Archives de catégorie : Expressions

>Appel à la libération de la psychanalyste Rafah Nached (Mediapart)

Edition : Les invités de MediapartContes de la folie ordinaire

Article publié le mardi 13 septembre 2011


 

De nombreux psychanalystes, psychologues et enseignants français s'indignent de l'arrestation, dans la nuit du 10 au 11 septembre, à Damas, de Rafah Nached, psychanalyste syrienne, fondatrice de l'Ecole de Psychanalyse de Damas.

 

Nous venons d'apprendre avec consternation l'arrestation de la psychanalyste Rafah Nached, le samedi 10 septembre à 1h du matin, à l'aéroport de Damas en Syrie, alors qu'elle se rendait à Paris pour l'accouchement de sa fille.


De santé fragile et âgée de 66 ans, Rafah Nached est la première femme psychanalyste en Syrie, et exerce à Damas depuis plus de 26 ans, faisant face avec une exigence et une patience sans relâche aux questions cliniques et théoriques qu'elle rencontre.


Elle a fait des études de philosophie et est diplômée en psychologie clinique de l'Université Paris 7. Elle a créé l'Ecole de Psychanalyse de Damas, en lien avec de nombreux psychanalystes français, et a organisé en novembre 2010 le premier colloque international de psychanalyse à Damas, d'une qualité scientifique exceptionnelle.


Rafah Nached vient régulièrement à Paris pour s'entretenir avec des psychanalystes, et suivre les dernières avancées en psychiatrie, et sur le fonctionnement des hôpitaux. Elle a établi des liens suivis avec la Croix-Rouge Française pour que les membres de son Ecole de psychanalyse aient accès à des stages, en convention avec des Centres médico- psycho-pédagogiques de la Croix-Rouge Française.


Elle a toujours mis ses compétences professionnelles et humaines – dont nous avons pu apprécier la richesse -, au service de la Syrie, sa patrie, à laquelle elle est très attachée.


Avec les confrères et collègues de la psychanalyste Rafah Nached, nous appelons à sa libération immédiate.

 

Voir la liste de signataires et signer la pétition : http://www.oedipe.org//phpPetitions/index.php?petition=3

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>La fin de la propriété de soi

 

par Jean-Claude Paye

 

La dernière loi psychiatrique française, le rapport de l’Assemblée nationale sur la prostitution, tout comme le développement des suicides dans l’entreprise, dévoilent l’existence d’un pouvoir maternant avec lequel les individus entretiennent une relation fusionnelle. Nous ne sommes plus dans un société de surveillance. Il ne s’agit plus de contrôler et de modeler les corps, afin de les rendre aptes à la machine économique, mais de s’attaquer à leur être même en fixant les modalités de jouissance des individus.

Dans « Les Temps modernes » (1936), Charlie Chaplin ne dénonce pas seulement l’organisation tayloriste du travail. Il anticipe la mise à disposition complète du corps de l’ouvrier au service de la production et la fin de la vie privée. Son personnage en vient à se réfugier en prison pour retrouver paradoxalement une forme d’intimité et de liberté intérieure.


Quel rapport peut-il exister entre une loi psychiatrique, créant une injonction de soins à domicile, avec un rapport parlementaire visant à pénaliser les clients des prostituées ? [1] Les deux textes opèrent une dissociation du sujet de droit. La propriété de soi est scindée. La jouissance de son corps reste aux mains de l’individu, mais à condition qu’il en fasse un bon usage. L’utilisation doit être conforme à l’image de la dignité humaine, dont les autorités sont le dépositaire légal.

La dissociation de la propriété de soi se révèle être un paradigme de la post-modernité. Non seulement elle résulte de l’action de l’État qui affirme sa nue propriété sur nos existences, mais peut aussi prendre la forme du contrat, comme, par exemple, celui imposé à ses employés par la firme chinoise Foxconn qui interdit à ses employés de se suicider tout en leur recommandant de « chérir leur vie ». Le suicide des travailleurs, comme protestation contre la détérioration de leur conditions de travail, est un symptôme de cette mutation de la propriété de soi qui efface le corps individuel et social au profit de l’image du corps. Il est le phénomène de l’émergence d’une nouvelle forme de subjectivité qui fusionne l’existence du travailleur avec la jouissance de son employeur.

La notion de soins sous contrainte

La loi du 5 juillet 2011 relative « aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge » [2] opère une nouvelle dérogation au principe général du consentement nécessaire du malade. La notion existante d’hospitalisation sous contrainte est étendue à celle de soins sous contrainte. Elle rend ainsi possible une surveillance du malade à son domicile, supprimant au passage toute séparation entre espace public et domaine privé. La possibilité pour chaque patient de se déplacer librement se verra strictement encadrée par un « programme de soins » qui fixera les lieux, le contenu et la périodicité des rendez-vous médicaux, avec la menace de se voir hospitalisé d’office si un élément du protocole n’est pas strictement respecté.

Obligation de soins et enfermement, sont ainsi étroitement liés. L’enfermement physique et chimique fait taire. Il nie le symptôme qui fait parler le corps. Il réduit ce dernier à une chose muette. Le corps devient ainsi le simple support de l’invisible, du regard porté sur l’individu. Ce double enfermement est la condition de transformation du corps en image. Ce projet institue une sorte de garde à vue sanitaire, l’institution d’un délai de 72 heures, durant lequel on pourra maintenir l’hospitalisation d’office d’un patient, sans statuer sur son état et sur la nécessité de l’internement. L’hospitalisation d’office s’inscrit dans une tendance lourde de retour à l’enfermement psychiatrique. Depuis quelques années, refleurissent les murs des hôpitaux. Sont créées de nouvelles unités fermées et des chambres d’isolement. Il est aussi de plus en plus difficile de sortir d’une institution psychiatrique fermée, les préfets ne validant plus systématiquement les sorties des malades hospitalisés d’office, même si elles sont soutenues par les psychiatres. Cette politique sécuritaire s’étend aux hospitalisés volontaires qui, eux aussi, peuvent être privées de leur liberté d’aller et venir.

La capture du corps, dans l’hospitalisation forcée ou dans la garde à vue sanitaire, se complète d’une camisole de force chimique. À travers cette suspension du corps, il s’agit de faire taire, afin que la souffrance ne puisse se dire et de poser le malade en tant que victime de lui-même.

L’injonction de soins, à l’hôpital ou à domicile, intime au patient qu’il doit faire un bon usage de son corps, qu’il ne peut le laisser se dégrader, en épuiser la substance. Il n’a pas le droit de porter atteinte à son image humaine. Ainsi, le corps devient transparence. Il se réduit à être une image, la visibilité de l’invisible. Placé dans la transcendance du regard du pouvoir, il n’est plus médiation entre l’extérieur et l’intérieur. Sa fonction n’est plus de séparer et d’articuler le dedans et le dehors, mais d’être dans la matérialité du regard de l’autre.

Cette procédure psychotique, qui fait exister l’image de la dignité humaine aux côtés des individus réels, opère une dissociation du sujet de droit. La propriété de soi est démembrée, la jouissance se sépare de la nue propriété.

Comme nue propriété, l’image humaine est le patrimoine des autorités instituées. Le malade n’a plus que l’usus, l’usufruit de son corps et à condition qu’il soit la transparence de la propriété exercée par le pouvoir. La possibilité de réduire ce dernier à une chair sans parole permet ce démembrement.

La criminalisation de la prostitution

La dissociation de la propriété de soi se lit également dans un rapport parlementaire, intitulé En finir avec le plus vieux métier du monde [3]. Il propose de créer un nouveau délit de recours à la prostitution. Le client deviendrait passible d’une peine de six mois de prison ferme, assortie d’une amende de 3 000 euros. Le rapport devrait servir de base à une proposition de loi devant être déposée après les présidentielles de 2012. La « lutte contre la prostitution » et son élément le plus avancé, la criminalisation du client, en niant à la prostituée le droit de disposer de son propre corps, a pour objectif déclaré la défense de la dignité de la femme et de la personne humaine. C’est bien l’image de la Femme qu’il s’agit de préserver [4] au dépends des femmes concrètes qui seront, suite à l’application de telles mesures, mises en danger par le développement de la clandestinité. L’image de la dignité de la femme, que l’on retrouve dans le rapport de l’Assemblée Nationale, s’intègre dans une conception du droit qui fait de la dignité de la personne humaine un élément supérieur d’organisation du système juridique. Cette conception consacre ce principe comme un droit absolu, de nature supérieure par rapport à d’autres droits fondamentaux, dont le principe de liberté ou le droit de disposer de son propre corps.

Cette conception s’inscrit dans la jurisprudence du Conseil Constitutionnel et du Conseil d’État. Ce dernier, dans un arrêt du 27 octobre 1995, dans l’affaire du « lancer de nain » [5], avait décrété que personne ne pouvait consentir à la dégradation de sa qualité d’homme, limitant ainsi le droit de disposer son corps.

Quant au Conseil Constitutionnel, lors de sa décision du 27 juillet 1994, il parle du « principe de sauvegarde de la dignité de la personne contre toute forme d’asservissement et de dégradation » Il consacre la dignité de la personne humaine comme un élément d’organisation du système juridique.

La loi psychiatrique du 5 juillet et le rapport parlementaire, criminalisant les clients des prostituées, opèrent une dissociation de la propriété de soi. Les individus ne conservent qu’un droit de jouissance de leur corps qui doit être conforme à l’image de la dignité humaine dont la puissance publique a la propriété.

Contrat et abandon de la propriété de soi

La dissociation de la propriété de soi est bien un paradigme de la post-modernité. Non seulement elle est le résultat de l’action de l’État, mais elle peut également prendre la forme du contrat, par lequel un employé abandonne la nue propriété de sa vie à son employeur. Foxconn, sous-traitant chinois d’Apple, HP, Dell et Nokia, a été accusé de faire signer à ses employés un contrat, par lequel ils s’engagent à ne pas se suicider et à « chérir leur vie » [6].

Le texte indique que désormais, Foxconn ne pourra, en aucun cas, être désigné comme responsable du suicide d’un employé et ne devra payer aucun dommage et intérêt aux familles. Cette dernière clause a provoqué la colère des médias chinois, puisque Foxconn versait environ 13 000 euros à chaque famille des ouvriers suicidés, soit 10 ans du salaire minimum dans une usine de la firme [7].

L’initiative de la firme Foxconn est à replacer dans le cadre d’une société dans laquelle il subsiste encore des éléments résiduels d’un ordre symbolique antérieur au développement du capitalisme. Cette survivance implique que la société reconnaisse une responsabilité par rapport au suicide de ses employés et indemnise les familles concernées. Les mots utilisés « chérir sa vie » pour se dédouaner et « responsabiliser » ses employés, trahissent ce décalage dans l’expression verbale, entre l’exigence de la rentabilité capitaliste et le langage, lié à un ordre symbolique antérieur.

Dans les pays occidentaux, les entreprises touchées par le suicide de leurs employés dénient toute responsabilité. L’exemple de France Télécom est emblématique [8]. Le PDG Didier Lombart avait simplement évoqué une "mode du suicide" après le décès de treize salariés en 2008, puis de dix-neuf en 2009. Les syndicats ont aussi comptabilisé vingt-sept suicides et seize tentatives en 2010.

Dans les faits, les suicides de salariés, en protestation de leurs conditions de travail, sont plus nombreux dans des entreprises telle que France Télécom que dans les firmes chinoises [9]. Le délitement plus important des rapports sociaux, le caractère monadique de la société fait que qu’il y a moins de résistance au passage à l’acte.

Suicide et nue propriété de soi

Lorsqu’il vend sa force de travail, le salarié, le propriétaire de la marchandise force de travail, en cède la valeur d’usage à l’employeur, à charge de celui-ci d’en assurer l’exploitation durant la journée de travail.

Le salarié vend ainsi au patron la jouissance de sa force de travail et en garde formellement la nue propriété. Cette propriété n’est pas cependant un donné, mais un résultat. Sa réalité dépend de la capacité du salarié à limiter la jouissance du patronat, les conditions d’exploitation ne devant pas détériorer son être. Historiquement, la capacité ouvrière à mettre un cran d’arrêt à l’exploitation est de nature collective. Cette action porte aussi bien sur la durée du travail que sur les conditions de travail.

Les suicides des salariés de France Télécom nous montrent que la capacité ouvrière de mettre un frein à l’usage de la force de travail par le patronat est actuellement démantelée. Les travailleurs ne sont plus en mesure de s’opposer à la détérioration de leur force de travail, si bien que leur nue propriété est, dans les faits, remise en cause.

La possibilité pour le patronat de menacer l’intégrité du travailleur résulte de l’intensification de la dépense nerveuse et surtout de la création d’un travail invisible qui dépasse le cadre de la journée de travail. Le travail visible se double d’un travail invisible, celui qui est nécessaire pour intérioriser les nouvelles contraintes imposées par l’entreprise [10].

France Télécom a entrepris une « politique de modernisation » à marche forcée qui s’est notamment traduite par la suppression de 16 000 emplois entre 2006 et 2008, une politique qui a contraint les travailleurs à une forte mobilité. Elle a non seulement augmenté le travail visible, mais a surtout fait exploser le travail invisible, si bien que le travailleur ne disposait plus d’aucun espace privé lui permettant d’assurer sa reproduction.

Pour Chaplin, le capitalisme finira par priver l’ouvrier de toute forme de jouissance, y compris le plaisir de manger, pour affecter son corps à la seule tache de produire.

Big Mother Company

Le développement considérable du travail invisible est tel qu'il tend à accaparer l’ensemble de la vie du travailleur. Non seulement il n’y a plus de séparation nette entre l’entreprise et le privé de l’individu, mais il n’y a plus non plus de coupure entre le temps pendant lequel le travailleur est contractuellement au service de la jouissance de l’employeur et le déroulement de la vie privée, celle d’une jouissance [11] existant hors de la machine productive. L’absence de séparation, privé/public et temps de travail/temps de la vie quotidienne, place l’individu dans la transparence, dans la fusion entre son être et celui de l’employeur. Il s’agit là d’une structure psychotique qui produit l’identité de la vie du travailleur avec celle de l’entreprise.

En tant qu’agir collectif, la lutte ouvrière porte notamment sur la valeur d’usage de la force de travail. Il s’agit de préserver cette dernière d’un excès de jouissance du patron qui produirait la perte de la nue propriété de l’ouvrier. Ce levier collectif permet aux travailleurs de reproduire celle-ci à travers l’aménagement d’un espace privé qui est lieu de jouissance de sa propre existence. À travers la réorganisation du procès de travail de l’entreprise, le salarié perd non seulement la nue propriété de sa force de travail, la substance de celle-ci étant altérée, mais aussi l’entièreté de son existence. La croissance du travail invisible est telle qu’elle supprime tout espace privé, tout lieu séparé de reproduction de la force de travail et de tout lieu d’existence de la propriété de soi.

Le suicide du travailleur est le symptôme d’une condition ouvrière qui est transparence, fusion avec l’entreprise. Le travailleur ne peut plus lutter car il est enfermé dans un rapport maternel avec cette dernière. Il n’a d’autre jouissance que celle de la machine productive.

Pouvoir maternant et règne de l’image

L’absence de luttes d’envergure, capables de s’opposer à l’organisation du capital, supprime tout ordre symbolique. Nous « n’ex-istons » plus en dehors du réel de la machine économique. Nous n’avons plus d’espace propre et sommes placés hors langage. Nous n’avons plus les mots pour opposer une critique. Désormais, le capitalisme ne peut plus être désigné négativement. Nous entretenons avec lui une relation fusionnelle. La domination s’appelle partenariat et l’exploitation se nomme gestion des ressources humaines [12]. Ne devant plus faire face à une négativité, à un agir et une conscience collective, l’organisation du pouvoir consiste essentiellement à gérer les monades, les modes de jouissance des individus.

La loi psychiatrique du 5 juillet, créant une injonction de soins à domicile, ainsi que le rapport parlementaire sur la prostitution, limitent la jouissance qu’ont les individus de leur corps, en établissant qu’elle ne doit pas altérer l’image de la dignité humaine dont le pouvoir s’attribue la propriété. Jouissance et nue propriété fusionnent dans l’image de la dignité humaine. Elles ne portent plus sur le corps, qui est annulé, mais sur l’image de celui-ci.

Du fait de son annulation en tant qu’objet, en tant que frontière entre intérieur et extérieur, le corps n’est plus limite à la jouissance du pouvoir. La propriété de l’image du corps devient une jouissance sans limite de celui-ci et conduit à son anéantissement.

L’identité, dans l’image, de la jouissance des travailleurs et de celle du patron, explique pourquoi ceux-ci ne peuvent plus confronter ce dernier. Ils établissent avec l’entreprise un rapport fusionnel d’ordre maternel.

Comme attributs séparés de la propriété, les notions juridiques, de nue propriété et de jouissance, ont une origine pré-capitaliste. Elles enregistrent un « pas tout » de la propriété et de la jouissance, une limitation de chaque attribut l’un par rapport à l’autre. Il s’opère, dans la société capitaliste, surtout dans cette post-modernité, un déplacement, en ce qui concerne la propriété de soi, de l’objet à l’image qui produit un renversement de des attributs de celle-ci. La propriété, qui était barrage à la jouissance d’autrui, devient jouissance de l’autre, de celle, sans limite, de l’État ou de l’entreprise. Ainsi, dans l’image, jouissance et propriété se confondent et la valeur d’usage de la chose s’identifie avec sa valeur d’échange, avec sa mesure.

Article original sur : http://mondialisation.ca/index.php?context=va&aid=26413

 

Notes

[1] « La prostitution et l’image de la femme », par Tülay Umay, Réseau Voltaire, 29 juillet 2011.

 

[2] « Loi n° 2011-803 du 5 juillet 2011 relative aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge ».

[3] En finir avec le plus vieux métier du monde, Rapport d’information 3334, présenté par Guy Geoffroy, Enregistré à la Présidence de l’Assemblée nationale le 13 avril 2011.

[4] « La prostitution et l’image de la femme », ibid.

[5] « Prostitution : sale temps pour les michetons », par Georges Moréas, LeMonde.fr Blogs, 7 avril 2011.

[6] « Suicide interdit par voie de contrat chez Foxconn », par Anouch Seydtaghia, Le Temps, 7 mai 2011.

[7] « Les suicidés de l’iPad », par Farhad Manjoo, Slate.fr, 3 juin 2010

[8] « France Télécom : un salarié se suicide en s’immolant par le feu », LeMonde.fr avec AFP, 26 avril 2011.

[9] On enregistre une dizaine de suicides de la société Foxconn sur un total de 800 000 salariés et les syndicats comptabilisent une cinquantaine de suicides sur les trois dernières années pour les sièges français de France Télécom, pour environ 80 000 travailleurs.

[10] « La légende du travail », par Jean-Marie Vincent, Arbeit Macht Nicht Frei, 15 août 2010.

[11] Jacques Lacan a introduit, dans le champ de la psychanalyse, le terme de jouissance en rapport avec son usage juridique, à savoir la jouissance d’un bien se distinguant de sa nue propriété Lacan apportera une redéfinition de cette pulsion de mort freudienne comme étant une pulsation de jouissance, et une pulsation de jouissance qui insiste au moyen et dans la chaîne signifiante inconsciente. Lacan replace donc toute l’affaire de la jouissance au cœur même du champ et de la fonction de la parole et du langage. Jacques Lacan, Le séminaire, Livre VII, L’éthique de la psychanalyse, Paris, Le Seuil, 1986, p.235.

[12] « Inculture(s) ou le nouvel esprit du capitalisme. Petits contes politiques et autres récits non autorisés », par Frank Lepage, TVbruits.org, 8 août 2008.

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>Folle fin d'été sur France inter

Fol été, par Hélène Delye – France Inter

Le plus important : c’est l’ambiance. C’est vrai à la clinique de La Borde fondée par Jean Oury, c’est vrai aussi au Centre de Jour Antonin Artaud de Reims… c’est vrai partout, en fait. Parce que c’est l’ambiance qui fait que ça circule, que la folie circule, c’est l’ambiance qui donne envie de « faire avec », mieux de faire ensemble. A Reims, avec les patients et les soignants du centre Artaud, on s’est senti bien, on a fêté l’été, on a discuté, on a débattu, on s’est débattu (avec soi-même, le plus souvent), on a fait des projets de barbecue, de jardinage, de  voyages… on n’était rarement tous d’accord, mais on a eu envie de faire ensemble. C’était bien.

Pour cette dernière émission, nous sommes avec Gérard Rodriguez et Frédéric, du centre Artaud de Reims. Comment ont-ils passé l’été en compagnie de France Inter ? Qu’est-ce qui les préoccupe tous les deux à l’approche de la rentrée ? On s’est dit que le mieux, c’était encore de les inviter, en direct, pour en parler, de vive voix.

(ré)écouter cette émission

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>Hacker la psychiatrie ?

Des soignants en psychiatrie sortent des rails établis, pratiquent une psychiatrie différente, ne suivent pas les protocoles et les "règles d'or" de la profession, au point qu'on peut les considérer comme des hackers : hacker la psychiatrie, en reconnaissant la valeur de la folie, pour aider à l’adoucir, pour lui donner du sens, pas pour l'éradiquer ?

 

Sous ce titre provocant de "hacker la psychiatrie", il y a des des réalités très intéressantes dans la relation et les soins aux personnes en souffrance psychique. Il faut, pour commencer, définir rapidement ce que signifie le terme hacker (prononcer aké), ce qu'est un hacker (prononcer akeure), celui qui pratique le hacking.

 

Qu’est-ce qu’un hacker ?

Apparu à la fin des années 60 dans le milieu des programmeurs en informatique, le verbe hacker, en américain, signifie, tailler en pièces, découper en petit morceaux. Ces personnes prenaient des programmes informatiques, les démontaient littéralement pour voir leur structure, les modifiaient pour les améliorer, les détourner de leur fonction originelle. Ou reprogrammaient entièrement un logiciel non modifiable.

 

Le hacker est un passionné qui cherche à pratiquer une technique autrement, à la comprendre, à lui faire faire autre chose. Hacker est un art, l'art du bidouillage au sens noble, c'est à dire d'oser démonter, regarder en profondeur une pratique, une technique. Hacker c'est chercher pour bidouiller, c'est à dire changer quelque chose pour que cette chose soit au plus près de nos besoins réels, pas à un besoin déterminé par d'autres. Hacker est aussi dépendant d'une éthique, "l'éthique hacker" qui contient en substance les concepts suivants : Passion, liberté, conscience sociale, vérité, lutte contre la corruption, lutte contre l’aliénation de l’homme, égalité sociale, accès gratuit à l’information (liberté de savoir), valeur sociale (reconnaissance entre pairs), accessibilité, activité, soucis de responsabilité, curiosité, créativité.

 

Linux, le système d'exploitation libre est le fruit du travail incessant de hackers depuis 20 ans. Sa vocation : offrir un système informatique sans brevet, ouvert, que chacun peut partager, améliorer, un système libre, programmé pour aider les hommes et les femmes à communiquer avec des ordinateurs sans être dépendants de firmes privées aux intérêts purement économiques.

 

Hacker le logiciel DSM

Alors, revenons à la psychiatrie. La folie est le plus souvent définie par le terme de trouble psychique et les praticiens se basent, pour la plupart sur un "manuel de psychiatrie" nommé DSM (Diagnostic And Statistical Manual Of Mental Disorders). Ce manuel indique quelle est la pathologie mentale qui affecte un sujet en fonction des symptômes dont il semble être affecté. Le psychiatre prescrit ensuite des médicaments de type psychotropes en fonction du trouble psychique diagnostiqué grâce au manuel en question, ce fameux DSM. Il est important de préciser que les laboratoires de psychotropes participent à l'élaboration du dit manuel, qui est passé de 60 pathologies répertoriées en 1952, lors de sa première parution, à désormais plus de 400 (Version IV).

 

Si vous suivez le "logiciel industriel fermé de la psychiatrie", en analogie avec l'informatique, vous êtes devant le paradigme suivant : le trouble psychique est une maladie comme une autre qui peut être diagnostiquée et traitée grâce à des médicaments.  Avec ce logiciel propriétaire, la folie n’existe pas, seules les pathologies comptent. Des «maladies mentales». Si un sujet se met à délirer, on l'interne, on le diagnostique, on le traite en hôpital psychiatrique ou en clinique avec des psychotropes et on attend que ça passe. La liberté, la lutte contre l'aliénation de l'homme, la curiosité et la créativité ne sont pas au centre de la pratique "officielle" de la psychiatrie, comme on peut le voir. Personne ne le contestera.

 

Qu’est ce que hacker la psychiatrie ?

Alors, parlons donc des hackers de la psychiatrie : des médecins psychiatres, des infirmiers, des psychologue, psychomotriciens, éducateurs, qui ne croient pas au logiciel officiel DSM sous brevet américain et ne voient pas d'effets bénéfiques pour les personnes en souffrance psychique lorsqu'ils utilisent ce même logiciel. Que font-ils, qu'ont-ils inventé, comment ont-ils hacké le logiciel de psychiatrie DSM-Psychotropes ? 

 

Ils ont démonté la pratique, regardé à l'intérieur des concepts de «maladie mentale» et en ont tiré une conclusion : la maladie mentale n'existe pas. Chaque homme ou femme peut devenir "fou", tomber «malade» parce qu'une souffrance psychique terrible l'incapacite, mais pour autant, il n'y a pas une «maladie». La folie n'est pas l'équivalent d'une grippe. On n'attrape pas la folie. La folie n'est pas congénitale. La folie n'est pas un dysfonctionnement du cerveau. La folie est ontologique. Elle touche l'être en lui-même dans toutes ses dimensions existentielles, elle exprime quelque chose de profond, elle est un trouble de la relation. Ce qu’un des hackers en psychiatrie, fondateurs des 39, le docteur Hervé Bokobza, répète souvent : la folie est un trouble de la relation aux autres, à soi et au monde.

 

Hacker la psychiatrie, c'est  aborder la personne en souffrance psychique autrement que sur le registre de la maladie et du diagnostic. C'est aider la personne à "soigner" cette souffrance en offrant des champs d'expériences et de relations différents : par la parole (psychothérapie institutionnelle), l'art (théâtre, psychodrame, musique, danse, arts plastiques), les échanges quotidiens (cuisine, ménage, fêtes). Et comme il y a «hack», il y a techniques, approches méthodiques, réfléchies, donc thérapeutiques, avec l'aide des médicaments adéquats quand ils semblent nécessaires. Sans improvisations ou expérimentations hasardeuses. Hacker la psychiatrie, c'est respecter l'homme ou la femme qui subit sa folie, c'est comprendre et faire comprendre cette folie, aider à la dompter. Pas tenter de l'éradiquer.

 

Les hackers de la psychiatrie sont une minorité, mais ils luttent, comme les hackers de l'internet. Ils luttent pour que l'homme soit au centre de la pratique psychiatrique, homme, reconnu dans la valeur humaine de sa folie, et qui, s’il ne l’est pas, disparaît, comme François Tosquelles l'a si bien dit.

 

P.H

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>Bird et la loi du 5 juillet 2011

 

Imaginez le topo. Charlie Parker, dit Bird, « réside » sur la côte ouest des états unis depuis quelques mois. Il a décidé d’y vivre, tout comme Stravinsky et Schonberg, lui le grand saxophoniste « be-bop », mais les choses ne se passent pas comme prévu.  La drogue y est quasi introuvable et chère. Il doit boire plus qu’à l’accoutumée. Il dort dans des taudis. Il est mal fagoté, inconnu à Los Angeles, mal en point, sans le sou, un pauvre bougre noir. Personne ne sait qu’il est celui qui vient d’enregistrer une version d’anthologie du thème « Cherokee », la version qui donne le vertige et révolutionne le jazz. Il était un héros à New York, enfin à Harlem et sur la 52 ° rue, le voici plus rien à Los Angeles.

Son producteur le cherche. Il reste introuvable. Les copains partent à sa rencontre. De longues rues partent de la mer pour n’arriver nul part. Les voitures jouent parfois à poursuivre les pauvres vagabonds noirs au cours de rodéos macabres. On finit par le trouver et à le trainer dans la salle d’enregistrement. 

Le voici assis sur une chaise, le sax à ses pieds, perdu et absent. Il est en crise, en manque, et s’est « soigné » avec ce qui lui est tombé sous la main : du porto et des pilules . Le trompettiste entame un thème à un tempo d’enfer, un de ces tempos dont Bird se servait pour larguer les mauvais coucheurs. Pas de réponse, pas de Bird, il était incapable de suivre la logique qu’il avait lui-même inventée. 

Son producteur et son associé sont à la technique, derrière la vitre du studio. Le jeune frère de l’associé y est également. Il est psychiatre et fournit parfois de la méthadone. Il fait avaler 6 comprimés de Phénobarbital à Bird. Celui-ci finit par prendre son sax et bredouille « Lover man », une ballade, un tempo lent, les musiciens ouvrent et il va réussir à jouer. L’enregistrement est poignant, bouleversant, des salves de désespoir. 

Puis, c’est la descente aux enfers. Bird retourne à son hôtel. Il sort à plusieurs reprises de sa chambre, nu, comme souvent, réclamant auprès du concierge de pouvoir téléphoner à sa femme. On finit par l’enfermer dans sa chambre. De la fumée passe sous la porte. Sa cigarette brûle le drap. On appelle les pompiers, la police. Les policiers assomment ce grand gaillard qui s’est sans doute défendu. On l’attache, l’embarque. Les copains mettent plus de 10 jours à le retrouver. Il est en prison, en garde à vue psychiatrique, camisolé, en cellule.

Il est passible de 6 mois de prison au regard des faits mais un psychiatre expert a évoqué une aliénation mentale et des passages à l’acte de nature psychotique. Le juge doit statuer. Son producteur (blanc), le jeune psychiatre (blanc) tentent d’expliquer au juge la dimension du prévenu. 

Au bout de quelques jours, le juge ne croit pas en l’aliénation mentale de Bird mais prononce tout de même une hospitalisation à Camarillo, un lieu psychiatrique de soins. Il échappe ainsi de peu à la prison, et grâce à ses connaissances, à l’hospitalisation dans un des 2 endroits dont on ne sortait pas : des lieux pour malades psychiatriques dangereux dans lesquels les noirs ayant présenté des troubles du comportement se retrouvaient souvent. On y mourrait beaucoup, et pas de vieillesse.

Camarillo avait un programme de soins contre les addictions à la drogue et à l’alcool. Ce n’était pas du luxe concernant Bird mais de là à ce que cela dure 6 mois…. ? 

Il en sortira parce qu’un résident « crédible » californien s’est porté garant, une vieille loi dénichée par l’avocat de Bird. Les copains avaient commencé à imaginer une évasion.

Dans des circonstances pareilles, comment et pourquoi porter un diagnostic qui se voudrait définitif ou qui pourrait avoir des conséquences définitives ?

Bird se droguait, soit, mais pas tellement plus que la moyenne des boppers et essayez donc de souffler dans un sax huit heures par jour sans quelque stimulant ! Essayez juste une demi-heure ! Essayez de voir quel effet ça fait d’avoir révolutionné le jazz, de s’être tué à la tâche, d’être un très grand musicien, d’en être au fait  et d’être condamné à jouer des thèmes de 32 mesures dans des bouges enfumés pour un public d’alcooliques ! Le soi-disant destin des musiciens noirs. Comment jouer dans des jam-session de 2h à 6h du matin, les laboratoires du jazz, une fois que vous avez fini de faire danser les blancs, comme à Kansas City, sans prendre « un petit remontant » ? Le jazz y reprenait dès 9h le matin.

Bird pensait que la 52° rue à New York (la rue du jazz à Manhattan dans les années 40) s’écroulait avec la fin de la guerre parce que la police et l’armée avaient décidé d’y fermer tous les bars. Ils avaient effectivement tenté de le faire. C’est une grande partie de son univers que Bird voyait disparaître. Où jouer sa musique ? Bird se redoutait bientôt sans « home », sans scène, enfermé à Harlem, lui qui avait conquis l’Europe.

La 52° rue avait une arrière-cour : le club de Billy Berg à Los Angeles et c’est pourquoi il part pour l’ouest. Il y est inconnu du public, « sideman » et non soliste, sans le sou, en gros …. rien. Vous connaissez désormais l’histoire ; Il s’y écroule et c’est à ce moment là que l’on porte à son encontre un diagnostic. Etait-ce vraiment nécessaire ? Une crise doit-elle concentrer de tels jugements ? Est-ce « scientifiquement » légitime ?

Il a été diagnostiqué psychotique, aliéné, schizophrène, à deux reprises, à chaque fois au détours d’une crise existentielle aigüe ( la seconde fois après la mort de sa fille). En dehors de ces crises, Bird ne présentait pas de pathologie psychiatrique si ce n’est qu’il se droguait ….. comme la plupart des musiciens de jazz de cette époque. Cela n’empêchait pas un parcours d’exception.

C’était un surdoué, un génie musical, un visionnaire. Un noir, libre et entravé comme personne, qui fit gagner au jazz de nouveaux titres de noblesse.

Et pourtant, à coup sûr, de nos jours, Bird aurait « bénéficié » de soins sans consentement, pourquoi pas, mais aussi sans doute de soins en ambulatoire obligatoires s’il avait vécu en France. A défaut d’altérer la gamme, cela aurait altéré sa créativité et sa présence au monde. Imaginez : Bird sous neuroleptique retard toute sa vie pour deux crises de quelques jours, sans son consentement, sans sa collaboration à son traitement et surtout sans horizon partagé avec son thérapeute. 

Cette marque, un traitement obligatoire à domicile sous peine d’hospitalisation dans un lieu psychiatrique pour récalcitrants avec inscription dans un fichier, aurait donc sanctionné 2 crises pour une période indéfinie.  

Le juge avait choisi Camarillo pour Bird, un lieu de soin, mais que se serait-il passé si les copains avaient été absents, si un psychiatre de sa connaissance n’était pas intervenu : la prison ou un établissement dont on ne sortait pas.

Billy Holiday, Wardell gray, Howard McGhee, Bud Powell, Lester Young, etc….. n’ont pas eu autant de chance.

Ces 2 crises sont-elles ce qui caractérise le plus la vie de Charlie Parker ? Sont-elles isolables du reste de son existence et méritent-elles une sanction en tant que tel ?

 Le traitement obligatoire en ambulatoire étale en l’occasion sa démesure. 

Charlie Parker n’était pas commode et n’en faisait qu’à sa tête, Dieu merci. Il aurait balancé tous les conseils des « blanc-bec » qui auraient soi-disant désiré son bien. Que soupçonnaient-ils des conditions de vie d’un musicien noir, qui plus est d’avant-garde ? 

Son consentement se méritait et il savait de quoi il parlait.  La ségrégation, le « séparés mais égaux », les lois de 1894 , il connaissait jusqu’à plus soif.

La ségrégation aux USA ne reposait pas sur le principe de précaution à l’égard de la dangerosité supposée comme aujourd’hui en France mais sur la couleur de peau. 

Un Noir pouvait-il faire de la musique savante et porter le jazz à la dignité de la musique de chambre ? Un Noir était-il capable d’un tel degré de « civilisation » ?  Bird, en a payé le prix, mais a répondu à ces questions.

La ségrégation est susceptible de fausser bien des jugements et peut être même de rendre sourd…… Merci Bird.

Patrice Charbit

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>Lettre du Responsable médical de l’HAD & Responsable du pôle ambulatoire PASIA

Auch, le 2 août 2011 Cher(e)s collègues, 

J’ai l’honneur de vous informer que l’équipe d’Hospitalisation à Domicile, que je dirige, n’interviendra pas au domicile des patients dans le cadre des « programmes de soins » instaurés par la loi du 5 juillet 2011.En effet, cette disposition de « traitement forcé » à domicile, que nul garde-fou judiciaire ne vient encadrer, s’oppose à la déontologie médicale comme aux droits des patients, et plus largement aux libertés fondamentales : vie privée, inviolabilité du corps humain, liberté d’aller et venir, sûreté… Etant au service de l’individu comme de la santé publique, dans le respect d’une relation de confiance soumise au secret médical, et indépendants de l’administration qui nous emploie, il ne nous est éthiquement pas possible de cautionner une politique sécuritaire qui ne peut que persécuter davantage les patients, et aggraver par conséquent leur risque de décompensation et de passage à l’acte.

Je vous joins la déclaration d’entrée en résistance du 1er août, et un article du Monde qui étayent cette position s’inscrivant dans un mouvement national.Conformément à son projet médical, l’équipe d’HAD continuera à suivre chez eux les patients qui le nécessitent, avec leur accord, mais indépendamment de tout « programme » imposé par des considérations autres que strictement sanitaires. 

Par ailleurs, je ne manquerai pas de vous faire parvenir rapidement un courrier d’information syndicale sur les modalités de la résistance au dévoiement sécuritaire insensé de notre pratique professionnelle, contre lequel je n’ai cessé d’agir et de vous mettre en garde ces dernières années, mais qui s’aggrave encore aujourd’hui. Vous constaterez ainsi avec moi que la lutte non-violente, lorsqu’elle est légitime et déterminée, est tôt ou tard couronnée de succès.    

En vous remerciant de votre collaboration, et en vous assurant de ma parfaite disponibilité dans la période difficile qui s’annonce, je vous prie d’agréer, cher(e)s collègues, l’expression de mes salutations amicales et confraternelles.           

 Olivier LABOURET Responsable médical de l’HAD & Responsable du pôle ambulatoire PASIA

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>Lettre au directeur de l'EPSM de la Marne du Dr P.Chelma

 

 

Centre de Jour Antonin Artaud                                               Reims, le mercredi 10 août 2011

 40, rue de Talleyrand

      51100 REIMS 

 

 

Tél. : 03.26.40.01.23 

Fax : 03.26.77.93.14 

 

 

Monsieur le Directeur  de l’EPSM de la Marne                                                           

 

 

Copies : 

 

Madame Caroline BOUTILLIER 

Directeur Adjoint en charge des Affaires Générales, du secteur Médico-social et de la Communication

 

– Madame KREMER

Directeur  adjoint en charge des services   économiques, informatiques techniques,  et logistiques.

– Madame Patricia ROBERT

   Directeur des Soins

– Monsieur le Dr A.Rigaud,président de la CME

– Monsieur le Docteur E. Wargny, vice-président     de la CME

 

 

Pièce-jointe : la newsletter du groupe des 39 

 

Monsieur le directeur,

 

Suite à la mise en place au 1er août 2011 de la nouvelle loi psychiatrique, et comme je vous en avais informé oralement et par mail, l’équipe médicale du service 51ZR4 a pris un certain nombre de dispositions :

 

1 – lever le plus possible de mesure de « soins sans consentement » avant le 15ème jour sauf si ces mesures s’avéraient indispensables.

 

2 – Comme chacun le sait la plupart des HDT étaient justifiées par le besoin d’obtenir une place à l’hôpital et non principalement pour  des motifs médicaux ; et la mise en place de prises en charge relationnelles permet d’obtenir le plus souvent le consentement du patient.

 

3 – Eviter le plus possible les visites au tribunal chez le JLD sauf pour les patients qui le demandent ou qui seraient maintenus « arbitrairement » en HO par le préfet. Cette parodie de justice nous paraît  désastreuse ( et c’est aussi d’ailleurs l’avis des syndicats de magistrats).

 

4 – Eviter le plus possible la mise en place de « programmes de soins ambulatoires sans consentement », mesure qui nous paraît contraire à notre éthique et qui implique une supervision des soins par le préfet.

 

5 – Il s’avère que dans notre service il ne reste que 2 HO judiciaires à l’heure actuelle (même si on ne peut pas préjuger de l’avenir) alors que d’autres services rémois comportent  15 patients en soins sans consentement, ceci alors que les soins libres devraient rester la règle et non l’exception. 

 

Nous estimons que chaque service mène la politique de soins qu’il entend, et en porte la responsabilité. Mais dans ce cas, il est important qu’il l’assume lui-même, et donc que les médecins de ces services fassent les certificats, et que les infirmiers assurent les accompagnements. Il nous parait aberrant de « mutualiser la contrainte », alors que des manières différentes de travailler sont possibles et relèvent de la responsabilité de chaque équipe médicale et soignante.

 

J’insiste aussi sur le fait que les dispositions que nous prenons correspondent à des mots d’ordre nationaux du groupe des 39, de l’Union Syndicale de la Psychiatrie et de la plupart des organisations démocratiques.

 

Il s’agit de construire une résistance à cette loi -sans pour autant rentrer dans l’illégalité-  en engageant en même temps la campagne pour son abrogation.    

  

 

  Dr Patrick CHEMLA

Pour l’équipe médicale du service 51zr4

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>Appliquer une loi antithérapeutique ?

 

La loi du 5 juillet 2011 réformant les soins psychiatriques entrera en vigueur le 1er août 2011. Dans les hôpitaux, son application va engendrer des pratiques toujours plus inquiétantes : mise en place de vidéo-audiences dans de nombreux départements, transports collectifs de patients en crise etc.

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire appelle à refuser de cautionner et de mettre en pratique de telles mesures anti-thérapeutiques qui seront délétères pour des soins psychiques de qualité.

Libertés à distance… plutôt caméras ou plutôt fourgon collectif ?

La loi introduit le juge des libertés et de la détention dans les deux premières semaines de l’hospitalisation sans consentement. Pour respecter cette obligation légale, deux possibilités sont envisagées pour cette audience : le transport des patients dans les Tribunal de Grande Instance (TGI) ou la mise en place de la vidéo-audience.

Devant la pénurie de juges et de greffes, de nombreux TGI ont fait savoir qu’il n’y aurait pas d’audience systématique dans les hôpitaux psychiatriques (les audiences « foraines »), reportant la gestion du manque de moyens sur les équipes psychiatriques déjà fort démunies pour assurer leur mission de base, soigner.

Comment les équipes pourront-elles faire face à cette nouvelle pénurie des personnels vacants des services qui impliquerait une aggravation de la dégradation des soins ?

Comment les patients insuffisamment stabilisés par douze jours d’hospitalisation réagiront-ils à un transport parfois de plusieurs dizaines de kilomètres ainsi qu’à l’attente au tribunal ? Faudra-t-il camisoler chimiquement et physiquement les patients pour les emmener devant le juge ?! 

Si les directions d’hôpitaux ont obligation d’assurer l’audience devant le juge, nous devons rappeler à nos administrations et aux juridictions que les soignants ne peuvent éthiquement cautionner des mesures allant à l’encontre de la clinique, des soins, de leur éthique et de leur indépendance professionnelle. 

et de s’organiser en conséquence (audiences foraines etc.). L’impératif premier pour tout soignant est, d’abord et avant tout, de ne pas nuire à la santé du patient.

Secret médical : un secret de polichinelle

Le juge des libertés et de la détention rendra sa décision lors d’audiences publiques. 

Alors que les certificats médicaux étayeront sa décision du juge, qu’adviendra-t-il du secret professionnel lors de telles audiences? Nous appelons les rédacteurs de certificats à mettre le strict minimum pour ne pas violer intégralement ce secret qui est l’un des garants de la relation thérapeutique.

Par ailleurs, les « soins » sans consentement en ambulatoire voient le jour. Alors que la contrainte se généralise et n’a pas de limite spatiale ou temporelle, le législateur a choisi de ne pas faire intervenir le juge pour garantir les libertés. Pourtant, les psychiatres devront rédiger un programme de soins qui, s’il n’est pas appliqué à la lettre par le patient, pourra conduire à sa ré-hospitalisation. Ce programme devra être visé et accepté par le préfet qui pourra le récuser ainsi que ses modifications ultérieures ; ce qui ouvre la porte à des imbroglios juridiques où les enjeux soignants sont mis sous tutelle sécuritaire !

Par principe, nous appelons autant que faire se peut, à ne pas prescrire de tels « soins » contraints et nous appelons les prescripteurs de ces programmes à rédiger leur certificat en sachant qu’il servira d’instrument de contrôle social. 

Une loi contre indiquée pour les soins

 

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire rappelle son combat depuis deux ans pour refuser cette loi de défiance qui, centrée sur la seule contrainte, dévoile ses incohérences, ses lourdeurs paralysantes et l’aggravation qu’elle va provoquer pour  les soignants, les patients et leurs familles.  

Nous appelons l’ensemble des professionnels à ne pas faire de zèle pour l’application de cette loi, à contrer le climat de défiance qu’elle instaure entre les patients et les équipes de soins et à mettre en place les conditions de sa marginalisation puis de son échec.

La campagne pour l’abrogation de cette loi ne fait que commencer !

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>Refuser la loi sur le titre de psychothérapeute

Il faut absolument refuser la loi sur le titre de psychothérapeute. Cette disposition législative est un des aspects organiques indissociable du reste : l'accepter, c'est faire entrer un cheval de Troie dans la nouvelle réglementation du soin psychique.


C'est la création d'une nouvelle corporation de "psychothérapeutes" au service du reste 'loi HPST, soins sans consentement, accréditation car qu'est-ce qu'elle introduit ?


Des psychiatres "sauvés" du dispositif car reconnus "psychothérapeutes" de droit, ce qui fait froid dans le dos quand on voit l'absence totale de cette formation dans leur études. Plus fort: : on leur reconnait ce titre alors que dans le même temps, on est en train de leur enlever l'exercice concret, condamnés qu'ils deviennent à n'être que des experts destinés au tri et aux prescriptions des pathologies les plus lourdes. 


Les psychologues cliniciens, les seuls réellement formés à l'université, sont condamnés à des formations et à des stages suplémentaires les plaçant au même titre que n'importe quel médecin. C'est un scandale, car non seulement cela est un affront aux universitaires en psychologie, mais c'est aussi une manière à inciter leurs programmes à faire l'impasse sur ces formations (psychopathologie et psychothérapies) puisque ceux qui voudront l'exercer devront se soumettre à des formations extra-universitaires spécifiques.


Les médecins, quelques soient leurs spécialités, pourront avoir accès au titre avec autant de facilité qu'un psychologue clinicien. C'est la reconnaissance de la prégnance d'un modèle médical organique pour aborder la psychopathologie.


Les psychologues non cliniciens seront soumis aux mêmes contraintes de formation que le béotien lambda qui veut devenir psychothérapeute alors que pendant ses trois premières années universitaires (licence) il est, de fait, initié à la psychopathologie et aux approches psychothérapiques.


Les psychanalystes se trouvent réduits aux mêmes exigences.


Enfin, alors que la loi se motivait d'être une barrière contre les dérives sectaires, elle est la porte ouverte au titre de "psychothérapeute" à n'importe qui car elle ne garantit rien et ne protége en rien. Cette loi était inutile : elle est devenue nocive.


Qu'ont fait l'ordre des médecins et les universitaires ? A quelle complicité, au moins passive, se sont-ils soumis ?


Quant on voit le contenu de ces formations donnant accès au titre, on comprend tout : les approches humanistes classiques (psychanalytiques ou autres, basées sur une idée de la personne et du lien thérapeutique) sont réduites au quart du programme. Les trois autres quarts sont consacrées aux approches cognitive, comportementalistes ou neurobiologiques. Celles-ci ne peuvent constituer autres chose que des techniques. N'étant fondées sur aucun substrat ontologique ou philosophique ; elles peuvent être au service de n'importe quelle idéologie (rappelons-nous l'utilisation de la psychiatrie dans l'ex-URSS).


Il s'agit bien de cela : former des "techniciens psychistes" au service des nouvelles politiques du soin basées sur l'objectivable, le quantifiable et l'évaluable d'un individu réduit à son "adaptabilité" sociale. Ils seront utilisables aussi bien dans le champ psychiatrique classique que dans ceux du monde de l'entreprise ou de l'Education Nationale.


Il n'y a qu'une position : refuser toute collaboration à la mise en place de cette loi.


Refuser d'y candidater.
Refuser d'y être jury.
Refuser d'accepter des stagiaires.
 
Joseph Mornet, psychologue, secrétaire national de la Fédération Croix Marine

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>Communiqué: Refuser cette loi anti-thérapeutique, sécuritaire et dangereuse.

Communiqué du 25 juin 2011

Après la manifestation Place de la République

Refuser cette loi anti-thérapeutique, sécuritaire et dangereuse.

 

Samedi 25 juin 2011, près de 500 personnes se sont rassemblées Place de la République, pour manifester leur refus de la loi adoptée par le Parlement le mercredi 22 juin. Patients, familles, professionnels de la psychiatrie, psychanalystes, citoyens, ont répondu à l’appel du Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire. Jack Ralite, ancien Ministre de la Santé, Serge Portelli, magistrat, membre du Syndicat de la Magistrature, Yves Clot, professeur au C.N.A.M., Lysia Edelstein, membre du syndicat de la Protection Judiciaire de la Jeunesse FSU,  Olivier Grignon président du Cercle Freudien, sont venus témoigner de leur soutien et dire combien les mêmes politiques sont à l’œuvre dans la justice, l’éducatif, le social et le monde du travail. Ecrasement des métiers, enfermement, contrôle, surveillance, à l’opposé de l’accueil et d’une approche humaine des questions de société.

 Nous voilà à l’orée d’une ère nouvelle qui n’entend plus soigner mais contrôler à partir de nouveau systèmes de normes, de nouveaux dispositifs intriquant justice, exécutif, législatif, psychiatrie.

S’il est difficile de penser la résistance c’est précisément parce que ces différents plans sont confondus et qu’en miroir, notre confusion est facilitée.

Le Collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire propose quelques pistes qui, du grain de sable dans la machine, au caillou dans la chaussure permettront d’ouvrir des espaces pour continuer à accueillir, soigner et accompagner les patients et leurs proches, espaces qui par l’adoption de cette loi subissent un collapsus.

Rappelons la devise hippocratique : Primum non nocere, « Premièrement ne pas nuire », et orientons nous avec cette balise antique.

 

Principes généraux :

– Nous refusons le climat de menace que cette loi instaure.

– Aucune de nos décisions cliniques ne va de soi, loi ou pas loi.

– Nous ne ferons pas de zèle, nous n’anticiperons pas les consignes données par la loi, nous ferons acte de résistance passive, nous trainerons les pieds pour faire au maximum obstruction.

Nous ne ferons rien pour huiler les rouages de la machine d’ici au 1er août 2011.

– Nous ferons tout pour préserver des soins anonymes et gratuits, pour éviter aux patients d’entrer dans les rouages des injonctions de soins (refus de la mise en place et de l’application de « l’identito-vigilance » par exemple)

– Nous ne nous focaliserons pas sur la question de la contrainte en psychiatrie qui, rappelons le, n’est qu’une minorité des soins prodigués.

Pour ne pas nuire :

– Conserver, coute que coute, le secret professionnel et communiquer le moins possible aux administrations avec lesquelles nous avons affaire, les éléments qui pourraient être préjudiciables pour les patients.

Nous nous engagerons à rendre la contrainte inutile dans nos pratiques quotidienne, par un engagement clinique, au cas par cas, dans des soins relationnels

–  Créer localement, avec les différents acteurs du secteur, des espaces pour de confiance avec les partenaires.

–   Nous ferons tout pour marginaliser cette loi en créant toujours plus de lien avec les acteurs de terrain, les patients et les familles.

 

Pour les psychiatres :

Ne pas nous laisser dicter notre pratique clinique par une loi anti-thérapeutique :

– Mettre le moins d’éléments « à charge » dans les dossiers médicaux et dans les certificats des patients pour ne pas lever le secret médical.

– Refuser de rendre des « avis » sur dossier sans avoir vu le patient.

– Refuser de jouer aux diseurs de bonne aventure en refusant de rendre des avis censés prédire la dangerosité ou le risque de passage à l’acte à venir.

– Refuser les vidéos – audiences avec les Juges des Libertés de manière systématique pour tous les patients en faisant des certificats médicaux de contre-indication.

– Refuser les accompagnements de patients au tribunal qui ne sont pas en état clinique de s’y rendre (le juge doit se déplacer, ce n’est pas notre problème, nous sommes des soignants, non pas des juristes, ni des auxiliaires !). Pour des personnes en état de grande souffrance psychique, de bouleversement moral, de désorganisation mentale, au quinzième jour d’une hospitalisation imposée, sans leur consentement, se retrouver dans un Tribunal ne peut qu’aggraver les troubles psychiques, amplifier l’angoisse, provoquer encore plus de troubles mentaux.

– Lever les mesures de contrainte aussi rapidement que possible pour proposer des permissions en soins libres de plus de douze heures.

– Refuser la prescription des programmes de soin ou à minima de pas intégrer des éléments précis (comme prescription contrainte de psychothérapie, d’activité thérapeutique)…

– Au cas où les préfets refusent la sortie d’un patient : indiquer dans les certificats que l’autorité administrative prend l’entière responsabilité de la dégradation de l’état psychique du patient quand celui-ci ne nécessite plus cliniquement de mesure de contrainte.

Pour les infirmiers :

– Refuser les formations de « gestion de la violence » qui relèvent de l’idéologie anti-thérapeutique actuelle (cf. rapport de l’IGAS)

– Prendre son temps avec les patients qui le nécessitent, qui ont besoin d’écoute, d’attention de disponibilité.

– Privilégier la parole avec les patients plutôt que perdre son temps à comptabiliser les actes dans les ordinateurs.

– Fonder des petits collectifs de base dans les services et dans les hôpitaux pour se soutenir, débattre, penser et lutter contre les pratiques de plus en plus déshumanisantes : camisole de force, contentions, cellules d’isolement, protocoles abscons etc.

– Refuser d’organiser des « distractions » comme l’a proposé le Rapport de l’I.G.A.S du 31 mai 2011. Mais lutter pour instaurer et continuer les activités thérapeutiques, les ateliers de création. Nous sommes des soignants, pas des animateurs télés, ni des gentils organisateurs de clubs de vacances.

 

Pour les psychologues :

– Refuser des psychothérapies contraintes par des programmes de soin.

– Refuser d’être sous la responsabilité pleine et entière du pouvoir médical : conserver son indépendance de statut.

 – Refuser d’être des experts exclusifs en thérapie brève comme le propose le décret sur les psychothérapies.

Soutenir dans les services le travail clinique de mise en lien et de mise en sens en tant que fondement des soins psychiques.

 

Pour tous les soignants :

– S’engager à ne pas signaler et à ne pas ficher avant d'avoir mis en place tout autre moyen respectueux de la dignité humaine. Le manque de moyen ou de personnels ne doit jamais conduire à la déshumanisation des relations soignantes ni au désengagement. Dans les cas extrêmes, rappeler dans un signalement "le manque de moyen et de personnel pour apporter les soins nécessaires à ce patient met en cause gravement l'ordre public"

– Lever les protocoles de soin rapidement.

– Ne pas prescrire de soins sans consentement en ambulatoire, autant que faire se peut.

– Refuser la priorité des « soins » contraints dans les Centres de consultations par rapport aux personnes déjà en soins ou venant demander à entrer dans une démarche thérapeutique, venant se soigner librement. Nous n’abandonnerons pas la continuité des soins déjà entrepris.

 Refuser la priorité des « soins » contraints dans les Centres de consultations par rapport aux personnes déjà en soins ou venant demander à entrer dans une démarche thérapeutique, venant se soigner librement. Nous ne nous ferons pas imposer l’abandon de la continuité des soins déjà entrepris. 

– Faire des visites à domicile autant que les moyens le permettent pour éviter aux patients et à leur famille d’avoir à faire aux « brigades de chocs ».

– Répondre aussi rapidement que possible aux situations qui risquent d’aboutir à des « soins » sans consentement  en ambulatoire.

Au niveau général, nous solliciterons :

– Le conseil de l’Ordre pour la levée du secret médical, lors des audiences judiciaires et dans les casiers psychiatriques qui se créent.

– La Commission Européenne des Droits de l’Homme pour la mise à mal de l’inviolabilité du domicile et la mise à mal de la liberté de circulation.

– Le Conseil constitutionnel en soutenant les questions prioritaires de constitutionalité et les recours possibles présentés par les patients ou leurs familles. 

Le Collectif des 39 s’engage à soutenir les professionnels et les équipes qui seraient mis en difficulté, ou menacés, pour vouloir mettre l’éthique des soins en priorité avant la pratique de cette loi indigne.

A l’automne, le Collectif des 39 organisera un nouvel événement politique et culturel pour l’accueil et l’hospitalité pour la folie et pour faire le point sur les difficultés rencontrées à partir du premier août et sur les modalités de résistance mises en œuvre.


 

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>Remarques sur le projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge

Préalable:

En psychiatrie, il arrive que l’on se trouve dans la situation difficile de penser qu’une personne nécessite des soins dans les lieux de l’hôpital alors même qu’elle le refuse, que ce refus d’aller à l’hôpital la met en danger, met en danger aussi, parfois, les personnes qui l’entourent.

Dans ces cas, il peut paraître nécessaire d’assurer la présence physique de cette personne à l’hôpital contre son gré. La loi actuelle (loi de 1990) le permet au moyen des hospitalisations sur demande de tiers (HDT) et les hospitalisations d’office (HO), qui constituent, donc, de réelles privations de liberté : privation de la liberté d’aller ou venir de cette personne ou bon lui semble. La loi n’a pas à se prononcer les types de soins dispensés, ce n’est pas son affaire, mais il peut sembler nécessaire qu’elle fixe les conditions juridiques autorisant à déplacer (voire à enfermer) quelqu’un dans un lieu (l’hôpital) contre sa volonté. Les conditions son strictes : il faut que cette personne « nécessite des soins immédiats assortis d’une surveillance constante en milieu hospitalier », dans le cadre de l’HDT, que « l’état de cette personne compromette la sûreté des personnes ou porte atteinte, de façon grave, à l’ordre public », dans le cadre de l’hospitalisation d’office.

Dans le projet de loi devant remplacer la loi de 1990, le terme « hospitalisation » est remplacé par le mot « soin ».L’enjeu est annoncé : il ne s’agit plus d’une loi qui garantit les conditions précises de la présence physique d’une personne à l’hôpital contre sa volonté mais désormais d’une loi qui prétend traiter du « soin ».

Introduction :

La lecture de l’étude d’impact[1] datée de mai 2011 et consacrée au projet de loi qui nous occupe révèle un postulat idéologique d’entrée de jeu, lequel justifie l’entièreté du projet :

« Les pathologies mentales graves s’inscrivent souvent dans une certaine durée, avec des périodes de crises et de rémissions. Mais les avancées scientifiques tant dans le domaine des neurosciences, de la biologie que des thérapeutiques médicamenteuses ont modifié ces vingt dernières années les pratiques cliniques, confortées en cela par les résultats d’une recherche clinique en plein essor.

Le pronostic des pathologies mentales en a été transformé, ce qui a modifié le recours aux soins en psychiatrie et son organisation. »

Etude d’impact, Mai 2011, page 6. 

On ne sait sur quels fondements repose cette assertion. Elle ne fait nullement consensus dans la profession puisqu’aucune nouvelle classe médicamenteuse n’a été découverte depuis le premier neuroleptique (Chlorpromazine, 1951) et que les recherches en neurosciences n’ont donné aucun résultat probant.

Aussi, comme l’écrit François Gonon, neurobiologiste à Bordeaux[2] :

« Dans le domaine de la neurobiologie, les informations qui intéressent le grand public concernent en premier lieu la santé mentale. Les déformations du discours renforcent le point de vue selon lequel les neurosciences sont à même de rendre compte de toutes les affections neurologiques et psychiatriques. Or, force est de constater que le traitement des causes des principales maladies neurodégénératives (Alzheimer et Parkinson) n’a pas fait de progrès majeur depuis cinquante ans.

L’apport effectif des neurosciences à la psychiatrie est également mince : aucun marqueur biologique d’un trouble psychiatrique n’a encore été validé et les neurosciences n’ont pour l’instant pas permis de découvrir de nouvelles classes de médicaments »


[1] Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge, étude d’impact Mai 2011

[2] Gonon, F. et Konsman, J.-P. (2011) Pour une éthique de la communication en neurosciences, La lettre des neurosciences, bulletin de la Société des Neurosciences, Printemps-été 2011, n°40


Le document complet à télécharger : Remarques actualisées sur le projet de loi

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>Appel à manifester le 25 juin 2011

 

Appel du Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire 

APPEL A MANIFESTER LE 25 JUIN à 14H 

PLACE DE LA REPUBLIQUE – PARIS

 

Depuis plusieurs mois, la majorité des professionnels et les citoyens ont dénoncé le vote du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et, aux modalités de leur prise en charge ».

 

Malgré nos propositions, cette loi désorganisera gravement la majorité des services de psychiatrie publique dès le 1er août 2011, fera pression sur des administrations prises de court (ARS, préfectures, justice) et n’améliorera pas la possibilité des recours garantissant les libertés.

 

Ethiquement, nous ne pouvons accepter cet ensemble de mesures qui n’a plus vocation à soigner mais à créer l’illusion que les psychiatres, les juges, les directeurs d’hôpitaux et les préfets pourraient garantir l’ordre social au moyen de recettes gestionnaires et sécuritaires qui n’ont jamais fait leurs preuves.

 

Afin de maintenir une possibilité de soin relationnel nécessaire à toute personne en grande souffrance psychique, qu’elle puisse ou non consentir aux soins, nous appelons tous les soignants en psychiatrie, les patients, les familles et tous les citoyens à refuser solennellement cette loi et à résister à cette indignité.

 

Nous nous engageons à rechercher les modalités précises et pratiques pour soutenir une hospitalité à la folie, garantir la dignité des patients,  et maintenir vivant notre métier, nous appuyer sur notre éthique de soignant et refuser toutes les entraves à la rencontre, à la relation thérapeutique, et à la continuité des soins. 

 

Nous refusons la « liberté » sous contrôle qui va s’exercer par webcam interposées lors des « vidéo-audiences », et  risque de perturber les patients les plus fragiles en aggravant leurs difficultés psychiques.

 

Nous affirmons que nous poursuivrons des soins en rapport avec notre éthique en refusant de dénoncer les patients aux autorités de tutelles, pour ne pas trahir les liens de confiance souvent difficiles à instaurer avec ceux qui vivent une catastrophe psychique.

 

Nous nous opposerons à tout ce qui peut conduire à la levée du secret professionnel et de l’indépendance professionnelle.

 

Nous refuserons donc à chaque fois que nous le pourrons le recours aux soins obligatoires en ambulatoire qui sont au cœur de cette loi, et nous ferons tout pour lever ces mesures.

 

Nous refuserons l’application des « programmes de soins » imposés à tous les professionnels.

 

Nous n’abandonnerons pas la continuité des soins pour les patients suivis régulièrement au nom d’une priorité qui nous serait imposée pour les patients mis en « soins » sans consentement en ambulatoire ou hospitalisés.

 

Nous refuserons de rendre des avis médicaux sur simple lecture du dossier du patient, comme le prévoit la loi.

 

Enfin nous appelons les artistes, intellectuels et tous les citoyens qui sont révoltés par le lien social ségrégatif qui nous est proposé à rejoindre notre combat pour refuser cette nouvelle discrimination de la Folie.

 

Nous vous appelons tous à manifester votre refus de cette loi indigne, avant l’été et la mise en route au 1er août des nouveaux dispositifs de cette loi.

 

 

Le 25 JUIN à 14 H Place de la République

 

 

 
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>Appel du 18 juin de Saint Alban

Ce 18 juin 2011 de Saint Alban, qui fut ce haut-lieu de la Résistance et de la création du mouvement d’analyse institutionnelle dans les années 40, les 550 participants aux Rencontres Annuelles de Psychothérapie Institutionnelle dans l’hôpital François Tosquelles déclarent solennellement leur refus et manifestent aujourd’hui leur soutien à l’Appel du Luxembourg, lancé le 15 juin 2011 par le collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire : Cette loi adoptée, nous la refuserons et demandons son abrogation ! 

Depuis plusieurs mois, la majorité des professionnels et les citoyens ayant à cœur une hospitalité pour la folie à rebours des préjugés sécuritaires actuels, ont dénoncé la déraison d'Etat qui s’est exprimée par le vote du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et, aux modalités de leur prise en charge ».

Malgré nos propositions, il n'y a pas eu de sursaut républicain des élus de la majorité gouvernementale et pourtant, une fois votée, cette loi va rendre beaucoup plus compliqués l’accès aux soins et la continuité des soins pour les patients et leurs familles. Elle désorganisera la majorité des services de psychiatrie publique dès le 1er août 2011, fera pression sur des administrations prises de court (ARS, préfectures, justice) et elle n’améliorera pas la possibilité des recours garantissant les libertés.

Cette loi bientôt adoptée, il ne reste plus que le sursaut des professionnels et des citoyens afin d’empêcher une catastrophe sanitaire sans précédent pour la psychiatrie. Ethiquement, nous ne pouvons accepter cet ensemble de mesures qui n’a plus vocation à soigner mais à créer l’illusion que les psychiatres, les juges, les directeurs d’hôpitaux et les préfets pourraient garantir l’ordre social aux moyens de recettes gestionnaires et sécuritaires qui n’ont jamais fait leurs preuves. Il est plus que jamais nécessaire, dans le champ de la psychiatrie, de se recentrer sur la mission soignante en élaborant, avec les patients et leur famille, des pratiques de soins au cas par cas et au long cours, quand elles le nécessitent.

Nous ne saurions rester impuissants face à ce texte idéologique, discriminatoire et promouvant la délation tout en détruisant la relation de confiance « soignants – soignés ». Ce texte dangereux consacre la rupture du secret professionnel, la fin de l’indépendance professionnelle qui sera désormais soumise à « un programme de soins » dicté par le Conseil d’Etat. Par nécessité éthique afin de maintenir une possibilité de soin relationnel nécessaire à toute personne en grande souffrance psychique, qu’elle puisse ou non consentir aux soins, nous appelons tous les soignants en psychiatrie, les patients, les familles et tous les citoyens à refuser solennellement cette loi et à résister à cette indignité. Ici à partir de Saint Alban, nous nous engageons à rechercher les modalités précises et pratiques pour soutenir une hospitalité à la folie, garantir la dignité des patients, et maintenir vivant notre métier, nous appuyer sur notre éthique de soignant et refuser toutes les entraves à la rencontre, à la relation thérapeutique, et à la continuité des soins.

Par exemple :

Nous nous opposerons à tout ce qui peut conduire à la levée du secret médical et l’indépendance professionnelle.

Nous refuserons l’application des « programmes de soins » imposés à tous les professionnels.

Nous refuserons de faire les certificats de maintien en hospitalisation sur le simple examen du dossier du patient, comme le prévoit la loi.

Nous refuserons les « vidéo-audiences » pour les patients dont l’état ne permet pas de se rendre au tribunal pour rencontrer un juge des libertés.

Nous n’abandonnerons pas la continuité des soins pour les patients suivis régulièrement au nom d’une priorité qui nous serait imposée pour les patients mis en « soins » sans consentement en ambulatoire ou hospitalisés. Etc…

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>Journée de REFUS

Communiqué de presse 

 

Psychiatrie :

Mercredi 15 juin 2011 – JOURNÉE de REFUS –

du Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes

faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge.

 

DÉCLARATION

 

 

Nous, collectifs et organisations signataires, réaffirmons notre refus du « Projet de loi relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge »

 

 

Déjà inacceptable dans sa version initiale, les amendements successifs ont fini de dévoiler ses intentions premières : imposer la contrainte et le contrôle comme fondement du soin en psychiatrie. Ce n’est pas une loi sanitaire, mais une loi sécuritaire. Elle étend la contrainte à toute forme de soin en psychiatrie, de l’hôpital jusqu’au domicile. Elle prévoit en outre un « accueil » de 72 heures, véritable garde à vue psychiatrique sans droits de recours. La position soignante y est dégradée en « expertise de dangerosité », le soin relationnel est évacué. Elle est une grave atteinte aux libertés. Elle dénature la décision du Conseil Constitutionnel du 26 novembre 2010 imposant l’intervention du juge des libertés, en instituant un contrôle judiciaire au rabais. Elle met en place un authentique casier psychiatrique à vie.

 

Cette loi aggravera l’état déjà misérable de l’accès aux soins en psychiatrie et de son dispositif mis à mal par les politiques qui lui sont appliquées depuis vingt ans. L’état des lieux du soin en psychiatrie est catastrophique, dénoncé de longue date, et à juste titre, par les associations de patients, de familles, et les organisations de professionnels. Cet état de fait est aujourd’hui repris par la publication de diverses inspections dans un rapport de l’IGAS. Ce rapport reprend des faits sans revenir sur les causes historiques de délitement des formations et des budgets, sans intégrer les conséquences de la mise en place de la loi HPST. Nous le combattrons dans ses conclusions et préconisations car certaines sont absurdes, instrumentalisées par le gouvernement à des fins purement sécuritaires et insultantes pour le travail des professionnels qui au quotidien luttent pour préserver la qualité de soin malgré les circonstances.

 

Cette orientation sécuritaire s’inscrit dans un processus plus global de stigmatisation de populations désignées comme dangereuses. Loi après loi, le fou, le jeune, l’étranger, ou le chômeur…, parmi les populations les plus vulnérables, deviennent ainsi des boucs émissaires pour incarner la peur afin de masquer le démantèlement à l’œuvre des services publics et des solidarités. Ainsi, dans le soin en psychiatrie, l’équilibre est rompu entre les nécessités de soins et les libertés individuelles.

 

Nous pensons qu’il est de la responsabilité de tous les citoyens et de toutes les organisations attachées au respect des droits de l’Homme d’exiger le retrait pur et simple de ce projet de loi. C’est la liberté de chacune et chacun d’entre nous qui est menacée

 

Nous réclamons un plan de financement d’urgence pour le soin en psychiatrie, relançant les politiques de formation et donnant aux équipes les moyens d’accueillir, de soigner et d’accompagner la souffrance psychique.

Nous demandons l’organisation d’un débat national, incluant usagers, famille, organisations de professionnels et élus afin de poser les bases d’une loi sanitaire, humaniste, pour la psychiatrie publique de secteur soucieuse du respect des droits des citoyens.

 

Dès l’automne nous nous proposons d’ouvrir des espaces de débat pour organiser la résistance aux politiques de la peur.

 

 

 

 

Mercredi 15 juin 2011

alors que le sénat débattra en seconde lecture de ce projet de loi

 

 

Délégation auprès du Sénat à 10 heures

 

Les organisations signataires invitent journeaux, radios, télévisions, médias à une conférence de presse au Sénat à 14h30.

 

A un forum citoyen devant le Sénat, square Francis Poulenc, de 16 heures à 18 heures.

 

* Devant les préfectures de départements.

 

Organisations signataires :

Collectif des 39 La Nuit sécuritaire, Collectif Mais c’est un Homme

Advocacy France, Alternatifs, ATTAC, Centre de réflexion et de proposition d’actions (CRPA), Collectif Non à la Politique de la Peur, Coordination nationale des comités de défense des hôpitaux et maternités de proximité, Fédération Santé Sociaux CFDT, Fédération CGT Santé et Action sociale, Fédération nationale des Croix Marine, FASE, Fondation Copernic, Groupe Information Asiles (GIA), Groupe Multiprofessionnel des Prisons, IDEPP, Ligue des droits de l’homme, Nouveau Parti Anticapitaliste, PCF, PG, PS, SERPSY, Sud santé sociaux, Syndicat de la Magistrature, SNPES/PJJ/FSU. SPEP, SPH, USP.

 

 

 

 

 

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>Journée de mobilisation unitaire Mercredi 15 juin 2011 à 16h30

 

Appel du Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire


Si cette loi est adoptée, nous la refuserons.

Journée de mobilisation unitaire

Mercredi 15 juin 2011: 2ème lecture de la Loi 

À l’issue de la conférence de presse au sein du Sénat 

Rassemblement devant l’entrée principale à 16h30

Depuis plusieurs mois, la majorité des professionnels et les citoyens ayant à cœur une hospitalité pour la folie à rebours des préjugés sécuritaires actuels, ont dénoncé la déraison d'Etat qui s’est exprimée par le vote du projet de loi « relatif aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et, aux modalités de leur prise en charge ».

Malgré nos propositions, il n'y a pas eu de sursaut républicain des élus de la majorité gouvernementale et pourtant, une fois votée, cette loi va rendre beaucoup plus compliqués l’accès aux soins et la continuité des soins pour les patients et leurs familles. Elle désorganisera la majorité des services de psychiatrie publique dès le 1er août 2011, fera pression sur des administrations prises de court (ARS, préfectures, justice) et paradoxalement, elle n’améliorera pas la possibilité des recours garantissant les libertés.

Cette loi adoptée, il ne restera plus que le sursaut des professionnels et des citoyens afin d’empêcher une catastrophe sanitaire sans précédent pour la psychiatrie.

Ethiquement, nous ne pouvons accepter cet ensemble de mesures qui n’a plus vocation à soigner mais à créer l’illusion que les psychiatres, les juges, les directeurs d’hôpitaux et les préfets pourraient garantir l’ordre social aux moyens de recettes gestionnaires et sécuritaires qui n’ont jamais fait leurs preuves.

Il est plus que jamais nécessaire, dans le champ de la psychiatrie, de se recentrer sur la mission soignante en élaborant, avec les patients et leur famille, des pratiques de soins au cas par cas et au long cours, quand elles le nécessitent. Nous ne saurions rester impuissants face à ce texte idéologique, discriminatoire et promouvant la délation tout en détruisant la relation de confiance « soignants – soignés ».

Ce texte dangereux consacre la rupture du secret professionnel, la fin de l’indépendance professionnelle qui sera désormais soumise à « un programme de soins » dicté par le Conseil d’Etat.

Par nécessité éthique afin de maintenir une possibilité de soin relationnel nécessaire à toute personne en grande souffrance psychique, qu’elle puisse ou non consentir aux soins, nous appelons le mercredi 15 juin tous les soignants en psychiatrie, les patients, les familles et tous les citoyens à refuser solennellement cette loi.

D’ores et déjà, il nous paraît essentiel d’appeler à un grand rassemblement unitaire à Paris, avant l’été, pour entériner notre refus et organiser la résistance qui concourra à l’abrogation. 

Collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire

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>Montfavet, les directeurs des 5 unités pour malades difficiles de France ont exprimé leurs inquiétudes (La Provence.com)

 

 

René Pandelon (ici à l'unité de Montfvet) : "On risque de créer des malades à vie. Sous prétexte de favoriser l'accès aux soins, on met en réalité en place un système de contrôle des populations".

Photo Ange Esposito

Faut-il se réjouir de la création prochaine de cinq nouvelles unités pour malades difficiles (UMD) en France ? En apparence oui, puisque la capacité d'accueil en milieu sécurisé des patients souffrant de troubles psychiatriques et potentiellement dangereux pour autrui s'en trouvera considérablement élargie.

Mais le corps hospitalier y voit également la conséquence d'une approche sécuritaire de la psychiatrie et en redoute les effets pervers. Et la question a fait plus que traverser le congrès inter-UMD annuel, qui vient de se tenir au centre hospitalier de Montfavet, à Avignon.

"Ce n'est pas forcément une bonne nouvelle dans le sens où cela traduit le retour à une conception de la psychiatrie très hospitalo-centrée",estime le Dr René Pandelon, chef du pôle de soins intensifs sécurisés et en milieu pénitentiaire (PSISMP) et responsable de l'UMD de Montfavet.

A partir des années soixante, une politique de prévention et de soins au plus près des populations avait été mise en place, avec des petites unités sur tout le territoire. Ce qui permettait d'éviter l'hospitalisation dans de nombreux cas, les patients restant le plus souvent dans leurs familles tout en étant soignés en ambulatoire.

"Or, depuis quelques années, par manque de moyens, on reconcentre et on hospitalise beaucoup plus, poursuit René Pandelon. Il est évident que nous avons besoin d'accueillir dans des conditions particulières les patients très dangereux qui ont commis des actes médico-légaux mais la majorité de ceux qui sont accueillis en UMD aujourd'hui sont des patients ayant commis de simples agressions ou proféré des menaces à répétition contre le personnel psychiatrique. Et s'ils sont là, c'est surtout parce que les unités normales n'ont pas les moyens de les prendre en charge. En ce sens, la multiplication des UMD, où les patients sont soignés par des équipes qui ne les connaissent pas, est le signe d'une dégradation du système".

Le projet de loi sur la psychiatrie, toujours en discussion, inquiète également René Pandelon. En particulier la possibilité de contraindre tous les malades à se soigner, même ceux qui ne sont pas hospitalisés, sur le double avis d'un médecin et du juge des libertés.

"Outre qu'on néglige le consentement, qui est la condition nécessaire du soin, on sait bien qu'il sera extrêmement difficile de lever cette obligation puisque la décision sera judiciaro-administrative,souligne-t-il. Quel préfet va prendre ce risque alors que la prise de médicaments ne coûte pas grand chose ? Aucun… On risque de créer des malades à vie et sous prétexte de favoriser l'accès aux soins, on met en réalité en place un système de contrôle des populations. Tout ça à cause de quelques faits divers, concernant des personnes dont je reconnais qu'il faut les enfermer pour les soigner, mais en exploitant ces cas dans une perspective sécuritaire".

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Montfavet réputé pour ses ateliers artistiques

A Montfavet, les directeurs des cinq unités pour malades difficiles de France ont également partagé leurs expériences, chacun explorant au-delà des protocoles habituels communs des voies de soin spécifiques. René Pandelon, à Avignon, met tout particulièrement l'accent sur la pratique artistique, à travers des ateliers de peinture, de poterie, d'écriture ou même de théâtre avec des créations présentées dans le festival Off.

"Tous les UMD font des ateliers mais ici, nous les pratiquons de manière plus intensive, explique René Pandelon. C'est l'une des meilleures manières de traiter la psychose car elle permet au patient de suppléer à ce qu'il ne peut être. En atelier, il n'est pas que délirant ou fou, il devient acteur, peintre, etc.".

Joël RUMELLO (jrumello@laprovence-presse.fr)

Article publié sur http://www.laprovence.com

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>L’IGAS se nourrit de faits divers pour enterrer la psychiatrie de secteur

 

Communiqué du collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

Le 31 mai 2011

Ce jour, à partir d’exemples dramatiques et exceptionnels, un rapport de l’IGAS pointe les « dysfonctionnements des hôpitaux psychiatriques » concernant leur « sécurité ».

A l’heure où la FNAPsy (association majoritaire d’usagers) se lève contre le projet de loi voté ce jour en deuxième lecture à l’Assemblée Nationale, ce rapport œuvre, de fait, pour une psychiatrie toujours plus sécuritaire et toujours plus stigmatisante. Il va précisément à l’encontre de l’avis du contrôleur général des lieux de privation de libertés, (Mr JM Delarue) et de celui de la Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme.

Ce rapport de l’IGAS nous indigne ! Il érige le risque zéro et le principe de précaution en valeurs absolues quitte à sacrifier des centaines de milliers de personnes sur l’autel de l’efficacité, réduisant leurs souffrances aux risques qu’ils représentent pour les autres.

Rappelons qu’après le discours du président de la République à Antony, le 2 décembre 2008, les crédits (70 millions d’euros) avaient afflués pour « sécuriser les hôpitaux psychiatriques », alors que dans le même temps aucun poste soignant n’avait été créé !

Rappelons que la politique de destruction systématique de la psychiatrie depuis une trentaine d’années ne pourra qu’avoir des conséquences encore plus tragiques si les politiques n’ont pas le courage d’aller à l’encontre du climat de peur ambiante dont la figure du « schizophrène dangereux » n’est que l’un des nombreux avatars.

Depuis des mois et des années, nous sommes indignés par les conséquences de l’incurie de la puissance publique que nous voyons détruire nos pratiques quotidiennes. La suspicion  envers les patients et leurs proches n’est pas un soin. Les procédures d’enfermement ad vitam aeternam ne sauraient résoudre aucun des problèmes que rencontre la psychiatrie. Bien au contraire, si des passages à l’acte ou des fugues se produisent dans les services, c’est précisément du fait du climat toujours plus carcéral de nos unités d’hospitalisation entrainant  la ruine de toute possibilité d’ambiance chaleureuse et accueillante et aussi de la réduction drastique du nombre de lits obligeant les équipes à une « gestion » des patients à « flux tendus ».

Cette politique de destruction de la psychiatrie atteint aujourd’hui son paroxysme. Alors que cinquante ans de pratiques d’hospitalité pour la folie, par la mise en place de la politique de secteur, avaient permis d’aller à rebours des préjugés inhérents à la pathologie mentale, à leur stigmatisation et au tri par pathologie.

Ce rapport entérine, avec une violence insupportable envers les patients, les soignants et leurs proches, la déraison d’Etat.

Rappelons que les patients hospitalisés en psychiatrie sont d’abord et avant tout victime de violences, rappelons également que la folie n’est pas la condition nécessaire de la violence, cette dernière est d’abord et avant tout l’apanage des gens normaux.

Si l’enferment redevient la norme, si le tri par pathologie est de nouveau présenté par certains comme une avancée -alors qu’il a déjà montré ses impasses dans un passé encore proche (ce que l’on nommait alors les pavillons pour « agités », pour « déments », pour « bon travailleurs ») – il faut y voir là une consécration de l’échec d’une politique de civilisation digne de ce nom par la promotion d’une psychiatrie gestionnaire et sécuritaire qui, depuis plusieurs années, provoque toujours plus de violence envers les patients, d’abandon des familles et de perte de sens pour les équipes à propos de la question du soin psychique.

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, collectif composé de professionnels, de patients, de familles, de proches et de citoyens s’indigne du populisme sensationnel d’un tel rapport qui légitime une loi inique promouvant le retour de la ségrégation pour les plus fragiles d’entre nous et organisant la destruction du secteur dont nous cessons de répéter que sa survie nécessite l’abondement de moyens, la remise à plat des questions de formation, actuellement catastrophiques, et la promotion d’une conception de la folie qui cesserait de réduire les patients à leurs simples symptômes où à l’heures anomalies génétiques.

Nous refusons la psychiatrie « par quartiers », la ségrégation des patients entre eux ne peut en effet qu’aggraver leurs souffrances psychiques. L’enfermement d’un autiste de 11 ans dans un service pour adultes n’est que la réponse désespérée de soignants désespérés par des conditions de travail qui ne cessent de s’aggraver et par l’appauvrissement des moyens mis à la disposition du soin. Elle n’a aucunement valeur d’exemple si ce n’est pour montrer qu’une ambitieuse loi pour la psychiatrie est plus que jamais nécessaire, et qui exclurait tout rafistolage, comme ceux qui nous sont actuellement proposés.


Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

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>Les mensonges du Gouvernement sont enfin démasqués !

Avec les déclarations à l 'A.P.M. de la Présidente de la FNAPSY, voilà que les mensonges du gouvernement et du député Guy Lefrand sont révélées !

 

Depuis le début des débats autour du projet de loi sur les "soins" sans consentement,  Nora Berra, secrétaire d'Etat à la santé, Guy Lefrand, député rapporteur du texte, et le président de l'U.N.A.F.AM., Jean Canneva ne cessaient de déclarer que les usagers étaient d'accord avec ce projet.

 

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire qui a rendu public le 28 février un Appel "Réforme de la psychiatrie, une déraison d'État", signé à ce jour par 30.000 citoyens, patients, usagers, familles, intellectuels, artistes, professionnels de la psychiatrie, a tenté de démontrer régulièrement cette falsification et les boniments, en guise d'argument, de ces trois personnalités. 

 

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire est conforté dans sa dénonciation de ce projet de loi, par les déclarations de la présidente de la FNAPSY à l’A.P.M.. 

 

Le Collectif des 39 qui réunit des citoyens, des usagers, des familles, des professionnels de la psychiatrie exige le retrait immédiat de ce texte, dénoncé également par la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme, instance étatique aux compétences internationales.  

 

Le débat en première lecture au Sénat a montré que même au sein de la majorité, les désaccords avec ce projet étaient profonds.

 

Seule la décision du Conseil Constitutionnel nécessite un texte législatif. 

 

Nous revendiquons le plus large débat citoyen, afin qu'une authentique concertation avec les usagers, les familles et les professionnels soit enfin organisée. 

 

Ce texte a été élaboré à la "va-vite", concocté avec quelques personnalités sans aucun débat possible. 

 

La tromperie, la falsification ont été les maîtres d'oeuvre de cette entreprise démagogique qui ne servait en rien les soins et les droits des personnes. 

Seule l'exploitation de quelques faits divers et de l'émotion légitime qu'ils ont provoquée, ont guidé le Gouvernement. 

 

Ce n'est pas ainsi que l'on prend en compte la santé publique, la sûreté des personnes et les conditions de soins qui sont dramatiquement dégradées depuis plus de dix ans. 

 

Ce projet de loi répressif, régressif, anti-sanitaire, indigne de notre République doit être retiré.

 

Collectif des 39

 

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Psychiatrie: la Fnapsy en désaccord profond avec le projet de loi sur les soins sans consentement 

 

PARIS, 26 mai 2011 (APM) – La présidente de la Fédération nationale des associations de patients de psychiatrie (Fnapsy), Claude Finkelstein, est en profond désaccord avec le projet de loi sur les soins sans consentement en psychiatrie, a-t-elle déclaré jeudi à l'APM. 

 

"Nous ne sommes pas d'accord sur la finalité du projet de loi qui porte atteinte aux droits des personnes". 

 

Le projet de loi est parvenu à sa version quasi définitive avec la deuxième lecture à l'Assemblée nationale, achevée lundi (cf dépêche APM HMOEO001). La deuxième lecture au Sénat est prévue les mercredi 15 et jeudi 16 juin.

 

Claude Finkelstein se déclare "extrêmement choquée" que la secrétaire d'Etat à la santé, Nora Berra, se prévale d'un soutien de la Fnapsy au projet de loi, notamment dans l'émission de France Culture "Du grain à moudre" du 9 mai. "Nous avons dit au ministère de la santé que nous n'étions pas d'accord, c'est une malhonnêteté intellectuelle de leur part" de prétendre le contraire. 

 

Elle remarque que l'association de familles d'usagers Unafam est favorable à certains aspects du projet de loi mais "il ne faut pas confondre les usagers et les familles". 

 

"La formulation 'soins sans consentement en ambulatoire' au lieu d'hospitalisation sans consentement n'est pas anodine", a expliqué la présidente de la Fnapsy. "Jusqu'à présent, on interdisait au patient d'aller et venir librement, c'est une situation qui peut se justifier mais, tout en étant enfermée, la personne pouvait refuser des soins".

 

"Avec les soins sans consentement, on va pouvoir donner des soins de force, donner des molécules de force, ce qui équivaut à violer le corps. C'est intolérable pour nous car on enlève toute liberté à la personne. Nous sommes prêts à aller devant l'Europe pour contester ce point".

 

Elle reconnaît qu'actuellement, dans la pratique, des médicaments sont "administrés de force" mais la différence est que "cette pratique sera désormais autorisée par la loi". "Avec une personne pas très agitée, on ne va plus chercher à discuter pour avoir son consentement", craint-elle. 

 

Claude Finkelstein estime également que les conditions de passage en soins sans consentement en ambulatoire, nouveauté introduite par le projet de loi, ne sont pas suffisantes. "Nous avions dit que nous voulions un véritable contrat entre le psychiatre et le malade, pour s'assurer que le malade était d'accord pour revenir à son domicile. Or, il n'est question que d'un protocole ou d'un programme de soins". 

 

"Il faut se rendre compte que ramener quelqu'un à son domicile s'il n'est pas d'accord peut se transformer en horreur. Quand la voiture avec le logo de l'hôpital va se garer dans la rue et que l'infirmier va venir sonner à la porte, si la personne ne veut pas le laisser rentrer, elle peut se jeter par la fenêtre. C'est ça le risque, car la personne avec sa maladie n'est pas raisonnable et c'est ce que les gens qui décident ne comprennent pas".

 

"Nous ne pouvions accepter cette loi qu'accompagnée d'un volet sur l'organisation des soins psychiatriques. Le Plan de santé mentale annoncé par le gouvernement ne m'intéresse pas car il ne résoudra pas le problème".

 

Le contrôle du juge des libertés et de la détention (JLD) sur les mesures d'hospitalisation sans consentement est "positif" sur le principe mais Claude Finkelstein estime que les conditions sont très insuffisantes. "Nous avions demandé un contrôle à 72 heures, ce qui est un délai normal, il est à 15 jours".

 

Les conditions prévues pour les audiences sont totalement "inadaptées" aux personnes concernées, notamment la visioconférence ou le caractère public de l'audience. "Il aurait fallu, comme en Allemagne, que le juge se déplace systématiquement et que, a priori, l'audience soit systématiquement tenue en chambre du conseil". 

 

"La justice allemande n'a pas plus de moyens que la justice française mais cela fonctionne car les hospitalisations sans consentement ne représentent que 4% des hospitalisations en psychiatrie car le médecin recherche le consentement du patient", estime-t-elle.

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>Hospitalisation d'office: les députés ont achevé l'examen du texte

 

AFP 24 05 2011

PARIS, 24 mai 2011 (AFP) – 13h22 heure de Paris – Les députés ont achevé lundi soir l'examen en deuxième lecture du projet de loi réformant l'hospitalisation d'office, contesté par les syndicats de psychiatres, et qui instaure notamment la possibilité de soins ambulatoires (à domicile) sans consentement.

Ce texte, examiné en deuxième lecture à l'Assemblée, a récemment été adopté au Sénat après une série de rebondissements.

Il n'a été que très peu modifié par les députés.

Quelques amendements ont été adoptés, dont un du rapporteur Guy Lefrand (UMP) pour revenir sur la définition des "soins sans consentement". Après de longues discussions, le Sénat avait choisi "une périphrase" dont les députés n'ont finalement pas voulu.

"Ce texte est bien loin des attentes des professionnels et de leurs familles", a déploré le député socialiste Serge Blisko. Le PS a tenté en vain de réduire la période d'observation de 72 à 48 heures en cas d'hospitalisation d'office. Les opposants au projet qualifient ce sas de "garde à vue psychiatrique".

La réforme permet de se conformer à la décision récente du Conseil constitutionnel, qui a censuré un article du Code de la santé publique permettant le maintien de l'hospitalisation sans consentement à la demande d'un tiers, sans l'intervention d'un magistrat au-delà de 15 jours.

L'intervention du juge des libertés et de la détention (JLD) est donc désormais prévue après ce délai.

Les députés ont adopté un amendement UMP du rapporteur qui transfère au juge judiciaire la compétence pour trancher la régularité des décisions administratives prises en matière de soins sans consentement.

Quelque 70.000 personnes sont hospitalisées sous contraintes chaque année.

La secrétaire d'Etat à la Santé, Nora Berra, a de nouveau assuré au cours du débat que cette réforme était "ambitieuse" et "équilibrée".

Une pétition à l'appel du "collectif des 39 contre la nuit sécuritaire" a recueilli plus de 30.000 signature depuis plusieurs semaines.

Le vote solennel est programmé mardi 31 mai. Ensuite le texte repartira au Sénat. Ce projet de loi avait été initié fin 2008 par Nicolas Sarkozy après le meurtre d'un étudiant à Grenoble par un malade mental enfui de l'hôpital.

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>État d’exception en Psychiatrie: la démocratie enchaînée

 

 

A l’appel du Collectif des 39, associé avec de nombreuses organisations1, une manifestation s’est tenue devant le Sénat le mardi 10 mai 2011 où était débattu le projet de loi relatif "à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques" .

 

Plusieurs centaines de professionnels, patients, familles, artistes, citoyens, mais aussi des représentants de partis politiques et de syndicats ont crié leur opposition déterminée à la mise en œuvre d'une loi qui porte gravement atteinte à la dignité et à la liberté des personnes et qui dénature le concept même de soin.

 

Chacun doit se sentir concerné car si cette loi est appliquée, qui sait si, demain, l'enfant dit « hyperactif », la personne déprimée, l'adolescent en souffrance ne pourront pas, eux aussi, se voir contraints à des "soins sans consentement", et cela d'autant plus facilement qu'ils auront lieu en dehors de l'hôpital, pour des raisons à la fois sécuritaires et économiques.

 

La possibilité pour chaque « soigné » de se déplacer librement se verra strictement encadrée par un "protocole de soins" – renommé « programme de soins » mais toujours décidé en Conseil d'Etat- qui fixera les lieux, le contenu et la périodicité des rendez-vous médicaux avec la menace de se voir hospitalisé si un élément du protocole n’est pas strictement appliqué.

 

Cette loi empêche donc activement l’instauration d’une relation de confiance, élément pourtant central du soin en psychiatrie et risque de pousser les patients à des actes désespérés plutôt que de les en protéger.  

 

Qui peut croire que cette loi va dans le sens des "droits et d'une meilleure protection des personnes" alors qu’elle détruit toute possibilité de soins ?

 

Qui peut croire que les familles seront entendues dans leur demande d'aide alors que les patients seront mis en danger et fragilisés par cette loi ?

 

C'est la raison pour laquelle des sénateurs de la commission des affaires sociales, tous bords politiques confondus ont demandé dans un premier temps le retrait des « soins » sans consentement en ambulatoire. Mais dans l'hémicycle, les centristes n'ont pas mis leurs actes en accord avec leurs déclarations.

 

Cette loi qui est en passe d'être votée, puisqu'elle repassera en deuxième lecture le 18 mai à l’Assemblée Nationale et le 16 juin au Sénat, est une loi contre les soins, contre les patients, contre les familles, contre les citoyens, contre les soignants.

 

C’est une loi qui détruit cette psychiatrie que nous voulons hospitalière pour la folie. 

 

C’est une loi qui va dans le sens de la révision générale des politiques publiques (RGPP) et des ravages qu’elle cause (non remplacement d’un fonctionnaire sur deux, désengagement de l’Etat dans le domaine de la protection sociale etc…). 

C’est une loi qui entérine la destruction du travail de secteur.

 

C’est pourtant une loi cohérente et « responsable » pour nos gouvernants, excluant les plus démunis d’entre nous, ceux qui « ne rapportent rien », ceux qui « coûtent trop chers ». 

 

Nous n’en sommes plus à une « déraison d’Etat » mais à l’application méthodique d’un plan qui économise et qui place 500000 malades mentaux en otages d’un plan de rationnement et d’une campagne électorale douteuse. Pour cela tous les moyens sont bons : énonciation  de contre-vérités, pressions exercées sur les représentants syndicaux, sur les représentants élus etc. 

 

L'application de ce projet de loi a d'ores et déjà commencé avec l'instauration de dispositifs Justice/ARS/médecins chefs de pôle/directeurs d'hôpitaux au nom du "réalisme". C'est bafouer le principe même de la loi que de l'appliquer avant même qu'elle soit votée!

 

Le collectif des 39 refuse de participer à l'installation de ces dispositifs, construits avant même que la loi ne soit votée, et vous invite à faire de même. 


Nous restons mobilisés, patients, familles, professionnels, syndicats, partis politiques, avec l'appui de la Commission Nationale Consultative des Droits de l'Homme pour exiger que ce texte ne puisse s'appliquer car il signe un recul sans précédent des libertés démocratiques et des fondements même du pacte républicain.

 

 

1 Collectifs de patients, mouvement contre la politique de la peur, syndicats, tous les partis politiques de gauche, Ligue des Droits de l’Homme, Syndicat de la Magistrature, Sud santé sociaux, syndicats de psychiatres publics, qui appelaient aussi à une grève largement suivie dans les hôpitaux psychiatriques

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>Dernières informations avant le rassemblement du Mardi 10 Mai à 16 h devant le Sénat

« Le Sénat devient fou », « clash en psychiatrie »  titraient quelques journaux après les incroyables évènements qui ont secoué la Commission des Affaires Sociales du Sénat mardi 3 mai. 

 

 

La présidente de cette commission, Muguette Dini, sénatrice centriste du Rhône, qui avait défendu et obtenu une version du texte expurgée des articles relatifs aux soins sans consentement en ambulatoire, a démissionné de ses fonctions de Rapporteur du projet de loi ! ( Dépêche A.F.P. d’hier samedi). Evénement inédit au Sénat !

 

Apres cette crise politique au Sénat, c’est l’imbroglio juridique total.

 

Un nouveau rapporteur, U.M.P. cette fois, a été désigné en catastrophe : Mr Jean Louis Lorrain, sénateur du Bas Rhin en Alsace.

 

Personne ne sait comment le Sénat va se positionner au moment du vote de la loi les 10 et 11  mai. 

 

Et bien sûr personne ne sait quel texte reviendra devant l’Assemblée Nationale le 24 mai !!!

 

 

Pour Mardi 10 Mai :

 

La quasi-totalité des organisations professionnelles appellent à cette manifestation.

 

Durant le rassemblement devant le Sénat, plusieurs personnalités du monde de la culture prendront aussi la parole, Ariane Mnouchkine, Areski, Leslie Kaplan, Marie-José Mondzain, entre autres. D’autres tel François Morel, Catherine Dolto, Louise Lambrichs, Geneviève Brisac, Linda Lê, etc., etc., ne pouvant être présents, soutiennent notre mouvement.

 

La présence de tous est indispensable, pour montrer notre détermination, faire pression sur les sénateurs, témoigner de l’ampleur du rejet de cette loi par les citoyens et les soignants.  

 

Il est possible de faire reculer le pouvoir ! 

Un premier pas a déjà été franchi. 

Continuons notre combat,

Car tout va être mis en œuvre par l’Elysée et le gouvernement  pour annuler cette avancée.

 

Notre mobilisation a été et reste notre seule force

 

A Mardi !

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>Faut-il imposer les soins psychiatriques ? (controverse Gilles Vidon, Paul Machto)

Controverse, par Sabrina Kassa| 4 mai 2011

 

En mai, le Sénat doit se prononcer sur un projet de loi en psychiatrie qui institue notamment le soin sans consentement en ambulatoire (hors hospitalisation). Deux psychiatres, Paul Machto et Gilles Vidon, débattent sur la légitimité d’imposer un traitement médical.

 

Le projet de loi sur la psychiatrie introduit le soin sans consentement en « ambulatoire  » (hors hôpital), avec la menace pour les malades psychiques d’être internés s’ils ne se soignent pas, qu’est-ce que ça signifie ? 

Gilles Vidon : Pour commencer, il faut rappeler qu’en France les soins obligatoires existent déjà : les vaccinations sont obligatoires et cela a permis d’éradiquer certaines maladies comme les poliomyélites, la variole, etc. Les libertés individuelles doivent savoir s’effacer devant la santé publique. Pourquoi cette loi alors ? Depuis les années 1950-1960 nous avons une nouvelle gamme de médicaments considérable, ils ont complètement modifié la psychiatrie et l’évolution des maladies mentales. Autrefois les malades restaient parfois dix, vingt ans à l’hôpital psychiatrique, ils étaient internés parce qu’il n’y avait pas de médicaments ou de soins appropriés pour leur permettre de vivre à peu près normalement. On a inventé ces médicaments et on a alors assisté à la fermeture de nombreux hôpitaux psychiatriques. Aujourd’hui, on ne se réfère pas à la notion de lieu, ni d’internement mais à la notion de maladie. « Monsieur, Madame, vous avez une maladie, il vous faut des soins, c’est obligatoire. Si vous ne les prenez pas, dit la loi, on peut requérir à une hospitalisation pour débuter un traitement.  » C’est ça l’esprit de la loi à venir.

Paul Machto : Il existe déjà des obligations de soins en France, c’est vrai, pour les maladies infectieuses et pour la tuberculose il y a une déclaration obligatoire, etc. Mais si la personne refuse, on ne la met pas de force à l’hôpital. Il y a une contradiction fondamentale complètement occultée : d’un côté on dit « vous avez une maladie mentale, c’est quasiment une maladie comme une autre », et de l’autre on se comporte vis-à-vis de ces malades d’une façon radicalement opposée.

En cas de soins sans consentement, qui déciderait de les imposer ? 

Gilles Vidon : C’est ça le vrai problème. Actuellement c’est le préfet qui est le seul maître dans les Hospitalisations d’office (HO), et ce sont les autorités familiale et médicale qui décident dans les Hospitalisations à la demande d’un tiers (HDT), alors que dans tous les pays civilisés le seul détenteur du pouvoir, c’est le juge. En Belgique, le juge vient trois fois par semaine à l’hôpital et dicte les décisions au vu des expertises et après avoir entendu le malade. Pareil en Hollande, aux Etats-Unis, au Canada… En France, l’article 66 de la Constitution dit que seul le juge est garant de la séquestration et de l’incarcération des personnes. Je pense qu’il faut que ce soit la même chose en psychiatrie. Nous les médecins nous faisons notre travail, nous soignons les malades, nous rédigeons éventuellement des certificats pour décrire l’état clinique mais nous n’avons pas à intervenir dans ce type de décision. Quant au préfet, il interpelle les gens qui troublent l’ordre public, il les confie aux juges et c’est le juge qui prend les décisions. Voilà le système auquel on arriverait si les sénateurs étaient suffisamment sages pour suivre cette logique lors de l’examen de la loi, le 11 mai. Cela résoudrait à peu près tous les problèmes de la loi.

Ne pensez-vous pas que cette contrainte de soins risque de court-circuiter le lien thérapeutique, en forçant les malades à prendre des médicaments alors qu’ils ne sont plus hospitalisés ? 

Gilles Vidon : Les outils en psychiatrie ont complètement changé entre le XXe et le XXIe siècle : il y a des techniques psychothérapiques, des techniques de groupe, etc. tout à fait intéressantes, mais sans médicaments on ne peut pas les appliquer.

Paul Machto : Sur la gamme des médicaments, il y a une immense mystification dont vous venez de nous faire entendre une des illustrations. Ce que vous appelez les « médicaments nouveaux » ont apporté une amélioration sur le « confort » de vie, c’est-à-dire que certains effets secondaires ont été atténués. Mais rien de nouveau sur le fond, sur les idées délirantes, sur les hallucinations, sur les troubles de l’humeur, aucun apport Il y a une véritable fascination vis-à-vis de la médecine, et partant de là pour le médicament. J’évacue tout de suite l’opposition qui va m’être faite : je ne suis pas anti-médicament, je prescris quotidiennement des neuroleptiques, des antidépresseurs, des psychotropes ; je pense en effet que ces médicaments peuvent apporter un soutien. Mais c’est une mystification de dire que ce sont les médicaments qui ont révolutionné la psychiatrie, non, c’est faux ! Les médicaments ont apporté un grand soulagement par rapport à certains états aigus mais le traitement de fond, le changement de la pratique quotidienne dans les hôpitaux psychiatrique, le développement des alternatives, ce n’est pas lié aux médicaments, ce sont les hommes. Plus exactement, c’est le fruit du croisement entre l’apport de la psychanalyse, de la psychothérapie institutionnelle, de la formation, des médicaments et de la biologie…

Gilles Vidon : On parle des dérives possibles des soins sans consentement en ambulatoire, comme si on allait mettre tout le monde à ce régime. Actuellement, un membre d’une famille et un médecin peuvent interner quelqu’un en hôpital psychiatrique pendant six mois, un an, trois ans et parfois en chambre d’isolement. C’est un pouvoir bien plus fort qu’un soin obligatoire. Et alors, est-ce qu’il y a eu des dérives ? Bien sûr que non.

Paul Machto : C’est faux ! Les sorties d’essai étaient prévues par la loi de 1990 pour permettre à une personne hospitalisée sous contrainte de sortir un certain temps pour voir comment ça se passe et se réinsérer tout doucement avec un accompagnement assez serré de l’équipe soignante de secteur. Les sorties d’essai sont prévues pour trois mois reconductibles et c’est là que commencent les dérives, parce que certains psychiatres, utilisent les sorties d’essai de façon inconsidérée et complètement aberrante.

Il y a aujourd’hui trop de sorties d’essai ? 

Paul Machto : Effectivement, la sortie d’essai c’est pour aménager la sortie… La dérive, c’est la multiplication inconsidérée de ces sorties. C’est ça le problème. Il y a les lois et il y a les pratiques, comme l’a souligné dans son dernier rapport, le Contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue…

Est-ce que les psychiatres laissent sortir les malades juste pour libérer des lits ? 

Paul Machto : C’est à la fois pour libérer des lits et puis pour d’autres considérations. Je crois que les carences de la formation des psychiatres comptent pour beaucoup. Vous savez, être confronté à la folie, à la psychose, à la maladie mentale, c’est difficile : vous « absorbez  » l’angoisse de l’autre, l’angoisse folle. Ça fout les jetons et ça vous touche jusque dans votre corps. Le problème c’est que depuis une quinzaine d’années les psychiatres n’ont plus de formation adéquate, et la folie fait peur, alors ils se retranchent derrière une posture médicale. Et puis, les jeunes infirmiers, qui ont une formation indigente en psychiatrie – trois mois sur trois ans d’études ! –, se retrouvent à deux ou trois avec 25 ou 30 malades aux prises à des crises souvent aiguës. Evidemment, c’est angoissant, c’est très dur. Excédés, stressés, ils ne peuvent pas faire face à certaines situations et pour se protéger ils demandent à mettre les malades en chambre d’isolement ou à les attacher, etc. Et souvent les psychiatres sont totalement d’accord. C’est comme ça que l’on arrive à des dérives insupportables qui me font honte.

Gilles Vidon : En France, il y a environ 2 à 3 % hospitalisés d’office et 12 à 13 % à la demande d’un tiers, donc tous les autres entrent volontairement dans les services de psychiatrie et je m’inscris totalement en faux quand vous dites qu’il y a des pratiques indignes dans 70 % des services. On ne peut pas dire des choses de ce genre ! Si dans votre pavillon il se passe des choses qui vous font honte, je me demande pourquoi vous continuez à travailler et pourquoi vous ne donnez pas votre démission.

Paul Machto : Parce que j’aime ce métier, parce que je suis engagé depuis quarante ans en psychiatrie, parce que je fais tout ce que je peux pour des pratiques humaines et dignes, parce que je ne veux pas abandonner les malades !

Est-ce que les soins sans consentement en ambulatoire sont une façon de se débarrasser des gens que l’on ne sait plus gérer ? 

Gilles Vidon : Bien sûr que non ! La diminution des lits en psychiatrie et de l’hospitalisation est intervenue parce qu’on arrive sinon à guérir, du moins à améliorer beaucoup l’état des patients grâce aux médicaments et à nos techniques de psychothérapie. On arrive à les stabiliser. Le problème c’est qu’au bout d’un moment beaucoup de ces patients échappent aux soins : ils les arrêtent, ils rechutent et ils reviennent à l’hôpital en plus mauvais état encore. C’est pour ces malades-là que des soins sans consentement pourraient être envisagés.

Savez-vous pourquoi certains malades arrêtent leurs soins ? 

Gilles Vidon : Pour des raisons multiples : dans toutes les maladies chroniques, que ce soit le diabète, les maladies cardiaques, l’hypertension, au bout d’un certain temps les gens arrêtent le traitement. Ils se disent « maintenant je vais bien, donc j’arrête de prendre mes médicaments  ». Mais comme ce sont des maladies chroniques ça réapparaît. Et bien c’est pareil pour les maladies mentales. Il y a aussi le déni de la pathologie, ils disent « non non, je ne suis pas malade, je suis comme les autres » et ils ne veulent pas continuer leur traitement. On ne peut pas laisser sortir les malades mentaux des hôpitaux psychiatriques quand ils ont des pathologies sévères et les laisser vivre dans la rue, donc il faut assurer un suivi. C’est pourquoi il faut développer des soins dans la communauté, on est tous d’accord là-dessus.

Pensez-vous que le projet de loi donne suffisamment de garanties pour qu’il y ait ce maillage autour du malade une fois sorti de l’hôpital ? 

Gilles Vidon : La France a développé la politique de sectorisation de façon admirable, à partir des années 1960-1970. Dans chaque territoire, il y a une équipe psychiatrique chargée de l’hospitalisation et du soin externe, à côté de ça énormément de structures associatives extrahospitalières se sont développées et maintenant on assiste à la création de beaucoup de lieux de soins pilotés par l’Unafam (Union des amis et familles de malades psychiques), les représentants des familles et même éventuellement des usagers. On est sans doute un des pays les plus pourvus en structures extra-hospitalières d’accompagnement. Je ne pense pas que ce soit suffisant, certains endroits ne sont pas assez développés, il y a des inégalités de développement selon les moyens. Mais il faut savoir néanmoins que nous vivons à l’heure actuelle la meilleure période pour les soins psychiatriques dans l’histoire de l’humanité, nous avons les meilleurs médicaments, nous avons en France plus de soignants psychiatres que partout ailleurs dans le monde en proportion. Il ne faut pas se plaindre, même s’il faut continuer à dire qu’on n’en a pas assez parce qu’il y a des départements où ce n’est pas assez développé.

Paul Machto : Mais alors, tout va bien ! C’est hallucinant d’entendre que tout est au mieux quand on sait qu’il y a une pénurie inouïe d’infirmiers… Lorsque l’on connaît la destruction à l’oeuvre en psychiatrie, l’envahissement de la gestion, les procédures, la folie bureaucratique qui bêtifie les soignants, qui les détourne de ce qui est le coeur du métier : écouter, parler, avoir des activités avec les patients, favoriser la créativité ! Lorsque l’on sait les entraves au développement des structures de soins dans l’extra-hospitalier et même la fermeture de certaines dans la cité. Je suis sidéré de vous entendre tenir ce discours  ! On voit bien là la collusion d’un certain nombre de psychiatres avec le gouvernement. Alors pourquoi les patients arrêtent leur traitement  ? Les psychiatres ne pourraient-ils pas s’interroger d’abord sur leur relation avec le patient  ? « Pourquoi a t il arrêté son traitement ? Y a-t-il quelque chose que je n’ai pas entendu ? » Il y a certes le déni, d’accord. Il y a parfois la lassitude de prendre des médicaments. Le fait de se sentir mieux. Mais il y a aussi la nécessité de se remettre en question en tant que thérapeute. Car s’il y a un authentique travail relationnel, et qu’il s’avère nécessaire que ce traitement soit continué, alors tout repose sur la capacité du psychiatre et de l’équipe soignante d’essayer d’analyser avec celui qui est malade les raisons de son interruption de traitement et de « travailler  » avec lui pour parvenir à le convaincre. Vous mesurez-là un élément qui m’apparaît fondamental, essentiel pour un psychiatre, pour un soignant quelque soit son statut, c’est l’engagement. L’engagement dans la relation. La prise en compte de ce qu’on appelle la dimension transférentielle. Vous êtes aveuglé par votre conception réductrice de la folie, calquée sur la maladie somatique. Pour ma part, j’ai une conception diversifiée et plurielle de la folie, de la maladie mentale. Etre fou c’est aussi une façon d’être au monde, de vivre le monde, et de ressentir le monde. Et puis je pense que ce n’est pas parce qu’on est malade mental qu’on ne doit pas avoir son mot à dire dans la cité. La folie a toujours existé, et le fou exprime une vérité ou des vérités sur le monde et c’est cette vérité qui est insupportable à entendre pour certains psychiatres.

 

http://www.regards.fr

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>Démission de Muguette Dini, rapporteur du texte au Sénat sur la psychiatrie (AFP)

La présidente centriste de la commission des finances du Sénat, Muguette Dini, a démissionné jeudi soir de sa fonction de rapporteure du texte sur la psychiatrie. Une première, qui fait suite à un couac en commission mardi dernier, où le texte a été rejeté.

Le texte sur la psychiatrie laisse des traces. Selon nos informations, la rapporteure du texte, la centriste Muguette Dini, présidence de la commission des affaires sociales du Sénat, a démissionné jeudi soir. Une première depuis la révision constitutionnelle de 2008. Elle est remplacée sur ce texte polémique par l’UMP Jean-Louis Lorrain. « Elle s’est sentie désavouée par la commission », glissait mercredi un sénateur.

Mardi, contre toutes attentes, le texte sur la psychiatrie a été rejeté en commission. Là aussi une première depuis 2008. Depuis la révision constitutionnelle, c’est le texte amendé par la commission qui est examiné en séance. Le vote défavorable de la commission faisait suite à l’adoption, avec les voix de gauche et contre l’avis du gouvernement, d’un amendement de suppression de Muguette Dini. Il visait un point clef de la loi : les soins ambulatoires – c'est-à-dire reçus en dehors de l’hôpital – sans consentement.

Jean-Louis Lorrain, médecin de formation, a participé aux auditions en commission. Il se dit « très surpris de la position de Muguette Dini qui vidait complètement le texte » de sa substance. Pas moins de 170 amendements avait été adoptés. Le sénateur UMP aura le mérite, aux yeux de l’exécutif, de défendre l’esprit du texte tel qu’il a été adopté par l’Assemblée nationale. « C’est l’impression qu’il fallait sauver le soldat Ryan », glisse le sénateur du Haut-Rhin. Le projet de loi passe en séance mardi prochain. « Les textes sur la folie sont toujours quelque chose de passionnel », remarque le sénateur. « La folie a quelque chose de fondamental dans la société »

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>MANIFESTATION DU 10 MAI DE 16H A 19H DEVANT LE SENAT

La Manifestation du 10 Mai 2011 de 16h à 19h devant le Sénat
                                 
Sera unitaire et massive
Avec  « Les 39 »,
toutes les organisations syndicales et politiques opposées à ce projet de loi inacceptable seront présentes.

INCROYABLE !
Nous apprenons ce jour que LE PROJET DE LOI A ETE REJETE PAR LA COMMISSION DES AFFAIRES SOCIALES DU SENAT PRESIDEE PAR MME MUGUETTE DINI.
TOUS LES ARTICLES CONCERNANT LES « SOINS » SANS CONSENTEMENT EN AMBULATOIRE ONT ETE REJETES : le « NON » a été voté par les sénateurs centristes, les partis de gauche et plusieurs sénateurs UMP.
L’avis de la C.N.C.D.H. (Commission Nationale Consultative des Droits de l’Homme) et du Contrôleur Général des Lieux de privation de liberté sont donc suivis d’effet. Le projet de loi est inacceptable et doit se limiter à ce qu’impose le Conseil Constitutionnel (intervention du juge après 15 jours).
Aucune réforme ne peut se faire avant une grande concertation de l’ensemble des acteurs de la psychiatrie.


UNE INTENSE BATAILLE JURIDIQUE A DEBUTE : QUEL TEXTE SERA PRESENTE AU SENAT LE MARDI 10 PAR LE RAPPORTEUR, Si RAPPORTEUR IL Y A… ?


COMMENT LE GOUVERNEMENT VA T IL REAGIR A L’ENORME CAMOUFLET QU’IL VIENT DE SUBIR ?


 C’EST UNE PREMIERE ET INCONTESTABLE VICTOIRE
LES SENATEURS RELEVENT LA TÊTE
LA REPUBLIQUE  SE REDRESSE
UN PROJET DE LOI INDIGNE DE NOS PRINCIPES DEMOCRATIQUES ESSENTIELS ET DES LIBERTES FONDAMENTALES MET A JUSTE TITRE.


LE SENAT EN EMOI ET EN EBULLITION
 MAIS RIEN N’EST GAGNE
LA MANIFESTATION DE MARDI PREND DE CE FAIT UNE    IMPORTANCE  QUE VOUS COMPRENDREZ TOUS
 

AINSI LES SIGNATURES DES APPELS,  LES MEETINGS,  LES MANIFESTATIONS ET RASSEMBLEMENT DU 15 MARS ET 9 AVRIL NE SONT PAS DES ACTIONS VAINES
NOUS VOUS L’AVONS ANNONCÉ DEPUIS LE DEBUT : IL EST POSSIBLE DE GAGNER
IL EST POSSIBLE QUE CET INFAME PROJET DE LOI NE SOIT PAS ADOPTÉ.


NOS ACTIONS, VOS ACTIONS, VOS LETTRES AUX SENATEURS ET AUX DEPUTES, NOTRE ACHARNEMENT A FAIRE COMPRENDRE L’ESSENCE MALIGNE DE CE PROJET, NOS NOMBREUSES INTERVENTIONS DANS LES MEDIAS, AUPRÈS DES DÉCIDEURS, DES DÉPUTÉS, DES SÉNATEURS NE SONT PAS VAINS

IL EST POSSIBLE DE CONVAINCRE ENCORE DES SENATEURS


C’EST DÉJÀ UN BEAU DEBUT
TOUS MARDI A LA MANIFESTATION
TOUT SIMPLEMENT POUR CONTINUER
D’OUBLIER DE SE TAIRE


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>Le sécuritaire, l'incurie devant chez nous : appel à solidarité citoyenne

Il y a plus d'une centaine de jeunes Tunisiens coincés dans un square de Paris, celui de la Porte de la Villette,et ce, depuis au moins 4 jours.

C'est une sorte de nasse à ciel ouvert où ces réfugiés de l'après Ben Ali attendent, sans nourriture, sans sanitaires, sans aide médicale pour ceux qui ont des problèmes de santé. Les CRS ont déjà profité que certains sortent un peu du square pour les placer en garde à vue. 

Cette situation d'urgence scandaleuse risque de durer encore ce week-end.

Aucune ONG n'est présente pour les aider. Ils marchent la nuit pour avoir moins froid. Ce sont des membres de la communauté tunisienne qui essayent tant bien que mal de les aider en amenant un peu de nourriture, une association Solidarité Jasmin essaye elle aussi de procurer de l'aide, mais leurs moyens sont complètement sous dimensionnés.

Il faut aller au square par solidarité.

Il faut des médecins pour consulter les réfugiés les plus affectés.

Twitter : refugiessquare 

Recherchez avec le hashtag #refugiessquare

Mail pour proposer de l'aide : refugiesdusquare@gmail.com

Mise à Jour : Médecins du Monde s'est déplacé et met en place une veille sanitaire, un médecin membre des 39 est passé évaluer la situation. L'association Des Tunisiens de France fait un super boulot sur place bien que très démunie.

 

 



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>Fondation Fondamental : Aldous Huxley était-il un visionnaire ?

La fondation Fondamental a été créée en juin 2007 par décret du Ministère de l’Enseignement et de la Recherche, dans le cadre des réseaux Thématiques de Recherche et de Soins. Son objet est de « faire reculer » les troubles psychiques, plus particulièrement la schizophrénie, les troubles bipolaires et l’autisme de haut niveau (syndrome d’Asperger). La vision et l’approche de Fondamental méritent réflexion pour mieux comprendre ce que l’avenir est censé réserver en termes de prise en charge des patients de la psychiatrie.

« Fondamental, fondation de coopération scientifique dédiée aux maladies mentales s’est donnée pour rôle de redonner espoir aux patients et à leurs proches », c’est ce que l’on peut lire sur leur site internet. Des scientifiques veulent « redonner espoir », préalable à toute entreprise moderne médicale crédible…L’espoir aurait-il été perdu par les patients et leurs proches ? Lequel ? A quel niveau ? Celui de guérir ? Oui, mais de quoi ?


« Aujourd’hui, les récentes avancées de la recherche permettent une nouvelle lecture des maladies mentales qui révolutionne leur approche… » poursuivent les rédacteurs du site web de Fondamental. « Ces travaux ouvrent non seulement des pistes en matière de diagnostic, de prévention et de traitements, mais peuvent – et doivent – accompagner l’émergence d’un nouveau regard sur ces pathologies. »


La fondation exprime donc que les « récentes avancées de la recherche » vont changer radicalement la donne, c’est à dire ne plus du tout envisager le patient de la même manière, et par conséquence ce qui l’affecte. Mais quelles sont ces avancées dans le domaine de la prise en charge au long cours des patients atteints de schizophrénie, d’autisme ou de troubles bipolaires ? Quel sera ce « nouveau regard » porté, non plus sur les patients, mais sur « ces pathologies » ?


Prenons la schizophrénie : Fondamental nous éclaire de façon précise sur son approche : « les recherches actuelles explorent l’interaction de différents facteurs à la fois génétiques, neurobiochimiques, neuro-développementaux, socio- environnementaux et psychologiques. »


Sur l’état des lieux : « Pourtant, ces pathologies ne sont pas une fatalité : des outils thérapeutiques existent et la recherche est une promesse d’améliorer le diagnostic et les soins. Il est temps que les préjugés laissent enfin place à une approche médicale et thérapeutique. » Ce qui voudrait dire que jusqu’à aujourd’hui il n’y aurait pas eu d’ « approche médicale et thérapeutique » et que celle-ci surviendrait enfin grâce à…Fondamental…et ses « chercheurs ». De façon explicite, le modèle de FondaMental, loin d’être une nouveauté, souhaite repenser la psychiatrie et les maladies de l’existence selon un modèle purement médical.

 

Par ailleurs, quels sont les préjugés cités si ce n’est l’abord relationnel des soins psychiques ?


Viennent ensuite les « missions soins » avec les « centres experts » : tout est savamment compartimenté puisque les 22 centres sont organisés…par « troubles ». Il y a, par exemple, 8 centres experts dédiés à la schizophrénie. Mais qu’y fait-on dans ces centres experts ? Et bien on y propose, entre autres, des « thérapies spécifiques, telles que la psychoéducation, la remédiation cognitive ou l’entraînement aux compétences sociales ». Difficile d’évaluer de façon précise ces « thérapies spécifiques », mais les méthodes « ABA » ou « Teacch » de plus en plus en vogue en institutions sont éclairantes : le but est de rééduquer l’individu, de le re-programmer pour utiliser le vocabulaire cognitivo-comportementaliste.


 Si cette approche est décrite comme scientifique, qu’en est-il de sa scientificité véritable ? A-t-on assez de recul pour penser que : « L’essor de la génétique et la découverte de la séquence complète du génome ont permis de faire naître l’espoir que des progrès énormes dans la compréhension des mécanismes physiologiques, altérés dans les maladies mentales, allaient enfin pouvoir être obtenus. »


C’est effectivement un changement radical dans l’approche psychiatrique que Fondamental propose. L’espoir redonné aux patients et à leurs proches est celui de mettre de côté l’esprit humain (le psychisme) au profit des gènes et des techniques de réadaptation. L’espoir proposé est celui de pouvoir affirmer à une personne subissant des délires : « Non, vous n’êtes pour rien dans ce qu’il vous arrive, vous n’y pouvez rien, c’est une maladie  mais nous allons la traiter afin de vous permettre d’essayer de vous insérer. » Vous êtes parents ? : « Ne vous inquiétez pas, vous n’y êtes pour rien, c’est une maladie, nous allons la traiter et appliquer à votre enfant une remédiation cognitive qui lui permettra d’essayer de s’insérer. »


Il n’y a plus l’homme ou la femme délirant, c’est à dire un esprit vaste et complexe, avec son histoire, ses peurs, ses angoisses, sa parole unique, mais une maladie mentale aux facteurs génétiques et des compétences sociales pour lesquelles on entraîne l’individu. La « science de Fondamental » c’est celle qui voit l’homme comme une machine que l’on peut entraîner, reprogrammer, une machine uniquement constituée de gènes, de connexions neuronales, d’hormones et de terminaisons nerveuses. Ce qui ne veut pas dire qu’une telle approche des troubles psychiques doit être écartée, elle l’a été et l’est toujours, mais de quelles sciences parle-t-on ? Pour quels « troubles » ?


Les nouvelles « approches scientifiques » sont toutes identiques, dans tous les domaines : elles cherchent à déterminer de façon massive les individus dans un cadre productif et abolissent les complexités qu’elles ne maîtrisent pas. Pour la psychiatrie, Fondamental brandit des sciences de l’efficacité visible, qui nient l’efficacité des techniques relationnelles ou de psychothérapies institutionnelles, par exemple.


La poésie délirante des schizophrènes ne peut pas être entendue par les chercheurs de Fondamental, elle n’est qu’un symptôme, que traitements, rééducation et nouvelles découvertes que la science fera disparaître.

 

Et quand la poésie est traitée comme une forme de facteur négatif d’insertion sociale, une expression de maladie génétique qu’il faut diagnostiquer le plus tôt possible pour l’éradiquer, c’est l’âme humaine qu’on nie.


Si la fondation Fondamental veut redonner de l’espoir, ce n’est pas celui d’un monde meilleur, mais son propre espoir de nous faire entrer dans le meilleur des mondes…d’Aldous Huxley.


P.H

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>Quand la justice des mineurs se déshumanise…c’est l’ensemble de la société qui se déshumanise

 

Beau symbole que la rupture de ces chaînes, chaînes qui nous parlent aussi à la Protection Judiciaire de la Jeunesse (PJJ), service public d’Etat qui depuis 1945 s’occupe des enfants et des adolescents faisant l’objet d’une ordonnance judiciaire, le plus souvent de juges des enfants. Car si certains l’ont oublié, nousavons toujours depuis 2008 un projet de loi sur le Code Pénal de Justice des Mineurs, suspendu mais non abrogé, où des « experts » avaient prévu, entre autre, de mettre des enfants de 10 ans en prison. Après il fut question de ceux de 12 ans, aujourd’hui c’est déjà dès 13 ans.

 

C’est aussi en 2008, avec la loi sur la rétention de sureté, qu’a été créée « la perpétuité sur ordonnance ». Le ton était donné : pour la première fois dans notre droit des individus pourront être enfermés non pour des actes sanctionnés, mais pour anticiper ceux qu’ils n’ont pas commis, les menaçant d’un enfermement à vie, instrumentalisant la médecine dans une logique de surveillance et de séquestration. (cf.la pétition Non à la perpétuité sur ordonnance). 

 

Il est vrai que lorsque la justice des mineurs se déshumanise, celle des majeurs en est toujours gravement affectée.

 

Or la justice des mineurs a été en partie démantelée depuis ces derniers mois. La PJJ est souvent en première ligne dans les médias, et se voit supprimer ses réponses diversifiées et pluridisciplinaires, patiemment construites avec d’autres au fil des années. Oublié alors que si l’adolescence nécessite du temps, elle est la promesse de demain.

 

Nous avons donc de nombreux points communs avec les services de psychiatrie, et de pédopsychiatrie. Déjà en 2007 nos services publics qui accueillent les plus fragiles, souvent les plus démunis, ont failli partager la même loi dite de « prévention de la délinquance ». Cette loi, tentaculaire, contenait une série de dispositions qui instaurait tout à la fois un contrôle et des mesures liberticides dans le secteur éducatif, scolaire, sanitaire et social, avec pour objectif d’écarter tout trouble à l’ordre public. 

 

Si à l’époque la psychiatrie a « échappé » provisoirement, nous le savons aujourd’hui, à ces projets les plus répressifs, pour la PJJ cette loi a institué des dispositions où les enfants et adolescents ont commencé à être traités pénalement comme des adultes, attaquant ainsi gravement la spécificité de la justice des mineurs. Elle avançait déjà une idée récurrente, sur le dépistage précoce et prédictif des jeunes turbulents, confondant facteurs de risques et relation de causalité. Elle a contribué à faire perdre à nos institutions leur compétence dans le champ de la protection, acquise depuis 58, et à réduire leur intervention au domaine pénal, de plus en plus répressif, de plus en plus tourné vers l’enfermement et la contrainte. 

 

Sous obligations dorénavant permanentes, y compris de soin, les adolescents et leur famille se doivent de devenir entièrement décryptables. 

Ils devront même accepter par contraintes superposées de vivre paisiblement dans ce monde non dénué de violences sociales.

 

Or, il est démontré que lorsque les réponses de prévention, de protection, de soin s’amenuisent, comme vient de le dire Bénédicte, le champ pénal augmente quasi mécaniquement.

 

Ce que nous partageons donc c’est cette stigmatisation de ceux que nous accueillons, jeunes ou adultes, considérés comme des individus dangereux, porteurs de risque, qui se doivent d’incarner la peur pour justifier les discours et une politique résolument sécuritaires. C’est aussi cette recherche systématique de boucs émissaires chez les plus vulnérables, dans le même moment où l’on démantèle nos services publics, où l’on diminue les moyens humains avec les suppressions de postes, ceci au profit d’une gestion strictement comptable. 

 

Dès lors la relation n’a plus le temps de se déployer, l’adhésion non plus, il faut faire vite et parer au plus pressé. Préserver des espaces de liberté et de parole où une écoute, une rencontre, un désir puisse émerger est déjà une notion très attaquée, et avec elle le lien aussi.

 

On dépiste, on diagnostique, on classifie, on légifère au premier fait divers, on réglemente, on méprise nos dispositifs d’éducation ou de soins, originaux et qui avaient fait leur preuve depuis des décennies, au profit de la seule contrainte. Ainsi, enfants, adolescents, patients, comme intervenants dans leur engagement professionnel, se retrouvent tous contraints, attaqués, voire menacés, ceci au vu de la récente actualité judicaire.

 

Alors plus que jamais nous continuons à militer pour cet équilibre fragileentre la nécessité d’éducation, de soins et le respect des libertés individuelles (D. Zagury), qui est au cœur même de nos métiers et dont on cherche à dénaturer le sens.

 

A nous de résister et de les contraindre à notre tour d’abandonner ces loisstigmatisantes, excluantes et dangereuses.

 

Car quand la justice des mineurs, donc des majeurs, ou la psychiatrie, ou les prisons se déshumanisent et deviennent des lieux de relégation, nous assistons à une déshumanisation de l’ensemble de notre société. On aura alors consommé beaucoup d’énergie à oublier que la richesse de l’humain c’est précisément d’apprendre à penser et à créer, et non pas à plier pour des projets à courte vue aux effets nuisibles. 

 

 

Lysia Edelstein, psychologue clinicienne à la PJJ

SNPES/PJJ/FSU

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>Demande de retrait du projet de loi sur la psychiatrie au Sénat par le CRC-SPG

 


République Française

Communiqué de Presse 

 

 

Réforme de la Psychiatrie :

Le groupe CRC-SPG (Groupe Communiste Républicain Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche) demande le retrait du projet de loi

 

 

Ce matin, alors que la commission des affaires sociales auditionnait Madame Nora BERA – Ministre de la Santé – dans le cadre de l’examen par le Sénat du projet de loi réformant les soins psychiatriques sans consentement, le groupe Communiste Républicain Citoyen et des Sénateurs du Parti de Gauche a officiellement demandé le retrait de ce projet de loi. 

 

Pour Guy FISCHER – Vice-président du Sénat et Sénateur du Rhône – «ce projet de loi ne se résume en réalité qu’à une seule chose, le traitement sécuritaire de la psychiatrie. Le Gouvernement prend prétexte de la décision rendue par le Conseil Constitutionnel suite à la question priotaire de constitutionnalité soulevée par un citoyen, pour imposer une vision du soin psychiatrique le réduisant à une simple réduction des symptômes, considerés comme autant de troubles à l’ordre public ».

 

Le groupe CRC-SPG refusant que le débat sur la psychiatrie soit réduit ainsi à la question des soins sans consentement entendent peser avec les partenaires sociaux, les collectifs, les usagers et leurs représentants ainsi que les acteurs de terrain, pour que le Gouvernement n’élude pas les vraies questions, dont celle primordiale des moyens destinés au traitement et au suivi des personnes connaissant des troubles psychiques. 

 

Paris, le 13 avril 2010.

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>Au nom d'une « doctrine de la liberté et de l'autonomie »

En tant que psychologue, notre travail auprès des patients nécessite du temps, le temps de la relation, qui se construit dans des moments qui ne se décrètent pas par un protocole ni sur ordonnance.

Ce temps de la rencontre se nourrit de surprises, d'inattendu, d'imprévu.


Il fait la part belle à la créativité de chacun, si nécessaire aux soins.


Ce temps se nourrit aussi des échanges entre les différents professionnels et de leurs regards croisés sur les difficultés qui ont amenées des personnes à être hospitalisées en service de psychiatrie.


La loi votée le 15 mars à l'Assemblée nationale impose à l'entrée du patient à l'hôpital, une période d'évaluation de 72h. La maladie psychique se voit ainsi traitée au mieux comme un état grippal, au pire comme un acte délictueux.


Il n'y a pas de place pour des soignants dans un tel dispositif car ce n'est plus un temps d'accueil du patient qui est institué mais un temps d'observation, comme le précise la loi.


Nous ne sommes pas des entomologistes, observer, évaluer, épingler, quelle place pour les soignants dans ce temps contraint et figé de 72h, censé apporter une réponse rapide à « la crise » ?


Dans un article récent intitulé, « Ne refusons pas la loi sur la psychiatrie », des psychiatres affirment que c'est au nom d'une « doctrine de la liberté et de l'autonomie » que le soin sans consentement doit être appliqué aux patients.


Selon les auteurs de cet article, il s'agit de lutter contre la maladie et pour la norme.

 

Lutter contre la maladie, c'est lutter contre les patients, alors que nous travaillons justement avec la maladie mais aussi et surtout contre la norme qui écrase le rapport singulier que chacun entretient avec ce qui le tourmente.


La loi impose un protocole de soin fixé par décret en Conseil d'Etat. Ce protocole est censé garantir la liberté des patients qui auront la chance, selon ses promoteurs, de vivre chez eux à la condition de se conformer au protocole.


Curieuse conception de la liberté et de l'autonomie !


Curieuse conception du consentement qui se résume à un acte d'obéissance.


Curieuse conception des équipes chargées de prendre soin des patients…


Anonymes et interchangeables, elles n'auront plus alors vocation à être en relation avec une autre personne mais seulement à lui demander des comptes.


Pour les auteurs de l'article, il faut défendre cette loi car elle existe, même si précisent-t-ils, nous ne saurons vraiment si cette loi était bonne ou mauvaise qu'à l'usage.


Nous refusons cette loi car nous refusons que les patients soient des cobayesnous refusons que les soignants soient les otages des protocoles,

nous refusons cette loi car avec nos patients, nous désirons peindre, écrire, chanter, créer, inventer,

 

Soigner quoi !


Marie Cathelineau

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>Communiqué de presse du collectif des 39 Suite au meeting du 9 avril 2011

 

Ce quatrième meeting national du Collectif des 39 a été un nouveau succès. Près de 1000 personnes ont participé à cette rencontre centrée sur le projet de révision de la loi de 90, honteusement voté en première lecture le 22 mars à l’Assemblée Nationale.

Ce meeting politique et poétique « UN POUR TOUS ET TOUS CONTRAINTS » s’est déroulé devant la statue de Pinel. Il célèbre  les fers brisés et  l’humanité  rendue aux personnes malades grâce aux actions sur la vie quotidienne de Jean-Baptiste Pussin ancien patient devenu surveillant et de  sa femme Marguerite.

Le projet de loi instaurant des « soins » sans consentement y compris en ambulatoire a été adopté à l’Assemblée Nationale et doit être examiné au Sénat. Nous devons amener les Sénateurs dans un sursaut républicain à bloquer cette loi soi-disante relative aux droits et à la protection des personnes faisant l’objet de soins psychiatriques et à leurs modalités de prise en charge.

Tous les participants ont été présents, là, durant les quatre heures de cette manifestation, dans une ambiance chaleureuse et festive, alternant les discours de refus total de cette loi scandaleuse et les performances d’artistes engagés dans une conception de la folie respectueuse de l’humain.

 

Les partis politiques représentés, partis de gauche, PS, PCF, Europe Écologie –Les Verts, NPA, ont confirmé leur position affirmée lors de notre troisième meeting  de septembre 2010, à savoir le retrait immédiat de ce projet de loi antidémocratique et liberticide.

Les syndicats de psychiatres ( SPH, SNPP, USP, SPEP, CASP), le Syndicat national des psychologues, le SNPES/PJJ/FSU ont eux aussi affirmé la nécessité du retrait de  ce projet de loi, sécuritaire et anti-sanitaire, élaboré sans aucune concertation. 

Il a été rappelé que très récemment Jean-Marie Delarue, contrôleur général des  lieux de privation de liberté et la CNCDH (commission nationale consultative des droits de l’homme) ont condamné fermement cette loi qui associe maladie mentale et dangerosité.

 

Au-delà d’un consensus de plus en plus large sur le refus total de cette loi scandaleuse, une réflexion s’est engagée sur la nécessité d’un état des lieux des soins et des pratiques en psychiatrie.

 

Il apparaît de plus en plus clairement au travers des divers témoignages que cette loi est soutenue par une idéologie scientiste qui infiltre la psychiatrie actuelle. Cette idéologie soutenue par l’association Fondamental et de nombreux politiques réduit la maladie mentale à un simple dérèglement des neurotransmetteurs. A ce sujet, un bref et vif débat a eu lieu avec le représentant du parti socialiste, Mr Jean Marie Le Guen, qui ne semblait  pas comprendre dans  quelles impasses mortifères nous entraîne cette idéologie bio politique.…

 

Au-delà de l’indignation, le collectif des 39 a présenté les actions entreprises ( Appel aux députés et aux sénateurs pour la mise en place d’un front républicain, Auditions entamées avec  différents chefs des groupes parlementaires au Sénat et à l’Assemblée Nationales) et les nouveaux rendez-vous à venir.

 

Cette loi sera débattue à partir du 10 mai au Sénat avant une deuxième lecture devant l’Assemblée Nationale le 24 mai. Nous  maintenons l’action auprès de tous les acteurs : les politiques, les professionnels, les parents, les patients et la société civile dans son ensemble. Nous tenons informés les 30000 signataires de notre appel sur Cette déraison d’État de nos actions en cours pour le retrait de cette Loi.

 

Nous devons rester vigilants et mobilisés face à cette dérive très inquiétante de la psychiatrie

Nous ne voulons pas d’un plan de santé mentale élaboré sans concertation, dans l’urgence qui amènerait, comme cette loi, inexorablement à faire passer la psychiatrie d’un dispositif sanitaire au service des malades à un dispositif de contrôle social au service du ministère de l’Intérieur. Ce plan cautionné par des experts coupés du partage de la vie quotidienne avec les personnes malades est le rêve des laboratoires  pharmaceutiques et des apôtres du DSM.

`

Nous voulons une réflexion nationale entre tous les acteurs concernés pour faire un état des lieux des soins et des pratiques avant de pouvoir élaborer un grand projet  pour  une psychiatrie respectueuse de la dignité humaine. 

Nous proposons qu'une réflexion nationale concernant l'avenir des soins soit organisée durant deux ou trois jours au début de l'année 2012 : prenons le temps de réfléchir, comprendre, proposer, décider.

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>ÇA SUFFIT CETTE DERAISON D’ETAT !


Le groupe des 39 rassemble des professionnels de la psychiatrie : infirmiers, psychologues, psychiatres, éducateurs, aides-soignants, et aussi des parents de patients, des patients et anciens patients, des artistes.. et des ratons –laveurs.

Depuis des années l’hospitalité pour la folie est de plus en plus malmenée. La fermeture, dans les années 8o-90, de 100 000 lits, sans compensation  suffisante de LIEUX D’ACCUEIL et de SOINS, a précipité dans la rue, en prison, des milliers de personnes malades. Sans compter tout ceux, à la charge des familles, externés abusivement sans soins à leur domicile.

ÇA SUFFIT  ARRETEZ CETTE POLITIQUE  d’ABANDON des plus démunnis

Les logiques gestionnaires et bureaucratiques continuent inlassablement de trier, homogénéiser, rationaliser les pratiques

L’assujettissement des professionnels à des normes issues de l’industrie, déclenche un dessèchement de la vie quotidienne dans les lieux de soins. Véritable violence institutionnelle induisant l’écrasement de l’humain ravalé à une machine-marchandise.

L’hôpital psychiatrique est malade, le secteur est mourant.

ÇA SUFFIT  ARRETEZ CETTE DESTRUCTION

Cet état résulte de politiques de fuite en avant psychopathique mises en oeuvre par des technocrates du libéralisme et des professionnels qui cèdent sur leur désir.

Il est impossible d’assurer dans la cité une hospitalité suffisamment bonne s’il n’y a pas des espaces s’il n’y a pas des espaces de soins et l’hospitalité pour, non seulement des états  passagers de crise, mais aussi pour les personnes malades les plus touchées. Ces patients, prisonniers de leur folie, incapables d’assurer  seuls, sans soins, les taches les plus élémentaires de la vie quotidienne.

De plus en plus fréquemment es personnes malades sont maltraitées dans nos hôpitaux passés au laminage des procédures  d’accréditations et de la rationalisation bureaucratique et sécuritaires des soins.

ÇA SUFFIT  ARRETEZ LE DELIRE DE TRANSPARENCE

Qui veut aller de son plein gré dans un lieu où on vous isole, on vous attache. Les professionnels sont empêchés de penser leur travail, l’inventivité créatrice de toute relation thérapeutique est écrasée par les protocoles. Cette loi est scandaleuse, elle prétend traiter les carences dramatiques de la psychiatrie par une police sanitaire.

ÇA SUFFIT  ARRETEZ CE DELIRE SECURITAIRE

Cette loi est refusée par la quasi majorité des professionnels, seules des associations de famille la soutiennent car ils veulent que la situation change. Ils ont raison, mais ils sont dans l’illusion. Car avec cette loi, nos hôpitaux vont se transformer en prison de rééducation aux normes et la cité en un immense  camp  habité par des errants encamisolés chimiquement et surveillés par des bracelets électronique

ÇA SUFFIT  ARRETEZ CE CONTRÖLE SOCIAL GENERALISÉ

Cela ne sont pas des politiques inconscients, des parents dans la détresse et le sans recours, associés à quelques professionnels coupés des réalités d’une véritable rencontre avec la folie, qui peuvent décider seuls.

ÇA SUFFIT  CELA  SUFFIT  CETTE POSITION MEPRISANTE ANTI-DEMOCRATIQUE

Nous devons repenser ensemble, les professionnels, les politiques, les parents, les patients et anciens patients, la société civile, cette hospitalité pour la folie.

C’est d’un grand plan de soins psychiatriques assurant une hospitalité suffisamment bonne pour la folie dont avons besoin et pas d’une loi contrôlitaire sur le non-consentement qui fait injure aux principes républicains.

Nous prévenons tout le monde de l’urgence de la situation devant cette déraison d’Etat. Nous comptons sur les Sénateurs pour faire un barrage républicain à cette dérive contrôlitaire, déshumanisante très dangereuse pour notre démocratie

 

 

Philippe Bichon le 9 avril 2011 

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>Meeting National Politique et Poétique Samedi 9 avril de 14h à 18h !

 

 

Collectif des 39 Contre la Nuit Sécuritaire

Meeting National Politique et Poétique

Samedi 9 avril de 14h à 18h

« UN POUR TOUS ET TOUS CONTRAINTS »

Devant la statue de Pinel

47 Bld de l’hôpital 75013 Paris

 

En 1793, Jean-Baptiste Pussin, un ancien patient nommé surveillant et sa femme Marguerite ont amené Philippe Pinel, médecin-chef de Bicêtre, à retirer les entraves et les chaînes aux aliénés.

En 2011, l’Assemblée Nationale vote une surveillance et un contrôle à domicile des personnes malades sous camisole chimique. Avec ce parti-pris de la répression, les bracelets électroniques suivront. Deux siècles après,  les chaînes sont de retour…..

 

Le projet de loi instaurant des « soins » sans consentement y compris en ambulatoire a été adopté à l’Assemblée Nationale et doit être examiné au Sénat. Nous devons amener les Sénateurs dans un sursaut républicain à bloquer cette loi.

 

Le collectif des 39 contre la Nuit Sécuritaire appelle à une large mobilisation pour faire barrage à cette loi honteuse qui transforme les soignants en police sanitaire et qui enlève leur humanité aux personnes malades.

 

La Folie n’appartient pas à la psychiatrie, l’Art parle d’elle, s’adresse à elle. C’est naturellement que de nombreux collectifs d’artistes, de peintres, de comédiens, de musiciens se joignent au collectif des 39 pour défendre l’humanité des personnes malades. Le combat pour une hospitalité pour la folie doit se mener aussi sur le terrain culturel et artistique. La folie est indissociable de l’humain, elle est fait de culture.

 

Tout au long de ce Meeting Politique et Poétique les prises de paroles et les performances artistiques se succéderont.

 

Des patients, des familles, soignants, syndicats, politiques, philosophes, magistrats, membres du collectif des 39 et d’autres collectifs ou associations.

Des musiciens (Ens’batucada et fanfare Aïouentounos du Collectif La Blanchisserie), 

Des comédiens (Atelier Théâtre de la clinique de la Borde, Githec) 

Des plasticiens (Stéphane Gatti pour la parole errante, le collectif Pouch'd) 

Et d’autres encore…

Tous sont engagés dans le mouvement d’une hospitalité pour la folie.

Contre cette déraison d'Etat, le Collectif des 39 a déjà recueilli 25000 signatures

 

Rendez-vous autour de la statue de Pinel le

SAMEDI 9 AVRIL DE 14H à 18H

Devant l’hôpital de la Pitié-Salpétrière

47 Bld de l’hôpital 75013 Paris

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>Le pari des « évadés du bocal »

Il faut saluer le pari des « évadés du bocal » de provoquer une rencontre entre artistes, patients et « psychistes ». J’ai déjà remarqué samedi dernier lors de la rencontre entre radio citron et la patat’ose rémoise l’effervescence créatrice qui régnait en ce lieu. Et j’ai trouvé cela bien réjouissant !

 

Le week-end dernier, je participais à un colloque de psychanalyse, où certains analystes s’inquiétaient d’un risque d’idéalisation de la folie dans ce mouvement de révolte et de subversion de l’institué que nous avons impulsé. Ce risque est évidemment toujours possible avec une esthétisation de la souffrance qui ne serait qu’une imposture !

 

Nous avons effectivement connu cela dans l’après 68, et beaucoup dont j’ai été avant que la pratique m’ouvre la comprenette, n’ont pas échappé aux mirages de l’antipsychiatrie, qui consistait en un simple renversement.  Il aurait suffi d’exalter la créativité de la folie pour arriver à la guérison en se passant de toute médication, comme d’ailleurs de tout travail psychanalytique !

 

Ce renversement comportait cependant sa part subversive en mettant en mouvement toute une génération, mais pour nous confronter aussitôt à une très grande déception. La folie comporte sa part d’une souffrance quelquefois immense, et appelle une hospitalité qui ne saurait se réduire à une simple gentillesse ou à la cruauté des bons sentiments.

 

L’approche psychothérapique analytique et en particulier de psychothérapie institutionnelle suppose une immense exigence chez les thérapeutes, les soignants et toutes les personnes qui se risquent à l’accueil. Il nous faut construire tout un support et en particulier le support des clubs thérapeutiques pour créer des espaces de réalité partagée, et dans ce partage il faut insister sur le partage sensible des choses matérielles, des  affects et des émotions. Ce qui n’a rien à voir avec une absence de distinctivité entre les places, et surtout les fonctions. Tenir compte en permanence de la disparité subjective dans le transfert qui peut s’instaurer et se déployer y compris dans ces lieux où il s’agit d’organiser ensemble une fête, un repas, une exposition ou un festival comme aujourd’hui ; c’est cela le point crucial que je voudrais faire ressortir aujourd’hui.

 

C’est aussi une leçon forte de l’après-coup de  l’illusion antipsychiatrique ! Nous ne pouvons pas nous contenter de nous montrer gentils et de porter notre badge à la boutonnière « Quelle hospitalité pour la folie ? ».

 

Ce serait un peu trop simple et même carrément idiot de laisser croire à cela. Ce n’est pas parce que nous nous mobilisons avec les patients contre une loi cruelle et folle qui nous propulserait dans l’univers de Big brother, qu’il faudrait pour autant céder à la répétition.

 

Certes quelque chose se répète dans la joyeuse effervescence qui se produit dans les lieux, encore trop rares encore, qui se mobilisent aujourd’hui. Car il faut quand même garder à l’esprit que nous sommes encore minoritaires, même si nous arrivons en ce moment à mettre en mouvement toute la Psychiatrie. Pourtant la psychiatrie se trouve aujourd’hui particulièrement déglinguée, avec une entreprise de démolition qui dure depuis 25 ans et qui a instrumentalisé et perverti le mirage de l’antipsychiatrie pour en faire un cauchemar. Les patients sont mis à la porte des hôpitaux avant même d’aller mieux, et il s’agit d’aller toujours plus vite dans une espèce de frénésie où les humains sont traités comme des marchandises. A ceci près que la folie résiste à ce traitement comme elle a résisté au renfermement asilaire. Mais un grand nombre de patients en payent le prix-très fort- et se retrouvent déjà à la rue ou en prison.

 

On nous promet demain de nouveaux lieux de renfermement et mieux encore l’internement à domicile !

 

On se demande comment une telle folie sociale a pu germer, prendre forme et que certains aient soutenu cela comme un progrès qui rendrait le déni soluble dans la loi !!

 

Toujours est-il que la loi  est passée une première fois au parlement, et que la majorité étant ce qu’elle est, elle arrive au Sénat.

 

Il faut quand même remarquer, et je le dis d’autant plus que j’y croyais peu : la mobilisation du groupe des 39 a eu un impact absolument incroyable, bien au-delà des cercles restreints de nos connaissances, que de nombreuses personnalités des arts, des lettres et de la politique ont signé notre appel. Et que la quasi-totalité des media a quasiment pris notre parti. La plupart des journalistes ont été saisis par la folie de cette loi, alors qu’ils étaient indifférents à la chose psychiatrique jusqu’alors ; nous informant même des divisions et du malaise de la droite, de l’absence  du seul député psychiatre, Nicolas Dhuic, retourné discrètement dans son département pour ne pas avoir à voter ni à défendre cette loi. 

 

D’autres signaux ne trompent pas : mon directeur d’HP a dit ouvertement son embarras devant une loi inapplicable, et pire encore des membres de l’ARS et de la MDPH m’ont demandé des badges des 39 !

 

Il se passe donc quelque chose de très intéressant dans cette crise où la destruction programmée de la psychiatrie se trouve entravée, remise en cause dans un débat qui est devenu public.

 

Fait nouveau aussi que la présence des patients qui prennent la parole, témoignent, et s’engagent aussi chacun à sa manière et à son rythme.

 

Il est remarquable que dans cette période de grande adversité et de menaces explicites, il n’y ait jamais eu autant de vitalité qu’actuellement dans les collectifs au travail. Je veux parler des collectifs où une psychothérapie institutionnelle se pratique et se réinvente chaque jour.

 

Bien au-delà des blasons, ce qui importe c’est de s’inscrire dans cette transmission de Tosquelles, Oury et tous les autres qui nous ont précédés. D’où le travail dans ces collectifs sur l’intime intrication entre l’aliénation politique et l’aliénation à l’inconscient et au langage.

 

La seule manière me semble-t-il d’être fidèle à la transmission dans la quelle nous nous inscrivons, ce serait de la réinventer sans cesse en considérant la fondation  de la Pi comme toujours à venir.

 

Je ne vois pas comment nous pourrions faire autrement si nous voulons éviter un « arrêt sur image » et l’idéalisation d’une geste héroïque qui aurait tendance à énerver les meilleurs parmi les jeunes qui arrivent dans le métier. 

 

Cette posture par rapport à la transmission de la PI mais aussi de la psychanalyse, constitue un des motifs cruciaux de ce qui m’anime, et de ce que j’essaie de mettre en pratique dans la clinique comme dans mon enseignement. Transmettre ainsi l’alliage hétérogène des théories et des auteurs qui ont compté pour la fabrication de ma boite à outils conceptuelle et me permettent de m’orienter dans ma clinique.

 

Ceci pour dire qu’il n’est pas de clinique transmissible sans une théorisation permanente. Il ne suffit pas en effet de construire un dispositif le mieux fourni possible en réunions de supervision, encore faut-il arriver à produire un mouvement permanent d’analyse institutionnelle, autrement dit de remise en cause de l’institué.

 

Cette subversion nécessaire de l’institué m’aura ainsi permis de traverser de  multiples strates, celles inaugurales de l’antipsychiatrie, comme celle de la psychanalyse mise en place de signifiant ultime de l’institution.

 

Je crois qu’il faut vraiment insister sur la place des clubs thérapeutiques comme outil indispensable de cette subversion. Se mettre sur un pied d’égalité, mettre entre parenthèses les statuts professionnels et construire ensemble des espaces vivants, c’est le principe toujours à relancer.

 

C’est par le biais du club que le centre Antonin Artaud a été fondé depuis 30 ans, après plusieurs années de formation à cette pratique, où nous avons redécouvert les fondements de la Psychothérapie Institutionnelle. D’où la rencontre avec Jean Oury qui se poursuit aujourd’hui : son enseignement bien sur, mais surtout ce qu’il transmet de ce désir indestructible qu’il met au travail en nous branchant sur notre arrière-pays. Dimension d’une poiésis de la rencontre qu’il s’agit de viser si nous voulons éviter la routine et les stéréotypes ; je ne parle même pas de protocoles qui sont l’exact opposé de ce qu’il s’agit de faire. Avec cette bêtise imposée par la HAS et l’Etat il s’agit de ruser et de désobéir pour continuer à faire notre boulot.

 

Encore un mot sur le club : il est important de ne pas isoler cette méthode dans un lieu qui deviendrait bien vite un isolat clivé du service, mais de le concevoir comme une dimension d’horizontalité structurante de l’ensemble des espaces de soin. D’où la multiplicité des clubs dans le service : 5 fédérés par le Grillon et articulés au GEM la Locomotive que nous avons délibérément articulé aux autres clubs. 

 

Depuis maintenant plus de 15 ans, il existe un club intrahospitalier qui ne cesse de faire scandale en organisant avec les patients la vie quotidienne, et en proposant quotidiennement des moments de rencontre autour de la vente du café et des friandises, en tenant à un rythme de plus en plus soutenu des repas confectionnés en commun et en s’articulant au club extra-hospitalier. La circulation est ainsi encouragée quotidiennement entre l’intra et l’extra, de même qu’entre les lieux éclatés dans la ville.

 

D’où l’importance de moments de rassemblement fréquents et institués pour que l’équipe mette au travail les enjeux cliniques de cette circulation, et aussi des AG où chacun quel que soit son statut peut prendre la parole, et surtout que cette parole soit prise en compte. 

 

D’où l’importance aussi de ce qui se joue dans les interstices entre ces moments institués et à quoi il s’agit d’être sensibles et attentifs. 

 

Il faut enfin insister sur la dimension du transfert, qui est bien autre chose qu’une simple relation affective, alors qu’il met en jeu la dimension du désir inconscient.

 

Tous nos dispositifs même les mieux construits ne seraient pas grand-chose s’ils ne prenaient pas en compte cette dimension du transfert qui ne saurait être la concession exclusive d’aucune profession. Nous sommes très bien placés pour savoir qu’un être en souffrance s’adresse à qui veut l’entendre et l’accueillir, et qu’il s’agit de prendre en compte la dimension multifocale et imprévisible de cette adresse. Ainsi certains cherchent des « oreilles fraiches » parmi les nouveaux arrivants dans l’équipe, et il faut également être sensible à la réalité des transferts latéraux. S’il n’y avait pas ces transferts latéraux entre patients qui s’appuient sur l’entraide mutuelle et une dimension d’hospitalité diffuse dans le Collectif, nous ne pourrions guère y arriver.

 

Cela peut paraitre paradoxal à certains, mais si nous voulons soutenir un désir d’analyse, c’est en nous gardant de toute fétichisation corporatiste et stérilisante qui cantonnerait l’analyse au seul exercice d’une profession.

 

Vous pouvez constater que je ne fais qu’un rappel d’une méthode de travail dont nous constatons chaque jour l’efficacité symbolique, à rebours de toute pratique d’évaluation comptable. Et que cette pratique s’inscrit donc à contre courant du discours dominant actuel qu’il s’agit de combattre en nous mobilisant avec tous ceux qui refusent ce qui s’apparente à une sorte de barbarie.

 

Quand le député Guy Lefrand, rencontré pendant la manif du 15 devant l’assemblée, commence par agresser cruellement des patients de radio citron, puis nous annonce qu’il s’agit que les psychiatres cessent l’exercice de la psychothérapie, et que ce soit les psychologues qui pratiquent des thérapies courtes et réadaptatives, il s’agit d’une déclaration de guerre contre la PI et contre toute pratique psychiatrique fondée sur l’accueil et l’écoute du sujet. Et c’est ce qui nous est promis pour le plan de santé mentale de la rentrée, avec toute la déclinaison du programme de Fondamental (dépistage précoce, diagnostic précoce et recherche fondamentale !)

 

D’où la mobilisation qui s’impose urgemment contre ce projet de loi qui va repasser au Sénat en Mai, contre l’horreur des soins sous contrainte en ambulatoire dont le protocole sera décidé en conseil d’Etat, et puis aussi contre tout ce que ce projet véhicule de haine froide et de barbarie à l’égard des patients.

 

Je vous invite donc à venir nombreux à la manif politico-poétique devant la statue de Pinel samedi 9 avril de 14H à 18H.

 

Il y aura des interventions d’artistes, de patients, de soignants et de tous ceux qui voudront faire entendre leur voix pour refuser énergiquement toute cette saloperie, mais aussi pour créer ensemble les conditions d’une psychiatrie à refonder dans la transmission vivante de ceux qui nous ont précédé depuis 50 ans !

 

Patrick Chemla


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>Un pour Tous et Tous Contraints !

 


Meeting le samedi 9 avril 14h-18h

Devant la statue de Pinel, 47 Bd de l’hôpital à Paris

 

Il a suffi d’une journée de débat pour statuer sur le sort réservé à la folie. Il n’est plus question d’accueil pour les patients en souffrance psychique. Quelle place dans notre société leur donne cette Loi ?

 

Les députés de la majorité ont validé la vieille représentation populaire, l’image du fou errant et dangereux. Ils ont oublié la souffrance et privilégié la dangerosité. Ils viennent par leur vote de semer les graines de milliers de futurs malades en errance.

 

Cette Loi prétend répondre à la demande des familles, mais elle se focalise sur la peur du fou. Elle fait d’événements dramatiques, l’ordinaire de la folie.


Les maladies psychiques sont très souvent longues, les crises sont comme dans toute vie, des moments ponctuels. L’état de crise, de délire grave, voire dangereux est loin, très loin d’être un état permanent. 


La Loi se focalise sur la crise, un pic dans l’intensité des symptômes dans le déroulement de la vie d’un sujet.

Elle prend des dispositions qui vont transformer, ou plutôt rendre impossible toute thérapeutique.


Or, la crise doit être désamorcée en amont. La thérapeutique est justement là pour travailler à en diminuer le nombre, la fréquence, l’intensité. Ce sont avant tout des états de souffrances psychiques, d’angoisse extrême pour la personne qui les vit. L’administration d’un médicament a des vertus- et aussi des effets secondaires importants. Il n’a pas de pouvoirs magiques.


Cette Loi ne s’occupe pas du soin. En réalité, elle instaure une psychiatrie de la seringue, une psychiatrie de la surveillance, qui répondra à l’urgence, mais pas au quotidien d’une vie dans la cité pour une personne malade.


La psychiatrie est une spécialité médicale spécifique par la place donnée à la qualité de la relation avec le patient, et son entourage dans la réussite du soin. Le soin nécessite une présence, une disponibilité auprès des familles et des patients, au quotidien et dans un climat de confiance.  La disponibilité doit être continue et humaine. Cela implique des moyens sanitaires, sociaux, médico-sociaux.


Seul un tel réseau cohérent permet d’accueillir les patients et leurs familles.

 

Si des patients sont seuls dans la rue, si des familles n’ont personne pour les aider, c’est que ce réseau de soin n’a pas de moyens suffisants ( en personnel, en formation, en temps).


Pour le fortifier, il n’est pas besoin d’un nouveau cadre juridique, cette Loi est donc inutile. Pire, elle est contreproductive car elle ne s’appuie en rien sur la réalité clinique du soin en psychiatrie. La technologie et l’informatisation ne peuvent remédier aux carences de moyens. À un problème grave, la solution apportée est totalement erronée.

 

L’urgence avec laquelle ce projet de Loi est validé -sans deuxième lecture à l’Assemblée Nationale- révèle l’importance idéologique, démagogique que le gouvernement lui donne.

 

L’hospitalité pour la Folie est véritablement le cadet de ses soucis. La contrainte est instaurée comme principe de soin. Les soignants sont mis dans l’obligation d’exercer une surveillance et un contrôle sur les patients.


On échange la possibilité d’une relation soignante contre l’assurance d’une méfiance réciproque.

 

Ne sommes-nous pas légitimés à craindre que les patients se cachent des soignants, qu’ils dissimulent leur angoisse le plus longtemps possible ?


Ne sommes-nous pas légitimes de dénoncer la fonte des moyens d’accueil ambulatoire ?

 

Tout le monde sait que pour s’approcher de l’intimité de quelqu’un, il faut gagner sa confiance. Cela demande du temps, de la continuité, de la disponibilité, mais surtout une formation spécifique  (qui soit adéquate avec) sous-tendue par  une conception humaniste de la folie.

 

La stigmatisation et la peur ne répondent à aucune de ces obligations.

 

Après des années d’abandon, la psychiatrie est dans un état catastrophique. Toutes les catégories de professionnels luttent pour donner un accueil humain, des soins. Les nombreuses réformes successives ont déjà beaucoup réduit leurs marges de manoeuvres. De nombreux lieux ont repris les couleurs sombres du grand renfermement. L’usage des contentions se banalise. La contrainte devient par la Loi un mode de traitement de l’humain, au mépris de toute connaissance clinique. Le soin psychique mérite mieux.


Il y a plus de 200 ans Jean-Baptiste Pussin a libéré les fous de leurs chaînes. Philippe Pinel a accompagné son geste et a ouvert une nouvelle voie pour la psychiatrie. Qu’en est-il aujourd’hui ?

 

La journée de mobilisation du 15 mars lancée par le collectif des 39 a donné lieu à un rassemblement inédit des syndicats et associations de citoyens, de patients et de familles. Nous continuons la mobilisation. Une nouvelle réunion à notre initiative s'est déroulée ce vendredi 25 mars, avec l’ensemble des organisations syndicales et associatives opposées à cette Loi. Cette réunion a confirmé l'organisation du rassemblement du 09 avril devant la statue de Pinel. Nous vous communiquerons dans les prochains jours le programme de cet événement.


 

Messieurs les Sénateurs, Les 25000 signataires de notre appel vous le disent, cette Loi transforme les fondements de notre mission de soin.

Nous refusons cette politique, cette idéologie qui enferme, exclut.

Nous ne deviendrons pas des techniciens de la répression psychique.

Nous exigeons le retrait de la Loi.

Nous exigeons un moratoire avant toute réforme de la psychiatrie.

N’ajoutons pas à l’aliénation de la folie la déraison d’un État qui prône la peur et la stigmatisation.

Avant le passage de la Loi au Sénat, le collectif des 39 Contre La Nuit Sécuritaire appelle à un grand rassemblement citoyen et festif devant la statue de Philippe Pinel au 47 boulevard de l’hôpital à Paris. Nous pouvons briser les chaînes de la peur et de la stigmatisation.

 

 

Le collectif des 39 soutien l'appel à la manifestation du 2 avril lancé par le mouvement de défense de l'hôpital public.


http://www.coordination-nationale.org/mouvements%20dans%20le%20monde%20de%20la%20sante/ActionNationaleSante/TractNational-02-04-2011.pdf


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>Communiqué suite à la manifestation du 15 mars

 

Collectif des 39

Contre La Nuit Sécuritaire. 

 

Communiqué de presse

 

 

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire se réjouit du succès de la manifestation qu’il a organisée le mardi 15 mars 2011 à l’Assemblée Nationale pour protester contre le Projet de loi de réforme de la psychiatrie et exiger son retrait.

 

Cette manifestation qui a été soutenue par des associations de patients, de parents, mais aussi par l’ensemble des syndicats de tous les professionnels en psychiatrie, – fait exceptionnel-, des associations de psychanalystes, le Collectif « Mais c’est un homme… », a réuni près d’un millier de personnes pendant quatre heures !

 

Pendant ces quatre heures, des prises de paroles, des témoignages poignants et émouvants de patients, de parents, des animations créatrices illustrant ce à quoi conduirait cette loi, se sont succédés sans discontinuer. 

 

Toutes et tous ont dénoncé l’axe central autour duquel ce projet de loi est construit : un axe sécuritaire pour valider une politique de suspicion à l'égard des malades désignés comme des criminels potentiels. Cet a priori a été soigneusement entretenu depuis le discours du Président de la République à Antony le 2 décembre 2008. 

 

Toutes et tous ont dénoncé : 

  • le caractère uniquement sécuritaire de ce dispositif,
  • la transformation radicale de la psychiatrie qu’il induirait,
  • la transformation des soignants en « auxiliaires sanitaires » de police,
  • la suspicion et la disqualification des professionnels psychiatriques, 
  • l’expropriation de ceux-ci de leur fonction soignante et être assignés à « surveiller, contrôler, injecter », 
  • la conception du « soin » réduit par ce projet de loi aux seuls médicaments psychotropes,
  • l’institutionnalisation de la peur du malade, de la peur de l’autre.

 

Toutes et tous ont réclamé à la place de ce projet de loi, confus, absurde, incohérent, l’élaboration à partir d’une authentique concertation et d’un débat public, d’une politique de soins psychiatriques dignes, humains, articulée autour de trois axes essentiels : 

  • Quelle conception de la maladie mentale ? 
  • Quelle formation pour les professionnels ?
  • Quel budget et quels moyens spécifiques pour l’ensemble de la psychiatrie ?

 

Nous avons rappelé que depuis les États Généraux de la Psychiatrie qui avaient réuni toutes les organisations syndicales et scientifiques en juin 2003 et déjà à l’époque avaient alerté sur la situation catastrophique de la psychiatrie, aucune des 22 mesures d’urgence réclamées à l’époque n’a été prise an compte !

 

Une délégation a été reçue par le Groupe Gauche Démocrate et Républicaine. 

De nombreux députés du Groupe Socialiste, d’Europe Écologie Les Verts, du Parti Communiste Français, du Parti de Gauche se sont déplacés pour rejoindre le rassemblement et ont pris la parole.

 

Une délégation a été reçue par le Rapporteur du Projet de Loi, Mr Guy Lefrand, député UMP de l’Eure, qui a accepté finalement, en dernière limite, de nous recevoir. 

Un compte-rendu exhaustif sera rendu public ultérieurement. 

 

Devant ce succès, et parce que cette lutte ne fait que commencer, le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire appelle à d’autres initiatives : 

  • Il s’associe à la journée d’action pour la défense de l’hôpital public, le 2 avril, 
  • Il invite aussi à participer dans l’après midi du samedi 2 avril au débat sur les suites du mouvement à propos du projet de loi, débat qui se tiendra au Lieu Dit, 6 rue Sorbier, Paris 20ème, dans le cadre du Festival des «Évadés du Bocal » 
  • Il appelle à l’organisation d’un rassemblement de toutes celles et de tous ceux qui se sentent concernés par la psychiatrie, le Samedi 9 avril 2011, devant l’entrée de la Salpetrière autour de la statue de Philippe Pinel, le fondateur de la psychiatrie, en 1793 « enlevant leurs chaînes aux insensés », avant l’examen du Projet de Loi par le Sénat. 


Le Collectif des 39

 

Contacts : 

Collectif des 39 :   yglns39@orange.fr

Dr Hervé Bokobza : 06 85 31 71 61 

Yves Gigou :             06 60 48 98 84 

Dr Paul Machto :     06 80 65 47 79

Dr Elie Winter :       06 73 24 21 47


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>Et si nous aussi nous sauvions la psychiatrie, les patients et leurs familles !

Mais alors soyons concrets.

Au lieu d’une loi mal fagotée qui va augmenter les souffrances de tous, examinons ce que chacun peut faire dès maintenant. D’abord changeons notre regard sur la folie.

 

L’expérience prouve que devant les souffrances psychiques graves tout le monde partage ou veut partager la souffrance des personnes touchées.

 

Mais le résultat de cette générosité désordonnée est le chaos, comme l’hôpital psychiatrique actuel (rapport de monsieur Delarue), ou la loi en examen au Parlement ces jours-ci.

Cela vient d’une ‘toute petite erreur’ de perspective prenant des proportions démesurées :

Malgré un point de départ commun, cette souffrance, le désordre s’installe pour deux raisons : 

-aucun des acteurs n’a une vision complète de l’étendue de la souffrance psychique des intéressés.

-aucun n’a en mains l’ensemble des réponses rassemblant soins et appuis sociaux.

 

Chacun cependant pense tout comprendre de cette souffrance : mais ce n’est qu’une ‘impression’ et elle est fausse. C’est là que se trompent aujourd’hui la plupart des acteurs, même l’UNAFAM (union nationale des familles), la FNAPSY (les patients qui se nomment usagers de la Santé Mentale), et les syndicats de professionnels de la psychiatrie et de l’action médico-sociale (chacun croit tout savoir ou tout pouvoir).

 

A la veille du vote de la loi nous devons agir vite et proposer une série de mesures immédiates que chacun des acteurs ci-dessous peut réaliser sans règle, ni loi :

 

– familles qui vous plaignez de ne pas être reçues par les psychiatres (ceux-ci sous prétexte de manque de temps ou de conflit d’intérêt, c’est faux, c’est par peur de ne pas savoir parler avec elles).

 

Voici ma proposition : vous avez totalement raison de vouloir avoir des informations et des conseils, alors frappez chaque jour à la porte des psychiatres, au bout de quelques jours sans réponse allez à plusieurs ‘casser’ la porte du psychiatre !

 

– patients : rassemblez-vous dans des associations de patients (les procureurs de la République sont hors d’atteinte) car celles-ci se fédérant dans la FNAPSY, les élus seront à l’écoute de votre parole, allez leur dire que les cellules d’isolement et les camisoles de force (disparues entre 1970 et 2000), qui se multiplient en ce moment, sont des instruments de torture inhumains, à détruire définitivement.

 

-tous les professionnels de la psychiatrie qui êtes actuellement objets de toutes les critiques (seules les deux précédentes sont justifiées) avez perdu la confiance de l’ensemble du pays à cause des propos infâmants d’un grand nombre de Médias (ne parlant que des scandales qui existent là comme dans le reste de la société, cela leur permet de dire que la folie est la cause de tous les maux sociaux, sauf Libé, Médiapart, Le Monde), des directeurs, des Préfets (qui eux sont aux ordres du grand père fouettard) : expliquez leur que votre courage est atteint violemment par cette perte de confiance générale, par l’abandon dont vous êtes l’objet par l’Etat depuis 1990 et qui vous maltraite de façon totalement inacceptable.

 

psychiatres d’abord, dont le nombre diminue (il y aura bientôt un psychiatre pour deux postes en moyenne), dès la loi refusez de signer tout papier administratif (nous l’avons fait dans les années 1974, 1980 et 1990), et tout certificat médical surtout ceux concernant la loi de 1990 : cela bloque toute la machine directeur, Préfet, ARS : solide grève administrative !

 

infirmiers dépossédés de votre identité par la disparition de leurs diplômes et depuis abandonnés : demandez à recevoir une reconnaissance économique et une formation spécifique, obtenez que les psychiatres et les directeurs vous respectent, vous serez alors bien placés pour demander avec les autres soignants un plan d’établissement relocalisant les lits hospitaliers hors hôpital dans le quartier ou la commune de votre secteur, besoin vital mettant fin à la stigmatisation des patients, voulant être prohes des leurs, leur ‘tissu humain’.

 

– psychiatres privés qui gagnez pas mal d’argent depuis que le service public se détériore (et qui avez abandonné ce service public qui vous a formés). Au lieu d’être passifs devant l’aggravation du service public, quittez un peu votre fauteuil, allez travailler un quart de votre temps dans ce service public auprès de vos frères. Cela résoudra ‘aussitôt’ leur pénurie grave actuelle, croissante depuis 15 ans, même les analystes ! si utiles à penser.

 

– directeurs d’hôpitaux qui allez selon la loi nouvelle (loi médicale totalement inadéquate à la psychiatrie) nommer et dégommer les chefs de services de secteur, vous avez été formés à mettre les soignants au service de la gestion, soyez au contraire attentifs à mettre votre capacité honorable de gestionnaire au service des outils forgés par les soignants pour que la gestion soit au service des soins, et non l’inverse comme maintenant, c’est-à-dire que, selon le projet de la politique de secteur, au lieu de veiller à renforcer sans cesse les services hospitaliers, recommencez à déployer les soins dans la ville et d’abord les lits.

 

ensemble personnels des équipes et administratifs, au lieu de créer des espaces ‘‘intersectoriels pour telle ou telle pathologie’’ ce qui affaiblit ou fait disparaitre le soin de proximité et l’appui de l’entourage relationnel, donc le secteur : créez dans chaque équipe un espace d’accueil et de préalable aux soins ouvert 24/24h dans le secteur (surtout pas dans l’hôpital) (sachant que ce ‘travail préalable’ doit impliquer entre ¼ et 1/3 de l’ensemble de l’équipe de secteur); ce dispositif dans chaque secteur permet de répondre à toutes les demandes dites urgentes, toutes les ruptures de soin, ils supplantent les grands systèmes couteux et perturbants que sont les SAMU-psy, les équipes ambulatoires, ou les services d’urgences des grands hôpitaux ; il va établir d’emblée un lien entre la réponse à un épisode dit aigu et le soin en continuité, cette mise à disposition permet en plus de faire des économies.

 

– juges qui avez en France (seul pays) été écartés depuis deux siècles de cette atteinte aux libertés que sont les « internements » (appelés hypocritement ‘placements d’office’ puis ‘hospitalisation sous contrainte’) et qui allez être amenés à veiller aux demandes de soins ‘obligatoires’ (avant que le Conseil Constitutionnel ne les dénonce car cette mesure est anticonstitutionnelle), demandez dès maintenant à décider ‘vous-mêmes’ de la nécessité ou non d’une atteinte aux libertés, non seulement après 15 jours, mais forcément quand il faut décider, c’est-à-dire au début et à la fin, au lieu de laisser ce pouvoir discrétionnaire à des administratifs, directeurs et Préfets qui vivent sous la peur permanente et croissante de l’opinion et du ‘Père Fouettard’.

 

– professionnels de l’Action Sociale et Médico-sociale qui avez l’impression d’être deux fois malmenés par la loi de 2002 organisant votre travail autour de vos ‘usagers’, puis par le rapprochement avec les ‘fous’ avec le ‘handicap psychique’, établissez des espaces de concertation avec le champ de la psychiatrie par le biais des MDPH et des liens de ‘continuité’ au service de ces patients-usagers qui le même jour ont besoin de vous deux.

 

Madame la Ministre qui avez largement laissé aller la psychiatrie vivre les mêmes règles que le reste de la médecine, alors qu’elle est soumise à deux autres exigences incontournables qui sont du ressort de deux autres Ministres : l’atteinte aux libertés, et l’appui social engageant dépenses et réflexions différentes voire contradictoires simultanément, Madame la Ministre vous pouvez re-créer (elles ont existé jusqu’en 1990) deux instances modestes et capitales :

 

-La Commission des Maladies Mentales réunissant des ‘sages’ de toute profession et usagers veillant à la nécessaire ré-évaluation et adaptation de la ‘politique’ de santé mentale, dite de secteur depuis 1960.

 

-Et le Bureau de la Psychiatrie ayant mission de suivre et de faire face aux défaillances et difficultés de croissance de chacune des 1127 équipes (830 adultes, les autres enfants) de vos 830 secteurs (c’est leur absence qui a mis en abandon la psychiatrie de secteur).

 

-Elus, qui avez à débattre en urgence d’une loi sur la psychiatrie alors que vous manquez de données globales appréciant la diversité et la dimension humaine de cette question, vous n’avez devant les yeux ni nos témoignages directs ni un bilan historique de la psychiatrie de secteur (50 années sont indispensables à connaitre, une journée suffirait), ses liens avec l’ensemble du fonctionnement de la société, vous, élus qui êtes en tel désarroi devant l’ampleur de la question, exigez que ces tâches soient sériées en trois temps :

 

votez une loi faite d’un seul article ce jour impliquant la présence du juge pour toute mesure portant atteinte aux libertés en psychiatrie ; puis

 

organisez avec vos électeurs une vase campagne de concertation sur un ou deux ans en France pour apprécier l’intérêt humain de la folie au quotidien, la question de la psychiatrie associant soins et appuis sociaux ; vous en dégagerez une vision humaine (ce qui n’est pas le cas actuellement), qui vous guidera pour toute décision;

 

-enfin dans les deux ans préparez (non une loi nouvelle, la psychiatrie en a trop et est devenue illisible et kafkaïenne) mais un « Plan Cadre ».

 

Dès aujourd’hui, par contre, veillez à ce que dans chaque secteur soit créé (il en existe déjà quelques dizaines) un ‘Conseil de Santé Mentale local’ (surtout à ne pas confondre avec les instances départementales ou régionales). Ce n’est pas une nouvelle instance de décision ni de contrôle, mais une instance de concertationbénévole, citoyenne, avec divers acteurs, menés par l’élu et le responsable du secteur, et permettant régulièrement de réfléchir à la complexité que joue la représentation de la folie et de ses implications et réponses diverses (et pas seulement psychiatriques) dans une communauté (quartier, commune, ville, Cité).

 

L’âme de la Cité est la référence citoyenne de chacun associée avec la définition nationale des tâches et des services.

 

La folie fait partie de l’âme de tout homme, elle s’exprime soit quotidiennement dans l’amour et dans la haine, soit en vrillant notre être et en nous faisant souffrir; dans ces deux moments c’est la qualité humaine du regard qui permet à chacun de trouver les réponses juste ‘assez bonnes’ pour reprendre le cours de notre vie dans une Cité où chacun trouve sa place.

[1]

 

Guy Baillon

 

 

[1] Dernier livre paru

Quel accueil pour la folie ? par BAILLON Guy , Éditeur : Champ Social Editions : www.champsocial.com

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>Psychiatrie: le rapport qui accuse (article du journal Libération du 18/03/11)

 

Le contrôleur général des lieux de privation de liberté dénonce, dans un avis que s’est procuré «Libération», l’hospitalisation sous contrainte.

 

Par Eric Favereau

 

«Nous disons que tout cela est insupportableLes mots sont durs. Le contrôleur général des lieux de privation de liberté, Jean-Marie Delarue, est pourtant un homme posé, conseiller d’Etat de formation. Il va faire paraître au Journal officiel un avis sur l’hospitalisation d’office en psychiatrie, et une recommandation sur l’Infirmerie psychiatrique de la préfecture de police de Paris (lire ci-contre), deux textes que Libération a pu se procurer.

 

Constat terrible. Leur parution intervient au moment même où le Parlement débat d’un projet de loi qui vise à étendre encore les mesures de contrainte pour les malades mentaux. «Nous ne parlons pas dans le vide, argumente Jean-Marie Delarue. Depuis deux ans, nous avons visité plus d’une vingtaine de lieux d’hospitalisation psychiatrique. Ce ne sont pas de simples visites. Nous arrivons à l’improviste, nous restons, nous regardons tout.» Le contrôleur général des lieux de privation de liberté lâche : «Au regard des droits de l’homme, la situation est inquiétante et elle s’aggrave.» Avec, en arrière-fond, un mal typiquement français : le législateur fait des lois, mais les droits qu’elles sont censées garantir ne sont pas accessibles.

 

C’est sur la question centrale de l’hospitalisation d’office qu’a planché le contrôleur. En vertu de la loi de 1990, les préfets peuvent, sur le fondement d’un certificat médical, faire admettre à l’hôpital des personnes, contre leur gré, «atteintes de troubles mentaux et qui compromettent la sûreté des personnes ou portent atteinte, de façon grave, à l’ordre public». Cette mesure, supposée exceptionnelle, est appelée «hospitalisation d’office» (HO). Elle peut être renouvelée, sans limite de temps. «Le malade en sort lorsque le médecin psychiatre, qui estime la sortie possible, la propose au préfet, lequel décide ou non la mainlevée de l’hospitalisation d’office», note Jean-Marie Delarue.

 

Droits formels.

Le législateur avait donc recherché un équilibre, entre le médical et l’administratif. Mais «aujourd’hui, quatre éléments mettent en cause gravement cet équilibre». D’abord, note l’avis, dans de très nombreux cas, les droits formels du patient ne sont pas respectés. Exemple : «On interdit la plupart du temps au malade d’avoir recours à un avocat. On lui dit, certes, qu’il peut saisir un juge, mais sans lui donner l’adresse, ni le lieu. Les formulaires qui lui sont fournis sont illisibles. L’accès à ses possibilités de recours n’est pas possible», s’étonne le contrôleur.

 

Deuxième point qui noircit le paysage de la psychiatrie : «C’est le grand retour de l’enfermement qui caractérise désormais ces lieux de soins.» Cela n’est pas sans aberration : dans un même service de psychiatrie, les patients en hospitalisation libre sont contraints de vivre comme les autres, c’est-à-dire reclus, «en totale contradiction avec leur situation», note Jean-Marie Delarue. «Les portes d’un nombre croissant d’unités hospitalières psychiatriques sont en effet fermées à clef. Les patients, qui sont là librement, ne peuvent sortir, même pour se promener dans un parc, ni pour se rendre dans une cafétéria, ou participer à un office religieux.» Et de préciser : «Ces restrictions ne sont pas sans incidence sur la vie des malades et sur les relations avec leurs proches.» En d’autres termes, la logique de l’enfermement tire tout le monde vers le bas.

 

Troisième point : les sorties d’essai. Depuis des années, c’était une pratique essentielle pour permettre à un patient en HO de commencer à se réhabituer à la vie hors les murs. Le médecin responsable signait alors un certificat, qui était ensuite, la plupart du temps, validé par le préfet autorisant la sortie. Depuis le meurtre à Grenoble en novembre 2008 d’un étudiant par un patient en fugue, les préfets ont peur. Une crainte renforcée par une circulaire de 2010, signée par les ministres de la Santé et de l’Intérieur, rappelant leur responsabilité directe. «Aujourd’hui, devant ces demandes de sortie d’essai, le préfet hésite, diligente une enquête de police. Les sorties d’essai se sont réduites comme peau de chagrin. Des malades, habitués à sortir régulièrement, en sont interdits.»

 

Attaché. Dans le même ordre d’idée, les levées de HO, décidées par le préfet, sur demande du médecin, sont de plus en plus difficiles. «Aujourd’hui, le préfet hésite, demande une expertise, mais il n’a pas d’argent pour la faire. Au final, cela traîne des mois, voire des années»,lâche Jean-Marie Delarue. Des patients sont ainsi retenus, sans aucune justification médicale. «Le préfet fait ce qu’il veut au nom d’arguties juridiques qui ne sont pas opératoires.»

 

Quatrième point : la situation des détenus qui bénéficient de l’article D 398, permettant à l’autorité préfectorale de placer un détenu en hôpital psychiatrique. Voilà des personnes incarcérées qui sont en crise. Le médecin de la prison demande qu’ils soient hospitalisés, et le préfet peut transformer leur incarcération en hospitalisation d’office. Mais là encore, c’est d’abord le parapluie que l’on ouvre. «Le préfet craint, par-dessus tout, l’évasion. Il traîne. Alors qu’il y a urgence, cela peut prendre jusqu’à deux semaines, alors que la personne est en crise aiguë.» Pendant cette crise, le détenu reste en cellule. Quand il arrive enfin à l’hôpital, il est mis systématiquement en chambre d’isolement, durant tout son séjour. Parfois, il est même attaché, sans discontinuer, pendant deux semaines. Résultat ? «On ne leur donne pas les soins appropriés à leur état, cela est absolument inadmissible. Nombreux sont ceux qui préfèrent retourner en prison, car en prison au moins ils peuvent avoir des visites, ou bénéficier de promenades.»

 

De fait, c’est tout un monde caché que fait entrevoir le contrôleur général, un monde où les droits élémentaires des personnes ne sont pas respectés. Et dans ce monde-là, «ce n’est pas tant la loi, quelle qu’elle soit qui est en cause, mais la réalité des pratiques», conclut Jean-Marie Delarue.


Le rapport du contrôleur de privation des libertés relatif à certaines modalités de l'hospitalisation d'office (15 mars 2011)avis-du-controleur-general-des-lieux-de-privation-de-liberte


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