrique. Et s'ils sont là, c'est surtout parce que les unités normales n'ont pas les moyens de les prendre en charge. En ce sens, la multiplication des UMD, où les patients sont soignés par des équipes qui ne les connaissent pas, est le signe d'une dégradation du système".

Le projet de loi sur la psychiatrie, toujours en discussion, inquiète également René Pandelon. En particulier la possibilité de contraindre tous les malades à se soigner, même ceux qui ne sont pas hospitalisés, sur le double avis d'un médecin et du juge des libertés.

"Outre qu'on néglige le consentement, qui est la condition nécessaire du soin, on sait bien qu'il sera extrêmement difficile de lever cette obligation puisque la décision sera judiciaro-administrative,souligne-t-il. Quel préfet va prendre ce risque alors que la prise de médicaments ne coûte pas grand chose ? Aucun… On risque de créer des malades à vie et sous prétexte de favoriser l'accès aux soins, on met en réalité en place un système de contrôle des populations. Tout ça à cause de quelques faits divers, concernant des personnes dont je reconnais qu'il faut les enfermer pour les soigner, mais en exploitant ces cas dans une perspective sécuritaire".

—————————————————–

Montfavet réputé pour ses ateliers artistiques

A Montfavet, les directeurs des cinq unités pour malades difficiles de France ont également partagé leurs expériences, chacun explorant au-delà des protocoles habituels communs des voies de soin spécifiques. René Pandelon, à Avignon, met tout particulièrement l'accent sur la pratique artistique, à travers des ateliers de peinture, de poterie, d'écriture ou même de théâtre avec des créations présentées dans le festival Off.

"Tous les UMD font des ateliers mais ici, nous les pratiquons de manière plus intensive, explique René Pandelon. C'est l'une des meilleures manières de traiter la psychose car elle permet au patient de suppléer à ce qu'il ne peut être. En atelier, il n'est pas que délirant ou fou, il devient acteur, peintre, etc.".

Joël RUMELLO (jrumello@laprovence-presse.fr)

Article publié sur http://www.laprovence.com

Share

>Les Journées d’été de l’Université Critique de Psychiatrie à Miélan (Gers – le 3, 4, 5 août 2011)

Les Journées d’été de l’Université Critique de Psychiatrie à Miélan (Gersmercredi 3 août jeudi 4 août vendredi 5 août 2011 Salle Polyvalente de Miélan Place du 8 mai – 32710 Miélan


En parallèle de la présence des 39 (collectif Contre la Nuit Sécuritaire) au festival « Jazz In Marciac », à proximité de l’hôpital psychiatrique d’Auch, l’Université Critique de Psychiatrie a accueilli la proposition de cette commune de tenir ces trois jours de formation.


Télécharger la plaquette : UCP-2011

Share

>L’IGAS se nourrit de faits divers pour enterrer la psychiatrie de secteur

 

Communiqué du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

Le 31 mai 2011

Ce jour, à partir d’exemples dramatiques et exceptionnels, un rapport de l’IGAS pointe les « dysfonctionnements des hôpitaux psychiatriques » concernant leur « sécurité ».

A l’heure où la FNAPsy (association majoritaire d’usagers) se lève contre le projet de loi voté ce jour en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale, ce rapport œuvre, de fait, pour une psychiatrie toujours plus sécuritaire et toujours plus stigmatisante. Il va précisément à l’encontre de l’avis du contrôleur général des lieux de privation de libertés, (Mr JM Delarue) et de celui de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme.

Ce rapport de l’IGAS nous indigne ! Il érige le risque zéro et le principe de précaution en valeurs absolues quitte à sacrifier des centaines de milliers de personnes sur l’autel de l’efficacité, réduisant leurs souffrances aux risques qu’ils représentent pour les autres.

Rappelons qu’après le discours du président de la République à Antony, le 2 décembre 2008, les crédits (70 millions d’euros) avaient afflués pour « sécuriser les hôpitaux psychiatriques », alors que dans le même temps aucun poste soignant n’avait été créé !

Rappelons que la politique de destruction systématique de la psychiatrie depuis une trentaine d’années ne pourra qu’avoir des conséquences encore plus tragiques si les politiques n’ont pas le courage d’aller à l’encontre du climat de peur ambiante dont la figure du « schizophrène dangereux » n’est que l’un des nombreux avatars.

Depuis des mois et des années, nous sommes indignés par les conséquences de l’incurie de la puissance publique que nous voyons détruire nos pratiques quotidiennes. La suspicion  envers les patients et leurs proches n’est pas un soin. Les procédures d’enfermement ad vitam aeternam ne sauraient résoudre aucun des problèmes que rencontre la psychiatrie. Bien au contraire, si des passages à l’acte ou des fugues se produisent dans les services, c’est précisément du fait du climat toujours plus carcéral de nos unités d’hospitalisation entrainant  la ruine de toute possibilité d’ambiance chaleureuse et accueillante et aussi de la réduction drastique du nombre de lits obligeant les équipes à une « gestion » des patients à « flux tendus ».

Cette politique de destruction de la psychiatrie atteint aujourd’hui son paroxysme. Alors que cinquante ans de pratiques d’hospitalité pour la folie, par la mise en place de la politique de secteur, avaient permis d’aller à rebours des préjugés inhérents à la pathologie mentale, à leur stigmatisation et au tri par pathologie.

Ce rapport entérine, avec une violence insupportable envers les patients, les soignants et leurs proches, la déraison d’Etat.

Rappelons que les patients hospitalisés en psychiatrie sont d’abord et avant tout victime de violences, rappelons également que la folie n’est pas la condition nécessaire de la violence, cette dernière est d’abord et avant tout l’apanage des gens normaux.

Si l’enferment redevient la norme, si le tri par pathologie est de nouveau présenté par certains comme une avancée -alors qu’il a déjà montré ses impasses dans un passé encore proche (ce que l’on nommait alors les pavillons pour « agités », pour « déments », pour « bon travailleurs ») – il faut y voir là une consécration de l’échec d’une politique de civilisation digne de ce nom par la promotion d’une psychiatrie gestionnaire et sécuritaire qui, depuis plusieurs années, provoque toujours plus de violence envers les patients, d’abandon des familles et de perte de sens pour les équipes à propos de la question du soin psychique.

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, collectif composé de professionnels, de patients, de familles, de proches et de citoyens s’indigne du populisme sensationnel d’un tel rapport qui légitime une loi inique promouvant le retour de la ségrégation pour les plus fragiles d’entre nous et organisant la destruction du secteur dont nous cessons de répéter que sa survie nécessite l’abondement de moyens, la remise à plat des questions de formation, actuellement catastrophiques, et la promotion d’une conception de la folie qui cesserait de réduire les patients à leurs simples symptômes où à l’heures anomalies génétiques.

Nous refusons la psychiatrie « par quartiers », la ségrégation des patients entre eux ne peut en effet qu’aggraver leurs souffrances psychiques. L’enfermement d’un autiste de 11 ans dans un service pour adultes n’est que la réponse désespérée de soignants désespérés par des conditions de travail qui ne cessent de s’aggraver et par l’appauvrissement des moyens mis à la disposition du soin. Elle n’a aucunement valeur d’exemple si ce n’est pour montrer qu’une ambitieuse loi pour la psychiatrie est plus que jamais nécessaire, et qui exclurait tout rafistolage, comme ceux qui nous sont actuellement proposés.


Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

Share

>Les mensonges du Gouvernement sont enfin démasqués !

Avec les déclarations à l 'A.P.M. de la Présidente de la FNAPSY, voilà que les mensonges du gouvernement et du député Guy Lefrand sont révélées !

 

Depuis le début des débats autour du projet de loi sur les "soins" sans consentement,  Nora Berra, secrétaire d'Etat à la santé, Guy Lefrand, député rapporteur du texte, et le président de l'U.N.A.F.AM., Jean Canneva ne cessaient de déclarer que les usagers étaient d'accord avec ce projet.

 

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire qui a rendu public le 28 février un Appel "Réforme de la psychiatrie, une déraison d'État", signé à ce jour par 30.000 citoyens, patients, usagers, familles, intellectuels, artistes, professionnels de la psychiatrie, a tenté de démontrer régulièrement cette falsification et les boniments, en guise d'argument, de ces trois personnalités. 

 

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire est conforté dans sa dénonciation de ce projet de loi, par les déclarations de la présidente de la FNAPSY à l’A.P.M.. 

 

Le Collectif des 39 qui réunit des citoyens, des usagers, des familles, des professionnels de la psychiatrie exige le retrait immédiat de ce texte, dénoncé également par la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme, instance étatique aux compétences internationales.  

 

Le débat en première lecture au Sénat a montré que même au sein de la majorité, les désaccords avec ce projet étaient profonds.

 

Seule la décision du Conseil Constitutionnel nécessite un texte législatif. 

 

Nous revendiquons le plus large débat citoyen, afin qu'une authentique concertation avec les usagers, les familles et les professionnels soit enfin organisée. 

 

Ce texte a été élaboré à la "va-vite", concocté avec quelques personnalités sans aucun débat possible. 

 

La tromperie, la falsification ont été les maîtres d'oeuvre de cette entreprise démagogique qui ne servait en rien les soins et les droits des personnes. 

Seule l'exploitation de quelques faits divers et de l'émotion légitime qu'ils ont provoquée, ont guidé le Gouvernement. 

 

Ce n'est pas ainsi que l'on prend en compte la santé publique, la sûreté des personnes et les conditions de soins qui sont dramatiquement dégradées depuis plus de dix ans. 

 

Ce projet de loi répressif, régressif, anti-sanitaire, indigne de notre République doit être retiré.

 

Collectif des 39

 

———————————————————————————

 

 

Psychiatrie: la Fnapsy en désaccord profond avec le projet de loi sur les soins sans consentement 

 

PARIS, 26 mai 2011 (APM) – La présidente de la Fédération nationale des associations de patients de psychiatrie (Fnapsy), Claude Finkelstein, est en profond désaccord avec le projet de loi sur les soins sans consentement en psychiatrie, a-t-elle déclaré jeudi à l'APM. 

 

"Nous ne sommes pas d'accord sur la finalité du projet de loi qui porte atteinte aux droits des personnes". 

 

Le projet de loi est parvenu à sa version quasi définitive avec la deuxième lecture à l'Assemblée nationale, achevée lundi (cf dépêche APM HMOEO001). La deuxième lecture au Sénat est prévue les mercredi 15 et jeudi 16 juin.

 

Claude Finkelstein se déclare "extrêmement choquée" que la secrétaire d'Etat à la santé, Nora Berra, se prévale d'un soutien de la Fnapsy au projet de loi, notamment dans l'émission de France Culture "Du grain à moudre" du 9 mai. "Nous avons dit au ministère de la santé que nous n'étions pas d'accord, c'est une malhonnêteté intellectuelle de leur part" de prétendre le contraire. 

 

Elle remarque que l'association de familles d'usagers Unafam est favorable à certains aspects du projet de loi mais "il ne faut pas confondre les usagers et les familles". 

 

"La formulation 'soins sans consentement en ambulatoire' au lieu d'hospitalisation sans consentement n'est pas anodine", a expliqué la présidente de la Fnapsy. "Jusqu'à présent, on interdisait au patient d'aller et venir librement, c'est une situation qui peut se justifier mais, tout en étant enfermée, la personne pouvait refuser des soins".

 

"Avec les soins sans consentement, on va pouvoir donner des soins de force, donner des molécules de force, ce qui équivaut à violer le corps. C'est intolérable pour nous car on enlève toute liberté à la personne. Nous sommes prêts à aller devant l'Europe pour contester ce point".

 

Elle reconnaît qu'actuellement, dans la pratique, des médicaments sont "administrés de force" mais la différence est que "cette pratique sera désormais autorisée par la loi". "Avec une personne pas très agitée, on ne va plus chercher à discuter pour avoir son consentement", craint-elle. 

 

Claude Finkelstein estime également que les conditions de passage en soins sans consentement en ambulatoire, nouveauté introduite par le projet de loi, ne sont pas suffisantes. "Nous avions dit que nous voulions un véritable contrat entre le psychiatre et le malade, pour s'assurer que le malade était d'accord pour revenir à son domicile. Or, il n'est question que d'un protocole ou d'un programme de soins". 

 

"Il faut se rendre compte que ramener quelqu'un à son domicile s'il n'est pas d'accord peut se transformer en horreur. Quand la voiture avec le logo de l'hôpital va se garer dans la rue et que l'infirmier va venir sonner à la porte, si la personne ne veut pas le laisser rentrer, elle peut se jeter par la fenêtre. C'est ça le risque, car la personne avec sa maladie n'est pas raisonnable et c'est ce que les gens qui décident ne comprennent pas".

 

"Nous ne pouvions accepter cette loi qu'accompagnée d'un volet sur l'organisation des soins psychiatriques. Le Plan de santé mentale annoncé par le gouvernement ne m'intéresse pas car il ne résoudra pas le problème".

 

Le contrôle du juge des libertés et de la détention (JLD) sur les mesures d'hospitalisation sans consentement est "positif" sur le principe mais Claude Finkelstein estime que les conditions sont très insuffisantes. "Nous avions demandé un contrôle à 72 heures, ce qui est un délai normal, il est à 15 jours".

 

Les conditions prévues pour les audiences sont totalement "inadaptées" aux personnes concernées, notamment la visioconférence ou le caractère public de l'audience. "Il aurait fallu, comme en Allemagne, que le juge se déplace systématiquement et que, a priori, l'audience soit systématiquement tenue en chambre du conseil". 

 

"La justice allemande n'a pas plus de moyens que la justice française mais cela fonctionne car les hospitalisations sans consentement ne représentent que 4% des hospitalisations en psychiatrie car le médecin recherche le consentement du patient", estime-t-elle.

Share

>Hospitalisation d'office: les députés ont achevé l'examen du texte

 

AFP 24 05 2011

PARIS, 24 mai 2011 (AFP) – 13h22 heure de Paris – Les députés ont achevé lundi soir l'examen en deuxième lecture du projet de loi réformant l'hospitalisation d'office, contesté par les syndicats de psychiatres, et qui instaure notamment la possibilité de soins ambulatoires (à domicile) sans consentement.

Ce texte, examiné en deuxième lecture à l'Assemblée, a récemment été adopté au Sénat après une série de rebondissements.

Il n'a été que très peu modifié par les députés.

Quelques amendements ont été adoptés, dont un du rapporteur Guy Lefrand (UMP) pour revenir sur la définition des "soins sans consentement". Après de longues discussions, le Sénat avait choisi "une périphrase" dont les députés n'ont finalement pas voulu.

"Ce texte est bien loin des attentes des professionnels et de leurs familles", a déploré le député socialiste Serge Blisko. Le PS a tenté en vain de réduire la période d'observation de 72 à 48 heures en cas d'hospitalisation d'office. Les opposants au projet qualifient ce sas de "garde à vue psychiatrique".

La réforme permet de se conformer à la décision récente du Conseil constitutionnel, qui a censuré un article du Code de la santé publique permettant le maintien de l'hospitalisation sans consentement à la demande d'un tiers, sans l'intervention d'un magistrat au-delà de 15 jours.

L'intervention du juge des libertés et de la détention (JLD) est donc désormais prévue après ce délai.

Les députés ont adopté un amendement UMP du rapporteur qui transfère au juge judiciaire la compétence pour trancher la régularité des décisions administratives prises en matière de soins sans consentement.

Quelque 70.000 personnes sont hospitalisées sous contraintes chaque année.

La secrétaire d'Etat à la Santé, Nora Berra, a de nouveau assuré au cours du débat que cette réforme était "ambitieuse" et "équilibrée".

Une pétition à l'appel du "collectif des 39 contre la nuit sécuritaire" a recueilli plus de 30.000 signature depuis plusieurs semaines.

Le vote solennel est programmé mardi 31 mai. Ensuite le texte repartira au Sénat. Ce projet de loi avait été initié fin 2008 par Nicolas Sarkozy après le meurtre d'un étudiant à Grenoble par un malade mental enfui de l'hôpital.

Share

>État d’exception en Psychiatrie: la démocratie enchaînée

 

 

A l’appel du Collectif des 39, associé avec de nombreuses organisations1, une manifestation s’est tenue devant le Sénat le mardi 10 mai 2011 où était débattu le projet de loi relatif "à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques" .

 

Plusieurs centaines de professionnels, patients, familles, artistes, citoyens, mais aussi des représentants de partis politiques et de syndicats ont crié leur opposition déterminée à la mise en œuvre d'une loi qui porte gravement atteinte à la dignité et à la liberté des personnes et qui dénature le concept même de soin.

 

Chacun doit se sentir concerné car si cette loi est appliquée, qui sait si, demain, l'enfant dit « hyperactif », la personne déprimée, l'adolescent en souffrance ne pourront pas, eux aussi, se voir contraints à des "soins sans consentement", et cela d'autant plus facilement qu'ils auront lieu en dehors de l'hôpital, pour des raisons à la fois sécuritaires et économiques.

 

La possibilité pour chaque « soigné » de se déplacer librement se verra strictement encadrée par un "protocole de soins" – renommé « programme de soins » mais toujours décidé en Conseil d'Etat- qui fixera les lieux, le contenu et la périodicité des rendez-vous médicaux avec la menace de se voir hospitalisé si un élément du protocole n’est pas strictement appliqué.

 

Cette loi empêche donc activement l’instauration d’une relation de confiance, élément pourtant central du soin en psychiatrie et risque de pousser les patients à des actes désespérés plutôt que de les en protéger.  

 

Qui peut croire que cette loi va dans le sens des "droits et d'une meilleure protection des personnes" alors qu’elle détruit toute possibilité de soins ?

 

Qui peut croire que les familles seront entendues dans leur demande d'aide alors que les patients seront mis en danger et fragilisés par cette loi ?

 

C'est la raison pour laquelle des sénateurs de la commission des affaires sociales, tous bords politiques confondus ont demandé dans un premier temps le retrait des « soins » sans consentement en ambulatoire. Mais dans l'hémicycle, les centristes n'ont pas mis leurs actes en accord avec leurs déclarations.

 

Cette loi qui est en passe d'être votée, puisqu'elle repassera en deuxième lecture le 18 mai à l’Assemblée Nationale et le 16 juin au Sénat, est une loi contre les soins, contre les patients, contre les familles, contre les citoyens, contre les soignants.

 

C’est une loi qui détruit cette psychiatrie que nous voulons hospitalière pour la folie. 

 

C’est une loi qui va dans le sens de la révision générale des politiques publiques (RGPP) et des ravages qu’elle cause (non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, désengagement de l’Etat dans le domaine de la protection sociale etc…). 

C’est une loi qui entérine la destruction du travail de secteur.

 

C’est pourtant une loi cohérente et « responsable » pour nos gouvernants, excluant les plus démunis d’entre nous, ceux qui « ne rapportent rien », ceux qui « coûtent trop chers ». 

 

Nous n’en sommes plus à une « déraison d’Etat » mais à l’application méthodique d’un plan qui économise et qui place 500000 malades mentaux en otages d’un plan de rationnement et d’une campagne électorale douteuse. Pour cela tous les moyens sont bons : énonciation  de contre-vérités, pressions exercées sur les représentants syndicaux, sur les représentants élus etc. 

 

L'application de ce projet de loi a d'ores et déjà commencé avec l'instauration de dispositifs Justice/ARS/médecins chefs de pôle/directeurs d'hôpitaux au nom du "réalisme". C'est bafouer le principe même de la loi que de l'appliquer avant même qu'elle soit votée!

 

Le collectif des 39 refuse de participer à l'installation de ces dispositifs, construits avant même que la loi ne soit votée, et vous invite à faire de même. 


Nous restons mobilisés, patients, familles, professionnels, syndicats, partis politiques, avec l'appui de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme pour exiger que ce texte ne puisse s'appliquer car il signe un recul sans précédent des libertés démocratiques et des fondements même du pacte républicain.

 

 

1 Collectifs de patients, mouvement contre la politique de la peur, syndicats, tous les partis politiques de gauche, Ligue des Droits de l’Homme, Syndicat de la Magistrature, Sud santé sociaux, syndicats de psychiatres publics, qui appelaient aussi à une grève largement suivie dans les hôpitaux psychiatriques

Share

>Intervention du Sénateur Jack Ralite le Mardi 10 mai 2011

Projet de loi « DROITS ET PROTECTION DES PERSONNES FAISANT L’OBJET DE SOINS PSYCHIATRIQUES ». Sénat. Mr Jack Ralite.

Jusqu’ici, considérant les humains, nos voisins proches ou très lointains, avec un humanisme bien ancré, on les désignait avec des mots simples : « jeunes », « vieux », « adultes », « ouvriers », « cadres », « chefs d’entreprise »,

« fonctionnaires », « chirurgiens », « aviateurs », « soldats », « docteurs », « bonnes sœurs », « artistes »… Chacun s’y reconnaissait sans réfléchir ni hausser la voix, ou très rarement.

 

Depuis un certain temps, après le 11 septembre 2001 aux Etats-Unis, après des morts violentes survenues en France, morts n’ayant plus rien à voir avec la rationalité qui laisse place au délire, un vocabulaire nouveau est apparu caractérisant ces hommes et ces femmes ayant connu un déchirement de la conduite. C’est quelque chose de tragique à rapprocher de la folie amoureuse, des crimes passionnels à l’égard desquels les jurés se montrent très indulgents.

 

On constate que la folie est fragilité et composante incontournable de l’humain. L’inacceptable est inexplicable et la dogmatique du contrôle social n’y peut rien.

 

La peur s’est installée, ou plutôt la peur a été installée et, comme disait Franklin Roosevelt en 1933 (retenez la date) : « La seule chose dont nous devons avoir peur, c’est de la peur elle-même. » Et plus avant, Dostoïevski : « Ce n’est pas en enfermant son voisin qu’on se convainc de son propre bon sens. » On est passé du droit à la sûreté au droit à la sécurité qui « repose sur l’illusion d’une vie sans dangers et légitime l’intrusion dans les vies individuelles », dit la grande et singulière juriste Mireille Delmas-Marty. C’est l’avènement d’un mythe de la sécurité totale. Les sociétés de la peur en arrivent à appeler le voisin pas-comme-eux un barbare, à crier au forcené, au déséquilibré, à l’arriéré, à l’aliéné, au fou comme autrefois on criait au loup.

 

Qui est le barbare ? L’être étrange, l’être humain qui a quitté la ligne, l’attitude commune, l’homme dont le discours hoquette et s’égare, dont la conscience traverse des gouffres ? L’homme qu’on ne regarde pas, à qui l’on ne sourit pas, qu’on laisse à l’écart, de l’autre côté, vers les rives de l’indéfinissable, dans un périmètre restreint ? Ainsi se déconstruisent les liens sociaux. La guerre civile habite l’âme. C’est dénégateur d’humanité. Le bacille de la barbarie s’empare de trop d’entre nous.

 

J’ai été confronté déjà à ce problème d’hommes et de femmes fracturés, fissurés, éclatés, parfois bousillés. C’était en 1981. J’étais ministre de la Santé et j’avais constitué la Commission Demay, du nom de son animateur, pour élaborer Une voie française pour une psychiatrie différente. Le résultat est un texte d’élan qui faisait l’Histoire, dans un moment où la société n’avait pas peur et rêvait d’avenir, alors qu’aujourd’hui le texte gouvernemental est un texte de banqueroute qui cisaille l’Histoire. Le rapport Demay traite humainement des actes inhumains, le texte gouvernemental traite inhumainement la part de folie dans l’homme. Je ne veux que lire la réponse des psychiatres.

 

« Tout trouble mental est évolutif ; l’expérience prouve que la chronicité n’est pas irréversible..

 

La fonction des professionnels du champ de la psychiatrie est celle d’accompagnement de leurs patients et celle, éventuellement, de défense vis-à-vis du corps social et vis-à- vis des puissances de tutelle…

 

Il est indispensable que les soignants puissent s’abstraire aux valeurs morales, sociales, politiques dominantes. Celles-ci ne peuvent en aucun cas constituer le facteur déterminant de leur conduite professionnelle. Le concept de prévention, s’il se réfère à une notion de normalité, le concept de guérison, s’il se réfère à une normalisation vont à l’encontre de toute démarche thérapeutique dans le champ de la psychiatrie. »

 

Le Rapport Demay fait œuvre de culture, de liberté, de construction d’ « en commun », d’anti-barbarie enfin, et juge sans détours la pensée du président de la République incapable de recul, d’interrogations, de doutes devant toute chose de la vie.

 

A tous ces êtres que nous considérons et respectons, l’Etat ne sait que proposer la norme alors que la normalité, c’est la victoire de l’état sur le devenir, de l’identité sur la différence. Il ne faut plus d’hommes, de femmes entrés dans des histoires closes et privés du « risque de vivre », seul moyen pourtant d’avoir le « risque de guérir », tout cela étant caché par l’abominable mensonge du risque zéro.

 

C’est un malheur pour un pays que de vouloir des lois particulières.

 

C’est un bonheur de connaître le poème du Grec Constantin Cavafis, En attendant les barbares :

« – Pourquoi nous être ainsi rassemblés sur la place ? Il paraît que les barbares doivent arriver aujourd’hui.

 

– Et pourquoi le Sénat ne fait-il donc rien ? Qu’attendent les sénateurs pour édicter des lois ?

 

C’est que les barbares doivent arriver aujourd’hui.

Quelles lois pourraient bien faire les Sénateurs ? Les barbares, quand ils seront là, dicteront les lois.

 

– Pourquoi notre empereur s’est-il si tôt levé, et s’est-il installé, aux portes de la ville, sur son trône, en grande pompe, et ceint de sa couronne ?

 

C’est que les barbares doivent arriver aujourd’hui. Et l’empereur attend leur chef pour le recevoir. Il a même préparé un parchemin à lui remettre, où il le gratifie

de maints titres et appellations.

 

– Pourquoi nos deux consuls et les préteurs arborent-ils aujourd’hui les chamarrures de leurs toges pourpres ; pourquoi ont-ils mis des bracelets tout incrustés d’améthystes et des bagues aux superbes émeraudes taillées ;

pourquoi prendre aujourd’hui leurs cannes de cérémonie aux magnifiques ciselures d’or et d’argent ? C’est que les barbares doivent arriver aujourd’hui ; et de pareilles choses éblouissent les barbares.

 

-Et pourquoi nos dignes rhéteurs ne viennent-ils pas, comme d’habitude, faire des commentaires, donner leur point de vue ? C’est que les barbares doivent arriver aujourd’hui ; et ils n’ont aucun goût pour les belles phrases et les discours.

 

– D’où vient, tout à coup cette inquiétude et cette confusion (les visages, comme ils sont devenus graves !) Pourquoi les rues, les places, se vident-elles si vite, et tous rentrent-ils chez eux, l’air soucieux ? C’est que la nuit tombe et que les barbares ne sont pas arrivés. Certains même, de retour des frontières, assurent qu’il n’y a plus de barbares.

 

Et maintenant qu’allons-nous devenir, sans barbares ? Ces gens-là, en un sens apportaient une solution. »



Share