Archives de catégorie : Expressions

>Scandale du médiateur : la CNI demande l'arrêt des expérimentations

 

Les Agences Régionales de Santé de Provence Alpes Côte d’Azur, de l’Ile de France et du Nord Pas de Calais lancent l’expérimentation d’un nouveau métier « médiateurs-patients en santé mentale » (Presse APM et La Provence).

Ce programme est porté par le Centre Collaborateur de l’Organisation Mondiale de la Santé (CCOMS) en partenariat avec la Caisse Nationale de Solidarité pour l’Autonomie (CNSA). Partie prenante du projet au départ, la Fédération Nationale des Patients en Psychiatrie (FNAPSY), s’est retiré du projet en janvier 2011. La CNI a participé à plusieurs réunions organisées par l’ARS PACA sur l’évaluation des différentes actions et le futur projet du SROS, sans que cette expérimentation ne soit évoquée. L’ARS PACA va investir 330 000 € dans ce projet alors que certains établissements sont en déficit, que l’emploi est menacé, l’embauche de professionnels réduite. A terme, ces nouveaux « emplois » devront être financés par les établissements.



  • Quelle politique de santé mentale souhaitons-nous mettre en place ?
  • Quels seront les soignants de demain ?
  • La pénurie de personnel est-elle aussi importante pour que l’on ait recours aux « anciens » patients pour prendre en charge leurs pairs dans les services de soins ?
  • Quelle amélioration cette innovation apporte-t-elle pour les patients hospitalisés ?



Nous voyons dans cette manoeuvre la volonté de création d’un nouveau métier.

Mais comment peut-on, dans la fonction publique, recruter des acteurs de soins, non pas sur leurs compétences ou leur niveau d’étude mais sur la qualité « d’anciens patients » en santé mentale ?
 Ces médiateurs seront formés en alternance, sur 8 semaines. Ils devraient faciliter l’accès aux droits, à la prévention et aux soins de l’usager des services de santé mentale mais n’avons-nous pas déjà des équipes pluri-professionnelles compétentes ?



Comment seront accueillis ces médiateurs par les établissements ? Rémunérés 1550 € brut, ils auront un salaire équivalent* à une IDE débutante ayant fait une formation initiale de 3 ans avec des responsabilités engagées au quotidien !



Nous ne jetons pas au panier l’idée. Que d’anciens patients hospitalisés puissent aider leurs pairs à l’extérieur des lieux de soins, dans des groupes d’entraide mutuels (GEM) où dans des associations, nous y sommes plus que favorable. Mais comment imaginer les relations professionnelles au sein d’une unité si soignants et médiateurs sont en désaccord, chacun avec une histoire et une expérience de l’hospitalisation différente? Avec les nouvelles Lois, la charge de travail des soignants augmente, comment dans ces conditions est-il possible d’envisager l’intégration de médiateurs-patients ? Comment aborder le respect de la liberté et de la confidentialité ?



Où sont les maisons des associations dans les établissements de santé qui pourraient recevoir les patients qui le souhaitent et ainsi les accompagner en tant que « pairs-aidants » ?



NON : Ce n’est pas en créant un nouveau métier de « médiateurs en Santé mentale », fussent-ils avec d’anciens patients que leurs pairs hospitalisés ou suivis en ambulatoire seront mieux pris en charge.



OUI : C’est en donnant les moyens aux établissements de santé d’assurer leurs missions de service public, en créant un véritable diplôme (niveau master) d’IDE spécialisé en psychiatrie, en revalorisant les salaires, en reconnaissant la pénibilité du travail, en réfléchissant à l’évolution des parcours professionnels pour reclasser les professionnels qui souffrent. C’est en redonnant et en ayant confiance dans les professionnels. C’est en donnant une place aux associations d’usagers dans les institutions par la création de maisons des usagers.



Le syndicat Coordination Nationale Infirmière demande l'arrêt immédiat de cette expérimentation et la réattribution des budgets.



* Une IDE gagne un peu plus 1551,15 € brut (1er échelon), où une aide-soignante gagne 1370,57€ brut (1er échelon) où une assistante sociale gagne 1426,13 € (1er échelon), un cadre de santé 1759,51 € brut (1er échelon) et certains médecins, guère plus, alors que leurs responsabilités sont engagées au quotidien.

Nathalie DEPOIRE

présidente de la CNI 

Article original : http://www.coordination-nationale-infirmiere.org/index.php/201112201491/Actualites/Scandale-du-mediateur-la-CNI-demande-l-arret-des-experimentations.html

 

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>D’anciens malades dans les équipes soignantes en psychiatrie

 

D’anciens patients en psychiatrie vont intégrer des équipes soignantes comme « médiateurs en santé mentale ».

De patient à médiateur en santé mentale

Le quotidien La Provence du 9 décembre vient de révéler une expérimentation mise en place dans la région PACA qui vise à former pendant huit semaines, à la faculté de médecine, d’anciens patients en hôpital psychiatrique en vue de les intégrer dans les équipes soignantes comme « médiateurs en santé mentale ». Cette expérience n’est pas spécifique à la région PACA mais sera conduite dans trois régions (Ile de France, Nord Pas de Calais et PACA).

Une expérimentation dans le cadre d’un programme national

Dans le cadre du nouveau « plan psychiatrie et santé mentale » en gestation, un groupe de travail composé de représentants du ministère de la Santé et de psychiatres a validé cette proposition. Ce plan devait être présenté aux organisations syndicales, mais l’expérimentation aurait été lancée sans concertation. La région PACA étant la plus avancée sur ce projet, c’est l’Autorité régionale de santé (ARS) de cette région qui, au cours d’une conférence de presse tenue le 8 décembre, a révélé ce projet.

Cette action s’inscrit dans le cadre d’un programme national « qui permet aux personnes présentant des pathologies mentales pouvant aller des troubles dépressifs aux troubles psychotiques les plus sévères d'être accompagnées, dans le cadre de leur prise en charge, par des personnes ayant elles-mêmes traversé des épisodes de troubles mentaux ». « Il s'agit d'un programme national porté par le Centre collaborateur de l'Organisation mondiale de la santé (CCOMS) situé à Lille, en partenariat avec la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA) qui financera la formation et la Fédération nationale des patients en psychiatrie (FNAPSY). »

Un budget de 330.000 euros

« Les médiateurs vont intégrer les équipes et débutent une formation à la faculté de médecine en alternance de janvier prochain à octobre 2012. Leur formation est assurée par la CNSA. Et c'est l'ARS qui finance cette action pour un montant de 330.000 euros par an pour le recrutement par les établissements retenus (APHM, Valvert, Centre hospitalier de Cannes et Sainte-Marie à Nice) de 5 binômes de médiateurs, soit 10 médiateurs sur la région. Chaque médiateur sera rémunéré 2.500 euros brut par mois. Il sera un acteur reconnu dans l'équipe de soin, et pourra faire aussi des visites à domicile. » Cette proposition fait référence à des actions similaires menées dans d’autres pays comme le Canada, mais sur des secteurs différents (cancérologie, addictologie, etc.).

Des réactions vives en perspective

Les réactions syndicales sont d’ores et déjà vives. Elles dénoncent le manque de psychiatres, le manque de personnel dans les structures psychiatriques et voient arriver des personnes formées en huit semaines avec un salaire supérieur à celui d’une infirmière débutante. Le « gain » attendu de cette initiative en termes de soins n’est pas très explicitement formalisé puisque d’après l’ARS, « pour les équipes soignantes (…) le médiateur va pouvoir apporter en termes de complément, de "plus", "d'autre chose" à leur travail de soignants ». Alors que la nécessaire élévation du niveau de formation des professionnels de la santé fait l’objet de discussions et de propositions au sein de plusieurs instances, cette proposition de médiateurs en santé mentale est une « galéjade » ou une « provocation » pour certains, et « ne saurait être prise au sérieux » pour d’autres.

D’autres expériences menées

A Lille, une recherche est en cours sur un « programme d’embauche et de formation intégrée de médiateurs de santé – travailleurs-pairs dans les secteurs sanitaire et médico-social » se basant sur une pratique de plus en plus répandue dans les pays anglo-saxons. Le projet précise : « Le concept de "pairs-aidants" (Peer Support Worker) a émergé progressivement depuis les années 80 aux États-Unis sous l’impulsion des mouvements d’usagers. Des services de soins ont alors recruté des personnes dites "en rétablissement" dans leurs équipes, considérant que celles qui ont vécu un problème et réussi à le surmonter sont très efficaces pour aider les autres à faire la même chose. »

Les premiers résultats ont été jugés très négatifs mais l’expérimentation ayant été reprise avec des modifications, le constat affirmé est le suivant : « Cette étude démontre donc scientifiquement que les travailleurs-pairs ont une intervention significativement pertinente dans le traitement précoce (early treatment) de la maladie psychique et en particulier chez les personnes repérées comme ayant au départ une mauvaise alliance thérapeutique (clients not well engaged in treatment). »

En 2007, une mission de Médecins du Monde de santé mentale communautaire, qui s’adresse à des personnes sans chez soi présentant des troubles psychiatriques sévères, engage le premier médiateur de santé mentale comme salarié. En 2009, l’Assistance Publique-Hôpitaux de Marseille recrute le premier médiateur de santé mentale sur financement ciblé du ministère. Le profil de poste défini parle « d’enthousiasme, d’éthique, de réflexivité personnelle et sociale, d’empathie, etc. » Les pré-requis sont  les suivants : « Expérience de la rue, de la maladie mentale et de l'addiction, et expérience en tant qu’usager du système de soins en psychiatrie et/ou addictologie. La personne doit être inscrite depuis longtemps dans un processus actif de rétablissement. Le rétablissement sera défini conjointement par les pairs, les professionnels et la personne elle-même. Minimum niveau fin d'étude secondaire (niveau 4). » Nous sommes loin de la définition d’un poste d’infirmier dans ce profil.

Confusion des genres ou non ?

Le cadre même de ces médiateurs doit être clairement explicité : quel intérêt pour le patient ? Quel intérêt pour le personnel de soins autre qu’ « un plus », qu’un « autre chose » ? Quelle relation personnel soignant/médiateur ? Quelle relation psychiatre/médiateur ? Il en va de la crédibilité des mesures prises sur la psychiatrie et au-delà, cette mesure nouvelle étant présentée comme un « acte révolutionnaire », « un bouleversement des pratiques et des mœurs » dans le soin de demain.

Moins d’infirmiers demain mais plus de médiateurs ?

L’équation aura du mal à prendre sans une clarification nette. Et sera-t-elle de nature à doper les vocations chancelantes à embrasser la profession d’infirmier ?

Pour aller plus loin :

http://www.laprovence.com/article/a-la-une/psychiatrie-des-malades-font-partie-de-lequipe-soignante

http://www.ars.paca.sante.fr/Mediateurs-en-sante-mentale.125761.0.html

http://www.marseille-sante-mentale.org/newsletters_archives/lettre_02/handicap.pdf

http://www.marseille-sante-mentale.org/newsletters_archives/lettre_02/

 

Article original sur : http://www.weka.fr/actualite/sante-thematique_7850/d-anciens-malades-dans-les-equipes-soignantes-en-psychiatrie-article_68182/

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>L'Association Humapsy ouvre ses portes !

 

A Reims des patients se sont constitués en association, pour essayer de faire un groupe de travail qui pourrait apporter des remarques et des suggestions quand auront lieu les états généraux de la psychiatrie.

Humapsy : Qui sommes-nous ?

Association de patients suivis en psychiatrie, inquiétés par le discours du Président de la République à Antony en décembre 2008,  la mise en place de la loi HPST, puis celle de  la loi sur les soins sans consentement.

Après avoir tenté de nous faire entendre auprès des différentes parties concernées (Sénat, Assemblée Nationale…) par le biais de meeting, manifestations et actions diverses en collaboration avec toutes sortes de professionnels, psychiatres, soignants, hommes de loi, patients, familles, artistes … Nous avons décidé de nous constituer en association afin de recueillir des idées, des doléances et des témoignages  en vue de préparer des propositions que nous soumettrons pour les états généraux de la psychiatrie (2012).

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contact : ahdp51@hotmail.fr

Le blog : http://humapsy.wordpress.com/

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>Vulnérable et capable

 (Dessin de Maria Elisa Cabral, d'après un portrait de Gaston Bachelard)

"Le moi s’éveille par la grâce du toi " Gaston Bachelard

Des mots pour te dire, des mots pour me dire

Comment interroger le quotidien de la relation avec notre proche, malade et handicapé psychique ? Comment se rendre accessible et percevoir un regard autre ? Comment éveiller en nous-mêmes un autre regard, tant nous pèse et parfois nous angoisse l’inquiétante étrangeté de l’ordinaire ? Comment dissiper tous les malentendus[1]? Comment troubler, faire vaciller les habituels regards convenus portés sur une personne handicapée psychique, personne si peu reconnue dans sa singularité, mais encore dans son humanité partagée ? Comment accepter d’interroger les valeurs éthiques qui gouvernent les relations avec notre proche, comme si elles n’allaient pas de soi ? Comment remettre en question les valeurs politiques qui gouvernent l’accueil de ces personnes dans notre société, comme si elles n’allaient pas de soi ? Comment même remettre en question notre idée d’humanité, comme si elle n’allait pas de soi ? Quelle valeur pour la folie, comme s’il n’allait pas de soi que seule son éradication justifierait notre combat ?

Justement parce que ça ne va pas de soi ! A commencer par la blessure des mots. Ces mots malheureux, inadéquats, des paroles qui nous échappent. Ces mots esquissés ingénument, mots hasardés que l’on adresse à l’Autre dans l’oubli qu’aussi un visage parle. « Mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », affirmait Albert Camus. Redoublement du malheur car il est déjà bien présent, installé dans une lisibilité chancelante de nos regards croisés, qui s’ajoute à la maladresse de pauvres mots incertains. Quand les émotions ne savent plus se dire ni se lire[2]sur l’intranquillité des regards envisagés, dévisagés. Quand la retenue de nos silences ajoute elle-même à la solitude. Dis quelque chose, parle-moi, je n’ai personne avec qui parler ! Je n’ai que mes voix à qui répondre ! Pourquoi tu crois que je parle tout seul ! C’est fou : mon portable, je ne peux pas même l’éteindre, il est dans ma tête, je suis constamment sonné ! Et quand parfois se fait le silence, du chaos surgit un néant pas moins insupportable. Silence envahissant que nul ne saurait habiter tant l’angoisse peuple ce vide, tant elle pèse dans son inconsistance. Qu’espérer attendre de ce rien ? Ou plus exactement ce presque rien : lorsque les voix se sont tues, rien ne dit en effet que l’on n’entendra pas alors sourdre l’obsédante litanie des automatismes mentaux. Pensées étranges qui échappent une fois de plus à tout contrôle. Un je ne sais quoi d’injonctions absurdes venues d’on ne sait où. Pensées insensées qui se répondent en écho, pensées volées, pensées qui se répandent, se propagent. Diffusion de la pensée.

Mais la vulnérabilité semble infinie. Parce qu’à cette dislocation de la conscience de soi et cette angoisse abyssale, se surajoutent une motivation en berne, une volonté bloquée, incapable d’émerger et une incapacité d’entreprendre, d’initier ou maintenir une action. Malgré soi, encore une fois ! Mais que reste-t-il du soi !  Insoutenable pour les proches et les moins proches. Et que dire de ceux qui ignorent tout de la psychose ! Insupportable pour Autrui.

Comment dès lors oser des mots ? Parler au risque de gaffer ? Dans un élan louable d’une bienveillante sollicitude, risquer la malfaisance. Où l’on voit que la vulnérabilité de notre proche entre en résonance avec notre propre fragilité. Où déjà se dit notre propre vulnérabilité lorsque nous sommes arraisonnés au-delà du raisonnable.

Mais en tant que sujet, ne suis-je pas fondamentalement assujetti à un Autre ? Dépendant d’Autrui ? Otage d’Autrui, osera même le philosophe Emmanuel Levinas. L’autonomie de la volonté que je voudrais revendiquer pour moi-même et retrouver pour mon proche, possédé par ses voix, par le mal qui l’habite, cette autonomie ne serait-elle fondée que sur une hétéronomie première, antérieure à toute volonté ? Sujet, je suis donc, malgré moi, pour un Autre. « De toute éternité, un homme répond d’un autre. D’unique à unique. Qu’il me regarde ou non, il me regarde, j’ai à répondre de lui », écrit encore Levinas dans Autrement qu’être. Vulnérabilité d’un sujet insuffisant, en dépit de la suffisance obstinée de son être, qui se sait blessé par le regard d’un Autre. Toujours en retard à répondre de lui, toujours insuffisant à lui répondre. Inscription de cette vulnérabilité au cœur même de notre humanité. Sans attente d’aucune réciprocité, mais encore dans sa propre vulnérabilité, en dépit d’elle, malgré elle, mais aussi grâce à elle, un humain vulnérable a à répondre d’un Autre vulnérable.

Humanité de personnes vulnérables, mais humanité de personnes capables. Il ne s’agit nullement cependant de capacité en tant que puissance, compétence, voire même, en terme de Droit, d’aptitude juridique à agir valablement pour soi-même. A bien y regarder, sans même considérer à l’extrême les incapables majeurs, l’humanité semblerait bien davantage constituée d’individus trop souvent semi-capables, 1/3 capables ou moins, bref par l’extrême variabilité des capacités de chacun. Faibles et vulnérables. Mais pour comprendre le capables dont il est ici question, il faut alors mettre en relation cet adjectif avec la “capabilité” (en anglais : capability) telle que la désigne l’économiste et philosophe indien Amartya Sen : «aptitude à réaliser diverses combinaisons de fonctionnements que nous pouvons comparer et juger les unes par rapport aux autres au regard de ce que nous avons des raisons de valoriser[3]». En dépit d’une multitude de déterminismes, je dispose d’une liberté de faire des choix valorisés, tant par une conception du bien que par un sens de la justice. Et les conditions dans lesquelles mes choix ont été faits comptent autant que sa finalité dans les résultats de mon action.

Conscient de cette capabilité qui m’habite, comment ne pas remarquer à quel point elle entre à son tour en résonance avec la capabilité de mon proche psychotique ? Parce qu’il reste paradoxalement une personne capable. Son incapacité à entreprendre et maintenir une action est certes bien réelle. Mais sa capacité d’effectuer des choix valorisés en vue de cette action potentielle n’en demeure pas moins aussi réelle.

C’est donc bien cette dépendance d’autrui pour agir, alors même que persistent le plus souvent toutes les capabilités potentielles qui ne demandent qu’à être réalisées, qui pose tant de questions, soulève tant de malentendus. On ne saurait les minimiser, tant ils revêtent des aspects dramatiques. Et comment ne pas soulever la question de la stigmatisation, celle que déjà l’on peut lire dans ce jugement arbitraire d’“incapables majeurs”. Jugement erroné qui ne tient aucunement compte de l’extrême variabilité des manifestations de la maladie, du poids du handicap. Stigmatisation de rapace insensé qui désigne la schizophrénie derrière tout dérangement de l’esprit, sans davantage regarder, chercher à comprendre, la singularité et la souffrance de celle ou celui à qui elle s’adresse. Stigmatisation qui banalise et flétrit : elle terrorise inéluctablement sa proie devant l’idée même de schizophrénie ; quand elle n’aggrave pas son repli autistique… lorsqu’elle est effectivement schizophrène.

S’il est une caractéristique première de l’état de dépendance, c’est bien le manque. Et ce manque est souffrance, qui conduit inéluctablement l’individu, être de besoin, à une recherche obstinée de l’objet de sa dépendance. Le petit d’homme, celui que sa mère met au monde, est sujet à la plus longue dépendance parentale du monde animal. A l’encontre des autres mammifères qui mettent bas, la femme met et donne au monde son petit. Parce qu’« il ne peut y avoir d’homme au sens propre que là où il y a un monde et il ne peut y avoir de monde au sens propre que là où la pluralité du genre humain ne se réduit pas à la simple multiplication des exemplaires d’une espèce[4].

Nous sommes donc nécessairement une humanité de personnes inter-dépendantes (dans leur in-suffisance) qui nous nourrissons de la différence des Autres. Etre humain, c’est être appelé à se décentrer et se vivre soi-même comme un Autre, dans le même temps que l’on vit l’Autre comme un étranger, un différent auquel on ne saurait demeurer indifférent. Plutôt que justifier de son identité, afficher sa carte de différence !

Quand il est question de prendre soin de la personne psychotique au cœur de notre commune humanité, c’est à de nouvelles valeurs pour fonder la politique qu’il faudra bien nous intéresser. Comment substituer une coopération de tous dans le souci premier des plus vulnérables à l’exaltation généralisée de la concurrence qui valorise les forts ? A l’heure où s’esquissent les prémices d’une politique du soin (CARE), il n’est pas inutile de rappeler qu’au 12é siècle,soigner signifiait cette besogne particulière qui consiste à fréquenter des marchés pour procurer des marchandises à quelqu’autre, dans le besoin.Etrange réminiscence d’une image moderne où le dealer répond à l’état de manque. Mais qui contesterait la nécessité de prodiguer des soins aux personnes dépendantes ? Qui contesterait qu’il y ait de la valeur dans cette dépendance-ci qui n’est pourtant pas dépourvue d’addiction[5]? A l’encontre de l’accoutumance (également appelée tolérance) du toxicomane qui dans la recherche frénétique de son produit en vient à négliger ceux qui dépendent de lui-même. Dépendre des Autres pour ne pas avoir à dépendre d’une chose, voilà ce que la politique ne saurait ignorer, ce qu’elle a à faire valoir.

L’éradication de la dépendance parait donc un leurre. Nous n’en avons pas moins à rester vigilants. Les progrès des sciences neurobiologiques dans la compréhension des fonctions cérébrales, l’analyse de plus en plus performante des dysfonctions au cours des diverses maladies psychiques, les progrès de la pharmacologie ne sont pas dénués de risque lorsqu’ils amènent à concevoir des processus de normalisation. Et quand la norme devient possible, c’est l’intolérance à l’anormalité qui croit. On en vient à traiter déjà sans grand discernement une foule d’enfants victimes de troubles de l’attention, au nom des performances normales que l’on attendrait d’eux. Un dépistage précoce des psychoses n’est plus à exclure, qui autoriserait un traitement préventif. Et lorsque les idéologies totalitaires s’installent insidieusement dans les esprits, qu’un mythe de l’homme nouveau gangrène les sociétés, une épuration psychique n’est jamais à exclure. Quand on sait ce dont l’homme fut encore capable depuis moins d’un siècle !

Comment ne pas préférer un monde imparfait qui accueille ses fous dans la Cité à la parfaite folie d’un monde sans fous ?

Jean-François de La Monneraye (UNAFAM 02)

 

 

[1]A lire : Le handicap psychique, un handicap caché, un handicap de tous les malentendus de Bertrand Escaig, RFAS 2009

[2]Des programmes psycho-éducatifs tels que PROFAMILLE et des ateliers d’échanges entre pairs tels PROSPECT sont d’excellents apprentissages pour adapter notre langage et notre posture lorsque nous nous adressons à notre proche.

[3]L’idée de Justice, Flammarion 2010

[4]Hannah Arendt, The Human Condition. Traduction française: La Condition de l’Homme moderne.

[5]Etre addict, c’est selon l’étymologie latine (ad-dicere) “être dit à” quelqu’un, comme l’étaient les esclaves sans autre nom que celui de qui les possède. Il est une forme de stigmatisation qui ne voit (ne dit) le psychotique qu’à travers sa psychose.

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>La psychiatrie dans la ligne de mire de la Scientologie (article Actusoins.com)

Une association liée à la Scientologie sollicite depuis plusieurs mois les hôpitaux psychiatriques sous prétexte de surveiller les hospitalisations sous contrainte.

Son nom peut porter à confusion, mais ne vous y trompez pas : la Commission des Citoyens pour les droits de l’Homme (CCDH) n’a rien à voir avec la fédération du même nom.

Derrière cette association se cache en réalité l’Eglise de Scientologie. Active depuis plus de dix ans en France, la CCDH reprend le principal credo de la secte : la lutte contre la psychiatrie, les antidépresseurs et les hospitalisations sous contrainte.

C’est au nom de ce dernier prétexte que l’association harcèle depuis plusieurs mois les hôpitaux psychiatriques français. Comme l’a révélé le Canard Enchaîné le 23 juin dernier (1), la CCDH réclame à ces établissements « une copie des pages des registres 2008 et 2009 établis pour les hospitalisés sous contrainte ».

Ces documents administratifs indiquent notamment les noms des patients, leurs dates d’entrée et de sortie, ainsi que les visites de  contrôle effectuées par les préfets et les magistrats.

Une méthode légale

« Nous avons bien été sollicités par la CCDH » nous confirme un hôpital du Pas-de-Calais. « Après avoir consulté notre service juridique, nous avons décidé de ne pas donner suite à leur requête »explique la direction.

Mais quelques mois plus tard, l’hôpital est obligé de céder : « la CCDH a déposé à deux reprises un recours à la Commission pour l’accès aux documents administratifs (CADA), nous allons donc leur communiquer les éléments souhaités, à savoir les dates de passage des autorités judiciaires. Nous allons bien sûr anonymiser ces documents comme la loi nous l’impose ».

La CCDH profite en effet d’une loi du 17 juillet 1978 qui garantit l’accès des citoyens aux documents administratifs. « Nous ne demandons que les dates de passage des préfets et des magistrats » se défend Mylène Escudier, présidente de la CCDH. « Nous respectons bien sûr le secret médical. Notre objectif est juste de savoir si les procédures d’internements psychiatriques sont bien respectées » assure-t-elle.  

La CCDH a donc envoyé des lettres à tous les hôpitaux psychiatriques ainsi qu’aux commissions départementales chargées de contrôler les hospitalisations sous contrainte (CDHP), lettre dont ActuSoins a obtenu copie.

« Au moins la moitié des hôpitaux nous a répondu favorablement. Pour les autres, nous avons saisi la CADA. Mais parfois cela ne suffit pas : nous avons porté plainte au tribunal administratif contre dix CDHP qui ne nous ont pas envoyé leur rapport d’activité malgré l’avis favorable de la CADA »explique Mylène Escudier (2).

Lobbying au Parlement

L’association compile ensuite tous ses chiffres dans un rapport de synthèse, qu’elle envoie aux parlementaires et aux membres du gouvernement. Une méthode de lobbying qui porte ses fruits, comme l’a constaté Georges Fennech. « Plusieurs parlementaires se sont fait piéger l’an dernier. Ils ont été plus de 80 à réclamer des explications sur les hospitalisations sous contrainte à la ministre de la santé après avoir été sollicités par la CCDH » explique le président de la Miviludes, la Mission interministérielle de vigilance et de lutte contre les dérives sectaires.

Mais Georges Fennech avoue l’impuissance des autorités face aux techniques de cette association. « L’Etat a une obligation de transparence et certains en abusent, c’est la force et la faiblesse d’une démocratie » constate-t-il. « La Scientologie possède une véritable force de frappe, car elle a de gros moyens financiers et des juristes à sa disposition » ajoute le président de la Miviludes.

Ces moyens financiers permettent notamment à la CCDH de mener depuis plusieurs années une campagne contre les antidépresseurs : l’association a déjà envoyé à plus de 50.000 médecins généralistes de France un DVD contenant un documentaire à charge contre ces médicaments, réalisé par le siège de la CCDH aux États-Unis.

La Commission des Citoyens pour les Droits de l’Homme.

Créée en 1969 aux Etats-Unis, la CCDH a vu le jour en 1974 en France. Elle est véritablement active depuis une dizaine d’années. Cette association est une émanation de l’église de scientologie. Elle ne cache d’ailleurs pas ses liens avec l’organisation, condamnée en 2009 pour escroquerie en bande organisée (3). La CCDH proteste contre l’usage des antidépresseurs et contre l’internement psychiatrique, qu’elle considère comme une atteinte aux droits de l’Homme. L’association s’appuie, entre autres, sur un des “credo” de la scientologie qui stipule que “l’étude du mental et la guérison des maladies d’origine mentale ne devraient pas être séparées de la religion, ni tolérées dans les domaines non religieux”.

(1) « La Sciento reprend du sévice », Canard Enchaîné du 23 juin 2010.

(2) Il s’agit des commissions départementales des hospitalisations psychiatriques du Var, de la Moselle, de la Meurthe et Moselle, des Côtes d’Armor, du Morbihan, de l’Aube, de la Lozère, de la Seine et Marne, des Hauts de Seine et de la Corrèze (Source : CCDH).

(3) La Scientologie a fait appel, la procédure judiciaire est donc toujours en cours. Sur ce sujet, voir les articles du Monde (http://www.lemonde.fr/societe/article/2009/10/27/la-scientologie-condamnee-a-des-amendes-peut-continuer-ses-activites_1259183_3224.html) et de L’Express (http://www.lexpress.fr/actualite/societe/la-scientologie-une-religion-impossible-en-france_469122.html)

Amélie Cano (Article original dans Actusoins.com)

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>La psychiatrie gouvernée par les normes américaines (LePoint.fr)

 

Par 

Le manuel américain des troubles mentaux déshumanise la médecine et veut à tout prix faire entrer les malades dans des "cases".

Le Pr Maurice Corcos part en guerre contre le fameux DSM (Diagnostic and Statistical Manuel) américain. Ce psychiatre et psychanalyste, qui dirige le département de psychiatrie de l'adolescent et du jeune adulte à l'institut mutualiste Montsouris de Paris, s'insurge contre "le nouvel ordre psychiatrique", tel qu'il est enseigné aujourd'hui dans les facultés de médecine. Et il le fait savoir dans le livre qu'il vient de lui consacrer*. Il regrette la seule prise en compte des faits et donc la disparition de toute interprétation subjective, ce qu'il considère comme une grave régression pour les malades. Et il s'emporte contre la réduction des existences à de simples accidents biologiques.

Dès l'introduction, le ton est donné : "La pensée stérilisée par l'apprentissage à répondre efficacement à des QCM (questionnaires à choix multiples) pour valider leurs examens" réduit les étudiants en psychiatrie à "collecter les symptômes que leur impose le DSM, les additionnant sans fin, puis les soustrayant pour aboutir à un résultat qu'ils livrent joyeux comme le bon élève qui a vaincu une équation à une inconnue. Mais l'équation a plusieurs inconnues et l'homme, surtout quand il devient "fou", sont une machine déréglée qu'aucune check-list ne parviendra à résumer…"

Lire la suite sur lepoint.fr

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>Surveillez moi, oh oui, surveillez moi !

(on en parle, on en parle, on explique comment ça marche, et on a l’impression que tout le monde s’en fout (ou presque), mais fichtre diable, comment qu’il fonctionne et à quoi qu’il peut bien servir tout cet arsenal de surveillance, hein ? Parce que bon, Madame Michu, elle a rien à se reprocher, alors pourquoi qu’elle serait inquiète de la société de la surveillance généralisée, hein ?)

— « Moi, Monsieur, je ne vois pas où est le problème, parce que je n’ai rien à me reprocher ! Mais si vous, vous êtes contre, c’est p’têtre bien que vous avez des choses à cacher, non ? Et pis faut bien faire queqchose cont’tous ces délinquants, les terroristes barbus et tous ces mômes qui savent plus quoi faire d’leurs journées, hein ? » Ouais, c’est ça Marcel, je vais en parler à mon cheval. Le problème avec Marcel et ses potes, leurs femmes (dont Madame Michu fait partie, mais aussi des plus jeunes dont Jennifer, Kevin et Pierre-Henri), c’est qu’ils renvoient un lieu commun de plus en plus accepté : la surveillance est une bonne chose, et si elle est à la rigueur un peu gênante, c’est un moindre mal nécessaire pour contenir l’insécurité vendue par Jean-Pierre au journal de 13h et par Claude Guéant partout où il peut.

Amesys et ses technologies de DPI : l’accomplissement d’une politique de contrôle social déjà ancienne

Ne vous méprenez pas, vous qui maudissez le gouvernement actuel et pensez qu’il est le principal responsable de la société sécuritaire de surveillance qui se met en place : leurs potes de gauche ne sont pas en reste et ont été les premiers à en faire la promotion. Pour ceux qui étaient encore très jeunes à l’époque, rappelons que c’est Elisabeth Guigou, cette splendide blonde humaniste qui était garde des sceaux, lorsqu’en 1998 la loi sur le fichier national automatisé des empreintes génétiques a été votée (FNAEG) avec une majorité socialiste à l’assemblée et un gouvernement tout pareil. Quelques-uns avaient mis en garde sur une dérive qui ne manquerait pas de survenir, mais nos bons républicains de gauche juraient la main sur le cœur que ces empreintes ADN ne seraient réservées, bien entendu, qu’aux criminels sexuels. Madame Michu était rassurée, Marcel pouvait se resservir un Pastis en lançant « qu’enfin on allait s’occuper de tous ces salopards de violeurs et de pédophiles ». Ouais, ouais, ouais…

Aujourd’hui on est à plus de 1 700 000 empreintes dans le FNAEG : n’importe quel gamin ayant participé à une manif, s’il est embarqué au poste à droit à son fichage ADN, aidé par une « circulaire Dati » qui soustrait le FNAEG au contrôle des juges. FNAEG grossit de 1000 fiches par jour ce qui nous donne 365 000 par an. Mais comme il est toujours possible d’aller encore plus loin, un professeur de l’INSERM n’a pas trouvé mieux que de prélever (en 2007) 6000 échantillons ADN de lycéens pour étudier la génétique des comportements (1). Ah ouais ? La génétique des comportements, c’est quoi ce truc ? Et bien comme nous allons le voir, si l’on parle de contrôle social dans le cadre de la surveillance des communication des populations, c’est qu’il y a un rapport étroit entre les deux.

Ils en rêvaient depuis des siècles, l’informatique leur ouvre les portes du contrôle social

Un excellent bouquin du célèbre linguiste Noam Chomsky « La Fabrication du consentement. De la propagande médiatique en démocratie » rappelle avec moult détails et précisions comment dès le XVIIIème siècle les dirigeants politiques et grandes fortunes du monde occidental se sont enquis des possibilités d’influencer les masses et surtout parvenir à un contrôle de leurs populations qui leur assurerait une continuité dans l’exercice du pouvoir et la transmission de leurs patrimoines financiers. Le principe est simple d’un point de vue théorique, mais compliqué dans sa mise en œuvre. Pour faire court, l’idée centrale est de parvenir à une société où les individus sont à la fois convaincus du bien-fondé du système dans lequel ils évoluent, pratiquent une auto-censure permanente et défendent leur propre asservissement pour conserver une cohésion collective. Cette « société parfaite » propose d’abolir le crime, la violence, la sédition pour que tout un chacun puisse se sentir protégé, sécurisé, (et que les classes possédantes puissent surtout ne pas être remises en cause par le reste de la population, c’est à dire la très grande majorité).

« 1984 » de Georges Orwell, roman d’anticipation écrit juste après la seconde guerre mondiale nous décrit avec une précision diabolique la société dans laquelle nous sommes déjà entrés : omniprésence des écrans et de l’information, « discours de peur » permanents des dirigeants, technologies de surveillance généralisées, détournements sémantiques des appareils d’Etat et des concepts (« la guerre c’est la paix », « la liberté c’est l’esclavage »), police de la pensée, ennemi éternel (le terrorisme permanent justifiant la surveillance), guerres et alliances modifiées en permanence…

Le ministère « de l’immigration et de l’identité nationale » est un bon exemple de pratique de détournement sémantique « à la 1984″. Comme la réception d’un Khadafi en 2008 déclaré ennemi sacré 3 ans plus tard. Le plan vigipirate ré-activé chaque année. Les slogans politiques de type « ensemble tout est possible ». « Les fous dangereux laissés en liberté », dénoncés par le courageux président lui permettant d’implémenter des caméras de surveillance dans les hôpitaux et proposer la « géo-localisation par bracelet électronique des schizophrènes (sic) alliée à la loi de soins sous contraintes en psychiatrie ». La surveillance des échanges de fichiers. Arrêtons-là les analogies pour nous pencher sur le contrôle social tel qu’il est insidieusement mis en place…et ce qu’il génère.

Le contrôle social, mais pourquoi ?

L’idée politique du contrôle social, dans une société vieillissante, et donc par essence plus inquiète et influençable, est avant tout la réalisation d’un fantasme originel de la haute bourgeoisie, des classe possédantes, en un mot de l’élite. Ce fantasme est celui de l’imposition à tous, d’un environnement social étanche et profondément contre-révolutionnaire dans sa structure même. La hantise des classes dirigeantes (cette bourgoisie ayant remplacé la noblesse) depuis l’apparition des démocraties, est la perte de ses privilèges, perte du contrôle des appareils d’Etat lui assurant sur plusieurs générations l’équivalent d’une immunité de sa rente financière, donc de sa totale mainmise sur les ressources les plus importantes, garantes de sa jouissance à tous les sens du terme.

La force brutale ne fonctionnant pas pour conserver cette mainmise, puisque poussant les classes les moins favorisées, dont la jeunesse fait souvent partie, à se rebeller, à vouloir « changer la société » et pouvant produire des révolutions, la classe dirigeante doit alors mettre en place un vaste système d’influence [des esprits, des mentalités], d’auto-régulation des masses [dans leur capacité à défendre les outils de contrôle que les dirigeants mettent en œuvre] et passant par plusieurs étapes. Ce qui est appelé contrôle-social n’est rien de moins qu’une vaste toile d’araignée dans laquelle on englue la population. Cette toile est constituée de plusieurs éléments, mais elle ne peut être mise en œuvre qu’avec des solutions technologiques qui n’étaient pas assez performantes il y a quelques dizaines d’années encore.

Comment faire passer la pilule et activer l’auto-censure ?

L’idée d’une société dangereuse parce que constituée d’individus néfastes et criminels, irrécupérables parce que « génétiquement programmés pour nuire » est le premier point à étudier pour comprendre comment fonctionne le contrôle social. La génétique est indispensable à une partie du discours, elle dédouane d’un côté le politique dans ses échecs d’amélioration sociales, éducatives, et permet un doublé extraordinaire : il faut surveiller les « délinquants génétiques », et « vous, les bons citoyens n’êtes pas de ceux-là, donc la surveillance ne vous concerne pas, même si elle s’exerce sur vous et que vous le savez plus ou moins ». Le rapport de l’INSERM de 2005 soutenu par les politiques dont l’actuel président de la république indiquait qu’un dépistage dès l’âge de 3 ans des comportements à risques était nécessaire. Avec ce types de développements comme « Le taux d’héritabilité génétique du trouble des conduites est proche de 50 % ». Rien d’étonnant, puisqu’on pense au sommet de l’Etat, par exemple, qu’on « nait pédophile ».



Sarko s’improvise « scientifique » par sarkonon

Le principe (sans aucune preuve formelle et scientifique) des causes génétiques des maladies mentales comme la schizophrénie est clamé sur tous les toits depuis quelques années. Les fichiers ADN cités plus haut ont été proposés comme outil de gestion de l’immigration, et on comprend très bien ce que permettrait la constitution d’un tel fichier. Parce que voilà le centre du sujet : passer de la lutte des classes (dangereuse pour la classe dirigeante) à la « lutte des comportements d’origine génétiques » [ethniques aussi par rebond, c’est en cours) , bien plus productive en termes de contrôle et de gestion des populations.

La toile, pour bien fonctionner, doit aussi étendre les outils de surveillance le plus loin possible afin, non pas de chercher à « coincer » n’importe qui, mais afin de dissuader le plus grand nombre de pratiquer toute forme de sédition. Parce que la limite entre parler de terrorisme et être terroriste n’est pas grande. Parce que dépasser de 4 km/heure une limitation de vitesse devient un acte délictueux qui vous pénalise immédiatement par l’automaticité de l’envoi du procès-verbal par le radar connecté au central des cartes grises. Fumer est délictueux dans la plupart des lieux. L’obligation de placer des détecteurs de fumée avec alarme à son domicile est prévue pour 2012. Comme l’obligation de posséder un alcotest dans son véhicule. Le fichier Base-éleve instruit les comportements des élèves. La liste est trop longue…mais tous ces éléments participent à une seule chose : établir un « état d’être » des populations soupçonneuses et soupçonnées, sous surveillance de l’Etat garant du mieux-être, de la sécurité du plus grand nombre, d’une société immobile nettoyée de ses éléments perturbateurs, ou en surveillance étendue.

Qu’est-ce qu’on peut faire ?

Plein de choses. Parce que l’utilisation de l’inspection profonde de paquets par Amesys (et bien d’autres) en Tunisie, Libye etc… pour espionner les populations est gravissime, mais doit créer un électrochoc au sein de notre société : ces entreprises vendent des technologies de surveillance de masse à l’étranger, il n’y a aucune raison qu’elles ne fassent pas de même en France. Et au delà de cette possibilité, le simple fait qu’une loi Hadopi permette déjà d’opérer la surveillance des échanges de fichiers des citoyens en peer-to-peer est une démonstration que l’opération « je suis partout, je vous surveille, faites gaffe à ce que vous faites » est en cours. Et le but de l’opération n’est pas de faire baisser le téléchargement illégal. Le but de l’opération, qu’on va nommer « Internet civilisé » dans le cas des outils de surveillance numériques est de monter d’un cran le contrôle social déjà en place. Parce que plus vous aurez l’impression qu’on vous surveille, plus vous ne ferez que le strict minimum. Vous vous censurerez. Comme en Tunisie à l’époque de Ben Ali où discuter dans un bar était très risqué puisque la probabilité qu’un client soit un agent de Ben Ali était proche de 100%. Il y avait un flic pour 10 habitants en Tunisie à cette époque. Imaginez ce qu’il est possible de faire avec l’espionnage massif des communications, une surveillance urbaine totale par caméras, un fichage génétique de grande ampleur. Et ce que cet « état de fait » peut déclencher psychologiquement et socialement chez les citoyens.

Le Patriot Act de Georges W. Bush a pu par exemple permettre que toutes les coordonnées des emprunteurs de livres de bibliothèques parlant de l’islam soient immédiatement transférées au FBI. FBI qui déboulait chez les dits emprunteurs, et pas avec de bons sentiments. « 1984 » n’est pas loin. C’est le moins qu’on puisse dire. Alors quelques solutions : faire partager cette information au plus grand nombre, en parler autour de soi. Utiliser des outils sécurisés sur le net, surveiller les surveillants ou aider à le faire. Mais surtout travailler à démonter les pseudo-sciences du comportement, dénoncer les fichages quels qu’ils soient, la pseudo-société de l’insécurité massive qui n’est qu’une pure fabrication, un mensonge politique ; demander des moyens sociaux pour permettre aux populations les plus défavorisées de participer  correctement à la vie collective, éteindre les postes de télévision, dénoncer la mise en place du contrôle social. Et aussi, se dire et faire savoir, qu’une dictature n’a pas besoin de se nommer pour se mettre en place. Ni de coup d’Etat. La dictature la plus puissante qui soit est celle des esprits. Rien ne nous dit qu’elle n’est pas déjà bien entamée ou qu’elle ne va pas encore aller plus loin, jusqu’à que nous ne soyons plus en mesure de dire « Non ». Ou mieux, quand l’emprise du contrôle en place sera telle qu’il ne nous sera même plus possible de penser dire « Non ».

(1) : source « Big Brother Awards – Les surveillants surveillés »

Article publié à l'origine dans Reflets.info

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>Autisme : trois psys répondent aux accusations du film « Le Mur » (Tribune sur Rue89)

 

Les trois signataires de cet article :

Geneviève Haag, pédopsychiatre et psychanalyste. Elle a tenu la plume.

Bernard Golse, chef de service de pédopsychiatrie à l'hôpital Necker – Enfants malades (Paris) et membre du conseil d'administration de la CIPPA, et Dominique Amy, présidente de la CIPPA et auteure de deux livres sur l'autisme.

 

A l'occasion du procès de la réalisatrice du documentaire « Le Mur » , dont l'audience se tient ce jeudi 8 décembre, et qui a suscité un important débat sur Rue89, nous donnons la parole à des psychanalystes membres de la Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme (CIPPA). L'un des signataires, Bernard Golse, est interviewé dans le film, mais ne le poursuit pas devant la justice. Le film accuse la psychanalyse d'apporter de mauvaises réponses à l'autisme infantile. Geneviève Haag et ses deux co-signataires répondent.

 

La Coordination internationale de psychothérapeutes psychanalystes s'occupant de personnes avec autisme (CIPPA), reconnaît la diversité des pratiques et des hypothèses théoriques concernant l'autisme dans les courants psychanalytiques, et peut discuter avec certains membres du courant lacanien.

Elle dénonce la condamnation abusive des « psychanalystes » et de « la psychanalyse » dans un amalgame autour de certaines formulations émises dans le documentaire « Le Mur ».

Il serait nécessaire de rétablir l'authenticité des propos émis par les interviewés car ceux-ci ont été coupés et remontés, certains fragments ont même été recollés de façon complètement déformante.

Ainsi, Bernard Golse dénonce le rapprochement de ses propos sur la biologie de la grossesse, indépendante des questions sur l'autisme, de propos parlant de mouvements inconscients de rejets du futur bébé. Il réfute le lien de causalité entre les mouvements inconscients de la mère dans la période prénatale et l'autisme.

Le courant que nous représentons, regroupement de praticiens résolus à améliorer leurs pratiques, ne se reconnait en aucune façon dans une série d'accusations.

L'accusation de la culpabilisation des parents

Dominique Amy souligne la nécessité de contacts fréquents avec les parents au cours des prises en charge en institutions. Elle insiste aussi sur le partage des observations et des tentatives de compréhension tenant compte des difficultés spécifiques de chaque enfant. La psychothérapie psychanalytique, individuelle et groupale proprement dite, loin d'être un placage d'une théorisation préalable périmée, est le lieu d'une observation très détaillée et patiente du langage corporel préverbal que les enfants eux-mêmes nous ont aidés à décrypter.

Les enfants cherchent ainsi à communiquer des vécus corporels pénibles (tomber, se répandre, perte du sentiment de peau, perte de sensation de certaines parties du corps), que nous verbalisons. Ces apports se relient très bien à toutes les recherches en cours – qu'elles soient cognitives, neuroscientifiques ou génétiques – sur les particularités sensorielles, perceptives et de représentation.

L'accusation d'empêcher les enfants d'accéder à l'éducation et à l'instruction

Nos membres proposent la compréhension et les soins psychanalytiques dans un esprit de constante articulation avec les autres approches : stratégies éducatives et instructives variées, scolarité et approches rééducatives : orthophonie, psychomotricité, ergothérapie, coordonnées et ajustées à chaque enfant (comme décrit dans le livre Autisme : L'accès aux apprentissages d'Anne-Yvonne Lenfant et Catherine Leroy, 2011).

Certains d'entre nous se sont formés eux-mêmes au TEACCH et à l'ABA ainsi qu'aux stratégies de communication alternative au langage verbal PECS et MAKATON pour comprendre ces méthodes et pouvoir accompagner ceux qui les utilisent. Nous en avons pris le meilleur, mais critiqué certains professionnels qui préconisent et mettent en pratique une trop grande élimination de la relation affective et ludique.

L'accusation de l'isolement

La théorisation purement psychogénétique de l'autisme et l'ignorance ou le mépris des apports des recherches cognitivistes neurophysiologiques et génétiques ne nous concernent pas. Plusieurs d'entre nous ont participé au Réseau interdisciplinaire Autisme Sciences (RIAS, rattaché au CNRS), au Cercle de neuropsychologie et psychanalyse (CNEP).

Dans « Comment aider l'enfant autiste » (Dunod, 2004), Dominique Amy affirme que les recherches neurophysiologiques et génétiques mettent à juste titre les mères et les pères hors de cause concernant l'émergence de l'autisme chez leur enfant. Nous pensons cependant qu'ils ont à être très soutenus afin de les aider à mieux surmonter leur détresse, à comprendre les difficultés de leur enfant et à lui proposer un environnement adapté, avec des actions éducatives et thérapeutiques couplées à une scolarisation bien accompagnée (AVS et soutien du personnel enseignant).

L'accusation de refuser toute évaluation

Certes nous avons pris du retard en matière d'évaluations formalisées utilisant les outils recommandés. Dès sa fondation en 2004, la CIPPA a recommandé à ses membres les évaluations standardisées et beaucoup d'équipes se sont formées et/ou travaillent en coopération avec les Centres de diagnostic . Pour les psychothérapies proprement dites, nous participons au Pôle Autisme du réseau INSERM de recherche fondée sur les pratiques psychothérapiques.

L'accusation de ne pas solliciter des diagnostics

Il est faux de dire que nous ne proposons pas de prises en charge précoce, car bon nombre d'entre nous collaborons avec les PMI et les crèches afin de favoriser autant et dès que possible la prévention et les suivis nécessaires. Nous sommes en étroite liaison avec les recherches de l'association Préaut, de dépistage de l'autisme.

 

Lire l'article sur le site Rue89

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> "Accueillir la folie" : un réseau social pour tous ceux qui se sentent concernés par la psychiatrie !

CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU RESEAU SOCIAL "ACCUEILLIR LA FOLIE"

Oui, nous avons créé un réseau social !

Parce que nous pensons qu'il est encore plus important désormais que le plus grand nombre de personnes concernées par la psychiatrie puissent échanger, partager, discuter, offrir, recevoir : patients, ex-patiens, citoyens concernés, militants des droits de l'homme, membres de familles de patients ou d'ex-patients , proches de patients ou d'ex patients, professionnels du secteur psychiatrique du soin ou de l'éducatif…

Ce réseau social permet de nombreuse choses. Chacun peut y créer son blog, des  groupes de discussion, participer à ceux des autres, offrir de la musique (et écouter celle des autres), des photos, des vidéos, en un mot : échanger.

 

 

Parce que la folie est aussi source d'inspiration et de création, parce que la psychiatrie concerne toute la société, parce que nous sommes entrés dans une époque sombre où le sécuritaire et l'enferment ont pris le pas sur l'accueil, l'échange, le partage, l'humain dans tout ce qu'il peut avoir de sensible, nous pensons que le réseau "Accueillir la folie" est un outil indispensable qui nous manquait.

Ce réseau peut permettre de rallier tous ceux qui veulent permettre de réformer la psychiatrie, défendre la psychothérapie institutionnelle, faire reconnaître les personnes en psychiatrie comme des citoyens à part entière, soutenir ou créer des initiatives permettant un véritable accueil de la folie dans la "cité".

 

 

Comme à l'époque de Gutemberg, nombreux sont ceux qui ont alors craint ce qu'allait engendrer la "révolution du livre" : ils avaient raison, le livre a changé l'humanité et continue à le faire, comme les outils numériques, eux aussi, aujourd'hui le font. A tous ceux qui pourraient croire que les outils de l'Internet comme un réseau social sont uniquement chronophages et aliénants, nous disons : le livre à ses débuts a reçu les mêmes critiques, regardez aujourd'hui le nombre d'heures que vous avez passées à les lire et les bénéfices humains que vous en avez retiré…

Rien ne s'oppose, tout se complète, le monde physique peut être investi beaucoup plus facilement aujourd'hui grâce aux rencontres d'hommes et de femmes sur des réseaux sociaux comme celui-ci, réseau qui nous appartient, à tous ceux qui veulent un autre accueil de la folie. Un réseau social est un espace de rencontres et d'échanges, il est aussi et avant tout un moyen d'aller plus facilement vers les autres, de faire connaître ce qu'il se fait, se dit dans le monde physique.

 

Le réseau social "Accueillir la folie" deviendra que ce que nous en ferons et le site  du collectif des 39 (que vous lisez en ce moment) restera bien entendu le point de publication centralisé du collectif des 39, mais qui deviendra peut-être à termes le collectif…des 109, des 1009 entre autres grâce au réseau social : plus nombreux  seront  ceux qui revendiqueront la reconnaissance de la valeur humaine de la folie, moins l'homme aura de chances de disparaître…

CLIQUEZ ICI POUR ACCEDER AU RESEAU SOCIAL "ACCUEILLIR LA FOLIE"

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>Lettre à Nicolas Sarkozy concernant la loi sécuritaire et autre aberrations

Monsieur le Président de la République

Palais de l'Elysée

55, rue du Faubourg Saint-Honoré.

75008 PARIS

 

Objet : ma perte de confiance. Ivry le 6 décembre 2011

 

Monsieur le Président,

Par cette lettre, je vais me permettre de vous expliquer les raisons qui m'ont amené à quitter l'UMP en septembre 2010 et surtout la conviction que je ne suis pas sûr de voter pour vous en 2012 et je tiens à ce que cette lettre vous parvienne et je demande à vos collaborateurs de bien vouloir vous la transmettre.

Mais d'abord je vais vous dire que je n'ai pas été toujours contre vous et ce fut le cas en septembre 2006 où je pris la décision d'accepter de m'ouvrir à vous puisque vous aviez décidé de faire une large ouverture envers la population populaire et envers les bonne volontés proche de la gauche.

Il est vrai que votre discours envers les ouvriers, les handicapés (je suis invalide de catégorie 1), le droit des femmes, les problèmes de délinquance en banlieue et plein d'autres sujets m'avait beaucoup plu et semblaient très réalistes. Pourtant, tant de promesses n'ont pas été tenues et il est inutile de vouloir dire que c'est la crise car elle était largement prévisible et si un simple citoyen comme moi l'avait pressentie il est évident qu'un homme de votre rang était déjà au courant de la situation d'endettement des ménages aux USA et surtout des conséquences que cela aurait sur notre économie.

C'est dans une optique très positive que je prenais contact avec Emmanuel Chambon délégué de afin de prendre ma carte d'adhésion.

Comme je le disais, je suis travailleur invalide et j'ai lutté tant que j'ai pu pour me réinsérer en commençant par une formation dans le bâtiment qui s'est soldée par un échec dû à un accident qui m'a fracturé les huit côtes du côté droit et ceci durant deux ans et ma mère peut témoigner de la souffrance que j'ai enduré. Je ne suis pas resté sur cet échec, car dès le mois de septembre 2010, j'ai décidé de reprendre mon ancien métier de téléconseiller auprès de la société H2A qui m'a embauché huit fois d'affilé en CDD. Voyant que le CDI n'arrivait pas, j'ai décidé de rejoindre un employeur qui m'a fait une proposition tout à fait acceptable de télétravail depuis mon domicile. Durant deux mois et demi en plein été 2010, j'ai effectué un travail de titan dépassant les objectifs demandé et surtout la qualité au delà de la demande de l'employeur. Pourtant, je suis depuis le mois de septembre à la recherche d'un emploi et suivit par le CAP Emploi d'Ivry et ARHIM CONSEIL où une évidence est simple : mon métier de téléconseiller est à mettre au placard du fait de mes troubles bi-polaires entrelacée d'une petite schizophrénie. Maintenant nous touchons aux raison pour lesquelles si la présidentielle avait lieu dimanche prochain JE NE VOTERAIS POUR VOUS et sauf un rebond de situation venant directement de vous en la faveur des personnes handicapés atteintes de troubles psychotiques car il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis et je suis loin d'en être un.

Je commence par la première grosse idiotie de votre gouvernement et de votre personne : votre discours à l'hôpital d'Erasme. Bien que sur certains point nous pouvons comprendre la tristesse des familles perdant un proche du fait des actions d'une personne atteinte de troubles de la personnalité comme la schizophrénie ou autre, il ne faut pas fustiger toutes les personnes atteintes de troubles psychiques. Nous sommes avant tout des êtres humains alors pourquoi nous montrer du doigt. C'est comme si je disais que tous les membres de l'UMP sont des […], je préfère ne pas le dire car cela est faux, dans tous les partis politiques il y a des gens bien et des gens qui font le mal. Je préfère rester consensuel (à la différence que certain sont tellement cons qu'ils en ont perdu leur sensualité). Je reviendrais sur la suite de cet événement et la raison qui me pousse à vous écrire aujourd'hui.

Venons à la seconde idiotie de votre gouvernement. Je reconnais par cette lettre que la situation de la France est très préoccupante, au point que la population se demande ce que va devenir notre pays et nous voyons tout un tas de pays de la zone Euro en difficulté comme la Grèce, l'Italie l'Espagne, le Portugal, l'Irlande mais aussi des pays comme l'Islande qui a été en cessation de paiement vite oublié par les actualités. Comme je vous le disais, j'ai eu une proposition de poste en qualité de téléenquêteur par une société de Perpignan, embauche gérée par le CAP Emploi de Cabestany. Pourtant, nous étions quatre travailleurs handicapés et trois ont été licenciés par cet employeur car il n'avait pas touché les aides de 10 800€ promises par les AGEFIPH qui se sont vue dans l'obligation d'envoyer un mail à tous les CAP Emplois de France (confirmé par le CAP Emploi France) n'ayant plus d'argent pour rétribuer les entreprises dans l'aide à l'embauche. Sur 43 200€ de subventions promises, l'AGEFIPH n'a versé que un peu plus de 16 000€ mettant l'employeur dans une véritable situation de faillite mais il a réussit à s'en sortir. Toutefois, n'étant pas le seul employeur dans cette situation, le taux de chômage des handicapés a très fortement augmenté et que les entreprises ne veulent plus se casser la tête à embaucher des personnes atteintes d'un handicap. J'ai fait des recherches et j'ai découvert que le ministre du budget François Baroin s'est servit dans les caisse de l'AGEFIPH sans prendre en compte les dossiers en cours d'indemnisation.

Que dois-je penser, monsieur le Président ? J'ai cherché à être reçu par les députés des Pyrénées Orientales et j'ai été traité comme un moins que rien. C'est ce qui m'a poussé à comprendre que je n'étais pas le bienvenu à l'UMP : "un pauvre handicapé qui est venu nous faire chier". Pourtant l'handicapé a été présent sur la liste d'opposition d'Union de la Droite et du Centre de la ville de Fontenay-aux-Roses aux côtés de Muriel Guilleminot et j'en suis fier encore aujourd'hui car loin de penser que ce "rêve" allait être réalisé par la droite.

Maintenant monsieur le Président, je viens à la dernière raison qui me pousse à ne pas voter pour vous, si l'élection avait lieu dimanche prochain. Votre loi absurde sur les soins obligatoires et ambulatoires concernant les personnes atteintes d'un trouble psychique. Pourquoi vouloir monter la population contre les personnes atteintes d'un trouble psychique ? Je n'ai pas compris aujourd'hui la raison qui vous pousse a la généralisation des soins envers les handicapés. Pourtant la loi de 2005 a permis la création de structures indépendantes des services médicaux que sont les GEM et dont je suis aujourd'hui trésorier de mon GEM et je préfère une heure de transport en commun pour servir là où je suis utile plutôt que d'aller là où je ne trouve que peu de réconfort. J'ai fait plusieurs GEM et j'ai posé mes bagages dans celui qui m'a accordé sa confiance.

Je vous le disais : je comprends les familles des proches dont un schizophrène complètement incohérent peut dérailler. Vos soins ambulatoires et obligatoires ne feront que donner plus de malaise à notre population. Si une obligation devait être donnée à un malade, ce serais plutôt l'obligation d'insertion par l'intermédiaire de ces structures. Disons-le aujourd'hui que mes projets se tournent vers l'artistique et que la menace de baisse de subventions qui pèse sur les GEM ne peut servir la cause commune de notre pays. Cependant, vous êtes en droit de modifier la mission dans une demande d'insertion plus élaborée comme celle de mettre en contact les professionnels des CAP Emplois et ceux des GEM.

Votre loi ne peut qu'aboutir à des contrariétés pour notre public. Notre GEM est très bien géré par l'association qui en ait la marraine et une entente parfaite avec les permanents salariés font que les dérives violentes sont assez rares. Venez nous rencontrer, nous vous ferons voir nos activités (choisissez le GEM de votre choix). Aidez les GEM à l'ouverture des 35 heures. Faites aussi un article dans votre loi qui obligerait les communes à fournir un local moyennant un loyer modéré au moins de 120m² et obligez les personnes atteinte d'un trouble psychotique à venir dans nos structures qui ne sont pas médicalisées mais qui par nos activités redonnent un équilibre certain et un certain équilibre. Ne remettez pas en cause ce que vous avez créé depuis 2002, ce serait une grave erreur. Envoyez vos élus constater que nos activités ne sont pas de simples récréations mais que la création et l'artistique (vous connaissez l'art thérapie ?) peuvent consolider là où les médicaments ne font que pallier un état de détresse sans rechercher les solutions. Il en va aussi de l'équilibre budgétaire de la sécurité sociale. Ce n'est pas en six ans qu'un bilan peut être fait et l'amélioration du dispositif doit être soumis à la condition où les moyens sont donnés à nos structures. Nombre de personnes étant passées par les GEM travaillent aujourd'hui avec une totale réussite.

Une dernière chose. J'ai choisi au niveau médical de faire confiance à l'association l'Elan retrouvé et je suis suivi par le docteur Tuffelli. De même, vous pouvez demandé à mon entourage proche et familiale les progrès que j'ai fait au niveau humeur et ceci depuis que je connais mes troubles qui ne m'ont jamais été diagnostiqués et connaissant leurs conséquences je peux agir avant qu'il ne soit trop tard.

J'espère que cette lettre vous donnera vraiment des idées et surtout la sagesse de réviser cette loi non dans la sanction et les résultats sans conséquences positives mais réfléchissez au contenu de cette lettre et aux moyens que l'on peut donner aux structures alternatives où là, je consens à l'obligation de fréquentation pour le bien être de tous dans une société qui se cherche.

 

Je vous prie de recevoir, monsieur le Président, mes meilleures sincères salutations.

 

THIERRY LEVIEIL.

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>Ateliers de réflexions des 39 : comment réformer la psychiatrie ?

Je suis un membre des 39 et pourtant, je ne suis pas soignant. Je suis membre des 39 parce que je crois en la sincérité du collectif, à son engagement pour protéger et mieux aider les patients qui traversent la psychiatrie. Sur leur supposé dogmatisme, parfois dénoncé ici ou là, j'ai observé les membres soignants des 39 dans de nombreuses réunions et leurs capacités à se remettre en question et à ne pas se laisser entraîner dans une forme de religion de la psychanalyse, par exemple, m'a surprise. Bien que le socle de leur pratique soit d'inspiration psychanalytique, c'est à dire une science humaine, profondément humaine, ces soignants là ne sont pas des ayatollah de la psychanalyse. 

Ces soignants là luttent avec leurs armes, et une arme plus particulièrement : la parole. La circulation de la parole. Parfois physiquement quand ils vont brandir des pancartes ou des banderoles comme au printemps dernier mais aussi en accompagnant des débats autour de films comme "Un monde sans fous ?" afin de tenter d'expliciter la réalité de ce qu'il se passe dans le monde de la psychiatrie en France. C'est-à-dire de la nécessité de réformer cette psychiatrie agonisante qui ne propose plus que de considérer les hommes et les femmes en souffrance psychique (qu'elle est pourtant censée accueillir, et qu'en réalité elle "gère"), comme des troubles à résorber, une suite de protocoles à exécuter, comme des individus dangereux et inquiétants qu'il faut contenir et traiter chimiquement ainsi qu'avec des processus thérapeutiques courts de psycho-éducation neuro-cognitiviste.


Les débats sont riches au sein des 39. Ce fut le cas de ce samedi 3 décembre. Autour de thèmes comme la famille, les enfants, la formation, les pratiques…Ces débats sont ouverts, horizontaux, chacun peut y prendre la parole, qu'il soit psychiatre, éducateur, infirmier, psychologue ou autre chose, c'est à dire "individu ayant à voir (et à penser) avec la psychiatrie, comme je le suis. Des auto-critiques y sont formulées dans ces débats : sur l'aveuglement, à certaines époques, des psychiatres membres des 39, un peu trop enfermés dans des croyances, par exemple.


Personne n'est parfait, les soignants comme les autres, mais surtout les soignants qui travaillent avec cette matière totalement insaisissable qu'est le psychisme. Le reconnaître, le discuter, est pour moi une qualité extraordinaire qui je dois le dire, ne cesse de m'impressionner. J'ai été saisi hier par la réelle volonté de ces professionnels à se placer à la fois comme militants d'une autre psychiatrie, qui tous les jours agissent dans le sens de l'accueil, mais pour autant conscients de leurs erreurs, de leurs difficultés, de leurs progressions et de l'arrivée à un moment où il ne leur est plus possible de laisser le "voile noir du scientisme, sécuritaire, protocolaire, cette froide médecine de l'esprit auto-déclarée scientifique" recouvrir tant d'années d'efforts. Et écraser l'humanité en l'homme.


Quels efforts ? Ceux qui pourraient donner une voie à la réforme de la psychiatrie. Cette réforme qui doit absolument survenir avant que l'enfer d'une vision concentrationnaire ne s'abatte définitivement sur les patients et une partie des soignants. Si je parle de vision concentrationnaire, ce n'est ni par provocation, ni par légèreté. Les méthodes, pratiques, lois qui s'opèrent aujourd'hui en hôpital ou en clinique ne sont à mon sens qu'une forme de métaphore des camps de concentration nazis adaptés à une certaine modernité du soin psychique : grilles d'évaluation pour mieux diriger les personnes vers certains protocoles, comme on séparait et évaluait ceux qui allaient travailler et ceux qui allaient être de suite éliminés dans les chambres à gaz. Volonté d'imposer la croyance que l'homme et son cerveau fonctionnent de la même manière qu'un ordinateur et penser que le "reprogrammer " ce cerveau, est la solution pour soigner ces maladie "mentales du cerveau". Comme le nazisme pensait faire adhérer "la planète occidentale" à la vision de l'homme nouveau, du surhomme (qui n'a rien à voir celui de Nietzsche), cet aryen programmé lui aussi pour penser la civilisation du troisième Reich. Cette civilisation de la perfection, de la puissance et de la maîtrise scientifique en toutes choses. 

 

Je ne dis pas que les soignants, "enfermés dans ces approches", dans ces institutions "concentrationnaires" sont des nazis, qu'on ne s'y méprenne pas. Ni que les hôpitaux psychiatriques sont des camps de concentration. Non. Je dis simplement que l'état d'esprit qui prévaut en leur sein, niant l'humain dans sa complexité, son histoire, le réduisant à une suite d'opérations à effectuer, à une pathologie, état d'esprit cumulé à beaucoup de maltraitance (que j'ai rencontrée à chaque fois au cours des 20 dernières années) comportent des similitudes avec l'approche concentrationnaire. Une approche particulière de l'homme, donc. Et qu'à termes, si rien n'est fait, il sera difficile de faire la différence entre la vision totalitaire des nazis et celle que la société aura engendrée, sous une autre forme, mais similaire.


Les efforts des 39, pour nombre d'entre eux durant plus de 30 ans, ont été d'accueillir et de créer de l'espace thérapeutique basé sur l'humain et sur sa parole. De tenter d'accompagner des hommes et des femmes afin de les aider à soigner les plaies de leur âme. Pas de protéger la société d'une dangerosité supposée. Pas d'obtenir des taux de ré-hospitalisation inférieurs à 50% dans les deux années suivantes. Pas de vérifier que le médicament est bien pris par le patient. Pas de surveiller la capacité à devenir violent de ceux qu'ils ont accueillis. Non. Ils ont aidé des personnes à ce que les traitements neuroleptiques soient une chose acceptée, que la personne les prenne en toute confiance. A ce que l'accueil chaleureux et humain n'incite pas à la violence. A créer des espaces de créativité, d'échanges, de relations. Les membres des 39 ont permis par exemple, à ce que le dialogue soit un plaisir thérapeutique entre un infirmier et un patient, en dehors de tout cadre établi à cet effet, dans un couloir, dans la salle des médicaments… 


Les membres des 39 ont fait des efforts pour mieux faire accepter et comprendre leur travail avec les parents des patients qu'ils aidaient, par exemple. Avec des approches en perpétuel changement, parce que l'homme change, comme la société, comme la perception des réalités que l'on a. Les efforts des 39 sont ceux qui permettraient de faire de l'hôpital psychiatrique, de la clinique psychiatrique, des lieux d'asile où les personnes en souffrance psychique pourraient se réfugier, se réparer, se reconstruire, vivre, revivre. Si ces efforts que les membres des 39 font depuis des années étaient massivement effectués, ces lieux aujourd'hui majoritairement concentrationnaires pourraient devenir ce qu'ils devraient être : des asiles chaleureux pour se soigner. Et dont on sortirait confiant en l'homme, en la société, la civilisation humaniste que nous étions censés construire ensemble depuis des siècles désormais, et plus particulièrement depuis 1945.


J'espère que nous, 39 parviendrons à faire suffisamment entendre notre voix pour que ce projet voit le jour et qui, bien qu'apparemment utopiste en ce 4 décembre 2011, n'est en fait qu'une volonté politique et citoyenne simple à activer, mais qui doit l'être le plus vite possible.


Simon Sensible

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>Rendez-vous le 17 mars 2012 à la parole errante

Le dimanche 4 décembre 2011, 


RDV le samedi 17 mars 2012 de 9h à 17h

à la Parole Errante à Montreuil/Bois 93100

 

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire s’est réuni les 3 et 4 décembre 2011 afin de poursuivre le mouvement que nous avons instauré depuis maintenant trois ans. 

Prenant acte que : 


La loi du 5 juillet 2011, malgré sa restriction pour les libertés publiques des patients et des citoyens ayant affaire avec la psychiatrie, est appliquée dans la plupart des services de psychiatrie adulte ; 


Les pratiques de terrain ne cessent de se détériorer dans le champ psychiatrique et pédopsychiatrique ; 


La tendance gestionnaire nous éloigne du coeur du métier qui est de prendre soin ; 


La tendance sécuritaire semble désormais contaminer les partis d’opposition (le parti socialiste, suite à l’affaire de Chambon sur Lignon, fait maintenant la promotion des centres éducatifs fermés). 


Prenant également acte que : 


Les professionnels, patients et proches que nous rencontrons dans les différents espaces (forums, manifestations, et débats organisés partout en France depuis 3 ans avec le collectif des 39) s’insurgent contre le mode de traitement des humains les plus en difficulté psychiquement


Le manque de formation des professionnels, le manque d’explications et de transmission des savoirs faire aux proches des patients et à leurs familles, le manque de tolérance de la société aux personnes questionnant les normes dominantes se retrouvent partout ; 


Les discours critiques sur la situation actuelle ne peuvent avoir de porté sans des pratiques de terrain accueillantes faisant réellement hospitalité à la folie ; 


L'expérience de certains lieux et de certaines équipes démontre que d’autres psychiatries sont possibles. 


Nous nous engageons à : 


Construire un mouvement partant avant tout du terrain: il est désormais nécessaire de regrouper les lieux, les personnes – patients, proches, familles, soignants – et les équipes qui veulent une psychiatrie nouvelle ; 


Proposer une formation aux soins relationnels qui prenne en compte la complexité de l'humain et de son psychisme afin de ne pas se satisfaire de réponses simplistes et de savoirs faire expéditifs ; 


La préparation d'Assises refondant une psychiatrie accueillante et rigoureuse dans son éthique et ses praxis ; 


Mettre la psychiatrie à l’ordre du jour des élections présidentielles et législatives, pour questionner ses rapports avec la protection des libertés fondamentales, au sort réservés aux personnes à la marge voire exclues du fait de leurs rapports aux normes dominantes. 


Nous appelons toutes les personnes qui, au quotidien, ne se satisfont pas du sort réservé aux citoyens les plus en difficulté psychique à nous rejoindre pour construire: 


– localement des espaces d’hospitalité ; 


– nationalement une force qui modifiera le tournant sécuritaire et gestionnaire de l’ensemble du lien social actuel. 


Nous nous donnons rendez-vous : 


le samedi 17 mars 2012 à Montreuil 

à "la maison de l’arbre, la parole errante" 

9, rue François Debergue – 93100 Montreuil 

Inscriptions: www.collectifpsychiatrie.fr 

 

 

Le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire. 

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>«On a besoin de psychiatres qui ne désertent pas» (Libération, le 29/11)

 

 

 

Par ERIC FAVEREAU

«Qu’est-ce que voulez-vous que je dise ? C’est une honte.» Hervé Bokobza, psychiatre et psychanalyste, ne cache pas sa gêne. Il répond à une question de Claude Finkelstein sur l’assourdissant silence des psychiatres devant la montée en puissance des chambres d’isolement pour les malades mentaux, devant les pratiques de contention qui se multiplient, devant l’abrutissement aux médicaments, et, en l’occurrence, devant la passivité des psychiatres de Nice qui n’ont rien dit après le licenciement d’une de leurs collègues, considérée comme responsable de l’évasion d’un malade détenu.

«On a besoin de vous, on a besoin de psychiatres qui nous défendent. Et non pas de professionnels de santé qui désertent», a répété Claude Finkelstein. Ce week-end à Lyon, lors du Forum de Libération, la rencontre était inédite. D’un côté, Hervé Bokobza, psychiatre, porte-parole du Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire, un groupe qui s’est constitué, il y a trois ans, au lendemain du discours de Nicolas Sarkozy sur la «sécurisation» des hôpitaux psychiatriques. De l’autre, Claude Finkelstein, qui dirige avec un courage unique la Fédération nationale des associations d’usagers en psychiatrie : elle est malade et elle se bat. Depuis des années, il y a comme un fossé, lourd de malentendus et d’incompréhension, entre les malades et les psychiatres. Comme s’il n’était pas tout à fait sur le même bateau ivre. Au point que les politiques ou l’administration font alliance avec l’un pour contrer l’autre.

A Lyon, ces deux figures de la psychiatrie ont débattu, avec chaleur : «Oui, j’ai honte de notre silence, j’ai honte de la pratique dans certains lieux, mais n’est-ce pas un peu toute la société qui est anesthésiée ? Nous, au Collectif des 39, nous nous sommes créés contre cela», a expliqué Hervé Bokobza. Claude Finkelstein : «C’est vous qui pouvez nous aider, et empêcher que l’on soit enfermé contre notre volonté. On a l’impression, aujourd’hui, que c’est normal de contraindre un malade. Il n’y a qu’en psychiatrie que l’on peut imposer des soins… C’est incroyable, alors que bien souvent il suffit d’un peu de temps pour que le malade accepte

Hervé Bokobza : «Le malade n’est pas dangereux. Il l’est quand il est abandonné, isolé, reclus. Je crois qu’il faut fermer les hôpitaux psychiatriques et ouvrir des lieux pour accueillir ceux qui en ont besoin.» Il ajoute : «On a une mauvaise façon de voir, on parle toujours des 1% de malades qui sont hospitalisés, internés, des grands fous. Mais la très grande majorité se débrouille, vit dans la ville. On en connaît tous des gens qui sont un peu bizarres, qui délirent un peu, mais se débrouillent.» Claude Finkelstein : «On ne choisit pas d’être fou. Il faut s’en accommoder, trouver le bon traitement, un peu mais pas trop.» Puis Hervé Bokobza : «Il faut aller vers des états généraux de la folie

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>Le juge, l'avocat, le psychiatre… et le patient

Avocat à La Rochelle, Dominique Jourdain a été désigné pour assurer le service des «gardes à vue psychiatriques». Il s'oppose vivement à la poursuite d'une « expérience » qu'il juge « calamiteuse » et partage avec nous son argument.

J'ai déjà dénoncé la fausse bonne idée que représente le simulacre de débat contradictoire que met en scène la Loi n° 2011-803 du 5 juillet 2011 relative aux droits et à la protection des personnes faisant l'objet de soins psychiatriques et aux modalités de leur prise en charge applicable depuis le 1er août dernier. Cette loi systématise en effet l'intervention du juge des libertés et de la détention (JLD) pour valider les hospitalisations d'office, les hospitalisations sans le consentement du patient.

Le système mis en place (que de précédents textes avaient déjà imaginé mais sans les ritualiser avec un caractère automatique) a suscité l'opposition de l'immense majorité des soignants. Seuls se sont félicités quelques notables du Barreau, saluant « la grandeur d'un métier qui permet de porter la parole dont serait privé celui que la maladie a rendu vulnérable »…Sauf que, dans la pratique, faire intervenir le JLD pour valider une « détention » en restaurant « la parole à la défense » n'est ni plus ni moins que faire du psychiatre un agent de l'administration pénitentiaire et du patient celui qui a transgressé la règle, la loi, l'ordre, c'est à dire un présumé délinquant. L'hospitalisation est exclusivement un acte de soin, alors quid de la place de l'avocat ?

Suite de l'article à cette adresse :


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>Empêcher les crimes et renoncer à la démocratie ?

C'est avec un certain effroi que l'on peut accueillir le déferlement de réactions politiques suite au crime perpétré par un adolescent de Haute-Loire à l'encontre d'une autre adolescente du même lycée. Effroi à l'égard des réactions politiques, une fois passé l'effroi causé par le crime lui-même, mis en lumière par les médias et ainsi exposé à la curiosité malsaine du public.

Le crime évitable

Comme pour tout drame causé par le déchaînement de violence d'un individu envers un autre, quelle qu'en soit la cause ou la raison, les membres de la société seront choqués, effrayés, dégoûtés. Mais après ? Rien. Comme pour n'importe quel crime, les émotions sont là, mais rien ne peut faire revenir la victime. Pour autant, la question qui désormais se pose après chacun de ces drames est l'aspect rétroactif de l'événement et la mise en cause de tiers par le politique afin de trouver une chaîne de responsabilités qui expliqueraient pourquoi le criminel a pu perpétrer son crime. La démonstration qui suit invariablement depuis quelques années est toujours, que sans cette chaîne défaillante, le crime ne serait pas survenu. Enfin, ce crime-ci. La famille touchée dans sa chair se débrouillera avec le sentiment obligatoirement odieux pour elle, d'un drame exprimé comme tout à fait "explicable", "évitable", presque "logique" : une forme de complot formé d'incompétences en cascades qui permet au criminel d'accomplir son crime. Ce criminel était un monstre que la société n'a pas osé, voulu mettre de côté, des incompétents et le système pas assez répressif ayant accompagné la défaillance,  tel est le message qui circule alors.

Le politique retrouve le contrôle perdu

Il est donc désormais indispensable, pour les responsables politiques, de venir expliquer que chacun de ces drames impliquant une personne ayant déjà eu affaire à la justice, aurait pu être "empêché". Chaque fait divers sanglant de ce type est l'objet du même discours politique, celui de la prédiction, et plus exactement de la défaillance de la prédiction du crime. Le politique, plus déterminé que jamais, promet alors d'empêcher que d'autres défaillances prédictives surviennent et, ce par de nouveaux appareils législatifs qui permettront de restreindre le champ des crimes possibles. Cette approche se généralise à un moment précis, un moment où le politique est totalement démuni dans ses capacités à prédire l'évolution de la société, alors qu'une crise financière et économique majeure s'est abattue sur la planète. Crise que le politique ne contrôle pas, et dont il ne peut prédire la suite…

Une société sans crimes ?

Cet aspect de reprise en main du politique par le biais du sécuritaire est basée sur la prédiction du crime, c'est-à-dire la volonté de démontrer qu'un individu ayant commis un acte grave réitèrera. Mais ce choix politique mène à des modèles de société qu'il est nécessaire de bien envisager. Parce que si des faits divers viennent démontrer que la prédiction du risque n'est le plus souvent pas "juste", ou bien que les dispositions de remise en liberté sont dues à des défaillances puisqu'elles laissent des crimes "évitables" se perpétrer, alors les solutions pour éviter ces crimes semblent toutes tracées et déjà imaginées. La société de la "prédiction totale du crime", celle du roman de Phillip K. Dick, "Minority Report", en est une. La société de Minority Report est une société où les criminels sont arrêtés avant d'avoir commis leur crime grâce à des ordinateurs établissant pour toute la population des statistiques permettant de déterminer leurs actions criminelles potentielles futures. Société policière, totalitaire, de surveillance et de prédiction complète. Une société sans crimes perpétrés (mais pas sans criminels) puisque le criminel est arrêté avant même d'avoir agi, voire d'avoir pensé le crime. Une autre société, mais qui, elle, a réussi à abolir le crime, est celle du film Equilibrium. Ainsi, en 2075, les citoyens doivent prendre une drogue quotidienne (sous peine d'exécution) qui abolit tous les sentiments, déclarés source de tous les maux de l'humanité, donc source des crimes et de la violence. Les citoyens d'Equilibrium ne ressentent ni haine, ni amour, ni dépit ou emballement. Le film établit bien le rapport entre risque et liberté : une société sans risques est une société qui abandonne toutes les libertés individuelles. Une société sans risques est une société sans sentiments, donc inhumaine.

Prévoir, écarter, protéger, empêcher, mais à quel prix ?

Le consensus créé par les politiques autour des crimes de récidivistes est dangereux. Parce que mettre en avant un meurtre,  appeler à l'assentiment général, au bon sens commun pour établir que le meurtre peut être évité, et ce, afin de modifier une énième fois le droit, est risqué. Risqué parce qu'impliquant petit à petit une "impossibilité à faillir" de l'individu, un refus d'accepter la capacité humaine à la violence. De décider que l'enfermement, la privation de liberté est l'unique alternative pour celui qui commet un crime ou simplement devient violent. Comme si le crime n'était pas vraiment envisageable, au fond, comme si le crime était devenu une "hérésie" insupportable que la société ne pouvait plus accepter. Mais qui a dit que le crime était une action humaine qui ne devrait pas survenir ? Après des décennies de violences télévisuelles quotidiennes, de guerres à répétitions mises en scène sur les écrans, d'œuvres mettant en scènes des criminels de tous poils qui ravissent le public ? Combien de jeunes gens ayant commis des viols, comme celui de la Haute-Loire, ont été suivis par des éducateurs, des psychiatres, se sont réinsérés et n'ont plus commis d'actes violents ? Combien pour un qui réitère et tue une innocente ?

Quelques chiffres sur la criminalité en France, de façon générale :

Sur la part des mineurs  dans la criminalité :

Population incarcérée depuis 1991 (Source: INSEE) :

Part des 16-18 ans dans la population carcérale (Source INSEE) :

 

 

 

 

 

 

 

 

Il n'y a pas de progression constante des incarcérations de mineurs entre 16 et 18 ans (comme pour les moins de 16 ans), ainsi que pour la part des délits commis par des mineurs. Quant aux homicides, de façon globale ils diminuent depuis 30 ans. Alors, la complexité d'un individu qui commet un acte aussi horrible soit-il que celui du lycée de Chambon-sur-Lignon est-elle soluble dans une loi sur les centres fermés et la mise en cause de mauvaises prédictions d'experts ? Qu'est-ce que cette violence criminelle signifie, et plus particulièrement celle des jeunes ? Alexis de Toqueville, en plein milieu du XIXème siècle disait la chose suivante, qui devrait nous interpeller aujourd'hui après avoir entendu les réactions et proposition politiques qui ont surgi instantanément après le drame de  Chambon-sur-Lignon : "Quand toutes les opinions sont égales et que c'est celle du plus grand nombre qui prévaut, c'est la liberté de l'esprit qui est menacée avec toutes les conséquences qu'on peut imaginer pour ce qui est de l'exercice effectif des droits politiques. La puissance de la majorité et l'absence de recul critique des individus ouvrent la voie au danger majeur qui guette les sociétés démocratiques : le despotisme."

 

Article originellement publié sur : http://reflets.info

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> Humeur : Le médico-social en manque d’utopie ?

 

 

Le management à l’IME d’Epernay a fait la preuve de sa nuisance : souffrance au travail, arrêts maladie à répétition, mais surtout rabotage du «  principe d’espérance » (Ernst Bloch).

 

En effet certains salariés ont le sentiment de n’être plus capable de changer quelque chose dans le sens de leur travail, tant sont perverti leurs démarches : ainsi un courrier à  l’employeur  réaffirmant leur attachement à un projet référé à la psychothérapie institutionnelle a eu pour réponse « nous ne pouvons qu’être d’accord avec les orientations humanistes et éthiques (du projet)……….

 

Mais nous souhaitons que soient retravaillées les activités des uns et des autres et les pratiques professionnelles… » En lien cette fois avec « l’audit maison », donc place à la « modernité », au cynisme de la nouvelle  « gouvernance » et de son autoritarisme, aux « bonnes pratiques » répertoriées, à l’apathie généralisée…. 

 

Basta surtout  à la lutte du collectif : dépassez votre petite colère, il n’y a rien a imaginer  dans vos pratiques professionnelles  (amener l’homme au front de la création dit Ernest Bloch), des experts sont la pour cela, les temps ne sont plus « enchantés », tout est asséché par la crise…

 

No futur ? Ou disons mauvaise passe pour reconstruire l’espoir collectivement ?

 

Les indignés sparnaciens

 

 

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>Clinique de Dostoïevski : Crime et châtiment (2/20)

Raskolnikov : le temps de l’insomnie 

La réalité en tant que telle n’a pas de prise sur le héros tragique dostoïevskien. Ce qui compte toujours c’est l’interprétation, le sens, que lui donne le héros – interprétation et sens souvent très contaminés par l’état émotionnel qui est le sien à ce moment-là. Même la biographie du personnage, pourtant parfois déterminante (comme, par exemple, dans les Frères Karamazov) ne renvoie jamais à une temporalité ni ne donne les causes du drame vécu. Ces causes sont toujours le combat pour affirmer une pensée en dehors de toute garantie divine. De ce point de vue, le combat engagé tranche avec tout ce qui existait avant et, comme c’est un combat inédit, rien ne permet de prévoir la suite. Le héros tragique dostoïevskien ne connaît pas le temps linéaire ; il ne se réfère pas à un avant et il ne connaît pas non plus un déroulement. Il est en permanence insomniaque, suspendu à l’instant qu’il traverse, en permanence en crise avec tout, en conflit. C’est certainement pour cela que l’on lit toujours Dostoïevski comme un roman policier : une crise appelle et implique un dénouement, une solution. Seulement, voilà, ici la crise est la figure singulière de la bataille que mène chaque homme pour exister dans un monde abandonné par Dieu. Figure singulière de cette bataille maintenant incontournable, chaque héros tragique dostoïevskien, coupé du temps et immobilisé dans sa manière de vivre son combat pour changer le cadre de pensée existant, devient le personnage d’un mythe dans l’Olympe de la modernité. Ce qu’on appelle, d’ailleurs, le personnage dostoïevskien. Continuer la lecture de >Clinique de Dostoïevski : Crime et châtiment (2/20)

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>Comment les centres psychiatriques rendent les gens… fous (Le Plus Nouvel Observateur)

Le collectif des 39 attire votre attention sur le témoignage publié sur le site du nouvel observateur, décrivant la déshumanisation de l’accueil d’un service d’urgences psychiatriques.

Valérie est assistante sociale. La souffrance des autres est son pain quotidien. Mais parfois, l'exercice de ses fonctions prend des allures d'immersion dans des mondes parallèles. Ce jour-là, elle accompagnait un usager en centre psychiatrique d'orientation et d'accueil.

 

La salle d'attente ressemble à l'idée que je me fais d'un cauchemar psychotique. Un vieillard déambule d'un pas pesant, un calepin à la main. Il se penche sur un écriteau et l'examine longuement, comme s'il admirait un chef d'œuvre de Leonardo : "L'utilisation du téléphone portable est interdite dans cette enceinte" peut-on y lire (LIRE LA SUITE…)

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>Les enseignements de la folie : Un feuilleton «dangereux», Clinique de Dostoïevski : Crime et châtiment, 1/20

Raskolnikov

Wood Allen a écrit quelque part : si Dieu existe il faudra qu’il ait une bonne excuse. Cette phrase a derrière elle plus d’un siècle et demi de travail de pensée dans l’institution de la culture. C’est par cet angle que je commencerai à aborder le roman Crime et châtiment sur lequel nous travaillerons maintenant.

L’homme du sous-sol, terré au fond de sa solitude, lance un défi fou à l’autre. Incapable d’aimer et, pour cela, méchant et malade, il veut prouver – et d’abord à lui-même – qu’il n’a besoin de personne, que sa haine lui suffit pour vivre. L’autre est convoqué sous la forme d’un interlocuteur impossible, pour qu’il lui dise son désintérêt pour son existence, pour qu’il lui raconte son crime, le meurtre de Lisa. La parole de l’homme du sous-sol n’a pas d’adresse. N’empêche que, pour dérouler sa pensée, il a besoin de la présence de l’autre à cette place d’un spectateur impuissant. La tension que cette présence provoque lui est nécessaire ; il en tire l’énergie pour affirmer fébrilement l’inutilité de cette présence. D’où le caractère stérile, ressassant, vertigineux, infini, tragique de sa parole. Ce qui fait de l’homme du sous-solun personnage tragique c’est, comme le dit Leslie Kaplan, qu’il veut se passer de l’autre pour penser, mais comme « c’est l’autre qui est le support de la parole, sans adresse la parole se perd, se dilue, s’effiloche». (cf.L’expérience du meurtre, in Les Outils, POL, Paris, 2003.)

Avec Raskolnikov la tragédie change de configuration. Avec lui Dostoïevski inaugure la série de personnages tragiques qui vont l’occuper jusqu’à la fin de sa vie. Il ne s’agit plus ici de convoquer l’autre pour nier son existence, mais de répondre à une question : si Dieu n’existe pas, comment vivre ? Et aux corolaires de cette question : si Dieu n’existe pas,  quel référent garantit la réalité de la vie et de la pensée ? Si Dieu n’existe pas, que devient la loi ?  Continuer la lecture de >Les enseignements de la folie : Un feuilleton «dangereux», Clinique de Dostoïevski : Crime et châtiment, 1/20

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>Déclaration de Lyon : Quand la mondialisation nous rend fous, pour une écologie sociale.

 

Nous, signataires de cette déclaration, réunis en Congrès des 5 Continents sur les effets de la mondialisation sur la santé mentale, experts pluridisciplinaires en santé mentale en même temps que citoyens du monde, appelons à une prise de conscience des effets psychosociaux de la mondialisation et des principes et conséquences qui en découlent.

Cette déclaration se situe dans la filiation des principes de la Déclaration d’Alma Ata de 1978 et de la Charte d’Ottawa de 1986, en accord avec la récente Déclaration Politique de Rio du 21 Octobre 2011 sur les Déterminants Sociaux de Santé, tout en précisant la spécificité de la Déclaration de Lyon : promouvoir une Ecologie du Lien Social dans le contexte de la Mondialisation.

1-PREAMBULE SOUS FORME DE GLOSSAIRE
Certains mots doivent être précisés pour éviter les malentendus: mondialisation, psychosocial, santé mentale, précarité, souffrance, écologie des liens sociaux.

1-1 La mondialisation associe deux processus différents et intriqués :
Un processus de très longue période qui résulte de la croissance des flux migratoires, des échanges humains, commerciaux et d’informations à travers les frontières physiques et politiques. Les échanges culturels se sont intensifiés depuis le milieu des années 80 avec la révolution numérique jusqu’à la dimension d’un village planétaire où « l’autre est mon voisin ». C’est une véritable conscience mondiale qui émerge aujourd’hui, et les régulations revendiquant une meilleure gouvernance et une nouvelle citoyenneté, sans exclure les identités nationales et régionales. Le risque est celui d’une solidarité abstraite et vide. Ce défi est périlleux mais vital à relever.

Ce premier processus est à distinguer du second qui est constitué par la prédominance de l’économie de marché soumise au seul profit, nommément le néo-libéralisme; le mouvement a émergé à la fin du XIXème siècle et s’est accéléré à la fin de la seconde guerre mondiale. Le marché est supposé rationnel et l’Etat devrait se cantonner à une intervention minimale, sans régulation. Une idéologie se construit où seule l’initiative individuelle devient le pivot de la richesse des nations comme de leur malheur. Cette dérégulation est démultipliée par l’accélération des flux des nouvelles technologies en information et en communication, du fait du premier processus, mais elle domine le monde par la cupidité sans contrôle de ceux qui sont aux manettes ; déconnectée de l’économie réelle et du pouvoir politique, elle n’a pas d’horizon temporel ni social.

Ces deux niveaux de processus ont des effets psychosociaux différents dont il convient de reconnaître les effets fastes et néfastes en termes de santé mentale.

1-2 Les effets psychosociaux : le qualificatif psychosocial souligne l’interaction normalement indissoluble entre ce qui revient à la part du sujet et ce qui revient à la vie sociale. En ce sens, les effets de contexte, et en tout premier lieu celui de la mondialisation, affectent simultanément le sujet individuel et le lien social. Ces effets favorables ou défavorables en termes de santé mentale constituent l’orientation principale de la Déclaration de Lyon.

1-3 La santé mentale : au sein d’une société de plus en plus individualiste dans ses aspects à la fois promotionnels et atomisant, les effets psychosociaux concernent nécessairement la santé mentale de tous. Elle ne se limite donc pas ici à la prévention et à la prise en charge des troubles mentaux traités habituellement par la psychiatrie, qui restent essentielles ; elle ne se limite pas davantage à promouvoir les droits des personnes handicapées, ce qui reste non moins essentiel, mais elle considère les effets psychosociaux de la mondialisation sur l’ensemble des citoyens du monde dans les divers aspects de leur vie. La mondialisation nécessite une approche systémique et globale de la santé qui doit aussi prendre en compte les différences de pays, de région, de religion, de culture.

1-4 Le mot précarité n’a pas seulement la signification négative qui lui est ordinairement attachée, synonyme d’incertitude, de risque de catastrophe, de pauvreté. Il est intéressant d’évoquer le fait que, dans la plupart des langues d’origine latine, précarité vient du terme latin precari qui signifie : dépendre de la volonté de l’autre, obtenir par la prière. L’état de précarité, dans ce sens, est antagoniste et complémentaire de l’autonomie. Il signifie une dépendance à respecter, évidente chez le bébé même si l’on reconnaît ses compétences ; non moins évidente chez la vieille personne mais aussi à tous les âges de la vie. Les situations de maladie, de traumatisme, de fragilité particulière augmentent le niveau de précarité qui signifie tout simplement et positivement : avoir absolument besoin de l’autre, des autres, pour vivre. Dans cette perspective, on peut parler d’une saine précarité définie par le besoin d’un support social à tous les âges de la vie, dans la réciprocité de l’échange. Par rapport à la notion utile de vulnérabilité, celle de précarité a le mérite précieux, en cette époque individualiste, d’inclure l’autre, les autres, dans sa définition.

1-5 La souffrance : les situations de précarité sont nécessairement ambivalentes en ce qu’elles produisent aussi bien de la sécurité et du plaisir que leur contraire. C’est pourquoi la souffrance est une réalité du sujet humain, sans préjuger de son avenir ; elle peut apparaître sur la scène sociale ou rester dans l’intériorité ; elle s’accroît lorsque les conditions de la confiance sont attaquées.

1-6 L’écologie du lien social constitue l’horizon de la Déclaration de Lyon, son objectif : à quoi servirait de sauver la planète si les humains eux-mêmes disparaissaient en tant que chacun d’entre eux est un être social ? La vie sociale des êtres humains devient un enjeu majeur.

L’orientation du congrès des cinq continents, et de cette déclaration qui le conclut, est d’examiner attentivement en quoi les aspects néfastes de la mondialisation mettent en péril les situations ordinaires de précarité en polluant les modalités concrètes du lien social. Il s’agit de se confronter aux « conditions qui nuisent à la santé à tous les niveaux » (Déclaration Politique de Rio) et d’en tirer les conséquences pratiques pour favoriser des effets viables et durables en termes d’écologie humaine.

2 – DECLARATION DE PRINCIPE 

2-1 Les êtres humains, libres et égaux en droit, naissent et demeurent précaires tout au long de leur vie dans la mesure où ils ont absolument besoin d’autrui pour vivre.

2-2 Cette précarité native est l’un des moteurs du maintien de la vie grâce aux liens interhumains, familiaux et sociaux ; elle s’oppose à l’exclusion.

2-3 Cette précarité native ne doit pas être confondue avec le seul sens négatif qui lui est ordinairement attaché. Elle ne doit pas non plus être assimilée à la pauvreté, bien qu’elle lui soit souvent associée.

2-4 Les conditions qui favorisent des liens humains suffisamment confiants constituent la base d’une saine précarité et concernent toute personne en charge sur le plan social, économique et politique ; elles impliquent la justice et l’équité, et donnent force au sentiment personnel d’une maîtrise de l’avenir auquel chacun peut activement participer.

2-5 L’ignorance de ces conditions est aussi néfaste à l’individu et à la société que celles touchant aux atteintes de la liberté et de la sûreté, elle fait violence aux personnes. Toutes les violences ne sont pas du registre d’une cruauté « chaude », comme la torture, par exemple : il faut savoir reconnaître les cruautés « froides », de plus en plus importantes, du registre du mépris social, de la disqualification et de l’exclusion.

2-6 Les contextes sociaux, économiques et politiques sont susceptibles de faire basculer massivement les liens humains du côté de la méfiance, entraînant alors une précarité négative, avec des effets péjoratifs sur la santé mentale. Ces effets portent sur le rapport à soi, à la famille, aux groupes humains et sur le rapport crucial à l’avenir. Ces effets peuvent être décrits de diverses manières, notamment qualifiés de dépression, de repli sur soi, d’atomisation des individus, de paranoïa sociale, de disparition de tout projet d’avenir autre que catastrophique.

2-7 Ainsi le respect effectif de l’écologie du lien social fait intégralement partie des déterminants sociaux de la santé mentale ; cette écologie du lien social doit être envisagée dans une acception systémique et globale, non réductible aux symptômes et aux désordres traités par la psychiatrie.

2-8 Dans cette perspective, une santé mentale suffisamment bonne peut être définie comme suit :
la capacité de vivre avec soi-même et avec autrui, dans la recherche du plaisir, du bonheur et du sens de la vie,
dans un environnement donné mais non immuable, transformable par l’activité des hommes et des groupes humains, sans destructivité mais non sans révolte, soit la capacité de dire « NON » à ce qui s’oppose aux besoins et au respect de la vie individuelle et collective, ce qui permet le « oui »,
ce qui implique la capacité de souffrir en restant vivant, connecté avec soi-même et avec autrui.

2-9 A ce moment de l’histoire humaine, le contexte social, économique et politique est celui de la mondialisation. Nous devons affirmer sa forte potentialité à rendre les humains fous d’angoisse et d’incertitudes quant à la fiabilité des liens sociaux ; il affecte les assises symboliques des cultures et des personnes, il affecte la notion même d’avenir et de projets porteurs de sens. En tout cela il est antagoniste aux Droits de l’Homme.

3 – RECOMMANDATIONS
Nous, signataires de cette déclaration, réunis en Congrès des 5 Continents sur les effets de la mondialisation sur la santé mentale, experts pluridisciplinaires en santé mentale en même temps que citoyens du monde :

3-1 Demandons que soit reconnue l’importance d’une santé publique qui intègre les effets psychosociaux liés au contexte social, économique et politique, dans le cadre de pratiques de santé mentale concrètes et solidaires, dans le respect de la dignité des personnes.

3-2 Insistons sur la responsabilité de toutes celles et ceux qui, à des titres divers, sont en charge d’une écologie humaine fondée sur une saine précarité des liens humains, aussi vitale que l’air que l’on respire ou que l’interdiction de la torture, de l’esclavage et de l’oppression. On doit avoir à répondre de cette responsabilité (2-4, 2-9).

3-3 Demandons aux responsables politiques et économiques que ces effets de contexte soient intégrés dans la refondation d’une gouvernance financière globalisée et durable, sous contrôle du politique, afin de permettre aux banques de jouer leur rôle de soutien de l’économie réelle, de l’emploi et de l’innovation technologique. Cela nécessite une régulation exercée par le pouvoir politique.

3-3 bis Insistons pour que cette régulation s’exerce effectivement au niveau des systèmes financiers dérégulés et des pulsions de cupidité de ceux qui sont aux manettes, comme un principe de civilisation pour tous ; faute de quoi, si ce principe impératif n’est pas exercé à la bonne place, il se déplace d’une maniéré éhontée au détriment des personnes, surtout les plus vulnérables et les plus marginales, en les stigmatisant, selon le principe idéologique que seule l’initiative individuelle est le pivot de la richesse, et en l’occurrence, du malheur des nations (cf 1-1).

3-4 Sachant qu’à ce jour il n’y a pas d’espace public mondial qui puisse objectiver, mesurer et qualifier les effets psychosociaux défavorables de la mondialisation, nous voulons instaurer une organisation internationale pérenne, amorcée par le Congrès des cinq continents. Il s’agit de soutenir cette préoccupation vitale d’une écologie des liens humains auprès des décideurs économiques et politiques afin que les principes de gouvernance, les lois et règlements tiennent compte de ce qui est faste et néfaste aux liens sociaux. Proposons à cette fin de constituer un Observatoire International sur la Mondialisation et l’Ecologie humaine ; son but sera la recherche, les échanges et les propositions concernant les problèmes de précarité et de souffrance mentale liés aux effets aliénants de la financiarisation et de la marchandisation du monde.

Le 22 octobre 2011 au Congrès des cinq continents.
orspere@ch-le-vinatier.fr

ENGLISH VERSION  : english-Lyon-declaration


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>Les patients et des soignants du centre de jour Antonin Artaud de Reims font de la radio

Emission "La patate ose 3 (septembre 2011)

"Le risque zéro, c' est tout le monde au cachot", tel est le slogan de "La patate ose" pour ce troisième volet.

Analyse et commentaires sur la loi "des soins sans consentement", votée le 1er août et son implication dans le domaine de la psychiatrie.

Cette 3eme émission a été réalisée au centre Artaud par des patients et des soignants.

CLIQUEZ ICI POUR ECOUTER L'EMISSION


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>Où est passé l’avenir du médico social ?

 

Nous assistons depuis quelques années à un processus de démantèlement  du projet de l’IME d’Epernay, référé à la psychothérapie institutionnelle, sous prétexte de « bonne gouvernance » et de « modernité ».

 

Ceci n’est bien sur pas spécifique à cet IME, mais concerne plus généralement l’ensemble du secteur médico-social, en parallèle avec l’attaque de l’ « Etat social » (santé, éducation….).

 

Pour l’IME, l’artisan principal de cette déconstruction est l’association gestionnaire les « Papillons Blancs », sous l’égide d’un  président  issu d’une entreprise privée, qui parlant « au nom des familles », s’ingère dans les pratiques professionnelles, ce qui n’est pas le rôle d’une association gestionnaire.

 

Cette démarche agressive a provoqué l’arrêt  maladie prolongé du directeur  de l’établissement, et une souffrance au travail, générale dans l’équipe pluridisciplinaire ; cet épuisement effondrant sa capacité créative.

 

Des manipulations opérées par le biais « d’un audit  maison », diverses pressions individuelles ou collectives ont fait éclater le collectif, sur lequel repose le fonctionnement éducatif et thérapeutique de l’IME. 

 

Egalement la peur, la tristesse, induites par ces manœuvres alimentent la soumission, lessivent les solidarités.

 

Des mensonges éhontés déstabilisent les résistances : «  ce ne sont que des petits changements, vous pourrez travailler comme vous l’entendez, nous ne sommes pas des professionnels comme vous », alors que les changements rendent caduques le fonctionnement existant. 

 

Inclusion, désinstitutionalisation, accompagnement, déprofessionnalisation…sont les mots clés qui alimentent le bréviaire de cette idéologie basique, visant  surtout le moindre coût de l’aide aux personnes les plus vulnérables, récupérant au passage des justes revendications des familles (comme la lutte contre l’exclusion, la ségrégation  des enfants en situation de handicap, le besoin de services à la personne….etc)

 

Nous avons tous observé que l’assomption de la cupidité a produit une crise économique sans pareil, allons nous assister à l’assomption de l’insignifiance dans les projets du médico-social ?

 

Ce constat est sans doute très pessimiste, mais il nous faut renouer avec nos métiers : « l’éducation », « le soin », l’engagement dans des pratiques exigeantes auprès d’enfants en graves difficultés, pratiques professionnelles qui méritent du temps pour la réflexion et la mise en œuvre , de la formation, et non des protocoles, ou du formatage labellisé.

 

Mais il ne suffit pas de mettre un drapeau rouge à sa fenêtre pour faire œuvre de changement, dans un contexte où les « grands récits  sont morts » (Lyotard).

 

La résignation non plus n’est plus de mise, l’expérience démocratique exige de résister au rouleau compresseur de l’ordre néolibéral,  de la culture réifiée, et de tisser ensemble l’espérance de demain. 

 

Des indignés sparnaciens

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>Rezo travail social : un réseau social pour…le travail psycho-social

 

Facebook explose… Tout le monde veut devenir votre ami. Des gens que vous ne connaissez ni d'Eve, ni d'Adam. C'est le pays de Bisounours généralisé. Et l'efficacité d'un tel réseau se dilue rapidement.

Si l'on veut en conserver le tranchant, l'avenir est aux réseaux sociaux par catégories biens repérées (amitiés, centres d'intérêt, professionnels, politiques etc)

Dans la foulée de PSYCHASOC nous venons donc de créer un réseau social en direction des travailleurs sociaux du monde entier.

REZO travail social.

Adresse: www.rezo-travail-social.com

Facile d'utilisation, convivial, rapide, efficace…

Testez-le, faites circuler…


Erwan et Joseph Rouzel 
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>Emission de radio : Hacker la psychiatrie (avec Philippe Bichon et Joël Kerouanton)

Do You Hack Me ? : hacker la psychiatrie, le 28 octobre à 16h

Do You Hack Me sur Radio Libertaire (89.4 FM sur Paris) a toujours prétendu parler du hacking au sens large et cette quatrième émission est là pour démontrer que beaucoup de hacks sont possibles, même dans un domaine comme celui de la psychiatrie.

Nos deux invités, Philippe Bichon et Joël Kerouanton sont respectivement psychiatre et écrivain. Mais pas seulement, et au delà de leur “titre”, ce sont des professionnels qui n’abordent pas les personnes en souffrance psychique avec le “logiciel” officiel. Ils vont nous aider à comprendre comment et pourquoi il est important de hacker la psychiatrie qui, avec les lois sur les soins sans consentement et les approches cognitivo-comportementalistes est devenue une machine froide qui prétend guérir les individus au “cerveau défaillant”, génétiquement prédisposés aux maladies mentales…

 

Ecrire en turbulence (la maison des écrivains)

Trouble 307.23 (Editions Champ Social)

 

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>Association Méditerranéenne de Psychothérapie Institutionnelle, Marseille le 7 et 8 octobre 2011 : « S’il vous plait, Dessine moi… la psychiatrie … »

LA psychiatrie ? mais ça n’existe pas ! de mon point de vue c’est d’UNE psychiatrie que je me risquerai à l’esquisse. UNE psychiatrie, car ce sont DES psychiatries qui co-existent. Des psychiatries qui n’ont pas grand chose à voir lorsque l’on se réfère à des éléments qui sont pour moi des principes essentiels : 

  • l’accueil,
  • la conception de la personne malade, 
  • la conception de la folie, 
  • la prise en compte de l’entourage, 
  • la place des thérapeutiques, 
  • la place des patients dans le dispositif de soins. 

 

Alors : …….  

 

On matraque les malades …

 

« A quoi ça sert de parler de votre loi, on matraque les malades au pavillon ! »

Céline a balancé cette phrase ! Elle nous a fait tous sursauter ! Elle m’a surpris, … de plein fouet !

 

Dite sur un ton de la simplicité de l’évidence, avec la force de la sincérité, de l’authenticité, de la violence de l’insupportable banalité. 

Le choc de la surprise m’a fait dire : « Qu’est ce que vous nous dites là, Céline ? On matraque les malades à Champagne ? 

 

— Non c’est pas grave, j’ai rien dit !

— Je ne peux pas laisser votre propos comme ça, c’est trop grave ce que vous nous dites là. Il faut en parler, Jérôme inscrivez le à l’ordre du jour, s’il vous plaît. 

— Je marque quoi ? 

— Eh bien ce que Céline vient de nous dire : « On matraque les malades au pavillon ! »

 

C’était au tout début d’avril cette année. Un mardi en début de mâtinée, au centre de jour de Montfermeil. La réunion soignant-soigné. Espace de dialogue, sorte d’assemblée générale quotidienne, au cours de laquelle chacun peut mettre à l’ordre du jour un sujet d’actualité, une question relative à la vie collective, au quotidien au centre, une envie de sortie, un projet culturel, une visite de musée, les activités du jour et aussi , et surtout « Qu’est ce qu’on mange aujourd’hui ? » Menu, courses, répartition des tâches.

 

Un Président de séance se désigne parmi les patients. Chacun peut proposer un sujet au débat. 

 

Ce mardi là je venais de proposer de mettre à l’ordre du jour, l’information sur le projet de loi sur les soins sans consentement, le point sur la mobilisation en cours et l’information sur le Meeting « Quelle hospitalité pour la folie ? », que le collectif des 39 organisait devant la Salpétrière autour de la Statue de Philippe Pinel, le samedi 9 avril. 

 

Céline est une jeune femme de 30 ans. Hospitalisée depuis plusieurs années à Ville Evrard, au pavillon Champagne, du 15ème secteur de Seine Saint Denis. Tout en se plaignant beaucoup de son hospitalisation, elle a mis en échec  plusieurs projets de sortie : appartement thérapeutique, ESAT, foyer. Depuis près de 2 ans, elle fréquente le centre de jour à Montfermeil, plusieurs fois dans la semaine. Elle s’y est bien intégrée, après une longue période d’approche, d’isolement, de participation réticente à la vie quotidienne, aux sorties, aux différentes activités. Son fond délirant, persécutée parfois, souvent, ne l’empêche pas d’être joyeuse, de rire, d’être très attachante, très touchante et pathétique dans ses moments de désarroi, de détresse, lorsqu’elle ne supporte plus l’hospitalisation, qu’elle se croit abandonnée par ses parents, pourtant très présents et impliqués dans le travail thérapeutique. Dans les réunions, elle intervenait assez peu, proposant rarement des sujets de discussion. 

 

Ce matin-là, pris moi même par la tension de la mobilisation contre cette loi, particulièrement engagé et investi dans l’action du Collectif des 39 depuis sa création, et notamment indigné par la dérive des pratiques dans les institutions, y compris dans le service hospitalier du secteur dans lequel je travaille, et que j’ai contribué à construire  depuis 32 ans, j’ai été totalement touché par cette phrase lancée comme de multiples autres, fréquemment lors de ces réunions.

 

Lorsque ce fut son tour, Céline raconta. La maltraitance, la violence, l’humiliation. « Celui-là, Alfred, là c’t infirmier, c’est lui qui est malade. Je vous jure c’est lui qui est fou. C’est pas nous. L’autre soir, Mohamed, il était énervé à table. Il s’est disputé avec Roland, parce que l’autre il l’avait bousculé. Il a craché dans son assiette. Bon ça s’fait pas. Mais quand même, Alfred il est arrivé, et alors, vous allez pas m’croire, il l’a fait tombé de sa chaise, il l’a mis par terre. Et vous savez Mohamed il est paralysé, il est en fauteuil et quand il tombe, il peut pas se relever tout seul. Et l’autre là, il lui a dit, « t’avais pas à cracher comme ça, maintenant tu restes par terre, tu bouffes pas ! ». Mais c’est pas humain, docteur Machto, c’est lui qui est fou, c’est lui le malade, il faut l’soigner, docteur Machto. C’est pas humain. Et l’autre là, un infirmier d’un autre pavillon, c’est un fou celui là aussi, un sadique. L’autre soir, il y avait un nouveau malade qui était arrivé, il était très énervé, il voulait tout casser. Alors ils ont appelé les renforts. Ils l’ont mis par terre. Et l’autre là, il appuyait avec sa grosse godasse sur le cou du malade, par terre. Mais il l’étouffait ! j’vous jure ! c’est fou, ça s’fait pas ! »

 

Nous les soignants, nous étions accablés d’entendre cela… ce que nous savions pourtant déjà. D’autres patients sont intervenus et ont pris le relai de Céline. Et chacun de raconter ses anecdotes, ses vécus, ses indignations, l’insatisfaction par rapport aux médecins, « ils ont jamais le temps ». 

 

Denise :  C’était en septembre. Je m’étais énervée parce que j’avais reçu un coup de poing par un patient. Quand je m’énerve, moi je crie. Je me suis sentie laissée de côté. On ne s’est pas occupée de moi. J’étais énervée. C’était dans la salle à manger. L’infirmière m’a retiré mon assiette de fromage, et ma compote. Comme j’étais encore plus énervée, elle a dit « J’appelle le médecin de garde ». Il est venu. Il a prescris 50 gouttes. Moi je suis allée dans le jardin, je me suis calmé. L’infirmier est venu avec le verre et les gouttes. Mais j’étais calmée. Je lui ai dit : « Mais maintenant ça va ». Il m’a dit : « Ou vous les prenez, ou j’appelle les renforts et c’est l’injection ! ». 

Alors, bien sûr j’ai pris les gouttes.  

 

Yacine :  Au pavillon, c’est pénible. Les infirmiers, ils disent : « A table ! », « Médicaments ! ». Mais on n’est pas des chiens, quand même, à obéir. On pourrait nous parler autrement ! 

 

Albert : Au pavillon, c’est surtout l’ennui. A l ‘hôpital, il y a un climat de prison. On a vraiment l’impression d’être incarcéré. On s’ennuie beaucoup. Moi, ça m’a pas guéri. Oui ça m’a fait un peu de bien, parce que j’allais très mal, mais ça m’a pas guéri.

 

Céline : Oui c’est ça, on s’ennuie, on tourne en rond, on fume, y a que ça à faire et on parle de nos histoires et on pleure, sinon on fume. Ils fument tous c’est terrible. Y a que ça à faire.

 

Simone : Moi je voulais apporter mon tricotage, faire du crochet. Mais le médecin n’a pas voulu, il m’a dit que c’est dangereux pour moi et pour les autres. C’est trop risqué ! 

 

Alors pour tenter d’endiguer ce flot, effrayé je vous l’avoue d’avoir ouvert cette boite de Pandôre, inquiet des risques possibles de violence au pavillon, de passages à l’acte que ce débat pouvait provoquer, tout en reconnaissant l’insupportable de certains actes, j’ai proposé quelques hypothèses, simplistes peut être. Les carences de la  formation, la jeunesse de certains infirmiers, leur peur dans certaines situations où les infirmiers ne sont pas assez nombreux,  l’insuffisance de fonctionnement institutionnel, d’implication dans la vie quotidienne, mais aussi les contraintes administratives. Hypothèses qui ont eu quelques échos, y compris chez Céline, qui avait été la plus véhémente. « Ben oui, c’est des jeunes, ils y connaissent rien à la psychiatrie et aux malades. Et faut dire qu’il y a des malades c’est vrai, ils font peur, y en a qui les insultent, ça s’fait pas ! ».

 

Face à ce désir de paroles, cette prise de parole de tous, nous avons proposé de prendre un temps plus long pour dire et essayer d’analyser cette situation.  Aussi pour tenter d’en faire quelque chose. Car à plusieurs reprises, j’avais entendu « De toute façon ça sert à rien de dire tout ça, ça changera pas, ça sert à rien ». 

 

C’est ainsi que fut décidée une réunion, un après midi, qui serait consacré uniquement à la question des « Conditions de soins ». 

Et depuis, cette réunion s’est installée…. comme une nécessité. Un nouvel espace de paroles.

 

Au début, bimensuelle, elle se tient désormais tous les mois. Nous lui avons trouvé un titre. J’avais proposé Forum mais  Denise, habituée des jeux de mots, s’est indignée : Forum ? mais c’est toujours pour les hommes, jamais pour les femmes ! c’est ainsi devenu « Forum – Forfam sur les conditions de soins».


J’y ai retrouvé la qualité des débats auxquels j’ai participé depuis la création du Collectif des 39. Débats au cours desquels de plus en plus de patients, soit seuls, soit à partir de leurs associations ou de groupes d’entraide mutuelles, sont venus, qui apporter leur témoignage, qui interpeller les professionnels, les politiques sur l’accueil, les soins, les pratiques. Mais aussi s’engager de façon importante, et devenir un élément essentiel dans ce mouvement inédit, dans cette bataille politique qui n’est pas terminée malgré la promulgation de cette loi infâme et anti-thérapeutique.

 

Ainsi nous sommes passés de récits d’indignation, à des questionnements sur les conditions de soins au pavillon, le vécu des hospitalisations, la folie, sur la maladie, sur les traitements médicamenteux, sur la guérison. 

 

Certains ont à cœur de raconter leur itinéraire.

D’autres de donner leur avis sur l’hospitalisation : 

— J’ai fait deux séjours. Mais c’est très dur de se soigner à l’hôpital. Je trouve le mélange des populations très dur à vivre, moralement. Ça m’a amélioré, mais ça m’a pas guéri.

— Ville Evrard c’est pour les miséreux. C’est pour ceux qui ont tout perdu. Il y a des grosses racailles. Y a que des gens qui se plaignent. Tu demandes quelque chose … et t’attends. 

— Il y a une surmédication. Y a pas d’atelier. Y a bien un jardin, mais même les statues sont décapitées !

— Il pourrait pas y avoir un moyen pour pouvoir faire la sieste ? Les portes des chambres sont fermées. C’est un hôpital. On devrait pouvoir se reposer quand même !

— Arrêtez de pérorer, la psychiatrie, c’est pas la chirurgie ! Tutoiement obligatoire. En psychiatrie, on n’a pas le sourire. Y a des infirmières qui se prennent au sérieux. Il faut critiquer l’esprit de sérieux ! 

— Pourquoi ils font pas des réunions soignants –soignés comme ici au centre de jour ? Ils les ont arrêtés ? On s’parle pas, les infirmiers, ils restent dans leur bureau, les médecins ils ont jamais le temps. 

— Y a parfois des menaces : c’est « la douche ou pas de petit déjeuner ! »

 

Si je vous transmets ces paroles dans leur simplicité, c’est parce que nous, l’équipe soignante, nous avons été saisis par ces questions. Elles s’adressent à nous comme témoins, pour entendre ces vécus, ces moments douloureux à quoi les exposent  les épisodes pathologiques qui les amènent à l’hôpital. L’espace de débat ainsi créé, qui peut s’apparenter à un espace militant, associatif, à un espace critique, par le cadre dans lequel il s’instaure n’en est il pas pour autant un espace thérapeutique ? L’écoute qui existe, l’attention des uns vers les autres, la disponibilité, la fréquentation, tout ceci en fait un espace de partage, d’analyse institutionnelle et de partage. Chacun écoute l’autre, tente une réponse, une hypothèse, exprime sa sympathie ou sa compréhension. Un tel espace de débats sur les conditions mêmes des soins ne s’articule –t–il pas avec un espace groupal à visée psychothérapique ? Qu’en est- il des transferts en jeu ? Transferts multi- référentiels ? transferts à repérer en tout cas dans nos réunions de reprise quotidienne. 

 

Si j’ai souhaité vous transmettre ces paroles brutes, dans leur banalité même, c’est aussi parce qu’une question me taraude, me gêne, m’indigne même : la parole d’un patient, parce qu’il est « réputé » délirant, est pathologisée dans sa globalité. Déniée en tant que telle. Elle n’est pas recevable lorsqu’elle porte sur l’organisation des soins, sur son vécu, sur la conception même qu’il se fait de ce que devrait être les soins, l’accueil. Sa parole en tant que parole délirante va être prise en compte pour poser un diagnostic, décider d’un traitement neuroleptique. Mais dès lors, tout son dire va être alors pris sous le prisme de la pathologie. Aucun caractère d’ordre politique ne peut lui être accordée. Je dis là « politique » en tant que discours sur la vie publique, sur la vie quotidienne, sur l’organisation, sur l’être ensemble.  

 

A aucun moment, le Forum-Forfam n’a été décrété obligatoire … et pourtant ils sont tous là ! Dans le grand salon jouxtant le jardin, tout le monde s’installe autour des tables réunies pour la circonstance. De temps à autre, l’un sort fumer dans le jardin, puis revient. Certains se mettent en retrait dans le canapé ou les fauteuils. Mais ils sont attentifs, y vont parfois de leurs commentaires. 

 

A la rentrée de septembre, le Forum-Forfam fut un peu plus difficile. Les débats avaient du mal à démarrer. Certes la présence du micro d’une journaliste de France Culture, Pauline Maucort pour l’émission « Les Pieds sur terre » diffusée mercredi 5 octobre1, y était pour beaucoup. Mais la question fut posée la semaine suivante de le continuer. Nous les soignants, étions embarrassés. Mais pas les patients : lors d’un tour de parole, chacun d’entre eux exprima son souhait de continuer. 

— Ça fait du bien de parler comme ça. 

— C’est comme les associations de malades. Vous savez, il y a des associations, où les malades parlent de leur maladie, par exemple le cancer, le diabète. 

— Et les associations pour le SIDA, ça a changé les choses. 

 

En effet, nous pouvons dire que l’irruption du SIDA a dans ce domaine et peut être aussi ailleurs en médecine, bousculé les habitudes médicales. La parole des patients, les modalités d’action par exemple avec AIDES, Act Up, ont eu des effets sur les pratiques d’accueil et de soins. Une responsabilisation, un engagement des patients a été opérant et a eu des effets politiques même dans le rapport médecin- malade, soignant – malade. 

 

Cet espace engage aussi émotionnellement les soignants : d’entendre le vécu des hospitalisations, les critiques institutionnelles à l’encontre de nos collègues, la perception des traitements médicamenteux, des mises en chambre d’isolement, des contentions, ne peut nous laisser indifférent.  

 

Malgré nos tentatives d’ouvrir le débat sur leur perception de l’accueil au centre de jour, leurs réflexions sur les conditions de soins ici, pas de critique exprimée … pour l’instant. 

— Ici, au centre de jour, c’est bien, c’est chaleureux. 

— Oui on est comme des amis, avec l’association Champ Libre. 

— Et c’est pas pareil, on  fait des sorties, il y a des activités. 

— C’est sympa, on fait la cuisine tous ensemble, on mange tous ensemble.  

 

Alors question tout de même : qu’en est il du peu de critique à  l’égard des soignants, de l’organisation des soins ? Nous protéger ? Nous ménager ? Est-ce la mise à distance, à l’extérieur, du mauvais objet ? Ici, au centre de jour, on est entre nous, au chaud, protégé ? Certes l’association Champ Libre a constitué avec ses trente ans d’existence, un approfondissement des liens et des initiatives collectives, des engagements et des initiatives dans la cité. Champ Libre donne un sentiment d’appartenance, un espace commun partagé dans lequel chacun se sent responsable et s’investit, par exemple dans l’organisation de la brocante, dans la participation et la cotisation hebdomadaire. 

Régulièrement est mise en discussion lors des réunions quotidiennes la nécessité ou pas de revoir tel ou tel fonctionnement du centre, mais aussi les patients sont sollicités sur ce qu’ils souhaiteraient voir modifier, ou sur ce qu’ils ont envie d’apporter au collectif.

 

Conclusion : 

 

Je laisserai en suspens la relation complexe entre G.E.M. – Structures de soins – club thérapeutique et association dites de secteur. Peut être la discussion nous permettra d’aborder cette question, importante pour l’avenir de la psychiatrie, que nous devons clarifier afin de lever les malentendus, les inquiétudes et penser l’articulation de ces dispositifs sans éviter la question des soins psychiques et de l’accompagnement, de l’isolement des patients.

 

Mon propos d’aujourd’hui, ce récit peut être par trop descriptif, s’inscrit dans ma position vis à vis des patients, l’écoute attentive et sérieuse sur leur dire, leur désir, leurs projets, leur idée de leur devenir. En préparant cet exposé m’est revenu à l’esprit une « bagarre institutionnelle » : c’était en 1985. Dans ce service, cette pratique de secteur que j’avais contribué à créer à partir de 1979, à Clichy sous bois, je travaillais à plein temps, en tant que vacataire de l’extra-hospitalier. Je partageais mon temps entre le CMP où nous avions créé un accueil et une disponibilité, l’hôpital général, les appartements thérapeutiques.

 

Deux patientes, deux dames qui avaient passé la soixantaine, étaient hospitalisées. L’une d’entre elles que je suivais au dispensaire, au CMP, me disait lorsque j’allais la voir ou qu’elle venait en consultation accompagnée par les infirmiers : « Mais moi, je ne veux pas aller en maison de retraite ! » L’autre dame avait aussi la même opposition par rapport au projet du médecin du pavillon. Alors avec l’équipe, nous avons pris en compte ces paroles … et nous avons construit avec elles deux un projet d’accueil en appartement thérapeutique. Elles y ont vécu près de cinq années ! Et moi cela m’a donné l’occasion, du fait de la nécessité de cet engagement là, de m’investir dans la vie du pavillon et de proposer avec une collègue psychologue, Anik Kouba, une réunion institutionnelle soignants-soignés qui n’existait pas. La psychothérapie institutionnelle n’était pas au goût du service, à l’époque. Ni d’ailleurs à mon goût, du fait de mon parcours antérieur à Moisselles. Je la percevais à l’époque comme le dernier rempart de l’asile que nous voulions mettre à bas… Cette réunion hebdomadaire a duré … sept ou huit années ! C’est ainsi que j’ai découvert, de façon empirique la psychothérapie institutionnelle.

 

Loin des discours militants, la parole des patients fait irruption dans l’institution. Elle fait aussi collectif, partage de vécus, de ressentis. Suscite écoute de l’autre, attention, sensibilité.

 

Du côté des soignants elle donne à entendre une humanité, une souffrance, et ne peut que transformer la position du soignant vis à vis du patient. Une posture à toujours réinterroger. 

 

L’irruption de cette parole, l’importance à venir de la place des associations de patients dans le discours sur la psychiatrie, la remise en question des pratiques vont peser sur celles-ci et remettre en question les dispositifs et les pouvoirs. 

 

La place des associations, des clubs thérapeutiques au sein des espaces de soins devrait ouvrir sur des perspectives plus humaines de l’accueil et je risquerai aussi ce mot du plus de démocratie dans les institutions de soins. 

 

1. Emission de France Culture à l'écoute ICI

 

Paul Machto.


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>Le meeting du 3 décembre n'aura pas lieu

 

Pas de salle assez grande pour vous accueillir qui soit disponible. En dépit de ce que nous vous avions annoncé, le meeting n'aura pas lieu.

Un grand rassemblement est en revanche prévu pour Mars, quelques semaines avant les élections. Il permettra aux partis politiques invités et présents de se prononcer au sujet des conditions d'accueil et de la nouvelle désorganisation en psychiatrie. Nous aurons ainsi l'occasion de mesurer l'engagement citoyen de chacun.

D'ici le mois de Mars, de nombreuses réunions seront organisées dans toute la France. N'hésitez pas à le signaler autour de vous.

Le rassemblement de Mars, préparé par ces réunions, doit initier un état des lieux des pratiques et les conséquences de la loi du 5 Juillet 2011. Le débat avec les politiques n'en sera que plus éclairant et fructueux.

Le Collectif des 39

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>Plan santé mentale : les quatre axes du gouvernement (le quotidien du médecin)

 

Le ministère de la Santé a soumis au comité d’orientation du plan Santé mentale 2011-2015 un document de travail fixant quatre grands axes stratégiques destinés « à prévenir et réduire les ruptures » : au cours de la vie du malade, au niveau de l’offre de soins de proximité, au sein des modes d’exercice et de « l’environnement sociétal » de la psychiatrie.

Les membres du comité d’orientation se sont réunis lundi après-midi au ministère de la Santé pour discuter d’un document de travail qui fixe le cap souhaité par le gouvernement pour le plan Santé mentale. Attendu pour le mois de décembre, ce plan ne devrait pas excéder les 15 pages (contre près d’une centaine pour le précédent plan 2005-2008).« Prévenir et réduire les ruptures pour mieux vivre avec des troubles psychiques », tel est le titre encore provisoire suggéré dans le document de travail ministériel. Quatre grands axes stratégiques y sont présentés. Le premier aborde la prévention et la réduction des ruptures durant la vie du malade. Il s’agit notamment d’« améliorer l’accès de la personne aux soins psychiatriques et somatiques dont elle a besoin », de « favoriser la réhabilitation psychosociale », d’« améliorer la continuité des soins et de l’accompagnement aux différents âges de la vie de la personne », sa qualité de vie et son accès aux droits. Le soutien aux aidants constitue une autre priorité de ce premier axe. Le deuxième axe ambitionne de « prévenir et réduire les ruptures selon les publics et les territoires ». Y seront entre autres inscrits, une meilleure répartition de l’offre de soins dans sa proximité et sa variété, la fin des« points noirs » en matière d’hospitalisation psychiatrique, l’adaptation de l’offre aux populations ayant des besoins spécifiques (prisonniers, sans-abri, handicapés), ainsi qu’une information beaucoup plus lisible sur les dispositifs de prise en charge.

Sortir des conflits d’école.

Le troisième axe arrêté par le ministère vise à la réduction et à la prévention des ruptures entre la psychiatrie et son environnement sociétal (représentations sociétales de la psychiatrie, relations avec la justice…). « Les représentations négatives des troubles mentaux, de la psychiatrie, des handicaps psychiques nuisent à la santé publique, en tant qu’elles retardent bien souvent la demande d’aide et le recours aux soins. Elles peuvent aussi mettre en échec les programmes d’accès au soin, de prise en charge et d’accompagnement, mais aussi isoler et faire souffrir les personnes et leurs proches », souligne le ministère.

Le quatrième et dernier axe s’attache à « prévenir et réduire les ruptures entre les savoirs ». Il s’agit ici de « sortir des conflits d’écoles », entre les différentes approches thérapeutiques, « toutes utiles et complémentaires ». À l’issue de la réunion de lundi, les membres du comité d’orientation du nouveau plan doivent faire part de leurs commentaires sur ces grands axes arrêtés par le gouvernement. S’ensuivront quatre autres réunions de travail – une par axe – qui permettront d’aboutir à la rédaction du plan à partir du mois de décembre.

Article original : http://www.lequotidiendumedecin.fr

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>Retour sur…. Les désobéissants en psychiatrie (France Culture)

 

 

Retour sur le Collectif des 39 par France Culture, avec Matthieu, Loriane, psychiatres et membres des 39

Les règles édictées pour le bien commun méritent parfois d’être contournées. Deux jeunes psychiatres révèlent quelques-unes de leurs techniques de survie en milieu psychiatrique. Retour sur leurs expériences deux mois après la mise en application de la loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement.

 

Reportage : Pauline Maucort

Réalisation : Viviane Noël

 

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Thème(s) : InformationPsychiatrie

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>Schizophrénie : Comment j’ai enfermé mon frère – Récit d’une hospitalisation sous contrainte (France Culture)

 

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>Forum For Femmes à Montfermeil (France Culture)

 

Deux fois par mois, les patients et les soignants du Centre d'accueil de jour de Montfermeil se réunissent pour débattre. L'occasion pour les patients de prendre la parole sur les conditions de soins, la prise de médicaments, les rapports avec leurs psychiatres, et la récente loi du 5 juillet 2011 sur les soins sans consentement.

 

Reportage : Pauline Maucort

Réalisation : Julie Beressi

 

Thème(s) : InformationPsychiatrie

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>Psychiatrie: Les dérapages se succèdent (Mediapart, les Contes de la folie ordinaire)

Les dérapages se succèdent depuis le 1er août, date de l'application sur les soins sans consentement en psychiatrie. Je propose au débat cet article de 2 amis, je dis bien au débat, à vous lire.

 


Loi du 5 juillet : entre criminalisation des patients et refus de soins

Les dérapages se succèdent depuis le 1er août, date de l'application sur les soins sans consentement en psychiatrie. Opérations de police pour forcer des malades à se rendre à l'hôpital, ou au contraire, refus d'hospitalisation pour des personnes en très grande difficulté.
C'est un système totalement emballé et absurde qui semble s'activer, au détriment des patients. 

Une mère appelle à l'aide le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire suite à l'opération de "police médicale" que sa fille schizophrène a subie. Cette jeune femme de 27 ans, sous le coup d'une obligation de soins, a prévenu l'hôpital qu'elle se rendrait depuis la gare, accompagnée de sa soeur, pour y faire une injection retard. A son arrivée à la gare, le train avait été bloqué par une équipe de 10 personnes dont des policiers, infirmiers, ambulanciers afin de l'emmener de force à l'hôpital. La mère de la jeune femme ne conteste pas la nécessité d'une hospitalisation pour sa fille, mais ne peut accepter la méthode employée, totalement démesurée et traumatisante pour celle-ci. Elle compte porter plainte.

A Lyon, il est rapporté qu'une rue a été bloquée par un nombre impressionnant de policiers casqués pour "chercher" un patient qui ne voulait pas ouvrir sa porte.

A Marseille, Serge Partouche, un autiste de 48 ans est mort mercredi 21 septembre, à plat ventre, le visage en sang, menotté par 3 policiers dont l'un à genoux sur son dos. Les forces de l'ordre avaient été appelées par une voisine en conflit avec les parents. Serge n'avait jamais été violent ni menaçant.

A l'opposé, le 14 septembre, une mère de famille a perdu son fils qui s'est jeté sous un camion. Une demande d'hospitalisation en clinique lui avait été refusée quelques jours auparavant au service des urgences. Le motif donné par le CISS (Collectif Interassociatif Sur la Santé) : les dépressifs n'ont pas le choix de leur hôpital. Le jeune homme, demandeur d'une prise en charge en clinique ne voulait pas retourner à l'hôpital mais avait accepté de repartir avec des médicaments. Aucune ordonnance n'a été fournie par le médecin des urgences.

Ces drames et dérives policières à l'égard des malades posent des questions graves sur le secteur psychiatrique. Est-il encore en mesure de répondre à ses engagements déontologiques, et au delà, peut-il continuer à prétendre au soin, venir en aide aux personnes en souffrance psychique ?

Si la loi sur les soins sans consentement continue de criminaliser les malades comme elle a déjà commencé à le faire, il semble que la réponse soit non.

H.P et J.B.P

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>Les enseignements de la folie (blog Mediapart)

Un feuilleton « dangereux » à partir du 10 octobre Par Heitor O'Dwyer de Macedo

Lors de la première manifestation appelée par Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire  les patients ont inventé un mot d’ordre vite repris par les manifestants : Nous sommes tous des schizophrènes dangereux. C’est en réfléchissant sur le sens de cette proposition que je me suis dit qu’il serait bienvenu d’évoquer les enseignements que nous donnent la folie et les fous. Et j’ai pensé que revisiter le grand clinicien de la folie que fut Dostoïevski pourrait être une contribution à la lutte citoyenne contre l’application de la loi des « soins sans consentement », lutte inaugurée et soutenue par Le Collectif des 39.

Donc à partir du 10 octobre, du lundi au vendredi de chaque semaine, je revisiterai pour un temps une partie de l’œuvre dostoïevskienne.

Mon point de départ pour ce « feuilleton » a été l’idée que chez Dostoïevski, la grandeur ou la misère des personnages fondamentaux de l’œuvre accompagne la découverte qu’ils font de l’inconscient. Que les personnages soient construits à partir du trauma de la rencontre avec l’inconscient, est certainement une des raisons principales de leur pérennité. En nous appuyant sur ces personnages nous démontrerons que leur enseignement sur le trauma, le fantasme, la perversion, la folie nous apprend la vie vivante. Mon travail se concentrera sur deux textes Notes du sous-sol et Crime et Châtiment.

Bref rappel des faits et des enjeux :

Au 1 août dernier une loi dite des « soins sans consentement » est entrée en vigueur.

Cette loi s’inscrit dans le droit-fil du discours de Nicolas Sarkozy à l’hôpital d’Antony le 2 décembre 2008. Sont désignées par le Président de la République comme potentiellement criminelles, en tout cas potentiellement dangereuses, toutes les personnes qui présentent des signes peu ordinaires de souffrance psychique.

Un collectif s’est constitué en décembre 2008, en réaction immédiate à ce sinistre discours présidentiel : « Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire »

Le Collectif des 39 contre La Nuit Sécuritaire a immédiatement  dénoncé le projet de cette loi en rappelant la pensée de François Tosquelles : Sans la reconnaissance de la valeur humaine de la folie c’est l’homme même qui disparaît.

La loi instaure des « soins sans consentement », y compris « en ambulatoire », c’est-à-dire en dehors de l’hôpital, au domicile. Elle remplace les modalités actuelles d’hospitalisation et d’alternative à l’hospitalisation en promouvant toujours plus de contrôle et de répression.  En effet, la notion de « santé mentale » utilisée notamment par les rapports gouvernementaux semble étendre le domaine des troubles psychiques à la simple exacerbation des sentiments, des émotions, aux peurs, à la tristesse, aux énervements, aux angoisses, aux ressentis et vécus douloureux, liés à des situations précises telles que le travail, une rupture, un deuil. De plus, l’évocation du « trouble de l’ordre public », entraînant la mise en place de soins psychiatriques sans consentement, comporte un risque de dérive pour les libertés individuelles. 

Puisque, comme le disait récemment Leslie Kaplan, la folie concerne tout le monde, cette loi nous concerne tous.

Cette loi qui crée des « soins sans consentement » y compris à domicile, est un saut dans l’inconnu. Elle représente un risque de dérive particulièrement inquiétant car sont instaurés :

– des soins sous la menace d’une hospitalisation forcée en cas d’absence aux consultations ;

– des soins réduits à la surveillance d’un traitement médicamenteux, nouvelle camisole chimique ; 

– des soins où la rencontre, la confiance dans la relation, la patience, la prise en compte de la parole, sont oubliées ou accessoires.

Nous savons bien que c’est la peur qui génère des réactions violentes chez certaines personnes ; or, cette loi engendre la peur des patients et la peur chez les patients.

Cette loi porte atteinte à  la confiance entre le patient et le soignant : le soignant représentera en permanence une menace, une surveillance sur la liberté d’aller et venir du patient, car il lui incombera de signaler toute absence aux consultations et aux visites, sous peine de sanctions. Le préfet, saisi par le directeur de l’hôpital, enverra les forces de l’ordre pour contraindre la personne à une hospitalisation. Le malade devenant « un contrevenant », il s’agit donc de mettre fin au métier de soignant

Bref, le gouvernement érige le trauma en projet de société. Mettre l’angoisse, le désir et la pensée à l’index est une nécessité inséparable de son modèle économique : le citoyen doit être un individu sans subjectivité, sans sensibilité, simple reproducteur anonyme des conditions de fonctionnement d’un système d’échange où il n’y a plus d’échange, qui produit le vide de sens dont la machine a besoin pour se perpétuer – et la princesse de Clèves peut aller se faire foutre. (1)

Donc, toute solidarité est résistance, toute fidélité aux nuances est résistance. Toute pratique d’amitié est résistance. Devant l’attaque systématique de tout lien social, nous sommes convoqués, en respectant nos fragilités et nos angoisses, nos rêves et nos désirs, à être des professionnels de la vie vivante, professionnels de la merveilleuse folie de la vie vivante. Nous sommes convoqués, dans nos domaines de pratique de pensée, à célébrer l’énigme et la liberté, la complexité et l’inédit de toute rencontre avec le monde. Devant la brutalité qui envahit notre quotidien nous essayerons, comme les poètes, de nous ressourcer dans l’éphémère de chaque instant. En même temps, nous serons déterminés et, si nécessaire, dans la colère, contre le mensonge et le cynisme, contre la simplification et la vulgarité – attitudes qu’on nous propose à la place du lien, attitudes avec lesquelles on espère transformer en banalité la tristesse du ne-pas-être-ensemble.

1 – «Dans la fonction publique, il faut en finir avec la pression des concours et des examens. L'autre jour, je m'amusais, on s'amuse comme on peut, à regarder le programme du concours d'attaché d'administration. Un sadique ou un imbécile, choisissez, avait mis dans le programme d'interroger les concurrents sur La Princesse de Clèves. Je ne sais pas si cela vous est souvent arrivé de demander à la guichetière ce qu'elle pensait de La Princesse de Clèves… Imaginez un peu le spectacle ! En tout cas, je l’ai lu il y a tellement longtemps qu’il y a de fortes chances que j’aie raté l’examen ! »  – Nicolas Sarkozy pendant sa campagne aux élections présidentielles

Heitor O'Dwyer de Macedo

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>Grand rassemblement le samedi 3 décembre 2011 à la Maison de l'Arbre – la Parole Errante à Montreuil

Derrière le juge des libertés, n'oublions pas les soins sans consentement en ambulatoire…

Depuis le 1er août 2011, la loi réformant les « soins » psychiatriques sans consentement s'applique. Dès sa fondation en décembre 2008, le collectif des 39 a combattu les dérives sécuritaires qu'entérine la loi actuelle.

Si un grand nombre de professionnels, de familles, de patients, et plus largement de citoyens, ont pu se féliciter de l'arrivée du juge dans le dispositif de privation de liberté, nous ne pouvons oublier :

– La logique sécuritaire qui soustend cette loi : amalgame entre maladie psychique et dangerosité, entre « soins » et médicaments au détriment de l'accompagnement relationnel

 – La mise en place des « soins » sans consentement en ambulatoire, « soins » qui introduisent un contrôle illimité des patients (dans l'espace et dans le temps) par le biais des « programmes de soins» contraints qui, eux, ne sont pas soumis au juge des libertés et de la détention

– La mise en  place d'une garde à vue de 72h

– La création d'une nouvelle catégorie de patients supposés dangereux sur leurs seuls antécédents (avec constitution d'un fichier informatique)

Depuis un mois, nous constatons au quotidien l'inflation des procédures administratives (augmentation drastique du nombre de certificats, rigidités accrues pour tisser du lien entre l'hôpital et la cité etc.), qui desservent le temps et les moyens accordés aux soins réels des patients hospitalisés et suivis en ambulatoire.

Enfin, lors des audiences, des ruptures du secret professionnel se produisent rendant publiques la souffrance des personnes déjà fragilisées.

Devant l'aberration du pan sécuritaire de la loi et l'impréparation flagrante du dispositif de protection des libertés qui, comme nous l'avions prévu, vont à l'encontre de soins réels, le collectif des 39 contre la nuit sécuritaire appelle d'ores et déjà à un grand rassemblement, le samedi 3 décembre 2011 à la Maison de l'Arbre – la Parole Errante à Montreuil pour l'abrogation de cette loi pour penser des pratiques psychiatriques qui, à rebours des dérives gestionnaires et sécuritaires actuelles, permettent une véritable hospitalité à la folie.

Le Collectif des 39 contre la nuit sécuritaire

(L'agenda précis du rassemblement sera communiqué ultérieurement)

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>Les indignés européens marchent sur Paris

Le mouvement "des indignés" s'était créé après la manifestation de l'association Democracia Real Ya ! du 15 mai 2011 en Espagne et s'était donné pour nom AcampadaSol ou "Take the square" (prends la place) avec pour mode d'action la désobéissance civile et pour but des changements fondamentaux de gouvernance et de société. La marche internationale des indignés arrive à Paris le 17 septembre 2011. Rencontre avec le comité d'accueil dans la capitale française. 

Le mouvement des Indignés fait toujours entendre sa voix, et même de plus en plus loin à travers le monde, alors qu'on aurait pu croire qu'il s'essoufflerait, parce que né en dehors des organisations politiques classiques. Ils organisent depuis cet été une marche internationale en résonance avec la réalité la plus sombre de la crise économique (et politique) qui fragilise les nations occidentales. La marche s'arrêtera à Paris le 17 septembre puis ira se conclure à Bruxelles le 8 octobre, avec une manifestation une semaine après, toujours dans la capitale belge.  


Une équipe de coordination du "take the square" en France


Deux garçons , une fille, de 24 à 30 ans : elle est Polonaise mais vit en Italie, Il est Brésilien, habite en Espagne, le troisième est Portugais et vient…du Portugal. Installés dans un squat au cœur de Paris, juste au dessus d'un hackerspace, ces 3 là organisent via Internet l'arrivée à Paris les marches internationales indignées prévues pour le 17 septembre. En Espagne, les techniciens du mouvement maintiennent les serveurs en état de marche pour que les équipes du "take the square" un peu partout en Europe puissent tenir à jour les espaces d'information du mouvement. Leur action est bien cadrée : l'activisme sur les réseaux sociaux et la blogosphère, la coordination et l'information. Leur espoir est toujours le même qu'au début du mouvement : parvenir à la "vraie démocratie". Avec pour pense-bête et orientation : A-partisan, A-syndical, Non-violent, international.


L'équipe Take the square à Paris, de gauche à droite : Aldo, Pedro, Anna


La vraie démocratie au bout du chemin ?


"Pour nous, il n'est plus possible de laisser la situation comme ça, on est obligés de continuer, et on y arrivera." Anna, 26 ans, parle parfaitement français et respire la franchise et le calme. Pas d'emballement chez cette jeune femme qui vient de Naples organiser la grande marche de Paris, mais une détermination sans failles. L'objectif des marches des indignés qui se concluront à Bruxelles est, pour elle, "de continuer le mouvement pour changer les mentalités, parce qu'il n'est plus possible de laisser les politiciens nous écraser sans que nous puissions avoir notre mot à dire."

 

Anna, indignée polonaise, arrivée de Naples


Quand on lui demande ce qu'elle entend par là, Pedro, le plus jeune de la bande (24 ans), Brésilien, reprend : "La vraie démocratie, c'est le peuple qui est consulté et qui peut décider, pas les seul politiciens. Les politiciens ont fait de la politique un métier, nous, nous demandons que ce ne soit plus un métier, qu'il n'y ait qu'un seul mandat pour une personne dans une vie, que les politiques ne puissent plus prendre des décisions pour le peuple sans que le peuple puisse dire son mot. Il faut des groupes de réflexion dans chaque quartier, des conseils populaires, les élus ne peuvent plus décider à la place de tous."


L'espoir d'une révolution pacifique et démocratique

 

Pedro : "il y aura des actions très fortes le 17 septembre"

 

Si on leur demande quel est l'objectif de la marche des indignés, ce qu'ils en attendent concrètement, leurs yeux s'écarquillent dans une attitude d'incrédulité : "mais nous voulons la vraie démocratie, c'est une révolution pacifique et mondiale qui est en marche, et même si cela prendra du temps, plusieurs années, nous y arriverons !". Pour l'impact de la marche par la quantité de participants, ce n'est pas aujourd'hui pour eux le sujet. Pedro résume la démarche : "il y aura quelques centaines de marcheurs indignés pour chaque pays, mais on parle de l'Espagne, du Portugal, de l'Italie, de l'Autriche, la Grèce, l'Allemagne, etc… : ce n'est pas une marche massive, mais une marche symbolique. Par contre, en parallèle il y aura des actions très fortes le 17 septembre, comme antibank (http://antibanks.takethesquare.net/), où les gens vont occuper des hauts lieux de la finance dans 23 villes  européennes et américaines, en Israël aussi,  puis une nouvelle marche qui débutera à Rome, un meeting international à Barcelone. A Athènes les gens vont boycotter les banques en retirant leur argent…"


Un mouvement de grande ampleur, à l'échelle de la crise économique et démocratique ?


Les indignés dénoncent le déficit de démocratie des nations européennes et l'emprise des oligarchies sur celles-ci, le "vol de la démocratie" par des élites corrompues, à la solde des puissances financières. Leur cri de révolte semble être celui d'une jeunesse qui ne veut pas répéter les erreurs déjà commises, qui semble déterminée à prendre le temps amis veut aller jusqu'au bout de la proposition initiale fondatrice des vieilles démocratie comme la France : le gouvernement du peuple par le peuple, pour le peuple. Reste désormais à voir quel impact les "preneurs de place" auront le 17 septembre, puis par la suite, s'ils ne baissent pas les bras. Ce qui ne semble pas vraiment envisageable lorsqu'on voit leur énergie doublée d'une volonté qui semble sans failles.

 

Pascal Hérard

 

Vidéo : La chanson des indignés : Hissez-haut, Indignado !

Liens :

Le mouvement Take The Square : http://takethesquare.net/fr/qui-sommes-nous/

Mouvement à Paris : http://paris.reelledemocratie.fr/

Actions du 17 septembre : http://antibanks.takethesquare.net/

Mouvement européen : http://www.europeanrevolution.net/

Actions du 15 octobre : http://15october.net/

Acampadasol à Madrid : http://madrid.tomalaplaza.net/

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